[Valdivienne – 86] Les Buroform allument leur colère

Les Buroform allument leur colère

Les employés de Buroform se sont une fois de plus mis en grève.

Hier après-midi, les employés de Buroform à Valdivienne ont une nouvelle fois débrayé pour démontrer leurs nouvelles inquiétudes quant à l’avenir. Albert sors de nos terres ! La banderole accrochée sur la façade et sous le nom de l’entreprise Buroform parle d’elle-même, ainsi que le ton donné d’entrée de jeu par Alain Tullio, représentant du personnel et délégué syndical CGT et Thierry Melot, secrétaire du comité d’entreprise. « On veut la démission de Jacques Albert, le PDG ! », lancent-t-ils devant les 107, employés regroupés sur le parking à l’occasion d’une nouvelle grève. « Nous ne sommes pas les seuls à demander qu’il parte. C’est aussi une demande de tout le groupe (Le groupe comprenant trois sociétés : Château-Gontier en Mayenne, La Pommeraye dans le Maine-et-Loire et Valdivienne). Il n’est plus capable de nous approvisionner en matières premières alors que le carnet de commandes est raisonnablement fourni. Il n’y a pas d’entrée d’argent. Notre site risque une coupure d’électricité le 15 novembre si la facture n’est pas payée. Notre salaire de novembre risque de ne pas être payé. » Au même moment à Château-Gontier les 205 salariés se sont eux aussi mis en grève. En effet, les deux premières sociétés ont été placées en redressement judiciaire. Le tribunal de commerce doit décider de leur sort le 15 novembre. « Si les sociétés Château-Gontier et La Pommeraye sont vendues ou liquidées, Valdivienne subira le même traitement par extension, forcément », analyse Alain Tullio. « Ça fait trois ans qu’on galère. Nous avons demandé aux tribunaux de commerce (Poitiers, Laval et Nanterre), un report de la décision du tribunal afin de nous donner du temps pour trouver une solution qui sauverait notre entreprise. Nous avons plusieurs pistes dont celle de la coopérative avec des partenaires comme les collectivités, les associations industrielles… Nous demandons la nomination d’un commissaire et la mise en redressement judiciaire ce qui assurerait au moins notre salaire de novembre. »

Malgré nos tentatives, le PDG restait injoignable par téléphone hier.

Robert Benoist, Nouvelle République, 13 novembre 2012

Autogestion et hiérarchie – Cornélius Castoriadis – 1979

NdPN : voici un texte qui prête à débat dans le détail, puisqu’il est pour une égalité des « salaires », alors que nous aurions plutôt tendance à souhaiter abolir l’argent. Divergence sans doute liée au principe, maintenu chez Castoriadis, de « démocratie » reprenant la notion de « l’unité » (à notre sens mythique, et caution de toute aliénation et de toute domination). Néanmoins ce texte rappelle quelques évidences sur l’absurdité des arguments actuels du pouvoir – sur la prétendue nécessité d’une hiérarchie avec des chefs d’un côté et des éxécutants de l’autre, et la prétendue nécessité d’une échelle des salaires (encore défendue par des Fronts de gauche et autres NPA Attac and co…)

Autogestion et hiérarchie – Cornélius Castoriadis – 1979

Cette petite brochure de 16 pages publiée par les Editions Grain de sable est un extrait du livre de Cornélius Castoriadis « Le contenu du socialisme » de 1979. Dans cet extrait, l’auteur questionne la possibilité du maintien d’une hiérarchie dans le cadre d’une société autogerée. Et la réponse est Non !

(Source : Association pour l’autogestion.)

Cornélius Castoriadis nous présente ici un véritable plaidoyer pour une société strictement égalitaire dans laquelle hiérarchies des salaires comme de commandement auraient disparu, l’une n’allant pas sans l’autre comme il le constate aussi bien dans les sociétés capitalistes que dans les pays du « socialisme réel » (le texte a été écrit en 1979). Dans ces deux cas, la hiérarchie de commandement coïncide avec la hiérarchie de salaires, ce qui signifie que la couche qui commande s’attribue les plus hauts revenus et donc profitent de la production. Partant du constat que les sociétés n’ont pas toujours été hiérarchisées, l’auteur en déduit que la hiérarchie n’a rien de naturelle et constitue une construction sociale.

Une société autogérée est une société qui se gère elle-même, dans laquelle ceux qui accomplissent une activité décident de ce qu’ils ont à faire et comment le faire et dans les limites de coexistence avec d’autres unités collectives. De ce point de vue, cela ne signifie nullement remettre son sort auprès de « gens compétents » même élus. Si la taille des groupes exigent des représentations, celles-ci doivent rester soumises au pouvoir des collectivités et donc révocables à tout moment.

Une des fonctions de la hiérarchie est l’organisation de la contrainte, celle-ci étant nécessaire par le caractère aliéné du travail, parce que d’autres en profitent. Il ne s’agit pas de nier qu’il n’y aura besoin de discipline dans une société autogérée, mais celle-ci sera acceptée comme nécessaire au bon fonctionnement de la société, ceci étant d’autant plus vrai en l’absence d’appropriation inégalitaire du revenu. Par ailleurs, l’auteur constate que la véritable compétence ne coïncide pas forcément avec la hiérarchie, celle-ci devant régulièrement faire appel à des experts pour prendre des décisions. Enfin, la hiérarchie de commandement implique une spécialisation des savoirs qui ne facilite nullement la coordination.

Selon lui, il n’existe aucun critère objectif pouvant fonder une hiérarchie des rémunérations, même si certains pourraient penser qu’il est juste de récompenser les plus courageux, tenaces ou compétents. Sur ce dernier facteur, l’auteur estime que si cette formation a été obtenue gratuitement par la société, il n’y aurait aucune raison que celle-ci aboutisse à de meilleurs rémunérations.

Admettant la nécessité du maintien de la monnaie dans la société autogérée, Cornélius Castoriadis relève que si nous voulons une production socialement utile, une différentiation des revenus induit un biais dans l’orientation de la production, un peu comme si les électeurs avaient des droits de vote plus ou moins pondérés.

Ce fascicule est un plaidoyer absolument remarquable sur l’incompatibilité entre l’autogestion et une double hiérarchie de commandement et des revenus. Une thèse absolument contradictoire à celle de Bernard Friot qui préconise une grille de salaires de 1 à 4 (1500 € à 6000 € par mois), lesquels seraient donnés inconditionnellement et à vie. On peut cependant s’interroger sur la pertinence de l’égalité absolue qui n’est pas toujours simple à mettre en œuvre comme le montrent les exemples argentins d’entreprises récupérées (cf. Néolibéralisme et autogestion, l’expérience argentine – Maxime Quijoux)…

Télécharger Autogestion et hiérarchie en pdf :

http://www.autrefutur.net/IMG/pdf/Autorarchie.pdf

Vu sur Autrefutur, 12 novembre 2012

[Notre-Dame-des-Landes] Infos 12 novembre

Hier journée plutôt cool,  « des reunions et ateliers à droite à gauche, des tractages sur le site même et des rencontres chouettes sur la fête-crêpes aux barricades« .

Aujourd’hui début de semaine, les travailleurs en uniforme aliénés par le réveil-matin reprennent leur absurde besogne :  » 8h40 :  quelques mouvements de flics et armés nous sont signalés depuis Nantes, mais on ne sait pas encore dans quel sens ils vont ... » A suivre tout au long de la journée, sur le flash info.

Après Patrick Warin, le pote de promo ENA de Hollande, le doute s’insinue au PS ! Voir la lettre d’un militant P.S inquiet du projet de Notre Dame des Landes, du 9 novembre dernier.

Les réunions d’info continuent un peu partout. En attendant celle de demain à Poitiers, on se rencontre aujourd’hui, à Dijon, Millau, Ganges, Bruxelles… Ca va être une belle manif de derrière les fagots le 17 novembre à la ZAD !

Pavillon Noir

[Montreuil – 93] « Zone de gratuité », ou comment les objets deviennent « sans propriétaire fixe »

« Zone de gratuité », ou comment les objets deviennent « sans propriétaire fixe »

Et si on changeait notre rapport à la propriété et à la consommation ? Un peu partout en France émergent des « zones de gratuité », des espaces où les rapports marchands sont abolis, de manière temporaire ou permanente. Ici les objets circulent et les gens se parlent, en réapprenant que l’échange ne passe pas forcément par l’argent. Petit reportage à Montreuil (Seine-Saint-Denis).

 » Tout est vraiment gratuit ? « , questionne un enfant, incrédule. Dans cette rue de Montreuil (Seine-Saint-Denis), une centaine de personnes discutent, se promènent ou explorent des piles d’objets entassés sur une dizaine de tables. La rue de Villiers est déclarée « zone de gratuité » pour tout l’après-midi. Sur les tables : vêtements et chaussures, livres et DVD, vaisselle, ordinateurs ou chauffe-biberon… Ici, chacun amène ce qu’il veut et prend ce qu’il souhaite. Tout est en accès libre. Ce n’est pas une brocante ou un vide-grenier, mais un espace non-marchand temporaire.

Ce projet est né il y a quelques années. « Lors d’un repas de quartier, nous avons lancé l’idée avec des copains, les voisins de la rue, explique Vito, l’un des organisateurs. Au début, certains n’y croyaient pas. Mais voilà, nous en sommes à la 4e édition. » « C’est une idée super simple à mettre en œuvre, décrit Samantha. Il suffit juste de demander à la Mairie que la rue soit fermée. » La différence avec un vide-grenier ? « Chacun peut déposer des objets à offrir ou proposer des services. Chacun peut prélever ce qui lui fait envie. L’idée, c’est de partager. L’idée, c’est de se rencontrer », proclament les affiches, placardées dans toute la rue.

Un pied-de-nez à la société de consommation

Andres est venu d’une rue voisine, avec sa famille. Ses filles n’ont rien trouvé d’intéressant. Lui a vidé une valise entière. Il souhaiterait que l’initiative ait lieu plus souvent. « On a amené beaucoup de choses. Ça part mieux qu’à un vide-grenier ! », sourit une autre participante. Plus facile de se débarrasser des objets qui n’ont plus d’utilité, pour leur offrir une deuxième vie. « Et comme c’est gratuit, on hésite moins à emporter des objets. » Sa fille semble toute contente du serre-tête rose qu’elle vient de dénicher.

Tout l’après-midi, les tables se vident et se regarnissent. Les objets restants en fin de journée seront amenés dans les locaux voisins du Secours populaire. Des groupes de musique se succèdent sous des barnums prêtés par le comité des fêtes de la Maison de quartier. Un bar gratuit offre boissons, radis bio, pain et confiture – selon les arrivages. Les enfants se pressent à un atelier peinture, autour d’une construction en plastique ou de vélos recyclés.

Donner et récupérer à la place d’acheter et jeter

Ni troc, ni obligation de réciprocité, ni charité, la zone de gratuité est un moyen utile de réduire le volume de déchets et de recycler les objets. Une façon aussi de se réapproprier l’espace public, la rue, de créer un moment convivial, entre voisins et ouvert à tous. Un pied de nez à la société de consommation. Un espace soustrait aux rapports marchands, qui vient interroger chacun sur le don, l’argent, la propriété. « Les valeurs Acheter – Jeter sont remplacées par les joies du Donner – Récupérer », expliquaient les organisateurs lors de la première édition.

Ces zones de gratuité essaiment un peu partout en France et dans le monde. Zones temporaires ou permanentes, sur un bout de trottoir, dans des locaux d’une association, dans une cage d’escalier ou par un caddie gratuit laissé au bord d’une route. Certaines fonctionnent sur le don définitif, d’autres invitent à faire circuler les objets, devenus SPF (Sans propriétaire fixe). Dans d’autres lieux, on imagine des « zones d’objets mutualisés et empruntables » (ZOME), où les objets peuvent être empruntés, ou achetés collectivement pour être ensuite utilisés par tous. Des lieux qui invitent à renverser notre rapport à la propriété et à la consommation. Tout en répondant à un besoin urgent et concret, par ces temps de crise. A Montreuil, ils sont aussi nombreux à venir profiter de ces produits qu’ils ne peuvent se permettre d’acheter. Au bout de la rue de Villiers, deux femmes arrivent en vélo. « C’est bien ici la zone de libre-échange ? » demande l’une d’elle. Une zone, en tout cas, qui bouscule nos imaginaires.

@AgnesRousseaux sur twitter

Quelques zones de gratuité en France : - Un répertoire des zones de gratuité - A Courçon (Poitou-Charentes) - Dans le Royans (Rhône-Alpes) - Dans le Morbihan - A Brest - A Rennes - A Grenoble

Voir le reportage vidéo réalisé sur la Zone de gratuité de Montreuil en 2009, par Les instants volés :

http://www.dailymotion.com/video/xes55h_zone-de-gratuite_news#from=embediframe

Photos : Agnès Rousseaux

Agnès Rousseaux, BastaMag, 2 octobre 2012

[Poitiers] Procès reporté. Expulsés de la mairie par la police, reçus au Conseil régional.

Compte-rendu de la journée du 9 novembre 2012

Procès reporté. Expulsés de la mairie par la police, reçus au Conseil régional.

Il y a des journées plus intenses que d’autres. Vendredi 9, avait lieu le procès en appel du campement du 30 mars. Les sans logis et mal logés qui l’avaient mis en place s’étaient vus évacués violemment par la police et ce sans motif le 2 avril à partir de 9h du matin. Comme à son habitude et certainement pour arrondir leurs fins de mois les policiers zélés ont traînés au tribunal 5 militants dont certains étaient bien connus de leurs services pour rébellion. Début juillet les sentences étaient tombées : deux fois deux mois de prison fermes, deux mois avec sursis, 1500€ d’amendes, 1200€ de dommages et intérêts et 480€ de frais. Trois des 5 avait fait appel. Pour de plus ample informations VOIR

Petit coup de théâtre, le ministère public déstabilisé par les conclusions des avocats concernant l’illégalité de l’évacuation par la police du campement le 2 avril, a mis un genou à terre et à demandé que l’audience soit reportée. D’une manière générale, les autorités à Poitiers et en particulier la police, se croient tout permis, se dispensent allègrement de respecter les lois en vigueur et s’assoient sur les décisions de justice lorsqu’il leur arrive de s’y référer. Plus précisément concernant le Campement du 30 mars, pour que la police l’évacue, il aurait fallu qu’elle se fonde sur un texte ou qu’il y ait une situation d’urgence genre trouble à l’ordre public. Et bien sûr il n’en était rien. Il aurait fallu alors un jugement. Ce qu’il ne semble pas qu’elle ait eu. Les commissaires habillés sur leur 31 avec leur casquette à dorures, avaient beau interroger incrédules leur avocat après la décision de renvoi : « c’est quoi ce bazar », il faut qu’ils se rendent à l’évidence : Eh oui, il y a des lois et des procédures, eh oui les gens ont des droits !

Le DAL86 avait appelé à être présent devant le tribunal dès 9h. Un table a été mise en place avec café et viennoiseries et une distributions de tracts a été faite. Une trentaine de personnes s’est relayée toute la matinée. A midi devait avoir lieu une conférence de presse en présence de Jean-Baptiste Eyraud, porte parole de la Fédération Droit au logement, Mgr Jacques Gaillot. Malheureusement, ces deux soutiens ont eu un empêchement. Ils nous ont toutefois envoyé un communiqué. Et puis, il n’y a pas eu foule de journalistes… Vers 12h30 la délégation forte d’une dizaine de personnes du DAL17 est arrivée et nous avons pu prendre en commun un repas mérité.

Nous avions décidé de faire une action dans l’après-midi. Nous nous sommes donc rendus à la Mairie ou une délégation de 6 personnes est rentrée pour demander audience au maire vers 14h30 concernant louverture d’un centre d’hébergement dans l’ex-Lycée des Feuillants. Ce n’est qu’après moins d’une demie heure que la police, le commissaire Papineau avec son écharpe tricolore en tête, est arrivée pour nous annoncer que le maire ne voulait pas nous recevoir et nous faire partir. Nous avons demandé au DDSP qui semble être devenu le nouveau directeur de cabinet du maire s’il n’y avait pas quand même un élu pour nous recevoir. Il nous a dit qu’il n’était pas habilité pour nous répondre. Après un éniemme contrôle d’identité nous avons quitté les lieux.

Nous sommes alors allés au Conseil Régional pour essayer d’interpeller Michel Sapin qui y était venu pour signer des contrats d’avenir.  Arrivés sur place la police a fait fermer les grille et nous avons scandé quelques slogans. Très vite, Yves Debien Vice-Président de la Commission Permanente nous a informé qu’il était mandaté par Ségolène Royal pour recevoir une délégation des DAL86 et DAL17. Il a fait ouvrir les grilles gardées par la police et une délégation de 6 personnes est rentrée sous l’œil incrédule des policiers, surtout ceux de la BAC qui disaient : « une délégation ? C’est quoi une délégation ? ». L’entrevue à duré plus d’une heure et nous avons pu aborder tous les points qui agitent le Droit au Logement. En particulier l’hébergement, la réquisition, le logement social, la répression et le fait que ce soit la police qui gère la politique du logement à Poitiers, l’attitude scandaleuse du maire de Poitiers, le fait que le problème n’est pas le bâti mais l’accès au logement, Notre Dame Des Landes… Yves Debien nous a proposé que l’on envoie rapidement un mémorandum à la présidente de région.

Puis le Dal17 est parti à la gare pour prendre son train pour La Rochelle. Vers 18h, ceux qui restaient sont allés boire un dernier pot.

Le procès du DAL reporté : enquête sur une vidéo NR 10/11/2012

France3 12h 09-11-12. Le procès en appel du campement du 30 mars

DAL 86, 11 novembre 2012