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[Poitiers] Les petits capitalos contre les « marginaux »

On apprend dans un article de la Nouvelle République du 28 septembre 2012 que la Fédération des agents économiques (FAE), une association de commerçants de l’hypercentre poitevin, demande depuis plusieurs mois une réunion tripartite avec le maire et le préfet, pour discuter du « « problème » posé par la présence de marginaux en centre-ville« . Claude Lafond, président de l’association (et patron d’une boutique traiteur/cave/vente à emporter nommé « La Petite France », ça ne s’invente pas), se déclare ainsi « agacé » du nouveau report de cette réunion qu’il sollicite.

Quelques mots résument bien la problématique de la colonisation marchande du centre-ville : « présence » de « marginaux » en « centre« -ville. Bref, si tu es à la « MARGE », tu es EXCLU de l’activité économique et de son CENTRE ; si tu n’as rien à vendre, pas même TOI pour un salaire de misère, parce que tu es au chômage par exemple : tu es INDESIRABLE.

Exclus de fait par le cynisme inégalitaire d’une société de marchands qui se targuent de « sourire, disponibilité, conseil, convivialité, écoute… », les pauvres devraient ainsi être privés du dernier espace commun, la rue. Voilà donc l’avis de ces philanthropes commerçants, et de leurs partenaires financiers (ville de Poitiers, communauté d’agglomération de Poitiers, entre autres). Leurs propos immondes sont relayés par la presse locale depuis des années, qui fait une véritable campagne anti-« marginaux » depuis que les pauvres s’organisent, qu’ils occupent le parvis de notre-dame pour revendiquer leur droit à un toit, avant de se faire virer par les flics (et de passer en procès le 9 novembre).

Si tu possèdes un chien, si tu achètes aux commerçants du centre-ville un peu d’alcool, si tu parles un peu trop fort : tu n’as rien à faire en centre-ville, reste chez toi, ici on n’aime pas les témoignages de misère, on n’aime pas les pauvres qu’on a fabriqués. Ah, tu n’as pas de chez-toi ? Apelle le 115, comme dit la mairie, « il n’y a pas de problèmes de logement sur Poitiers ».  C’est toujours plein ? Va te faire voir ailleurs qu’en centre-ville, va zoner dans la « marge », ou tu finiras la nuit au poste.

Le centre-ville est réservé aux citoyens, aux gens décents. Dans « coeur d’agglo », on file droit à l’ombre des monuments restaurés du pouvoir municipal, des caméras de surveillance des Cordeliers, à l’ombre des enseignes et des sucettes publicitaires. On obéit, on consomme, on vend et on se vend. Et quand on fait la fête, c’est lors des temps culturels organisés par la mairie, avec des spectacles prémâchés. Toujours sous la bienveillante protection des flics, qui contrôlent, arrêtent, harcèlent tous ceux qui ne correspondent pas aux canons de l’intégration, de la soumission.

Les marchands et les politicards ne veulent pas seulement nous soumettre au travail, dans les urnes, ou chez nous devant la télé. Non, nous devons être leurs moutons aussi dans le peu d’espace commun de liberté qui nous reste, la rue, lieu de toutes les rencontres et de tous les possibles. Nous ne devons pas nous rassembler pour porter un message politique de solidarité, sous peine d’être filmés par la police. Ne pas diffuser de journaux ou de tracts alternatifs, sous peine d’être contrôlés. Ne pas revendiquer nos droits à un toit, sous peine d’être embarqués et jugés.

Pour notre part, nous n’attendons pas une réunion officielle avec les chefs de la police nationale ou municipale pour évoquer le problème posé par la présence d’exploiteurs dans l’espace commun. Nous tissons des liens de solidarité entre exploité-e-s, et nous nous organisons. Solidarité, voilà bien un mot étranger au raisonnement des marchands, qui ne conçoivent le « dialogue social » qu’avec des bureaucrates et des flics.

Et en matière de solidarité, nous avons déjà des pistes : le prolétariat sait lui aussi être inventif. Les bourges derrière leur vitrine, prétendant faire la loi sur l’espace commun, le doigt prompt à taper 17 sur le clavier de leur téléphone, devraient faire attention lorsqu’ils affichent publiquement leur haine de classe. Il se pourrait bien que parmi les prolétaires, des méthodes éprouvées depuis longtemps reviennent à la mode. Occupations, piquets de grève, réappropriations, sabotage (refus de produire des produits de qualité), boycott (refus d’acheter certains produits)… Avis aux colonisateurs de nos vies individuelles, de nos solidarités sociales : la rue ne vous appartient pas, nous l’occupons. Et les mauvais coups se rendent, parce qu’on est peut-être pauvres, mais contrairement à vous, on a encore une fierté et une dignité.

Pavillon Noir, 1er octobre 2012

NdPN : nous joignons à cet article un communiqué du DAL 86 :

Communiqué du DAL 86

A l’heure où Matignon a décidé, en collaboration avec la ministre du Logement EELV, Cécile Duflot, de mettre en œuvre sans tarder un plan d’urgence pour les sans-abri, à l’heure où les députés, sous l’impulsion du Front de gauche, durcissent la loi sur la réquisition des logements vacants, à Poitiers il est programmé le procès en appel des sans logis et mal logés qui avaient établi un campement place du marché Notre Dame à partir du 30 mars dernier et qui ont été évacués brutalement par la police du gouvernement sarkoziste sur la demande de la mairie socialiste.

La justice n’a pas été en reste concernant cette criminalisation de la misère. C’est une première nationale concernant les luttes soutenues par le DAL : deux personnes ont été condamnées à deux mois de prison ferme.

Rendu du procès du campement des sans logis et mal logés de Poitiers
Criminaliser la misère !
Communiqué Fédération DAL : Prison ferme pour 2 militants de DAL Poitiers !

 L’appel de cette décision indigne aura lieu le 9 novembre 2012 à 9h au palais de Justice de Poitiers.

Un tract de la fédération du Parti socialiste de la Vienne qui circule actuellement prétend que « l’ère Sarkozy est bien finie » et que « le changement voulu par les Français commence à prendre forme ». Cela sera-t-il vérifié à l’issue du procès ?

Réservez dès à présent cette date pour exiger la relaxe des militants. Jean-Baptiste Eyraud, porte parole de la Fédération Droit au logement a déjà répondu présent.

Nous appelons tous ceux qui veulent défendre le droit au logement et en particulier le droit à un logement pour tous à apporter leur soutien.

DAL86dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56
Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

Mail du DAL 86, 30 septembre 2012

[Répression nucléocrate] Rendez-vous devant le tribunal de Cherbourg le 9 octobre à 10h

Rendez-vous devant le tribunal de Cherbourg le 9 octobre à 10h

LA JUSTICE ATOMISE

Solidarité avec les inculpés de la presqu’île du nucléaire

En novembre 2011, un appel lancé par le collectif Valognes-Stop-Castor invitait à venir s’opposer au régime ordinaire de l’industrie nucléaire. Ce texte annonçait un campement pour perturber le passage d’un train CASTOR (transport de déchets nucléaires hautement radioactifs) en provenance de l’usine de la Hague et à destination du site de stockage de déchets de Gorleben, en Allemagne, où l’attendaient des dizaines de milliers de contestataires, comme chaque année à la même période depuis une vingtaine d’années. Au même titre que les trois personnes qui seront jugées à Cherbourg le 9 octobre 2012, nous sommes plusieurs centaines à avoir répondu à cette proposition et à nous être rendus dans le Cotentin, cette presqu’île du nucléaire, pour vivre une opposition concrète au nucléaire. La lutte antinucléaire semblait en effet à beaucoup coincée dans une impasse. A coups de slogans simplificateurs, de manifestations ritualisées jusqu’à l’ennui, de contre-expertises sans conséquences et d’alternatives dérisoires, elle s’est vue réduite au fil des ans à un simple marketing. Le désastre de Fukushima nous a brusquement rappelé que le nucléaire est d’abord terrible en ce qu’il nous dépossède durablement de nos conditions d’existence et étouffe toute aspiration à la liberté. Quelle vie reste-il à mener un dosimètre autour du cou ? En visibilisant la banalité des transports de matières radioactives, l’action de Valognes a voulu rappeler qu’en France nous vivons tous à bout portant du nucléaire, notamment dans le Cotentin1. Et qu’il est encore possible de renouer avec des actions directes collectives et publiques comme le mouvement antinucléaire en menait lors des luttes contre l’installation des centrales (Plogoff, Chooz, Golfech, SuperPhénix, Flamanville, Le Carnet pour n’en citer que quelques-unes). Le campement de Valognes s’est donc accompagné d’un effort d’explicitation afin de désamorcer une figure médiatique et policière -le casseur masqué- et afin de rendre le plus largement public ce type d’action. Mais pris au jeu d’un coup d’éclat spectaculaire, on est passé de la réunion publique au communiqué de presse, de la presse locale aux caméras du « 20heures » et, en chemin, de l’explicitation à la publicité. Ce glissement a amené à désigner des porte-parole. Trois personnes durent endosser ce rôle inconfortable au cœur d’un dispositif simpliste et abêtissant où l’efficacité de l’action politique et l’existence d’un mouvement se mesurent à l’aune de la couverture médiatique. Cette exposition médiatique a offert les images dont la justice s’empare à présent pour fabriquer des chefs. Le raisonnement du parquet est le suivant : le rôle qu’ont joué les inculpés dans les médias prouverait leur implication dans le collectif Valognes-Stop-Castor et les rendrait responsables de l’organisation du campement, de la coordination des actions sur le terrain et, par là-même, des dégradations. La justice achève ici de faire disparaître le caractère collectif d’actes dont le code pénal fait des délits. Pour instruire cette affaire et fabriquer ces trois coupables, elle atomise et attribue des responsabilités individuelles comme elle le fait jour après jour dans tous les tribunaux de France. Il s’agit moins de criminaliser une parole publique que de protéger la propriété privée et les intérêts de l’Etat. Rien de nouveau sous le soleil vert d’une société entre autre nucléarisée. Dans cette histoire, c’est la SNCF qui veut se voir rembourser 163 000 euros de dégâts sur une ligne. Et c’est l’Etat français – producteur et exportateur d’énergie nucléaire à l’échelle mondiale – qui voudrait retrouver le calme et la soumission qui accompagnent d’ordinaire son florissant commerce. Tentant de fissurer cette chape de plomb, Valognes se voulait un début. Quelques mois plus tard, un rassemblement s’organise au Chefresnes, dans la Manche. Il invite les opposants au nucléaire à rejoindre la résistance à la construction de la ligne électrique à très haute tension Cotentin-Maine. Cette fois l’action est brutalement réprimée, faisant des blessés graves et une arrestation entraînant une condamnation à trois mois ferme. Dans le même temps, les membres de l’assemblée du Chefresnes sont inculpés les uns après les autres ; inculpations répondant manifestement aux multiples perturbations qu’ont connu les chantiers durant des mois et tout particulièrement depuis Valognes… Ces tentatives d’organisation collective n’ont pas ralenti le rouleau-compresseur de l’industrie nucléaire et le nouveau gouvernement français n’a d’ailleurs rien perdu de son arrogance2. Elles ont néanmoins jeté quelques bases pour recomposer une opposition antinucléaire en France. D’une part, l’expression d’un mouvement excluant toute illusion citoyenne et refusant toute reconnaissance à l’Etat pour négocier une quelconque sortie du nucléaire. D’autre part, le souci d’horizontalité et l’absence de hiérarchie dans la prise de décisions qui ont offert la possibilité d’une action directe collective. Le petit théâtre judiciaire et son rythme usant ne nous feront pas oublier les raisons du rassemblement de Valognes, dans cette région rongée par les cancers et le silence où plus qu’ailleurs encore, le nucléaire, on en vit et on en crève. Solidarité avec les inculpés de la presqu’île du nucléaire et rendez-vous au tribunal de Cherbourg avec les inculpés de Valognes, pour que ce procès ne reste pas enfermé dans le huis clos judiciaire.
Collectif de soutien aux inculpés de la presqu’île du nucléaire lajusticeatomise@yahoo.fr
1 Le Cotentin est une des régions les plus nucléarisées du monde : à La Hague, une usine de retraitement des catastrophes quotidiennes qui stocke le combustible d’une soixantaine de réacteurs ; à Flamanville, un EPR, étendard mondial et déjà mité des centrales nucléaires françaises ; à Cherbourg, un arsenal militaire consacré à la terreur atomique mondiale ; à Digulleville, un centre de stockage de déchets radioactifs qui contaminent la nappe phréatique ; partout autour, ces territoires quadrillés, assujettis et balafrés par ces lignes « très haute tension » (THT) destinées à alimenter le marché concurrentiel et international de l’énergie. 2 En quelques mois, il aura nommé comme porte-parole du gouvernement Cazeneuve -député Cogema dans la Manche depuis des lustres-, relancé la recherche sur le surgénérateur Astrid de quatrième génération, acté le maintien du parc nucléaire actuel, annoncé l’ouverture de la plus grande mine d’uranium du monde à Imuraren au Niger, validé le développement de l’EPR en France et à l’international, poursuivi la construction de la ligne THT Cotentin-Maine etc. Les trois inculpés sont convoqués le 9 octobre 2012 à 10 heures au tribunal de Cherbourg pour les chefs d’inculpations suivants :

Complicité de destruction de biens d’autrui par l’effet d’un moyen dangereux pour les personnes.

Incitations directes ayant provoqué un attroupement de plusieurs centaines de personnes dont certaines étaient armées.

Organisation d’une manifestation sur la voie publique ayant été interdite.

Coordonnées pour envoyer les soutiens financiers : Chèque à l’ordre de APSAJ – 6 cours des Alliés – 35000 Rennes ou IBAN : FR76 4255 9000 5541 0200 1473 207 Code BIC : CCOPFRPPXXX Contacts : legalteamvalognes@riseup.net

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UN TRAIN VAUT MIEUX QUE DEUX TU L’AURAS

Le 23 novembre dernier, aux alentours de Valognes dans la Manche, 800 personnes se mettaient en tête de retarder un train CASTOR de déchets radioactifs et y réussirent. Pour la première fois depuis longtemps en France, le mouvement anti-nucléaire reprenait le chemin de l’action directe de masse. Il faisait entendre une voix qui ne tremble pas. Il répondait aux dizaines de milliers d’allemands qui bloquent ce même train chaque année depuis vingt ans. Dans la région la plus nucléarisée du pays le plus nucléarisé du monde, ce n’était pas chose acceptable. Et puisqu’on a coutume de passer sous silence les incidents qui ponctuent l’existence des centrales et des installations dites de retraitement, on voudrait aussi faire taire les opposants.
Ainsi, sur le terrain et six mois plus tard, on a lâché toute bride à la police et le camp anti-THT de Montabot se terminait avec vingt-cinq blessés dont trois graves. Ensuite, c’est une véritable déferlante de procédures judiciaires qui s’abat sur tous ceux qui résistent au nucléaire dans la région : neuf inculpés pour Valognes ; le maire du Chefresne gardé à vue qui démissionnait en même temps que son conseil municipal ; plusieurs procès et condamnations, dont une de prison ferme, pour participation à la lutte contre la THT Cotentin-Maine ; pléthore de convocations intimidantes. Cet acharnement judiciaire n’est autre que le masque d’une attaque politique contre les ennemis du nucléaire.
Un nouveau procès aura lieu le 9 octobre 2012 à Cherbourg, contre trois des personnes qui ont pris sur elles d’expliquer aux médias le sens de l’initiative du camp de Valognes. Ce serait un précédent pour toutes les luttes politiques que le simple fait de répondre à des journalistes soit condamné sous de tels chefs d’inculpations : provocation directe suivie d’effet à un attroupement armé, organisation d’une manifestation interdite et complicité de destruction du bien d’autrui. Et quelles preuves pour étayer un tant soit peu de si lourdes accusations ? Deux ou trois interviews à BFM TV, Le Figaro ou France Soir, qui suffiraient à les désigner comme des sortes de leaders auto-proclamés ordonnant à une armée d’obéissants moutons.
L’opération est donc grossière. On voudrait faire en sorte que des événements comme celui de Valognes ne puissent pas être accompagnés d’un discours assumé publiquement. On voudrait que ceux qui y participent soient des criminels sans phrase ou des fous irresponsables. On voudrait absolument qu’il y ait des chefs pour nier la possibilité qu’il existe des manières de s’organiser qui ne soient pas hiérarchiques. Ce qui est recherché, c’est d’empêcher toute formulation intelligible d’un engagement collectif et offensif. Ce que nous recherchons, c’est à rendre possible l’insolente coïncidence entre des gestes et des pensées. Ce procès ne pourra jamais paraître vraisemblable ailleurs que dans le huis-clos ronronnant d’une salle de tribunal. C’est pourquoi nous appellons à le déborder par le plus large soutien des trois personnes inculpées et vous invitons à vous rendre devant le tribunal lors du procès :

RENDEZ-VOUS DEVANT LE TRIBUNAL DE CHERBOURG LE 9 OCTOBRE A 10 H

Collectifs de soutien aux inculpés de Valognes legalteamvalognes@riseup.net.
Pour du soutien financier : chèque à l’ordre de APSAJ – 6 cours des Alliés – 35000 Rennes – France IBAN : FR76 4255 9000 5541 0200 1473 207 Code BIC : CCOPFRPPXXX

Le Monde libertaire n°1681

Le nouveau Monde libertaire est sorti, dans tous les bons kiosques ou à prix libre en nous contactant. Comme d’hab, un exemplaire est déposé au Biblio Café (rue de la cathédrale), consultable sur place. Voici le sommaire et l’édito (avec trois liens vers les articles lisibles en ligne sur le site du ML). Bonne lecture !

Sommaire du Monde Libertaire # 1681 du 20 au 26 Septembre 2012

«Le travail c’est bien une maladie, puisqu’il y a une médecine du travail.» – Coluche 

Actualité
Lutte des classes plus que jamais, par Fabrice, page 3
PSA, oeil pour oeil, page 4
Une basilique occupée, page 4

Ubuesques pantalonnades de Justhom, page 5
La météo syndicale de J.-P. Germain, page 6
Les pauvres à la belle étoile, par E. Vanhecke, page 7
La chronique néphrétique de Rodkol, page 8
Arguments
Travestissement néolibéral, par J. Langlois, page 9
Dossier santé, par Moriel, J.-M. Destruhaut et M. Silberstein, page 11
International
Congrès de l’IFA à Saint-Imier, les pendules à l’heure, par Fred, page 17
Expressions
Trois panthères en prison, par J. Lesage de La Haye, page 18
Benoist Rey en coffret, par Paco, page 19
Mort de la Voix au chapitre à Saint-Nazaire, page 20
Mouvement
Hommage au vététan de l’insoumission en Turquie, A. Roulland, page 21
Radio libertaire, page 22
Agenda, page 23
Illustrations
Aurelio, Kalem, Krokaga, Némo, Slo, Valère

Editorial du Monde Libertaire # 1681 du 20 au 26 Septembre 2012

Deux ans de serrage de vis libéralement annoncés par Hollande. Et comme on a un peu l’habitude des glissements progressifs, gageons que la vis devrait se serrer encore, par petits coups vicieux, et que les deux ans doivent être vus comme plutôt élastiques. On ne prend pas de risques à supposer aussi que ce sont encore les plus pauvres qui vont souffrir de la dégradation probable du service public et des éventuelles répercussions sur l’économie et le chômage qu’aura le retrait de quelques dizaines de milliards d’euros de la circulation réelle, au profit des banques, c’est-à-dire de la spéculation financière. Et il est à peu près certain que ça sera en pure perte.
L’État a totalement capitulé depuis trente ans devant le capital et son idéologie, le libéralisme. Ceux-là mêmes qui déshonorent le socialisme en arborant son nom, et qui devraient être porteurs, si ce n’est de liberté, du moins d’un point de vue collectif incarné par l’État, se font les serviteurs dociles du capital. Ils sont tout bonnement incapables de sortir de la vision libérale du monde. Un exemple: un grand patron du luxe trouve d’excellentes raisons de devenir Belge. En adoptant le point de vue d’un gouvernement réformiste, devons-nous pleurnicher ? Bien sûr que non. Juste tout lui prendre, jusqu’au dernier bouton de culotte, pour lui apprendre à déserter l’effort commun. Qu’Arnault s’en aille, mais qu’il s’en aille en slip !
Faute donc d’avoir trouvé le levier de la trappe aux riches, nos soi-disant socialistes sont condamnés à courir derrière le cul des banques avec un grand balai pour ramasser ce qui voudra bien en tomber, à chercher l’argent dans les poches des pauvres, où il n’est pas, et à entériner les suppressions d’emplois qui se succèdent.
Quant à nous, nous nous garderons bien d’arbitrer les querelles de ce couple infernal, l’État et le capital, même si l’un des deux a pris sur l’autre un ascendant pathologique. Nous nous tenons, comme toujours, dans le camp des opprimés, des exploités, des dominés. Nous défendons toujours l’idée d’un service au public non étatique, autogéré par les personnels et les usagers. Nous proposons l’expropriation par les travailleurs des moyens de production et la gestion directe des entreprises et des infrastructures. Les réformistes ont capitulé, et face au monstre ne restent que l’anarchie et la révolution.

[Poitiers] Manifestation antinucléaire ce mercredi !

NdPN : Le tract de la « Coordination poitevine pour la sortie du nucléaire partout et tout de suite », appelant à une manif ce soir à Poitiers, 18H devant Notre-Dame. Ce tract ne correspond pas à nos revendications d’une sortie immédiate (notre tract ici).

Nouvel incident à Fessenheim : la fermeture s’impose et vite ! Manif mercredi 19 septembre 2012 à Poitiers

Après le début de feu dans la salle des machines du 25 avril dernier, Fessenheim a connu le 5 septembre  un nouvel incident lors d’une manipulation de produits chimiques. Comme à chaque fois dans les centrales, les incidents sont minorés. Comme toujours la sûreté des centrales ne saurait être mise en cause et le risque nucléaire est nié. Cela malgré les 1000 incidents annuels répertoriés dans les centrales françaises et les 5 accidents majeurs survenus dans le monde en 60 ans ! Ouverte depuis 35 ans Fessenheim, selon le projet d’EDF, pourrait être prolongée de 10 ans !

Le démantèlement : opération à haut risque

Les opérations de démantèlement de Brennilis, la plus ancienne de nos centrales, arrêtée en 1985, sont au point mort. EDF et l’industrie nucléaire ne savent pas comment faire.  Les derniers rapports d’enquêtes signalaient des risques à la fois pour les travailleurs et la population. Les centrales et leurs sites sont irrémédiablement contaminés, ce qui présente un danger réel pour l’environnement et la population.

Le véritable coût du nucléaire

Le rapport de la Cour des comptes, publié en février dernier, prend en compte dans son calcul l’ensemble des coûts générés par la filière. Cela comprend les investissements passés et à venir, y compris les mesures de sécurité préconisées après Fukushima, et une évaluation des coûts des démantèlements. Le coût de production du mégawatt-heure passe alors à 49,50euros… au lieu des 14,20 annoncés par EDF !  Enfin rappelons que le véritable assureur du risque nucléaire reste l’État, c’est à dire nous… Ainsi les contribuables japonais vont payer 1000 milliards de Yens correspondant au coût économique de la catastrophe de Fukushima !

Le nucléaire : un risque planétaire…et un danger durable

Le délabrement des installations à Fukushima révélé cet été nous rappelle que le  risque nucléaire est loin d’y être maîtrisé. La menace de l’aggravation de cette catastrophe pèse sur les japonais mais aussi sur l’humanité pendant que la pollution radioactive affecte gravement l’environnement . On n’arrête pas la radioactivité !

Il faut changer de politique énergétique !

A Civaux depuis plusieurs mois, un des deux réacteurs est arrêté, au total ce sont 15 réacteurs qui sont actuellement à l’arrêt en France sans que nous soyons pour autant privés d’électricité.   Une diminution de la production est donc possible. Il faut mettre en œuvre  une autre politique énergétique

Exigeons une décision immédiate de sortie du nucléaire avec comme mesures d’urgence :

  • Arrêt immédiat des réacteurs présentant le plus de risque  à commencer par Fessenheim.
  • Arrêt immédiat des nouveaux projets en France (Flamanville, Penly, ITER) et à l’étranger.
  • Arrêt de tous les projets d’enfouissement des déchets radioactifs (notamment Bure).
  • réorientation des budgets de la recherche vers l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables les moins polluantes et décentralisées.
  • Lancement immédiat d’un programme d’investissement massif dans les économies d’énergie et les énergies renouvelables les moins polluantes et décentralisées.
  • Sauvegarde des emplois et des statuts des salarié(e)s, intégration de tous les sous-traitant(e)s et intérimaires dans un Service Public de l’Énergie sous contrôle des salarié(e) et de la population.
Manifestation   mercredi 19 septembre 2012   18h devant l’église Notre Dame la Grande à Poitiers

Signataires : Signataires : l’ACEVE, Les Alternatifs, Europe Ecologie-Les Verts, Nouveau Parti Anticapitalisre, Parti de Gauche.

Contact :coordination : antinuc86@gmail.com