Archives de catégorie : La rue grogne

[Poitiers] Manif de salarié-e-s du Crédit Agricole

NdPN : quand les organisations syndicales des salarié-e-s des banques voient leur crédit baisser auprès des directions des banques, leurs philanthropes partenaires sociaux… et tant qu’on y est, quitte à demander plus d’effectifs et de meilleures conditions de travail, pourquoi ne pas demander aux directions des banques d’arrêter le rouleau-compresseur de leur logique de profit ? Flûte, c’est la définition des banques que d’en faire un maximum ! Comment rémunérer de l’argent avec de l’argent ? Il faut bien endetter à vie les gens, investir dans des projets productivistes destructeurs et des produits financiers dégueulasses, et puis quand ça ne suffit pas, réduire les coûts salariaux… Le jour où les employé-e-s des banques lutteront pour l’abolition des banques et de l’argent, nous serons à leurs côtés.

Les salariés du Crédit Agricole manifestent à Poitiers

Réunis devant le siège de la caisse régionale du Crédit Agricole de la Touraine et du Poitou, environ deux cents salariés en grève ont bloqué la rue Salvador-Allende ce midi.

Le rassemblement devant la caisse régionale du Crédit Agricole de la Touraine et du Poitou était prévu à Poitiers. Pas le blocage de la rue Salvador-Allende avec sit-in et merguez sur le barbecue. Une manifestation qui a bloqué la circulation et notamment empêché le passage des bus de la ligne 2 du réseau Vitalis (La Pictavienne), ce midi.

« Nous avons pris cette décision parce que la direction a refusé de mettre la salle de conférence à notre disposition pour notre assemblée générale ; c’est la première fois qu’on nous la refuse », explique un représentant de l’intersyndicale CGT CFDT UNSA et Sud qui préfère rester anonyme. « C’est incompréhensible ! »

Selon les syndicats, environ 500 des 1.400 salariés de la caisse ont répondu à l’appel à la grève ce matin, dans les départements de la Vienne et d’Indre-et-Loire. « Nos revendications portent davantage sur les conditions de travail et sur les effectifs que sur l’aspect financier », ajoute le porte-parole de l’intersyndicale. « Il est devenu très difficile à la plupart des salariés de pouvoir exercer leur métier dans des conditions sereines. »

Une délégation a été reçue par la direction peu après midi.

Baptiste Bize, Nouvelle République, 20 septembre 2013

[Grèce] Colère antifasciste après le meurtre du rappeur Killah P par des néonazis

NdPN : Rassemblement jeudi 19/09/13 à 19H à la place St Michel suite à l’assassinat de Pavlos Fyssas, militant antifasciste. Rassemblement aussi à Lyon, aujourd’hui jeudi 19 septembre à 18h30 Place de la Comédie (Opéra/Hôtel de Ville).

Grèce : le rappeur Killah P assassiné par des néonazis

Pavlos Fyssas, plus connu sous le nom de Killah P, un rappeur grec engagé dans le mouvement antifasciste, a été attaqué peu après minuit ce mercredi 18 septembre par un groupe d’une vingtaine de néonazis, alors qu’il se trouvait devant un café à Amfiali, un quartier populaire du Pirée : après un début de bagarre, Killah P et ses trois amis auraient réussi à échapper à leurs agresseurs, avant d’être bloqués par une voiture : le conducteur serait alors descendu et aurait poignardé le rappeur à trois reprises dans la poitrine. Killah P est décédé à l’hôpital des suites de ses blessures. Le meurtrier présumé, qui serait connu comme membre de l’Aube dorée, aurait été arrêté par la police.

Killah P avait participé à l’organisation de plusieurs concerts contre le fascisme, et été impliqué dans plusieurs activités sociales de son quartier. Dans la nuit, environ 200 antifascistes se sont rassemblés sur la scène du crime. De nombreuses manifestations de solidarité doivent avoir lieu toute la journée pour lui rendre hommage et dénoncer la violence de l’extrême droite, dont un appel à un rassemblement pour ce mercredi à 18h, à Keratsisi.

http://www.youtube.com/watch?v=qUVGzyrUmgA&feature=player_embedded

Vu sur La Horde, 18 septembre 2013

Grèce : les manifs antifascistes dégénèrent après le meurtre d’un rappeur par un néonazi

Le rappeur grec Pavlos Fyssas, connu sous le nom de scène Killah P, a été assassiné par un militant néonazi affilié à l’Aube Dorée, dans la nuit de mardi à mercredi à Athènes, devant un café d’un quartier populaire du Pirée. L’artiste, connu pour son engagement dans le mouvement antifasciste, est décédé dans la nuit à l’hôpital de Tzanio, des suites de ses blessures à l’arme blanche. L’annonce de sa mort a jeté la stupeur en Grèce.

Les manifs antifa prennent le pas sur celles des fonctionnaires

Alors qu’une partie du service public était en grève et défilait calmement ce mercredi dans plusieurs villes grecques pour protester contre la réforme de l’administration et l’austérité budgétaire qui touchent de plein fouet les fonctionnaires, des manifestations antifascistes se sont organisées en mémoire du rappeur.

Sur les lieux du drame à Athènes (5.000 personnes selon un photographe de l’AFP) mais aussi à Salonique (environ 6000 manifestants) et Patras, les manifs ont rapidement tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre. Une foule de vidéos témoignent de la violence des heurts.

http://www.youtube.com/watch?v=K8WZ9gcmAwQ&feature=player_Embedded

http://www.youtube.com/watch?v=IqKhAwEj15I&feature=player_Embedded

A Athènes, des renforts de police ont contenu tant bien que mal les débordements, selon l’agence de presse grecque ANA. A Salonique et Patras, la police a répliqué aux jets de pierres et de bouts de bois par des tirs de gaz lacrymogène.

Nikos Smyrnaios, maître de conférence en sciences de l’information et de la communication (en France) s’inquiète sur son blog d’une « escalade possible » et relaie une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux depuis cette nuit, témoignant, selon son auteur, de l’infiltration de policiers en civil et militants d’extrême droite dans les cortèges.

http://www.youtube.com/watch?v=fH9CLuJNmtE&feature=player_Embedded

« Quinze à vingt fascistes »

Pour rappel, le site indépendant EnetEnglish rapportait ce mercredi qu’« un groupe de quinze à vingt fascistes, portant des T-shirts noirs, des bottes et pantalons militaires, déployés » dans la rue, aurait hélé le rappeur de 34 ans, qui se promenait alors avec sa petite amie et un autre couple.

L’agresseur présumé a été appréhendé peu après par la police, selon l’AFP. Après avoir sommé sa femme de jeter sa carte du parti, retrouvée peu après par la police, l’homme de 45 ans a reconnu appartenir au parti néonazi de l’Aube dorée (7% des suffrages aux dernières législatives) et avoir agi avec un motif politique.

Le parti fasciste, connu pour ses attaques racistes et dont plusieurs députés sont poursuivis pour violence, dément toute implication. Mais avoir démenti l’affiliation du meurtrier au mouvement, il a fini par la reconnaitre.

http://www.youtube.com/watch?v=fxPmDsY84k4&feature=player_Embedded

Dans un climat social extrêmement tendu, Petros Constantinou, leader du parti anticapitaliste Antarsya, dénonçait peu avant sur la radio Skai la passivité des agents de police présents non loin des lieux de l’altercation, passivité confirmée par un témoin de la scène, dont la version des faits a été relayée sur le site indépendant Okeanews.

Le rappeur grec Killah P (@ISakellariadis Via Twitter)

Aux apostrophes adressées au Premier ministre conservateur Antonis Samaras pour l’exhorter à condamner officiellement l’assassinat ont répondu les appels au calme du Président Carolos Papoulias :

« J’en appelle à un réveil social et institutionnel, à la volonté politique de lutter contre cette ignominie. Nous avons tous le devoir de ne pas laisser les portes ouvertes au fascisme. »

Daniel Cohn-Bendit réagit

Le chef du groupe des Verts au parlement européen, Daniel Cohn-Bendit, réagissait peu avant ça à la mort du rappeur par voie de communiqué, et dénonce « la menace mortelle pour la démocratie grecque » qu’est devenue Aube dorée :

« Il faut que l’Union européenne comprenne, après l’assassinat commis par Aube dorée, qu’un changement radical de la politique européenne en Grèce est nécessaire. Face à une population désespérée, l’émergence d’un fascisme meurtrier menace non seulement la stabilité de la société grecque, mais aussi de l’UE. Ce meurtre abject ne fait que renforcer la décomposition sociale en Grèce. Il est temps que nous, Européens, nous nous réveillions avant qu’il ne soit trop tard. […]

Il faut que le gouvernement réagisse vigoureusement en arrêtant le coupable, et en étudiant sérieusement la possibilité d’interdire Aube dorée, écartant le risque de toute complaisance avec une organisation meurtrière. »

Vu sur Rue 89, 18 septembre 2013

[Turquie] Maintenant, chaque rue se nomme Ahmet, chaque rue se nomme Ali Ismail… Maintenant, il est temps de se soulever et de lutter

[Turquie] Maintenant, chaque rue se nomme Ahmet, chaque rue se nomme Ali Ismail…  Maintenant, il est temps de se soulever et de lutter

Sous le soleil de juin, les émeutes qui ont commencé à Taksim se sont répandues partout et ont tourné à l’émeute en septembre à Ankara. Le vent de la résistance qui a soufflé pendant plusieurs jours dans Odtü et Tuzluçayır a été salué dans tous les coins de la région, proches et lointains. La résistance brille dans le ciel, agite les drapeaux de la rébellion, porte la passion de la révolte et transforme le vent en tempête, le mois de septembre se passe sous résistance. Salut à tous ceux qui résistent !

L’autorité et ses officiers de police ont tué six de nos frères. La douleur dans nos coeurs est si profonde. Mais ils ont aussi été une source de vie pour notre lutte. Maintenant les places, les rues résonnent du nom de Ahmet … Résister en son nom, Ahmet.

Ahmet Atakan était notre deuxième frère qui a été pris pour cible par la police et assassiné à Antakya. Il prenait part aux actions, tous les lundis en la mémoire d’Abdullah Cömert et les résistants de Taksim Gezi Park. Alors qu’il marchait à Armutlu, la police a attaqué et les affrontements ont commencé. Juste derrière les barricades, tout en résistant à la police, il est tombé, soudainement, après avoir été frappé à la tête par une des nombreuses cartouches de gaz lacrymogène.

La police meurtrière d’un état meurtrier a tué Ahmet. L’Etat qui avait déclaré : « il a été abattu par ses propres amis » après la mort d’Ali Ismail, dit maintenant que « Ahmet est tombé du toit, de lui-même ». Après l’assassinat de notre frère, l’Etat a voulu se justifier, voulu cacher cet assassinat. Mais l’Etat n’a pas pu la gérer. Tout comme nous sommes sortis dans les rues, après Ali Ismail, Ethem, Abdullah, Mehmet, Medeni ; cette fois nous sommes sortis pour Ahmet, des centaines de milliers de personnes. Nos frères ont été assassinés et notre rage a inondé les rues.

Medeni Yıldırım est l’une des dernières victimes de la nouvelle guerre de l’Etat assassin. Une période que l’Etat tente de construire au nom de la paix. Medeni est le neveu de Adnan Yıldırım qui a été assassiné par l’Etat en 1994, ce qui est une forte preuve que le génocide systématique dans la région se poursuit. Un soldat de l’État meurtrier a volé la vie de notre frère Medeni. Medeni était debout contre les « château-forts » de l’armée le 28 juin 2013 ; il se tenait comme la rage de Uğur, comme la rage de Ceylan qui ont été assassinés avec des mitrailleuses et des obus. Medeni était toujours sur le front. Avec sa rage croissante et sa résistance, il est toujours là, avec Uğur et Ceylan.

Ethem Sarısülük a été abattu par un policier, Ahmet Sahbaz, le 1er juin, dans Güvenpark à Ankara. Ethem était un ouvrier révolutionnaire. Alors qu’il étudiait dans une école industrielle, il a quitté sa deuxième année. Il a pris part à des manifestations pour l’éducation gratuite pendant ses études. La vie de Ethem a toujours été au centre de l’injustice. Il a toujours lutté contre l’injustice. Ainsi, il a résisté tout au long de sa vie et a perdu sa vie en résistant.

Abdullah Cömert a envoyé un texto seulement 8 heures avant sa mort, en disant : « En 3 jours, j’ai dormi seulement 5 heures. J’ai reçu d’innombrables jets de gaz lacrymogène. Echappé à la mort à trois reprises. Et savez-vous ce que les gens disent ? Allez-y, si vous êtes celui qui va sauver le pays ? Oui, même si nous ne pouvons pas la sauver, nous risquons de mourir en essayant. Je suis si fatigué, je tiens grâce aux boissons énergisantes et des analgésiques en 3 jours. Ma voix est rauque. Mais je suis toujours dans les rues, à six heures encore, seulement pour la révolution ». Abdullah a parlé de mourir pour une révolution dans son texte, et c’est devenu réalité. Il est mort en résistant.

Mehmet Ayvalıtaş, le 2 Juin à Ümraniye, a bloqué l’autoroute avec des dizaines de milliers de personnes. Le quartier de MayDay résistait avec Mehmet. Lors de l’attaque des forces de police, un taxi, a renversé Mehmet. Il a roulé sur Mehmet et s’enfuit. Mehmet n’avait que 19 ans, il était dans la rue, dans la lutte des opprimés contre les oppresseurs. Il pensait que personne ne peut opprimer l’autre et il était un résistant révolutionnaire pour cela. Il a été renversé et cela a renforcé la lutte des opprimés encore plus.

Alors que les nouvelles de la nécessité de trouver du sang AB, pour notre ami à l’Osmangazi Médical Faculty ayant été exposé à la violence de la police, a été répandu à travers les médias sociaux, Ali Ismail luttait pour sa vie. Le 3 juin, il a été battu par des fascistes avec la coopération de la police. Des blessures sur le corps et la tête, allant d’un hôpital à l’autre, il a reçu un certificat de bonne santé et est rentré chez lui. Plus tard, il a été de nouveau emmené à l’hôpital avec des symptômes d’hémorragie cérébrale et a été précipitamment opéré alors même que Ali Ismail luttait pour sa vie.

L’Etat, sa police fasciste, son hôpital et son médecin ont fait en sorte de le tuer d’une manière organisée. Ali Ismail, qui croyait résister dans les rues afin de gagner, a  perdu la vie. Il était la dernière victime de la résistance à Taksim. Ils sont devenus des symboles de la résistance, de la vie. L’Etat meurtrier et les mains ensanglantées du  gouvernement doivent savoir que notre lutte est en cours et va se poursuivre. Ethem, Abullah, Mehmet, Ismail Ali, Ahmets sont devenus des millions et résisteront !

L’autorité est en train de tuer nos frères dans ces conditions, la révolte est inévitable.

Action Révolutionnaire Anarchiste (DAF), vendredi 13 septembre 2013.

Traduction par Relations internationales de la Fédération Anarchiste, dimanche 15 septembre 2013.

[Poitiers] Comment une loi divise plus que jamais les étudiants du travail social

NdPN : Hier vendredi, étudiant-e-s et formateurs-trices se sont rassemblé-e-s devant l’IRTS pour protester contre une loi en apparence sociale (tou-te-s les stagiaires doivent être rémunéré-e-s durant leurs stages), mais discriminatoire au sens où, compte tenu de l’obligation d’effectuer un stage, nombre d’étudiant-e-s sont menacé-e-s de ne plus pouvoir obtenir la validation de leur année. Evidemment, les institutions de l’Etat prétendent n’avoir pas assez de sous pour prendre à sa charge cette fameuse rémunération. Contraindre sans budgéter, discriminer de fait au nom de l’égalité sociale : voilà une belle illustration de la gauche  au pouvoir.

Voici un tract issu du collectif étudiant concernant la gratification des stagiaires. Il est suivi d’un article rédigé pour ce blog par une étudiante.  Lutte à suivre !

Appel à la mobilisation 

Nous venons à vous suite à la loi 2013-660 du 22 juillet 2013 : celle-ci stipule que tous les stages de deux mois ou plus doivent être rémunérés pour les stagiaires qui sont gratifiables. Le problème réside dans le fait que les institutions n’ont pas de ligne budgétaire pour cela. Il en résulte qu’actuellement les structures annulent les stages prévus les uns après les autres, dès lors que le stagiaire est gratifiable.
Jusque-là, les collectivités territoriales et la fonction publique hospitalière n’étaient pas obligées de gratifier les stagiaires. Mais depuis juillet, elles y sont aussi soumises.

Actuellement, à l’I.R.T.S. du Poitou-Charentes, 33 % des étudiants en formation d’Éducateurs de Jeunes Enfants sont concernés, dont 67 % en 1ère année.

MAIS tous les étudiants sont concernés, quel que soit le secteur d’activité.

Tous ceux qui devraient finir leur cursus cette année risquent de ne pas pouvoir être diplômés, faute d’avoir validé leurs heures de stage. Les autres risquent une impossibilité de poursuivre leur formation, faute de lieux d’accueil.

N’hésitez pas à inviter vos collègues de formation, vos connaissances et toute personne susceptible d’être concernée.

Vous pouvez aussi rejoindre le groupe « Collectif étudiant concernant la gratification des stagiaires » sur Facebook.

Poitiers, le 14 septembre 2013

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Comment une loi divise plus que jamais les étudiants du travail social

Je souhaite éclaircir la situation aberrante qui frappe nombre d’étudiants travailleurs sociaux, de la formation professionnelle et de l’université. Ma position est celle d’une étudiante éducatrice de jeunes enfants, de l’Institut Régional du Travail Social de Poitiers.

Formateurs et nous, étudiants, avons reçu un coup de massue cette semaine. En effet, un appel téléphonique du C.H.U. a mis le feu aux poudres en annonçant le blocage d’un stage d’une étudiante éducatrice de jeunes enfants, prévu fin septembre en pédiatrie.

Réunis d’urgence le jeudi 12 septembre par l’équipe des formateurs, nous – étudiants de toutes les filières du social – avons appris les enjeux de la loi 2013-660 du 22 juillet 2013. Elle stipule que « lorsque la durée de stage au sein d’une même entreprise, administration publique, assemblée parlementaire, assemblée consultative, association ou au sein de tout autre organisme d’accueil est supérieure à deux mois consécutifs (…), le ou les stages font l’objet d’une gratification versée mensuellement 1»

À travers cet appel à la mobilisation, nous dénonçons cette loi « d’égalité des chances », aberrante dans son application. Elle oblige, à partir de janvier 2014, les structures publiques et privées à gratifier les étudiants stagiaires concernés (436,05 € par mois pour 35 heures hebdomadaires). Bien évidemment, les établissements n’ont pas le budget nécessaire.

Cette loi conduit donc à une discrimination entre les étudiants bénéficiant d’une rémunération de la part de Pôle Emploi ou de la région (les non-gratifiables),  et ceux qui n’y ont pas accès (les gratifiables). Ces derniers se voient déjà, comme en témoignent de nombreux étudiants à l’échelle nationale, renvoyés de leurs lieux de stages parce qu’ils sont gratifiables.

En tant que non-gratifiable, je me sens tout de même menacée par cette loi. Futurs travailleurs sociaux, nous connaissons déjà les contradictions entre les décisions institutionnelles et nos valeurs. Comment ne pas se sentir écartelés entre la volonté d’être solidaire avec nos camarades, et le désir de poursuivre coûte que coûte une formation dans laquelle nous avons investi une part considérable de nos temps, énergie et argent ? Comme le souligne Elsa Melon, présidente de l’Association Nationale des Assistants de Service Social : « la précarité des étudiants en travail social s’est déjà largement renforcée depuis ces dix dernières années. Inutile de rappeler que les formations se déroulent sur trois années complètes à temps plein (alternance de la formation pratique et théorique sur un total de 3530 heures), ce qui rend quasiment impossible le cumul d’une activité professionnelle complémentaire ».

Tenus en laisse par Pôle Emploi pour ainsi dire, nombre d’entre les non-gratifiables s’inquiètent sur l’impact d’une grève ou d’un blocage des stages. Pas de présence en formation, pas de rémunération. Et quelle rémunération ! Tout juste de quoi se nourrir, se loger et payer les frais de formation.

Nous nous sentons divisés face à une loi égalitariste qui met en péril nos formations. Inutile de préciser que les stages sont cruciaux dans la validation des diplômes d’état (éduc’ spécialisé, éduc’ de jeunes enfants, assistants de service social etc.).

Vendredi 13 septembre, une partie des étudiants de l’I.R.T.S. ont exprimé leur désarroi en cris, slogans et chants au sein de l’institut, réclamant ce en quoi la direction de l’I.R.T.S est responsable : l’accès aux stages pour chaque étudiant. Ce même jour, la direction de l’I.R.T.S. de Poitiers s’est engagée auprès de l’équipe des formateurs et des étudiants à informer tous les lieux de stage de la loi et ses effets. Elle s’est également engagée à interpeller la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale.

Sous le regard ébahi des formateurs et délégués des étudiants, la direction a annoncé avoir pris connaissance de cette loi en juin dernier. Les formateurs, chargés de la prospection des stages, ont été quant à eux informés fin août. Certains d’entre eux, comme dans d’autres régions, se sont positionnés pour un détournement de la loi. Autrement dit : ne pas informer le lieu de stage de son obligation de gratification. Or, une convention de stage peut être dénoncée et ne nous protège aucunement d’un renvoi pur et simple du stage.

À l’heure actuelle, nous nous mobilisons afin d’alerter le gouvernement sur cette situation qui met en péril l’avenir des professions du travail social. La responsable de la ludothèque des Couronneries nous a informés de la réunion d’urgence des responsables des lieux d’accueil Petite Enfance au Centre Communal d’Action Sociale de Poitiers, le lundi 16 septembre prochain. Nous attendons fébrilement la réaction de la D.R.J.S.C.S.

1Article L612-11 du Code de l’éducation, modifié par la loi n°2013-660 du 22 juillet 2013, article 27

[Poitiers] 2000 à 6000 manifestant-e-s

Après un blocage au lycée Victor Hugo, avec 300 lycéens devant les portes, la manif de l’après-midi a rassemblé 6000 personnes selon les syndicats, dont pas mal de salarié-e-s du public (hôpitaux, Sécurité sociale, SNCF, fonctions publiques) et des lycéen-ne-s et étudiant-e-s, soit bien plus de monde que la dernière manif contre l’accord national interprofessionnel. A cette occasion, un sympathique journal d’infos et d’analyses poitevin a été diffusé par de nombreuses personnes, à plusieurs centaines d’exemplaires. Nous vous invitons à lire ce « Coin-coin n°4 », que nous nous sommes procurés et que nous trouvons pas mal du tout : leur adresse est zeucoincoinbox[arobaz]gmx[point]fr. Une banderole a aussi été déployée : « Guerre sociale aux possédants et à leurs milices / Aux dominants et à leurs complices »

A Châtellerault, les syndicats ont compté 2000 personnes, essentiellement des salarié-e-s du privé (Aigle, Auchan, Coop Atlantique, Fonderies, Johnson, Snecma, Thalès).

Il faudra évidemment plus d’une journée de manif isolée pour constituer une force capable de faire plier le gouvernement et les capitalistes. Une « assemblée populaire » a réuni à Poitiers une trentaine de personnes, au parc de Blossac, pour tisser des liens dans la durée.

Assez de battre en retraite !

Pavillon Noir, 11 septembre 2013