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Nouveau tract antinucléaire du groupe Pavillon Noir

Sortie immédiate du nucléaire : révolution sociale et libertaire !

A entendre les politiciens et autres experts, malgré les évidences cruellement rappelées par la catastrophe japonaise dont on n’a pas fini de mesurer les conséquences désastreuses, vouloir sortir immédiatement du nucléaire serait « irresponsable » – tout au mieux faudrait-il en sortir progressivement… Nous affirmons que le nucléaire est une énergie totalitaire, aux antipodes de la liberté et de la solidarité, et prônons la réappropriation par les populations des affaires qui les concernent. 

Le nucléaire est une énergie extrêmement dangereuse. Les catastrophes, si minimes soient les risques selon les « experts » qui veillent sur notre sommeil, sont inévitables, et déjà à l’oeuvre. Les risques sont présentés comme une « externalité négative »… à assumer par les populations. En France et ailleurs, ces risques sont renforcés par le vieillissement des centrales, dont le démantèlement coûte si cher que le pouvoir en prolonge la durée d’exploitation bien au-delà des dates prévues, dans une effroyable fuite en avant. La privatisation rampante du secteur et la mise en concurrence, et ce qu’elle suppose de réduction des coûts fixes d’entretien, accroît aussi ces risques inacceptables pour les travailleurs-euses, souvent précaires et très exposé-e-s aux radiations. 

Le nucléaire est une énergie affreusement polluante. Des études récentes montrent que les leucémies infantiles sont deux fois plus nombreuses autour des centrales. Les monceaux de déchets radioactifs, produits en quelques décennies seulement de nucléaire, s’accumulent dans des lieux de stockage en surface ou sous terre. Ils sont d’ores et déjà infligés aux générations incalculables qui nous succèderont, pour des centaines de milliers d’années… une période aussi longue que celle qui nous sépare des premiers hommes ayant peuplé la planète. 

Le nucléaire est une énergie dévoreuse de budgets colossaux. Il détourne et accapare depuis des décennies, aux seuls bénéfices du lobby nucléocrate, l’argent public dévolu à l’investissement et à la recherche – aux dépens d’autres énergies. La filière nucléaire est une fuite en avant dans des investissements toujours plus colossaux, pour de nouvelles générations de réacteurs qui seraient hypothétiquement capables de retraiter un combustible usagé… toujours plus radioactif. Ces spéculations fumeuses sont d’autant plus irresponsables que le nucléaire est une énergie non renouvelable : les ressources en uranium sont, tout comme le pétrole, limitées à quelques décennies. 

Le nucléaire est une énergie capitaliste. Transportée à flux tendu par tout un réseau d’autoroutes électriques à très haute tension, elle est inséparable d’un modèle productiviste de croissance de l’exploitation humaine, allant de pair avec une croissance toute aussi suicidaire de la production d’énergie, pour des productions d’activités toujours plus absurdes. Où les producteurs-consommateurs, déjà abrutis dans des tâches salariales inutiles et nocives, sont matraqués de publicités pour des gadgets idiots. Au travail comme au supermarché, les populations sont privées de ce qu’implique socialement et écologiquement ce qu’elles produisent et consomment. Le nucléaire répond au modèle capitaliste, qui ne nourrit que sa propre logique destructrice, celle de l’hypertrophie d’un pouvoir monopolistique, exercé par une caste privilégiée sur une population toujours plus asservie. 

Le nucléaire est une énergie d’Etat. Il sous-tend un projet antisocial, antidémocratique, hypothéquant toute velléité d’organisation libre des sociétés. Son combustible uranium provient de gisements situés dans des pays maintenus sous le joug colonialiste, comme au Niger où se perpétue une domination éhontée des firmes occidentales sur les populations locales. Cette technologie née du militaire s’est imposée par la force ; elle reste gérée par des technocrates, sur les décisions desquels les populations n’ont aucune prise. Elle implique en effet un niveau très élevé de surveillance et de contrôle social. Le nucléaire résume le déni de démocratie réelle que suppose l’institution étatique, et en illustre toute l’abomination. 

Partisan-e-s d’une société fédéraliste, fondée sur l’autogestion et l’entraide, où les gens décident directement de ce qui les concerne, nous ne pouvons que condamner le nucléaire, et tout ce qui rend cette énergie possible. Mais nous condamnons aussi toutes les pseudo-solutions du « développement durable », expropriant des paysans dans le monde entier pour multiplier les panneaux solaires et les éoliennes. Le développement prône toujours plus de productivisme, entraînant l’humanité et la planète dans une destruction irréversible. Notre projet social d’une réappropriation réelle des décisions et des activités par les populations elles-mêmes, pose l’exigence de reconsidérer ici et maintenant les besoins réels d’une part, les ressources et les données environnementales d’autre part. Ce projet ne peut être imposé « d’en haut », il ne peut venir que des populations en lutte. 

On ne sortira du nucléaire qu’en l’arrêtant, et non en le « demandant » pour dans dix, vingt ou trente ans avec des pétitions et des bulletins roses ou verts. On ne sortira du productivisme, dont le nucléaire n’est qu’un avatar, qu’en renversant l’Etat et le Capital. La tâche n’est pas aisée mais elle est incontournable, si nous ne voulons pas voir notre planète irréversiblement transformée en poubelle invivable. Des réseaux de résistance active se tissent : contre l’aéroport de Nantes, contre l’EPR à Flamanville, contre la ligne THT Cotentin, contre la LGV Paris-Bordeaux… Comme au Larzac, comme à Plogoff, la victoire ne dépend que des populations pour tisser des liens et se réapproprier l’action directe contre ce qui les opprime.

Sortie immédiate du nucléaire : révolution sociale et libertaire ! 

Groupe Pavillon Noir (Fédération Anarchiste 86), 27 février 2012

fa86.noblogs.org

pavillon-noir [gare aux bases] federation-anarchiste [lève le poing] org

ndPN : rendez-vous le 10 mars prochain au rassemblement pour la sortie du nucléaire, devant Notre-Dame (Poitiers), à 10h30.

La révolution ici et maintenant

La révolution ici et maintenant 

Quand on milite pour l’anarchie, on peut s’interroger parfois sur l’imprégnation de nos idées dans la société où l’on vit ; l’histoire n’étant pas linéaire mais faite de périodes de progrès, de ruptures… et de régressions. Au contraire d’une lutte syndicale (comme l’augmentation des salaires après 2 jours de grève), d’une action écologiste (abandon de la construction d’une centrale nucléaire, d’un incinérateur d’ordures ménagères…), il est parfois difficile de prendre la mesure des « résultats » de notre militantisme libertaire. D’autant plus quand la répression, diffuse ou brutale, côtoie nos vies ; quand les mouvements s’essoufflent ; quand la réalité de cette époque d’attaques antisociales et de destructions écologiques revient inlassablement saper non nos convictions, mais nos espoirs.

Pourtant, notre besace n’est pas vide. Plutôt que de rebuter son monde – pas que les gens, mais aussi nous-mêmes – en invoquant de grandes idées, certes légitimes, mais qui nous font taxer (et parfois dériver) vers un utopisme idéaliste et dogmatique (quand bien même l’anarchisme est par définition un adogmatisme en actes), il peut être bon de réfléchir aux conquêtes en partie issues de nos pratiques, même si le chemin n’est jamais qu’à moitié parcouru. Ainsi, nous évitons de projeter nos rêves dans une eschatologie révolutionnaire (un avant et un après la révolution tant souhaitée), et nous pouvons nous recentrer sur une notion et une pratique de la révolution dans l’ici et le maintenant, une dynamique d’émancipation individuelle et collective. La vieille dichotomie réformisme et révolution se résout dans l’action directe, dans l’énergie d’émancipation et de réappropriation, à l’œuvre dans toutes les sphères de la vie individuelle et sociale. L’anarchie, c’est l’anarchisme. Et à bien y regarder, cette force, cette affirmation permanente de la vie contre la résignation, a œuvré pour transformer la société.

Jadis, la mixité à l’école a été promue et expérimentée dès la fin du XIXème et le début du XXième par des anarchistes, avant de devenir la règle dans le milieu des années 1960. La lutte pour l’objection de conscience au service militaire a donné le statut d’objecteur de conscience – lui-même tombé en désuétude du fait de la fin de la conscription obligatoire. Les anarchistes ont aussi milité pour l’autonomie de la classe ouvrière à travers une organisation fédéraliste des exploité-e-s, d’où furent issues en France les formes d’organisations fédéralistes et confédéralistes des syndicats. Fédéralisme de branche, mais aussi territorial, avec le mouvement des bourses du travail initié par des anarchistes. Malgré leurs dérives bien connues, ces organisations syndicales demeurent un outil de lutte et d’autonomie des « bases ». Bien des conquêtes ouvrières furent obtenues par cet esprit pragmatique d’indépendance et d’auto-organisation, les droits sociaux n’ayant jamais été conquis qu’en débordant les bureaucraties politiques (et syndicales). La laïcité elle-même fut un compromis étatique obtenu sous la poussée d’une lutte antireligieuse résolue. L’union libre fut issue de la popularisation des thèses anarchistes sur l’amour libre. Le droit à l’avortement fut concédé après la constitution de réseaux d’entraide autogérés par des militantes féministes passant elles-mêmes à l’action directe. Des gynécologues libertaires et des militant-e-s anarchistes ont ainsi pratiqué des avortements illégaux, au nom de la liberté de choisir des femmes et en solidarité avec ces personnes. A une époque où la contraception était inexistante, certains anarchistes sont allés jusqu’à la vasectomie pour éviter les grossesses non désirées et ont été condamnés pour cela (affaire des stérilisés de Bordeaux en 1935). Et caetera…

Aujourd’hui ? Sur les 10-15 dernières années, on peut encore relever des victoires, issues de la diffusion des idées et des pratiques portées par de nombreuses personnes aux idéaux anarchistes. Dans une émission de Daniel Mermet de début février, consacrée à un fictif « alter gouvernement » de gauche, avec des ministres militant-e-s d’Attac et autres, on a pu entendre le pressenti « ministre à la ville » (Paul Ariès) dire qu’il mettrait en place la gratuité des transports en commun, alors que ce catho de gauche et électoraliste n’est pas anar. Certaines villes sont d’ailleurs déjà passées à la gratuité des transports en commun. Or cette revendication politique a longtemps été portée par le mouvement libertaire, dont la Fédération Anarchiste n’était pas la dernière. Le cercle d’influence s’est donc bien élargi. De même, la pratique du prix libre est née dans la mouvance anarcho-punk et s’est depuis largement diffusée dans les forums sociaux locaux, y compris pour les repas. Dans cette mouvance anarcho-punk, la gratuité des cds et des concerts est expérimentée pour s’affranchir de l’esprit de marchandise. La prise de décision au consensus, avec attention portée au temps de parole de chacun-e, au contrôle en assemblée de l’action des commissions ou des mandaté-e-s, est aussi désormais pratiquée dans bien des forums sociaux, avec des participant-e-s venant pourtant d’horizons très différents, y compris de partis à la tradition beaucoup plus hiérarchiste… Chez les indigné-e-s aussi, malgré un manque parfois criant de « culture » politique, ces pratiques ont fleuri. Dans le film « Tous au Larzac », on a pu voir que c’était la prise de décision au consensus qui prédominait dans les assemblées et apportait satisfaction (une seule fois il y a eu vote, à la fin du mouvement).

En ces temps de régression sociale, il est bon pour le moral de se rappeler que, si nous sommes pour une révolution réappropriatrice et autogestionnaire, pour autant une partie de nos idées vogue, que quelques-unes germent sans qu’on ne sache pourquoi celles-là plutôt qu’une autre.

L’anarchisme a toujours défendu une pratique d’alternatives en actes ici et maintenant, indissociable d’une aspiration révolutionnaire globale.

Continuons !

Stef (groupe Vannes / Lorient) et Juanito (groupe Pavillon Noir Poitiers), 21 février 2012

Tintin révolutionnaire traduit en français

[ BD ] les aventures de Tintin révolutionnaire

Le 8 février 2012 par Georges

Ô gloire éternelle, après plusieurs années d’attente, après tant de sueur, de larmes, et de remise au lendemain parce que, eh, on n’est pas aux pièces, la traduction de Tintin Breaking Free est enfin achevée ! Merci à Phil qui a contribué largement à la traduction !

On peut acheter Breaking Free en VO dans une belle édition papier pour pas cher . Il existe aussi une version en espagnol. Si vous avez des commentaires ou des questions vous pouvez m’écrire : sylvestreb2000 at no-log.org

A part ça, comme il est indiqué sur l’ouvrage  qu’il était libre de reproduction pour tous les usages non-capitalistes, je ne me suis pas privé. Faites de même, si d’autres velléités de traduction s’éveillent, notamment.

A lire en ligne ou à commander : http://tintinrevolution.free.fr

L’Alsace libertaire, le 8 février 2012

Notre triple A : anticapitalisme, autogestion, anarchie

L’agence de notation « Norme et pauvres » a donc dégradé la note de la France – qui en a perdu son fameux « Triple A » – ainsi que celle d’autres pays d’Europe.

Nul doute que dans les mois à venir, la pression étatique et capitaliste va s’accentuer, plus âprement encore, contre les populations. Au prétexte de cette prétendue « dette« , qui n’est que le reflet de leur pouvoir, et de notre esclavage.

Sous les coups de boutoir du profit à tout crin, le vernis des institutions « sociales » dont avaient dû autrefois se parer les Etats pour briser nos solidarités et récupérer nos luttes, tombe chaque jour un peu plus en morceaux – mettant à nue leur véritable nature régalienne : celle d’une institution fondée sur la guerre et le contrôle des populations, sur le pillage social et environnemental, sur l’aliénation politique et idéologique.

Mais revoilà la vieille lune électoraliste. Elire les administrateurs d’un système par essence totalitaire, fondé sur le profit, la concurrence et la hiérarchie ? Comme si l’on pouvait « humaniser » la rapine capitaliste, comme si l’on pouvait « démocratiser » la servitude généralisée ! Ce vieil attrape-nigaud historiquement élaboré par la bourgeoisie pour nous enfumer, et qui conduit une fois de plus les électeurs et électrices d’hier (et peut-être de demain) à embrasser le discours nauséabond de la droite, ou les promesses ridicules de la gauche. Cette urne funéraire de nos rêves qui, en des temps de crise du capitalisme pas si reculés, a conduit aux drames les plus atroces en détournant l’humanité des luttes, laissant libre cours à tous les fascismes.

Ce n’est qu’en nous mobilisant, en autonomie de toute prétendue représentation, en fédérant librement nos luttes et nos alternatives, que nous pourrons riposter aux attaques conjointes de l’Etat et du capital, que nous pourrons inventer et construire ensemble un monde libre et solidaire, qui soit enfin le nôtre, à nous tous et à nous toutes !

Organisons-nous dès maintenant.

Notre triple A, c’est anticapitalisme, autogestion, anarchie !

Groupe Pavillon Noir, 13 janvier 2012

pavillon-noir [arobaz] federation-anarchiste [point] org

[Poitiers] Le front de gauche pour la « croissance raisonnée » et l' »obsolescence « programmée »… ?

Les élections se rapprochent… et la Nouvelle République rapporte un happening du Front de gauche.

Un « chamboule-tout » avec un militant déguisé en « vache à lait de la consommation » pour interpeller le badaud qui décidément, consomme bien trop (on doit pas connaître les mêmes). « Les Français sont des veaux« , disait déjà De Gaulle dans une envolée lyrique pour ses électeurs, ajoutant (selon De Gaulle fils) « Ils sont bons pour le massacre. Ils n’ont que ce qu’ils méritent.« 

L’animation a lieu devant le centre commercial des Cordeliers (où un copain du groupe s’est récemment fait emmerder deux fois par les flics pour tractage, il aurait dû se déguiser en vache). Elle a donc pour thème « l’obsolescence programmée« . Celle-ci consisterait, de la part des industriels qui complotent dans l’ombre, à « construire un objet de manière à écourter artificiellement sa durée de vie ». Le FdG animera d’ailleurs une soirée au Plan B le 11 janvier prochain, sur cette fameuse « obsolescence programmée ». Un concept en vogue (depuis la diffusion par Arte d’un documentaire sur le sujet )… mais plutôt fumeux (j’invite à la lecture de cet article).

Le candidat du FdG aux élections, aussi présent, affirme « nous avons les réponses aux questions que se pose le peuple« . Rien que ça.

Passons sur « le peuple » (mot fétiche des gouvernements et de tous leurs aspirants, qui voudraient réduire nos individualités et nos divergences à cet objet uniformisé sur lequel exercer leur contrôle).

Quelles sont les « réponses » ? Un militant parle de « croissance raisonnée« … outch. Ou comment dans une même phrase résumer la quintessence du « capitalisme » dont ils prétendent ne plus êtres les vaches à lait. Comment mêler « croissance » (c’est-à-dire celle de la valeur du capital, de l’exploitation salariale et de l’esclavage généralisé) et « raison » bien raisonnable. Gauche et droite réunies : fais-toi exploiter, mais de façon raisonnée (t’inquiète, on y réfléchit pour toi). Pour ma part, j’emmerde la croissance et j’emmerde ses raisons (à ce sujet, lire cet article sur décroissance et anarchisme ).

Le militant parle de « faire avancer l’homme sur la voie du bien être qui passe par plus de culture, de loisirs, de santé, d’école. » Perso je n’ai pas besoin qu’on me tienne la main pour me « faire avancer sur la voie du bien-être » ! Encore moins si celui-ci consiste à consommer de la « culture » et des « loisirs », en voilà des mots creux. C’est quoi la « culture » sinon cette valorisation sociale accordée aux esprits les plus labourés, semés, pesticidés et fongicidés par cette variété unique de pensée, dominante et dominatrice ? C’est quoi les « loisirs », sinon l’adhésion au mensonge d’un temps qui n’est prétendu « libre » qu’en contrepoint à l’esclavage du travail contraint, et qu’à condition de consommer du divertissement ? Quant à « l’école », cet outil carcéral de contrôle social des plus jeunes, destiné à leur apprendre à obéir par la sanction humiliante, l’évaluation discriminatoire, et le bourrage de crâne idéologique, et à les éduquer en apprenant de « spécialistes » plutôt que par eux-mêmes… non, mieux vaut ne pas développer.

Désertons les urnes, occupons la rue.

Cynorrhodon, groupe Pavillon Noir (FA 86), 8 janvier 2012