Archives de catégorie : La rue grogne

[Poitiers] Les grévistes du CHU haussent le ton

NdPN : directeur de l’ARS et Claeys affirment que le budget est « équilibré ». En gros, les grévistes sur Poitiers voudraient une part du gâteau plus grosse, au détriment des autres ! Sauf que la grève est nationale, et qu’il s’agit de lutter pour le bien de tou-te-s, contre la dégradation des soins. Le ton monte et les grévistes ont envahi l’ARS avec moult tapage. Vive la lutte !

Les hospitaliers entrent en force à l’ARS

Les grévistes du CHU ont décidé, hier, d’une action contre les plans d’austérité visant à faire des économies sur les personnels devant les locaux de l’ARS.

Ils crient, à en perdre la voix, leur ras-le-bol… ces manifestants appelés à se réunir au nom de l’intersyndicale CGT, CFDT et FO du CHU, hier matin, devant les locaux de l’Agence régionale de santé (ARS) situés à côté du District de football, derrière le parc des expositions à Poitiers. Ils travaillent au CHU, au CH Laborit ou encore de La Rochelle. Rassemblés devant l’entrée du bâtiment, les délégués syndicaux s’expriment tout d’abord « sur la situation des hôpitaux publics de la région Poitou-Charentes qui n’a jamais été aussi catastrophique depuis la mise en place effective de la loi Hôpital patient santé territoire (HPST) » Après les prises de paroles, les militants décident de « s’inviter » au conseil de surveillance (*) qui se déroule au même moment.

Une rencontre improvisée avec les militants

Seulement à la vue des 200 manifestants, très bruyants, qui commencent à s’engouffrer dans le hall, le service de sécurité ferme les portes. Les grévistes tapent sur les vitres et scandent ensemble : « Des sous pour l’hôpital public ! ». Devant les portes closes, ils tentent leur chance à l’arrière du bâtiment. En vain mais à travers les baies vitrées siègent des hommes et des femmes – peut-être le conseil de surveillance –. Slogans et coups donnés dans les vitres redoublent d’intensité. Sur l’intervention du directeur de l’ARS, François-Emmanuel Blanc, les grévistes ont l’autorisation de pénétrer dans les locaux. Toujours aussi déterminés à se faire entendre, les manifestants jouent du sifflet, des casseroles et autres percussions… Une demi-heure plus tard, le directeur de l’ARS improvise une rencontre avec les délégués syndicaux. Un face à face avec le représentant de l’État qui explique que « tous les fonds sont répartis équitablement sur l’ensemble des établissements publics du Poitou-Charentes » et qui assure qu’il fera « remonter tous les éléments techniques et d’ambiance ». Une réponse « insuffisante » pour les grévistes qui décident de rencontrer sur le champ le député-maire Alain Claeys, également président du conseil de surveillance du CHU. A 16 h, ce dernier accepte l’entrevue avec une trentaine de personnes. Tout en faisant valoir son droit de réserve, Alain Claeys abonde en partie dans le sens des grévistes. « Même si le CHU est équilibré financièrement, il doit aussi investir dans l’humain. » Reste à savoir comment…

(*) Il est composé entre autres de représentants de l’État, des partenaires sociaux, de l’Assurance-maladie, des élus, des usagers, et personnes qualifiées et présidé par le préfet.

> Voir la vidéo sur notre site. La grève continue. Aujourd’hui pique-nique et assemblée générale de 12 h à 15 h devant la Gentilhommière.

M-L A, Nouvelle République, 25 juin 2013

Voir aussi la vidéo sur le site de la NR.

[Poitiers] Grève chez Vortex

C’est reparti pour un mouvement de grève chez Vortex, une société de transports d’enfants handicapés, possédant 42% des parts de marché. Les syndicats considèrent que « les verbalisations, les actions juridiques et les négociations laissent sourde la direction de Vortex ». « C’est dans ce contexte que la CFDT et la CGT ont décidé de passer à une vitesse supérieure pour dire stop à la maltraitance des salariés déjà précarisés par des contrats de travail à temps partiel subi ». Il n’est « pas acceptable que les enfants en situation de handicap et les salariés pauvres servent de variable d’ajustement aux restrictions budgétaires des marchés publics ». Selon l’intersyndicale, Vortex pratiquerait le « travail dissimulé par dissimulation partielle d’emploi salarié » et le « paiement de salaire inférieur à celui fixé par les stipulations d’une convention »… De son côté, la direction personnalise le conflit autour d’un délégué syndical qu’elle tente de licencier, et parle de « campagne de déstabilisation », affirmant que la condamnation dont elle a fait l’objet relève de la « gestion passée », et pour des « cas marginaux ». Fait assez odieux, « un collectif de non-grévistes fait circuler une pétition en soutien à l’entreprise. Les signataires y dénoncent les « pressions » qu’ils disent subir de la part des délégués syndicaux. Ils contestent les motifs de la grève. » C’est beau la solidarité entre salarié-e-s… On a toujours raison de se révolter : soutien inconditionnel à tou-te-s les grévistes !

Pavillon Noir, 24 juin 2013

[Brésil] Pour les émeutes, tapez 2

NdPN : voici bientôt deux semaines qu’un grand mouvement de contestation et d’émeutes secoue le pouvoir brésilien. L’assemblée et le congrès ont été en partie occupés par les manifestant-e-s. Le parti des travailleurs au pouvoir avec Dilma Rousseff est fébrile. Il était déjà tristement célèbre pour sa répression des oppositions des favellas lors des travaux de la coupe du monde, des syndicalistes et des communautés indiennes s’opposant à la construction du barrage de Jirau (un projet mené par GDF Suez, socialement et écologiquement dévastateur), sans parler des meurtres d’indiens Terena du Mato Grosso do Sul lors de leur mouvement d’occupation de la fazenda Buriti.

Voici que ce gouvernement de « gauche », après avoir gardé le silence sur la répression brutale du mouvement par les flics (lacrymos, tirs à balles en caoutchouc) dit vouloir entendre et comprendre les manifestant-e-s… tout en tentant bien évidemment et sans surprise de dissocier les gentils manifestant-e-s des méchant-e-s émeutier-e-s ! Les médias tentent aussi d’infléchir leur discours, tout en dénonçant les « violences » des émeutier-e-s. Mais il semble que cela ne soit pas très concluant (voir article ci-dessous) !

Le gouvernement omet de rappeler que le ministre des sports lui-même a prôné la « tolérance zéro », alors même que la manif pacifique à Rio autour du stade Maracana était réprimée très brutalement…

Solidarité avec les émeutier-e-s !

pour les émeutes, tapez 2

Depuis plus d’une semaine ça chauffe au Brésil. Lundi des manifestations contre la vie chère ont rassemblé plus de 250 000 personnes dans les principales villes du pays. La principale manif a eu lieu à Rio, où elle a réuni plus de 100 000 personnes. La protestation a continué jusqu’à tard dans la nuit, avec de nombreuses scènes d’émeutes dans le centre ville. Un groupe de quelques dizaines de manifestants aurait même pris d’assaut le parlement de l’État de Rio.

C’est dans ce contexte qu’une chaine de télé a eu la bonne idée de soumettre au vote en direct « êtes-vous pour ou contre les manifs ? »…

Résultats: OUI, de manière écrasante. Alors, la chaine de télé change la question : êtes-vous pour les manifs avec des émeutes ?

Et là, surprise, le OUI l’emporte encore largement… L’ensemble de la scène est assez marrante, d’autant qu’on assiste aux tentatives du présentateur pour faire pencher la balance vers la désapprobation des manifs, ou, au moins, lorsque dans un second temps il s’agit d’émeutes, une dissociation… Et non. (La 2e question n’était apparemment pas prévue par la production à l’origine.) Bon, ça ne veux pas dire grand chose, mais le score est encore plus écrasant côté émeutes…

Ci dessous la vidéo de l’émission.

http://youtu.be/7cxOK7SOI2k

Des nouvelles manifs sont prévues dans les prochains jours. Le pouvoir parle déjà de couper internet, pour une durée illimitée, afin de désorganiser les manifestants.

Pour se donner une idée des hausses des prix, disons simplement qu’en mai, les prix des tomates ont grimpé de 96% sur un an, les oignons, de 70%, le riz, de 20% et le poulet de 23%. Côté logement, les loyers ont progressé de 118% depuis 2008.

Dans les hôtels,  le tarif des chambres a explosé de près de 80% à 246,71 dollars en moyenne, ce qui fait de Rio la troisième ville la plus chère du monde.

Vu sur tantquil

[Turquie] Après les tentatives bidons de « conciliation », l’Etat tombe le masque

Florilège de quelques citations des assassins en costard cravate au pouvoir en Turquie, après un week-end de résistance, dans plusieurs villes de Turquie, aux forces armées de l’Etat :

Le vice-Premier ministre Bülent Arinç, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision A Haber, a martelé que la police « usera de tous les moyens qui lui sont conférés par la loi ». « Si cela ne suffit pas, même les forces armées turques peuvent être utilisées dans les villes sous l’autorité des gouverneurs ».

Que nous vaut ce discours décomplexé du recours tous azimuts à la violence armée, qui frappe déjà les manifestant-e-s depuis plusieurs jours ? C’est qu’une grève générale se profile. La Confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires (DISK) et la Confédération syndicale des salariés du secteur public (KESK) ont en effet décidé, comme le 5 juin dernier, de lancer un appel à la grève ce lundi.

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées cet après-midi en deux cortèges pour rejoindre la place Taksim, étroitement bouclée par les bidasses et les flics, qui l’ont « nettoyée » (dixit le premier sinistre Erdogan), hier, de ses manifestant-e-s. Dont des gamins. Sous un déluge de canons à eau et de lacrymo, avec 600 arrestations hier à Istanbul et Ankara. Le collectif Solidarité Taksim, a parlé de « centaines » de blessés après le « nettoyage » du parc Gezi. Rappelons que selon le dernier bilan du syndicat des médecins turcs, sans doute très alourdi depuis les événements de ce week-end, 4 personnes sont mortes et 7.500 autres ont été blessées depuis le 31 mai.

Le discours du sinistre de l’Intérieur Muammer Güler est lui aussi très clair : « Il y a une volonté de faire descendre les gens dans la rue par des actions illégales comme un arrêt de travail et une grève », « cela ne sera pas autorisé ».

Erdogan a affirmé que seraient poursuivi-e-s tou-te-s les « responsables » de la contestation, y compris les médecins et pharmaciens qui ont soigné les manifestants blessés, ou les personnels des hôtels de luxe qui les ont accueillis. « Nous connaissons très bien ceux qui ont protégé ceux qui ont coopéré avec des terroristes », a ajouté cet étron puant d’Erdogan, pour qui tout ce qui s’oppose à sa brutalité de dictateur en herbe est « terroriste », y compris des personnes qui soulagent comme elles le peuvent la souffrance de mômes brûlés par les gaz de sa police immonde.

Soutien total aux manifestant-e-s et aux grévistes. Nous envoyons toutes nos pensées solidaires à nos camarades anti-autoritaires.

Pavillon Noir, 17 juin 2013