Archives de catégorie : Désinformation bourgeoise

[Poitiers] Conf-débat : Un point de vue juif sur l’apartheid israëlien

NdPN : une conf-débat avec Pierre Stambul, proposée par OCL, L’Epine Noir et Acratie.

stambul

Le Samedi 20 Avril, 15h, à la Maison du Peuple, Salle Timbaud (rue Saint Paul) :

UN POINT DE VUE JUIF SUR LAPARTHEID ISRAÉLIEN

Il faut dire les mots justes pour dire ce que l’État d’Israël inflige à des millions de Palestinien-ne-s. Ces mots, ce sont : occupation, colonisation, racisme, apartheid, fragmentation, enfermement, crimes de guerre, crimes contre l’humanité… La société civile palestinienne a lancé un appel au BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) contre l’État d’Israël sur trois revendications : fin de l’occupation et de la colonisation, égalité des droits, droit au retour des réfugiés. À la base de cette situation coloniale insupportable, il y a l’idéologie sioniste. D’un point de vue juif, c’est une gigantesque manipulation de l’histoire, de la mémoire et des identités juives. C’est une théorie de la séparation qui proclame que Juifs et Non-juifs ne peuvent pas vivre ensemble. Les Juifs étaient les parias de l’Europe considérés comme inassimilables. L’Occident et les sionistes en ont fait des colons européens au Proche-Orient. Le sionisme essaie de transformer l’antisémitisme et le génocide nazi en moyen de faire taire toute critique des crimes commis contre les Palestiniens. NE LES LAISSONS PAS FAIRE !

Mail, 30 mars 2013

Le socialisme, c’est pas si mal.

Avec mon épouse Marie-Cunégonde, nous avons regardé la prestation télévisuelle du « socialiste » Hollande hier, sur notre nouvel écran plat home cinema.

Nous fûmes bien rassurés : comme je l’ai fait remarquer ce matin au squash à mes associés, le président a montré qu’il n’était ni social, ni mou, mais bien droit dans ses bottes de chef de la rigueur. Compréhensif avec nous, les créateurs de richesses et d’emplois, les winners !

Sur les retraites ? Les manifs où se pavanait le PS contre la droite sont bien loin  : Hollande annonce des durées de cotisations encore plus longues que celles dont rêvait Nicolas. Avec l’annonce d’options telles que l’élévation des cotisations et la baisse des pensions, qui plus est. Bientôt le problème des petits vieux sera réglé : ils seront morts avant même de toucher la retraite. Cela leur épargnera de longues années d’ennui, ce qui n’est pas plus mal. Si on peut les valoriser au travail jusqu’au bout, ils se sentiront utiles à la société jusqu’à leur dernier souffle.

Hollande a fait une louange méritée à l’accord de flexisécurité. Le PS n’est pas si mal finalement : Hollande dit lui-même que sa priorité ce sont les entrepreneurs, et j’ai récemment entendu Montebourg déclarer que c’était la prunelle de ses yeux… Nos « partenaires sociaux » aussi ; à la CFDT, à la CGC et à la CFTC, y’a quand même des gens intelligents et compréhensifs. Au MEDEF, la CGT nous fait marrer avec ses jérémiades sur le fait que ces syndicats soient minoritaires, elle se plaint de cet accord alors que c’est elle a signé les accords de représentativité… comme je disais récemment à Lepaon, faut savoir être fair-play mon cher Thierry !

Taxe à 75% sur les salaires de plus d’un million d’euros ? Je m’en fichais un peu déjà, vu que ce sont surtout mes dividendes qui rapportent. Mais avec Hollande, on n’aura même plus besoin de faire croire qu’on va déménager en Belgique : il l’a dit, on ne sera pas touché : on fera juste passer la taxe sur le compte de l’entreprise.  Faudra juste rogner un peu plus sur le salaire des ouvriers, mais ça ira : ils ont l’habitude de sucer des pâtes de Lidl, ils savent qu’il faut faire des efforts pour l’entreprise et le bien de la nation, depuis le temps qu’on leur répète…

Quant aux dépenses publiques, ça va continuer de baisser. Tant mieux, c’est un bon signe pour le marché, moi qui craignais pour mes actions… Et puis, les fonctionnaires, même si on en a de moins en moins, c’est toujours de trop ! De quoi se plaignent les pauvres avec la dégradation des services publics ? Leurs mômes pourront socialiser davantage avec 35 camarades de classe, ils pourront tisser plus de liens d’amitié en se retrouvant à dix dans des chambres d’hôpital… S’ils ne sont pas contents, ils n’ont qu’à souscrire à une mutuelle, comme tout le monde. De nos jours, ne pas souscrire à une mutuelle, quelle inconscience !

Hollande annonce quand même qu’un budget public sera épargné, celui de la défense, qui serait au moins maintenu jusqu’en 2019. Comme je le disais l’autre jour à Le Drian, c’est vrai que mes missiles et mes avions sont les meilleurs au monde. Un peu chers c’est vrai, mais faut ce qu’y faut, la qualité c’est important. C’est qu’il faut bien protéger nos colonies, contre ces filous d’amerloques et ces rusés de Chinois ! Hollande annonce même que l’armement nucléaire doit être « modernisé ». Pas de problème, je vais mettre mes ingénieurs sur le coup.

Autre chose que j’ai trouvé positif, c’est l’annonce de mesures allégeant la fiscalité sur les cessions et les transmissions d’entreprises. Enfin un homme qui a compris que le pognon aujourd’hui, ça ne se trouve plus dans l’industrie (bon, à part celle de l’armement), mais sur les marchés financiers… J’achète, je licencie, je revends, j’achète, je licencie, je revends… Hollande a pigé que le capitalisme productif c’est mort depuis les années 1970, et qu’il ne faut pas décourager les courageux investisseurs. Les plans sociaux sont un mal nécessaire. Sinon comment produirait-on encore de la valeur pour le pays ?

Quant au non-cumul des mandats, la bonne blague ! Ce ne sera pas pour les municipales, mais après la fin du mandat de Hollande, autant dire pour jamais. Un ami chez qui on est allé dîner dimanche dernier, qui est maire et député PS, m’avait bien dit qu’il n’y croyait pas. C’est pas pour demain qu’il devra retourner enseigner devant des jeunes racailles, m’a-t-il confié avec un soulagement compréhensible.

Hollande prévoit aussi une loi sur la laïcité dans les entreprises. Bien, ça. Tenez, vendredi dernier, alors que je passais dans mon bureau pour toucher deux mots à mon DRH, je tombe sur une femme de ménage qui portait une burqa sur ses beaux cheveux frisés. C’est dommage, elle est si mignonne cette petite. Elle était en train de jeter à la poubelle un cubain à 300 euros à peine commencé en vidant le cendrier ! Je lui ai bien fait remarquer que je ne voulais pas d’une femme voilée dans mon entreprise. Non je ne suis pas raciste, lui ai-je dit, je suis laïque. Oui, c’est bien le pape qui est accroché au mur, mais j’ai bien le droit d’être catholique non, je suis chez moi dans mes bureaux quand même ? Comment ça moi aussi je prie dans la rue ? Oui, mais c’est contre les homos et l’avortement, et les institutions nous protègent, nous. Rien à voir avec le fait de prier les fesses en l’air, et d’empêcher les femmes d’être séduisantes !

Bref, comme je suis de droite mais d’esprit ouvert, j’ai toujours dit que Hollande ne serait pas un mauvais président. Au MEDEF, les copains auraient préféré Nicolas, mais moi je dis que c’est pas plus mal comme ça. Hollande est tout aussi compréhensif que Nicolas au point de vue économique et social.  Il reste ferme sur l’immigration et se débrouille encore mieux pour dégager les Roms, ce qui nous fait de la main-d’oeuvre fort souple et conciliante, pas comme ces fainéants de cégétistes. Mais surtout, avec lui au pouvoir on a la paix sociale. Pfffuit, finies les manifs, les occupations ou les menaces de sabotage dans nos entreprises ! Quand on a encore un problème avec une bande d’excités, on appelle les confédérations et les ministres, et c’est plié dans les deux jours, à l’amiable ou à la méthode ferme. Vu que les centrales syndicales sont encartées dans le même camp que le gouvernement, on respire enfin un peu ; c’est bien agréable je vous assure.

Le « changement », quelle idée ! La crise ? Moi je dis que tout va pour le mieux. Certes, moi et mon pote Xavier s’inquiète quand même un peu de ces zigomards anarcho-machin-chose dans le bocage nantais. Faut bien des aéroports, sinon à qui je vendrais mes avions ?Heureusement, Jean-Marc et Valls ont remis un peu d’ordre ; on espère bien que la commission de conciliation les aura un peu divisés.

En 2017, je voterai socialiste !

[Poitiers] Débauche de fric pour les tablettes numériques à l’école

NdPN : après la distribution de gadgets numériques (de consternantes tablettes que nous évoquions dans cet article de janvier) au collège de Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, à l’école Tony Lainé en octobre 2012, et à une classe de 6ème du collège Ronsard à Poitiers, voici donc distribué ce gadget ridicule au lycée du LPII à Poitiers. Pour la bagatelle de 750.000 euros… La région sait se montrer généreuse. Si les capitalos du numérique se frottent les mains, les parents d’élèves de la vingtaine de classes supprimées dans la Vienne apprécieront les priorités des institutions… Pour l’occasion, Ségo pose pour les photographes son égo boursouflé de politicarde – elle ne devrait d’ailleurs pas tarder à sortir un bouquin sur son « courage » (défense de rire). A la fin de l’article, on appréciera aussi le bon gros greenwashing dont se pare cette action de promotion pour un gadget technologique, dont l’extraction des composants participe pourtant notoirement à la dévastation écologique et sociale, et dont on ne souhaiterait pas à son pire ennemi les conditions de fabrication. L’horreur capitaliste repeinte en vert, avec les mômes comme cobayes. Bravo la région, et bravo la NR pour cette belle publicité.

Le LPII : premier lycée tout numérique

Ségolène Royal a remis les tablettes aux élèves. – (Photo Patrick Lavaud)

Il y a vingt-cinq ans, René Monory distribuait des ordinateurs dans les collèges de la Vienne pour les mettre au diapason du futur. Aujourd’hui, Ségolène Royal remet des tablettes numériques aux élèves du lycée pilote innovant international (LPII) de Jaunay-Clan, pour les aider « à devenir des acteurs du monde ». Rien n’a vraiment changé.

Ce n’est pas un jouet

Le LPII, qui fête justement son 25e anniversaire, devient donc le premier lycée tout numérique. La Région a investi 750.000 € pour acheter les 650 tablettes, les serveurs informatiques, installer le wifi, etc. Un chiffre sur lequel la présidente du conseil régional a fortement insisté, vendredi soir, au moment de remettre le matériel. Ce n’est pas un jouet, « c’est un outil de travail, auquel il faut faire attention et dont on attend des résultats ». En clair, pour ne pas faire de jaloux dans les autres lycées du Poitou-Charentes, il faudra rendre des comptes sur le bénéfice pédagogique de cette innovation, « parce qu’il s’agit d’argent public » : « A vous de prouver que c’est un investissement judicieux. » Enseignants et élèves ont désormais la pression du résultat. L’outil permettra « d’optimiser le temps scolaire », assure la proviseure, Évelyne Azihari. Il offrira la possibilité de mettre en place des parcours pédagogiques différenciés, du travail interdisciplinaire et d’adhérer encore mieux au projet éducatif numérique européen (Living Schools Lab). Il permettra, enfin, d’économiser le papier des manuels scolaires et de milliers de photocopies. Quoi de plus normal dans une région qui se dit verte.

Philippe Bonnet, 26 mars 2013

Digression sur deux sondages

attention manipulationDeux sondages réalisés par un institut privé de décérébration, au nom pourtant sympathique de Brulé Ville et Associé (BVA), pour Le Figaro et pour Le Parisien/Aujourd’hui en France, annoncent aujourd’hui des chiffres consternants.

Entre autres résultats, on y apprend que 75% des Français-es seraient pour le développement de la vidéosurveillance dans les centres-villes, dans les transports et les lieux publics ; et que 83% seraient favorables à une l’interdiction légale du port visible de tout signe d’appartenance religieuse ou politique dans les entreprises privées.

Ces publications sont sensées refléter cette « opinion publique » à laquelle les dominants recourent invariablement, pour justifier leur misérable aspiration à nous contrôler, à nous exploiter, à nous dire ce qui est bon pour nous mais n’est bon que pour eux.

L’opinion, pour se construire, nécessite le retour d’expérience, l’échange, la confrontation d’idées, l’argumentation, le débat, des pratiques élaborées, discutées et critiquées ensemble. Bref, une dynamique sociale.

Or force est de constater la négation par l’Etat de tels espaces de débat social. Je ne parle pas des salons de thé, des cafés philo ou des soirées où l’on refait le monde autour d’un bédo ou d’un pack de bières, mais d’espaces décisionnels réels, débouchant sur l’usage réel des moyens de produire ce dont nous avons besoin.

Squats politique, occupations de la rue, occupations d’usines et de terres agricoles sont systématiquement la cible de descentes des gros bras en uniforme de l’ordre dominant, qui ne tolère pas que la réflexion sociale se fasse en-dehors de son cercle restreint de pseudo-« élites », de prétendus « représentants du peuple ». Ainsi, sur Poitiers, le moindre rassemblement au contenu un tant soit peu critique fait désormais l’objet de contrôles d’identité, voire d’arrestations, voire de condamnations à la prison, sous prétexte de « manifestation illégale ».

« Les pensées de la classe dominante sont aussi les pensées dominantes de chaque époque » (Marx/Engels, in L’idéologie allemande). La prétendue « opinion publique », qui serait « révélée » par les sondages pour mieux être appliquée par les « élus« , n’est que l’opinion additionnée d’individus atomisés, privés de toute possibilité matérielle de réflexion collective, ne s’exprimant que dans des isoloirs et confiant ce qui leur reste d’espérances à une urne.

L’opinion majoritaire, au sein de cette société misérable, se réduit invariablement, quand elle s’applique à l’échelle collective, à la reproduction des schémas idéologiques, sociaux et affectifs… inculqués de force par l’océan du message idéologique du pouvoir, dont le coeur est le contrôle social et la répression (ainsi que l’illustrent les deux sondages évoqués plus haut).

Ce message autoritaire est aussi bien porté par l’institution familiale, reproduisant à son échelle les exigences du système autoritaire, que par les institutions scolaire, médiatique et publicitaire. Regarder la télévision est devenu l’activité humaine la plus importante après le sommeil et devant le travail, à l’échelle d’une vie humaine. Les médias sont un dispositif d’aliénation dans lequel les sondages, loin de se cantonner à un simple rôle « informatif »,  jouent un rôle de persuasion active. S’ils « sondent » les esprits des sondé-e-s, ce n’est pas tant pour y trouver des pensées nouvelles, que pour valider la présence de pensées imposées, et immiscer plus encore ces pensées dans les esprits de tou-te-s les autres. Sous la neutralité, la neutralisation.

Plus généralement, la grande astuce légitimatrice du pouvoir autoritaire dit démocratique est sa capacité à se justifier par le recours au mythe d’un « peuple », qui n’a jamais été que la masse indistincte des esclaves contraints et formatés pour servir. Les « consultations citoyennes » n’ont jamais consisté qu’en une validation de l’existant, de décisions déjà prises par les dominants. Tout comme les sondages, les élections ne proposent qu’une alternative entre des pseudo-choix, dont le fond idéologique commun est présenté comme allant de soi. Rose, bleu, vert, rouge ou blanc, aucune pub, aucun bulletin, aucun drapeau ne peut masquer complètement le néant, la misère noire du monde présent.

La seule alternative réelle consiste en la réppropriation sociale réelle des décisions, et la conquête des moyens réels de satisfaire nos besoins. Ce qui suppose une lutte radicale et pratique contre les catégories de pensée diffusées par le pouvoir, parce qu’elles baignent toutes dans le même jus de l’aliénation.

La société n’est pas une et ne le sera, fort heureusement, jamais. L’Etat, la Nation, l’Opinion, la Neutralité journalistique et autres fadaises d’un discours de mythe unitaire, ne pourront jamais occulter tout à fait que subsistent des clivages irréductibles dans nos choix sociaux : hiérarchie ou égalité, exploitation ou partage, compétitivité ou coopération, pouvoir sur les autres ou pouvoir de faire avec les autres ? Toutes les opinions ne sont pas également respectables et légitimes : celles qui consistent à justifier que des gens soient exploités et dominés ne sont pas acceptables. Les discours et les lois s’appuyant sur « l’opinion » pour justifier le flicage et la répression ne méritent que notre mépris.

Nous avons choisi notre camp, celui de la liberté. Les sondages peuvent bien asséner que le projet totalitaire de contrôle social, de répression et d’exploitation a l’avis favorable de l’opinion à 99% : ne serions-nous que « les 1% », nous affirmerions encore que nul-le n’a la légitimité de nous représenter, de nous imposer ce dont nous ne voulons pas. Nous ne représentons personne d’autre que nous-mêmes et n’imposons à quiconque nos choix de vie. Vidéosurveillance et répression des idées sociales sont une violence pour tout-e-s, face à laquelle tout le monde est légitime à se défendre, par tous les moyens jugés adéquats.

Juanito, Pavillon Noir (FA 86), 25 mars 2013

[86] Les « patrons de lycées » fournisseurs de chair à profit ?

impasse-de-l-ecoleNdPN : L’école, à quoi ça sert ? A s’émanciper ensemble de l’autorité imposée par une société définie par l’aliénation tous azimuts ? A acquérir des savoir-faire et des connaissances indépendantes d’un monde dont les seules valeurs sont le pouvoir et l’argent ? A développer une culture d’autonomie, individuelle et collective, dont le monde capitaliste du salariat est l’ennemi irréductible ?

Que nenni : à former de futur-e-s esclaves salarié-e-s, à fournir les exploiteurs en chair à profit. Rien n’a changé depuis Jules Ferry : l’objectif de l’école républicaine consiste plus que jamais à modeler les cerveaux de futur-e-s citoyen-ne-s obéissants et de futur-e-s exploité-e-s serviles.

Quand les « patrons des lycées [sic] rencontrent ceux des usines », voilà le titre explicite d’un article paru ce jour dans la Nouvelle République. Ce genre de rencontre contribue à arracher les derniers lambeaux d’hypocrisie d’une école sensée contribuer à rendre les enfants libres ! Cette petite sauterie est d’ailleurs à l’initiative de l’UIMM (le plus célèbre et puissant des syndicats du MEDEF), bien connue pour ses histoires de caisse noire en vue de casser les grèves. On notera, à la fin de l’article, la vieille dénonciation à peine voilée du fonctionnaire prof qui serait déconnecté des ouvriers… que du bonheur.

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Les patrons des lycées rencontrent ceux des usines

La Semaine de l’industrie a été l’occasion pour l’UIMM de provoquer  mercredi à Poitiers une rencontre entre proviseurs et chefs d’entreprise.

Ne caricaturons pas : le temps est loin désormais, où à l’abri des murs de leurs collèges et lycées, les enseignants ignoraient superbement ce qui se passait derrière ceux des usines voisines. Nombre de professeurs, et plus encore de chefs d’établissement ont fini par admettre que l’avenir des enfants qu’on leur confie se trouve notamment, on l’espère du moins, dans ces usines qu’ils connaissent encore si mal.

Deux mondes qui se connaissent encore très mal

Dans le cadre de la Semaine de l’industrie, l’Union des métiers de la métallurgie (UIMM), principale composante du Medef, avait convié mercredi huit proviseurs ou leurs représentants à dialoguer avec autant de patrons. La rencontre a eu lieu symboliquement, non pas dans une salle de classe, mais au sein d’une usine poitevine, TMH-Novatec, spécialisée dans l’entretien des moteurs et accessoires d’avions. L’occasion de confirmer que, désormais, un dialogue fructueux est possible entre Éducation et monde de l’entreprise. L’occasion aussi de constater qu’en dépit des discours pleins de bonne volonté affirmée, les choses évoluent à la vitesse de l’escargot.

En manque d’ouvriers qualifiés

Il y a exactement huit ans, le recteur d’académie de l’époque pouvait annoncer fièrement que c’en était désormais fini des formations ouvertes ou maintenues en fonction des pressions locales et que désormais les cursus proposés seraient adaptés aux besoins définis par les grands corps de métier. Mercredi, les chefs d’entreprise présents ont pu expliquer à leurs hôtes qu’ils peinent toujours autant à trouver les ouvriers qualifiés qu’ils recherchent (on manque par exemple de chaudronniers ou de spécialistes de la maintenance industrielle) : « Une distance s’est créée entre le monde de l’industrie et le monde de l’éducation », déplore même Jean-Yves Taboni, patron de TMH. En ce sens, organiser une rencontre entre patrons et proviseurs allait certainement dans le bon sens. Aux seconds maintenant de faire en sorte d’aiguiller vers des filières qui embauchent un nombre croissant d’élèves, et pas forcément les cancres. Plus facile à dire qu’à faire apparemment. Et à quand une rencontre du même type entre des professeurs et des ouvriers ?

Vincent Buche, Nouvelle République, 22 mars 2013