NdPN : ce que La Nouvelle République nous présente là aujourd’hui est déjà une pratique bien connue des anti-autoritaires (magasin gratuit, « free shop »). Il ne s’agit ni plus ni moins que de la vieille proposition anarchiste de socialisation de biens et de services, qui pourrait s’organiser à bien plus vaste ampleur (production, échange et distribution) et échelle (territoires), comme pendant la révolution libertaire espagnole, dans des milliers de collectivités agricoles et industrielles. A condition d’abattre le monopole capitaliste et étatique sur nos conditions de vie, induisant privatisation, exclusion, et destruction des espaces d’expérimentation autogestionnaire. A défaut de cette dimension plus large, ce genre d’événements ne peut que verser dans le caritatif (voir d’ailleurs la fin de l’article), qui a toujours fait office de soupape contre l’injustice sociale et d’étouffoir contre la révolte.
Première » Gratiferia » organisée dans la ville
Je donne des objets, des vêtements ou des meubles, tu prends, c’est gratuit. Une initiative de jeunes en service civique. A découvrir dimanche à Beaulieu.
Les habitants de Poitiers vont enfin bénéficier d’une « Gratiferia » *. Elle prendra forme le dimanche 15 juin, place des Templiers à Beaulieu. Une « gratiferia » ressemble à un vide greniers à la grande différence que les objets, vêtements ou meubles ne sont pas vendus mais donnés. Le slogan des Grafitériens : « Donnez ce que vous voulez (ou rien du tout) ! Repartez avec ce qui vous plaît ! »
> Nettoyage de printemps. A l’initiative de cette première édition en lien avec l’association Unis-Cités, quatorze jeunes en service civique appartenant à la promotion « Rêve et réalise ». Ils élaborent des projets personnels et collectifs. Ils vont donner aux Poitevins l’occasion de faire un nettoyage de printemps dans leurs appartements ou maisons.
> Usés mais utilisables. « Les participants apportent des choses usées mais utilisables lors des permanences que nous mettons en place dans notre local place des Templiers (NDLR : lire par ailleurs) ou le jour même sur le lieu de la Grafiteria », précisent Rhifar Garrigues et Catherine Taïeb, deux organisatrices.
> Au sujet des meubles. Ceux-ci risquant être encombrants, les donateurs sont invités à présenter leurs propositions par téléphone. Elles seront écrites sur un panneau. Les contacts seront communiqués par Unis-Cités aux personnes qui désirent en prendre possession. Les deux parties conviendront d’un rendez-vous.
> Donner aussi du savoir-faire. La démarche va bien au-delà des dons matériels puisque les Poitevins sont invités à apporter leur savoir-faire et à les présenter. Ils peuvent aussi prêter main-forte aux organisateurs. Des associations ont annoncé leur venue, par exemple « Les incroyables comestibles ». Des ateliers permettront au public de s’initier à diverses pratiques dont la fabrication de papier.
> Des médiateurs à la rescousse. Les jeunes seront là pour recevoir les dons, les trier par catégorie, les disposer sur les tables et accompagner les visiteurs néophytes en matière de Gratiferia. Une gratuité à cette échelle en perturbe plus d’un.
* Gratiferia signifie en espagnol foire gratuite. Le concept a été imaginé en 2010 par un jeune Argentin. Il gagne de plus en plus de terrain (site internet : www.greenetvert.fr).
en savoir plus
Ce qui reste ne sera pas perdu
Si ce qui a été donné n’a pas trouvé preneur à la fin de la journée, des associations (Croix-Rouge, Secours catholique, Secours populaire…) et les Compagnons d’Emmaüs pourront venir les récupérer. Pour Vincent de Rocher, coordonnateur du groupe de jeunes « Rêve et réalise », la gratuité de la manifestation qui est ponctuelle n’a pas de répercussion sur l’activité d’Emmaüs. « Nous avons un but commun, c’est aider les gens », remarque Catherine Taïeb.
pratique
> Gratiferia. Dimanche 15 juin, de 10 h à 17 h sur le parking de la place des Templiers, quartier de Beaulieu.
> Dépôts des objets. Les lundis (sauf jours fériés) de 10 h à 17 h et les mercredis de 14 h à 16 h au 43 place des Templiers. Pour les encombrants, prévenir avant par téléphone ou par mail.
> Proposition de services. Les mêmes jours et sur le même lieu ou par téléphone ou par mail.
> Contacts. Vincent de Rocher, tél. 06.69.24.66.53
ou vderocher@ unicite.fr www.uniscite.fr
Marie-Catherine Bernard, Nouvelle République, 2 juin 2014