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[Le Chefresne] Chronique d’un État nucléaire à l’époque du « changement »

[Le Chefresne] Chronique d’un État nucléaire à l’époque du « changement »

Depuis décembre 2011, l’administration française, RTE et son chapelet de sous-traitants ont lancé, dans la plus grande tradition oligarchique de la République française, les travaux de la ligne très haute tension Cotentin-Maine, sensée raccorder le futur réacteur EPR au reste du monde. Depuis, des centaines de riverains, soutenus par de non moins nombreux opposants à une société nucléaire, ont décidé de s’opposer physiquement à l’avancée des travaux, dernier recours pour tenter de mettre un terme à cette expropriation de nos vies. Si l’ensemble du parcours de la THT a connu, sur des modes très variés, les affres de cette colère légitime, depuis 5 mois Le Chefresne, commune du Sud Manche, est l’endroit où cette résistance est manifestement la plus active. La détermination de ses habitants, maire en tête, n’y est pas pour rien. L’assemblée du Chefresne, regroupement circonstancié d’une centaine d’individus, y a d’ailleurs pris ses quartiers, dans l’espoir d’amplifier la lutte à côté des riverains et des multiples associations constituées tout le long du trajet.

Alors que le chantier continu quotidiennement à être perturbé, l’assemblée du Chefresne a voulu appeler à un week end de résistance les 22, 23 et 24 juin 2012, afin d’amplifier la lutte et donner du courage à tous les riverains, parfois isolés, et garder intact la détermination à en finir définitivement avec cette THT (et son monde).

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Depuis que cet appel a été lancé, la situation a changé. Pas tant sur un aspect paysager, même si nous vivons comme un crève-cœur chaque nouveau pylône édifié, mais bien plus par l’occupation policière et militaire dont fait l’objet le territoire de la ligne. Si depuis le mois de mars nous assistions à une mobilisation policière inouïe à l’occasion de chaque action publique, celle-ci a longtemps montrait que peu de détermination à empêcher les interférences sur les chantiers, si ce n’est à nous dissuader par leur simple présence. Depuis quelques jours, le vent du « changement » a touché le Cotentin. L’arsenal répressif dont l’État français a toujours su faire usage, notamment quand il s’agit de s’en prendre à son industrie nucléaire, fonctionne à plein régime.

Mi-mai, garde à vue de 4 personnes, donnant lieu à l’inculpation de 3 personnes pour qui la police essaye de fabriquer des figures d’organisateurs de la mobilisation de Valognes fin novembre tentant de perturber la circulation des déchets radioactifs. Procès le 9 octobre à Cherbourg.

Fin mai, convocation d’une dizaine de militants pour au moins trois « affaires » différentes : l’action publique de déboulonnage du 11 mars 2012, l’action d’occupation d’une maison rachetée par RTE à Cerisy, fin avril et début mai, l’action de déboulonnage public au Pertre, en Ille et Vilaine, le 28 avril. Une personne (pour le moment) se retrouvera au tribunal cet été. Notons que dès le mois de mars, suite à l’action publique du 18 mars, une personne était arrêtée et convoquée au tribunal pour le 19 juin.

Début juin, suite à une action de soutien à une famille, en Mayenne, refusant un pylône sur son terrain, alors qu’une quarantaine de personnes occupe paisiblement la propriété de cette famille, les flics interviennent sans aucune raison (et en dépit de toute légalité) et expulsent tout le monde avec la violence habituelle. Comme de coutume ces violences policières donnent lieu à une arrestation avec inculpation pour « rébellion ». Procès à Laval, le 23 août 2012.

5 juin, l’incarnation du « changement » en personne débarque dans le Cotentin pour la commémoration du débarquement. Les élus du Chefresne, naïvement mais avec une détermination qui leur colle à la peau, tentent une entrevue avec le secrétaire de l’Élysée. Éconduits, « faute de temps », ils se retrouvent renvoyés à prendre rendez-vous avec le préfet. Mercredi 6 juin, 16h, entretien téléphonique avec le préfet qui accepte de recevoir une délégation le jeudi pour entendre la revendication de moratoire sur le chantier THT, à l’instar de ce qui vient de se passer autour de l’aéroport de Notre Dame des Landes. À peine raccroché le téléphone, alors que la résistance au Chefresne avait empêché jusque-là tout travaux sur la commune, les pelleteuses de terrassement débarquent au Chefresne accompagnées de leur habituel cortège bleu foncé. Le rendez-vous avec le préfet est bien entendu caduque. C’est physiquement le jeudi matin qu’il faudra faire face. Jeudi matin, une quarantaine de personnes, maire en tête, tente de s’opposer à l’arrivée des machines. Le maire brandit son arrêté municipal interdisant l’édification des pylônes sur Le Chefresne. Après deux heures, les gendarmes l’embarquent en garde à vue, avec deux autres riverains, pour entrave à la circulation, violence avec voie de faits. Trois autres personnes seront arrêtées peu après, y ajoutant le motif de rébellion. 5 gardes à vue en tout, dont on attend les éventuels suites judiciaires. Émotion dans le village, chez les militants. Les médias s’emparent de cet évènement, à la veille des Législatives. Le conseil municipal se réunit dès le jeudi soir et décide unanimement de boycotter les élections pour refuser de cautionner cette dictature nucléaire. Vendredi matin, tractation avec la préfecture pour que les élections soient prises en charge par elle-même. Le préfet accepte, s’entendant sur le fait que le maire ne fera qu’ouvrir le bureau, le premier adjoint le fermera. Fin d’après-midi, samedi, les gendarmes débarquent chez chacun des élus afin de les réquisitionner pour le lendemain, à l’encontre, une fois de plus, de l’engagement oral du préfet. Menace de 30’000 € d’amende pour le maire et 15’000 € pour le premier adjoint. Face à ces trahisons, le conseil municipal décide à l’unanimité de démissionner, refusant de se coucher devant une telle dictature. Ils tiendront le bureau de vote sous la contrainte mais digne. Le harcèlement n’ayant plus de limite, dimanche, 5h du matin, les gendarmes débarquent à nouveau chez le maire. La salle du bureau de vote aurait été vandalisée. En fait, c’est 5 communes, dont Le Chefresne, qui ont vu les serrures des bureaux de vote obstruées. La population non plus ne désarme pas…

Il est maintenant évident et nécessaire, vu ce que nous imposent les pylônes dressés sur nos terres, que beaucoup de personnes sentent l’envie en eux d’agir directement contre ce maillon faible de l’industrie nucléaire vu l’inacceptable répression des opposants, les droits fondamentaux des personnes bafoués, l’humiliation qu’infligent RTE à la population.

Chacun, à sa manière, doit pouvoir trouver les réponses pratiques à opposer à ce projet, avec un mot d’ordre commun, qui englobe toutes les formes d’actions possibles : faire taire les machines et stopper les travaux de la ligne THT Cotentin-Maine !

La solidarité est et sera notre atout majeure lors des prochains évènements qui ébranleront les travaux et les gestionnaires de la future ligne THT. Une multitude de nuisances ayant pris différentes formes ont déjà eu lieu contre ce projet. Elles sont toutes reproduisibles, populaires et démultipliables, pour peu qu’elles soient partagées, discutées.

Le rapport de force avec l’État et donc RTE, qui maintenant est notre seul but pour faire plier le pouvoir, sera d’autant plus efficace que nous serons nombreux à crier notre rage, par-delà les désillusions du nouveau pouvoir en place, par-delà nos différences.

Voilà l’un des enjeux du camp anti THT : se retrouver, partager, échanger sur les pratiques, se renforcer pour agir lors de la journée d’action du dimanche 24 juin mais évidemment dès maintenant et plus tard tout au long des 150 km la ligne.

Rien n’est fait, tout se défait.

Ce qui s’est déjà joué depuis 6 mois sur le terrain n’est qu’un début. Amplifions nos envies de révolte contre toutes les infrastructures et les projets démentiels.

Vive la lutte anti THT

Le Chefresne, le 11 juin 2012

Jura Libertaire, 16 juin 2012

Nucléaire… à la sauce rose et vert

Le changement, c’est pas pour maintenant…

Niger : Nucléaire : Hollande veut accélérer la production d’uranium

Le changement en matière de nucléaire ne semble pas pour demain. A l’issue d’une rencontre le 12 juin avec le président nigérien Mahamadou Issoufou, François Hollande s’est prononcé pour une accélération de la mise en exploitation par Areva de la future mine géante d’uranium d’Imouraren (Niger), prévue fin 2013. « Si ça peut aller plus vite, nous y sommes favorables. Tout ce qui peut être fait pour le développement, pour l’activité économique doit être réalisé dans les meilleurs délais », a ainsi déclaré le président français. De quoi réjouir la multinationale, propriété de l’État français, qui importe du Niger près de 40 % de son uranium. Une fois traité, l’uranium sert de combustible aux réacteurs nucléaires. « Il s’agit là d’une claire perpétuation des mécanismes de la Françafrique, pour le plus grand profit du lobby nucléaire (Areva) et au détriment de la démocratie en Afrique », dénonce l’Observatoire du Nucléaire, association créée par l’ancien animateur du Réseau sortir du nucléaire, Stéphane Lhomme.

Les deux mines actuellement exploitées par le groupe français, dans la région d’Arlit, n’ont plus que dix à vingt ans de production devant elle. Areva s’est donc assurée en 2008 les droits de la mine géante d’Imouraren, potentiellement la deuxième plus grande mine d’uranium du monde (5 000 tonnes par an). La multinationale a prévu d’y investir 1,2 milliard d’euros. Son exploitation fera passer le pays du 6ème au 2ème rang mondial des producteurs d’uranium, juste derrière le Kazakhstan où Areva est également implantée.

Radioactivité

Le président nigérien espère une exploitation « gagnant-gagnant » des ressources de son pays. Naïveté ? Mahamadou Issoufou connaît bien Areva : il a été l’un des dirigeants de sa filiale nigérienne, la Somaïr, dans les années 80 [1]. Il a régulièrement jugé trop bas le prix de vente de l’uranium et assuré qu’il ne ferait « aucun cadeau » à la multinationale. Quoi qu’il obtienne du gouvernement français, les terribles impacts environnementaux demeureront.

De nombreuses études indépendantes ont révélé les boues radioactives et les énormes masses de déchets radioactifs stockées à l’air libre, à proximité de la ville d’Arlit. La contamination radioactive contribue à la désertification et à l’assèchement des nappes phréatiques, sur fond d’exploitation des travailleurs (lire nos articles sur Areva au Niger), au sein d’un pays lourdement frappé par la pauvreté (et le FMI). Par cette déclaration, François Hollande se place dans les pas de ses prédécesseurs qui ont tous soutenu les efforts d’Areva pour assurer la sécurité d’approvisionnement en uranium de la France. Sans jamais respecter les droits des populations locales.

Notes

[1] Lire Areva en Afrique, de Raphaël Granvaud, Editions Agone.

Sophie Chapelle, Basta Mag, 12 juin 2012

Europe Ecologie Les Verts se terrent !

Sans doute, impressionnés par le nombre considérable d’antinucléaires radicaux venus leur rendre visite (une petite dizaine), ou bien serait-ce plutôt par leur détermination ? (voir photos jointes), jeudi matin 7 juin, les bureaucrates d’EELV ont fait portes closes et lumières éteintes. Les deux accès de leur siège parisien étaient fermés, aucune réponse à l’interphone, aucune réponse aux interpellations par porte voix, ligne téléphonique aux abonnés absents, aucune réponse aux tocs tocs sur la porte. Pourtant en regardant à travers les portes vitrées on voyait bien qu’au loin les salariés/bureaucrates s’activaient pour la campagne des législatives à quelques nouvelles renonciations, compromissions sur le dos des vrais antinucléaires…

Belle preuve de courage politique !

Coordination Stop-Nucléaire, pour l’arrêt immédiat, inconditionnel et définitif du nucléaire. stop.nucleaire@yahoo.fr www.coordination-stopnucleaire.org

P.S. Hollande prône la coopération sur l’uranium avec le Niger et Cécile Duflot, elle dit quoi ?

Pourtant nous avions mis les formes pour rencontrer des « responsables » d’EELV et les questionner sur leurs positions sur le nucléaire, voir ci-dessous notre courrier et la lettre recommandée AR qui fut aussi doublée par une remise en main propre de cette lettre au siège d’EELV.


Rassemblement antinucléaire au siège d’Europe Ecologie Les Verts

Bonjour,

Par courrier RAR du 11 avril 2012 et remise en mains propres, nous avions sollicité un rendez-vous avec des représentants d’EELV à Paris, afin de leur demander une clarification de leur positionnement sur l’arrêt du nucléaire en cas de participation au nouveau gouvernement.

Nos demandes de rendez-vous sont restées sans réponse.

Aujourd’hui EELV fait partie de ce nouveau gouvernement formé par François Hollande, partisan du nucléaire dans le mix énergétique français et de la poursuite des projets garantissant la pérennité de la production électro-nucléaire pour les décennies à venir (projet EPR).

Durant les présidentielles, vous avez persisté dans le discours que vous tenez sans obtenir aucun résultat depuis plus de 30 ans : la sortie progressive du nucléaire, c’est-à-dire sa prolongation programmée. Ce ne sont que des renoncements sur ce sujet qui ont accompagné le parcours de votre formation politique (extension de Melox, « laboratoire » de Bure, Iter, vote au Parlement Européeen sur le nucléaire dans le mix énergétique…)

Votre programme pour les législatives de juin 2012 atteint un nouveau degré de renoncement clairement affiché. Il s’agit pour vous de « désintoxiquer nos pays des énergies fossiles et du tout nucléaire », reprenant la formule du Parti Socialiste durant la campagne présidentielle, légitimant de fait la part du nucléaire dans le mix énergétique français.

Vous n’avez pas souhaité donner suite à notre proposition de dialogue. Nous nous inviterons donc le jeudi 7 juin à partir de 11h devant votre siège parisien. Une mouvance antinucléaire radicale existe qui compte bien se faire entendre pour l’arrêt immédiat, inconditionnel et définitif du nucléaire.

Les dangers de cette industrie sont effroyables et vous en êtes parfaitement conscients. Lors de la prochaine catastrophe, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas.

Antinucléairement vôtre,

Coordination Stop-Nucléaire, pour l’arrêt immédiat du nucléaire.

http://www.coordination-stopnucleaire.org


Paris, le 11 avril 2012

COURRIER RAR Les Verts Paris 247, rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris

Coordination Stop-Nucléaire …

A l’attention de Mesdames Cécile Duflot et Eva Joly

Mesdames,

 

Même si votre partenaire, le Réseau Sortir du Nucléaire, épargne votre formation dans son classement des partis politiques candidats aux élections présidentielles, nous, Coordination Stop-Nucléaire, pour l’arrêt immédiat, inconditionnel et définitif de cette industrie, souhaitons d’emblée vous faire part de notre désaccord sur vos analyses et propositions dans ce domaine.

Déjà en novembre 2009 nous avions noté avec stupéfaction le vote au Parlement Européen de tous vos députés (moins un) et sous couvert de « sauver le climat », du texte entérinant l’extension « du marché carbone mis en place en Europe à l’ensemble de la planète » et comprenant une résolution dont le terrible paragraphe 36 ci-dessous :

36. souligne que le passage, à l’échelle internationale, à une économie à faible intensité de carbone conférera à l’énergie nucléaire un rôle important dans le bouquet énergétique à moyen terme ; souligne toutefois que les questions relatives à la sûreté et à la sécurité du cycle du combustible nucléaire doivent être abordées de façon adéquate à l’échelle internationale afin de garantir un niveau de sûreté aussi élevé que possible ;

Ne revenons pas sur Dominique Voynet, Ministre verte à l’Environnement et à l’Aménagement du Territoire signant l’extension de l’usine Melox, productrice de MOX, et signant l’installation à Bure d’un « laboratoire » d’étude du stockage des déchets radioactifs.

Ne revenons pas sur le désormais tristement célèbre compromis des Verts siégeant au conseil Régional PACA « 1 euro pour ITER, 1 euro pour les renouvelables », ni sur la déclaration toute récente d’Yves Cochet demandant uniquement que « l’incident » de Penly fasse l’objet d’un reclassement sur l’échelle INES, sans aucune remise en cause publique des dangers induits par ces « incidents précurseurs ».

Certes, vous vous êtes rendues à Fukushima, pour en revenir, comme nombre de vos élus, « scandalisées » par ce que vous y avez vu et entendu, et pourtant, pourtant, rien de cette tragédie humaine n’a pu faire bouger les lignes de vos propositions pour une sortie progressive du nucléaire à horizon 2031, voire plus au gré des négociations avec vos futurs partenaires.

Si nous sommes « scandalisés » par la catastrophe de Fukushima, et nous l’étions déjà par celle de Tchernobyl, nous le sommes aussi par votre hiérarchisation des risques inhérents à une prolongation programmée de cette industrie. En quoi vos critères peuvent-ils bien consister, alors que vous savez, vous qui soi-disant avez la lutte antinucléaire dans votre ADN, que l’accident pourra frapper là où il sera le moins attendu ?

Les conséquences dramatiques de la catastrophe nucléaire, nous les connaissons tous, et bien entendu vous aussi. Se réfugier derrière le réchauffement climatique et l’hypothétique croissance des énergies renouvelables pour esquiver l’imminence du danger nucléaire nous semble particulièrement irresponsable pour ceux et celles qui détiennent l’essentiel de la scène médiatique sur ce sujet en ces temps électoraux.

Pour toutes ces raisons, nous souhaiterions vivement vous rencontrer dans la semaine précédant le premier tour de l’élection présidentielle pour discuter avec vous de votre positionnement précis et en particulier des compromis que vous pourriez être amenées à négocier, ou avez déjà négociés, avec votre partenaire le Parti Socialiste pro-nucléaire.

Nous nous permettrons de nous mettre en contact avec votre secrétariat dans le cas où vous ne jugeriez pas important et urgent de répondre à ce courrier.

Dans l’attente de vous rencontrer, veuillez croire en nos salutations antinucléaires et déterminées.

I… T… Pour la Coordination Stop-Nucléaire

Indymedia Paris, 12 juin 2012


[Civaux] Le réchauffement climatique menace la centrale

Le réchauffement climatique menace la centrale de Civaux

Une étude publiée dans Nature Climate Change prend le site de la Vienne comme exemple pour illustrer la vulnérabilité au changement climatique.

Les chercheurs ont en partie basé leur étude sur le cas de Civaux, une centrale nucléaire construite à proximité d’une rivière au débit faible.

La centrale nucléaire de Civaux a les honneurs de la célèbre revue Nature Climate Change, cette semaine. Une équipe de chercheurs américains et européens a publié une étude qui démontre que le réchauffement climatique pourrait perturber le fonctionnement des centrales électriques – nucléaires et au charbon – dans les années à venir. L’augmentation de la température de l’eau et la réduction du débit des fleuves qui permettent de refroidir ces installations les rendraient en effet vulnérables en été.

Les auteurs ont basé une partie de leurs travaux sur le cas de la centrale de Civaux, l’une des plus sensibles en raison de son implantation sur la Vienne, une rivière au débit particulièrement faible par rapport à celui de grands fleuves comme la Loire ou le Rhône. Ils estiment que la capacité de production des centrales de ce type pourrait baisser de 6 à 19 % en Europe, entre 2031 et 2060, à cause du manque d’eau pour assurer le refroidissement des réacteurs.

Production en baisse de 6 % dans les années 2040

À Civaux, dans les années 2040, la production pourrait selon eux diminuer de 6 % en moyenne l’été par rapport à la période de référence de 1971 à 2000. Derrière cette moyenne se cacheraient des périodes d’arrêt forcé des réacteurs qui représenteraient tout de même une baisse de puissance de près de 300 mégawatts. L’été dernier, déjà, la direction de la centrale EDF de la Vienne aurait probablement dû prendre des mesures si le réacteur n°1 n’avait pas été opportunément à l’arrêt pour cause de visite décennale, le débit seuil d’alerte étant fixé à 13 m3 par seconde à Lussac-les-Châteaux. « L’arrêt d’une tranche pour ralentir la production ferait gagner 1 m 3/s, l’équivalent de ce qui s’échappe d’une des deux tours », faisait alors savoir le responsable de l’environnement. Les préfets de la Vienne et de la Haute-Vienne sont chargés d’arbitrer les mesures à prendre, de la baisse de régime jusqu’à l’arrêt total de l’activité de la centrale. L’étude publiée par Nature Climate Change précise que plusieurs centrales ont dû réduire leur production en raison d’une ressource limitée en eau durant les sécheresses des étés 2003, 2006, 2009.

Risques pour la faune et la flore

« Cette étude suggère que le recours au refroidissement thermique est quelque chose que nous allons devoir revoir », explique Dennis Lettenmaier, professeur à l’université de Washington à Seattle, cité par l’agence Reuters. En Europe, les centrales thermoélectriques produisent les trois quarts de l’électricité et représentent la moitié de la consommation d’eau douce. L’étude fait également état des risques pour la faune et la flore des rivières d’un réchauffement de l’eau accentué par la production d’énergie. Les stratégies d’adaptation envisagées recommandent d’implanter les nouvelles centrales sur la côte ou de privilégier les installations au gaz. Si ces dernières utilisent moins d’eau que les centrales nucléaires, elles contribuent toutefois au réchauffement climatique en émettant des gaz à effet de serre.

Nouvelle République, Baptiste Bize, 10 juin 2012

[Le Chefresne – 50] La lutte T.H.T prend de l’ampleur 15 jours avant le week-end de résistance

La lutte T.H.T  prend de l’ampleur 15 jours avant le week-end de résistance

La lutte T.H.T sur la ligne cotentin-maine prend de l’ampleur 15 jours avant le week-end de résistance du 22 au 24 juin au Chefresne.

Alors que le week-end de résistance s’organise, RTE veut marquer son territoire mais ici nous sommes prêts et vous appellons à venir avec nous bloquer les chantiers récit de la journée :

Ce mercredi 6 juin les chantiers des chemins d’accès ont commencé au Chefresne (50).

Le premier chantier se situe au niveau du lieu dit le pont, là ou une maison a été racheté par RTE, angle D28 (axe Margueray/Tessy) et D455.

7h15 ce matin, les 3 premiers camions de caillous sont arrivés de la route de Tessy, pas de gendarmes avant 8h55. Pas de blocage des routes par les gendarmes avant 9h. 8h du mat’ : la pelle mécanique avait recommencé son sale travail entamé hier aprèm vers 17h.

Depuis 9h, le chantier du chemin d’accès du pylône 229 (le plus au sud sur le commune du Chefresne) est bloqué par 30 personnes. L’hélico et gendarmes du PSIG sont arrivés à 9h au moment ou les opposants au projet de ligne THT sont arrivés en nombre.

L’huissier a demandé le recours a la force publique en cas de dégradations sur le chantier RTE. Il s’est fait copieusement hué.

Le maire du Chefresne, après avoir lu son arrêté, toujours en vigueur, s’est vu reçevoir une amende pour entrave à la liberté de circulation.

11h15, 40 résistants bloquent toujours le chantier. Des locaux et tracteurs harcèlent L.Prentoux, le représentant de RTE.

11h40 : arrestation du maire du Chefresne. Il est placé en G.A.V. à st Lo. 11h50 : arrestation de 2 autres opposants. Ils sont en G.A.V. à le gendramerie de St Lo. 12h15 : Une dizaine de personnes sont emmenés dans les gendarmeries des environs pour contrôle d’identité 12h30 : Les opposants sont délogés du chantier

13h : A.G. de lutte en cours.

La résistance n’est pas vaine. Les petits ruisseaux font les grandes rivières Besoin de monde en renfort dès que possible au Chefresne. C’est sur !

On lâche rien, organisez des actions sur toute la futur ligne THT en soutien. tenez-vous au courant mais dès demain ça continue !

Indymedia Paris-IDF, 6 juin 2012

NdPN : un témoignage oral ici

[Civaux] Traité comme un terroriste pour avoir photographié la centrale nucléaire

Il photographie la centrale : les gendarmes le poursuivent

Le suppléant d’un candidat écologiste a été poursuivi par les gendarmes après avoir pris la centrale de Civaux en photo de nuit. Il a été arrêté.

Il n’a pas tenté de s’introduire dans la centrale nucléaire au nez et à la barbe des services de sécurité de Civaux comme d’autres. Lui, il l’a photographiée en pleine nuit. Et les gendarmes du peloton de surveillance de la centrale lui sont tombés dessus à Tercé.

Il est 4 h du matin, dans la nuit de dimanche à lundi, quand Jean-Luc Herpin, suppléant de Marc Flamant, candidat aux législatives dans la troisième circonscription achève sa tournée de collage. « Je venais de terminer par le panneau officiel de Civaux », raconte le militant du Rassemblement démocratique écologique et républicain de Corinne Lepage. « J’ai repris la route et un truc m’a alerté. Il n’y avait pas de fumée sortant des tours de refroidissement mais j’en voyais qui venaient des autres bâtiments. J’ai décidé de prendre des photos pour les montrer à des gens qui connaissent. » Le militant connu comme le loup blanc reprend sa route pour rentrer chez lui à Tercé. « J’ai remarqué que j’étais suivi par une voiture. Je me suis inquiété, je sais qu’il y a des gens qui font parfois la voiture bélier sur les routes. Ils me faisaient des appels de phare. »

«  J’ai eu peur j’ai verrouillé les portières !  »

Pourquoi ne s’arrête-t-il pas ? La sirène fonctionne. Le halo bleu du gyrophare doit illuminer la campagne alentour. Jean-Luc Herpin ne voit et n’entend rien. « J’ai une petite Clio, il y avait du bazar dedans, des affiches derrière, je n’ai pas vu que c’était des gendarmes. » La poursuite se… prolonge jusqu’aux abords du domicile de Jean-Luc Herpin. « Ils m’ont tamponné. J’ai eu peur. J’ai tout verrouillé. Ils avaient sorti les pistolets-mitrailleurs. Ils me pointaient. J’ai appelé le Samu, et le conseiller général Thierry Mesmin. Comme je ne sortais pas, ils ont cassé les vitres, ils ont tapé dans les portières, ils m’ont attrapé pour me faire sortir, je ne voulais pas. J’ai résisté. J’ai été fouillé et menotté. » Une intervention que le militant juge totalement disproportionnée. Il entend porter plainte estimant avoir été victime d’un traitement dégradant. Il a écrit une lettre ouverte à la gendarmerie. « J’ai été traité comme un terroriste. Ils m’ont pris en photos. Je veux les récupérer ! » La gendarmerie minimise l’incident et rappelle que rien ne serait arrivé si le photographe nocturne s’était arrêté tout de suite. La procédure en est là. Aucune poursuite n’a été décidée à l’issue de l’audition de Jean-Luc Herpin. Le parquet attend de prendre connaissance de l’affaire pour trancher.

Nouvelle République, 30 mai 2012