La Ligne à grande vitesse, ennemie du climat

La Ligne à grande vitesse, ennemie du climat

Le 23 octobre, 18 militants du mouvement altermondialiste basque Bizi ! (Vivre ! en langue basque) ont déployé une immense banderole sur un bâtiment à Pau, dénonçant les 80 millions d’euros accordés par le Conseil général à la ligne grande vitesse Tours-Bordeaux. Dans une lettre ouverte, ils pointent l’impact écologique de cette LGV et plaident pour le développement des lignes de proximité, la modernisation des voies existantes, un soutien au fret ferroviaire et aux modes de transports doux.

La poursuite du modèle actuel de production, de consommation, d’aménagement du territoire, de transports, d’économie délocalisée, d’agriculture intensive etc., risque de nous faire franchir le seuil – irréversible – de l’emballement climatique dès 2050, quand les enfants nés aujourd’hui n’auront pas 40 ans.

Les économies d’émissions de gaz à effet de serre (émissions à l’origine du dérèglement climatique en cours) que permet le train par rapport à l’avion ou la voiture sont souvent présentées comme un argument majeur en faveur de la voie nouvelle LGV, par les partisans de cette dernière en Aquitaine.

Or, le dossier EPINE démontre – chiffres et arguments à l’appui – que les émissions évitées par le report modal attendu grâce à la voie nouvelle LGV Bordeaux-Hendaye ne compenseront pas la « dette » initiale en termes d’émissions carbone de construction de cette même voie nouvelle.

La LGV nous ralentit !

De plus, quel serait le bilan carbone global de cette voie nouvelle si les énormes sommes d’argent que certains veulent investir dans sa création l’étaient dans un meilleur entretien des lignes de proximité actuelles, dans le développement de l’offre de trains de proximité, la réhabilitation d’anciennes lignes (comme celle du soufre à Bayonne), le développement du fret ferroviaire qu’on démantèle actuellement, la multiplication des voies de bus en site propre, ou la construction de pistes cyclables sécurisées ?

Quel impact sur le bilan carbone auraient eu les dizaines de millions d’euros déjà versés par le Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques, la Région d’Aquitaine, certaines communautés de communes ou d’agglo du Pays Basque pour financer le tronçon Tours-Bordeaux, s’ils avaient été investis dans les alternatives de proximité au tout voiture ?

Avant de dépenser des milliards pour anticiper une hypothétique saturation des voies ferrées à l’horizon 2030-2035, ne ferait-on pas mieux de les consacrer à résoudre l’actuelle et bien réelle saturation routière des années 2012-2020 ?

Bref, la très grande vitesse pour « l’élite de nos sociétés » a pour résultat de… ralentir la mise en place des alternatives au tout voiture pour la majorité de la population !

Refuser la fuite en avant

Loin d’être une alternative, la LGV n’apparaît que comme un « plus » qui va s’ajouter à l’avion pour aggraver la délocalisation de nos sociétés et de nos économies. Elle n’est qu’un de ces « plus », réservés à une minorité de la population pour lui réduire la notion de distance et donc rendre banals et fréquents des déplacements qui devraient être exceptionnels, avec tous les dommages collatéraux en termes d’aménagement du territoire, de grandes métropoles et de régions-dortoirs.

Elle n’apparaît que comme un « plus » dans la course au « toujours plus vite, plus souvent et plus loin », celle là même qui nous mène tout droit au précipice. Et au lieu de freiner ou de stopper, on nous demande aujourd’hui d’accélérer.

Celles et ceux qui refusent cette fuite en avant seront au rendez-vous le samedi 27 octobre à 15h à Bayonne pour arrêter définitivement ce grand projet inutile, imposé et destructeur !

Elise Bancon (Biarritz), Barth Camedescasse (Mouguerre), Xabi Camino (Saint Pée sur Nivelle), Christian Detchart (Bayonne), Txetx Etcheverry (Bayonne), Paule Etchelecou (Bidart), Laure Lancereau (Hasparren), Annie Lapegue (Lahonce), Magali Lartigue (Espelette), Eric Lecoutre (Bayonne), militant-e-s de Bizi !

Bastamag, 24 octobre 2012