Archives de catégorie : Propagande marchande

[Poitiers] Débauche de fric pour les tablettes numériques à l’école

NdPN : après la distribution de gadgets numériques (de consternantes tablettes que nous évoquions dans cet article de janvier) au collège de Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, à l’école Tony Lainé en octobre 2012, et à une classe de 6ème du collège Ronsard à Poitiers, voici donc distribué ce gadget ridicule au lycée du LPII à Poitiers. Pour la bagatelle de 750.000 euros… La région sait se montrer généreuse. Si les capitalos du numérique se frottent les mains, les parents d’élèves de la vingtaine de classes supprimées dans la Vienne apprécieront les priorités des institutions… Pour l’occasion, Ségo pose pour les photographes son égo boursouflé de politicarde – elle ne devrait d’ailleurs pas tarder à sortir un bouquin sur son « courage » (défense de rire). A la fin de l’article, on appréciera aussi le bon gros greenwashing dont se pare cette action de promotion pour un gadget technologique, dont l’extraction des composants participe pourtant notoirement à la dévastation écologique et sociale, et dont on ne souhaiterait pas à son pire ennemi les conditions de fabrication. L’horreur capitaliste repeinte en vert, avec les mômes comme cobayes. Bravo la région, et bravo la NR pour cette belle publicité.

Le LPII : premier lycée tout numérique

Ségolène Royal a remis les tablettes aux élèves. – (Photo Patrick Lavaud)

Il y a vingt-cinq ans, René Monory distribuait des ordinateurs dans les collèges de la Vienne pour les mettre au diapason du futur. Aujourd’hui, Ségolène Royal remet des tablettes numériques aux élèves du lycée pilote innovant international (LPII) de Jaunay-Clan, pour les aider « à devenir des acteurs du monde ». Rien n’a vraiment changé.

Ce n’est pas un jouet

Le LPII, qui fête justement son 25e anniversaire, devient donc le premier lycée tout numérique. La Région a investi 750.000 € pour acheter les 650 tablettes, les serveurs informatiques, installer le wifi, etc. Un chiffre sur lequel la présidente du conseil régional a fortement insisté, vendredi soir, au moment de remettre le matériel. Ce n’est pas un jouet, « c’est un outil de travail, auquel il faut faire attention et dont on attend des résultats ». En clair, pour ne pas faire de jaloux dans les autres lycées du Poitou-Charentes, il faudra rendre des comptes sur le bénéfice pédagogique de cette innovation, « parce qu’il s’agit d’argent public » : « A vous de prouver que c’est un investissement judicieux. » Enseignants et élèves ont désormais la pression du résultat. L’outil permettra « d’optimiser le temps scolaire », assure la proviseure, Évelyne Azihari. Il offrira la possibilité de mettre en place des parcours pédagogiques différenciés, du travail interdisciplinaire et d’adhérer encore mieux au projet éducatif numérique européen (Living Schools Lab). Il permettra, enfin, d’économiser le papier des manuels scolaires et de milliers de photocopies. Quoi de plus normal dans une région qui se dit verte.

Philippe Bonnet, 26 mars 2013

[Projet LGV Poitiers-Limoges] Et bim !

NdPN : à nous d’amplifier la contestation pour que ce projet aussi débile que nuisible ne passe pas !

86 –  La LGV Poitiers-Limoges serait mal classée

Selon le portail des transports publics MobiliCités, la commission Duron chargée par le gouvernement de hiérarchiser les projets du Schéma national des infrastructures de transports aurait établi un premier tri dévaforable à la LGV Poitiers-Limoges reléguée « en bas du classement ». La commission présidée par le député du Calvados Philippe Duron devrait publier sa liste définitive en juin 2013.

Dépêche Nouvelle République, 25 mars 2013

[86] Les « patrons de lycées » fournisseurs de chair à profit ?

impasse-de-l-ecoleNdPN : L’école, à quoi ça sert ? A s’émanciper ensemble de l’autorité imposée par une société définie par l’aliénation tous azimuts ? A acquérir des savoir-faire et des connaissances indépendantes d’un monde dont les seules valeurs sont le pouvoir et l’argent ? A développer une culture d’autonomie, individuelle et collective, dont le monde capitaliste du salariat est l’ennemi irréductible ?

Que nenni : à former de futur-e-s esclaves salarié-e-s, à fournir les exploiteurs en chair à profit. Rien n’a changé depuis Jules Ferry : l’objectif de l’école républicaine consiste plus que jamais à modeler les cerveaux de futur-e-s citoyen-ne-s obéissants et de futur-e-s exploité-e-s serviles.

Quand les « patrons des lycées [sic] rencontrent ceux des usines », voilà le titre explicite d’un article paru ce jour dans la Nouvelle République. Ce genre de rencontre contribue à arracher les derniers lambeaux d’hypocrisie d’une école sensée contribuer à rendre les enfants libres ! Cette petite sauterie est d’ailleurs à l’initiative de l’UIMM (le plus célèbre et puissant des syndicats du MEDEF), bien connue pour ses histoires de caisse noire en vue de casser les grèves. On notera, à la fin de l’article, la vieille dénonciation à peine voilée du fonctionnaire prof qui serait déconnecté des ouvriers… que du bonheur.

the wall

Les patrons des lycées rencontrent ceux des usines

La Semaine de l’industrie a été l’occasion pour l’UIMM de provoquer  mercredi à Poitiers une rencontre entre proviseurs et chefs d’entreprise.

Ne caricaturons pas : le temps est loin désormais, où à l’abri des murs de leurs collèges et lycées, les enseignants ignoraient superbement ce qui se passait derrière ceux des usines voisines. Nombre de professeurs, et plus encore de chefs d’établissement ont fini par admettre que l’avenir des enfants qu’on leur confie se trouve notamment, on l’espère du moins, dans ces usines qu’ils connaissent encore si mal.

Deux mondes qui se connaissent encore très mal

Dans le cadre de la Semaine de l’industrie, l’Union des métiers de la métallurgie (UIMM), principale composante du Medef, avait convié mercredi huit proviseurs ou leurs représentants à dialoguer avec autant de patrons. La rencontre a eu lieu symboliquement, non pas dans une salle de classe, mais au sein d’une usine poitevine, TMH-Novatec, spécialisée dans l’entretien des moteurs et accessoires d’avions. L’occasion de confirmer que, désormais, un dialogue fructueux est possible entre Éducation et monde de l’entreprise. L’occasion aussi de constater qu’en dépit des discours pleins de bonne volonté affirmée, les choses évoluent à la vitesse de l’escargot.

En manque d’ouvriers qualifiés

Il y a exactement huit ans, le recteur d’académie de l’époque pouvait annoncer fièrement que c’en était désormais fini des formations ouvertes ou maintenues en fonction des pressions locales et que désormais les cursus proposés seraient adaptés aux besoins définis par les grands corps de métier. Mercredi, les chefs d’entreprise présents ont pu expliquer à leurs hôtes qu’ils peinent toujours autant à trouver les ouvriers qualifiés qu’ils recherchent (on manque par exemple de chaudronniers ou de spécialistes de la maintenance industrielle) : « Une distance s’est créée entre le monde de l’industrie et le monde de l’éducation », déplore même Jean-Yves Taboni, patron de TMH. En ce sens, organiser une rencontre entre patrons et proviseurs allait certainement dans le bon sens. Aux seconds maintenant de faire en sorte d’aiguiller vers des filières qui embauchent un nombre croissant d’élèves, et pas forcément les cancres. Plus facile à dire qu’à faire apparemment. Et à quand une rencontre du même type entre des professeurs et des ouvriers ?

Vincent Buche, Nouvelle République, 22 mars 2013

[Projet de LGV Poitiers-Limoges] Quand le TGV fait dérailler les trains de proximité

Quand le TGV fait dérailler les trains de proximité

Pour les habitants du Limousin, le choix est cornélien : profiter du TGV à Limoges ou préserver leur ligne de proximité, qui dessert la région et plusieurs départements avoisinants. Car une lettre du ministère de l’Écologie, qui aurait dû rester confidentielle, révèle que, pour des raisons économiques, il faudra choisir entre les deux. De Cahors à Poitiers, le débat est relancé : la grande vitesse pour quelques-uns ou un service public ferroviaire pour tous ?

Raccorder Limoges au TGV… Un projet de 30 ans. Et « un moteur de développement économique et d’emplois », selon Jean-Paul Denanot, le président socialiste de la région Limousin. Sauf qu’un courrier du ministère de l’Écologie, qui aurait dû rester confidentiel, a mis le feu aux poudres. Pas sûr que la ligne grande vitesse (LGV) apporte bonheur et prospérité aux Limousins. Selon ce courrier, pour « maximiser les circulations sur le projet de LGV Poitiers-Limoges », Réseau ferré de France propose de réduire drastiquement le nombre de trains sur la ligne classique Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (dite « POLT »). La fréquence des trains passerait de onze allers-retours Limoges-Paris à quatre.

« L’avenir de la desserte ferroviaire de nombreuses villes et territoires est clairement en jeu », s’inquiète la Coordination des riverains et impactés de la ligne à grande vitesse Limoges-Poitiers (CRI). Cette ligne amènera « la grande vitesse à Limoges et non au Limousin ou aux territoires avoisinants », ajoute l’association Urgence Ligne POLT qui milite pour le développement de la ligne existante.

Le TGV pour une élite d’usagers

Autre paradoxe : la ligne classique dessert davantage d’usagers que la future LGV. De l’Indre au Lot, 2,5 millions d’habitants sont concernés. Avec le TGV, ils « mettront plus de temps pour aller à Paris pour un prix de billet prohibitif », estiment les associations. Actuellement, le prix d’un aller Limoges-Paris est de 57 euros sur la ligne classique. Un billet TGV Paris-Poitiers-Limoges devrait avoisiner les 100 euros. La ligne POLT risque également de devenir « omnibus », sans possibilité de trains plus directs et donc plus rapides.

La ligne grande vitesse aggravera aussi la dette de Réseau Ferré de France (RFF). L’entreprise publique, qui gère les voies, est endettée à hauteur de 30 milliards d’euros depuis qu’elle a été dissociée de la SNCF. RFF considère que la suppression d’un aller-retour sur la POLT diminuera le trafic de 8,3 %. Alors qu’il n’augmentera que de 2,3 % sur la LGV Limoges Poitiers [1]. En clair : les billets TGV ne compenseront pas les pertes financières liées à l’abandon du trafic local.

Fronde des élus

Dans le courrier du ministère, le taux de rentabilité est évalué à 4,58 %. Un chiffre « largement en deçà du taux nécessaire à l’équilibre général du projet (investissement et exploitation), estimé lui entre 6 à 8 % [2] », avance l’association Urgence Ligne POLT. « Qui paiera la différence et en particulier le déficit d’exploitation de la ligne ? ». Le coût de la réalisation de la LGV Limoges Poitiers est estimé à 2,4 milliards d’euros pour 2020 . Soit cinq fois plus que la rénovation de la ligne classique, argumentent les opposants.

Les conclusions de la mission confiée à Jean-Louis Bianco sur la réforme ferroviaire pourraient aller dans leur sens. Pour revenir à l’équilibre, « trois actions sont prioritaires », estime l’ancien ministre des Transports [3]. Il préconise de ne pas construire de nouvelles LGV, leur préférant des solutions intermédiaires, entre les TGV et les trains « Corail ». Jean-Louis Bianco propose également d’augmenter la fréquence des trains classiques. Bref, tout le contraire des sacrifices qu’impose le TGV. Les conclusions de cette réflexion sur la réforme ferroviaire devrait être rendues publiques début avril.

Quel véritable service public ferroviaire ?

La lettre émanant du ministère de l’Écologie a sérieusement agacé le président de la région Limousin, Jean-Paul Denanot. D’après lui, il existe une « évidente complémentarité entre la ligne POLT et le barreau LGV » [4] Pas question d’abandonner le TGV, ni de délaisser la ligne POLT, « un outil indispensable d’aménagement du territoire ». Les élus locaux commencent cependant à se poser de sérieuses questions. Le 9 mars, une trentaine d’élus de la Creuse ont symboliquement bloqué les voies en gare de La Souterraine, relate La Nouvelle République. Parmi eux, des conseillers régionaux du Limousin qui avaient voté quelques mois plus tôt les crédits pour les études de la LGV.

Ce seront aux représentants de l’État et à huit collectivités locales, composant le « comité des financeurs » (régions Poitou-Charentes et Limousin, départements de la Vienne, de la Haute-Vienne et de la Corrèze, les agglomérations de Poitiers, Brive et Limoges), de choisir de sacrifier – ou non – la ligne classique et ses dessertes locales au profit du TGV. « Comment huit collectivités peuvent-elles être mises légitimement en situation de décider pour 4 régions, au moins 12 départements et l’ensemble des communes concernées par l’irrigation de l’axe POLT ? », s’insurgent les opposants. Les associations demandent un débat afin d’éviter « une rupture totale du service public ferroviaire pour les populations du Nord de la Corrèze, du Lot, de la Creuse, de l’Indre, du Cher… ».

La fin du tout TGV ?

L’ouverture de l’enquête publique de la LGV Limoges-Poitiers est prévue courant 2013. Les regards sont désormais tournés vers la commission « Mobilité 21 » chargée de hiérarchiser les quatorze projets de lignes à grande vitesse. Ses conclusions sont attendues entre avril et juin 2013. Le président de la commission, Philippe Duron (député-maire PS de Caen) a d’ores et déjà laissé entendre que plusieurs projets risquaient de ne plus voir le jour. En cause : l’état des finances publiques. Et l’émergence de contestations locales de plus en plus fortes.

Car au-delà de l’opposition à la LGV Limoges-Poitiers ou celle, plus médiatisée, contre le Lyon-Turin, des associations et mouvements se rassemblent un peu partout en France contre la construction de nouvelles lignes ferroviaires à grande vitesse. Absence de concertation, destruction de zones naturelles et de terres agricoles, sous-estimation des coûts de réalisation, trafic de proximité laissé en désuétude… La politique du tout TGV a du plomb dans l’aile. Réunies au sein de la Charte d’Hendaye, lancée en 2010, une centaine d’associations françaises, italiennes et espagnoles réclament une « révision profonde » de la stratégie européenne en matière de transports, l’arrêt immédiat des projets de ligne à grande vitesse, et une véritable participation de la population aux prises de décision.

Sophie Chapelle

@Sophie_Chapelle sur twitter

Notes

[1] Selon les conclusions du dossier d’évaluation socio-économique du projet par RFF à consulter ici (page 44).

[2] Selon le dossier d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique

[3] Dans un document que s’est procurée l’AFP.

[4] Dans une lettre ouverte, il fustige « une initiative déplacée et provocatrice ».

Sophie Chapelle, Bastamag, 19 mars 2013

[86] « Boisement compensateur » sur le tracé de la LGV : opération greenwashing pour Vinci

Le « greenwashing » consiste pour une entreprise à se donner des airs de préoccupations environnementales, pour dissimuler un impact social et écologique dévastateur. Un peu comme l’émission de Hulot, Ushuaïa, qui était financée par le plus gros pollueur de l’époque en France, Rhône-Poulenc.

Concernant la LGV (ligne à grande vitesse) Tours-Bordeaux, véritable plaie béante traversant notamment la Vienne avec ses remblais géants, des espaces boisés ont été défrichés et leurs sols dévastés. A la place, des paysages lunaires, des pierres transportées depuis des carrières qui essaiment le long du tracé. Le néant, le désert et le béton.

Aujourd’hui, nouvelle opération de communication de Cosea dans les médias locaux, toujours prompts à relayer  la propagande de Vinci (multinationale aussi impliquée dans d’autres destructions sociales et écologiques comme à Notre-Dame-des-Landes). Il s’agit de replanter des arbres « de qualité » sur une surface double de celle défrichée par le tracé de la LGV. Cette merveilleuse illustration du capitalisme vert s’appelle le « boisement compensateur » [sic]. Il y aura même des arbres fruitiers pour les petits oiseaux qui viendront se fracasser sur les TGV ! Ce petit paradis (qu’il faudra néanmoins attendre un siècle pour voir) sera bien protégé par des clôtures installées par Cosea.

Sauf que ces 314 hectares de reboisement dans la Vienne, en plus de ceux couverts par le tracé LGV, remplacent des espaces agricoles dont les exploitants sont virés avec le concours gracieux de l’Etat PS (qui oblige au « boisement compensateur »), et les liasses de biftons de Vinci. Vinci est au demeurant largement subventionnée, dans ce chantier LGV, par ledit Etat… dans le cadre d’un « partenariat public-privé » ruineux pour les populations, subissant un surcroît de « dette publique » bidouillée par des bureaucrates. Niveau social, on repassera !

A ce propos, le gros propriétaire foncier interviewé par la Nouvelle République évoque les arbres replantés par le grand Colbert. Comparaison révélatrice ? Il oublie de préciser que si Colbert a replanté des arbres, c’était déjà pour « compenser » une dévastation sociale et écologique : la France a été déboisée par le même Colbert, en quasi-totalité, sous Louis XIV… Et ce, pour construire une marine de guerre et des navires marchands (négriers notamment). Déjà à l’époque, la dévastation écologique était la signature d’une politique étatique de dévastation sociale programmée.

Quant au niveau « écologique », qui oserait prétendre que les sols des terres labourées, saturés d’intrants polluants, à la microbiologie dévastée et sur lesquels ces « arbres de qualité » sont téléportés, pourront remplacer l’humus forestier, infiniment riche, complexe et fragile, et dont le vaste recul en France est pour le moins préoccupant ? On est là dans le mépris total des conditions environnementales propices au développement d’une véritable forêt. Rappelons que l’écrasante majorité des sols en France sont de fait devenus de véritables déserts stériles : sans l’emploi massif d’intrants chimiques, sans l’utilisation massive du pétrole, les terres agricoles ne produiraient quasiment plus, faute de vie biologique réelle. L’humus forestier, seul système biologique au monde apte à produire la vie de façon « durable » et cyclique, met plusieurs décennies à se reconstituer… quand il se reconstitue.

Même l’argument économique de l’industrie bois ne tient pas : les chênes et les cèdres plantés aujourd’hui dans la Vienne ne pourront être exploités que d’ici… 80 à 120 ans. L’aspect coup de comm’ apparaît en plein jour, si l’on note que les propriétaires fonciers qui concèdent leurs parcelles ne s’engagent à ne les maintenir boisées que pendant… vingt ans !

Bref, la désinformation de Vinci, de l’Etat, des bureaucrates politicards locaux et des médias frise une fois de plus le grotesque. Après les enfants handicapés heureux de conduire des engins de Vinci, après l’invocation à la journée de la femme pour évoquer l’effort dérisoire de « parité » sur les chantiers, après le recours piteux à l’argument grossier de la création d’emplois précaires et temporaires, voici les arbres et les petits oiseaux. Il faut dire qu’ils auront peut-être la « chance de voir passer les premiers TGV » [sic] : chez les journalistes aussi, on peut se montrer poète…

L’enjeu des pouvoirs politico-économiques est désormais d’étendre la dévastation LGV à un barreau Poitiers-Limoges.

Nous ne laisserons pas transformer la planète que nous habitons en poubelle de béton.

Pavillon Noir, 18 mars 2013

La vidéo de la Nouvelle République ici.

Voir aussi l’article de la NR…

LGV : deux hectares boisés pour chaque hectare défriché

Le boisement compensateur de la LGV Tours-Bordeaux prévoit la plantation de 314 ha d’espèces d’arbres de qualité dans la Vienne. A la charge de Coséa.

Sur une colline de Marnay, Patrick de Lassée s’agenouille devant un jeune chêne sessile d’une soixantaine de centimètres pour montrer à son fils de 13 ans la forme caractéristique de ses feuilles. « Le boisement est une affaire de longue haleine, on travaille pour la postérité, explique cet important propriétaire foncier. Si Colbert n’avait pas planté la forêt de Tronçay, les chênes n’auraient pas été là pour la marine de Louis XV ! »

Dans 150 ans, cet arbre atteindra sa maturité s’il a survécu aux sélections successives qui seront opérées sur cette parcelle de 7 ha où près de 8.000 plants identiques et 1.300 cèdres de l’Atlas ont été plantés la semaine dernière. Alors, peut-être, les héritiers des de Lassée se souviendront-ils que l’opération de boisement est intervenue pendant la construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse Tours-Bordeaux ? Une mesure compensatrice imposée par l’État.

«  On s’engage pendant 20 ans  »

« Nous avons l’obligation, dans les quatre ans, de planter deux hectares pour chaque hectare de forêt défriché le long du tracé de la ligne dans la Vienne », explique Luc Vancrayelynghe, l’ingénieur paysagiste de Coséa, le consortium chargé de construire la voie ferrée. « L’idée est de produire du bois d’œuvre de qualité, pas des résineux pour l’industrie papetière ni du bois de chauffage », ajoute Frédéric Filet, de l’entreprise Alliance Forêts Bois sollicitée pour la plantation. Principalement des chênes, donc, mais aussi des fruitiers – merisiers, cormiers et autres alisiers : « Des espèces dont le bois est destiné à l’ébénisterie au bout de 60 ou 80 ans mais qui jouent un rôle en matière de biodiversité ; les oiseaux se nourrissent de leurs fruits. » Au total, à la fin de l’année 2012, Coséa avait déjà fait planter 60 des 314 hectares prévus sur l’ensemble du territoire départemental mais les conditions météorologiques ont ralenti le programme cet hiver. Pour les propriétaires, dont les dossiers ont été retenus, c’est tout bénéfice. Ou presque. « Sans aide, je ne suis pas sûr que beaucoup feraient l’effort de boiser de telles surfaces, estime Patrick de Lassée. Et puis, on s’engage tout de même à maintenir le terrain boisé pendant 20 ans et à l’entretenir de la 4e à la 20e année. »

90 % du coût de l’opération au final

Le technicien de la Société forestière de la Caisse des dépôts, qui assure la maîtrise d’œuvre, estime néanmoins que Coséa prend en charge 90 % du coût de l’opération au final ; à elles seules, les clôtures de deux mètres de haut qui protègent les plants du gibier représentent la moitié de la facture ! « L’entreprise chargée de la plantation doit garantir 80 % de reprise la première année et assurer l’entretien durant trois ans », précise-t-il. Le temps de permettre aux jeunes arbres de s’imposer pour avoir une chance de voir passer les premiers TGV.

Sur 314 hectares à boiser, 60 sont déjà plantés et 175 sont à l’étude. Les propriétaires intéressés peuvent s’adresser au Centre régional de la propriété forestière au 05.49.52.23.08. Courriel : poitou-charentes@crpf.fr

Baptiste Bize, Nouvelle République, 18 mars 2013