Archives de catégorie : Antinucléaire

[Japon] La fuite en avant dans la folie nucléaire !

Japon: les réacteurs pourront fonctionner jusqu’à 60 ans, et non 40 ans

Le Japon prévoit d’inscrire dans la loi que les réacteurs nucléaires pourront être exploités durant 60 ans, sous réserve d’obtention d’une autorisation spéciale au-delà de 40 ans, limite initialement envisagée.

« Les extensions seront exceptionnellement approuvées lorsque la sécurité est assurée », a expliqué mercredi le porte-parole du gouvernement, Osamu Fujimura.

Goshi Hosono, le ministre de l’Environnement également chargé du traitement de l’accident de Fukushima, avait déclaré plus tôt ce mois que le gouvernement voulait fixer une durée maximum légale de 40 ans, alors qu’aucune limite d’exploitation n’est aujourd’hui précisée dans la loi.

« Il n’y a pas de changement à la limite de base de 40 ans, mais des exceptions », a insisté M. Fujimura.

La proposition d’accorder une extension d’usage de 20 ans en sus des 40 ans prévus, une hypothèse évoquée mardi par la presse, a immédiatement suscité des critiques des opposants à l’énergie nucléaire, remontés depuis l’accident de la centrale de Fukushima provoqué par le séisme et le tsunami dévastateurs du 11 mars.

« C’est incroyable », s’est énervé Junichi Sato, directeur de l’association écologiste Greenpeace Japon.

Et d’ajouter: « le risque est inacceptable pour le peuple du Japon, surtout quand il souffre déjà des effets continus de la crise de Fukushima ».

Le gouvernement nippon envisage de suivre l’exemple des Etats-Unis, où l’exploitation des réacteurs nucléaires peut être prolongées de 20 années au-delà d’une limite de 40 ans, sous réserve d’approbation par les autorités fédérales.

« Nous nous inscrivons dans une ligne mondiale », a justifié un responsable du gouvernement, lequel étudie actuellement une révision des règles de sécurité nucléaire censées permettre d’éviter une redite de la catastrophe de Fukushima, le pire désastre atomique depuis celui de Tchernobyl en 1986.

Sur le parc de 54 réacteurs nucléaires japonais, 3 ont plus de 40 ans et 16 plus de 30 ans.

AFP, 18 janvier 2012

[Civaux] Le directeur de la centrale en correctionnelle

Le directeur de la centrale de Civaux en correctionnelle

Sept salariés de la centrale de Chooz accusent Jean-Paul Joly, leur ancien directeur, de harcèlement. Il sera jugé mercredi dans les Ardennes.

Jean-Paul Joly dirige la centrale EDF de Civaux depuis 2008.

 

Jean-Paul Joly dirige la centrale EDF de Civaux depuis 2008.

Les plaignants qui s’expriment dans les colonnes du journal L’Ardennais dressent le portrait d’un tyran. « Un adepte du management par la terreur qui a causé des dégâts énormes », ajoute Marie-Pierre Lavandier, du syndicat CFE-CGC. Jean-Paul Joly, directeur de la centrale nucléaire de Chooz de 2001 à 2008, est accusé de harcèlement par sept salariés du site des Ardennes.

Sur la base d’un rapport de l’inspection du travail qui avait été interpellée dès 2007, le parquet de Charleville-Mézières a renvoyé l’actuel directeur de la centrale de Civaux en correctionnelle pour des faits qui remontent à la période 2005-2008. L’audience a été fixée au 18 janvier prochain.
Dans la Vienne, où Jean-Paul Joly est en poste depuis plus de trois ans, ces accusations étonnent. Selon un représentant du personnel, les agents qui ont connu le directeur à Chooz et à Civaux indiquent en effet qu’il a changé de comportement, le jugeant plus « docile ». Tout juste lui est-il reproché, ici, son manque de respect pour les instances syndicales.

 » C’est une usine pas comme les autres  »

« Au-delà des cas particuliers, il y avait véritablement un problème à Chooz », assure l’animatrice de la fédération CFE-CGC de Champagne-Ardenne. « C’était une méthode de direction, une pratique du personnage, sa manière d’être, sa façon de s’adresser aux agents, de mener les affaires… Croyez-vous que l’inspection du travail aurait fait un signalement s’il n’y avait pas eu de problème ? »
Pour la défense de Jean-Paul Joly, Me Jean-Pierre Mignard assure pourtant qu’il ne s’agit que de « divergences sur des choix d’orientation entre la direction et un petit groupe de personnes ». « Nous ne nions pas l’existence d’un conflit mais en renvoyant M. Joly en correctionnelle, c’est une violence à la loi pénale que l’on fait ; la loi pénale est torturée pour infliger une leçon à M. Joly », insiste le célèbre avocat du barreau de Paris. « Nous contestons donc les faits de harcèlement, l’infraction est d’ailleurs extrêmement difficile à établir. »
A la fédération CGT Mines Énergies, Laurent Langlard observe que le conflit intervient dans un cadre très particulier : « Une centrale, c’est une usine pas comme les autres dans laquelle on travaille en vase clos. Tout y est extrêmement sensible. » A commencer par les rapports humains.

Nouvelle République, Baptiste Bize, 16 janvier 2012

[Civaux] Nucléaire : nous voilà bien rassurés…

Les leçons de Fukushima à la centrale de Civaux

Des travaux seront réalisés pour assurer le refroidissement des réacteurs en cas de catastrophe, comme le préconise le rapport de l’Autorité de sûreté.

L'annonce des mesures de renforcement des installations a été faite à la CLI, hier.

 

L’annonce des mesures de renforcement des installations a été faite à la CLI, hier. – (Photo Laurent Favreuille)

 

A l’échelle de la vallée Vienne, la rupture du barrage du lac de Vassivière provoquerait l’équivalent d’un tsunami qui déferlerait sur Civaux. Cette condition extrême, comme d’autres liées à un violent séisme ou à une rupture de l’alimentation électrique, a été envisagée par l’Autorité de sûreté nucléaire qui vient de rendre un rapport sur les évaluations complémentaires conduites après l’accident nucléaire de la centrale de Fukushima Dai-ichi pour tirer les premiers enseignements de la catastrophe.

Sa déclinaison poitevine a été présentée, hier, aux membres de la commission locale d’information (CLI) de la centrale nucléaire de Civaux. Des travaux de mise en conformité devront être réalisés sur le site ; ils consistent essentiellement à doter chaque réacteur d’un groupe électrogène diesel et d’une pompe autonome pour assurer leur refroidissement en cas d’accident majeur.

«  Ne pas céder à la panique  »

« On nous demande aussi de garantir le refroidissement du combustible dans la piscine ; on doit être en permanence en capacité de l’alimenter en eau et cela demandera des moyens complémentaires », explique Jean-Paul Joly, le directeur de la centrale de Civaux. « On avait déjà prévu d’investir 500 millions d’euros dans chaque centrale pour prolonger leur durée de vie, il faudra ajouter en moyenne 100 millions par site pour tenir compte de ce rapport. » Avant l’été prochain, la direction d’EDF devra définir les priorités pour le « noyau dur » du site. Les études seront menées au cours de cette année et tous les travaux devront avoir été réalisés avant 2018. Un chantier relativement modeste : « Notre centrale se trouve déjà à l’abri d’inondations exceptionnelles sur la base d’un effacement du lac de Vassivière avec un débit de la Vienne de 3.500 m3 par seconde », ajoute Jean-Paul Joly. « Elle fait aussi partie des dernières centrales à avoir été conçues et bénéficie de nombreuses améliorations par rapport aux précédentes ; elle utilise notamment beaucoup moins d’eau. »
Peut-on considérer que les leçons de Fukushima ont été tirées ? « Non, il faudra des années pour tirer tous les enseignements », répond le représentant d’EDF. « Cette catastrophe a éveillé les vigilances dans un domaine extrêmement important », estime Roger Gil, le président de la CLI. « Il ne faut pas céder à la panique mais se dire qu’elle est une source pour l’action. » Neuf mois après, le chantier est engagé.

Nouvelle République, Baptiste Bize, 13 janvier 2012

Une force d’action rapide de 60 à 80 membres

La création d’une Force d’action rapide nucléaire (FARN) figurait parmi les mesures annoncées au début du mois lors de la publication du rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire sur les évaluations post-Fukushima. La direction d’EDF a confirmé, hier, qu’une des quatre équipes de cette force serait basée sur le site de Civaux pour, en cas de catastrophe, intervenir en urgence dans les centrales de la vallée de la Loire et du Sud-Ouest et en renfort sur tout le territoire national.
Cela se traduira par la création de 60 à 80 postes dans la Vienne avant fin 2013. « Nous allons recruter une trentaine de personnes dès cette année : des ingénieurs, des mécaniciens, des robinetiers, des électriciens et des radioprotectionnistes, des spécialistes de télécommunications », précise Jean-Paul Joly, le directeur de la centrale locale qui emploie déjà près de 700 personnes résidant dans un rayon de 10 km.

Nouvelle République, 13 janvier 2012

Lien entre industrie nucléaire et leucémies infantiles aigües

Les centrales nucléaires françaises à l’origine de leucémies infantiles aigües : nos enfants nous accusent… déjà !

La revue Journal International du Cancer vient de publier dans son numéro de janvier une étude scientifique établissant une corrélation très claire entre la fréquence des leucémies infantiles aigües et la proximité des centrales nucléaires (1).

Cette étude épidémiologique rigoureuse, menée par une équipe de l’INSERM (2), de l’IRSN (3), ainsi que le Registre National des maladies hématologiques de l’enfant de Villejuif, démontre pour la période 2002-2007 en France un doublement de la fréquence d’apparition des leucémies infantiles : l’augmentation va jusqu’à 2,2 chez les enfants de moins de 5 ans.

Elle confirme ainsi l’étude menée en Allemagne par le Registre des Cancers de Mayence en 2008 (4), qui avait abouti à la même conclusion. La recherche de l’INSERM, intitulée Géocap, inclut les 2 753 cas diagnostiqués dans toute la France entre 2002 et 2007 à partir d’adresses géocodées et situées autour des 19 centrales françaises.

Durant des années, le Réseau Sortir du nucléaire a vu l’IRSN travailler au démontage de toutes les études épidémiologiques montrant un impact des installations nucléaires sur la santé : – démontage de l’Étude de JF Viel montrant un excès de leucémies et de cancers infantiles autour de La Hague (5), – démontage de l’étude faisant la démonstration d’excès de leucémies infantiles autour des centrales allemandes (6). Le Réseau “Sortir du nucléaire“ tient donc, une fois n’est pas coutume, à féliciter l’IRSN pour sa participation à cette étude épidémiologique.

Même en situation non accidentelle, la preuve est encore apportée que la technologie nucléaire n’appartient plus à un monde civilisé.

Notes :

[1] http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ijc.27425/abstract
[2] Institut national de la santé et de la recherche médicale
[3] Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
[4] Étude épidémiologique sur les cancers infantiles dans le voisinage des centrales nucléaires, éditée par l’Agence de Protection contre les Radiations et le Registre des Cancers infantiles de Mayence.
[5] http://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Communiques_et_dossiers_de_presse/Pages/resultats__etude_du_Groupe_Radioecologie_Nord-Cotentin.aspx

[6] Rapport IRSN sur les leucémies infantiles autour des sites nucléaires Mai 2008

Communiqué de presse du Réseau Sortir Du Nucléaire, 12 janvier 2012 (sic)

[Civaux] Nucléaire = chiens, caméras, grillages, tazers et sanctions

Sécurité renforcée à la centrale de Civaux

De nouvelles mesures sont mises en place pour assurer la sécurité du site nucléaire après les intrusions de militants de Greenpeace.

 
Les grillages seront renforcés et de nouvelles caméras de surveillance seront installées.

 

Les grillages seront renforcés et de nouvelles caméras de surveillance seront installées. – (Photo NR, Laurent Favreuille)

Des équipes cynophiles patrouillent jour et nuit, depuis quelques jours, dans l’enceinte de la centrale nucléaire de Civaux. Sans attendre les annonces officielles de Claude Guéant, avant-hier, à Chinon, le renforcement des mesures de sécurité a été mis en place de manière effective sur le terrain. La réponse des autorités aux défaillances du dispositif mises en lumière lors de l’intrusion de militants de Greenpeace dans les sites de Nogent-sur-Seine et Cruas, le 5 décembre dernier.

Des Taser pour les gendarmes

Le plan dévoilé par le ministre de l’Intérieur prévoit aussi le renforcement des grillages de clôture et l’installation de nouvelles caméras (dont le nombre devrait passer de 300 à 400 par site) pour parfaire le système de vidéosurveillance des centrales. « Ces travaux seront rapidement engagés », précise Emmanuel Pedrono, le responsable de la communication de la centrale Civaux.

Les 40 membres du peloton spécialisé de protection de la gendarmerie (PSPG), unité qui assure la sécurité du site de la Vienne depuis 2009, vont par ailleurs être prochainement équipés de pistolets à impulsion électrique Taser. « L’objectif est d’être davantage dissuasif contre les intrusions », ajoute le représentant d’EDF. Les éventuels intrus n’auront ainsi pas besoin d’être « tirés à vue », pour reprendre la formule utilisée par le ministre de l’Industrie sur Tweeter ; ils pourront néanmoins être neutralisés.

À Civaux, EDF s’interroge sur les sanctions que la justice prononcera contre les militants de Greenpeace qui doivent être jugés les 20 et 24 janvier prochains. « Il n’en coûte pas grand chose de s’introduire dans une centrale nucléaire », déplore Emmanuel Pedrono. Le souci est partagé par le ministre de l’Intérieur qui a évoqué, vendredi, un renforcement des sanctions pénales pour les auteurs d’intrusion.

Pour le reste, le responsable de la communication précise que toutes les mesures du nouveau dispositif de sécurité ne peuvent pas être dévoilées. Et ce, pour des raisons de sécurité.

Nouvelle République, Baptiste Bize, 8 janvier 2012