Les fonctionnaires réunis manifestent leur ras-le-bol
Les agents de la fonction publique se sont retrouvés sur le pavé pour dire non au plan gouvernemental en général, au gel du point d’indice en particulier.
Ils sont venus, ils n’étaient pas tous là. Loin de là. Environ 1.200 personnes, dont une petite partie de l’académie de Poitiers (9.40 %) à Poitiers et 200 à Châtellerault ont manifesté leur ras-le-bol dans une significative unité revendicative. Les agents de la fonction publique dans toute leur diversité de métiers (personnels hospitaliers, services sociaux judiciaires, des impôts, enseignants, territoriaux…) et d’engagement syndical (CFDT, FO, CGT, Solidaires, UNSA, FSU…) étaient hier réunis sous le même slogan « Stop à la baisse du pouvoir d’achat. »
Alain Barreau évoque la grève générale
Le gel du point d’indice jusqu’en 2017 fait monter la température de fonctionnaires en colère. Le slogan « Ça va péter » repris sur l’air des lampions donnait le ton tandis que Zebda avec sa version actualisée du chant des partisans, rythmait le tempo a grands coups de « Motivés, motivés » crachés par amplificateurs.
Aux grands maux, les grands moyens : dans le cortège, les leaders syndicaux du département n’entendaient pas en rester là. « Nous devons aujourd’hui sortir du catégoriel, martelait Alain Barreau patron de Force Ouvrière 86. Il faut tendre à un nouvel élan interprofessionnel associant le public et le privé. Je pense qu’une grève générale va s’imposer. C’est l’intérêt commun. La situation du pays et son avenir nécessitent une mobilisation de tous pour dire d’une même voix au gouvernement qu’il ne peut pas continuer une telle politique. Cette orientation est économiquement et socialement délétère, Suicidaire. Rien ne laisse présager d’amélioration. Bien au contraire. Les actifs et les retraités doivent se faire entendre. »
Parti sous le soleil de la Promenade des Cours, le cortège poitevin est arrivé dans le calme à la préfecture avant une dispersion sans nuage. Sans un adieu ; Chacun s’est dit au-revoir et à bientôt.
Ici et là
> A Châtellerault, une petite centaine d’agents hospitaliers se sont rassemblés devant l’hôpital en début d’après-midi. Rejoints en cours de route par autant d’agents territoriaux, ils ont ensuite fait une opération escargot jusqu’au centre-ville, où une délégation a été reçue par la députée Véronique Massonneau.
> Piquet de grève. Une centaine d’agents poitevins de la CGT Territoriaux ont tenu un piquet de grève aux portes du Centre technique municipal de 7 h 30 à 11 heures. Les grévistes ont rejoint leurs camarades de Federal Mogul lors d’une opération escargot de la zone de la République au siège de Chasseneuil-du-Poitou. Rocade et nationale ont connu alors quelques embarras de trafic.
Loïc Lejay et AG, Nouvelle République, 16 mai 2014
Non aux restrictions budgétaires à l’hôpital
Accompagnés d’agents territoriaux, une petite centaine d’agents hospitaliers ont protesté hier contre la dégradation de leurs conditions de travail.
Les syndicats CGT et FO du Groupe hospitalier Nord-Vienne font le même constat que la Coordination nationale infirmière : depuis que l’État a commencé à réduire le budget du centre hospitalier Camille-Guérin, l’année dernière, les conditions de travail des personnels paramédicaux (infirmiers, aides-soignants…) se dégradent. Alors qu’elle avait de son côté organisé une journée de grève le 17 avril dernier, eux ont choisi de le dénoncer hier à l’occasion de la journée d’action nationale des syndicats de la Fonction publique.
« Les services sont toujours à flux tendu »
« On a raboté les contractuels de remplacement, donc les services sont toujours à flux tendu », déplore Dominique Gougeon, secrétaire général du syndicat CGT, majoritaire au sein du Groupe hospitalier Nord-Vienne. Un « manque de personnel dans les services », qui, selon lui, a de nombreuses conséquences. « C’est un épuisement du personnel, c’est un rappel sur les repos ou les congés, c’est des changements d’horaire au dernier moment… » Et, avec les nouvelles mesures qui se profilent à l’horizon, la situation risque de ne pas s’améliorer pour les agents… « Le pacte de responsabilité, c’est 10 milliards d’euros d’économie sur la protection sociale, dont 5 sur les hôpitaux, peste Dominique Gougeon. Manuel Valls a aussi annoncé le maintien du gel de notre indice, qui est gelé depuis 2010, jusqu’en 2017. Marisol Touraine a également annoncé qu’elle voulait fusionner sur un seul territoire tout ce qui concerne la logistique (les cantines, les buanderies…) et certains secteurs médico-techniques, c’est-à-dire, entre autres, les laboratoires. Pour Châtellerault, ça conduit directement à la fermeture de la buanderie et des cuisines, qui seront au CHU. »
Opération escargot
En début d’après-midi, une petite centaine d’agents se sont rassemblés devant l’établissement. Rejoints en cours de route par autant de territoriaux, ils ont ensuite fait une opération escargot jusqu’au centre-ville, où une délégation a été reçue par la députée Véronique Massonneau.
La parlementaire écologiste, « solidaire de leur démarche », prévient : « On attend le vote du budget. Si la copie n’est pas acceptable, on sortira de la majorité ! »
Alain Grimperelle, Nouvelle République, 16 mai 2014
La filière auto entre en résistance
Deux cents salariés de la filière auto ont manifesté, hier, devant Federal Mogul à Chasseneuil-du-Poitou. La CGT promet “ des actions coup-de-poing dès lundi ” en réponse à la fermeture du site.
Deux barbecues d’où se dégagent d’immenses flammes ont été installés devant le site de Federal Mogul. À côté, sur la table, des baguettes coupées en morceaux serviront à faire des sandwichs pour le déjeuner. Les salariés de Federal Mogul ont désormais décidé d’occuper le terrain pour mieux se faire entendre.
» C’est un gâchis… On nous a laissé mourir à petit feu. »
Il est 11 h 30 quand Gérard Prébost, ancien délégué syndical CGT, appelle ses ex-camarades à se révolter : « Battez-vous ! », lance-t-il, des trémolos dans la voix. La dernière usine de production de pistons de moteurs diesel, où il a travaillé, va fermer à la fin de l’année, laissant sur le carreau 241 salariés et leurs familles. Gwenaël Autexier, secrétaire général de la CGT Federal Mogul, annonce dans la foulée « des actions coup-de-poing dès lundi » sans préciser lesquelles.
Au milieu de la foule, Christian Gargot, quarante et un ans d’usine, ne cache pas son indignation : « C’est un gâchis. Je mets en cause la direction qui n’a pas fait ce qu’il fallait. On nous a laissé mourir à petit feu. »
La CGT n’était pas seule hier. Force Ouvrière s’est joint au mouvement pour « demander des réponses sur la fermeture du site de Chasseneuil », explique Thierry Casnes du CCE (comité central d’entreprise Federal Mogul) FO. Il fustige cette décision prise en dépit des « 800.000 € d’investissement en 2013 et du fait que les comptes soient à l’équilibre ».
La direction de Federal Mogul quant à elle justifie cette fermeture « par la baisse des prix imposée par les donneurs d’ordre, PSA et Renault ». Un argument qui ne passe pas chez les salariés qui « exigent une table ronde avec les pouvoirs publics, PSA et Renault et les syndicats, et ce au niveau national et local ».
« Ça risque de nous arriver »
Les ouvriers de Federal Mogul étaient bientôt rejoints par ceux de Valéo, Magnetti Marelli ou encore des deux Fonderies du Poitou (Saint-Jean Industrie et les Fonderies Fontes). Tous craignent un démantèlement de la filière automobile dans la Vienne. Christian Godefroi, salarié de Valéo, résume : « Ce qui arrive aujourd’hui à Federal Mogul risque de nous arriver ».
Adrien Planchon, Nouvelle République, 16 mai 2014