Archives de catégorie : Construction du désert

[Poitou-Charentes] Une nouvelle préfète aux compétences bien rodées

Le 30 avril 2014, le conseil des ministres a nommé la nouvelle préfète de Poitou-Charentes : Christiane Barret. Son curriculum vitae est éloquent :

-1982 : énarque, puis administratrice civile affectée au ministère de l’équipement, des transports, de l’aménagement du territoire, du tourisme et de la mer

-1986 : sous-préfète à Briançon (Hautes-Alpes)

-1987 : rencontre avec sœur Emmanuelle à Briançon. Elle deviendra présidente de l’association des Amis de sœur Emmanuelle.

-1995 : conseillère technique du ministre du Travail

-1995 : sous-préfète à Albertville (Savoie)

-2000 : sous-préfète à La Tour-du-Pin (Isère)

-2000 : directrice de la nature et des paysages au ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement.

2004 : directrice de la Mission Europe au ministère des Affaires étrangères

-2005 : inspectrice générale de l’équipement.

-2007 : préfète déléguée à l’égalité des chances en Seine-Saint-Denis pour l’animation des politiques de cohésion sociale

-2009 : préfète des Deux-Sèvres

-2012 : directrice du cabinet du ministre de la Ville

Elle prendra officiellement ses fonctions bientôt à Poitiers, en déposant (comme le veut la tradition) un dépôt de gerbes au monument aux morts, boulevard de Verdun.

On se rappelle qu’à l’occasion de la même cérémonie pour Elisabeth Borne (l’ex-préfète), deux personnes avaient été emmenées au poste et d’autres contrôlées, pour avoir eu le toupet d’approcher du boulevard de Verdun avec une banderole dénonçant la multinationale Vinci, bien connue pour son projet de second aéroport près de Nantes, mais aussi pour ses grands travaux en partenariat « public-privé », à Poitiers et en Poitou-Charentes (LGV, Cœur d’agglo, passerelle Léon Blum, quartier des Montgorges… et toujours les subventions de Grand Poitiers à Vinci Autoroutes !). Sans que les personnes réprimées aient pu dire un seul mot, un responsable de la police locale avait vu dans cette banderole, qu’il avait personnellement arrachée des mains des militants,  « une attaque personnelle contre la préfète », ce qui constituait déjà un bel aveu.

Bref, une nomination dans la continuité des compétences d’Elisabeth Borne en matière d’équipement et transports… et d’urbanisme. Les amoureux des partenariats public-privé, d’aménagement capitaliste du territoire et de gentrification urbaine seront ravis. Les habitant.e.s de territoires transformés en déserts, les pauvres et autres « marginaux » indésirables le seront sans doute moins…

Pavillon Noir, 2014

Eoliennes : concertation bidon en Trimouillais

NdPN : nouvel article évoquant la contestation contre un projet de parc éolien géant. Si le papier mentionne bien que pour les habitant.e.s, il y a le sentiment d’une comédie de « concertation », il omet d’ajouter que celle-ci ne porte pas que sur la « valeur immobilière », mais aussi sur la quasi-irréversibilité des installations…

Les éoliennes divisent les habitants en Trimouillais

Un projet éolien suscite une vive opposition à Coulonges et Thollet. Les deux maires, réélus, mettent en avant les retombées économiques.

Deux nouveaux mâts de mesures devraient être installés la semaine prochaine à Coulonges-les-Hérolles et Thollet par la société EDF Énergies nouvelles, qui étudie la création d’un parc de quinze éoliennes (pouvant être porté à 22), hautes de 150 à 190 mètres. Le permis de construire pourrait être déposé en fin d’année.

Ce projet, lancé début 2013 dans une certaine discrétion, rencontre depuis l’automne une vive opposition. L’association « Vent de Raison » a vu le jour à Coulonges, en lien avec deux autres, à Lussac-les-Eglises (Haute-Vienne) et Tilly (Indre). Aux confins des trois régions, plusieurs projets voisins mais indépendants pourraient former à terme « une forêt » de 70 éoliennes, s’alarme Bocage et Patrimoine (Tilly), qui indique avoir réuni 110 personnes samedi dernier à Coulonges et s’apprête à lancer une pétition.

Concertation en trompe l’oeil ?

Les opposants s’inquiètent de la dégradation du paysage, préjudiciable au tourisme et à la valeur des maisons. Ils dénoncent aussi la méthode : « On nous parle de concertation, mais on voit bien sur le site (1) que le projet est déjà bouclé, déplore Michel Quaquin, président de « Vent de Raison » (70 adhérents), habitant de Coulonges et membre de la commission de suivi. Le village est divisé autour de cette question, l’ambiance s’est dégradée. » Les deux maires ont été réélus il y a un mois dans un climat tendu. Des tracts ont été distribués la veille du premier tour dans les boîtes aux lettres. Ils contestent les arguments : « Les éoliennes seront à 500 mètres des premières maisons. Nous avons été voir des parcs éoliens, il n’y a pas de nuisance », réplique Joël Fruchon, maire de Thollet. « Lorsqu’on vit ici, l’intention première n’est pas de spéculer sur l’immobilier », poursuit Raymond Gallet (Coulonges).

Les éoliennes rapporteront

Ils mettent en avant les bénéfices escomptés pour leurs villages. Pour Thollet (huit éoliennes), les retombées fiscales devraient atteindre 25.000 € par an, presque 10 % du budget communal. A Coulonges, les sept machines devraient rapporter 20.000 €. La communauté de communes du Montmorillonnais percevrait environ 250.000 €, le conseil général 120.000 et la Région 25.000 € Une aubaine dans un contexte morose pour les finances publiques : « Nous avons besoin de ces ressources supplémentaires pour maintenir les services que la population attend dans nos communes, estime Raymond Gallet. Il s’agit d’un projet structurant. Sans cela, le paysage et la qualité de vie que les gens recherchent vont disparaître. » Chaque éolienne rapportera aussi 7.500 € par an aux propriétaires du terrain : « C’est un complément de revenu pour les agriculteurs qui les aidera à se maintenir, de l’argent qui reviendra dans le circuit économique. » Le maire de Coulonges précise que son fils fait partie des propriétaires qui ont signé un bail avec EDF Energies Nouvelles. A ce titre, Raymond Gallet ne prendra pas part aux votes ultérieurs du conseil municipal sur le dossier : « Jusqu’à présent, nous ne savions pas quels terrains seraient retenus. La situation a été évoquée au conseil municipal, il n’y a pas de conflit d’intérêt. ».

(1) Le site d’EDF Énergies nouvelles : www.parc-eolien-de-thollet- coulonges.fr

Sébastien Kerouanton, Nouvelle République, 25 avril 2014

[Montmorillon] PLU enterré, victoire pour les habitant.e.s contre le projet de carrières

NdPN : par leur mobilisation déterminée, plusieurs fois relatée sur ce blog, les habitant.e.s de Montmorillon organisé.e.s en collectif ont fait mordre la poussière au projet de carrières de sable, dans le cadre de la révision du Plan Local d’Urbanisme, désormais annulée. Seule la lutte paie !

sable

Montmorillon : le projet de carrières enterré

Le commissaire enquêteur a émis un avis défavorable à la révision controversée du plan local d’urbanisme, qui ouvrait la voie à des carrières de sable, route de Lathus. Yves Bouloux avait promis lors de la campagne électorale qu’il suivrait l’avis. Il confirme ce soir qu’il renonce à la révision du PLU.

Dépêche Nouvelle République, 16 avril 2014

Mise  jour 18 avril : un article de la Nouvelle République

[Biard – 86] LGV : pauvre Boivre

Depuis un bon moment déjà, sauf le week-end, la promenade le long de la Boivre est devenue impossible entre Poitiers et Vouneuil-sous-Biard. Le chantier de la LGV a transformé ce lieu unique de flânerie bucolique en paysage désertique. Paradoxe : ce qui permettra à quelques riches de voyager un peu plus vite, empêche tous les pauvres n’ayant que leurs jambes ou un vélo de gambader tranquillement en compagnie des espèces végétales et animales qui écoulaient jusque là leurs jours paisibles en ces lieux désormais durablement sinistrés. L’entreprise ayant réalisé la charpente du viaduc de la Boivre porte un nom de winner (ça ne s’invente pas)… Gagne. Pour ses propriétaires et les actionnaires de Vinci, c’est pactole. Pour les amoureux des petits coins de paradis de la Boivre, c’est une fois de plus… la lose.

On a marché sur la Boivre
On a marché sur la Boivre

Juanito, 17 avril 2014

[NDDL] Arvicola Sapidus vs Vinci

Campagnol amphibie

 

NdPN : Vinci et ses copains au gouvernement et à la préfecture ont un nouvel adversaire à Notre-Dame-des-Landes ! Joueur infatigable, se cachant dans les herbes, creusant des terriers à deux issues, l’arvicola sapidus (campagnol amphibie) est menacé d’extinction mais n’a pas dit son dernier mot…

Aéroport Notre-Dame-des-Landes. Le campagnol amphibie crée la surprise

Le conseil national de protection de la nature  a donné un avis défavorable à la demande de dérogation en matière de destruction des espèces protégées.

À Nantes, le préfet de Région doit prendre un arrêté autorisant la destruction de spécimens d’une espèce protégée, le campagnol amphibie, sur le site de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il lui  fallait l’avis du conseil national de protection de la nature (CNPN).

La haute instance consultative du ministère de l’Environnement n’a pas suivi le préfet. La demande du représentant de l’État n’a pas recueilli une seule voix favorable. C’est une surprise.

« Cela ne change rien aux échéances », dit-on à la préfecture. L’avis du CNPN est seulement consultatif. Le préfet a bien l’intention de publier l’arrêté relatif au campagnol amphibie.

Il sera aussitôt attaqué devant le tribunal administratif par les opposants au projet d’aéroport .

« Cet avis négatif du CNPN renforce le point de vue des naturalistes, renvoie à la faiblesse du dossier sur le plan environnemental, et fragilise la position de l’État et de Vinci », estime François de Beaulieu, membre du collectif des naturalistes qui ont bâti l’argumentaire contre la demande du préfet.

Ouest-France, 12 avril 2014