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Fainéant, bon à rien, incompétent, Pole emploi intente un procès pour « outrage » contre un chômeur

Fainéant, bon à rien, incompétent, Pole emploi intente un procès pour « outrage » contre un chômeur

Publié, le dimanche 20 novembre 2011

Dernière modification : lundi 21 novembre 2011

Mardi 22 novembre, à 9h à la 10e chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance, au Palais de justice de Paris, un participant à la Coordination des intermittents et précaires d’île de France comparaît pour « outrage à Pôle emploi », délit passible de six mois d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende.

La directrice du Pôle emploi Vic d’Azir (Paris 10e) a porté plainte suite à une action collective du 19 octobre 2009 destinée à faire valoir les droits de plusieurs intermittents dont les allocations chômage n’étaient pas versées [1] Selon elle, ce qui justifie cette plainte est que l’accusé aurait qualifié les agents du Pôle d’ »incompétents, fainéants, bons à rien«  [2]. Il est vrai que ce jour là, la directrice avait ordonné à ses agents de ne pas étudier les réclamations que lui adressaient des intermittents privés de leurs droits. Une manière parmi d’autres, beaucoup plus quotidiennes et nombreuses, de démontrer encore si il en était besoin que Pôle emploi est effectivement incompétent, ne fait rien et est le plus souvent bon à rien en ce qui concerne les droits des chômeurs [3]. Sa compétence et son action visent tout autre chose : l’assistance aux entreprises et le développement de la concurrence entre salariés. Et le simple fait de revendiquer ses droits et d’attendre du Pôle qu’il les respecte est désormais un outrage passible de poursuites.

Ce procès est une première dont les chômeurs se seraient bien passé. Si l’accusation d’outrage est fréquemment utilisée par des policiers qui obtiennent ainsi de nombreuses condamnations basées sur leurs seuls témoignages, on ne sache pas qu’elle l’ait déjà été par Pôle emploi.

Pôle emploi est une zone de non droit. Il existe peu de moyen de débloquer des situations rendues inextricables par une institution opaque dont dépend pourtant la survie de nombre de précaires. De ce fait, tous les collectifs de chômeurs, précaires, intermittents sont conduits à intervenir dans les Pôle emploi et dans d’autres institutions sociales pour tenter d’y faire respecter les droits de chômeurs en butte à l’arbitraire et à des dénis de droit. La loi garantit d’ailleurs aux usagers des institutions sociales la possibilité de se faire accompagner lors de leurs démarches [4] Si adresser un courrier de « mise en demeure » argumenté, avertissant qu’une procédure judiciaire va être lancée conduit souvent Pôle emploi à ouvrir des droits ou à revenir sur une décision négative (radiation, prélèvement d’indu), il est fréquent que le fait de venir à plusieurs permette de débloquer une situation, lorsqu’une série de démarches individuelles n’a rien donné [5].

Ce procès pour « outrage à Pôle emploi » intervient après une campagne d’affiches dans les agences menaçant de poursuites judiciaires les usagers récalcitrants. Pôle emploi va jusqu’à adresser par courrier de telles menaces. Lors d’une convocation en septembre dernier, un chômeur a eu le tort de dire ce qu’il pensait de l’utilité de Pôle emploi, il a été menacé par la direction régionale de poursuites judiciaires pour… « propos désobligeants » [6]. En portant plainte individuellement contre l’un des présents rue Vic d’Azir ce 19 octobre 2009, Pôle emploi choisit de judiciariser le conflit. Il s’agit de dissuader les actions de défense des droits et toute action collective.

Le fonctionnement du Pôle repose sur une logique managériale et comptable qui asservit ses agents à des objectifs quantitatifs, au mépris de leurs conditions de travail, de son utilité sociale éventuelle, comme des droits des chômeurs [7]. De l’autre côté du guichet, Pôle emploi assujettit les chômeurs à une logique de concurrence, d’individualisation, d’employabilité à tout prix et précarise toujours davantage ceux qui passent par le chômage et l’emploi discontinu (non indemnisation, radiations, prestations imposées, « offre raisonnable d’emploi », travail gratuit, etc.). Les abus de droit font ainsi l’ordinaire d’une institution qui ne veut tolérer aucune contestation, aucun contre pouvoir. On le vérifie avec ce chômeur menacé de poursuites pour « propos désobligeants », tous ceux qui en quelque façon ne jouent pas le jeu que l’institution tend à imposer s’exposent à des sanctions.

Pôle emploi s’attaque désormais à tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à une mise en cause, ou, pire encore, à une coalition qui viendrait modifier ou rompre une relation asymétrique, un rapport du faible au fort, où chacun doit isolément rendre des compte à une institution qui n’aurait jamais, elle, à se justifier [8] Pour renforcer cet assujettissement à la logique concurrentielle et à la culpabilisation, l’option sécuritaire n’est jamais loin et la judiciarisation des conflits est l’une de ses ressources les plus maniables.

Nous refusons bien évidemment ce fonctionnement, tout comme nous n’acceptons pas que l’on cherche à interdire les trop rares possibilités de se défendre, de se faire respecter. Ce procès doit se conclure par la relaxe du mis en cause.

Coordination des intermittents et précaires

Un communiqué de Recours Radiations, AC ! (Agir Ensemble contre le Chômage), APNÉE/Actuchomage, Collectif Privés d’emploi et Précaires de Vaulx en Velin, Fédération Solidaires Sud Emploi :

Un chômeur militant devant le tribunal pour outrage à Pôle emploi

Comme le militant de la Coordination des Intermittents et Précaires d’Ile de France poursuivi pour « outrages à Pôle Emploi », qui sera jugé devant le tribunal ce 22 novembre 2011, nous, collectif Recours Radiations, AC ! (Agir Ensemble contre le Chômage !), APNÉE/Actuchomage, Collectif Privés d’emploi et Précaires de Vaulx en Velin, Fédération Solidaires SUD Emploi, affirmons avoir accompagné régulièrement des chômeurs afin que leurs demandes soient prises en compte : (ouverture de droits, indus, radiations…), et être intervenus auprès de la Direction Générale de Pôle Emploi afin qu’elle retire des instructions que nous contestons (voir plus bas le recours collectif « Nous avons des droits, vous avez des obligations ! » et cette demande d’annulation de la décision relative à la dématérialisation des courriers adressés aux demandeurs d’emploi)

Les conseillers Pôle Emploi sont à présent inaccessibles : le 39 49, internet, caméras vidéo, vigiles… sont autant de moyens destinés à éloigner physiquement le demandeur d’emploi de son agence.

Seul Pôle Emploi décide de qui est reçu et quand, et ce, uniquement sur convocation. Un système qui a ses « avantages » en terme de radiations.

Nous revendiquons le droit d’être reçu à notre demande, d’être accompagnés pour faire valoir nos droits comme la loi le prévoit.

Le 19 octobre 2009, des militants de la CIP IDF interpellent la Direction de l’Agence Vic D’Azir sollicités par des intermittents du spectacle qui se sont heurtés au mur de l’institution alors que leurs allocations chômage ne sont pas versées depuis plusieurs mois, Un seul de ces militants se verra convoqué ultérieurement… au commissariat, sans qu’il sache comment son identité et ses coordonnées ont été communiquées à la police.
Sur quelles bases ces informations ont-elles été délivrées et par qui ?

Seul face aux policiers, ce militant se voit inciter à avouer « sa faute », à reconnaître son erreur, et à s’excuser auprès de Pôle Emploi moyennant quoi, un simple « rappel à la loi » serait prononcé. A défaut, il est menacé de poursuites.

Aujourd’hui, devant son refus de nier ses convictions militantes de solidarité et d’entraide, ces menaces sont mises à exécution. Il sera jugé le 22 novembre à 9 h, à la 10ème chambre correctionnelle du TGI de Paris.

Nous avons participé à des actions collectives et persisterons à le faire, en dépit des menaces, tentatives d’intimidation et de division, voire de criminalisation des actions militantes et syndicales.

Nous demandons la relaxe de notre camarade qui n’a fait qu’accompagner la défense des droits des chômeurs face au déni de Pôle Emploi quant à ses obligations.

Recours Radiations, AC ! (Agir Ensemble contre le Chômage), APNÉE/Actuchomage, Collectif Privés d’emploi et Précaires de Vaulx en Velin, Fédération Solidaires Sud Emploi

Notes : [1] La situation ne s’améliore pas. Le 10 octobre dernier, un allocataire mettait en scène et faisait filmer sa menace de se trancher la gorge dans ce même Pôle emploi Vic d’azir afin d’obtenir -après 4 mois et demi de démarches infructueuses- une ouverture de droits. Après 19 heures de garde à vue, il a trouvé en sortant un message téléphonique lui indiquant que Pôle avait fini par lui ouvrir des droits.

[2] Pôle emploi ne fait rien en ce qui concerne ses obligations vis-à-vis de chômeurs. Ces deniers ne sont pas pour rien désigné désormais comme des « candidats », exclusivement disponibles pour la concurrence -que les meilleurs gagnent ! it’s more fun to compete, joue le jeu ou bien dégage ! – quand ce n’est pas le travail forcé. Des « candidats » dont les droits n’ont aucunement être pris en compte. Ainsi, pour ne citer qu’un seul exemple parmi des milliers, à la demande d’un employé en CDD qui veut savoir combien il aura d’alloc’ et pour combien de temps lors de sa fin de contrat, un agent du Pôle peut répondre : « on est pas là pour faire des devis ». Pôle emploi s’autorise toute liberté avec ses « candidats ». Et ce jeu pervers où les candidats devraient subir des épreuves sans cesse renouvellées n’est pas télévisé. Il est ce réel discret et persuasif qui outrage violemment notre sensibilité.

[3] Rappelons que seuls 47% des chômeurs inscrits disposent d’une allocation chômage. Le chômeur potentiellement ou réellement gratuit ne vaut rien. Et si il coûte quelque chose, c’est déjà un abus auquel il faut remédier.

[4] Articles 24 et 25 de la Loi n° 2000-321 du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations

[5] Voir par exemple À Montreuil : à Pôle Emploi comme ailleurs, ne pas se laisser faire.

[6] Le récit de ce chômeur et les documents de Pôle emploi qui en attestent.

[7] Voir Grève à Pôle emploi, à La Courneuve, le collectif n’en peut plus et Pourquoi la grève à Pôle emploi.

[8] Pour ne citer que cet exemple, des dizaines de milliers d’ »indus » prélevés par Pôle emploi sont illégaux du fait de n’être pas notifiés, pas  » motivés en fait, en droit », voir Unedic, zone de non-droit : nous portons plainte. Des recalculées.

Pour ne pas se laisser faire, agir collectivement :

Permanence d’accueil et d’information sur le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle
Envoyez questions détaillées, remarques, analyses à cap@cip-idf.org

Permanence précarité
Adressez témoignages, analyses, questions à permanenceprecarite@cip-idf.org

Les lundi de 15h à 17h30
à la CIP, 13 bd de Strasbourg, M° Strasbourg Saint-Denis
Tel 01 40 34 59 74

La coordination a dû déménager pour éviter une expulsion et le paiement de 100 000 € d’astreinte. Provisoirement installés dans un local municipal exigu, nous vous demandons de contribuer activement à faire respecter l’engagement de relogement pris par la Ville. Il s’agit dans les temps qui viennent d’imposer un relogement qui permette de maintenir et développer les activités de ce qui fut un centre social parisien, alors que le manque de tels espaces politiques se fait cruellement sentir.

Pour contribuer à la suite :
• faites connaître et signer en ligne Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde.
• indiquez à accueil@cip-idf.org un n° de téléphone afin de recevoir un SMS pour être prévenus lors d’action pour le relogement ou d’autres échéances importantes et urgentes.

[Millau] PostierEs en lutte

[Millau] PostierEs en lutte

19/11/2011
Action lundi 21 novembre à la Poste !

Les facteurs en grève de la Poste de Millau appellent les usagers à venir participer au blocage de l’aire d’arrivage du courrier lundi 21 novembre à partir de 7h00 à la Poste de Millau, rue Alfred Merle.

19/11/2011
C’est la fin de la semaine et la grève des facteurs à Millau continue

Retour en vidéo sur ces deux derniers jours de grêve, et de la manifestation de samedi matin.

(MA tv 12).

19/11/2011
Répression à la Poste

7 des facteurs en grève ont été assignés en référé pour entrave au fonctionnement des services postaux. Contre l’intimidation et la répression, solidarité !

17/11/2011
Grève des postiers de Millau
En grève illimitée depuis le 14 novembre, contre la logique entreprenariale et la précarisation.
N’hésitez pas à aller les soutenir !

Rendez-vous pour une manifestation samedi 19 novembre à 10h, devant la poste, rue Alfred Merle à Millau. Venez nombreux !

(MA tv 12).

Source : Grain de sel

+25% de chiffre d’affaires pour Montupet… les salariéEs toujours dans l’incertitude

La Fonderie Alu toujours en redressement

Les fondeurs d’Ingrandes sont aux fourneaux et sortent de la culasse (4.500 par jour) mais n’ont toujours aucune certitude quant à leur avenir à moyen terme. Hier, lors d’une énième audience, le tribunal de commerce de Nanterre a décidé de la poursuite du redressement judiciaire de la Fonderie du Poitou alu. Le spectre d’une liquidation s’éloigne encore une fois. Rappelons que les fondeurs ont repris le travail après deux mois de grève, grève qui avait éclaté lorsque la direction du groupe Montupet avait annoncé à la veille des congés d’été un « plan de compétitivité » prévoyant jusqu’à 25 % de baisse de salaires. Prochains rendez-vous du personnel : un CE ce vendredi et une nouvelle audience devant le tribunal de commerce de Nanterre le 30 novembre.

Pendant ce temps là, Montupet annonce des bonnes performances, malgré la grève a la fonderie alu, « le niveau d’activité reste bon … au cumul  des neufs premiers mois de l’année, l’activité ressort à 352 millions d’euros, en croissance de 23.8 % ». Comme on peut le constater, Montupet continue à engranger des profits et laisse les travailleurs de FDPA dans l’incertitude du lendemain avec le risque d’une liquidation judiciaire pouvant aller priver des centaines de travailleurs de leurs emplois et de leurs salaires. Montupet et Renault (principal donneur d’ordre) ne peuvent pas s’en tirer comme cela, ils doivent payer toutes les conséquences  de leurs choix de politique industrielle.

information CGT 86, 17 novembre 2011

[Aix-en-Provence] Licenciements annulés pour les Fralib de Géménos en lutte

Les salariés de Fralib continuent la lutte et l’occupation du site de Gémenos.

La cour d’appel d’Aix-en-Provence a annulé ce matin le plan de sauvegarde mis en place à Fralib par Unilever (donc les licenciements)

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LIPTON-FRALIB

17 novembre 2011

La cour d’appel d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) a annulé le plan de sauvegarde mis en place à Fralib, jugeant que sa validité devait être appréciée au regard des moyens du groupe américain.« Les chiffres donnés par Fralib permettent de constater que le chiffre d’affaires du groupe est en pleine croissance sur le plan mondial, toutes activités confondues, plus 44 milliards d’euros en 2010, 11% de mieux qu’en 2009 », peut-on lire dans un document de la cour. La cour d’appel indique en conséquence que « le plan de sauvegarde est sans valeur ».La juridiction déclare également : « Nul et de nul effet tout licenciement de salariés de Fralib prononcé dans le cadre du projet de fermeture du site de Gémenos. »Enfin, les magistrats ont condamné Fralib à payer au comité d’entreprise de la société la somme de 5000 € de frais de justice.

Source : Reuters

Congrès CFTC : le Futuroscope a la jaunisse !

Congrès CFTC : le Futuroscope a la jaunisse !

Jusqu’à jeudi soir, l’Union régionale CFTC Poitou-Charentes accueille le 51e congrès de son « syndicat » la CFTC (confédération française des travailleurs chrétiens) , à l’amphithéâtre du palais des congrès du Futuroscope de Poitiers.

Congrès d’entrée de jeu annoncé par un marketing publicitaire douteux : une vague bleue d’affiches où figurait la phrase : « Elle arrive le 15 ! »… On aura peut-être d’abord cru à Marine Le Pen ?… On n’en était pas très loin, dans le discours interclassiste aux relents cathos et antisocialistes primaires.

Jacques Voisin, président confédéral sortant, a prononcé le discours d’ouverture du congrès, en déclarant «assumer sans complexe, une démarche originale inspirée des valeurs sociales chrétiennes». « Originale« , cette démarche l’est en effet.

Dans ses statuts, ce pseudo- « syndicat » s’inspire de l’encyclique anti-socialiste catholique Rerum Novarum, pondue par le pape Léon XIII en 1891, au moment de la montée des organisations de classes, en réaction au « socialisme athée ». A l’époque, la combativité ouvrière frappait en effet aussi bien le patronat et l’Etat… que l’Eglise, leur sbire zélé de longue date. Or ce syndicat en appelle à la« morale sociale chrétienne » et se démarque explicitement de la lutte des classes (qualifiée d’ « antagonismes de classes« , brrrr…).

Sa stratégie clairement affichée était de mener le mouvement ouvrier à la collaboration avec l’Etat et le Capital : « associer le syndicalisme ouvrier à la politique économique du pays« …  à une époque ou le Capital craignait les discours révolutionnaires autogestionnaires contre le parasitime capitaliste, elle prône au contraire la pérennisation du capital et de son corollaire le salariat, en estimant « nécessaire de transformer ces conditions [de la production] de manière à assurer un meilleur emploi des forces productrices et une répartition plus équitable des fruits de la production entre les différents éléments qui y concourent. » (comprendre : entre capital et travail aliéné).

Briseuse d’action directe, la CFTC pousse donc à la négociation et au compromis interclassiste au détriment de toute action instauratrice de réels rapports de force (en particulier la « grève« , qui n’est vue que comme un recours extrême). De fait, la CFTC a accompagné toutes les sales réformes des gouvernements le petit doigt sur la couture du pantalon… comment parler d' »unité syndicale » avec une organisation pareille ?

Ce qui explique sans doute la désaffection croissante des travailleurs-euses aux élections professionnelles. Désaffection qui remet en cause, au grand dam de ses permanents, la représentativité du syndicat… Qui se maintient surtout dans certaines branches bien spéciales du privé (dont l’enseignement catho et le commerce…).

Fidèle à sa tradition catho, le congrès célèbre donc une messe le mardi (on y aura sans doute entendu un sermon moralisateur sur les méchants financiers et un retour souhaité à un bon capitalisme à la papa ?).

Fidèle à sa tradition de compromis dégueulasse avec les représentants du  pouvoir politique et capitaliste, le congrès CFTC reçoit aussi le ministre du travail de l’emploi et de la santé (l’inénarrable Xavier Bertrand) le jeudi matin ; la secrétaire d’Etat aux solidarités et à la cohésion sociale (Marie-Anne Montchamp) l’après-midi ; et le vendredi, toute le gotha politicard local : maire de Poitiers, président du conseil régional, présidente du conseil régional…

Com-pro-mis on vous dit ! La CFTC est tellement fan du compromis qu’en guise de « partenaires » du Congrès, on retrouve ces indéfectibles soutiens du service public que sont… les organismes privés MACIF, AG2R la mondiale, Malakoff Médéric. Pour les « exposants » idem : fonds privés de prévoyance et retraites, boîtes privées de management et de consulting… http://cftc-congres2011.fr/partenaires-exposants/nos-exposants/

Bref, la CFTC n’est ni plus ni moins qu’une caricature de jaunisme syndical (1).

Nous ne déplorons donc certainement pas sa perte d’influence chez les salariéEs, bien au contraire. Même si nous déplorons en revanche que le sale boulot de compromission (ceci explique cela) soit surtout désormais le fait… de bureaucraties à la tête de syndicats tels que CGT et CFDT, à l’origine plus combattifs et sensés suivre les principes de base du syndicalisme, comme la Charte d’Amiens (2).

C’est aux exploitéEs, au taf ou au chômedu, d’ici ou d’ailleurs, syndiquéEs ou pas, de s’organiser à la base, pour se défendre sur des bases autonomes contre leurs proprios, leurs exploiteurs, leurs soi-disants « représentants » politiques… et syndicaux.

Ni Dieu ni maître !

(1) un syndicat « jaune » est à l’origine un syndicat créé par les patrons pour briser les grèves et la contestation ouvrière. Aujourd’hui, cette expression qualifie souvent les syndicats refusant le conflit de classe et-ou entraînant les travailleurs dans la négocation avec le patronat et l’Etat.
(2) La charte d’Amiens (1906) prônait la lutte de classe, indépendante des partis, visant l’expropriation, l’abolition du salariat et du patronat, de l’Etat et du Capital, de l’exploitation et de l’oppression « tant matérielle que morale », sous toutes ses formes. Pour les remplacer par la réorganisation complète de la société en groupement de production et de répartition égalitaires. Même vidée de son contenu originel par des décennies de main-mise léniniste sur les bureaucraties syndicales et de compromissions toujours plus honteuses, cette charte demeure la référence du syndicalisme en France (sauf bien sûr pour la CFTC).

Groupe Pavillon Noir, Fédération Anarchiste 86, 16 novembre 2011