Pour de nombreuses personnes (étrangers, jeunes, militants, personnes faisant de la récup, ou tout simplement se retrouvant ensemble, etc…), un véritable sentiment d’insécurité « se ressent » avec les patrouilles de flics : contrôles d’identité se multipliant (y compris sur des personnes déjà connues), chasse aux étranger-e-s sans-papiers, pressions grandissantes sur le militantisme…
On pourrait naïvement attendre du soutien de la part de journalistes pour la libre expression, alors même que la diffusion d’un journal militant (L’Epine noire) a été réprimée il y a peu par des flics venus avec six bagnoles (garde à vue, exemplaires confisqués), que celle du Monde Libertaire a été contrôlée par des flics arrivés dans une fourgonnette, que les tractages des libertaires ou d’antirep 86 sont eux aussi quasi-systématiquement surveillés, filmés voire contrôlés par la police, que le campement pacifique des indignés a été évacué à plusieurs reprises avec confiscation de nourriture, de tentes… Il y aurait bien des occasions pour la presse de relater des atteintes graves à la liberté d’expression.
Mais c’est compter sans cette presse aux ordres d’une « république nouvelle », soutenant systématiquement cette ambiance répressive qui s’est installée à Poitiers et ailleurs, n’hésitant pas à relayer carrément des mensonges (comme affirmer à deux reprises qu’un militant « anarchiste » a été condamné à « un mois avec sursis », alors qu’il ne s’agissait que du réquisitoire du procureur et que le militant a été relaxé pour ces faits). Voire à soutenir activement la préfecture (par exemple sur le fichage biométrique des étrangers, traduit en « meilleur accueil« ).
Aujourd’hui encore, on appréciera à juste mesure le « ressenti » de ce gratte-papier, tout empreint d’impartialité journalistique face à tous ces faits préoccupants pour les libertés publiques :
La délinquance ne fait plus de chiffres
[…]
L’expérience des patrouilleurs de la police nationale a été concluante à Poitiers. Le dispositif a d’ailleurs été étendu à l’ensemble du territoire national. « L’idée est d’augmenter la visibilité des policiers dans la rue, à pied ou à VTT, et dans les bus », explique le commissaire divisionnaire Jean-François Papineau. « Là où la population a besoin de les voir. » L’insécurité ne se mesure pas qu’en chiffres. Elle se ressent aussi.
Leur presse, Nouvelle République, Baptiste Bize, 21 janvier 2012