Archives de catégorie : Le travail tue

Grèves de cheminots

Soixantième jour de grève pour les cheminots de St-Etienne !

Les cheminots de stéphanois sont en grève depuis 60 jours, comme le rappelle ce matin Le Progrès sans préciser, comme d’habitude les raisons de ce mouvement (un désaccord avec une décision de la direction SNCF de créer un établissement « multi-fonction » dans la Loire) et en insistant sur la gêne pour les usagers, notamment entre Lyon et St-Etienne. Pour comprendre (et soutenir) ce mouvement, on peut lire la lettre ouverte que les cheminots de Sud-Rail avaient adressé début décembre aux usagers, aux cheminot-e-s et aux élu-e-s.

Soutenons-les !

Document à télécharger sur Rébellyon

Rébellyon, 1er janvier 2011

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[PORTUGAL] Les cheminots en lutte – 1er janvier 2012

 

Portugal : grève des conducteurs de train

Début d’année difficile pour les usagers des transports publics au Portugal. Le secteur est en proie à une grève largement suivie, une grève des conducteurs de train. Ils protestent contre l’ouverture de procédures disciplinaires visant des cheminots qui n’auraient pas respecter les consignes de service minimum lors de précédentes grèves.

Les transports publics sont un des secteurs les plus touchés par les mesures d’austérité décidées par les autorités. Des mesures dénoncées par Alcino, usager des chemins de fer. Selon lui, les conducteurs de train ont raison de faire valoir leur droit de grève.

A l’inverse, Almerinda déplore cette grève. “Tous les mois, je paie ma carte de transport, dit-elle, et les grévistes n’ont pas à nous faire subir cette situation”.

Selon les chiffres de la direction, moins d’un train sur sept circule ce dimanche. Les perturbations pourraient se poursuivre sur certaines liaisons en début de semaine.

Presse bourgeoise – Euronews, 01/01/2012

Portugal: les conducteurs de trains en grève pendant les fêtes

LISBONNE – Le trafic ferroviaire était fortement perturbé vendredi au Portugal en raison d’une grève des conducteurs des chemins de fer (CP), qui se prolongera jusqu’à dimanche, pour protester contre l’ouverture de procédures disciplinaires par l’administration.

En fin d’après-midi, 760 trains sur les 900 prévus avaient été annulés, a indiqué une porte-parole de CP, précisant que quasiment seuls les trains imposés par le service minimum avaient pris le départ.

La direction de CP s’était réunie jeudi soir avec le syndicat des conducteurs pour tenter d’éviter la grève, mais sans succès. Faute d’accord, le mouvement doit être reconduit le 1er janvier.

Les grévistes protestent notamment contre les procédures disciplinaires appliquées à quelque 200 conducteurs qui n’ont pas respecté le service minimum décrété lors d’un précédente grève.

Ils dénoncent également des politiques de démantèlement des chemins de fer et de réduction du nombre de postes menée par le gouvernement, selon un communiqué du syndicat des conducteurs.

CP a pour sa part regretté un mouvement social qui pénalise les populations et l’entreprise, estimant que cette grève équivaudrait à quelque 2,5 millions de perte de chiffre d’affaires dans un contexte difficile pour le secteur public des transports.

L’endettement des entreprises publiques de transport s’élevait fin 2010 à près de 17 milliards d’euros, soit l’équivalent de 10% du PIB annuel du pays, avait récemment indiqué le ministre de l’Economie Alvaro Santos Pereira.

Soumis à une forte cure de rigueur dans le cadre du plan d’aide financière de l’Union Européenne et du Fonds monétaire international obtenu en mai dernier, le Portugal a connu cette année plusieurs grèves dans les services publics de transport et une grève générale fin novembre.

Presse bourgeoise – Romandie (avec l’AFP), 23 décembre 2011 19h03

[Tours]  » On se croirait revenu à l’époque de la guerre  »

 » On se croirait revenu à l’époque de la guerre  »

Les sans-papiers ont protesté contre la « traque » dont ils font l'objet.

 
Les sans-papiers ont protesté contre la « traque » dont ils font l’objet. – (dr)
 

C’est un policier qui s’exprime. Un flic comme les autres, au commissariat de Tours. Dans un couloir, il confie à demi-mots son écoeurement. En cette fin d’année 2011, sur ordre de la préfecture, les effectifs de police sont mobilisés sur la chasse aux sans-papiers. Plusieurs policiers en témoignent : ils reçoivent des listes de gens à interpeller avec les adresses devant lesquelles il faut planquer pour les trouver. Parfois, la consigne porte sur un groupe de Roumains qu’il faut contrôler sans raison apparente. Plus tard, c’est devant un foyer Adoma qu’il faut guetter l’arrivée d’un père de famille arménien signalé en situation irrégulière. « On se croirait revenu à l’époque de la Seconde Guerre mondiale, ça me révulse, ajoute le policier. Les quotas, c’est une réalité. On nous demande de faire tant d’arrestations d’ici la fin de l’année. » La chasse aux sans-papiers est loin d’être terminée.

Nouvelle République, Caroline Devos, 30 décembre 2011

[Poitiers] Liquidation des salariées du printemps

Liquidé, le Printemps vient d’entrer dans l’hiver

 

Le magasin est en liquidation jusqu’au 28 janvier avant de disparaître complètement du paysage. Hier, on s’y pressait pour y dénicher la bonne affaire.

 
Des centaines de personnes ont arpenté hier les allées du Printemps à la recherche d’importants rabais. – (dr)
 

Quand on est mort, y’a toujours plein de monde ! Ce mercredi matin, premier jour de la liquidation du Printemps, Cornélia est amère. Au bord des larmes, la vendeuse qui est aussi élue au comité d’entreprise voit déferler à sa caisse des centaines de clients, tous avides de faire des affaires. « Ils n’ont aucun sentiment délicat pour nous, rien ! », lâche-t-elle.
Tout à leur frénésie d’achat, clients et clientes se précipitent sur les rayonnages et dans les bacs. D’importants rabais sont pratiqués sur tout le magasin, 30, 40 % et plus. Même si les grandes marques se sont retirées dès samedi, cette affluence n’a pas de précédent. Quelques centaines de badauds ont fait l’ouverture des portes à 9 h 30. En fin de matinée, c’est carrément la cohue. On sature. Les vigiles filtrent les entrées tandis que les files d’attente s’allongent démesurément à proximité des caisses…
 
 » Rien à faire de l’aspect humain  »

Parfums, vêtements, électroménager, tout y passe. Les affaires sont les affaires. Chantale Choisy, secrétaire du CE, commente : « Samedi, on a reçu une lettre recommandée pour nos reclassements. Pas vraiment délicat de nous envoyer ça pour les fêtes ». D’ailleurs, elle et ses collègues n’ont guère le coeur à ça. « C’est vrai qu’il y a beaucoup de monde. Les gens sont là pour leur intérêt. Ils n’en ont rien à faire de l’aspect humain ! Je pense que les Poitevins n’envisagent pas encore le séisme que notre disparition va engendrer au niveau de Poitiers. C’est un désastre ! »
Au rez-de-chaussée, hommes, femmes et enfants continuent leurs emplettes. Certains ouvertement indifférents au drame social qui se noue sous leurs yeux. Devant une vendeuse qui répond à nos questions, une femme en fourrure lâche : « Ils n’avaient qu’à être plus aimables… »
Dehors, sur la place, on rencontre Dominique. Elle est venue voir. « Je n’ai pas acheté même s’il y a des prix intéressants. Je pense surtout aux femmes qui vont être au chômage. »
A ses côtés, un grand adolescent, portable collé à l’oreille, décrit la situation à son interlocuteur : « C’est bradé à mort ! Mais pas la peine de venir, c’est la guerre ! »
Éric, père de famille de Dissay, a profité de la liquidation pour faire quelques achats avec ses deux filles, Aurélie et Mélina : « On avait repéré des choses lundi, alors on en a profité. On a eu des choses à moins 30 et moins 50 % mais c’est quand même dommage. C’est malheureux pour la ville. Maintenant pour trouver certains articles, on ira à Tours… »
 
Ni fleurs ni couronnes

Le magasin n’avait pas connu pareille affluence depuis bien longtemps. Hier, le Printemps a fait le plein de clients pour son premier jour de liquidation. Dans un mois, celui qu’on appelait le vaisseau amiral du centre-ville aura sombré corps et biens. Au nom d’une stratégie de groupe, le MLB (mode, luxe et beauté) sans doute inadapté à la clientèle poitevine, quelque 47 salariés estampillés Printemps, autant pour les assimilés, vont devoir partir. Inéluctable, assène la direction. On pouvait encore éviter le naufrage, soutiennent les syndicats.
Hier, ils ont eu droit à un enterrement de première classe. Ni fleurs ni couronnes…

La ville a-t-elle tout fait pour sauver le magasin ?

Le fleuron commercial de l’hypercentre a-t-il reçu tous les soutiens possibles ? Au fil des jours qui ont suivi l’annonce de la fermeture, des salariés s’estimant « sacrifiés » ont déploré chez certains politiques le peu d’entrain à les soutenir.
Dans un communiqué envoyé à la presse il y a quelques jours, intitulé « La mairie aux côtés des salariés du Printemps », Alain Claeys, maire et président de Grand Poitiers, affirme avoir agi « en deux directions : sociales et économiques ». Il a ainsi rencontré le personnel et ses représentants « à cinq reprises » afin de leur apporter « le soutien de la ville et d’évoquer les solutions de reclassement ».
Quelles sont-elles ? Une convention de reclassement, à l’initiative de l’État et accompagnée par le service économique de Grand Poitiers a désigné un cabinet privé poitevin « chargé d’orienter les salariés vers un nouvel emploi ». Il faut y ajouter une convention de revitalisation du bassin économique que le Printemps quitte, à l’étude entre Grand Poitiers, l’État, la chambre de commerce et le Printemps, « qui comporte plusieurs pistes en matière de soutien à la création de nouvelles activités et d’aides à l’emploi ».
Enfin, en matière économique, la collectivité se dit également « à l’offensive » dans la recherche de nouveaux commerces pour le coeur de l’agglo, « à travers un démarchage direct d’enseignes ».

Nouvelle République, 29 décembre 2011

[Chine] Grève des ouvriers de LG Group à Nanjing

[Chine] Grève des ouvriers de LG Group à Nanjing

En Chine, des milliers d’ouvriers se mettent en grève dans une usine

Des milliers d’employés d’une usine détenue par un groupe sud-coréen ont entamé une grève lundi 26 décembre à Nanjing, dans l’est de la Chine, a annoncé l’ONG China Labour Watch. Le pays enregistre depuis quelques semaines plusieurs mouvements de mécontentement des travailleurs.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1325068531.jpgLa Chine enregistre depuis quelques semaines plusieurs mouvements de mécontentement de travailleurs. Ici, un millier d’employés de la firme Hi-P International ont fait grève début décembre à Shanghaï.

Quelque 8000 employés de cette usine, détenue par le conglomérat sud-coréen LG Group, à Nanjing, ont cessé le travail, affirmant que les salariés sud-coréens du site avaient reçu des primes de fin d’année supérieures aux leurs, a rapporté l’organisation China Labour Watch, située à New York.

FAIBLES SALAIRES ET MAUVAISES CONDITIONS DE TRAVAIL

Des dizaines de milliers d’ouvriers chinois ont observé des mouvements de grève depuis novembre pour protester contre le faible niveau des salaires, voire les diminutions de salaire, et les mauvaises conditions de travail, causées par les réductions de dépenses des entreprises en raison du ralentissement économique dans le monde.

Le mouvement à l’usine LG a démarré lundi et est pour le moment pacifique, a indiqué l’ONG dans un communiqué. Des employés ont cependant renversé des meubles dans la cantine de l’usine. Une vidéo, postée sur Internet par un des ouvriers et mentionnée dans le communiqué de China Labour Watch, montre des travailleurs qualifiant d’« inutile » le syndicat, lors d’une réunion avec un médiateur mandaté par les autorités.

Le Parti communiste chinois redoute la formation de syndicats indépendants, qui pourraient menacer son emprise, et n’autorise donc qu’un seul syndicat, lié au gouvernement et doté de représentations locales.

CONFLITS DANS LE GUANGDONG ET À SHANGAÏ

Les grèves de ces dernières semaines se sont déroulées majoritairement dans la province du Guangdong (sud), un des centres manufacturiers de la Chine. C’est aussi dans cette province qu’ont éclaté plusieurs conflits sociaux, dont une manifestation contre une centrale thermique polluante qui a mal tourné à Haimen, et une « révolte » ouverte des villageois de Wukan.

Mais la grande ville des affaires, Shanghaï, a également connu plusieurs mouvements de mécontentement. Des centaines d’employés d’une usine à Shanghaï, détenue par le groupe électronique de Singapour Hi-P International, ont cessé le travail à la fin de novembre pour protester contre les modalités de délocalisation de leur site.

Les activistes soulignent que les autorités chinoises sont en général plus enclines à écouter les doléances des employés d’usines détenues par des groupes étrangers que celles émanant d’ouvriers de sites aux mains de groupes chinois.

Leur presse (LeMonde.fr), 28 décembre 2011.

[Poitiers] Rouleau (compresseur) de printemps

Elle redoute le dernier jour du Printemps

Au bout de presque trente ans de carrière au magasin de Poitiers, Évelyne appréhende le 28 janvier prochain, ultime jour d’ouverture du Printemps.

 
Évelyne, salariée du Printemps depuis 29 ans : « Le 28 janvier à 19 h, tout sera fini. Je ne sais pas comment je vais le vivre… » – (dr)
 

D’un Noël à l’autre, vingt-neuf années et une carrière bien accomplie, la sienne. Évelyne, une des plus anciennes salariées de ce Printemps de Poitiers aujourd’hui à l’agonie, est amère. A un mois de la fermeture définitive du magasin, programmée le 28 janvier, c’est déjà dans le rétroviseur qu’elle voit passer ses trois décennies printanières. L’aventure avait commencé à l’automne 1982. Elle a alors 28 ans, cherche du travail et, à l’approche de Noël, le Printemps lui propose un premier contrat, de démonstratrice de jouets.

 » On nous a laissés mourir à petit feu  »

« Du 2 novembre au 24 décembre, je présentais les peluches Anima Boulgom… Il fallait savoir convaincre autant les enfants que leurs parents ! » Fin janvier 1983, elle est embauchée en CDI, puis travaillera au fil des ans dans plusieurs services, groupe de caisses, boutique des listes de mariage, service clientèle… « J’ai toujours aimé ce contact avec la clientèle. » Oui, mais le ciel de son Printemps va finir par s’assombrir en cet an de disgrâce 2011. Le 18 mai dernier, jour de congé, elle est chez elle quand le téléphone sonne. Au bout du fil, une collègue lâche la triste nouvelle : la décision de fermer le Printemps de Poitiers, inadapté au marché du luxe que privilégie désormais la direction nationale, est cette fois officielle.
« J’étais choquée, surprise… Depuis 30 ans, la rumeur disait que ça allait fermer, mais personne n’y croyait. » Elle concède que depuis le changement de direction, l’inquiétude avait gagné du terrain… « En fait, ça fait dix ans qu’on nous a laissés tomber, qu’il n’y a pas eu d’investissement sur le magasin. On nous a laissés mourir à petit feu»

 » Dégoûtées du commerce  »

Elle pense à ses collègues plus jeunes, à l’incertitude entourant leur avenir : « Certaines sont dégoûtées du commerce. Mais ça peut être un mal pour un bien, leur permettre de faire autre chose. Moi, j’aurais bien aimé continuer encore trois ans, jusqu’à la retraite. »
Évelyne, qui gagne environ 1.500 euros brut par mois, aura royalement droit, en plus des indemnités légales, à 6 mois de salaires. Comme toutes celles qui ont plus de 21 ans d’ancienneté. Pas exactement de quoi en faire une privilégiée. « Au moins, j’aurai plus de temps pour moi et pour me rendre utile dans une association. » Son regard est un peu embué. « Le 28 janvier au soir, comme les autres, je serai licenciée. A 19 heures, tout sera fini. Franchement, cette dernière journée, je ne sais pas comment je vais la vivre… »

Nouvelle République, Frédéric Delâge, 26 décembre 2011