Archives de catégorie : Paf le faf !

[Poitiers] Fachos… épiphénomène d’une fascisation institutionnelle

Une fois de plus, la Nouvelle République se fait le relais des groupusculaires activités « militantes » de quelques gugusses poitevins « génération identitaire », qui n’atteignent même pas le nombre de doigts d’une main. Une dizaine d’autocollants consternants ici et là en ville, toujours recouverts par les antifascistes poitevins. Deux-trois tags grotesques ici et là, c’est-à-dire rien, que dalle comparés au nombre de tags et de visuels antifascistes et anticapitalistes qui montrent assez que la rue de Poitiers est, et restera, antifasciste. De fait, les guignols de Génération identitaire ne dépassent pas quelques jeunes paumés sur Poitiers, qui se déplacent en groupe de peur de prendre une raclée. Quant à la menace prétendue que représenteraient les membres de ce groupe ridicule, il ne s’agit que d’intimidation verbale, et encore (n’écoutant que leur courage), face à des individus isolés – comme après la dispersion de la dernière manif lycéenne contre l’expulsion par l’Etat français d’élèves « étrangers », où trois identitaires isolés s’étaient contentés d’une piteuse « quenelle » avant de tourner les talons (trop rebelles les gars).

Bref, ledit groupuscule ne fait qu’adopter une stratégie de spectacle médiatique, typique du Bloc identitaire (voir l’occupation de la mosquée de Poitiers, essentiellement faite par des identitaires venus de l’extérieur du département), avec des autocollants et tags, certes puants, mais minables, et l’entretien d’une page facebook pour tout sommet de propagande intellectuelle. Il s’agit, pour ces quelques fachos en herbe, de pallier à leur activité militante somme toute (et fort heureusement) dérisoire. Et s’il y a toujours eu des tags et des autocs d’extrême-droite, à Poitiers comme ailleurs, il y a toujours aussi eu des antifascistes autrement plus nombreux pour les recouvrir comme il se doit.

Alors pourquoi diantre la NR et l’UNEF relaient-ils ces petites crottes de biques fachoïdes dans l’espace public ? On se rappelle que la NR avait aussi amplement relayé les honteux rassemblements anti-mariage gay, auxquels participaient justement les bouffons identitaires. Nous nous rappelons encore avec amusement ce personnage en combinaison ailée et moule-bite de la « manif pour tous », tiraillé entre tee-shirts roses et bleus, ou les prières de rue avec petites bougies. Nous nous rappelons aussi nos contre-rassemblements joyeux et rageurs, contrecarrant la morgue morne de ces frustrés du cul, malgré l’aide éhontée de la police de Poitiers aux participant.e.s des rassemblements anti-avortement, sexistes, homophobes. Nous n’oublions pas non plus de quel côté se rangeait la police, filmant, harcelant et embarquant nos camarades antifascistes.

Pourquoi donc une telle pub faite par la presse, à quelques gribouillages récents de réacs et fachos (autocs et tags racistes)… comme par hasard juste avant le déplacement de Le Pen à Poitiers, qui viendra soutenir un ex-flic candidat du FN en loucedé dans un hôtel de la route de Paris ?

Nous avons une petite hypothèse : pour les médias comme pour les partis participant au jeu électoraliste, il s’agit de faire monter le bourrichon d’une pseudo-unité « républicaine » et « démocratique » contre l’extrême-droite, à l’approche d’échéances électorales. Aura-t-on encore droit à une manif « anti-Le Pen » à Poitiers, rassemblant le PS et les partis qui postulent au pouvoir municipal ? Ouf, la liberté sera sauve !

Nous pensons que si le pouvoir politique et médiatique fait passer ces quelques partisans d’un fascisme réac et désuet pour une menace réelle, c’est pour mieux occulter sa propre fascisation. Les autoritaires de tout poil sont tous contents : les petits fachos de voir leur petit buzz consistant à se faire passer pour des rebelles anti-système gonflé en baudruche par médias et partis au pouvoir ; lesdits partis et leurs organes de presse de se faire passer pour des grands humanistes dans la lutte contre le Mal Absolu, tout en continuant à distinguer « français » et « étrangers », et en appelant bien entendu à voter pour eux pour faire barrage au « fascisme ».

C’est exactement le même spectacle consternant qui s’est imposé dans les médias lors de la dernière « affaire » Valls-Dieudonné : pour les bienheureux-ses qui ne liraient plus les torchons de la presse mainstream ni ne regarderaient le petit écran, il s’agit donc d’un ministre de l’Intérieur (Valls) qui fait de la promo gratos et juteuse pour un type (Dieudonné) qui divise le prolétariat avec des thèses antisémites (et qui doit sans doute remercier Valls de lui faire de la pub), en interdisant ses spectacles alors même que ledit Dieudonné fait depuis longtemps son beurre grâce à sa figure de pseudo-rebelle anti-système. Le ministre fait mine de lutter contre ces thèses, se donnant l’aura de l’intransigeance républicaine contre le racisme et l’antisémitisme, alors même qu’il harcèle et expulse étrangers et s’acharne contre les campements roms au quotidien, avec une violence autrement plus conséquente que celle de quelques phrases puantes balourdées sur le web ou sur des planches par Dieudonné et ses complices. Merci encore aux médias d’avoir relayé cette « affaire », qui n’a profité qu’à la diffusion de discours antisémites, en légitimant leur posture « anti-système » !

« Anti-système » les fachos, vraiment ? Mais que répètent les identitaires dans leurs discours miteux, sinon la même chose que le pouvoir ? A savoir qu’il serait nécessaire d’expulser les « étrangers » ? Que 732 aurait vu l’occident refouler l’islam ? Que l’homme et la femme ont des essences différentes ? Que les homos ne devraient pas avoir les mêmes droits ? Que les classes dominantes et dominées doivent « s’unir » dans la nation ? Etc. Ces âneries ne sont que l’écho des discours gouvernementaux produits par la droite comme par la gauche contre les étrangers pour promouvoir le capitalisme dans son aspect d’économie d’échelle et diviser le prolétariat ; l’écho des mythes nationalistes gouvernementaux encore propagés par les manuels scolaires de la république sur une anecdotique bataille qui n’avait rien de religieux, pour promouvoir la théorie néoraciste du « choc des civilisations » et l’intervention colonialiste occidentale dans des pays aussi pauvres que riches en ressources naturelles ; l’écho des attaques gouvernementales partout contre les droits des femmes (voir la baisse des moyens concrets de l’IVG en France, voire la marche vers l’interdiction d’avorter comme en Espagne) ; l’écho du refus par le gouvernement de la PMA pour les lesbiennes ou encore du rejet de l’enseignement du genre à l’école (alors que la définition de ce qui serait « masculin » ou « féminin » ne relève bien évidemment que de la culture, en l’occurrence une culture patriarcale), toujours dans l’optique d’une séparation et d’une d’essentialisation des individus selon leur sexe, sous couvert de « parité » dans la misère politique et économique ; l’écho d’un nationalisme, d’un « produire français » et d’un « partenariat social » Etat-patronat-syndicats, pour étouffer la plus que jamais nécessaire lutte de classe.

En fait de « rebelles anti-système », les imbéciles d’extrême-droite ne sont que les perroquets criards des discours éternels du système autoritaire de l’Etat et du capitalisme : la division des dominé.e.s et des exploité.e.s. en catégories étanches imposées aux prolétaires, pour les empêcher de se révolter contre leurs véritables exploiteurs et dominateurs. La véritable fascisation en cours, typique des périodes dites de « crise », montre avant tout son sale groin dans les sphères du pouvoir économique, politique et médiatique, et elle y est autrement plus efficiente et dangereuse. Cette fascisation est le corollaire d’une offensive capitaliste tous azimuts, avec la démolition des droits sociaux, la précarisation toujours accrue des salarié.e.s et des chômeur.euse.s, la répression policière et juridique grandissante des gens en lutte. Le pouvoir étatique et capitaliste répond partout aux luttes sociales par la division des dominé.e.s et par le renforcement de dispositifs de répression et de contrôle social.

Pour nous, l’antifascisme ne consiste donc certainement pas à faire « l’unité républicaine » avec un PS dont toute l’histoire est jalonnée de violences coloniales, racistes et discriminatoires au même titre que la droite*. Le PS, à Poitiers comme ailleurs, cautionne sans réserve des institutions telles que la police et la « justice », qui montrent clairement de quel côté elles se rangent à chaque rassemblement anti-fasciste : flics faisant un cordon de protection autour des réacs et crânes rasés qui les applaudissent, flics harcelant les antifascistes, les filmant, et parfois les frappant, les embarquant en garde-à-vue et les traînant au tribunal. Rappelons qu’à l’issue d’une manif en hommage à Clément Méric, un militant a récemment été condamné à payer une amende, et des dommages et intérêts pour « outrage » à un chef de la police locale, suite à une chansonnette antifasciste chantée dans le cortège contre la police. Les partis qui se prétendent « antifascistes » n’ont pas daigné montrer le bout du nez au procès pour soutenir le camarade. Un militant de la « gauche de la gauche » nous avait même auparavant sorti, tout indigné par ladite chansonnette, que les policiers étaient des prolétaires nécessaires à la bonne application des lois de la république.

Pour nous anti-autoritaires, l’antifascisme ne consiste pas qu’à combattre directement (et comme il se doit !) les activités de quelques racistes agités en recouvrant leurs autocollants stupides, en leur signifiant que les rues ne sont pas à eux ou en faisant des manifs antifascistes. Bien sûr qu’il faut le faire, pour leur rentrer le nez dans le sable, parce que leur discours peut séduire d’autres personnes aussi politiquement paumées qu’eux, dans un tel contexte actuel de démolition tous azimuts des liens sociaux, et de colère grandissante contre la bureaucratie d’Etat. Mais notre antifascisme consiste aussi et surtout à combattre radicalement la source véritable de toute dynamique fascisante, c’est-à-dire à lutter pied à pied contre la domination patriarcale, étatiste et capitaliste, sous toutes ses formes ; à commencer par ses formes institutionnelles écrasantes qui, par leurs politiques toujours plus agressives et aliénantes de précarisation, de stigmatisation discriminatoire, d’expulsion, de gentrification, de répression policière et de contrôle social à tout-va, ne cessent de s’attaquer à nos vies !

Hier, maintenant et toujours : action directe contre le fascisme.

J., Pavillon Noir, 17 janvier 2014

* Pour rappel, quelques phrases de ces célèbres figures de la gauche, démontrant que celle-ci n’a pas attendu le gouvernement actuel pour justifier ses politiques racistes : « Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. » (Jules Ferry, 1885). « Nous admettons qu’il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu’on appelle les races supérieures, revendiquant quelquefois pour elles un privilège quelque peu indu, d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation » (Léon Blum, 1925). « Des Flandres jusqu’au Congo, s’il y a quelques différences dans l’application de nos lois, partout la loi s’impose et cette loi, c’est la loi française » (François Mitterrand, 1954).

Ni matraque, ni quenelle. De quoi Dieudonné est-il le nom ?

Ni matraque, ni quenelle. De quoi Dieudonné est­-il le nom ?

Durant les derniers jours d’une bien triste année 2013, l’armée israélienne bombarde la bande de Gaza, faisant plusieurs victimes dont une fillette, dans l’indifférence générale. C’est précisément au même moment qu’éclate en France une véritable hystérie politico-médiatique autour de l’humoriste Dieudonné et de sa quenelle, alors que ce dernier compte commencer sa tournée de spectacles par Nantes.

Si nous intervenons dans le brouhaha actuel, c’est pour déconstruire le phénomène actuel (somme toute assez pathétique) et clarifier la situation dans un climat de perte de repères et de confusion généralisées. Nous sommes cependant conscient-e-s que beaucoup d’analyses ont déjà été faites, trop d’encre a déjà coulé à propos de Dieudonné et sa quenelle.

« Vous ne connaissez pas Dieudonné »

D’abord militant de gauche, humoriste engagé dans la lutte contre Le Pen, il a progressivement dérivé dans les années 2000 vers l’extrême droite suite à un sketch se moquant des colons israéliens. S’estimant persécuté il se lie d’amitié avec Jean Marie Le Pen et se rapproche de l’extrême droite radicale notamment de l’ancien leader des fascistes du Groupe Union Défense (F. Chatillon) avec qui il voyage dans les dictatures du proche Orient pour soutenir les régimes Iranien, Libyen, Syrien. Il s’entoure aussi d’Alain Bonnet de Soral, rejeton mondain d’une famille bourgeoise, passé par le Parti Communiste avant de travailler pour le Front National, ou même du vieux routard du négationnisme Faurisson.

Le parcours de Dieudonné n’est pas exceptionnel : rappelons-nous l’anarchiste Rassinier qui avait évolué vers le négationnisme dans les années 1970, ou le dessinateur Konk qui était passé du quotidien Le Monde au journal d’extrême droite Minute dans les années 1980.

«D’accord, mais Dieudonné fait de l’humour, pas de la politique »

Ce qui est exceptionnel, c’est qu’en plus de dix ans de militantisme aux côtés de l’extrême droite radicale, Dieudonné soit parvenu à maintenir une ambiguïté sur ses positions, en jouant sur la nuance entre humour et politique, et accentuant sa popularité par un cercle vicieux : « Si je suis exclu c’est que j’ai raison, etc… »

Alors, humour ou politique ? C’est un faux débat, l’humour peut être une arme politique servant à faire passer des messages au même titre que la musique, le théâtre ou même le dessin : c’est un outil -parfois même plus efficace que les autres-, et Dieudonné l’a bien compris.

En tant que fondateur d’un parti politique en 2009 (le Parti Anti- Sioniste) et attaché de presse de divers régimes totalitaires, même Dieudonné ne se risquerait plus à prétendre qu’il ne se mêle pas de politique.

« La quenelle c’est drôle, et puis c’est juste un bras d’honneur »

D’un point de vue strict, cette gestuelle gracieuse est un mime de la pratique sexuelle du fist fucking, il s’agit donc d’un bras d’honneur et non d’« un salut nazi inversé » comme on a pu l’entendre ici et là dans les médias.

Un brasd’honneur adressé à qui ? Au « système » mais pas uniquement, le geste s’est répandu dans de larges franges de la population, notamment par le biais de sportifs célèbres ou de chanteurs, sans forcément avoir d’autre sens qu’un sens récréatif, frondeur ou moqueur.

Avec sa quenelle, Dieudonné a ainsi réussi un coup marketing de génie : réunir des flics cagoulés, des militaires fachos, des footballeurs millionnaires, et de nombreux anonymes notamment issus des quartiers et de l’immigration derrière un même geste à la signification floue. Qu’est-ce qui réunit ces gens ?

Quels sont leur intérêts communs ? Aucun.

Ceux qui se proclament anti-système aujourd’hui sont donc les garants de l’ordre social en uniforme, ou encore l’armée qui veille à la sauvegarde des intérêts de la Françafrique ?

On a vu apparaître dernièrement sur le net de nombreuses quenelles devant des synagogues, des écoles juives et même un mémorial de la Shoah, à Nantes des militants d’extrême droite -issus de bonnes familles de la bourgeoisie traditionaliste locale- posent en reproduisant la quenelle : un signe quel qu’il soit prend la signification que lui donnent ceux qui le propagent.

Ici, c’est évidemment un sens antisémite. La quenelle n’est pas ‘neutre’. Le salut romain était ‘apolitique’ jusqu’à ce que Mussolini ne le réactualise au 20ème siècle, le transformant en salut fasciste : son sens a évolué avec l’usage qui en a été fait. Il en est de même pour la quenelle.

Il ne s’agit pas d’accuser tous ceux qui ont pratiqué le geste d’être des antisémites ou des nazis. Seulement la quenelle est devenue au mieux un geste ambigu, au pire un signe ouvertement antisémite.

« Vous êtes des flics de la pensée. Moi il me fait rire »

Comme après l’assassinat de Clément Méric qui avait conduit à une dissolution -médiatique et inutile- de groupuscules fascistes, l’État français souhaite l’interdiction des spectacles de Dieudonné.

Ce choix est doublement contre-productif : en plus d’être juridiquement difficile, la mise en scène de « l’affaire » met un coup de projecteur considérable sur l’humoriste juste avant sa tournée. Jusqu’alors connue et suivie par un (large) cercle d’initié-e-s, la carrière de Dieudonné -et de son entourage- vient de faire un bond inattendu grâce au ministre de l’Intérieur. Dieudonné et ses supporters vont encore une fois pouvoir se poser en martyrs, en rebelles.

La transformation des excentricités antisémites de ‘l’humoriste’ en véritable « affaire d’État » ne profite pas à la cause anticolonialiste, ni aux gazaouis bombardés par l’armée Israélienne mais uniquement au pouvoir en place, à Manuel Valls, le premier flic de France qui se déguise ainsi en « rempart contre le racisme » et à Dieudonné lui-même, qui ne s’attendait sans doute pas à une telle publicité.

Il n’y a plus un jour sans que les médias ne relaient les dernières frasques de Dieudonné et de ses soutiens. Encore une fois, des gesticulations réactionnaires hyper-médiatisées viennent occulter totalement les luttes sociales et les vrais problèmes politiques. Alors que la répression des luttes et les violences policières dans les quartiers ne sont presque jamais relayées dans les médias, un battage médiatique hallucinant accompagne cette affaire.

Dieudonné ne sert qu’à détourner l’attention de la guerre sociale en cours : violences policières, casse sociale, poussée de racisme, problèmes de fric et d’emplois précaires…

Derrière la quenelle, la matraque

Dieudonné ne représente qu’une petite partie de l’offensive réactionnaire en cours : les manifestations homophobes, le renouveau militant de l’extrême droite radicale, l’islamophobie, les politiques racistes et anti-sociales contribuent aussi au repli identitaire, à la destruction des solidarités et des luttes. Les idées réactionnaires sont en train de remporter la bataille culturelle.

Alors que les néo-conservateurs cathodiques à la Zemmour « décomplexent » la parole raciste et homophobe de la bourgeoisie de droite traditionnelle, Dieudonné, lui, travaille à amener vers l’antisémitisme et le fascisme des franges de la population jusqu’ici imperméables aux idées d’extrême droite. Un marché que le rebelle de salon Alain Soral n’aurait jamais pu conquérir sans son ami comique.

Et pendant que les médias font mine de découvrir, horrifiés, les quenelles, on oublie que c’est bien le Parti Socialiste au pouvoir qui rase des camps Roms, qui rafle et expulse des dizaines de milliers de « sans papiers », qui envoie sa police tirer sur des manifestant-e-s, qui soutient la politique israélienne, qui saccage l’environnement.

Contre le colonialisme et l’antisémitisme : solidarité entre les peuples

Dans cette polémique, on n’entend que la parole des pro-Dieudonné d’un côté, des pro-israéliens et du pouvoir de l’autre : la quenelle étouffe la voix des véritables opposants à la politique de l’État d’Israël et au sionisme. Ces deux parties se nourrissent, se répondent : d’un côté Dieudonné soutenu par des antisémites, des frontistes, de l’autre des sionistes comme Arno Klarsfeld, réserviste dans l’armée israélienne et accompagnateur de la politique d’expulsion sous Sarkozy.

Finalement, ce sont deux courants de la droite extrême qui se font face. Dieudonné et ses amis sont des outils extraordinaires pour légitimer le sionisme et faire taire les vrais anticolonialistes.

Pendant que l’on braque les projecteurs sur Dieudonné, personne ne parle de ceux qui résistent au colonialisme en France et dans le monde, des associations de défense de la Palestine aux Anarchistes contre le mur (un groupe de militant-e-s israélien-ne-s luttant contre l’apartheid) en passant par l’Union Juive Française pour la Paix (des juifs progressistes qui s’opposent au sionisme). Omer Goldman, une jeune femme de 19 ans a été emprisonnée en Israël pour avoir refusé de prendre part aux violences de l’armée d’occupation, un groupe d’israélien-ne-s dénonce actuellement les exactions de Tsahal en Palestine…

Les victimes de la Shoah dont se moque Dieudonné étaient bien souvent des juifs Polonais ou Russes du mouvement socialiste du Bund opposés au sionisme. Ce sont ces même victimes qui sont salies par Dieudonné, et non la politique israélienne.

Des militant-e-s qui combattent le sionisme et qui subissent la répression du système, il y en a. Parmi eux : Georges Ibrahim Abdallah encore incarcéré, Rachel Corrie, écrasée par un bulldozer de l’armée israélienne en 2003. Ne vous trompez pas, les résistants ne remplissent pas les Zéniths, ils croupissent en prison.

Il n’y a plus rien d’amusant dans le cynisme d’un Dieudonné dévoré par ses obsessions. Il n’y a rien d’anti-système à faire la même quenelle qu’un flic, un militaire ou un millionnaire. Les sketchs de Dieudonné ne sont qu’un moyen de propagande malsaine comme un autre.

L’antisémitisme comme les autres formes de racisme se nourrit d’ignorance, de désespoir social, d’absence d’alternative.

A nous tou-te-s de reprendre l’offensive créative, de mener le combat culturel pour l’émancipation, la liberté, l’égalité.

Vu sur Sous la Cendre, 5 janvier 2014

[Poitiers] Le Pen, on t’attend…

NdPN : Si Le Pen veut venir à Poitiers, nous l’accueillerons comme il se doit.

Mise à jour 14 janvier : ce sera le 28 janvier : Le Pen viendra donc soutenir Verdin, flic retraité et candidat aux municipales de Poitiers

Mise à jour 16 janvier : d’après une page web pro-FN, ce serait un « cocktail-apéritif » le 28 janvier, à 13h15, à l’Hôtel de France au 215 avenue de Paris.

Marine Le Pen annonce sa venue à Poitiers

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a annoncé hier, en présentant ses vœux à la presse, qu’elle se rendrait prochainement à Poitiers : « J’entamerai dans les jours qui viennent une tournée intense des villes dans les cadre de la campagne des municipales en soutien à nos candidat », a-t-elle déclaré avant de citer, entre autres villes, Paris, Toulouse, Bordeaux, Grenoble, Sète et donc Poitiers.

Le responsable départemental du parti dans la Vienne et tête de liste à Poitiers, Alain Verdin, confirme que le déplacement est prévu en précisant que sa date n’est pas encore fixée.

Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom contre Celle-dont-on-ne-doit-pas-mettre-le-bulletin-dans-l’urne… Un lien de parenté peut être ?

Nouvelle République, 08 janvier 2014

[Poitiers] Les anti-IVG ne sont pas passés

Hier 16 novembre à 14h, devant le contre-rassemblement féministe, antisexiste et antifasciste de dizaines de personnes, quant à elles bien présentes et attendant les intégristes et fachos de pied ferme, l’association anti-IVG « SOS Tout-petits » a semble-t-il préféré annuler sa misérable « prière » de rue contre les droits des femmes. On n’a juste vu personne. Et tant mieux !

Dès 11h, un groupe d’autodéfense antisexiste avait en effet déployé des banderoles près de la place du marché, pour le droit à l’avortement et à la contraception libres et gratuit.e.s, en distribuant des tracts appelant à un contre-rassemblement à 14h, face aux remises en cause actuelles du droit à l’avortement et à la violence des discours sexistes dans l’espace public.

A 14h, étant présent.e.s au contre-rassemblement, nous n’avons vu pour notre part qu’un nationaliste isolé, grenouillant aux abords de la place et se tenant prudemment à l’écart.

Il y a quelque temps lors d’un contre-rassemblement antisexiste et antifasciste à Poitiers, les flics s’étaient illustrés en véritable service d’ordre des veilleurs homophobes, qui étaient accompagnés de fachos. Sous les applaudissements des intégristes et des nervis d’extrême-droite, les gardiens de l’ordre patriarcal et bourgeois n’avaient pas hésité à procéder à l’arrestation de neuf personnes, blessant une camarade et proférant des insultes contre un autre. Cette fois-ci, devant le nombre, les flics ont préféré la prudence, renonçant à des arrestations sous le prétexte grossier de « manifestation illégale ». Ils ont sagement fini par vider les lieux eux aussi.

Une fois de plus, nous avons été présent-e-s pour montrer aux intégristes, aux fachos et à tous les fidèles serviteurs des dominants, que leurs fantasmes autoritaires et sexistes ne passeront pas. La lutte contre toutes les dominations passe par la lutte contre les attaques portées aux femmes, et par l’affirmation inébranlable que nos corps nous appartiennent.

Intégristes, fachos, flics : hors de nos villes, hors de nos vies !

Pavillon Noir, 17 novembre 2013

Tours est antifasciste et le restera !

Tours est antifasciste et le restera !

Retour sur la soirée du 11 novembre 2013 à Tours, et sur la mobilisation antifasciste initiée par le CAT contre la parade du groupe néofasciste Vox Populi. Score final en faveur des antifas : et 1, et 2, et 3 – zéro !

1ère mi-temps : Succès de la mobilisation antifasciste

Lundi 11 novembre, le Collectif Antifasciste Tourangeau (CAT) appelait à une manifestation antifasciste pour contrer la marche de la fierté tourangelle organisée par le groupe néofasciste Vox Populi dans les rues de Tours. Résultat : une vraie réussite du camp antifasciste, dont la manifestation a réuni environ 400 personnes, avant qu’une brigade des clowns ne parachève le travail en allant ridiculiser sur le trajet de leur parcours nos néonazes du terroir, qui de leur côté ont péniblement rassemblé 80 gugusses. La manifestation antifasciste, qui s’est tenue à l’appel du CAT – dont c’était la 1ère apparition publique – a été un franc succès. Succès, d’abord, par le nombre de participants : 400 personnes environ, alors que les années précédentes le contre-rassemblement antifasciste peinait à atteindre les 100 personnes. Succès aussi par la diversité des participants : au-delà des forces radicales habituées de ce type d’événement, étaient représentée la quasi-totalité des organisations de gauche locales : Alternative Libertaire, Jeunes Communistes, Nouveau Parti Anticapitaliste, Front de Gauche, quelques maoïstes, jusqu’à quelques membres du MJS, ainsi que la mouvance autonome. Les syndicats avaient eux aussi répondu présents, en particulier Solidaires, dont plusieurs syndicats participent au CAT, mais on remarquait aussi la présence de membres de la CGT, et même de la CFDT, venus soutenir l’initiative. Fédérer toutes ces organisations est déjà en soi un succès. Mais le plus remarquable était la forte présence d’individus non-encartés, de toutes origines et de tous âges, simplement venus dire leur ras-le-bol des discours xénophobes et autoritaires qui, à Tours comme ailleurs, s’incrustent dans le champ politique et médiatique. Autre motif de satisfaction, et pas le moindre : la présence très appréciée de camarades de collectifs antifascistes d’autres villes ou régions venus pour soutenir la lutte, qui illustre la reconstitution de réseaux de solidarité antifasciste au-delà de l’échelon purement local. Espérons que ces liens se développent et se renforcent à l’avenir !

vidéo : Source : Nouvelle République

2e mi-temps : Vox Populi, la voie de l’échec

Cette présence antifasciste, beaucoup plus massive que par le passé à Tours, a permis à la manif de déambuler longuement dans les rues du centre ville, coupant à plusieurs reprises le trajet prévu par la parade nazillone – dont le départ a du coup été retardé de plus d’une heure. Celle-ci, de son côté, a rassemblé environ 80 personnes, nettement moins que l’année dernière, mais toujours avec le décorum nazillon désormais classique, à base de flambeaux et de marche en rangs paramilitaires. Il s’agit clairement d’un bide pour Vox Populi, après celui de leur rassemblement anti-gay pride de mai dernier, d’autant que les Loups Turons semblent avoir boudé l’événement cette année. La rue serait-elle devenue secondaire pour son leader PL. Mériguet, à l’heure où il négocie avec le FN sa place sur les listes électorales – tout comme d’ailleurs sa boutique, qui s’orne depuis quelques semaines d’une annonce de bail à céder ?
Peut-être… En tous cas, cet échec l’a passablement énervé ! Car le vernis de respectabilité qu’il s’échine à passer sur son mouvement a craqué en même temps que ses petits nerfs, révélant une réalité nettement moins séduisante, faite de violence et d’agressivité. En effet, il s’est trouvé confronté cette année à des réactions négatives des habitants – dont certains, semble-t-il, les auraient aspergés de confiture – tandis que les réactions aux terrasses des commerces étaient elles aussi franchement négatives. La goutte d’eau a été la présence de deux ou trois personnes venues tourner en dérision sa pitoyable parade, qu’elles suivaient en dansant au rythme de la chanson « Salut à Toi » des Bérus, histoire de témoigner que l’identité tourangelle est faite d’hospitalité bien plus que de xénophobie. Face à cette expression toute pacifique de leur désaccord, Mériguet n’a trouvé comme réponse que la violence physique la plus basique, commençant par une bousculade et culminant avec une agression à coups de chaise ! Agression freinée par l’intervention de la police, qui comme chaque année encadrait le défilé avec mission de protéger les nazillons, comme en témoigne le fait que les robocops surveillent toujours l’extérieur du cortège… et ont réagi en chargeant et dispersant manu militari les curieux rassemblés par l’altercation. Comme quoi les pouvoirs publics n’ont toujours pas compris de quel côté se trouve la violente !
Comme d’habitude, Mériguet s’est ensuite fendu d’un communiqué délirant et mythomaniaque, affabulant sur « les intentions violentes » de ses victimes et justifiant sa propre violence par sa « culture de la défense ». Qu’on se le dise : pour l’extrême droite, la violence, c’est de diffuser de la musique, pas de taper sur des gens… Et le même Mériguet de venir pleurnicher en se plaignant qu’on vienne l’importuner lui, le pauvre petit « militant politique engagé dans les élections municipales » ! Confirmation, donc : des tractations sont bien en cours entre le groupuscule néofasciste identitaire Vox populi et le soi-disant « respectable » Front national, qui n’assume plus d’être d’extrême droite, mais qui accepte très bien l’extrême droite dans ses rangs.
Quant à savoir si ces négociations vont aboutir, rien n’est encore certain, surtout après cette petite démonstration : interrogée sur le sujet par TV Tours, la secrétaire départementale du Front, Véronique Péan, est un peu embarrassée… et précise que c’est Marine elle-même qui décidera ! Cette fois, c’est sûr, les instances centrales sont au courant du rapprochement, et pour l’instant elles laissent faire : pour ceux qui en douteraient encore, une preuve de plus que le FN ne change pas, que le brun est toujours sa couleur de base, même s’il est moins apparent sous le maquillage à la truelle digne d’une voiture volée !

3e mi-temps : Le ridicule

Après avoir rapidement achevé leur parade, les néo-fascistes ont décidé de retourner dans le centre-ville, mais se sont alors trouvés face à une brigade de clowns qui avait décidé de manifester eux aussi pour la défense et promotion de l’identité tourangelle, donc du poireau tourangeau. Pris de cours, ou peut-être réalisant enfin à leur plus grande honte à quel point leur cause est ridicule, les Vox Populi ont alors investi qui une pizzéria, qui un pub irlandais – tous deux typiques, comme chacun sait, de la gastronomie tourangelle… Les suivaient les robocops, qui craignant sans doute un assaut de bisous des clowns antifas, ont pris à nouveau position en protection des fachos, sous le regard vigilant des flics en civil – qui sentant le ridicule de la situation se tenaient eux plus en retrait. Si le ridicule ne tue pas (toujours), en tous cas il énerve, surtout lorsqu’on est un jeune néofasciste qui se prend au sérieux… Et le facho énervé est un facho encore plus dangereux ! On a pu le constater après le départ des différents clowns – les antifas et ceux en bleu : des groupes de fachos très remontés, gants aux poings, ont longtemps traînés par groupe de vingt (sérieux, dangereux, mais pas courageux !) dans les rues du Vieux Tours, à la recherche de quelque chose sur quoi passer leurs nerfs, furetant partout mais semblant bien perdus dans des rues qui, de toute évidence, n’étaient pas les leurs…

Car ce soir-là, comme toute l’année, Tours était, est, et reste antifasciste !

A Tours comme ailleurs,  Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos !

Communiqué des clowns tourangeaux

La milice des clowns, à la reconquête de la fierté du poireau tourangeau. Le lundi 11 novembre 2013 à 18h37, place de la cathédrale à Tours. Nous, milice des clowns désobéissants tourangeaux, avons défilé dans les rues de notre Terre Promise, placée sous le signe de sainte Martine, illustre patronne des bars de la ville. Ceci dans le but de ne pas laisser nos camarades clowns imposteurs et ni-dentitaires de « Tox-Populli » s’approprier à eux seuls la fierté du poireau et des châteaux tourangeaux. Nous aussi, milice malicieuse clown tourangelle, enracinée et de passage, sommes fiers de bomber nos torses bien que poilus, de chanter nos chansons à tue-tête, et de porter haut et fort les couleurs vertes et bleues de notre poireau dans le ciel. Nous aussi, sommes fiers d’être singe, d’être guenon et de brandir nos bananes, de louer la terre de nos mères mais pas trop cher! Nous sommes fiers de distribuer de la joie, de l’espoir et de l’amour à tous les habitants de notre Tours Promise. Infos de dernière minute: Le clown Pierre-Louis Mériguet, dirigeant du groupe ni-dentitaire tourangeau Tox Populli, fracasse une chaise sur ses collègues en fin de cortège !!! Mais que font les clowns bleus ?! N’oublions pas que cet individu extrêmement gentil se présentera à Tours aux prochaines élections municipales sur la liste Rond Fational…

Le poireau vaincra!

Rions de Tours

Vu sur La Horde, 14 novembre 2013