Archives de catégorie : Propagande marchande

A propos de « l’égalité des chances »

« L’égalité des chances » est un concept semblable aux « commerce équitable », « méritocratie » et autres « égalité devant la loi »… des mots pipés de la novlangue bourgeoise, portés par les John Rawls, Friedrich Hayek et autres Milton Friedman, chantres du capitalisme sauvage. Il s’agit de promouvoir le travail aliéné et l’obéissance inconditionnelle à l’Etat, tout en légitimant l’inégalité économique et sociale au fondement même du pouvoir.

Cette notion d’égalité des chances vient en fait de Philippe Pétain, collabo soutien des nazis. Voici un extrait du discours de Pétain du 11 octobre 1940, où il lance la fameuse expression… aujourd’hui reprise en cœur par l’ensemble des partis au pouvoir et du patronat.

« Le régime nouveau sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera plus sur l’idée fausse de l’égalité naturelle des hommes, mais sur l’idée nécessaire de l’égalité des chances données à tous les Français de prouver leur aptitude à servir.

Seuls le travail et le talent deviendront le fondement de la hiérarchie française. Aucun préjugé défavorable n’atteindra un Français du fait de ses origines sociales à la seule condition qu’il s’intègre dans la France nouvelle et qu’il lui apporte un concours sans réserve. On ne peut faire disparaître la lutte des classes, fatale à la nation, qu’en faisant disparaître les causes qui ont formé ces classes, qui les ont dressées les unes contre les autres.

Ainsi renaîtront les élites véritables que le régime passé a mis des années à détruire et qui constitueront les cadres nécessaires au développement du bien-être et de la dignité de tous. »

Alors, « égalité des chances » ou égalité réelle ?

Juanito, 22 avril 2014

Quand la boîte roulante qui pue devient mouchard

image vue sur un site de propagande bourgeoise

Vers la multiplication de mouchards intégrés sur les voitures neuves ?

eCall : en 2015 les voitures appelleront le 112 en cas d’accident

Numerama, Mardi 15 Avril 2014

Le Parlement européen a validé mardi un dispositif de sécurité routière proposé par la Commission européenne, qui rendra obligatoire l’installation d’un système d’appel automatique d’urgence intitulé « eCall » dans tous les véhicules neufs à partir d’octobre 2015.

Dès qu’un accident grave sera détecté par les capteurs de la voiture (du même type que ceux qui déclenchent l’ouverture de l’airbag), le système embarqué composera automatiquement le 112 avec des informations circonstanciées comprenant la localisation géographique du véhicule et son modèle (le code VIN), pour permettre aux secours d’intervenir au plus vite même lorsque les passagers sont inconscients. L’eCall peut également être activé manuellement pour appeler des secours.

Concrètement, les véhicules seront tous équipés d’un système de téléphonie mobile et d’une carte SIM dédiée, qui permet de joindre les centres de secours gratuitement. Une communication vocale est alors établie entre l’opérateur et le(s) passager(s) conscient(s).

Ange-gardien ou mouchard ?

Les constructeurs automobiles proposant parfois des systèmes similaires privés (0,7 % des véhicules en Europe seraient ainsi équipés), la directive européenne prévoit de laisser aux fabricants la possibilité de choisir par défaut une autre plateforme que le 112.

Selon la Commission Européenne, le système eCall est un système « dormant », qui ne permet pas de suivre les véhicules à la trace. La connexion au réseau mobile ne serait en effet effectuée qu’en cas d’activation de l’eCall.

Cependant, Bruxelles reconnaît également que « les possibilités de la plateforme technologique eCall (par exemple les modules de positionnement, de calcul et de communication) pourraient être exploitées pour des services additionnels« . La Commission cite d’elle-même les « schémas d’assurance avancés« , qui permettraient aux assureurs de savoir si un véhicule roulait trop vite sur une route donnée, de facturer au kilomètre parcouru, etc., ou le traçage des véhicules volés. L’eCall oblige à avoir un système embarqué de téléphonie mobile dans toutes les voitures. Le reste n’est qu’affaire d’imagination.


En 2015, les voitures appelleront elles-mêmes les secours en cas d’accident

Le Figaro, 11/02/2014 à 19:36

À compter d’octobre 2015, tous les nouveaux modèles de voitures en Europe devront être équipés d’un bouton d’appel d’urgence. Ce système baptisé eCall a été validé, ce mardi, par la commission du Marché intérieur du Parlement européen. Le vote définitif devrait intervenir dans les mois prochains.

À partir d’octobre 2015, tous les nouveaux modèles de voitures en Europe seront un peu plus intelligents. Ils devront être équipés d’un bouton qu’il suffira de presser pour alerter automatiquement les services de secours. En cas d’impossibilité pour le conducteur d’appuyer sur le bouton, l’alerte se fera automatiquement et le véhicule sera géolocalisé.

Dans les cartons des autorités européennes depuis plusieurs années, ce système baptisé « eCall » vient de franchir une étape supplémentaire. La commission du marché intérieur du Parlement européen s’est prononcée ce mardi en faveur de cette technologie qui avait donné lieu à des désaccords tenaces entre pays. Cette dernière devrait donc être adoptée par le parlement européen en février ou mars prochain.

Le temps d’intervention sera réduit

Concrètement l’eCall qui sera connecté au 112, – un numéro réservé aux appels d’urgence et déjà en vigueur aujourd’hui dans l’Union européenne – permettra d’alerter plus rapidement les secours. Selon l’Europe, le temps d’intervention des pompiers et du Samu sera réduit « de 50% en zones rurales et de 40% en zones urbaines ». Selon Bruxelles, quelque 2500 vies pourraient être ainsi sauvées chaque année.


Vers une boîte noire dans les voitures françaises

Le Figaro, 21/06/2013 à 16:28

Des études vont être lancées pour doter les véhicules d’un appareil restituant des données captées trente secondes avant l’accident.

Comme les avions, les voitures françaises pourraient dans quelque temps être équipées d’une boîte noire. C’est en tout cas la piste que compte explorer le Conseil national de la sécurité routière (CNSR). Se réunissant en séance ce vendredi, son président, Armand Jung, devrait demander aux deux commissions concernées, vitesse et outils technologiques, d’étudier cet appareil dans un cadre déjà quelque peu délimité.

Car, précise Armand Jung, « cet outil ne contiendra que des données techniques », relatives au freinage, à la vitesse, au port de la ceinture ou encore au déclenchement des airbags. Exit donc toute information portant atteinte à la vie privée : il n’y aura pas d’enregistrement vocal et d’image. Par ailleurs, cet appareil ne délivrera des renseignements que sur les trente secondes précédant l’accident, unique cas au cours duquel les seules forces de l’ordre seront autorisées à les exploiter.

Ce projet est aujourd’hui celui qui est privilégié pour combattre la vitesse, même si, selon Armand Jung, une baisse éventuelle de certaines limitations est toujours étudiée. Plus consensuelle, cette boîte noire, plus justement baptisée « enregistreur de données d’accidents », recueille les faveurs d’un grand nombre d’acteurs de la sécurité routière, dont Frédéric Péchenard, le délégué interministériel à la sécurité routière. « Elle offre de nombreux avantages », explique ce dernier. Le premier serait d’avoir un impact direct sur le comportement de l’automobiliste. Sachant que ses faits et gestes sont enregistrés, il pourrait être plus respectueux des règles. « Nous voulons ainsi le responsabiliser », indique Armand Jung. Le second intérêt est d’ordre épidémiologique : « En cas d’accident, on aura des données précises sur les circonstances et la vitesse », souligne Frédéric Péchenard.

À ce jour, les États-Unis se sont lancés dans la généralisation des boîtes noires. Encore optionnelles et peut-être bientôt obligatoires, elles sont déjà adoptées par 96 % des automobilistes américains. « En Europe, la police de Berlin en avait équipé ses véhicules. En quelques mois, les accrochages avaient chuté de 36 %, preuve que cet outil joue sur les comportements », relate Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière. Mais ce projet est dans l’air du temps : « Ces enregistreurs dans les véhicules sont l’une des propositions du plan 2011-2020 de la sécurité routière de la Commission européenne », rappelle Christophe Ramond, directeur des études et recherches à la Prévention routière.

Quant à l’installation de ce boîtier, elle ne présenterait guère de difficulté, selon Jean-Charles Sarbach, directeur technique à la Fédération des industries des équipements pour véhicules : « le prix du dispositif ne devrait excéder les 150 euros ».


Boîte noire contre tarifs d’assurance réduits

Le Parisien, 7 févr. 2014, 07h00

C’est une pratique inédite dans le monde des assureurs. Depuis le 1 er janvier, le courtier BA Assurances propose aux automobilistes 30 % de réduction sur leur contrat s’ils équipent leur véhicule d’une boîte noire RoadEyes, seule entreprise à fabriquer ce système en France. « Nous faisons un pari sur l’avenir », explique Florent Cautela, responsable de la société de courtage. Ce rabais pourrait séduire de nombreux conducteurs, A l’heure où les tarifs d’assurance n’enregistrent pas de baisse malgré la chute historique de la mortalité sur les routes (lire encadré), ce rabais pourrait séduire de nombreux conducteurs. Si le premier prix d’une boîte noire est de 129 €, le système permet d’économiser environ 150 € selon les profils d’assurés (voir infographie ). Du côté des assureurs, ce nouveau marché laisse entrevoir de nombreux avantages. A commencer par la baisse du nombre d’accidents. Ce boîtier incassable, équipé d’une caméra sur le pare-brise, enregistre les données de l’automobiliste : son, image, vitesse, changements de trajectoire, géolocalisation, horodatage à l’intérieur de l’habitacle. « Notre concurrent américain a fait le test sur 2 000 véhicules. Ils ont obtenu une baisse des sinistres de 56 % », explique Boris Brault, créateur de RoadEyes.

Plus armés face à la justice

Avec ce dispositif, les automobilistes deviennent plus vigilants. « C’est comme un troisième oeil. Le fait de conduire en étant filmé incite à plus de prudence », explique Florent Cautela, qui en a déjà vendu 30 000 en 2013. Résultat : des économies pour les professionnels qui ont vu le prix moyen des réparations augmenter de 2,5 % l’an dernier selon les données de la Fédération française des sociétés d’assurances.

Autre bienfait attendu : ces images constituent des preuves irréfutables devant les tribunaux. « Aujourd’hui, on fait des procès pour n’importe quel motif et les dommages et intérêts sont de plus en plus considérables pour les assurances », analyse Florent Cautela. Avec ce système, fini a priori les délits de fuite ou les constats à l’amiable mensongers, le conducteur ne pourra plus berner les juges en cas d’accident.

Contrairement aux Américains, les Français, craignant une atteinte à leur vie privée, se sont toujours montrés frileux. Pourtant, beaucoup l’ignorent, mais tous les véhicules récents possèdent des enregistreurs de données. Les plus connus : l’airbag ou l’ABS ! « Les constructeurs ne le disent pas car c’est assez anxiogène, mais la voiture n’est plus un espace privé. Votre garagiste sait exactement où vous êtes allé ou si votre véhicule est bien entretenu », relève le créateur de RoadEyes.

En France, le Conseil national de sécurité routière, qui s’est réuni en novembre dernier, s’est dit favorable à la généralisation de boîtes noires dans les véhicules neufs.

Collection d’articles vue sur Brèves du désordre, 16 avril 2014

[Poitiers] Des goodies de la fac, des goodies pour la vie !

Aujourd’hui, vente de goodies aux services centraux de la fac de Poitiers, pour favoriser le « sentiment d’appartenance« … Illustration en photo (vu sur cet article de la Nouvelle République) :

Trop chou, « Philémon le lion ».

Après la fac, histoire d’entretenir ce sentiment d’appartenance à la communauté citoyenne, rappelons que d’autres goodies permettront d’orner vos étagères. Vous serez fier.e.s de pouvoir les exhiber à vos ami.e.s et à vos enfants : « parce que je le vaux bien » !

macdo

casket

tshirtrsa

Les jaloux vont maigrir !

Juanito, Pavillon Noir, 17 avril 2014

Transports en commun : arguments contre les opposants à la gratuité

NdPN : ce texte polémique fort intéressant, vu sur le site carfree, mériterait une réflexion politique étendue à bien d’autres types de biens et services.

Les opposants à la gratuité

C’est une grande victoire pour la gratuité des transports en commun! En effet, deux associations majeures dans le domaine des transports en commun, à savoir la FNAUT « représentant les voyageurs » et l’UTP « représentant les entreprises de transport« , viennent de se réunir pour dénoncer dans un communiqué commun la gratuité. Si ces deux associations éprouvent le besoin de conjuguer leurs efforts pour attaquer la gratuité, c’est très probablement qu’il y a le feu au lac!

La gratuité des transports en commun en milieu urbain est un phénomène qui, tout en restant encore marginal, tend à se développer sur la période récente. Aujourd’hui, on compte en France une vingtaine de villes ou d’agglomérations qui ont instauré la gratuité totale des transports en commun. Bien mieux, certaines villes où la gratuité existe depuis plus de 20 ans n’ont pas l’intention de changer de modèle. Par ailleurs, lors des dernières élections municipales de 2014 de nombreux candidats, de droite comme de gauche, ont proposé d’instaurer la gratuité des transports en commun.

La gratuité a donc le vent en poupe, elle apparaît comme une solution qui répond à la fois aux enjeux environnementaux, en favorisant les alternatives à l’automobile, et aux enjeux sociaux, en favorisant le droit au transport et le pouvoir d’achat des ménages.

Or, les 9 et 10 janvier derniers, la FNAUT et l’UTP ont voté une « position commune » dont le titre en lui-même est évocateur: « Pour un développement durable du service de transport public, non à la gratuité totale« . Cette position commune se présente comme un argumentaire détaillé contre la gratuité, il permet donc de mieux cerner ce qui soude et réunit les opposants à la gratuité des transports en commun.

Venant de la FNAUT et de l’UTP, deux associations sérieuses et respectées, on s’attend donc à un argumentaire en béton qui va réduire à néant les « illusions de la gratuité ». On va être déçu.

Déjà, le titre du communiqué en dit long, cela pourrait être un jeu de mots, mais il s’agit plus probablement d’une énième utilisation éculée du terme « développement durable ». Car ici, il ne faut pas comprendre que le transport public serait éventuellement un outil du développement durable, mais plutôt que le seul moyen de « développer » le transport public sur le long terme est de le rendre payant pour les usagers.

Cette seule affirmation est déjà un non-sens car dans les faits, les recettes commerciales, c’est-à-dire la vente de titres de transport,  représentent une très faible part du financement des transports en  commun, allant d’en moyenne 15% pour les petites agglomérations à 23%  pour les plus grandes agglomérations de France (1).

Dit autrement, le financement des transports en commun en France est déjà assuré entre 77% et 85% par les contribuables et les entreprises. Bien pire, dans certaines villes, les recettes de billetterie sont inférieures aux frais de perception (2). Ce qui veut dire, tenez-vous bien, que les ventes de tickets et d’abonnements ne couvrent même pas les coûts matériels et humains pour vendre les tickets, composter et contrôler les usagers. En d’autres termes, dans certains cas, on fait payer les usagers pour pouvoir tout simplement vérifier qu’ils payent…

Mais, venons-en au cœur de l’argumentation de la FNAUT et de l’UTP. En fait, ils ont produit un document en 10 points, classés de 1 à 10. Nous allons donc étudier chaque point individuellement.

1. La gratuité n’existe pas

En général, on place le meilleur argument ou du moins l’argument le plus important en première place. Or, avec cet argument, on comprend tout de suite l’idéologie qui sous-tend la prise de position de la FNAUT et de l’UTP. Selon eux, « la gratuité n’existe pas » et « un agent économique assumera quoi qu’il arrive le coût« .

Avec cet argument, la FNAUT et l’UTP dévoilent leurs véritables intentions. En effet, cette affirmation a d’étranges similitudes avec la maxime rendue célèbre par l’économiste ultralibéral Milton Friedman qui disait: « il n’y a pas de repas gratuit » (« There’s no such thing as a free lunch »). Le sous-entendu de cette doctrine, c’est que tout a un prix et que quelqu’un doit le payer. Au-delà du libéralisme économique dont on peut s’étonner qu’il devienne un argument pour des associations comme la FNAUT et l’UTP, il convient de souligner la confusion entretenue par ces deux associations autour de la notion de gratuité.

Car dans les faits, la gratuité existe bel et bien en matière de transports en commun, au moins dans une vingtaine de villes ou agglomérations; on parle en effet ici de gratuité depuis le point de vue de l’usager, qui n’a pas à payer un ticket ou un abonnement. La FNAUT et l’UTP jouent donc sur les mots pour faire croire que « la gratuité n’existe pas », en contradiction flagrante avec les faits.

Par ailleurs, la gratuité ne s’applique pas seulement aux transports en commun. Sauf preuve du contraire, l’ensemble des routes françaises sont « gratuites », c’est-à-dire qu’elles ne sont pas payées par les automobilistes qui les empruntent. Ces routes sont payées par les contribuables, donc en partie par les automobilistes, mais aussi par tous ceux qui payent des impôts et qui n’ont pas de voiture.

2. La gratuité totale n’est pas compatible avec l’évolution contrainte des finances publiques

Le second argument paraît étonnant. On vient de nous expliquer que « la gratuité n’existe pas » et on nous affirme maintenant qu’il peut exister une « gratuité totale »… Passons sur les incohérences pour nous concentrer sur la notion essentielle au cœur de cet argument. Selon eux, les finances publiques sont « inéluctablement » condamnées à se raréfier, les impôts à baisser, l’état et les collectivités à se désengager (au profit du privé bien sûr), il faut donc maintenir un transport public payant pour financer son développement et son fonctionnement. Comme nous l’avons vu précédemment, la réalité actuelle est tout autre, les usagers payent une infime partie du fonctionnement et du développement des transports en commun.

Mais surtout, cette affirmation apparaît comme un véritable programme économique que ne renieraient sans doute pas un Alain Madelin ou une Margaret Thatcher qui disait, rappelons-le, « There is no alternative » (« Il n’y a pas d’alternative« ). Sous-entendu, il n’y a pas d’alternative au système libéral, au marché et au capitalisme. Dans la poursuite du premier argument, on voit là encore l’idéologie néo-libérale à l’œuvre chez les opposants à la gratuité. Allons au bout de la logique, l’Etat est condamné à disparaître, les collectivités locales aussi, tout le monde doit payer et chacun pour soi?

Également, essayons d’appliquer par exemple cet argument à l’école publique qui est, malgré ce que dit l’argument 1, encore gratuite. Selon eux, la gratuité totale de l’école publique ne serait donc pas compatible avec « l’évolution contrainte des finances publiques« ?

Avec les problèmes budgétaires récurrents (vous me direz, aidez les entreprises à coups de 50 milliards, cela contraint un peu les budgets…), on doit donc s’attendre à ce que l’école publique ne soit plus gratuite? Pourquoi ce qui s’appliquerait pour les transports en commun ne s’appliquerait-il pas à l’école? Il y aurait une bonne et une mauvaise gratuité? Certains services pourraient avoir une gratuité acceptable et d’autres pas, du moins tant que « l’évolution contrainte des finances publiques » ne nous a pas encore amené au point inéluctable où tout sera payant (l’école, la police, la justice, etc.)?

3. La gratuité totale n’est pas favorable au développement de l’offre de transport public

Dans la suite de l’argument précédent, la FNAUT et l’UTP tiennent à nous alerter ensuite sur le risque de dépérissement du transport public. Ici, on agite la peur et on attise les inquiétudes en sous-entendant que la gratuité va aboutir à des transports en commun vieux et mal entretenus. C’est normal, puisque dans leur logique de « désengagement » des pouvoirs publics, si les usagers arrêtent de payer, les bus vont devenir sales et puants et les tramways vont peut-être même sortir de leurs rails? Là encore, c’est en contradiction même avec la réalité actuelle, sans même parler d’une généralisation de la gratuité. Les transports en commun actuels (i.e payants) sont ce qu’ils sont avec un financement public à plus de 80%!

Par ailleurs, il faudrait alors expliquer pourquoi une ville comme Aubagne (45.800 habitants) a réussi à la fois à passer à la gratuité tout en lançant une ligne de tramway (gratuite)? Dans le même temps, une ville comme Toulon (164.000 habitants) où les transports en commun sont payants n’a toujours pas une seule ligne de tramway… C’est bizarre, cela ne colle pas vraiment avec l’idée selon laquelle la gratuité provoquerait la fin du développement de l’offre de transport public.

La réalité, c’est que Aubagne a augmenté le Versement transport, c’est-à-dire la taxe à laquelle les entreprises sont assujetties dès lors qu’elles ont plus de neuf salariés. Ce ne sont même pas les contribuables qui ont été sollicités pour payer le « tramway gratuit », ce sont les entreprises. Et quand bien même les contribuables paieraient, cela serait tout simplement l’exercice de la solidarité et de la redistribution.

4. La gratuité totale singularise les transports par rapport aux autres services publics

Avec cet argument, on reste dans la même logique, à savoir pour eux l’idée selon laquelle un service public doit être payant. Et l’UTP et la FNAUT nous sortent l’exemple de l’électricité et du gaz… Où l’on découvre ainsi que le marché de l’électricité et du gaz sont des services publics… Là encore, il y a une confusion volontaire qui est faite entre service public et « mission de service public ». Quand on achète son gaz à GDF-SUEZ, on traite avec une société privée qui exerce pour partie une mission de service public. Mais, il ne s’agit pas vraiment d’un service public. Le but de GDF-SUEZ n’est pas d’améliorer la société ou de répondre à des besoins de service public, mais de faire des profits pour rémunérer ses actionnaires.

Et si on reste par contre sur l’exemple de l’école, on voit par ailleurs que la gratuité totale des transports en commun ne se singularise pas vraiment de ce qu’il est possible de faire en matière de service public. En fait, il s’agit là, malgré ce que veulent nous faire croire l’UTP et la FNAUT, de choix de société. Quels types de services publics une société souhaite-t-elle pour ses membres. Quels types de services doivent être exercés par le biais de la solidarité nationale ou locale? Il s’agit de choix politiques et il n’y a aucune raison objective inéluctable qui rendrait la création d’un nouveau service public impossible. Sinon, nous n’aurions jamais eu l’école publique gratuite…

5. La gratuité totale n’est pas la meilleure forme d’équité sociale

Ici, on veut nous mettre la larme à l’œil. La gratuité serait mauvaise pour l’équité sociale car, dans leur logique à eux, l’équité sociale consiste à faire des tarifs réduits ou gratuits pour les pauvres, en bref une sorte d’aumône accordée aux pauvres. Cela démontre au passage leur vision étriquée du transport public, à savoir un transport essentiellement destiné aux pauvres, aux chômeurs, etc. Comme le disait Margaret Thatcher, une source très sûre pour l’UTP et la FNAUT, « un homme qui prend encore les transports en commun à 40 ans est un homme qui a raté sa vie« .

Or, la gratuité des transports en commun a justement en projet un bouleversement complet du rapport au transport. Avec la gratuité pour tous, il n’y a plus de barrière sociale, tout le monde a accès de la même manière au transport public, c’est-à-dire de manière facile et pratique, sans devoir acheter un ticket ou payer un abonnement. Les transports en commun ne doivent pas être réservés aux pauvres titulaires d’un abonnement gratuit tandis que les autres auraient les moyens de s’acheter une voiture…

Enfin, on peut assurer ici qu’il n’y a pas plus équitable que la gratuité. Car, si les transports en commun sont payés en partie par les entreprises, la part relevant de l’impôt garantit que les personnes non imposables n’auront pas à payer au bout du compte le transport public. Bien mieux, avec l’impôt progressif, chaque contribuable finance proportionnellement à ses revenus le transport public.

6. La gratuité totale n’est pas favorable au développement durable

On revient ici à la problématique du « développement durable ». Selon la FNAUT et l’UTP, « aucune étude n’a, à ce jour, démontré que la gratuité totale du transport urbain encourageait un report modal massif et durable de la voiture particulière vers les transports publics« . Déjà, on leur conseille de lire l’étude de référence en France sur le sujet, financée par l’ADEME dans le cadre du PREDIT 3 (Programme de Recherche et d’Innovation dans les Transports Terrestres), étude qui reconnaît que la gratuité permet un report modal de l’automobile vers les transports en commun. Bien sûr, il est difficile de parler de « report modal massif et durable », tout simplement car très peu de villes encore sont passées à la gratuité, encore moins ont été étudiées, et le recul historique reste somme toute mesuré. Mais, on ne peut pas utiliser comme argument la non-généralisation de la gratuité pour justifier qu’il ne faut pas généraliser la gratuité!

Par ailleurs, toutes les études, je dis bien toutes y compris celles défavorables à la gratuité, ont reconnu que la gratuité provoquait une augmentation importante de la fréquentation des transports en commun. Dans le même ordre d’idées, des bus gratuits pleins d’usagers semblent a priori plus favorables au développement durable que des bus payants quasi-vides qui tournent en ville…

Dans cette même partie, un autre vieil argument éculé fait son apparition, à savoir l’idée selon laquelle les piétons vont se mettre au bus du fait de la gratuité. Selon la FNAUT et l’UTP, la gratuité est mauvaise car elle va pousser des piétons à prendre le bus alors que si c’était payant, ils auraient marché. Quel mépris! Pour eux, les gens vont se jeter sur la gratuité, voire même, pourquoi pas, passer leur journée dans le bus à faire des tours en ville?

En fait, dans leur esprit un piéton, c’est fait pour marcher, point barre. Il ne leur viendrait pas à l’idée que les usagers des transports en commun sont déjà de fait des piétons, qui marchent parfois longtemps jusqu’à un arrêt de bus, ou entre deux correspondances. Alors, si une partie des déplacements faits à pied utilisent le transport public gratuit, où est le mal? Cela peut éventuellement soulager certains, et pour ce qui concerne les déplacements courts, les piétons auront vite compris qu’il vaut peut-être mieux faire les 400 ou 500 mètres à pied plutôt que d’attendre 10 minutes ou un quart d’heure un bus même gratuit…

Enfin, la FNAUT veut à tout prix associer gratuité des transports en commun et étalement urbain, comme si l’étendue actuelle de l’étalement urbain en France était liée à la scandaleuse gratuité des transports en commun en vigueur dans l’ensemble des villes françaises depuis des décennies… Nous en avions déjà parlé ici même, l’étalement urbain est étroitement lié à la massification de l’automobile individuelle, pas aux transports en commun et encore moins à la gratuité de ces transports en commun.

7. La gratuité totale peut altérer la perception de la valeur du service

Disons-le tout de suite, on revient ici aux arguments néo-libéraux déjà servis précédemment, mais on nous les ressert pour être bien sûr que le message entre dans notre petite tête. Et il y a même un slogan qui va avec: « Ce qui est gratuit n’a pas de valeur ». On est toujours dans la contradiction la plus totale, car après avoir appris que la gratuité n’existait pas, qu’il y avait quand même une « gratuité totale », on apprend désormais que cette même gratuité va « altérer notre perception« .

Qui plus est, on est là encore dans le grand mépris des gens. En gros, la gratuité va nous laver le cerveau et nous transformer en bêtes redoutables assoiffées de destruction et de vandalisme. Selon eux, si c’est gratuit, on ne va pas le respecter et on va donc laisser ses déchets dans les bus et cracher au visage des conducteurs. Et tant pis si la réalité de la gratuité dit tout autre chose. Selon le maire d’Aubagne qui l’a mise en place en 2010, un avantage de la gratuité réside « dans la baisse  drastique de la délinquance dans les transports de l’agglomération, et  l’absence quasi totale des grèves de conducteurs, cauchemar des élus » (3). Bien mieux, sans rapports monétaires entre usagers et conducteurs, il semble bien que cela apaise les tensions, le conducteur est là pour conduire et non pas pour encaisser ou fliquer les gens.

Pire, si on prend l’argument de la FNAUT et de l’UTP au pied de la lettre, seul est respectable ce qui a un coût. Dit autrement, l’amour, l’amitié, la générosité, etc. autant de valeurs indignes de respect puisque ne possédant pas de coût. Les sentiments les plus généreux reposant justement sur la gratuité n’ont donc pas de valeur. En fait, on a un peu l’impression de marcher sur la tête et on pense alors aux célèbres phrases tirées du livre 1984 de George Orwell: « la guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance est une force« .

Plus simplement, dans leur logique à eux, il faut tout monétariser, libéraliser, privatiser.

Ce qui est foncièrement bizarre, c’est que ces tenants du néo-libéralisme le plus sauvage, auto-proclamés défenseurs des transports publics, n’ont strictement rien à dire sur la « gratuité totale » des routes de France. Alors les gars, les routes n’ont pas de valeur? Quel plus beau service public que celui des routes! Des centaines de milliers de routes gratuites nationales, départementales et communales, payées par le contribuable, mais dans quel système bolchévique vivons-nous?

8. La gratuité totale n’est pas compatible avec le modèle économique de notre secteur

Attention, ce sont désormais les « pros » qui parlent. Déjà, on parle ici de « leur » secteur, autrement dit, vous êtes chez eux! Simple usager, payant ou gratuit, des transports en commun, vous pensiez utiliser un mode de déplacement collectif appartenant à la collectivité. Vous vous trompiez! Derrière tout ça, il y a un système économique avec des gens dont le but est de… faire de l’argent?

Tenez-vous bien, les deux compères nous sortent alors un couplet proprement hallucinant dans lequel ils nous expliquent que la publicité (sur les bus ou sur les abri-bus) ne pourra pas payer la gratuité du transport en commun! En fait, personne ne demande cela, mais la FNAUT et l’UTP nous menacent à la fois d’une extension démesurée de la pub tout en affirmant que cela ne suffira pas. Comment appeler cela? De la publicité mensongère?

En effet, dans les faits, et on l’a dit, la gratuité est financée essentiellement par les impôts locaux et surtout par le Versement transport des entreprises. Là encore, il s’agit d’une volonté manifeste d’effrayer les gens tout en refusant de poser les véritables questions, à savoir la redistribution par le biais de l’impôt ou la participation accrue des entreprises au financement des transports en commun dont elles sont les premières à profiter.

9. La gratuité totale n’est pas une demande des utilisateurs des transports publics

Alors là, on atteint le sommet du grand n’importe quoi et de la désinformation! Quand on voit cet argument, on s’attend aux résultats précis et définitifs d’une enquête d’opinion ou du moins d’un sondage quelconque; et non, rien de cela. On nous apprend que les usagers ne veulent pas de la gratuité parce que… leurs représentants n’en veulent pas! En fait, le passage est tellement ridicule qu’il faut le citer in extenso:

« Contrairement à un discours souvent repris, les attentes des voyageurs concernent avant tout des transports publics sûrs, de qualité, pérennes et fiables. D’ailleurs, ces exigences légitimes, qui répondent à un besoin quotidien de déplacement, sont souvent énoncées par les représentants des voyageurs. À ce titre, ces derniers ne sont pas favorables à la gratuité. La Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports (FNAUT) qualifie elle-même la gratuité de « fausse bonne idée ».

La FNAUT affirme donc que les utilisateurs ne veulent pas de la gratuité en se citant elle-même, en tant que représentante des utilisateurs! C’est assez pratique comme procédé, vous dites que vous être contre quelque chose et pour prouver ce que vous annoncez, vous vous citez vous-même…

10. La gratuité est difficilement réversible

C’est le dernier argument, on arrive en bout de course et l’argumentation s’essouffle manifestement. Pour terminer en beauté cet argumentaire peu consistant, la FNAUT et l’UTP essayent une fois de plus d’effrayer les gens sous l’angle: « attention, vous allez commettre l’irréparable! » Selon eux, une fois la gratuité mise en place, il serait très difficile politiquement de revenir en arrière.

C’est déjà une approximation car, dans certains cas isolés, des villes sont revenues sur la gratuité, et on pense ainsi à Hasselt en Belgique qui a mis fin à la gratuité des transports en commun en 2013.

Mais surtout, c’est un argument qui se retourne d’une certaine manière contre les opposants à la gratuité. Car, si c’est si difficile de revenir en arrière une fois la gratuité mise en place, c’est peut-être lié au fait que les gens l’apprécient et que cela leur donne satisfaction? C’est donc une inquiétude majeure pour la FNAUT et l’UTP, il ne faut surtout pas passer à la gratuité, car les gens pourraient y prendre goût!

Notes

(1) L’année 2009 des transports urbains, Gart, 2010.

(2) Et si les transports devenaient gratuits? France Info, 26 janvier 2014

(3) MARIANNE N°825 du 9 au 15 février 2013: QUESTIONS D’ETHIQUE L’ARGENT FOU

Marcel Robert, Carfree, 11 avril 2014

Femmes, nourriture et soins

Femmes, nourriture et soins

C’est l’heure de préparer à manger et d’allumer les fourneaux, de dresser la table et de sortir les couverts, de faire la liste des courses et d’aller au supermarché ou au marché. A la maison, ces tâches sont majoritairement réalisées par les femmes. Un travail, celui de nous alimenter, qui est indispensable pour notre vie et notre subsistance. Néanmoins, c’est une tâche invisible, non valorisée. Nous mangeons, bien souvent, comme des automates et comme tels nous ne reconnaissons pas ce que nous avalons ni qui met l’assiette sur la table. 

Dans les foyers, l’alimentation est toujours le plus souvent un territoire féminin. Ainsi le démontre la dernière « Enquête d’Emploi du Temps 2009-2010 » de l’Institut National de Statistique : dans l’Etat espagnol, ce sont 80% des femmes qui cuisinent dans les ménages, face à 46% des hommes. Et quand elles sont dans la cuisine, elles y consacrent plus de temps, 1 heure et 44 minutes par jour face à 55 minutes pour les hommes. Les femmes assument aussi dans une plus grande mesure les tâches d’organisation (préparer les aliments à l’avance, prévision d’achat,…), tandis que les hommes apportent un appui, quand ils le font, dans l’exécution.

Il s’agit de tâches « alimentaires » qui se situent dans ce que l’économie féministe appelle les « travaux des soins », ces tâches qui ne comptent pas pour le marché mais qui sont indispensable pour la vie : élever les enfants, donner à manger, gérer le ménage, cuisiner, s’occuper de ceux qui en ont besoin (les petits, les malades, les personnes âgées), consoler, accompagner. Il s’agit de travaux sans valeur économique pour le capital, « gratuits », qui ne sont pas considérés comme du travail et qui, en conséquence, sont dépréciés en dépit du fait qu’ils équivalent à 53% du PIB de l’Etat espagnol.

Sacrifice et abnégation

Il s’agit ici d’occupations que le patriarcat octroi au genre féminin qui, par « nature », doit assumer ces fonctions. La femme est mère, épouse, fille, grand-mère pleine d’abnégation, elle se sacrifie pour les autres et est altruiste. Si elle ne remplit pas ce rôle, elle porte alors tout le poids de la culpabilité, celle d’être une « mauvaise mère », une « mauvaise épouse », une « mauvaise fille », une « mauvaise grand-mère ». Ainsi, tout au long de l’histoire, les femmes ont développé ces tâches de soin, en fonction de leur rôle genré. La sphère du travail « productif » est, de cette manière, le domaine de la masculinité tandis que le travail considéré comme « improductif », dans le ménage et non rémunéré, est le patrimoine des femmes. Il s’établit une claire hiérarchie entre des travaux valorisés et d’autres de second ordre. On nous impose ainsi des tâches déterminées, valorisées et non valorisées, visibles et invisibles, en fonction de notre sexe.

L’alimentation, la cuisine dans le ménage, acheter des provisions, les petits potagers pour l’auto-consommation, font partie de ces travaux de soins qui ne sont ni valorisés ni visibles mais qui sont pourtant indispensables. C’est sans doute pour cela que nous ne reconnaissons pas comment se produit ce que nous mangeons ni qui le produit : nous optons pour la nourriture fast-food, rapide, « bonne et pas chère ». Nous associons l’image du paysan à un attardé ignorant d’un village perdu. Nos soins, semble-t-il, n’ont pas d’importance. Et nous déléguons les choses au marché qui, au final, fait du profit avec ces droits.

Cependant, tous ces travaux sont vitaux. Qu’en serait-il de nous sans possibilité de manger ? Sans une alimentation saine ? Sans personne pour cultiver la terre ? Sans cuisiner ? Ou, que ferions-nous si personne ne nous aidait lorsque nous sommes malades ? Sans personne pour nous élever quand nous étions petits ? Sans le soutien des personnes âgées ? Sans vêtements lavés ? Sans maisons propres ? Sans affection ni tendresse ? Nous ne serions rien.

L’économie iceberg

Ce travail rendu invisible est celui qui, en définitive, permet la réalisation du profit pour le capital. La métaphore de « l’économie iceberg », forgé par l’économie féministe, le met bien en lumière. L’économie capitaliste fonctionne comme un iceberg où nous ne voyons que la pointe de la banquise de glace, une petite partie ; celle de l’économie productive, du marché, du travail rémunéré associé au masculin. Mais la majeure partie du bloc reste « caché » sous l’eau. Il s’agit de l’économie reproductive, de la vie, des soins, associé au féminin. Sans elle, le marché ne fonctionnerait pas parce qu’il n’y aurait personne pour le faire fonctionner. Un exemple ; comment maintenir des journées de travail infernales et incompatibles avec la vie privée et familiale sans personne pour s’occuper d’entretenir la maison, pour préparer les repas, pour aller chercher les petits à l’école, pour soigner les vieilles personnes dépendantes ? Pour que certains puissent travailler « avec majuscule », d’autres doivent le faire en « minuscule ».

A partir de la métaphore de « l’économie iceberg » et depuis une perspective écologiste, nous voyons également comment la nature fait partie de ce soutien invisible qui permet de maintenir à flot le capital. Sans soleil, ni terre, ni eau, ni air ; il n’y a pas de vie. La richesse de quelques uns et le fétiche de la croissance infinie, reposent sur l’exploitation systématique des ressources naturelles. On revient ici sur la question de ce que nous mangeons ; sans ces ressources, et sans semences, ni plantes, ni insectes, il n’y a pas de nourriture. L’agriculture capitaliste se développe en provoquant la faim, la « dépaysannisation » et le changement climatique à partir de l’abus de ces biens, sans discernement. Une petite poignée y gagne tandis que nous, la majorité, sommes les perdants.

Que faire ? Il s’agit, comme disent les économistes féministes, de placer la vie au centre. De rendre visible, de valoriser et de partager ces travaux de soin ainsi que la nature. De rendre visible ce qui est invisible, de montrer la partie occulte de l’ « iceberg ». De valoriser ces tâches comme étant indispensables, de reconnaître qui les excercent et de leur octroyer la place qu’elles méritent. Et, finalement, de les répartir, d’être co-responsables. La vie et le soutien à la vie est l’affaire de toutes… et de tous. La nourriture également.

Source :
http://esthervivas.com/2014/03/08/mujeres-comida-y-cuidados/
Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera

Vu sur Avanti4be, 19 mars 2014