NdPN : une étude du ministère du Travail démontre, s’il était encore besoin, que la ségrégation sexiste sévit au travail… de plus en plus ! Les chiffres traduisent aussi combien ce sexisme, dans la répartition des emplois, est d’origine culturelle : le privé est ainsi plus touché que le public où bon gré mal gré et quoi qu’on en pense, les luttes féministes se sont traduites par des textes de lois. L’éducation joue aussi évidemment un grand rôle : les femmes se voient toujours plus orientées vers des filières littéraires et tertiaires… constatons d’ailleurs que le niveau d’études atténue la répartition sexiste des emplois. Notons qu’au même moment, deux ministres femmes alertent sur le sexisme à l’œuvre dans le développement des nouvelles technologies numériques… mais en ne proposant que davantage d’entrepreneuses. Comme quoi capitalisme et sexisme font bon ménage ! Il n’y a qu’à voir combien les publicités, les jouets industriels, ou les bouquins pour enfants, participent à ancrer la discrimination sexiste dans les structures mentales et la vie quotidienne.
Métiers de femmes, métiers d’hommes: la mixité est encore loin
Infirmière pour les femmes, pompier pour les hommes: les clichés de l’école maternelle sont bien réels en France où la « ségrégation professionnelle » persiste largement, selon une étude du ministère du Travail (Dares) publiée vendredi.
Pour que les métiers soient répartis équitablement entre les sexes, « il faudrait qu’au minimum 52% » des femmes (ou des hommes) changent d’activité, souligne cette enquête qui se fonde sur des données de 2011.
La ségrégation est plus forte dans le privé que dans le public, et en régions qu’en Ile-de France (où il faudrait que 43% des femmes ou des hommes changent de métier).
En trente ans, la mixité a quand même progressé, tandis que la part des femmes dans la population en emploi est passée de 41,7% en 1983 à 47,5% en 2011, note l’étude.
Mais près de la moitié des femmes (47%) se concentre toujours dans une dizaine de métiers comme infirmière (87,7% de femmes), aide à domicile ou assistantes maternelles (97,7%), agents d’entretien, secrétaire ou enseignantes.
Du côté des hommes, la répartition est plus dispersée, les 10 professions les plus « masculines » n’employant que 31% d’entre eux: conducteurs de véhicules (près de 90% d’hommes), l’armée, la police ou les pompiers (environ 75%), ouvriers du bâtiment ou manutentionnaires.
Au cours des trente dernières années, certains métiers « masculins » sont devenus mixtes, notamment chez les cadres (dans la finance, la fonction publique ou la banque). Mais des métiers mixtes sont aussi devenus masculins, comme celui d’agriculteur et des métiers mixtes féminins, comme celui de comptable.
L’étude relève que plusieurs facteurs contribuent à cette ségrégation professionnelle, l’éducation ayant « une importance particulière ». Près de 60% de la ségrégation pourrait ainsi être attribuée à une « ségrégation éducative », les femmes étant plus présentes dans les filières littéraires et tertiaires et les hommes dans les filières scientifiques et techniques.
La ségrégation varie aussi en fonction du diplôme, avec globalement davantage de mixité à mesure que le niveau de qualification augmente, les plus hauts diplômes conduisant à des métiers de plus en plus mixtes.
A l’inverse, la ségrégation a augmenté chez les non diplômés ou titulaires d’un brevet des collèges, les hommes et les femmes étant répartis de manière plus différenciée entre les métiers qu’il y a trente ans.
AFP, 13 décembre 2013