Archives de catégorie : Antinucléaire

[Routine du désastre] Fukushima : des ouvriers contraints de mentir sur la radioactivité

Un sous-traitant intervenu sur le site nucléaire accidenté de Fukushima au Japon aurait poussé ses ouvriers à sous-déclarer le niveau de radiations auquel ils étaient soumis, vraisemblablement pour ne pas perdre son contrat, ont rapporté samedi plusieurs médias japonais.

Selon le quotidien Asahi Shimbun et d’autres médias japonais, un responsable de la société de construction Build-Up aurait demandé en décembre à une dizaine de ses ouvriers de recouvrir de plomb les dosimètres qu’ils portaient pour évaluer le cumul de radiations auxquelles ils étaient exposés, lorsqu’ils intervenaient dans les zones les plus radioactives de la centrale accidentée.

Cette demande visait apparemment à sous-déclarer leur exposition afin que la société puisse continuer à travailler sur le site, rapportent ces médias. Ces ouvriers ont été engagés pendant environ quatre mois, entre décembre 2011 et mars 2012, pour isoler les tuyaux d’une installation de traitement des eaux, a précisé de son côté l’agence Kyodo News. L’agence de presse Jiji et d’autres quotidiens indiquent que le ministère de la santé, du travail et des affaires sociales a commencé à enquêter à ce sujet.

UN BOÎTIER EN PLOMB

Plusieurs ouvriers de Build-Up ont confié à l’Asahi Shimbun qu’en décembre, un haut responsable de la société, leur superviseur sur place, leur avait expliqué qu’il portait un boîtier en plomb et leur avait demandé d’en faire de même. Ce responsable leur aurait expliqué que s’ils ne truquaient pas leur niveau d’exposition, ils atteindraient rapidement le niveau maximal annuel légal de 50 millisieverts, selon le quotidien, qui précise que les ouvriers sont en possession d’un enregistrement du briefing. Certains ouvriers ont refusé de recouvrir leur dosimètre et ont quitté la société, poursuit encore l’Asahi Shimbun. Ni le ministère, ni la société Build-Up n’ont pu être joints samedi matin.

L’accident nucléaire de la centrale de Fukushima Daiichi, exploitée par la compagnie d’électricité Tokyo Electric Power (Tepco), le plus grave depuis la catastrophe de Tchernobyl (Ukraine) en 1986, est survenu après un séisme de magnitude 9 dans la région du Tohoku (nord-est) qui a déclenché un tsunami sur tout le littoral.

Presse radioactive (AFP / lemonde.fr), 22 juillet 2012

[NdPN] Pour celles et ceux qui se faisaient encore des illusions sur la gestion des centrales nucléaires françaises, voici un aperçu des conditions de travail de la nouvelle main d’œuvre nucléaire.

[Anti-THT] Retour sur le week-end de résistance à la ligne THT, par quelques un-es du groupe « médical »

Nous publions ci-dessous un texte écrit par plusieurs militants ayant participé au week-end de résistance du Chefresne contre la THT.

Du 22 au 24 juin dernier a eu lieu un week-end de résistance à la construction de la ligne THT (Très Haute Tension) Cotentin-Maine. Ce week-end s’inscrit dans la continuité de réflexions, d’informations et d’actions collectives menées depuis plusieurs mois. Les deux premiers jours étaient consacrés à des échanges entre locaux et militants-es antinucléaires venus-es d’un peu partout ; le dimanche étant une journée d’action dont la finalité était double, à savoir rendre visible cette résistance et saboter l’avancée des travaux sur la ligne THT.

Retournons plus précisément sur cette journée :

Deux cortèges sont partis du camp, l’un marchant vers la mairie du Chefresne, l’autre vers les pylônes. Ces deux cortèges étaient totalement solidaires, en lien permanent, et poursuivant la même volonté politique. Au sein de ces deux cortèges nous étions une vingtaine de personnes, toutes antinucléaires, à s’être constituées comme un groupe « médical » autogéré en capacité d’assumer les premiers secours. Nous tenons à bien préciser que nous n’étions pas là en tant que prestataires de services, mais bien en tant que personnes participant activement a la construction de la lutte collective contre le nucléaire et son monde.

Au sein même de cette équipe médic, nous nous inscrivons dans une perspective politique d’échanges et de transmissions de savoirs et pratiques, rejetant les notions d’experts et de spécification des tâches.

Nous écrivons ce texte afin de faire un constat précis des événements et de dénoncer les violences « policières » assumées et préméditées par la préfecture de la Manche qui ont eu lieu ce dimanche 24 juin. Parce que cette journée n’est ni à oublier ni à banaliser, et qu’elle marque une nouvelle fois l’impunité et la monstruosité militaire, il nous semble important que ces constats et ces dénonciations soient diffusés largement aussi bien au cercle antinucléaire, aux professionnels en contact avec les victimes, qu’à n’importe qui ayant à faire aux forces de l’ordre. Cela, à la fois en solidarité avec nos amis-es et à visée d’auto-médiation.

Les moyens utilisés par la gendarmerie, outre les effectifs évidemment conséquents, étaient tous employés en vue de nuire et de blesser avec une détermination forte, pensée et assumée. Pour le cortège se dirigeant vers les pylônes THT était déployé un arsenal comprenant des grenades explosives dites assourdissantes ou de désencerclement, des grenades lacrymogènes et des matraques. Les tirs, au lance grenades ou à la main, étaient sciemment dirigés vers les personnes, arrivant au niveau du visage le plus souvent. Rappelons que les grenades sont mortelles lorsqu’elles sont lancées à tir tendu (pratique interdite par la loi), ce qui était le cas et qui devient une norme. L’attaque a débuté de façon immédiatement brutale (à environ 200m du camp) avec des blessés-es graves dès la première charge, et n’a pas diminué d’intensité même lors de notre repli vers le camp. Et même lorsque des cordons de sécurité étaient constitués par nous-même autour de nos blessés-es et qu’ils signalaient verbalement aux bleus la situation, les charges et les tirs ont continués exactement avec la même violence. L’autre cortège a essuyé des tirs de grenades lacrymogènes, sans sommation, au bout d’à peine quelques centaines de mètres de marche, ce qui a entrainé son repli immédiat.

En ce qui concerne les blessés-es :

une personne a été blessée à l’œil de manière très grave, elle a été transférée d’un hôpital périphérique au CHU de Caen le jour même, sa vision est largement amputée par une hémorragie du vitré et le pronostic est réservé quant à la récupération de son acuité visuelle.

une personne a subit un traumatisme crânien grave avec atteinte de l’œil suite à un tir tendu de grenade, il a été opéré le soir même. Il souffre d’une triple fracture du massif facial et la rétine de son œil a été touchée par la violence du choc. Sa vision est également altérée de manière irréversible à 1/20ème.

Ces deux personnes ont nécessité une évacuation en urgence. Or, la préfecture a volontairement saboté l’arrivée des véhicules médicalisés sur le camp. Les consignes étaient données de bloquer le premier véhicule médicalisé à quelques dizaines de mètres du camp. Une journaliste présente sur les lieux a constaté ce blocage par un cordon de gendarmes, ce qui a certainement permis son lever. Le deuxième a carrément été réquisitionné par la gendarmerie. Ces deux victimes ont donc attendu plus d’une heure trente. Peut-on parler d’autre chose que de cynisme et de sadisme ?

une autre personne a eu une plaie importante au niveau du front (coup de matraque), ayant nécessité des points de suture. Les blessés-es restants (environ 20) sont consécutifs aux multiples explosions de grenades assourdissantes et de désencerclement. En explosant, des impacts métalliques se logent dans les chairs en profondeur jusqu’à plusieurs centimètres sous la peau, sectionnant potentiellement nerfs et artères. Ainsi, une blessée a été transférée au CHU et 15 éclats ont été constatés (jambe os, genou, vagin, sein, bras). L’un d’entre eux a carrément sectionné un nerf de l’avant bras. Elle a été opérée (ce qui ne signifie pas qu’on lui ait retiré tous les éclats de son corps) mais garde des séquelles motrices et sensitives des doigts. Les autres gardent leurs éclats dans leur corps, ce qui n’est pas sans poser problème, à court comme à long terme. A noter : le médecin régulateur du SAMU, avec qui nous étions en lien, était harcelé par le chef de cabinet de la préfecture afin de fournir les identités des blessés-es et leur hôpital de destination. Si lui et d’autres soignants-es s’en sont tenu au secret médical, des employés-es de l’hôpital d’Avranches ont sciemment communiqué avec la gendarmerie préférant être indic plutôt que soignant… Chapeau les collabos ! Des policiers étaient également en faction devant certains hôpitaux du coin. Il a aussi été signalé de véritables barrages policiers (en ligne sur la route avec tenue de combat) arrêtant tous les véhicules et contrôlant les identités. Et ils ont même été jusqu’à surveiller l’entrée du CHU de Caen où deux fourgonnettes et « une ligne » de gardes mobiles attendaient sur la voie d’accès. La répression prime clairement sur l’assistance. Enfin, malgré la solidarité entre nous tous, le sentiment d’effroi laisse, pour certains-es d’entre nous, des marques dans nos psychés qui mettront du temps a cicatriser… Marques façonnant, mais n’effaçant rien de notre désir de révolte.

Notre propos n’est pas « de pleurer sur notre sort » car nous savions dans quoi nous nous impliquions. Nous ne sommes pas dupes, la France est un État policier qui montre son vrai visage quand on s’attaque à ses piliers fondateurs, notamment l’industrie nucléaire. Certes cela n’est pas nouveau, mais mérite d’être rappelé sans cesse. L’État ne supporte pas sa contestation, et avoir du sang sur les mains ne lui fait pas peur. Et ce texte a pour but d’informer, encore et toujours, que la violence étatique n’est pas que symbolique, mais s’incarne aussi dans le corps de nos compagnes et compagnons touchées-s.

source : site de l’Organisation Communiste Libertaire, 17 juillet 2012

[Routine du désastre] La France compte plus d’1,3 million de mètres cubes de déchets nucléaires

Un employé de l’Andra sur le chantier de forage d’un site expérimental de stockage de déchets nucléaires, à 500 mètres de profondeur près de Bure, le 11 juin 2012. (Photo Vincent Kessler. Reuters)

Ce volume pourrait doubler d’ici 2030, selon l’agence publique chargée de les gérer.

Plus de 1,3 million de mètres cubes de déchets nucléaires en tous genres étaient recensés en France fin 2010, un volume appelé à doubler d’ici 2030, selon l’inventaire publié mercredi par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).

Ces déchets radioactifs proviennent principalement des centrales nucléaires (59%) mais aussi de laboratoires de recherche (26%), des activités militaires (11%), de l’industrie non nucléaire (3%) et du secteur médical (1%), selon le dernier inventaire de l’Andra.

De 1,32 million de mètres cubes fin 2010, ce volume devrait atteindre 2,7 millions de mètres cubes en 2030, selon les nouvelles prévisions.

«En France, la production de déchets radioactifs représente l’équivalent de 2 kg par an et par habitant», souligne l’Andra dans son rapport.

Disponible sur le site de l’Andra, cet inventaire est «un outil de gestion» et un moyen «d’anticiper les besoins de stockage» pour l’avenir mais aussi une source d’informations précises pour le citoyen, a souligné devant la presse son président, François-Michel Gonnot.

Des déchets d’origine et de nature extrêmement diverses, qui ne présentent pas tous les mêmes risques, insiste l’organisme public, chargé de concevoir des solutions pour les stocker en toute sécurité.

Les plus dangereux sont les déchets dits «de haute activité», issus pour l’essentiel du traitement des combustibles usés dans les réacteurs nucléaires de l’Hexagone.

Fin 2010, ces déchets HA représentaient 2 700 m3, soit seulement 0,2% du total déjà produit. Mais ils contiennent à eux seuls 96% de la radioactivité totale des déchets nucléaires, à raison de plusieurs milliards de becquerels par gramme.

Durée de vie très variable

Ils peuvent être à vie courte ou très longue, comme le neptunium 237 dont la période radioactive (temps nécessaire pour que la radioactivité diminue de moitié) dépasse deux millions d’années.

Leur volume devrait doubler d’ici 2030, 5 300 m3.

Viennent ensuite les déchets de «moyenne activité à vie longue» (MA-VL), dont la période radioactive dépasse 31 ans. Ces déchets (40 000 m3 fin 2010, 3% du total), sont surtout issus des gaines entourant les combustibles nucléaires.

Les déchets HA et MA-VL ont vocation à être enfouis à grande profondeur dans le Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) à l’étude par l’Andra, qui devrait ouvrir en 2025 à la limite de la Meuse et de la Haute-Marne. En attendant, ils sont entreposés sur les sites où les colis de déchets sont produits, à La Hague (Manche) et Marcoule (Gard).

La majeure partie des stocks français est constituée de déchets de faible et moyenne activité à vie courte (63% du volume total pour 0,02% de la radioactivité). Ils sont liés à la vie des installations nucléaires ou produits par les laboratoires de recherche ou médicaux.

Après avoir été stockés dans la Manche, un centre ouvert en 1969 et désormais fermé, ils sont pris en charge dans l’Aube depuis 1992.

Issus du démantèlement des premières centrales au graphite ou de l’ancienne industrie du radium, les déchets de faible activité à vie longue constituent 7% du volume total et environ 0,01% de la radioactivité. Ils sont le plus souvent entreposés sur les sites qui les ont produits, faute de solution définitive.

Ils incluent également des milliers d’objets radioactifs anciens (fontaines au radium, paratonnerre au radium, vieux détecteurs d’incendie, etc.).

Le reste est constitué de ferrailles, béton et gravats produits par l’industrie ou le démantèlement des installations nucléaires, soit 360 000 m3 de déchets dits «à très faible activité» (TFA). Le volume de TFA, stockés en surface dans l’Aube depuis 2003, devrait atteindre 1,3 million de m3 en 2030.

Plus anecdotique, l’Andra a également répertorié en France 43 sites marqués par une pollution nucléaire. Pour la plupart réhabilités ou en voie de l’être, ils correspondent à des locaux où du radium était produit ou stocké au début du XXe siècle.

Presse radioactive (liberation.fr), 11 juillet 2012

[Anti-THT] Derrière l’urgence, la bêtise. Retour sur le week-end de résistance du Chefresne.

Avancer en ayant oublié sa tête c’est revenir en ayant perdu un bras.

Retour sur le week-end de resistance au Chefresne

Laisser place à la fragilité ou tout détruire.

Je me suis fait tirée dessus par un flic.
J’ai 15 impacts de métal dans le corps et ils y resteront ; la jambe, l’os du genoux, le vagin, le sein, le bras. Le nerf de mon bras droit a été sectionné, on a du opérer. Dans un an peut être je retrouverai ses capacités.

J’écris pour qu' »on » ne puisse pas dire qu »on » ne savait pas. Qui veut savoir sait.
J’écris pour qu’on arrête de nous censurer, frapper, enfermer, tuer derrière une soit disant démocratie et un soit disant état de droit.
J’écris parce que je n’en peux plus qu’on renvoie les violences aux pays lointains et pauvres en se décharge lâchement des questions révolutionnaires qui se posent en tunisie, en lybie, en Egypte, en Syrie … disant qu’en France c’est pas la même, qu’en France c’est différent, et même pire…
Ecrire parce qu »à 20ans j’ai subie, vu et entendu trop de violences policières derrière des vitrines de mensonges et de propagande marchande.
Écrire parce qu’il m’est insupportable de sentir cette boule d’angoisse dans mon ventre quand je croise un flic, et ce brouillard de solitude et d’impuissance face au système policier.
Écrire faute hurler que ça ne peut plus durer, et de prendre acte.
Ecrire parce que la liberté dans la civilisation occidentale est un mensonges meurtrier.
Ecrire parce qu’il y a trop de silences et de mensonges sur la répression, sur nos luttes, sur les dangers du nucléaire, entre autre, sur la violence du système.

Cette fois-ci, ça s’est passé au Chefresne, une commune qui résiste à l’implantation d’une ligne très haute tension de 170 km de long (cette ligne participe à la création d’un gigantesque réseau de circulation d’information mondial, avec non seulement vente d’électricité mais aussi contrôle des populations et automatisation de leurs échanges avec l’administration centrale. Le courant électrique sera produit par des éoliennes en mer du Nord, par des centrales nucléaires comme l’EPR de Flamanville, mais aussi mécaniquement par les trois réacteurs de Tricastin qui sont maintenant libérés de l’alimentation électrique de l’usine Eurodif qui a fermée ; http://antitht.noblogs.org/255 )
Mais je porte en mois bien des blessés, bien des morts, bien des non dits, pas qu’en France, pas qu’ailleurs .
Je porte en moi des prisons pleines et je sais les impunités à répétions pour les bourreaux légitimes.
Amin Bentounsi a été assasiné le 21 avril par balle, dans le dos, et suite à ça des policiers manifestent armés, en uniforme, revendiquant le droit de tuer en prevention.
Depuis leur mise en services le flash ball, les grenades assourdissantes et celles de desenclerment ont fait beaucoup de blessés, des oeils perdus, des plaies, des handicaps, des morts; personne n’a gagné devant la justice.
Je sais des villes de plus en plus sécuritaires, un arsenal juridique de plus en plus liberticide, le perfectionnement du contrôle de la population en meme temps que celui des frontières.
J’écris parce que j’en ai marre qu’on me demmande si « ça va ». A ceux à qui j’ai dit « oui », la politesse ou l’habitude.
bref.

Nous nous sommes fait tirés dessus sous des pylones THT qui pullulent dans la campagne, dans un désastre mondial qui menace de péter à tout moment et dans lequel on nous voudraient civilisé, passif. Nous, à force, dépossédés de presque tout; de notre histoire, de son sens, du langage, de l’information, de nos corps, de nos désirs, de notre temps, de nos vies. Alors qu’on nous voudraient inoffensifs, craintifs, non violents, je ne veux pas qu’on me parle comme à « la malade », qu’on m’infantilise, qu’on me plaigne. J’ai besoin qu’on prenne soin des uns des autres, pour durer, j’ai besoin qu’on riposte aussi. J’ai besoin, pour guérir, d’un système sans flics, sans pouvoir.
Oui, tenons compte des dégâts d’un fragment de guerre sociale explicite, de son lot de douleurs et de violence, mais n’abandonne pas, organisons nous. Ce qui ne tue pas rend plus fort parait-il, à condition de ne pas se mentir.

Vous voulez des détails? Les mass-médias sont venus dans ma chambre d’hôpital avant l’opération. Un médecin généraliste, présent sur le camps, avait témoigné des violences policières et de l’utilisation d’armes de guerre ( grenades de Dé-encerclement, grenade assourdissantes, gaz lacrymogène, matraque…) laissant de nombreux blessés. Il avait été formidable sur le camps mais là il arrivait géné ; les mouches à merde du pouvoir, autrement dit les journalistes, voulaient filmer les impacts de métal dans les corps pour diffuser le témoignage. Pas d’image, pas de parole, c’était leur chantage. Ils restèrent une heure dans la chambre, tentant de se défendre de la bassesse de leur journaux (voir les revues de presse sur : http://www.percysoustension.fr )et de leur démarche.
En voyant, sans surprise, ce qui en sort, un rectificatif s’impose.

L’avancée des travaux de la ligne rend plus qu’urgente et nécessaire une résistance concrète et de terminée sur les infrastructures.
« Il est maintenant évident et nécessaire, vu ce que nous imposent les pylônes dressés sur nos terres, que beaucoup de personnes sentent l’envie en eux d’agir directement contre ce maillon faible de l’industrie nucléaire vu l’inacceptable répression des opposants, les droits fondamentaux des personnes bafoués, les humiliations qu’inflige RTE à la population. » (extrait de l’appel tous au chefrenes, wk de resistance; http://www.stop-tht.org/)

Ces lignes participent à la dépossession de nos vies et s’imposent avec la même arrogance et le même fascisme que l’aéroport à Notre Dame des Lande, le tgv entre Lyon et Turin, la centrale à gaz au Finistère, les éco-quartiers dans nos villes gentrifiées ou encore que les prisons à visages humains, belle image de l’hypocrisie du merdier actuel.
Alors d’où vient la violence?

On le sait et on peut s’en indigner après coups, mais il est important de le rappeller : les appels publiques de rencontres ou d’action entrainent inévitablement un énorme déploiement du dispositif policier: Occupation policière et militaire du territoire, contrôle et fouilles de ceux qui y passent, surveillance (hélicoptères, dispositif d’écoute), renforts entrainés au terrain ( dans le cas du Chefresne, la spig, les garde mobile de blain, entrainé sur la lutte de notre dame des landes). ILs étaient plus de 500 armés sous les pressions d’une préfecture traumatisée par Valognes (ou la perte de la maitrise d’un territoire.)
Leur volonté semble clair : casser le mouvement, faire mal, physiquement et moralement.

Alors que les mass-media construisent méticuleusement la figure du dangereux radical qui veut en finir (avec on ne sait quoi) et qui vient de loin pour ça ( figure menaçante et complètement dépolitisée), ils passent sous silence les luttes et la répression croissante qu’elles subissent. Un territoire qui résiste est souvent occupé militairement, comme on le voit au Chefresne, à Notre Dame des Landes ou encore au Val de Suse; Sur fond d’expropriation, d’expulsions se déroulent quotidiennement les pressions psychologiques, financières, judiciaires et policières. Derrière la soit disant liberté de penser: l’interdiction d’agir. On nous tanne d’être non violent sous une violence croissante.

Le 24 juin, une manifestation est partie vers le château d’eau, lieu de rencontres et de résistances, expulsé le mercredi 20 juin. Un autre cortège, dont je faisait partie, est allé en direction des pylônes (deux debout et un encore au sol). Il est difficile de dire s’il faut définitivement abandonner toute action de masse annoncée, si c’était un casse pipe d’aller à ce qui ne serait qu’affrontement anticipé par des flics mieux équipés, de se dire que la peur l’envie d’annuler était presente la veille et le matin et qu’elle était peut être sagesse. Il semble important de questionner nos mode de prise de descision dans des moments d’urgence et de « spectacle » comme celui-ci. « La marche pour l’honneur » mentionné dans un retour (lien ci dessus) laisse un triste arrière gout de ces armées de déja-vaincus avançant vers leur perte. Etre transversales, imprévisibles, inattendus pour ne pas devoir devenir force militaire… Un ami me dit après coup  » cette fois encore on est pas passé loin de la mort, un d’entre nous aurait pu y rester ».
Dans la campagne grise de gaz nous n’avions pas le rapport de force ou l’intelligence nécessaire pour ne pas se faire repousser assez rapidement et violemment vers le camp. On entendait des détonations, des cris et sur la dernière charge les regards que je croisais étaient effrayés ou souffrants. Les lignes de flics, en entendant « il y a des blessés, du calme » se sont mis a charger en gueulant et tirant. Après avoir eu l’impression de bruler, j’ai eu celle de perde mon bras, puis la peur qu’ils nous tirent dans le dos ou qu’ils arrêtent. Quelqu’un m’a saisit et m’a sortie de là.
A ceux qui disent que la guerre est finie, je leur dis qu’elle est latente, cachée, mais qu’on peut compter nos morts, pour ne pas les oublier. Un opposant est passé il y a quelque années sous un train castor qu’il a voulu bloquer en s’enchainant sur la voie. D’autres y ont laissé leur tendons, brulé par la disque use des flics qui voulaient les enlever, d’autres … la liste est incomplète. Combien de morts par le nucléaire, de Hiroshima à Fukushima en passant par ceux qu’on cache chez nous, combien de tonnes de déchets qui s’entassent, combien d’irradiés, et combien de faux débats démocratiques?

Là, c’était une tente médic pleine de blessés. Tristement mais efficacement les gestes et les réflexes se mettent en place : soigner dans l’urgence, maitriser sa douleur et accompagner celle des autres, évacuer malgré les barrages de polices, éviter celui qui bloquaient l’accès à l’hopital de st Lo, attendre deseperement les pompiers bloqués, subir la réquisition d’un de leurs véhicules pour évacuer un policier égratigné au détriment d’une fille risquant de perdre la vue …

En arrivant à l’hopital, je raconte tous ça en montrant mon corps mutilé. On s’indigne, on s’énerve, on déplore dans le service hospitalier pas familier des violences policière de la France de 2012. Certains auraient voulu aller à la manifestation mais travaillaient, certains m’ont dit en levant le poing de continuer la lutte, d’autres n’en revenait pas, quelqu’un m’a dit « nous avons fait la guerre en Normandie, on sait ce que c’est ». J’ai au téléphone un responsable de l’accessibilité des soins de l’hôpital de st Lo ( par rapport au barrage, deux fourgons et une lignes de garde mobile sur la route-sur la voie d’accès au CHU). Je répète, je dis que les pompiers n’arrivent pas à accéder au camp, il me répond qu’il fait ce qu’il peut. Il ajoute surtout qu’il reçoit, depuis le matin, des pressions de la préfecture pour avoir le nom et la nature des lésions des blessés du Chefresne. Il m’assure que le secret médical ne permet aucune fuite. Je lui dit de tenir face aux pressions et je le remercie pour cela.

Je serai transférée et opérée. Je vous passe les moments où, dans cette chambre, j’ai eu l’impression d’être en taule ou que j’ai craint l’arrivée des flics, les moments où l’étonnement des gens me donnait envie de leur dire mais ouvre les yeux et informe toi, l’inquiétude pour ceux resté au camps, l’envie de parler avec tous ceux qui ont vécu ce moment, l’envie de dire que je n’en veux qu’aux flics, l’envie de casser la télé ou d’occuper le plateau au moment des infos régionales…

Je sais juste qu’un moment me hante; cette heure entière où, mon bras anesthésié dans la salle d’attente du bloc opératoire, je n’ai pu m’empêcher et m’arrêter de pleurer. Pas que mon bras, pas que ces éclats, pas que le stress, mais la détresse de se savoir partie prenante d’une guerre pacifiée et dont les raisons comme les conséquences ne resteront connus que d’un petit nombre de camarades, noyées dans une indifférence générale.

J’ai une grosse question dans la gorge, que faire maintenant par rapport à cette violence policière. Je sais que je n’ai rien à attendre de cette justice de classe sinon une tribune ou une médiatisation du problème. Et encore. Je la sais quotidienne cette violence. Je nous sais nombreux enragés. Je nous sais un peu seuls et démunis aussi.
Déjà j’en profite pour affirmer que ce n’est pas être violent que d’aller avec casque masque à gaz et protection en manifestation, c’est la condition de notre survie physique.
Ensuite qu’il nous faudra être plus intelligents que la police, que leur juges, que leur infiltrés, que leur système de contrôle.
Et pour finir que j’aimerai bien qu’on ne laisse pas faire parce que l’on sait, car « qui ça étonne encore », les violences policières sont entrées dans la réalité et la banalité du politique.
Amal Bentounsi appelait à un mouvement national contre le permis de tuer pour la police, j’appelle à une insurrection internationale contre la police, ce qu’elle nous inflige, contre ce qu’elle défend, contre ceux à qui elle sert.
C’est facile d’écrire mais on ne sait jamais que ça soit lu.

A bientot

source : Indymedia Nantes

Une ligne souterraine à haute tension va traverser Tours

Pour renforcer l’alimentation du nord de l’agglomération, une ligne électrique souterraine à haute tension de 90.000 volts et de 9 km, va être insérée dans le sous-sol de la ville, en 2013 et 2014.

Comment faire passer une ligne à haute tension – enterrée à 1,50 m de profondeur – en pleine ville ? C’est la question à laquelle doit répondre RTE, la filiale d’EDF qui gère le réseau de transport d’électricité français, afin de renforcer la desserte du nord de l’agglomération de Tours. Un secteur où le développement de l’habitat accroît la consommation domestique d’électricité, ce qui impose ces travaux.

L’enjeu de cette opération : effacer la frontière naturelle que constituent la Loire et le Cher. Des fleuves dont la présence a, au fil des ans, favorisé le développement de deux grandes zones d’alimentation électrique distinctes pour le nord et le sud de l’agglo : à partir de Chanceaux-sur-Choisille d’un côté (couplé avec la zone du Mans) et de Larçay de l’autre (couplé avec Bourges, Vierzon, Orléans et Poitiers).

Impact sur la voirie et la circulation

Le réseau est structuré de telle manière qu’il apparaît plus aisé de le renforcer par le sud, option retenue par RTE qui prévoit d’investir 9 millions d’euros dans ce chantier. En l’occurrence, la nouvelle ligne de 90.000 volts partira du poste des Épines Fortes, à Saint-Pierre-des-Corps, pour rejoindre celui du quai de Portillon, à Saint-Cyr-sur-Loire.
Entre le point de départ et celui d’arrivée, quel sera le tracé ? Trois « fuseaux » ont été étudiés : nord, centre et sud. Le 28 juin dernier, lors d’une réunion de concertation organisée à la préfecture sous l’égide de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dréal), c’est le fuseau sud – le plus long, avec 9 km de ligne – qui a été adopté. La Ville de Tours aurait préféré une autre option, en passant par le quai Malraux, mais l’État s’y opposait car il aurait fallu « percer » la digue qui épouse le tracé de l’autoroute et donc de l’ancien canal qui séparait Tours de Saint-Pierre. En l’occurrence, le plan de prévention des risques d’inondation prime sur les autres considérations.
La ligne à haute tension empruntera donc la rue du Docteur-Zamenhof, unique point de passage de cette fameuse digue. D’autre part, pour éviter la place de la Liberté et la ligne de tramway, le tracé retenu passe sous l’avenue de Grammont, ce qui l’oblige à s’insérer dans une série de « petites » rues (Miquel, Henri-Martin, Saint-Lazare, Sanitas, Maurice-Bedel, Jules-Guesde). Le franchissement de la Loire est prévu sur le pont Napoléon, en encorbellement – c’est-à-dire sur l’un des côtés de l’ouvrage d’art.

Le chantier s’annonce complexe car il rencontrera les multiples réseaux qui zigzaguent dans le sous-sol de la ville. Et les trois câbles de huit centimètres de diamètre chacun qui constituent la ligne à haute tension ne sont guère flexibles. Les riverains des rues concernées doivent, par ailleurs, s’attendre à d’importants travaux de voirie, puisque les tranchées feront soixante centimètres de large. Enfin, l’impact sur la circulation et les transports en commun ne sera pas négligeable.
« Nous aurions préféré un autre tracé mais nous n’avons pas vraiment le choix, commente Nicolas Gautreau, l’adjoint au maire en charge de la voirie. Pour autant, nous comprenons les contraintes de l’État, de RTE et d’EDF avec qui nous avons encore besoin de discuter pour caler les choses. Nous sommes vigilants. Nous avons aussi le souci de bien communiquer auprès des habitants. Une réunion publique sera consacrée à ce sujet à l’hôtel de ville, aux alentours de la mi-juillet. »

à suivre

Le calendrier de l’opération prévoit un début du chantier en octobre 2013, pour une mise en service un an plus tard. Le phasage prévoit de procéder par tronçons de 250 mètres, ce qui représente à chaque fois de 20 à 50 jours de travail, en fonction de la nature des sols et de la présence d’autres réseaux. Le chantier sera précédé d’études techniques (de juillet 2012 à juillet 2013) et de l’instruction administrative du dossier (de janvier à septembre 2013).

Christophe Gendry, La Nouvelle République, 5 juillet 2012