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[FA] Tournée de meetings sur l’autogestion du 11 au 17 mars

Tournée de meetings sur l’autogestion du 11 au 17 mars

La Fédération Anarchiste organise début mars une tournée sur la diversité des réponses autogestionnaires à la crise. Dans le prolongement de la mobilisation pour l’autogestion en mai 2011, et de la Foire à l’Autogestion de juin 2012, nous souhaitons apporter notre contribution à la popularisation des idées et pratiques autogestionnaires. Cette semaine autogestionnaire s’ouvrira par une projection-débat le lundi 11 mars au Chiendent à Orléans autour du thème « L’autogestion, une idée qui a fait le tour du monde ». On débattra autour du thème « L’autogestion, une réponse à la crise ?  » le mercredi 13 mars au Biblio-café à Poitiers, puis le jeudi 14 mars à la pizzeria Belfort à Toulouse. Le Centre Ascaso-Durruti à Montpellier nous accueillera le vendredi 15 mars pour un repas convivial suivi d’un débat autour du thème « Quelle économie libertaire ? ». Le samedi donnera lieu à deux projections-débats à Lyon et à Laon. La semaine se conclura par un après-midi de débat ouvert à Merlieux le dimanche 17 mars autour de la diversité des pratiques autogestionnaires actuelles.

FACE A LA CRISE, NI AUSTERITE NI AUTORITE : AUTOGESTION !

La crise, c’est quoi ?

La crise actuelle trouve son origine dans un mécanisme de spéculations en chaîne, les subprimes. Il est néanmoins important de comprendre que cette crise n’est pas conjoncturelle mais structurelle : c’est le système lui-même qui déraille. Le capitalisme est un système instable, traversé par des contradictions engendrant des crises. C’est ainsi lui qui a créé la dette, car il est basé de manière structurelle sur la spéculation. Le capitalisme entre en crise quand il atteint un nouveau stade de développement, et précisément depuis plusieurs décennies, une financiarisation accrue. C’est-à-dire encore plus de place pour la finance, et encore moins pour la production réelle (faute de rentabilité suffisante dans la sphère productive depuis les années 1970). En ce sens, le capitalisme c’est la crise.

La crise, c’est seulement économique ?

La crise n’est pas seulement économique, elle est aussi politique. Elle démontre chaque jour un peu plus l’incapacité des Etats à apporter des réponses. Les Etats sont dépendants du capital qui leur fournit des moyens d’entretenir leur force, leurs polices, leurs armées : les Etats eux-mêmes sont endettés. En retour, le capitalisme a besoin de la protection de l’Etat, qui lui fournit des infrastructures (c’est ainsi que nous avons vu les Etats venir au service des banques ou imposer de grands travaux) mais aussi les forces de répression, l’appareil judiciaire et les politiques monétaires ad hoc. Etat et capitalisme sont les deux faces d’une même pièce. Le système se mord la queue. La crise est aussi une crise des Etats. Ou pour le dire autrement : le capitalisme est une politique.

Quelles réponses face à la crise ?

Dans la mesure où la crise est structurelle, ce n’est pas un phénomène éphémère. La crise va s’approfondir. Etats et capitalistes veulent nous faire payer leur crise. Ils cherchent à imposer l’austérité aux populations. Cette logique est suicidaire et antisociale : elle ne résout pas le problème et en fait porter la charge sur les plus pauvres. D’autres arrivent avec des réponses toutes faites : face à la crise, il faut un Etat Fort. Ces solutions-là (protectionnisme, nationalisation) se battent pour revenir au capitalisme à la papa, au patron bon père de famille, à la réindustrialisation. Mais elles ne proposent aucune perspective face aux tendances actuelles, elles se bornent à vouloir revenir en arrière.

Face à la crise, ni austérité, ni autorité : autogestion !

Comme la crise est à la fois économique et politique, nous devons construire des réponses qui prennent en compte ce double aspect. Au plan économique, nous pouvons préparer et proposer des réponses sur le mode de l’auto-organisation : n’attendons pas que les réponses
tombent d’en haut ! Au plan politique, ces réseaux de solidarité concrète nous donneront la légitimité pour critiquer les réponses étatiques, mais aussi dénoncer l’usage de la crise comme figure idéologique et levier pour faire passer des politiques d’austérité.

L’autogestion, c’est quoi ?

Cela signifie « gérer soi-même ». Autogérer, cela veut donc dire s’organiser pour que ce ne soit pas un chef qui décide pour les autres. Cela veut donc dire décider ensemble, entre individus égaux. Mais décider de quoi ? Et bien décider de ce que l’on fabrique, par exemple, de comment on va le fabriquer, le diffuser, dans quel but, de quelles façons, etc. Le principe est que puisque c’est nous qui consommons, puisque c’est nous qui produisons, alors c’est à nous de décider ! Au-delà, cette reprise en main implique une remise en question radicale de la production et de la consommation. Le projet anarchiste s’appuie sur ce principe, mais n’est pas un programme politique « clé en main » : il faut s’en saisir, le faire évoluer, l’adapter, le perfectionner.

Dès maintenant, on fait quoi ?

On peut faire plein de choses ! Tout d’abord, ne plus accepter de subir le pouvoir, quel qu’il soit. Refuser de l’exercer pour commencer. L’autogestion, ça s’apprend : on nous a toujours appris à subir les décisions des chefs, de dirigeant-e-s, il faut changer nos habitudes ! On peut aussi soutenir les projets autogérés qui existent déjà : certaines entreprises fonctionnent déjà de cette manière. Mais c’est aussi le cas d’associations, de collectifs, de groupements plus ou moins formels (certaines AMAP ou coopératives ouvrières de production). Pour faire face à la crise, on peut déjà tisser des réseaux de solidarité concrète : des bouffes collectives, des mutuelles de fraudeurs-ses, des collectifs de mal-logé-e-s… On peut utiliser l’autogestion comme moyen de lutte face à une boîte qui licencie ou un service public qu’on supprime. On peut aussi impulser nous-mêmes de nouveaux projets, de nouvelles réalisations qui appliquent l’autogestion dans tous les domaines : clubs de sport, habitat, transports, éducation, etc.

Mais après, quelle perspective ?

Le système actuel n’est pas à sauver : il nous faut construire une réelle alternative. Ici et maintenant, en nous basant sur la solidarité, l’entraide. Ici et maintenant ne signifie pas que nous abandonnons la perspective révolutionnaire, à la manière de ceux qui ont récupéré le terme « autogestion » pour pousser les travailleurs-ses à participer à leur propre exploitation. Au contraire, les anarchistes portent la perspective d’un changement radical de société : l’autogestion généralisée pourrait permettre à la fois la réappropriation des moyens de production et la participation directe aux décisions concernant ce que nous produisons, et plus largement notre manière
de vivre. Ici et maintenant signifie donc simplement qu’il est possible de commencer à avancer dans ce sens sans attendre, en diffusant les idées et les pratiques autogestionnaires, en construisant nos projets, nos organisations et nos luttes de manière égalitaire et libertaire.

Faisons leur payer leur crise !

Fédération Anarchiste, 6 mars 2013

Le Monde Libertaire n°1698 (du 7 au 13 Mars 2013)

NdPN : le ML 1698 est en kiosques aujourd’hui. Vous pouvez aussi nous le demander par mail à prix libre. Nous en déposerons un exemplaire en libre consultation au Biblio-Café de Poitiers (rue de la Cathédrale), où nous animerons une conférence-débat avec des mandatés de la Fédération Anarchiste (voir l’affiche à la fin de ce sujet), mercredi 13 mars. Trois articles, dont un de Maurise Rajsfus, sont d’ores et déjà consultables : voir liens web dans le sommaire qui suit. Bonne lecture !

Le Monde Libertaire n°1698 (du 7 au 13 Mars 2013)

ml 1698

«L’ennui dans ce monde, c’est que les idiots sont sûrs d’eux et les genssensés pleins de doutes.» – Bertrand Russell

Sommaire du Monde Libertaire n° 1698

Actualité

Appel de la CSFA, page 3

Des réponses comme s’il en pleuvait, page 4

Good bye Goodyear, par S. Pillias, page 5

La Météo syndicale de J.-P. Germain, page 6

Chez PSA, suite et fin, par S. Larios, page 7

La Chronique néphrétique de Rodkol, page 8

La foire du drone, par Pavillon noir, page 9

Communiqué crise économique, page 9

Arguments

Peut-on tout vendre ? par N. Potkine, page 10

Traîtrise socialiste (pléonasme), par M. Rajsfus, page 11

International

Les anars sud-américains, par N. Méndez, page 14

Expressions

La Berlinale sans Heike, par M. Topé, page 17

Rébellion en Cochinchine, par F. Gomez, page 19

Mouvement

Vie du Mouvement, page 22

Les sorties anars, page 23

Illustrations

Aurelio, Babouse, Kalem, Krokaga, Jhano, Lardon, Nemo

Editorial

Gratuit, gratuit, la peste soit des pubs racoleuses et de leurs titatas obscènes. Le site de « Là-bas si j’y suis » s’en émeut et pose la question qui fâche : « C’est vrai ça, qui paie quand c’est gratuit ? Google c’est gratuit, le journal c’est gratuit, rouler sur une route c’est gratuit, mais qui paie les routes, le journal, Google ? » Gratuites, les routes ? Nos impôts les casquent. Gratuit, le Web ? Encore une entourloupe : gabegie de métaux rares, recyclage hors de prix, milliards de kWh brûlés par les serveurs et les ordinateurs, drôle de gratuité ! Le Littré en ligne définit ainsi le mot gratuit : « Qu’on donne pour rien […] école gratuite, école où l’enseignement est gratuit. » Même le Littré se plante car si l’on peut à la rigueur parler de méchanceté gratuite, voire de crime gratuit, rien n’est moins « donné pour rien » que l’éducation, un des budgets les plus lourds dans la plupart des pays riches ou émergents. Faudrait pas confondre le droit à certains services nécessaires comme l’éducation, la santé, le logement financés à grand peine par les impôts, et certaines libéralités intéressées uniquement destinées à « libérer des parts de cerveau » des gogos et à les gaver sous hypnose de gadgets nullissimes. Dans les deux cas, pas plus de gratuit que de beurre en branche ! Économie de marché et appât du gain s’y entendent pour masquer aux foules crédules que le travail et le prix de toute chose sont incontournables (même en société anarchiste) et s’échinent à imposer par des flatteries mercantiles, par la « pédagogie » ou la force, les idées clés du capitalisme mondialisé : baisse des salaires, délocalisations, suppression du Code du travail, casse du service public, ce « ringard » et insupportable garant d’une vie moins indécente en démocratie représentative. La richesse aux riches et les mirages de la gratuité aux autres. Ça ferait rire si ce n’était tragique, « le rire n’est jamais gratuit, l’homme donne à pleurer, mais il prête à rire », comme disait Pierre Desproges.

Agenda du Monde Libertaire

Mercredi 13 mars

Poitiers (86), 20h30. Débat autour du thème: quelle réponse autogestionnaire à la crise ? Dans le cadre de la tournée fédérale Crise et autogestion. Au Biblio-café, 71, rue de la Cathédrale.

affiche tournee autogestion poitiers

[Poitiers] Manifestation ce mardi 5 mars contre les accords « compétitivité emploi »

Nos vies ne leur appartiennent pas !

CGT, FO, FSU et Solidaires manifesteront ensemble ce mardi 5 février contre les accords « compétitivité et sécurisation de l’emploi ».

Le groupe Pavillon Noir (Fédération Anarchiste 86), qui a déjà dénoncé sur ce blog ces accords inacceptablesappelle à soutenir cette journée de grève, d’actions et de manifestations, et propose de se joindre à la manif avec un cortège anti-autoritaire.

Amenez vos drapeaux noirs, vos slogans, vos chansonnettes et toutes vos bonnes idées, et rendez-vous à Poitiers, promenade des cours (pont Saint-Cyprien), ce mardi 5 mars à 14 heures !

Pavillon Noir, 3 mars 2013

NdPN : voir ici le tract de la coordination syndicale de la Fédération Anarchiste, qui sera diffusé durant la manif.

Selon le MNLA, l’armée malienne commettrait des exactions

Exactions de l’armée malienne dans le cadre de l’opération Serval

Des infos sur les exactions commises par l’armée malienne lors de la reconquête du Nord du Pays. Trouvé sur Toumast press (http://www.toumastpress.com/), site touareg proche du MNLA, indépendantiste et laïque.

Depuis le début de l’opération serval dans l’Azawad, le MNLA n’a cessé d’interpeller au respect des droits des populations civiles face à l’esprit de vengeance animant les militaires maliens et des élus locaux de retour d’exil à Tombouctou et Gao. Les « revenants » essaient de galvaniser l’esprit de vengeance des populations locales. Le Mouvement National de Libération de L’Azawad rappelle à l’opinion Nationale et Internationale qu’il reste toujours attaché aux principes du droit international en matière de protection des populations civiles.

A Sokolo, au cours de la semaine du 22 au 27 octobre 2012: huit (08) éleveurs Touaregs ont été enlevés et exécutés dans un campement non loin de Diabali dans la région de Ségou et exactions contre d’autres nomades dans un campement entre Sokolo et Nara en milieu de semaine. On nous a parlé de militaires qui entrent dans le campement, et qui repartent avec des hommes mais aussi des véhicules et des moutons, nombreux à la veille de la fête de la Tabaski. C’est cette caserne de Diabali qui était déjà montrée du doigt dans le massacre des seize prédicateurs musulmans le mois dernier. Les inquiétudes du Secrétaire General de l’ONU Ban Ki moon au mercredi 28 novembre, s’est dit préoccupé par les risques d’une intervention militaire au Mali, et a demandé au conseil de s’assurer que cette force africaine respectera les droits de l’homme avant de donner son feu vert à sa mise en place, les soucis du secrétaire General de l’ONU s’avèrent de nos jours une réalité.

En ce début d’année 2013, lors d’une conférence de presse donnée le mardi 22 janvier, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a salué l’intervention « courageuse » de la France au Mali. Ban Ki-moon reprend encore sa mise en garde à plusieurs reprises contre les risques humanitaires de cette intervention. Pourtant, la résolution 2085 des Nations unies prévoit un processus politique. Celui-ci devrait permettre des négociations avec les mouvements qui ont rompu tout lien avec les organisations terroristes ; le MNLA à toujours pris ses distances de ces groupes et a refusé toute compromission avec eux.

Malgré l’appel à la retenu de l’ONU et des ONG, les Autorités Maliennes ont fermé les yeux sur ces crimes très préoccupants.

REGION DE MOPTI

Humain Rights Watch rapporte:

  • Human Rights Watch déclarait le 1er février 2013 : « Les forces du gouvernement malien ont exécuté sommairement au moins 13 partisans présumés des islamistes et ont fait disparaître de force cinq autres hommes dans la ville-garnison de Sévaré et à Konna au mois de janvier 2013, a déclaré. Des groupes armés islamistes à Konna ont exécuté au moins sept soldats maliens, dont cinq étaient blessés, et ont utilisé des enfants comme soldats dans les combats.
  • Selon les Temoignage de proches et de voisins recueillis par Human Right Watch Un autre témoin a raconté que le 22 janvier, des soldats maliens ont emmené un responsable religieux bien connu du village de Gnimi-Gnama alors qu’il se préparait pour la prière. Cinq jours plus tard, son corps boursouflé a été découvert à un kilomètre de là. Entre le 9 et le 18 janvier à Sévaré, Konna et dans les villages environnants, des soldats maliens auraient aussi fait disparaître de force cinq hommes, des Peuls pour l’essentiel.

Amnesty International a recueilli plusieurs témoignages indiquant que des membres de l’armée malienne ont commis des exécutions extrajudiciaires et des disparitions forcées les 10 et 11 janvier. Plus de 20 civils auraient été arrêtés dans la rue ou devant la gare routière à Sevaré. Des corps ont été jetés dans un puits dans le quartier de Waïludé. La Federation International des Droits de l’Homme a alerté la communauté internationale de cette situation appelant les acteurs concernés à réagir pour éviter de plus amples actes de représailles et de graves tensions intercommunautaires. Répondant à ces informations, le ministre français de la Défense a appelé l’encadrement de l’armée malienne à être « extrêmement vigilant » envers les risques d’exactions. « L’armée doit être irréprochable et il ne saurait être question pour nous de cautionner des actes que nous reprochons aux terroristes », a par ailleurs déclaré le gouvernement malien dans un communiqué, tout cela restera lettre morte.

Les vengeances tant annoncées avant le début l’opération serval s’ensuivent et s’enchainent à la connaissance de l’opinion publique Nationale et Internationale, sans qu’aucun auteur ne soit arrêté. Ces deux derniers mois furent ceux de la fureur d’une armée, n’ayant pas pu digérer sa défaite dans l’Azawad, s’en prend à des civiles désarmés et loin de tout secours pour assouvir sa haine. Les exactions sommaires et extra judiciaire se suivent devant le regard désabusé d’une opinion Internationale qui hésite à clamer haut et fort son indignation devant ces horreurs.

Selon le correspondant de Russia Today Gonzalo Wanchad:

  • Au sujet du nombre de victimes, le correspondant de Russia Today cite en exemple le cas précis d’un des 25 villages qui composent la localité malienne de Konna : « Le bilan final de la libération est en tout cas déplorable. Selon notre enquête, l’armée de l’air française a fait seulement deux morts parmi les rebelles. Mais, c’est la population qui a payé la facture la plus lourde : 14 civils ont trouvé la mort sous les bombes françaises », rapporte le correspondant de Russia Today (Voir la vidéo).
  • « Au moment du bombardement, je n’étais pas chez moi. J’étais en train de prier quand on est venu me dire que ma famille avait été bombardée. Ils ont détruit tout que j’avais : ma famille et mes moyens de subsistance », a dénoncé devant la caméra de Russia Today, Idriss Méïga, un paysan de Konna dont la femme et les 3 enfants (âgés de 11, 10 et 6 ans) ont été tués dans un des raids aériens français.
  • Abdoul Kappo explique pour sa part que sa famille a dû prendre en charge les 3 enfants d’une mère tuée dans les bombardements. « Les petits sont arrivés en courant et nous ont dit que leur mère avait été tuée. Je les ai accueilli chez moi. Leur mère est morte après avoir agonisé pendant une heure. Elle nous a laissé les 3 petits. Maintenant, ils n’ont que nous », explique Abdoul Kampo

Olivier Herviaux journaliste du monde rapporte:

  • Dans la région de Niono, d’autres témoignages font état d’exactions menées par l’armée malienne. C’est le cas de deux cousins, Aboubakrim Ag Mohamed, un marabout et cultivateur âgé de 37 ans, et Samba Ag Ibrahim, un berger âgé de 50 ans, tués à Ceribala, à 40 km de Niono le vendredi 18 janvier 2013.
  • Kona: (05) cinq civils, dont une mère et ses trois jeunes enfants, ont été tués lors de la contre-offensive menée par les troupes française et malienne.

Un témoignage édifiant de Hadija Minetou sur Bellerama

« Traduction: Elle est arrivée au camp des refugiés de M’bera à l’est de la Mauritanie. Elle s’est réfugiée en recherchant une sécurité tout en laissant derrière elle deux de ces enfants dans sa ville suite au déclanchement de la guerre. Menatou a eu tout dernièrement des informations confirmant que des traitres se sont pris à ces fils. La chaine Sahel a eu cet entretien avec elle: C’était un débat extrêmement émouvant, elle se souvenait avec tristesse de ses deux enfants et un frère qu’elle avait laissé dans la région de Mopti après avoir été obligée de les quitter et perdre leurs nouvelles et elle vient d’apprendre qu’ils ont été sauvagement tués. Elle pleurait en disant ceci : Nous appartenons à Dieu et vers Lui que je retournerai, Je vous jure qu’ils ont été tous tues. Cette vieille n’a pas pu dormir depuis qu’elle avait perdu les nouvelles de ses fils et de son frère. Elle vit des moments extrêmement difficiles, à tout moment qu’elle veut discuter, elle se rappelle que la guerre est entrée dans la phase du nettoyage ethnique et se demande : comment sauver les innocents civils de cette tragédie. Voici l’histoire d’Aminatou, une veuve refugiée, qui a fait 10 jours de route entre Mopti et Toumbouctou en bravant les difficultés et surtout traumatisée par le chagrin d’avoir été contrainte d’abandonner ses enfants et son frère dont les bourreaux n’urent aucune pitié !!!!! Qui peut lui venir en aide? ».

REGION DE TINBOUCTOU

Les informations recoupées à travers nos enquêtes, auprès des témoins et des membres des familles des victimes font état d’une chasse aux « Touaregs ». La reprise de Tombouctou et Gao par les armées Françaises et Maliennes appuyées par les Nigériens ont été suivies de pillage, de vols, et de vandalisme contre les habitants et leurs biens.

Ont été exécutés:

A Tinbouctou:

  • Le 06 Février 2012 à Tombouctou, Mohamed Ag Mohamed Ousmane Ag Hama Ag Ihalissane dit Wagui, homme âgé de 65 ans et père de 11 enfants (06 garçons et 05 filles), a été arrêté par des éléments de l’armée malienne sous le Commandement du Colonel Sangaré et du Capitaine Konate, et exécuter sommairement
  • Mohamed Lamin Ould Hamoudi, Directeur de la Medersa Nour El Moubine
  • Mohamed Ould Tijani et d’autres corps non encore identifiés, tué par l’armée malienne et sa milice Gandakoy.
  • Dans la même ville de Tombouctou, fût découvert une fosse commune non loin de l’hôtel Azalai avec des corps dont certains identifiés et certains non –identifié.

L’une des dernières exactions commises contre les civils Touareg et Arabe date du 14/02/2012 à Tombouctou. Dans des circonstances qui restent encore à déterminer (aucun observateur indépendant n’est sur place), l’armée malienne a arrêté Eljimite Ag Khaked (56 ans) et son fils Biga Ag Eljimite (19 ans). Peu après, les corps des deux victimes ont été retrouvés en dehors de la ville.

A Douenza: Ould Douchy A Ber: Mohamed Ibrahim Ag Hama connues sous le nom de Daha A Gossi, le 10 Février 2012, l’imam Mohamed Issouf Ag Attayoub et une autre personne dont on n’arrive pas à avoir le nom. A Léré: le 15 janvier 2012 par l’armée malienne :

1-Moctar AG BARHA 2-Oumar AG AYAYE 3-Ibrahim AG MOSSA 4-Ibrahim AG HALAY 5-Mohamed Balla AG INTAMALOU 6-Houmaydi AG INTAHANA 7-ABDALLAH AG MATTA 8-Mohamed AG SOUKA 9-Iskaw AG ALKHER 10-Amaha AG ELMAHDI

Dans la ville de Gossi et environs l’armée malienne est pointée du doigt par les rapporteurs et témoins. Le nombre de personnes portées disparues, est estimé à plus de 32 selon les témoins qui ont assistées à leur arrestation le jour de la foire de la ville de Gossi. Parmi eux des enfants, des vielles personnes. L’essentiel est d’ètre de « peau rouge » comme disent les militaires et leurs guides. Les 11 qui sont communiqué parmi les 32 sont des fois des identités exactes de ces personnes ou des pseudonymes selon les rapporteurs. Ils auraient été exécutés à quelques kilomètres de la ville, le long d’une marre connue sous le nom de « Ebang I Mallane ».

REGION DE GAO

Dans la région de GAO précisément la localité de Tagarangabote (cercle d’Ansongo, site des derniers affrontements entre MNLA et MUJAO), l’armée malienne a interpellé toute la population au niveau d’un point d’eau et 22 motos ont été retirées de leurs propriétaires et brulées. Un homme a été dépossédé de sa voiture 4/4 et de son téléphone satellitaire puis trainé de force à Ansongo. Dans la ville de Gao eurent lieu des exactions et des exécutions sommaires. Nous informons que dans chacune des villes et villages cités ci-contre, des fouilles systématiques des domiciles ont eu lieu avec la confiscation des biens des personnes et le saccage du peu qui restait entre les mains des familles.

Personnes portés disparu :

  • A Gossi:

1.Alkhalifa Haidara, 2.Bada lamina Ould Taher, 3.Checkou Kounta, 4.Ahmed Ould Bakaye, 5.Med Aly; 6.Aboubacrine Ag Ayouba (14 ans), 7.Bachir Ould Hammar, 8. Fassil kountam, 9.Aghaly Ag Sidi, 10.Abdourazack Ould Yahia, 11.Mohamed Ag Issouf,

  • A Toya: Med Ag Atiyoub, et son frère Abdallah Ag Attiyoub
  • A Boni: Oumar Ag Koukou
  • A Nara: Sergent de la Garde Nationale chef Arby ould Chaibani
  • A Kati: Sergent Wani Ould Oumar
  • A Tinbouctou: (Jeudi 14 Fevrier) Aly Ould Khabadi, commerçant au quartier Abaradjou
  • A Tinbouctou: Akassam Ag Himna

Des exécutions sommaires eurent lieu avec des précisions de noms et toutes les données n’ont pas pu être trouvées à cause de la pression sur les civils et la chasse aux personnes de « peau claire ». Nous informons que dans chacune des villes et villages cités ci-contre, des fouilles systématiques des domiciles ont eu lieu avec la confiscation des biens des personnes et le saccage des familles. Le MNLA se dit préoccupé par l’impunité des crimes contre les populations civiles de l’Azawad et cela durant tous les conflits (1963 à 2012) avec le Mali, et dont les auteurs restent toujours et dans l’appareil politique et militaire malien, et ne font l’objet d’aucune poursuite judiciaire.

Comme l’annonçait Monsieur Hama Ag Mahmoud, membre du MNLA en octobre 2012, Bamako doit réagir vite, très vite et prendre des mesures claires : « Il faut qu’on donne la preuve qu’il y a un gouvernement, qui surveille le territoire. Nous attendons une enquête et des mesures surtout. Des preuves de sanctions prises. Pas des sanctions militaires mais des sanctions pénales ».

Le MNLA se dit préoccupé par l’impunité des crimes contre les populations civiles de l’Azawad et cela durant tous les conflits (1963 à 2012) avec le Mali, et dont les auteurs restent toujours et dans l’appareil politique et militaire malien, et ne font l’objet d’aucune poursuite judiciaire.

Le Droit International humanitaire, ou droit de la guerre, s’applique à tous les Camps du conflit armé au Mali. Le droit applicable inclut l’article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949, le protocole II des Conventions et le droit de la guerre coutumier. L’article 3 commun et le protocole II interdisent spécifiquement le meurtre de combattants capturés et de civils en détention. Les individus qui commettent délibérément de graves violations du droit de la guerre peuvent faire l’objet de poursuites pour crimes de guerre. A cet effet le MNLA, interpelle les juridictions Nationales et Internationales pour que lumière soit faite sur le Mali et que les auteurs (civils et militaires) des massacres successifs ayant endeuillés le peuple de l’Azawad soient mis aux arrêts et traduits devant les Juridictions Internationales notamment la Cour Pénale Internationale, ayant ouvert une enquête sur la situation au Mali. Vu toutes nos mises en gardes qui sont restées sans suite malheureusement, vu le génocide des années 1990, l’ouverture d’un Tribunal spéciale pour le Mali serait une nécessité absolue pour faire la lumière sur toutes exactions qui ont eu lieu de 1963 à ce jour. Le MNLA rappelle que les crimes de guerre commis par n’importe quel belligérant doivent être pris en compte et punis en vertu de la Convention de Genève de 1949.

Moussa Ag Acharatoumane Chargé des droits de l’homme au sein du CTEA

Vu sur Sous la cendre, 20 février 2013

***

NON à la guerre française au Mali !

Rassemblement jeudi 21 février à 18h place de la mairie à Rennes

Depuis plus de trois semaines, l’Etat français mène la guerre au Mali. La France, pompier pyromane, prétend pouvoir éteindre une situation qu’elle a largement crée. La société malienne a été laminée par des années de plans d’ajustement structurel imposés par le FMI pour le remboursement de la dette malienne, pour lequel la France est directement intéressée. C’est encore l’Etat français qui, par le biais de la CEDEAO dirigée par Monsieur Ouattara- dont on sait à quel point il doit beaucoup à l’armée française dans son accession au pouvoir en côte d’Ivoire en 2011- a alimenté le chaos politique au Mali, en représailles de la destitution en Avril 2012 de la présidence corrompue d’Amadou Toumani Touré que la France soutenait. Et privant aussi l’armée malienne de ses moyens logistiques.

Une forte partie de la population malienne et nombre de travailleurs maliens immigrés en France ont été soulagés par l’intervention de l’armée française face à l’oppression du fanatisme religieux au nord Mali. Mais l’armée française n’est en rien intervenue pour protéger la population mais pour ses intérêts impérialistes.

Ce ne sont pas des raisons humanitaires qui motivent la guerre française au Mali, mais des intérêts impérialistes, dans la plus pure tradition des agissements de la France Afrique. Comme un aveu, cette guerre permet à la France d’envoyer des troupes militaires pour sécuriser les mines d’uranium d’Areva Au Niger.

Cette mise en coupe réglée par les trusts français va de pair avec le maintien de gouvernements et d’appareils d’État alliés de l’impérialisme français et pour cela corrompus, plus soucieux de s’enrichir sur le dos de la population que de la défendre. On l’a vu au Mali où, lorsque les djihadistes sont arrivés, l’armée malienne a détalé sans demander son reste en leur livrant la population.

Aujourd’hui, alors que l’armée malienne reprend le terrain sur les traces de l’armée française, on apprend déjà qu’elle se livre à un certain nombre d’actions de représailles contre une partie de la population, en l’accusant d’avoir été complice des islamistes. Au point qu’on peut déjà se demander quelles nouvelles catastrophes, quels nouveaux massacres se préparent avec la reconquête du Nord-Mali par l’armée française et par les armées de pays africains dont aucune n’est réputée pour son respect des populations. Et c’est vrai bien sûr y compris de l’armée française. Que l’on se souvienne de son rôle au Rwanda !

Pour marquer notre solidarité avec le peuple malien, à travers toutes ses communautés, pour dénoncer une guerre impérialiste, qui comme toutes les précédentes – Irak, Afghanistan, Somalie…- n’alimenteront que le chaos, la guerre civile et ne renforceront que les extrémistes religieux :

Rassemblement jeudi 21 février à 18h

place de la mairie à Rennes

Premiers signataires :

Alternative Libertaire, Breizhistance-IS, Jeunes Communistes, Lutte Ouvrière, Nouveau Parti Anticapitaliste

Vu sur Rennes Info, 20 février 2013

[Notre-Dame-des-Landes] Sème ta ZAD ! Appel à occupations agricoles sur la ZAD

[Notre-Dame-des-Landes] Sème ta ZAD ! Appel à occupations agricoles sur la ZAD

Appel à occupations agricoles sur la ZAD

Sème ta ZAD

Après plus de 40 ans de combat contre l’aéroport et plus de 3 ans d’occupation sur le terrain, nous paysan.e.s en lutte, habitant.e.s qui résistent, compagnon.e.s venu.e.s de toute la planète… avons préservé les terres de la ZAD du saccage aveugle et de l’urbanisation stérile. Plusieurs générations de paysan.e.s ont façonné le bocage et l’histoire autour de Notre Dame des Landes. À travers les combats syndicaux des travailleurs et travailleuses paysan.e.s, jusqu’à la bataille contre l’aéroport, l’esprit de résistance s’est transmis dans cette région. Pourtant sous la pression de l’État, certain.e.s habitant.e.s et exploitant.e.s agricoles ont été contraint.e.s de céder leurs terres à Vinci. Actuellement 250 ha sont libres.

Ensemble nous garderons ces terres et nous continuerons à les cultiver collectivement !

Nous sommes déjà nombreu.x.ses à nous organiser sous diverses formes collectives, mais il reste de la place pour d’autres projets. Nous invitons les paysan.e.s sans terre de tous horizons à nous rejoindre sur la ZAD. Pour que les cultures puissent commencer au printemps, nous vous proposons de réfléchir dès maintenant à ces installations de long terme. En respectant cette terre d’accueil venez vous installer avec vos envies, vos outils et votre « cabane de jardin », c’est réellement un des meilleurs moyens de lutter.

Voici quelques idées de projets agricoles qui pourraient s’implanter ici : Reforestation – Arboriculture – Maraîchage – Agroécologie – Permaculture – Productions de Légumineuses et de Céréales – Boulange – Brasserie – Plantation de Fleurs et de plantes médicinales – Élevage de consciences – Apiculture – Traction Animale … Culture et élevage de variétés et de populations en voie de disparition… Cette zone d’autonomie aura également besoin de compétences artisanales : Travail du bois, de la forge, de la poterie, du textile et de compétences dans les énergies renouvelables.

Pour préparer votre installation collectivement, informez-vous sur zad.nadir.org/semetazad ou contactez nous.

Nous luttons ici contre un projet d’aéroport polluant mais plus largement contre le pillage de la Terre et la privatisation du vivant. Par nos modes de vie et nos actions, nous sommes aussi concrètement en lutte contre les pratiques de l’agriculture productiviste sous perfusion européenne, qui gave les animaux et les humains : d’ogm, d’engrais, de pesticides, de produits chimiques… Nous luttons contre la contamination des sols, des eaux, du monde vivant, de l’atmosphère, contre le bouleversement climatique… contre la destruction de l’agriculture vivrière partout dans le monde, qui fragilise les sociétés humaines et entraîne des famines, contre les lobbys agro-alimentaires qui contraignent les agricultrices et agriculteurs à l’endettement, à la production normalisée, à la course au rendement et l’ensemble de l’humanité à une insensée dépendance au pétrole pour se nourrir. La résistance au cataclysme capitaliste passe par l’indépendance alimentaire locale. Nous sommes nombreu.x-ses à défendre cette terre pour qu’elle ne soit pas dévastée et nous continuerons à la défendre pour qu’elle ne redevienne pas un produit marchand pollué. Nous voulons que l’eau, la terre, se loger, se nourrir sainement, soient accessibles et gratuits pour toutes et tous. Nous invitons les personnes engagées dans ces combats, à créer des agri-collectifs autonomes et solidaires sur la ZAD, pour que nous développions ensemble, progressivement, notre autonomie alimentaire et notre diversité culturelle. C’est la multitude des cultures, des expériences de vie et de lutte qui font la richesse de la ZAD. Montrons aux parasites politiques que la croissance fertile est ici. Pour que cette énergie vitale s’épanouisse, nous continuerons à nous enraciner ici et à polliniser le reste de la Terre.

Le 13 Avril 2013, en relation avec la journée mondiale des luttes paysannes, nous appelons toutes les personnes qui soutiennent notre mouvement à participer à une grande manifestation de mise en culture des terres de la ZAD

« L’Assemblée Paysanne Sème Ta ZAD »

 

Suite de l’Appel

« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

Déclaration des droits de l’homme et de la femme du 24 juin 1793 – Article 35

Nous n’avons pas choisi de nous insurger par plaisir, ni par haine, mais parce que l’humanité n’a plus d’autre choix que de changer de comportement pour assurer sa survie. Nous sommes à un tournant de l’histoire de la vie sur Terre. En moins de deux siècles l’hyperactivité humaine a mis en péril 3,5 millions d’années d’évolution de la vie. Nous sommes, en ce moment même, responsables de la 6e extinction de masse des espèces vivantes. C’est pourquoi sur la ZAD et ailleurs, nous préparons le terrain pour que 7 – 8 – 9 – 10 … milliards d’êtres humains puissent atterrir, vivre libres, égaux, et en harmonie avec le reste du vivant. Il y a urgence et nous invitons les personnes qui nous entendent à s’organiser localement pour que l’activité humaine puisse avoir un impact bénéfique et non pas bénéficiaire sur son environnement.

Il fut un temps où les droits de l’homme, de la femme et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, étaient des revendications portées par un courant politique nommé socialisme… Il serait temps que celles et ceux qui se réclament de cette idéologie se questionnent sur les raisons de leur usurpation historique et les conséquences de leurs actes sur l’humanité et sur la planète. Nous observons depuis longtemps le monde autour de nous, que ce soit sur le plan politique, social, économique, environnemental… le modèle de développement qui nous est imposé, démontre chaque jour qu’il est en perdition. Nous n’attendons plus rien des promesses de ce pouvoir hégémonique archaïque. Nous refusons de nourrir et d’enrichir par nos activités et notre consommation, des exploiteurs exploiteuses, patrons, patronnes, des banques, des forces de l’ordre qui protègent les intérêts des pouvoirs politiques et financiers qui nous mettent en danger… Nous voulons l’abolition du contrôle hiérarchique qu’illes font régner à tous les niveaux. Les idéaux qu’illes essayent de nous vendre sont corrompus. Nous ne croyons plus aux discours de celles et ceux qui ne mettent pas les mains dans la terre et qui ne connaissent que les campagnes politiques ou publicitaires ; Nous ne voulons plus de leur désinformation, de leur parodie de progrès, de leur technolobotomie. En toute conscience nous voulons utiliser les connaissances techniques et scientifiques, uniquement pour vivre plus sobrement plus doucement et pour mettre fin à ce système autodestructeur. Nous préférons cultiver nos énergies vivantes plutôt que de succomber aux énergies fossiles.

En vivant sur la ZAD nous voulons lutter contre toutes formes d’aliénation. Nous avons commencé à prendre nos vies en main et à expérimenter d’autres façons de vivre. Nous voulons connaître nos voisins et voisines, tisser des liens avec les villes environnantes et les luttes qui s’y mènent. Nous voulons prendre le temps de faire des choses ensemble, sans écrans interposés. Nous aimons manger et partager une nourriture bonne et sans label, qui soit le fruit de nos convictions. Nous voulons également que le travail devienne une joie partagée et diversifiée. Nous voulons nous épanouir pleinement et ne pas nous cantonner à un rôle sclérosé 35h par semaine. Nous ne voulons pas attendre d’avoir des diplômes et des autorisations pour agir. Nous ne voulons pas devenir des entrepreneurs et entrepreneuses mais plutôt des entredonneurs et entredonneuses. Et s’il fallait encore transiger avec la sacro-sainte illusion de propriété, convenons que la terre et les ressources naturelles sont des biens précieux qui appartiennent à tout le monde et surtout qu’il nous appartient d’en prendre soin. Nous dénonçons l’impérialisme commercial qui régente nos vies et ravage la planète, l’irresponsable compétition internationale et l’instrumentalisation des nationalismes. Ici nous créons une base pour que prolifèrent de véritables échanges internationaux, pour faire sauter les frontières. Nous voulons que la ZAD continue à être une zone multiculturelle expérimentale, libre, ouverte fondée sur le partage d’opinions, de connaissances de savoirs faire et sur l’entraide. Nous avons des rêves et nous lutterons pour les cultiver ici et partout.

Pour toutes ces raisons et pour réaliser toutes ces envies, nous revendiquons la reprise légitime des terres que l’ÉTAT / VINCI a usurpé à l’humanité et au monde vivant.

Depuis le début de l’occupation de la ZAD il y a 5 ans, les maisons abandonnées ont palpité, les cabanes ont fleuri, les potagers et les jardins collectifs ont foisonné. Pas de plan d’austérité ici, malgré notre défiance de l’argent, la vie a prospéré sur la ZAD. Au printemps 2011, à l’appel de Reclaim the Fields [Reclaim The Fields est une constellation internationale de paysan-ne-s sans terre, de paysan-ne-s en devenir, ainsi que des personnes qui veulent retrouver le contrôle de la production alimentaire : Reprenons les Champs !] nous étions mille à manifester, outils à la main, pour défricher un terrain et y installer le collectif du Sabot. Les légumes ont nourri notre lutte pendant un an et demi. Pour nous encourager le gouvernement a envoyé sa commission de dialogue casquée et armée. Le potager a été arrosé aux lacrymos et la cabane collective détruite. Presque tous les lieux où nous avions engagé nos vies ont été rasés, la répression militaire y a fait rage et nous fout encore la rage ; encore une exemplaire démonstration de la violence d’État. L’opération « Caesar » est un succès, nous restons ! Nous restons parce que nous avons de notre côté la vie, la création, l’émancipation et la responsabilité de l’avenir. Grâce au soutien du monde entier nous sommes plus que jamais déterminé.es à continuer. Ils ne pourront pas tou.te.s nous arrêter.

En novembre 2012 nous étions des dizaines de milliers à manifester et à reconstruire pour sauvegarder les terres de la ZAD et pour exprimer notre détermination face au pouvoir, qui voudrait, comme à son habitude, étouffer « démocratiquement » nos opinions.

Aujourd’hui nous sommes heureu.x.ses de vous annoncer que les saboteureuses ont déjà fait de nombreux rejetons !

Au printemps 2013, même si ce pouvoir espère encore piétiner nos vies, quoi qu’il arrive, cette lutte qui s’est largement propagée, fleurira de plus belle. Au printemps nous vous appelons tou.te.s : « semeureuses volontaires » à venir avec vos pelles, vos graines, vos plants et votre joie de vivre pour ensemencer la ZAD.

En écho à toute la solidarité que nous avons rencontré, nous voulons à notre tour alimenter dès que possible des cantines populaires, nourrir d’autres luttes et partager le goût d’espérer.

« L’Assemblée Paysanne Sème Ta ZAD »

ZAD, 25 janvier 2013

Vu sur le Jura Libertaire, 18 février 2013

NdPN : voir aussi, sur le Juralib, une interview sur l’expérience de la ferme autogérée du Sabot