Le groupe français d’électronique de défense Thales a annoncé jeudi des opérations stratégiques pour la constitution d’alliances au sein de l’industrie de défense: un rapprochement imminent avec le groupe public d’armement terrestre Nexter et un renforcement dans DCNS.
Nexter et Thales sont en discussions pour rapprocher leurs activités munitionnaires, dans le but de conforter la place du groupe Nexter dans l’industrie européenne de défense, a annoncé Thales dans un communiqué.
Le projet consisterait à rapprocher, au sein de Nexter, des filiales munitionnaires des deux groupes, Nexter Munitions et TDA Armements. Il serait également assorti d’une prise de participation minoritaire de Thales au capital de Nexter Systems, ajoute le texte.
Selon Thales, Nexter serait ainsi en mesure « de jouer un rôle de premier plan au niveau international ». Et le nouvel ensemble « s’appuierait sur la complémentarité de ses sites de production pour offrir une gamme complète de produits à ses clients, accroître sa compétitivité et conquérir de nouveaux marchés à l’exportation ».
Ce rapprochement n’est pas une surprise. Par le passé, Nexter avait jugé à diverses reprises « nécessaire » un regroupement industriel en France et en Europe. En mars, il avait toutefois indiqué qu’il n’avait pas dépassé le stade de discussions « préliminaires » avec les partenaires potentiels.
Le PDG de Thales, Luc Vigneron, ancien PDG de Nexter, avait quant à lui manifesté son intérêt pour Nexter.
Le groupe, aujourd’hui à 100% public, compte quelque 2.700 salariés et dispose de 9 sites de production en France. L’an passé, il a réalisé 1,1 milliard de chiffre d’affaires.
Avec 68.000 collaborateurs, Thales est un groupe de taille bien plus imposante dont le chiffre d’affaires s’est établi à 13,1 milliards d’euros l’an passé.
S’agissant de DCNS, Thales disposait d’une option de montée au capital depuis son entrée au capital de cette entreprise à hauteur de 25% en 2007. La nouvelle prise de participation n’a pas été chiffrée.
Thales estime que cette opération « marque une étape importante pour la constitution d’alliances stratégiques dans le domaine naval en Europe ». Elle s’accompagnera, conformément aux accords conclus en 2007, d’une augmentation des droits de Thales dans la gouvernance de DCNS, permettant le renforcement de la coopération entre les deux sociétés.
« Ce renforcement dans le capital témoigne de la confiance de Thales dans le groupe », a déclaré à l’AFP un porte-parole de DCNS. « C’est un signal fort pour nos clients et c’est positif compte tenu de nos ambitions à l’international », a-t-il ajouté.
Il a en outre rappelé l’objectif de DCNS de doubler son chiffre d’affaires d’ici 2020 à 5 milliards d’euros.
DCNS est un champion des exportations françaises dans le domaine de la défense. Il a notamment vendu des sous-marins à l’Inde, au Brésil, à la Malaisie et au Chili et est en passe de vendre des corvettes à la Malaisie.
Le groupe français a entamé début décembre la construction de deux porte-hélicoptères (navires de projection et de commandement ou BPC) pour la Russie.
Spécialiste des grosses unités, il construit notamment des frégates pour la marine française. Mais pour stimuler les exportations, il veut élargir sa gamme et vient de lancer un patrouilleur de haute mer.
En dehors de la construction navale, secteur qui souffre de surcapacités en Europe, DCNS veut développer ses activités dans l’énergie nucléaire, avec son expérience des navires à propulsion nucléaire, et les énergies renouvelables de la mer.
DCNS, qui emploie 12.500 salariés, compte encore 4.800 ouvriers d’Etat. Chaque année, 500 à 600 d’entre eux quittent l’entreprise.
AFP, 16 décembre 2011