Archives de catégorie : Construction du désert

[Projet LGV Poitiers-Limoges] Et bim !

NdPN : à nous d’amplifier la contestation pour que ce projet aussi débile que nuisible ne passe pas !

86 –  La LGV Poitiers-Limoges serait mal classée

Selon le portail des transports publics MobiliCités, la commission Duron chargée par le gouvernement de hiérarchiser les projets du Schéma national des infrastructures de transports aurait établi un premier tri dévaforable à la LGV Poitiers-Limoges reléguée « en bas du classement ». La commission présidée par le député du Calvados Philippe Duron devrait publier sa liste définitive en juin 2013.

Dépêche Nouvelle République, 25 mars 2013

[Colombiers – 86] La LGV, « on subit de A à Z »

NdPN : au-delà des discours politico-économiciens de bureaucrates, de technocrates et de journaleux vendant la LGV, juteuse pour Vinci et ruineuse pour les populations, il y a la réalité du saccage social et environnemental des espaces traversés. Pour une fois, fait assez rare pour être relevé, la Nouvelle République ne se fait pas le porte-parole béat de ce projet dévastateur.

Face à la (dure) réalité de la ligne grande vitesse

Le chantier de la LGV entre dans le dur. Et les habitants des communes traversées découvrent l’ampleur des dégâts. Exemple à Colombiers.

Sans doute personne n’imaginait à Colombiers, l’ampleur pharaonique du chantier de la LGV. Eh bien, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, les Colombinois ont le nez dedans.

Au 73e km de la ligne Tours-Bordeaux, le ronflement des camions et des tractopelles est devenu le quotidien des habitants. La ligne grande vitesse traversera la commune sur près de 2 km, coupant carrément en deux le coteau partagé avec Marigny-Brizay, pour dévaler dans la vallée de l’Envigne. Quoique question de dévaler, le tracé sera plutôt plat, ce qui implique de taper considérablement dans le coteau. D’où l’expression « pharaonique ».

«  Normalement, on se doit de dire que c’est pour le bien collectif  »

Michel Guillemard, premier adjoint au maire à Colombiers, qui suit de près le dossier, lui préfère le terme « monstrueux »… « La LGV a des contraintes techniques par rapport à la vitesse, explique l’élu. Localement, il atteindra 350 km/h. La ligne doit être profondément creusée dans le coteau et surélevée dans la vallée. Ça va défigurer le paysage ». Deux zones de la commune sont concernées de près. Tout d’abord « La Genetière », dans la vallée, où la route d’Ouzilly va être déviée et un pont construit au-dessus des rails. Le secteur est agricole… « L’aménagement foncier est en cours avec le conseil général pour pouvoir conserver des zones d’exploitations, indique la mairie. Par ailleurs, il a été obtenu de Lisea d’avoir deux voies transversales qui permettent de rattraper les routes et accès aux chemins agricoles qui disparaissent ».

Le coteau coupé en deux

Ensuite « La Baudrigère », juste sur le coteau, où la tranchée sera large de 150 mètres. La départementale 21 qui rejoint Marigny va être déviée pendant un an. Facile. « Certes, c’est au bout du village mais ça va gêner des habitants, souligne Michel Guillemard. Les gens qui habitent à côté subissent à cause des travaux et subiront avec la future ligne. Normalement, on se doit de dire que c’est pour le bien collectif, que c’est positif pour l’emploi. Mais une commune comme nous, on subit de A à Z, on n’y a pas d’intérêt, on verra seulement le train passer. » Pas faux.

Franck Bastard, Nouvelle République, 21 mars 2013

Marie-Louise à 50 mètres de la LGV

A 87 ans, Marie-Louise Dévigne prend avec philosophie l’arrivée de la LGV… dans son jardin ou quasiment. Sa maison, située à « La Baudrigère » à Colombiers, où elle s’est installée en 1977, n’est située qu’à 50 mètres du chantier. L’octogénaire, qui vit seule, a eu de gros soucis de santé qui la clouent depuis six ans dans un fauteuil roulant. Une aide à domicile la visite quotidiennement.

«  Jamais je ne quitterai ma maison  »

C’est depuis sa cuisine où elle passe l’essentiel de ses journées d’hiver, entourée de ses livres, de ses poèmes, de ses petits souvenirs, qu’elle devine le bruit des tractopelles. « Pour l’heure, c’est supportable mais cet été, ce sera une autre chanson ! », sourit-elle. « A l’époque, quand j’ai acheté à Colombiers, je me suis intéressée de savoir si l’autoroute ne passerait pas dans le coin. Et en 2007, on a décidé qu’on allait avoir la LGV ! », raconte-t-elle avec ce petit air moqueur dont elle ne se départ jamais. Marie-Louise dit avoir écrit à Réseau ferré de France : « Ils sont venus toute une délégation me voir dans ma maison. Dans ma lettre, j’avais écrit que j’avais choisi un coin calme à la campagne et que j’allais finir comme les vaches à regarder les trains passer. Je voulais un tunnel, ils m’ont garanti qu’il y aurait un remblai pour protéger du bruit. C’est pareil, on m’avait dit que j’aurai droit à des nouvelles fenêtres pour isoler. Mais je n’ai pas de nouvelles. Par contre, ils ont laissé le rideau d’arbres devant la fenêtre de ma chambre. » Marie-Louise Dévigne est fataliste : « Quand une âme charitable m’emmène en balade, je m’interdis de regarder le paysage. Non, jamais je ne quitterai ma maison ! »

Nouvelle République, 21 mars 2013

« Le projet de NDDL ne se fera pas »? Et pourtant ils avancent ! Destructions de haies en série sur la zone ouest de la ZAD !

« Le projet de NDDL ne se fera pas »? Et pourtant ils avancent ! Destructions de haies en série sur la zone ouest de la ZAD !

Nous avions évoqué dans un précédent article les déclarations de Vinci d’arasement de talus (et donc de haies) pour élargir les routes d’accès à la ZAD, en vu de la construction du barreau routier pour la fin-mars/début Avril. Ces faits ne faisant que renforcer notre scepticisme, quand à une prise de conscience soudaine de nos si gentils et pas du tout capitalistes/prédateurs bureaucrates du PS quand à la nocivité flagrante du projet d’aéroport de NDDL.

Or, depuis un mois, sur la zone ouest de la ZAD, les destructions de haies et abattage de chênes centenaires s’enchaînent à une vitesse alarmante, anticipant déjà les annonces de travaux d’arasement…

Les naturalistes en lutte ont ainsi découvert que Vinci commençait déjà à araser des talus autour et sur la ZAD, et que des agriculteur/trice-s, profitant de l’occasion, se joignent gaiement à ce saccage de la ZAD ! Ce n’est malheureusement pas la première fois, et ce ne sera pas la dernière, si ne nous réagissons pas rapidement, et en force, face à cette destruction silencieuse, mais de plus en plus concrète de la ZAD !

Nous appelons les camarades (citoyennistes ou non) de la zone ouest de la ZAD à alerter tous/toutes les opposant-e-s au projet d’aéroport et son monde, au moindre bruit suspect de tronçonneuse sur et autour de la ZAD, ainsi que déplacements de camions entourés de forces militaires ! Nous ne pouvons pas laisser ce saccage de la ZAD se dérouler impunément !

Des membres du Collectif de Lutte Contre l’Aéroport de NDDL

Dans ce lien, vous trouverez des photos atroces de haies saccagées (à la fin de l’article) :

http://www.presquilegazette.net/presquilegazette-net-pages/environnement/notre-dame-des-landes/reportages/dimanche-17-mars-sur-la-zad-rencontres.html

Sur cet autre lien, un appel de naturalistes en lutte à stopper ce saccage, avec repérage et photos des zones arasées:

http://zad.nadir.org/IMG/pdf/NDDL_alerte_17_mars_medias-cleaned.pdf

Vu sur le blog du collectif de lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes, 19 mars 2013

[Projet de LGV Poitiers-Limoges] Quand le TGV fait dérailler les trains de proximité

Quand le TGV fait dérailler les trains de proximité

Pour les habitants du Limousin, le choix est cornélien : profiter du TGV à Limoges ou préserver leur ligne de proximité, qui dessert la région et plusieurs départements avoisinants. Car une lettre du ministère de l’Écologie, qui aurait dû rester confidentielle, révèle que, pour des raisons économiques, il faudra choisir entre les deux. De Cahors à Poitiers, le débat est relancé : la grande vitesse pour quelques-uns ou un service public ferroviaire pour tous ?

Raccorder Limoges au TGV… Un projet de 30 ans. Et « un moteur de développement économique et d’emplois », selon Jean-Paul Denanot, le président socialiste de la région Limousin. Sauf qu’un courrier du ministère de l’Écologie, qui aurait dû rester confidentiel, a mis le feu aux poudres. Pas sûr que la ligne grande vitesse (LGV) apporte bonheur et prospérité aux Limousins. Selon ce courrier, pour « maximiser les circulations sur le projet de LGV Poitiers-Limoges », Réseau ferré de France propose de réduire drastiquement le nombre de trains sur la ligne classique Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (dite « POLT »). La fréquence des trains passerait de onze allers-retours Limoges-Paris à quatre.

« L’avenir de la desserte ferroviaire de nombreuses villes et territoires est clairement en jeu », s’inquiète la Coordination des riverains et impactés de la ligne à grande vitesse Limoges-Poitiers (CRI). Cette ligne amènera « la grande vitesse à Limoges et non au Limousin ou aux territoires avoisinants », ajoute l’association Urgence Ligne POLT qui milite pour le développement de la ligne existante.

Le TGV pour une élite d’usagers

Autre paradoxe : la ligne classique dessert davantage d’usagers que la future LGV. De l’Indre au Lot, 2,5 millions d’habitants sont concernés. Avec le TGV, ils « mettront plus de temps pour aller à Paris pour un prix de billet prohibitif », estiment les associations. Actuellement, le prix d’un aller Limoges-Paris est de 57 euros sur la ligne classique. Un billet TGV Paris-Poitiers-Limoges devrait avoisiner les 100 euros. La ligne POLT risque également de devenir « omnibus », sans possibilité de trains plus directs et donc plus rapides.

La ligne grande vitesse aggravera aussi la dette de Réseau Ferré de France (RFF). L’entreprise publique, qui gère les voies, est endettée à hauteur de 30 milliards d’euros depuis qu’elle a été dissociée de la SNCF. RFF considère que la suppression d’un aller-retour sur la POLT diminuera le trafic de 8,3 %. Alors qu’il n’augmentera que de 2,3 % sur la LGV Limoges Poitiers [1]. En clair : les billets TGV ne compenseront pas les pertes financières liées à l’abandon du trafic local.

Fronde des élus

Dans le courrier du ministère, le taux de rentabilité est évalué à 4,58 %. Un chiffre « largement en deçà du taux nécessaire à l’équilibre général du projet (investissement et exploitation), estimé lui entre 6 à 8 % [2] », avance l’association Urgence Ligne POLT. « Qui paiera la différence et en particulier le déficit d’exploitation de la ligne ? ». Le coût de la réalisation de la LGV Limoges Poitiers est estimé à 2,4 milliards d’euros pour 2020 . Soit cinq fois plus que la rénovation de la ligne classique, argumentent les opposants.

Les conclusions de la mission confiée à Jean-Louis Bianco sur la réforme ferroviaire pourraient aller dans leur sens. Pour revenir à l’équilibre, « trois actions sont prioritaires », estime l’ancien ministre des Transports [3]. Il préconise de ne pas construire de nouvelles LGV, leur préférant des solutions intermédiaires, entre les TGV et les trains « Corail ». Jean-Louis Bianco propose également d’augmenter la fréquence des trains classiques. Bref, tout le contraire des sacrifices qu’impose le TGV. Les conclusions de cette réflexion sur la réforme ferroviaire devrait être rendues publiques début avril.

Quel véritable service public ferroviaire ?

La lettre émanant du ministère de l’Écologie a sérieusement agacé le président de la région Limousin, Jean-Paul Denanot. D’après lui, il existe une « évidente complémentarité entre la ligne POLT et le barreau LGV » [4] Pas question d’abandonner le TGV, ni de délaisser la ligne POLT, « un outil indispensable d’aménagement du territoire ». Les élus locaux commencent cependant à se poser de sérieuses questions. Le 9 mars, une trentaine d’élus de la Creuse ont symboliquement bloqué les voies en gare de La Souterraine, relate La Nouvelle République. Parmi eux, des conseillers régionaux du Limousin qui avaient voté quelques mois plus tôt les crédits pour les études de la LGV.

Ce seront aux représentants de l’État et à huit collectivités locales, composant le « comité des financeurs » (régions Poitou-Charentes et Limousin, départements de la Vienne, de la Haute-Vienne et de la Corrèze, les agglomérations de Poitiers, Brive et Limoges), de choisir de sacrifier – ou non – la ligne classique et ses dessertes locales au profit du TGV. « Comment huit collectivités peuvent-elles être mises légitimement en situation de décider pour 4 régions, au moins 12 départements et l’ensemble des communes concernées par l’irrigation de l’axe POLT ? », s’insurgent les opposants. Les associations demandent un débat afin d’éviter « une rupture totale du service public ferroviaire pour les populations du Nord de la Corrèze, du Lot, de la Creuse, de l’Indre, du Cher… ».

La fin du tout TGV ?

L’ouverture de l’enquête publique de la LGV Limoges-Poitiers est prévue courant 2013. Les regards sont désormais tournés vers la commission « Mobilité 21 » chargée de hiérarchiser les quatorze projets de lignes à grande vitesse. Ses conclusions sont attendues entre avril et juin 2013. Le président de la commission, Philippe Duron (député-maire PS de Caen) a d’ores et déjà laissé entendre que plusieurs projets risquaient de ne plus voir le jour. En cause : l’état des finances publiques. Et l’émergence de contestations locales de plus en plus fortes.

Car au-delà de l’opposition à la LGV Limoges-Poitiers ou celle, plus médiatisée, contre le Lyon-Turin, des associations et mouvements se rassemblent un peu partout en France contre la construction de nouvelles lignes ferroviaires à grande vitesse. Absence de concertation, destruction de zones naturelles et de terres agricoles, sous-estimation des coûts de réalisation, trafic de proximité laissé en désuétude… La politique du tout TGV a du plomb dans l’aile. Réunies au sein de la Charte d’Hendaye, lancée en 2010, une centaine d’associations françaises, italiennes et espagnoles réclament une « révision profonde » de la stratégie européenne en matière de transports, l’arrêt immédiat des projets de ligne à grande vitesse, et une véritable participation de la population aux prises de décision.

Sophie Chapelle

@Sophie_Chapelle sur twitter

Notes

[1] Selon les conclusions du dossier d’évaluation socio-économique du projet par RFF à consulter ici (page 44).

[2] Selon le dossier d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique

[3] Dans un document que s’est procurée l’AFP.

[4] Dans une lettre ouverte, il fustige « une initiative déplacée et provocatrice ».

Sophie Chapelle, Bastamag, 19 mars 2013

[86] « Boisement compensateur » sur le tracé de la LGV : opération greenwashing pour Vinci

Le « greenwashing » consiste pour une entreprise à se donner des airs de préoccupations environnementales, pour dissimuler un impact social et écologique dévastateur. Un peu comme l’émission de Hulot, Ushuaïa, qui était financée par le plus gros pollueur de l’époque en France, Rhône-Poulenc.

Concernant la LGV (ligne à grande vitesse) Tours-Bordeaux, véritable plaie béante traversant notamment la Vienne avec ses remblais géants, des espaces boisés ont été défrichés et leurs sols dévastés. A la place, des paysages lunaires, des pierres transportées depuis des carrières qui essaiment le long du tracé. Le néant, le désert et le béton.

Aujourd’hui, nouvelle opération de communication de Cosea dans les médias locaux, toujours prompts à relayer  la propagande de Vinci (multinationale aussi impliquée dans d’autres destructions sociales et écologiques comme à Notre-Dame-des-Landes). Il s’agit de replanter des arbres « de qualité » sur une surface double de celle défrichée par le tracé de la LGV. Cette merveilleuse illustration du capitalisme vert s’appelle le « boisement compensateur » [sic]. Il y aura même des arbres fruitiers pour les petits oiseaux qui viendront se fracasser sur les TGV ! Ce petit paradis (qu’il faudra néanmoins attendre un siècle pour voir) sera bien protégé par des clôtures installées par Cosea.

Sauf que ces 314 hectares de reboisement dans la Vienne, en plus de ceux couverts par le tracé LGV, remplacent des espaces agricoles dont les exploitants sont virés avec le concours gracieux de l’Etat PS (qui oblige au « boisement compensateur »), et les liasses de biftons de Vinci. Vinci est au demeurant largement subventionnée, dans ce chantier LGV, par ledit Etat… dans le cadre d’un « partenariat public-privé » ruineux pour les populations, subissant un surcroît de « dette publique » bidouillée par des bureaucrates. Niveau social, on repassera !

A ce propos, le gros propriétaire foncier interviewé par la Nouvelle République évoque les arbres replantés par le grand Colbert. Comparaison révélatrice ? Il oublie de préciser que si Colbert a replanté des arbres, c’était déjà pour « compenser » une dévastation sociale et écologique : la France a été déboisée par le même Colbert, en quasi-totalité, sous Louis XIV… Et ce, pour construire une marine de guerre et des navires marchands (négriers notamment). Déjà à l’époque, la dévastation écologique était la signature d’une politique étatique de dévastation sociale programmée.

Quant au niveau « écologique », qui oserait prétendre que les sols des terres labourées, saturés d’intrants polluants, à la microbiologie dévastée et sur lesquels ces « arbres de qualité » sont téléportés, pourront remplacer l’humus forestier, infiniment riche, complexe et fragile, et dont le vaste recul en France est pour le moins préoccupant ? On est là dans le mépris total des conditions environnementales propices au développement d’une véritable forêt. Rappelons que l’écrasante majorité des sols en France sont de fait devenus de véritables déserts stériles : sans l’emploi massif d’intrants chimiques, sans l’utilisation massive du pétrole, les terres agricoles ne produiraient quasiment plus, faute de vie biologique réelle. L’humus forestier, seul système biologique au monde apte à produire la vie de façon « durable » et cyclique, met plusieurs décennies à se reconstituer… quand il se reconstitue.

Même l’argument économique de l’industrie bois ne tient pas : les chênes et les cèdres plantés aujourd’hui dans la Vienne ne pourront être exploités que d’ici… 80 à 120 ans. L’aspect coup de comm’ apparaît en plein jour, si l’on note que les propriétaires fonciers qui concèdent leurs parcelles ne s’engagent à ne les maintenir boisées que pendant… vingt ans !

Bref, la désinformation de Vinci, de l’Etat, des bureaucrates politicards locaux et des médias frise une fois de plus le grotesque. Après les enfants handicapés heureux de conduire des engins de Vinci, après l’invocation à la journée de la femme pour évoquer l’effort dérisoire de « parité » sur les chantiers, après le recours piteux à l’argument grossier de la création d’emplois précaires et temporaires, voici les arbres et les petits oiseaux. Il faut dire qu’ils auront peut-être la « chance de voir passer les premiers TGV » [sic] : chez les journalistes aussi, on peut se montrer poète…

L’enjeu des pouvoirs politico-économiques est désormais d’étendre la dévastation LGV à un barreau Poitiers-Limoges.

Nous ne laisserons pas transformer la planète que nous habitons en poubelle de béton.

Pavillon Noir, 18 mars 2013

La vidéo de la Nouvelle République ici.

Voir aussi l’article de la NR…

LGV : deux hectares boisés pour chaque hectare défriché

Le boisement compensateur de la LGV Tours-Bordeaux prévoit la plantation de 314 ha d’espèces d’arbres de qualité dans la Vienne. A la charge de Coséa.

Sur une colline de Marnay, Patrick de Lassée s’agenouille devant un jeune chêne sessile d’une soixantaine de centimètres pour montrer à son fils de 13 ans la forme caractéristique de ses feuilles. « Le boisement est une affaire de longue haleine, on travaille pour la postérité, explique cet important propriétaire foncier. Si Colbert n’avait pas planté la forêt de Tronçay, les chênes n’auraient pas été là pour la marine de Louis XV ! »

Dans 150 ans, cet arbre atteindra sa maturité s’il a survécu aux sélections successives qui seront opérées sur cette parcelle de 7 ha où près de 8.000 plants identiques et 1.300 cèdres de l’Atlas ont été plantés la semaine dernière. Alors, peut-être, les héritiers des de Lassée se souviendront-ils que l’opération de boisement est intervenue pendant la construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse Tours-Bordeaux ? Une mesure compensatrice imposée par l’État.

«  On s’engage pendant 20 ans  »

« Nous avons l’obligation, dans les quatre ans, de planter deux hectares pour chaque hectare de forêt défriché le long du tracé de la ligne dans la Vienne », explique Luc Vancrayelynghe, l’ingénieur paysagiste de Coséa, le consortium chargé de construire la voie ferrée. « L’idée est de produire du bois d’œuvre de qualité, pas des résineux pour l’industrie papetière ni du bois de chauffage », ajoute Frédéric Filet, de l’entreprise Alliance Forêts Bois sollicitée pour la plantation. Principalement des chênes, donc, mais aussi des fruitiers – merisiers, cormiers et autres alisiers : « Des espèces dont le bois est destiné à l’ébénisterie au bout de 60 ou 80 ans mais qui jouent un rôle en matière de biodiversité ; les oiseaux se nourrissent de leurs fruits. » Au total, à la fin de l’année 2012, Coséa avait déjà fait planter 60 des 314 hectares prévus sur l’ensemble du territoire départemental mais les conditions météorologiques ont ralenti le programme cet hiver. Pour les propriétaires, dont les dossiers ont été retenus, c’est tout bénéfice. Ou presque. « Sans aide, je ne suis pas sûr que beaucoup feraient l’effort de boiser de telles surfaces, estime Patrick de Lassée. Et puis, on s’engage tout de même à maintenir le terrain boisé pendant 20 ans et à l’entretenir de la 4e à la 20e année. »

90 % du coût de l’opération au final

Le technicien de la Société forestière de la Caisse des dépôts, qui assure la maîtrise d’œuvre, estime néanmoins que Coséa prend en charge 90 % du coût de l’opération au final ; à elles seules, les clôtures de deux mètres de haut qui protègent les plants du gibier représentent la moitié de la facture ! « L’entreprise chargée de la plantation doit garantir 80 % de reprise la première année et assurer l’entretien durant trois ans », précise-t-il. Le temps de permettre aux jeunes arbres de s’imposer pour avoir une chance de voir passer les premiers TGV.

Sur 314 hectares à boiser, 60 sont déjà plantés et 175 sont à l’étude. Les propriétaires intéressés peuvent s’adresser au Centre régional de la propriété forestière au 05.49.52.23.08. Courriel : poitou-charentes@crpf.fr

Baptiste Bize, Nouvelle République, 18 mars 2013