Logique de vie contre logique de profit…
C’est depuis longtemps l’un des marronniers moisis de la presse quotidienne régionale… Aujourd’hui dans la Nouvelle République, les marchands et les capitalistes ayant investi la zone d’Argenson se plaignent de voir les gens du voyage habiter les lieux. Mêmes propos que ceux de la direction du Super-U ayant fait évacuer un campement de caravanes : ça donne une mauvaise « image », « ça fait fuir la clientèle ». Passons sur d’autres déclarations plus nauséabondes encore…
Or les gens du voyage habitant les lieux rappellent à juste titre que la mairie ne leur laisse aucun autre endroit pour vivre : ils sont expulsés de partout, les places sont insuffisantes sur les aires d’accueil, l’absence d’infrastructures sanitaires les contraint à la débrouille… du coup les gens du voyage s’installent où ils peuvent. On voit bien, ici comme ailleurs, que les autorités sont les premières responsables des discriminations de fait à l’égard des gens du voyage, faisant le terreau d’un racisme qui ne dit pas son nom, menant à une négation agressive de leur culture.
Face à cette incurie de la mairie, les commerçants n’exigent pas des autorités qu’elles offrent enfin des conditions de vie dignes aux gens du voyage ; au contraire, le discours est méprisant, stigmatisant : un investisseur immobilier de la zone va jusqu’à exiger une baisse de subventions aux associations de gens du voyage pour rembourser un manque à gagner ! Ces braves gens du commerce évoquent des « pissotières publiques », mais quand on lit certains de leurs propos puants, on peut constater que décidément, pour eux, l’argent n’a pas d’odeur (1)…
Encore une fois, on nie éhontément le droit fondamental d’êtres humains à habiter quelque part, c’est-à-dire de vivre, droit qui ne pèse rien vis-à-vis de leur « droit » capitaliste à eux, commerçants, à faire du profit. Et qui ne pèse rien vis-à-vis du « droit » de l’incurie politicarde à fabriquer du bouc-émissaire à la pelle.
Soutien inconditionnel à toutes celles et ceux qui luttent pour leur droit de vivre et d’habiter, contre les logiques publiques et privées du profit électoral ou financier !
Juanito, Pavillon Noir, 13 février 2013
(1) « L’argent n’a pas d’odeur » : expression attribuée à l’empereur romain Vespasien, en réponse au Sénat qui se plaignait que l’Empire ait institué, pour se financer, des pissotières publiques (les fameuses « vespasiennes ») assorties d’une taxe sur la collecte des urines (qui permettait de fixer les teintures textiles).