Archives de catégorie : Le travail tue

Le pétrole a encore tué

 Une plate-forme pétrolière russe coule en mer d’Okhotsk: 4 morts, 49 disparus

L’espoir était mince dimanche soir de retrouver vivants 49 disparus après le naufrage d’une plate-forme pétrolière dans les eaux glacées de la mer d’Okhotsk (extrême-orient russe), alors que quatre corps ont d’ores et déjà été repérés.

Photo non datée de la plateforme Kolskaya diffusée par Arktimor Neftegaz Razvedka (AMNGR)

Photo non datée de la plateforme Kolskaya diffusée par Arktimor Neftegaz Razvedka (AMNGR)

La plateforme Kolskaya, qui avait effectué des forages de prospection au large de la presqu’île du Kamtchatcka, était remorquée sous escorte d’un brise-glace vers l’île de Sakhaline lorsqu’elle a sombré à 12H45 locales (01H45 GMT) avec 67 membres d’équipage à bord.

Une forte tempête faisait rage dans la zone à ce moment, avec des creux de plus à cinq mètres, des rafales de neige et une température extérieure de – 7 degrés Celsius.

 

« Les conduites d’aération des réservoirs se sont brisées et l’eau s’y est engouffrée, les pompes travaillaient à plein régime, une vague a enfoncé les hublots de la cantine, l’eau a commencé d’y entrer », a expliqué l’Agence fédérale du transport maritime et fluvial dans un communiqué.

« A 01H45 la plate-forme a pris de la gîte puis a coulé en 20 minutes », a ajouté l’agence fédérale, indiquant que la profondeur dans la zone, à 200 kilomètres des côtes orientales de l’île de Sakhaline, était de 1.042 mètres.

Quatorze marins ont pu être sauvés par les équipages du remorqueur Neftegaz-55 et du brise-glace Magadan qui escortaient la plate-forme, dont deux ont été hospitalisés dans un état critique.

Mais les hélicoptères qui ont inspecté la zone n’ont repéré que quatre embarcations de sauvetage vides, et quatre corps.

« Quatre personnes en combinaison de survie et ne donnant pas de signes de vie ont été localisées en mer », a déclaré dans un communiqué l’agence fédérale, précisant qu’il n’avait pas été possible de sortir les corps de l’eau.

Le sort des 49 disparus était considéré comme désespéré dimanche soir par les secours, dans des eaux dont la température est à peine supérieure à zéro degré Celsius.

Même si les disparus ne sont pas restés prisonniers et sont équipés de combinaisons de survie, leurs chances d’en réchapper sont minimes, a confirmé à l’AFP par téléphone un membre du ministère des Situations d’urgence.

Ainsi équipé, « on peut survivre en mer pendant six heures, ensuite c’est l’hypothermie », a dit ce responsable, Anton Prokhorov, depuis la ville de Ioujno-Sakhalinsk.

Face à des conditions extrêmes en mer d’Okhotsk, le remorqueur Neftegaz-55 qui remorquait la plate-forme a lui-même été forcé d’abandonner les recherches « en raison d’une fissure apparue dans la salle des machines », selon les autorités maritimes.

Le ministère russe des Situations d’urgence a de plus indiqué que les hélicoptères dépêchés sur place avaient dû cesser leurs vols à la tombée de la nuit dans cette zone située à 7 fuseaux horaires de la capitale russe, et où le jour se lève à 09H40 locales (22H40 GMT) à cette saison.

Selon l’agence fédérale du transport maritime, un navire de secours, le SMIT Sakhaline, est arrivé sur la zone à 13H00 GMT.

Au total, cinq navires et six avions ou hélicoptères ont été envoyés sur la zone, a déclaré à l’AFP une porte-parole du ministère des Situations d’urgence, Elena Kim.

Le président Dmiti Medvedev, dans un communiqué, a ordonné que tout soit fait pour venir en aide aux victimes, et a d’ores et déjà ordonné une enquête sur les circonstances du drame.

Selon l’antenne régionale du ministère des Situations d’urgence, les membres d’équipage avaient reçu l’ordre au moment du naufrage d’enfiler leurs combinaisons de survie et attendaient d’être hélitreuillés, lorsque la plate-forme a chaviré.

Le Comité d’enquête russe a indiqué dans un communiqué avoir pour hypothèse que « la principale cause de ce drame est la violation des règles de sécurité ».

Le comité met en cause la décision d’effectuer le remorquage de cette plate-forme « sans tenir compte des prévisions météo dans une zone touchée par une forte tempête ».

La plate-forme, propriété d’une société de prospection russe, effectuait une mission de prospection dans l’ouest du Kamtchatka pour le compte de la compagnie Gazflot, une filiale du géant gazier russe Gazprom.

Ayant pour port d’attache Mourmansk, sur la mer de Barents (nord-ouest), la plate-forme Kolskaïa, qui s’apparente à un navire de 70 mètres de long se transformant en mer en installation de forage, avait été construite en 1985 dans un chantier finlandais.

AFP, 18 décembre 2011

[Paris] Génération Précaires s’invite aux galeries Lafayette et chez Fauchon

Des membres du collectif "Génération Précaire"  ,  protestent contre le statut des stagiaires, le 17 décembre 2011 à Paris

 
Des membres du collectif « Génération Précaire » , protestent contre le statut des stagiaires, le 17 décembre 2011 à Paris
 

« Bonjour, demandez à vos vendeurs s’ils sont stagiaires »: le collectif Génération Précaire s’est invité samedi aux Galeries Lafayette et chez Fauchon, à Paris, pour alerter les clients sur le recours à des stagiaires non rémunérés dans de nombreuses entreprises pendant les fêtes.

Affublés de masques, de chapeaux de Père Noël avec des guirlandes autour du cou, une quinzaine de membres du collectif, qui revendique des « actions coup de poing mais drôles », se sont invités dans la bonne humeur au rayon luxe des Galeries Lafayette, a constaté une journaliste de l’AFP.

« Des stagiaires lutins sont à la tâche, là où des jeunes devraient être tout simplement payés. Songez-y si vous les reconnaissez et offrez-leur cette petite douceur », pouvait-on lire sur les tracts distribués aux clients avec des friandises, afin de les alerter sur ce phénomène, au son du « Petit Papa Noël » de Tino Rossi.

Le service d’ordre du grand magasin ayant rapidement fait sortir la petite troupe, celle-ci s’est ensuite rendue à la société d’alimentation de luxe Fauchon située à proximité, cette entreprise ayant, selon le collectif, publié des appels au recrutement pour dix stagiaires pour cette fin d’année.

Les membres du collectif ont été reçus par la direction, qui a assuré ne compter que 4% de stagiaires dans ses effectifs et a indiqué engager 20% de contrats à durée déterminée (CDD) en plus en période de fêtes, où Fauchon réalise 20% de son chiffre d’affaires.

Selon Génération Précaire, qui évalue entre 1,2 et 1,5 million le nombre de stagiaires en France, contre 600.000 en 2006, les entreprises, et en particulier le secteur du luxe, ont de plus en plus souvent recours à des stagiaires en lieu et place de CDD.

Le collectif estime que ce phénomène s’est intensifié avec la crise et qu’il est particulièrement visible pendant les fêtes dans les magasins de luxe, mais également dans des enseignes comme la Fnac, Darty, Etam ou Décathlon.

Une porte-parole du collectif, fondé il y a cinq ans pour défendre les stagiaires, a déclaré que seuls 5% des stages se transforment en emploi. Selon la jeune femme, le recours aux stagiaires non rémunérés « détruit les jobs étudiants et l’emploi des chômeurs ».

La loi prévoit que lorsque la durée d’un stage est supérieure à deux mois, le stagiaire doit toucher une rémunération d’au minimum 417 euros, mais pour des périodes plus courtes, aucune rémunération n’est obligatoire.

En outre, la loi stipule qu’un stagiaire ne peut être recruté « pour faire face à un accroissement temporaire de l’activité de l’entreprise » ou « pour occuper un emploi saisonnier ».

En janvier dernier, quelques militants de Génération Précaire avaient investi un autre grand magasin de Paris, Le Printemps, pour protester contre le recours abusif à des stagiaires pendant les soldes d’hiver.

AFP, 17 décembre 2011

[Poitiers] Souffrance au travail

 » Non  » à l’ouverture des commerces le dimanche

Travailler le dimanche : Gilbert Marteau y est opposé depuis toujours. C’est l’un de ses combats au sein du Syndicat multiprofessionnel des salariés.

Gilbert Marteau et ses amis et sympathisants du Syndicat Multiprofessionnel Salariés, devant leur local, Grand'Rue.

 

Gilbert Marteau et ses amis et sympathisants du Syndicat Multiprofessionnel Salariés, devant leur local, Grand’Rue. – (dr)

Au n° 181 de la Grand’Rue, l’exiguïté des locaux n’entame en rien la fermeté du propos. « Travailler le dimanche ? Jamais ! » Gilbert Marteau, le secrétaire général du SMS (Syndicat multiprofessionnel des salariés) continue de se battre contre. Même si année après année, les tenants du consumérisme gagnent bataille sur bataille.
« On a assez de la semaine pour travailler ! » ajoute Michel Lacolle qui travaille dans une entreprise de transports.

 » Le patronat veut tout déréglementer  »

Jean Léger, aujourd’hui retraité : « Le dimanche, il faut préserver la vie de famille. Et chacun a le droit de pratiquer sa religion. D’ailleurs, ce n’est pas seulement avant Noël que l’on empiète sur le congé du dimanche, mais à chaque fête religieuse ou nationale : Toussaint, 11 novembre… »
Ni Gilbert Marteau ni ses collègues n’iront faire leurs courses dans les commerces dimanche prochain. Pas plus qu’ils ne s’y sont rendus dimanche dernier. « Il y a suffisamment d’autres jours pour acheter. »
Leur combat est avant tout syndical. « Le patronat veut tout déréglementer. Bientôt, il n’y aura plus de code du travail. Dans les commerces, il a systématiquement recours au travail partiel. Dans un couple, il faut que les deux conjoints travaillent pour réunir un salaire complet. »
Et qu’on ne leur parle pas de volontariat. Michel Lacolle : « On nous dit que les salariés sont volontaires pour travailler le dimanche. Mais s’ils refusent, ils craignent d’être licenciés. » Gilbert Marteau : « J’ai reçu ce mercredi une personne qui pleurait du fait de la pression qu’elle subit au travail. Comment voulez-vous qu’elle refuse de travailler si son patron le lui demande ? »
Le groupe s’interroge sur la réalité de l’activité commerciale les dimanches d’ouverture : « On voit beaucoup de gens se promener dans les rues du centre-ville et les galeries marchandes. Mais combien achètent ? »

Nouvelle République, Jean-Jacques Boissonneau, 17 décembre 2011

Thalès-Nexter-DCNS : Munitions, marine de guerre, propulsion nucléaire… la mort se vend bien !

Thales se renforce dans DCNS et vise un rapprochement avec Nexter

Le groupe français d’électronique de défense Thales a annoncé jeudi des opérations stratégiques pour la constitution d’alliances au sein de l’industrie de défense: un rapprochement imminent avec le groupe public d’armement terrestre Nexter et un renforcement dans DCNS.

Nexter et Thales sont en discussions pour rapprocher leurs activités munitionnaires, dans le but de conforter la place du groupe Nexter dans l’industrie européenne de défense, a annoncé Thales dans un communiqué.

Le projet consisterait à rapprocher, au sein de Nexter, des filiales munitionnaires des deux groupes, Nexter Munitions et TDA Armements. Il serait également assorti d’une prise de participation minoritaire de Thales au capital de Nexter Systems, ajoute le texte.

Selon Thales, Nexter serait ainsi en mesure « de jouer un rôle de premier plan au niveau international ». Et le nouvel ensemble « s’appuierait sur la complémentarité de ses sites de production pour offrir une gamme complète de produits à ses clients, accroître sa compétitivité et conquérir de nouveaux marchés à l’exportation ».

Ce rapprochement n’est pas une surprise. Par le passé, Nexter avait jugé à diverses reprises « nécessaire » un regroupement industriel en France et en Europe. En mars, il avait toutefois indiqué qu’il n’avait pas dépassé le stade de discussions « préliminaires » avec les partenaires potentiels.

Le PDG de Thales, Luc Vigneron, ancien PDG de Nexter, avait quant à lui manifesté son intérêt pour Nexter.

Le groupe, aujourd’hui à 100% public, compte quelque 2.700 salariés et dispose de 9 sites de production en France. L’an passé, il a réalisé 1,1 milliard de chiffre d’affaires.

Avec 68.000 collaborateurs, Thales est un groupe de taille bien plus imposante dont le chiffre d’affaires s’est établi à 13,1 milliards d’euros l’an passé.

S’agissant de DCNS, Thales disposait d’une option de montée au capital depuis son entrée au capital de cette entreprise à hauteur de 25% en 2007. La nouvelle prise de participation n’a pas été chiffrée.

Thales estime que cette opération « marque une étape importante pour la constitution d’alliances stratégiques dans le domaine naval en Europe ». Elle s’accompagnera, conformément aux accords conclus en 2007, d’une augmentation des droits de Thales dans la gouvernance de DCNS, permettant le renforcement de la coopération entre les deux sociétés.

« Ce renforcement dans le capital témoigne de la confiance de Thales dans le groupe », a déclaré à l’AFP un porte-parole de DCNS. « C’est un signal fort pour nos clients et c’est positif compte tenu de nos ambitions à l’international », a-t-il ajouté.

Il a en outre rappelé l’objectif de DCNS de doubler son chiffre d’affaires d’ici 2020 à 5 milliards d’euros.

DCNS est un champion des exportations françaises dans le domaine de la défense. Il a notamment vendu des sous-marins à l’Inde, au Brésil, à la Malaisie et au Chili et est en passe de vendre des corvettes à la Malaisie.

Le groupe français a entamé début décembre la construction de deux porte-hélicoptères (navires de projection et de commandement ou BPC) pour la Russie.

Spécialiste des grosses unités, il construit notamment des frégates pour la marine française. Mais pour stimuler les exportations, il veut élargir sa gamme et vient de lancer un patrouilleur de haute mer.

En dehors de la construction navale, secteur qui souffre de surcapacités en Europe, DCNS veut développer ses activités dans l’énergie nucléaire, avec son expérience des navires à propulsion nucléaire, et les énergies renouvelables de la mer.

DCNS, qui emploie 12.500 salariés, compte encore 4.800 ouvriers d’Etat. Chaque année, 500 à 600 d’entre eux quittent l’entreprise.

AFP, 16 décembre 2011

[Poitiers] Comme d’habitude…

A l’appel de l’intersyndicale qui s’était mise d’accord sur le principe d’une grève (sauf le SGEN-CFDT), a eu lieu aujourd’hui à Poitiers une manifestation d’enseignants. Entre trois-cent et quatre-cent personnes ont défilé dans les rues, du pont Saint-Cyprien au Rectorat. Un chiffre relativement faible, eu égard au fait que la grève semble quant à elle plutôt bien suivie.

La prise de parole devant le Rectorat a, comme d’habitude, été monopolisée par les délégué-e-s des syndicats, sans invitation à débattre, à proposer, tout simplement à s’exprimer. Les permanents, les « représentants », les spécialistes, savent à notre place…

Ces dernier-e-s ont rappelé leurs revendications, légitimes mais comme d’habitude, limitées à la corporation (réévaluation des salaires, refus de la nouvelle notation par le chef d’établissement, refus de la mise en concurrence des profs et des établissements, refus des fermetures de CIO…)… pas un mot sur l’évolution du contenu et la forme mêmes de l’enseignement, pourtant toujours plus empreints d’une idéologie de sélection, de hiérarchie, bref de propagande étatiste et marchande ; rien sur le volet des réformes allant dans le sens du contrôle social des élèves, pourtant tout aussi concerné-e-s que les personnels d’éducation (fichage numérique/évaluation par compétences/changements dans les programmes…). Rien d’étonnant à cela, puisque les (rares) prises de parole des centrales syndicales sur ces sujets se cantonnent généralement au fait de déplorer l’absence de moyens… pour appliquer ces horreurs.

Elleux ont signalé qu’elleux n’avaient pas demandé d’audience, cette fois-ci, à la Rectrice de Poitiers (« cela ne sert à rien », la Rectrice ne les « entend pas »). Mais au lieu de proposer de rentrer ensemble dans ce Rectorat sourd et muet, et d’occuper les lieux pour instaurer un rapport de force, ce que le nombre aurait permis…  la manif se disperse rapidement devant le Rectorat, après la prise de parole syndicale qui clôt comme d’habitude la mobilisation.

Non sans avoir invité, comme d’habitude, à la poursuivre ultérieurement, avec une énième journée de mobilisation – courant janvier. Super.

Mais sans doute ce pédalage dans la semoule s’explique-t-il par le fait qu’elleux ont comme d’habitude, critiqué « ce gouvernement »… pour mentionner « l’échéance » de 2012.

Si elleux ont remercié la FCPE locale de se joindre à la mobilisation ici à Poitiers, elleux ont déploré l’absence de nombreux-euses grévistes, sans penser un instant, comme d’habitude… que les grévistes absent-e-s en ont peut-être assez de ces mobilisations parfaitement inefficaces, n’instaurant ni rapport de force réel, ni débat public, ni projet global de changement social.

Des gens du collectif antirep 86, ne perdant pas espoir sur la nécessité de rassembler contre toutes les formes de répression étatique à l’encontre des mouvements sociaux, ont néanmoins profité de cette manifestation pour diffuser le tract de solidarité avec les inculpé-e-s de Toulouse, avec appel à rassemblement ce vendredi à 18H devant le palais d’injustice de Poitiers.

Des policiers en civil de la BAC, sans bandeau pour se signaler tels, ont comme d’habitude suivi de près ces personnes pendant toute la manif. L’un des bakeux a insisté pour prendre un tract, en faisant un trait d’esprit : « on sait pas lire, on a même pas le BEPC ».

Encore une journée de mobilisation… comme les autres

 

 

 

Un « enseignant », le 15 décembre 2011