Archives de catégorie : Le travail tue

[Poitiers] Débrayage à Aréas Assurances

Débrayage à Aréas Assurances

Les grévistes poitevins solidaires de leurs collègues.

Les grévistes poitevins solidaires de leurs collègues.

Branle-bas de combat hier matin à la délégation Aréas Assurances située sur la technopole du Futuroscope. Un tiers des effectifs de l’entreprise chasseneuillaise qui compte 84 salariés, était en grève pour défendre leur emploi mais aussi par solidarité avec leurs collègues de Tours, Angers et Montpellier. Les trois délégations vont purement et simplement disparaître menaçant ainsi cent dix-neuf emplois. A Chasseneuil, un service sera prochainement fermé entraînant la suppression de quatre postes, selon les représentants du personnel.

Aréas est une société d’assurances qui a fusionné il y a six ans avec la Mutuelle du Poitou et les Mutuelles des Provinces de France. « Depuis deux ans, expliquent les grévistes, la société d’assurances perd de l’argent à cause des évènements climatiques (Xynthia en 2010). On en est conscient. Mais il y a sans doute une autre solution. Qui plus est une expertise comptable prouve que les chiffres ne sont pas si mauvais que ça, alors pourquoi licencier ? ». Ils ajoutent que « la moyenne d’âge des personnes concernées se situe aux alentours de 50 ans, dans ces conditions retrouver du travail s’avère difficile… » Anne-France Ravet, déléguée du personnel, était hier à Paris au siège d’Aréas pour négocier et essayer de sortir de cette situation. En début de semaine prochaine on devrait savoir si la mobilisation a payé.

Nouvelle République, 13 janvier 2012

[Wuhan, Chine] 300 ouvriers menacent d’un suicide collectif

300 ouvriers menacent d’un suicide collectif

Des employés du géant électronique chinois Foxconn, qui construit les Xbox 360, ont menacé de sauter du toit du bâtiment si leur employeur ne tenait pas ses engagements salariaux.

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Quelques 300 employés sont montés sur le toit de leur usine et menacé de sauter si leur employeur ne respectait pas sa promesse. (Photo: dr)

La plus grande manufacture d’électronique au monde Foxconn, qui est un élément essentiel dans la chaîne de production des géants Apple, Microsoft, Dell ou encore Nintendo, a dû gérer une nouvelle crise sérieuse en début d’année.

Le 2 janvier dernier des employés ont demandé une augmentation de salaire pour une centaine d’entre eux. Foxconn leur aurait laissé le choix entre deux options: soit ils quittent l’entreprise avec une prime d’un mois de salaire par année d’ancienneté, soit ils retournent au boulot.
D’après «CBS», de nombreux auraient opté pour la première solution mais leur employeur ne leur aurait rien versé.

Bien décidés à ne pas se laisser faire, environ 300 ouvriers sont montés sur le toit du bâtiment le 3 janvier dernier et ont menacé de sauter dans le vide si leur employeur ne tenait pas parole. Il a fallu l’intervention du maire de la ville de Wuhan et 21h de négociations pour ramener les ouvriers à la raison, rapporte china.com.

Foxconn avait déjà été sous les feux de la rampe en 2010 suite au suicide de certains de ses employés. La firme avait alors prétendu dans les médias qu’elle accordait une grande importance à la valeur de la vie de ses salariés tout en faisant signer de contrats stipulant l’interdiction de se suicider, décrit encore «CBS».

Le magazine «Wired» avait raconté avoir pu accéder à des usines de Foxconn et avait constaté la présence de grillages censés empêcher de sauter des bâtiments.

Le magazine «Forbes», de son côté, rapportait les propos du patron de Foxconn, Terry Gou, qui disait que le taux de suicide dans son entreprise était inférieur à la moyenne nationale et qu’il grimpait généralement au même rythme que le PIB.

Contacté par «CBS», Microsoft a indiqué prendre l’affaire très au sérieux.

20 minutes.ch, 11 janvier 2012

[Congo] déforestation durable : un film sur le pillage de la forêt primaire par les multinationales françaises, et le désastre social qui va avec

Déforestation durable, une enquête sur la face cachée de l’exploitation forestière au Congo

Suite au débat organisé le 11 janvier 2012 en présence de Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes pour les Amis de la Terre France et de Samuel N’guiffo, directeur des Amis de la Terre Cameroun, retrouvez ici le film « Déforestation durable ».

Cette projection a lieu en parallèle de la conférence internationale sur les forêts organisée par la France les 11 et 12 janvier 2011.

Déforestation durable par Laboitecarree

Au cours d’une mission menée en novembre 2010 au Cameroun et au Congo, les Amis de la Terre France sont partis sur la trace des projets forestiers financés par la coopération française et à la rencontre des habitants à qui l’on a tout promis. Le film Déforestation durable, tourné lors de cette mission pose une question centrale : est-ce que l’exploitation forestière a vraiment permis de réduire la pauvreté dans le Bassin du Congo ?

Les forêts du Bassin du Congo représentent le deuxième massif de forêts tropicales humides du monde.

Dans ces forêts, il n’est pas (encore ?) question d’immenses coupes rases pour laisser place à des champs de soja ou à de l’élevage bovin mais d’un phénomène beaucoup plus diffus : l’exploitation forestière industrielle du bois. La forêt est divisée en grandes concessions forestières (atteignant parfois le million d’hectares). Officiellement, elle appartient toujours aux États mais en pratique, ce sont les entreprises, le plus souvent étrangères, qui ont les pleins pouvoirs.

Après avoir exploité la forêt primaire et extrait ces « bois précieux », bien souvent, l’exploitation n’est plus rentable économiquement. Les entreprises, même celles qui prétendent être engagées dans la gestion durable ou être éco-certifiées, se déplacent et abandonnent la concession pour une autre. Elles laissent derrière elles des villes fantômes où les ouvriers et leurs familles sont abandonnés à leur sort. L’électricité est coupée, les dispensaires et les écoles financés par l’entreprise sont fermés. Le braconnage, la prostitution et l’exploitation illégale explosent. La forêt disparaît peu à peu.

Pourtant, c’est ce modèle de gestion de la forêt que soutient la coopération française depuis plus de 25 ans en accordant des prêts ou des dons à des entreprises d’exploitation forestière.

Les amis de la terre, 11 janvier 2012

[Ingrandes] « La seule chance, c’est que c’est une boîte structurée où il y a une forte tradition syndicale »

Fonderie Aluminium :  » Il y aurait trois repreneurs « 

L’avocate du CE de la Fonderie Alu, M e Malika Ménard, évoque le dossier à six jours d’une audience déterminante au tribunal de commerce de Nanterre.

Me Malika Ménard : « C’est plutôt rassurant de savoir que le mandataire a trois projets de reprise ». –

La prochaine audience de tribunal de Nanterre approche (*). Où en est le dossier de la Fonderie Alu ?

« Officieusement, il y aurait trois repreneurs (voir par ailleurs). On entend dire que le 3e projet de reprise, ce serait un plan de continuation de Montupet. Ce serait une grosse surprise ! »

 

Vous êtes plutôt confiante ?

« C’est plutôt rassurant de savoir que le mandataire a trois projets de reprise. Ça veut dire que des gens ont envie de continuer avec nous. Mais je le répète : je suis très surprise de l’éventuel revirement de Montupet. Ça me scotche un peu.

«  Je suis très surprise du revirementde Montupet  »

Je ne comprends pas pourquoi ils changeraient de comportement alors qu’ils affirmaient que l’usine n’était pas viable sans leur plan de compétitivité. »

Mais l’espoir revient quand même…

« On est là parce que depuis le départ on y croit ! Sinon, on n’aurait pas accepté la liquidation depuis novembre. Il y a une vraie spécificité de cette entreprise avec une compétence particulière des salariés […] C’est une belle boîte avec une vraie optique de développement. C’est une entreprise qui ne doit pas avoir de difficulté économique si on lui donne suffisamment d’activité. »

Vous jugez comment l’attitude du gouvernement dans cette affaire ?

« Pour l’instant, ce ne sont que des paroles. Mais tous les soutiens d’où qu’ils viennent sont les bienvenus, vous savez. Après le changement de position de Renault, en fin d’année, on peut croire qu’il y a eu une intervention réelle de la part du gouvernement. »

Vous exigez quoi des projets de reprise ? Que tous les emplois soient sauvés ?

« Oui, on se battra sur le nombre de salariés repris et sur la pérennité de l’entreprise. Il faut un vrai projet industriel. On doit se poser pour des années. On ne veut pas d’un repreneur qui vient pour pomper des savoir-faire et de l’argent. »

Vous connaissez d’autres cas où ce type de chantage aux salaires s’est produit ?

« Il y a des entreprises dans la région où ça s’est fait. Même si ce n’est pas du niveau de Montupet. Pour la fonderie, la seule chance c’est que c’est une boite structurée où il y a une forte tradition syndicale. Les gens se sont battus tout de suite. Ailleurs, où il n’y a pas de vraie représentation, les salariés baissent les bras. Le problème, c’est qu’on n’a pas de cadre juridique pour empêcher ça »

Plus globalement, vous constatez une dégradation du climat social avec la crise ?

« Oui, ça s’est considérablement dégradé. On a des entreprises qui font de l’argent mais il n’y a pas de hausse de salaires et il n’y a plus de dialogue social. C’est devenu très difficile ! »

(*) L’audience est prévue mercredi prochain mais une demande de report au 25 janvier a été déposé par l’administrateur judiciaire.

en savoir plus

Probable visite d’Eric Besson à la fonderie, lundi

De source syndicale, le fondeur français Arche (1.200 salariés, six sites de production) et Aiken, un investisseur américain, serait sur les rangs pour la reprise de la fonderie. Montupet aurait donc aussi déposé un dossier de continuation d’activité. Une demande de report d’une semaine de l’audience du 18 janvier à Nanterre, a été déposée par ailleurs par l’administrateur judiciaire, selon Éric Bailly de la CGT Fonderie. Ce délai permettrait de parfaire les dossiers des repreneurs et de laisser passer une nouvelle réunion sur le sujet avec Renault, prévue le 20 janvier. Enfin, on a appris, hier, qu’un membre du gouvernement, en l’occurrence le ministre de l’Industrie Eric Besson, devrait se déplacer à Ingrandes dans les tout prochains jours, probablement lundi.

Nouvelle République, recueilli par Franck Bastard, 12 janvier 2012

Pôle Emploi : la violence et l’ennui

Pôle Emploi : la violence et l’ennui

En décembre 2008, en pleine crise, l’Assedic et l’ANPE fusionnaient pour devenir Pôle Emploi. Nous prévoyions que les usagers seraient les premiers à pâtir de cette opération bâclée ; ce fut le cas. Ce que nous n’avions pas prévu, c’est l’ampleur du changement en termes de management pour les 50 000 agents de Pôle Emploi. L’établissement n’a su répondre aux angoisses de ses employés que par un durcissement féroce dans la gestion des ressources humaines [1].

La parole s’est libérée au sein de Pôle Emploi. Personne ne sursaute lorsque la hiérarchie traite les syndicalistes de fainéants, les agents en grève de débiles profonds [2], les seniors de vieux (vieilles) [3]. Cette violence verbale et organisationnelle pose question. Il n’y a plus de barrières, le harcèlement a aujourd’hui droit de cité. Les plus agressifs des cadres se sentent autorisés à renvoyer sur leurs subordonnés la pression qu’ils sont incapables de gérer.

L’agent de base est comptable de ses résultats, isolé, surresponsabilisé. Il a son portefeuille de demandeurs d’emploi et d’entreprises, ses dossiers d’indemnisation. C’est sur lui seul que repose la charge, non sur le collectif. Paradoxalement, enfermé dans un planning qui découpe ses actes professionnels en procédures de type industriel, il n’a plus aucune marge de manœuvre. Ses rares moments d’autonomie sont suspects. La demi-journée hebdomadaire de fermeture au public doit être rentabilisée de la première à la dernière minute. Il n’y a plus une miette d’organisation individuelle. L’agent doit s’acquitter de tâches planifiées par l’équipe de direction, et en rendre compte personnellement en fin de journée. La confiance a totalement disparu. L’infantilisation, l’asservissement sont la règle. Il ne s’agit plus de chercher des solutions pour l’usager, mais de réajuster des chiffres de production afin d’atteindre les objectifs fixés aux encadrants.

Bien que tout espace d’initiative ait été supprimé, le contrôle s’est renforcé. Le « reporting », compréhensible lorsque l’individu dispose d’une certaine autonomie, n’est plus que du simple flicage. On demande à l’agent de justifier des écarts de réalisation entre lui et ses collègues. On le renvoie à ses résultats chiffrés, sans référence aux moyens dont il dispose. Or, tous les rapports depuis des mois pointent le manque criant de ressources à Pôle Emploi. Le contrôle s’opère, entre autres, lors d’entretiens de suivi d’activité, inscrits dans le plan de prévention des risques psychosociaux. Présentés par la direction comme des espaces de dialogue, ces entretiens managériaux se révèlent être des huis clos stressants entre le responsable d’équipe et son agent. Sans cadre et sans compte-rendu, ils permettent toutes les outrances. A tour de rôle, chacun se voit comparé aux autres, sans prise en compte du réel travail effectué auprès des usagers, et sans mesure de ses compétences acquises.

Les victimes sont le plus souvent des agents en poste en structure (direction régionale, départementale). Leur force de travail n’étant pas directement liée à la production de chiffres, ils sont plus facilement écartables. Des personnes qui ont des années d’ancienneté, des compétences autrefois reconnues sur des dossiers pointus, se retrouvent devant un téléphone silencieux, une boîte mail déserte. Ce sont souvent des cadres, dont le nombre pose problème. La fusion a mécaniquement généré des doublons en réunissant les agences et les directions. Qu’il s’agisse d’une mesure vexatoire ou que leur poste ait été supprimé, ces cadres se retrouvent privés de leurs tâches, écartés des réunions, sans informations, oubliés. Le placardisé se voit contraint d’aller mendier une occupation quotidienne, pendant que son voisin de bureau croule sous le travail. Personne ne demandera son aide, personne ne partagera rien avec lui, de peur de se retrouver soupçonné de collusion. Très vite, l’agent tourne en rond, se déqualifie et déprime. Ses acquis professionnels deviennent obsolètes, et de placard en placard, il finira par partir, tomber malade ou démissionner, au grand soulagement de ses collègues et de ses supérieurs.

Que faire de ce triste constat ? Une institution qui permet ces pratiques est toxique pour l’ensemble de ses membres, et préjudiciable à ses usagers. Si elle ne génère pas encore des processus assumés de casse du personnel, comme France Telecom, elle prend un chemin qu’il sera très difficile de faire à rebours. Est-ce une politique de fond ou un épiphénomène lié à la fusion ? Qu’importe, les dégâts sont commis, et certains sont irréversibles. Pour les agents de Pôle Emploi, confrontés à une violence institutionnelle sans précédent, mais aussi pour les demandeurs d’emploi.

Un établissement qui ne respecte pas sa propre force de travail a perdu le sens de sa mission. Il n’a aucune raison de respecter ses usagers, placés en position de faiblesse et contraints d’accepter toutes les dérives [4].

Quid des forces de refus en interne ? Si Pôle Emploi travaille à éradiquer la notion même de collectif, ce n’est pas un hasard. La convention collective est un facteur de division supplémentaire entre agents de droit public et agents de droit privé. Les cultures syndicales de l’ANPE et de l’Assedic sont aux antipodes. Seules des actions sporadiques ou individuelles voient le jour. Alors que le chômage atteint un niveau record en 2011, et que les prévisions sont pires pour 2012, la question est pourtant cruciale : quel service public les agents de Pôle Emploi pourront-ils encore offrir aux sans-emploi de demain ?

Patricia Apicella, Porte-parole régionale de Solidaires SUD emploi Midi-Pyrénées


Mémoire : 10 jan­vier 1998 : Les chô­meurs inves­tis­sent l’ancienne ANPE de la presqu’ile qu’ils trans­for­ment en squat social lyon­nais

Tuyaux : Pôle emploi : Convocation pour « entretien téléphonique », pas de sanction possible ; Et quelques conseils pour faire face aux radiations, au suivi…

Notes :

[1] C’est à la remise en cause de ce management productiviste, des deux côtés du guichet, entendent eux aussi s’attaquer que les mouvements de chômeurs voir cette Lettre ouverte de quelques précaires aux conseillers de Pôle Emploi.

[2] À propos des grèves dans les Pôle, voir Grève à Pôle emploi lundi 4 janvier : À La Courneuve, le collectif n’en peut plus ainsi que Pourquoi la grève à Pôle emploi – CFDT, CFTC, CGT, SNU Pôle emploi FSU, Solidaires Sud emploi

[3] Poussés dehors et contraints à chercher un emploi, c’est la retraite des précaires, voir Comme Maryvonne à Brest, va falloir pointer à Pôle emploi à 80 piges et Retraite : à 95 ans, je n’aurai pas mes trimestres

[4] À propos du fonctionnement de Pôle emploi en matière de droits des précaires, Moi, personne quelconque de nationalité de hasard, déclare avoir été témoin des faits suivants, des témoignages produit lors d’un récent procès pour « Outrage à Pôle emploi » (sic).

Les désirs ne chôment pas… mais l’adoption du RSA donne le la, voir Nous sommes tous des irréguliers de ce système absurde et mortifère.

Pour ne pas se laisser faire, agir collectivement :

Permanence d’accueil et d’information sur le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle
Envoyez questions détaillées, remarques, analyses à cap@cip-idf.org

Permanence précarité
Adressez témoignages, analyses, questions à permanenceprecarite@cip-idf.org

Les lundi de 15h à 17h30
à la CIP, 13 bd de Strasbourg, M° Strasbourg Saint-Denis
Tel 01 40 34 59 74

La coordination a dû déménager pour éviter une expulsion et le paiement de 100 000 € d’astreinte. Provisoirement installés dans un local municipal exigu, nous vous demandons de contribuer activement à faire respecter l’engagement de relogement pris par la Ville. Il s’agit dans les temps qui viennent d’imposer un relogement qui permette de maintenir et développer les activités de ce qui fut un centre social parisien, alors que le manque de tels espaces politiques se fait cruellement sentir.

Pour contribuer à la suite :
• faites connaître et signer en ligne Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde.
• indiquez à accueil@cip-idf.org un n° de téléphone afin de recevoir un SMS pour être prévenus lors d’action pour le relogement ou d’autres échéances importantes et urgentes.

CIP-IDF, 10 janvier 2012