15 – c‘est en millions d’euros ce que l’État apportera au projet Center Parcs, selon un courrier que Nicolas Sarkozy avait adressé à Jean-Pierre Raffarin en novembre 2011. Un an plus tard, même si le locataire de l’Élysée a changé, on peut penser que cette promesse tient toujours. En revanche, ce qui interroge les élus de gauche du conseil général, c’est de savoir dans quelle ligne budgétaire l’État va puiser cette somme, alors que la tendance est plutôt aux économies. « On imagine que ça prendra la forme d’une augmentation de la dotation d’équipement des territoires ruraux (NDLR : la DETR est fixée par la loi de finances), explique Jean-Daniel Blusseau. Mais on n’a pas de certitude pour l’instant. »
Le Département sûr de ses choix
Le conseil général de la Vienne s’est-il engagé à la légère au côté du groupe Pierre & Vacances pour soutenir financièrement l’installation de Center Parcs ? C’est ce que semble vouloir indiquer la chambre régionale des comptes en rappelant qu’un protocole d’accord a été signé fin 2010 « en l’absence d’étude objective préalable évaluant les risques potentiels et les retombées attendues ». Dans un rapport sur la gestion du conseil général, les magistrats font remarquer que deux documents ont bien été élaborés mais après la signature des engagements financiers et sans réelle objectivité : une étude de marché commandée par l’investisseur privé et une présentation rédigée par le conseil général et Pierre & Vacances. « Aucun de ces deux documents ne mentionne des données et des analyses des retombées potentielles et des risques encourus provenant d’un organisme extérieur », précise le rapport. Pour la chambre régionale des comptes, « l’architecture du projet fait assumer au département une charge financière d’emprunt dont la compensation n’est pas encore pleinement assurée et un risque potentiellement déséquilibré par rapport à l’exploitant en cas de graves difficultés commerciales ».
Retour d’expérience
Il n’empêche que le projet fait l’unanimité parmi les élus de la Vienne. Pour Guillaume de Russé, le vice-président du conseil général, les remarques de la chambre sont infondées. Et pas seulement parce que le montant de l’emprunt contracté par la collectivité sera de 68 et non de 90 M€ comme initialement envisagé. « L’emprunt courant sur vingt ans, nous avons obtenu du Pierre & Vacances une garantie de loyers de 20 ans contre 18 ans prévus au départ », explique l’élu. Quant à l’absence d’étude préalable, Guillaume de Russé, la relativise : « Nous avons considéré qu’il n’était pas utile de dépenser de l’argent public sur une étude de 300.000 euros dont nous connaissions déjà le résultat. Nous avons regardé ce qui se passait autour des autres Center Parcs, notamment en Sologne et en Moselle, et le retour d’expérience était convaincant. »
Nouvelle République, 20 octobre 2012