Après l’ingérence humanitaire, le PS invente l’expulsion humanitaire

Après l’ingérence humanitaire, la France invente l’expulsion humanitaire

Partout en France des consignes sont données aux préfets pour démanteler les camps de Roms, pourchasser les familles et les empêcher de s’installer quelque part. A Lyon, le préfet applique parfaitement les consignes. Mais parfois, lui et son ami le maire socialiste font mine d’être bienveillants à l’égard des Roms… A leur manière… Faut pas rêver quand même !

Rue de la Claire, Vaise. Une quarantaine de personnes vit dans un immeuble squatté depuis plus d’un an. Mardi 21 août, lorsqu’un court-circuit se déclenche sur le tableau électrique du rez-de-chaussée, personne ne se doute que les heures du squat sont comptées. Les pompiers interviennent, éteignent le début d’incendie et appellent un agent EDF qui vient couper le courant. Tout semble rentrer dans l’ordre.

C’est sans compter sur le maire de Lyon, Gérard Collomb, connu pour son empathie légendaire à l’égard des sans-abri en général et des Roms en particulier. (1)

Le 17 décembre 2010, déjà, il avait pris un arrêté de péril fantaisiste pour un bâtiment qui se situe à quelques dizaines de mètres de là. Histoire de se moquer un peu plus de ses occupants, il avait fait évacuer l’immeuble le jour même où les familles Roms allaient se rendre au tribunal pour être fixées sur leur sort. Qu’est ce qu’il avait dû rigoler… 80 personnes avaient donc été jetées à la rue, sous une tempête de neige. A l’époque, la police était arrivée avec un plan de la ville et l’adresse d’un gymnase en disant à qui voulait l’entendre que tout avait été préparé par la mairie. Selon eux, des places avaient été réservées dans un gymnase ouvert dans le cadre du plan grand froid. Tu parles… Même le 115 n’était pas au courant…

Ce mardi 21 août, donc, notre Gérard, toujours pas national, saute sur l’occasion. Probablement encore vexé de ne pas avoir été nommé ministre, il décide de s’inviter à sa façon à la réunion inter-ministérielle qui doit avoir lieu le lendemain et qui officialisera la chasse aux Roms. (2) Vers 14 heures, la police intervient et met tout le monde dehors en expliquant que c’est devenu trop dangereux. Incompréhension des familles. Voilà un an qu’elles occupent le bâtiment dans les mêmes conditions et il est devenu subitement dangereux suite à un court-circuit. Le problème, c’est qu’il manque une base juridique à cette expulsion qui ne veut pas dire son nom. Qu’à cela ne tienne. En fin d’après-midi, un arrête municipal de péril tombe. Il dit en substance qu’en raison de nombreux branchements électriques, le bâtiment est devenu trop dangereux et qu’il est interdit bien que les branchements ne concernent qu’une petite partie de l’édifice.

Dangereux pour tout le monde ? Non, juste pour les Roms.

Le commerce qui occupe le bas de l’immeuble, lui ne craint rien, il n’est pas interdit. C’est écrit noir sur blanc sur l’arrêté municipal.

C’est du jamais vu. Gérard Collomb et la police viennent de sauver des Roms d’une mort certaine par électrocution. Les bons français, eux, peuvent cramer, le maire et le préfet s’en foutent.

Le soir, les familles vont devoir affronter un orage d’une violence terrible avec leurs enfants dans les bras. Après plusieurs nuits dehors, elles vont retrouver un immeuble vide. Malheureusement pour elles, dimanche 26 août après-midi, les forces-de-l’ordre-qui-protègent-les-Roms viennent à nouveau pour les expulser, sans leur dire cette fois sur quelle base juridique elles interviennent.

Des bases juridiques pour expulser, la police s’en passe volontiers lorsqu’il s’agit de «protéger » des familles Roms. Nouvel exemple, toujours ce dimanche 26 août, rue Saint Jérôme, à Lyon où une soixantaine de personnes a été expulsée par la police, là encore, pour son plus grand bien. Selon la préfecture elle-même : « la police leur a dit que c’était dangereux car l’immeuble était insalubre. Ils ont compris et sont sortis d’eux-mêmes »

On croit rêver.

Dans la France socialiste de Hollande et Valls, l’insalubrité est un danger vital, au point qu’il serait moins dangereux de passer la nuit dehors avec femme et enfants sur le trottoir que dans un immeuble inoccupé.

Avec quoi on mesure-t-on l’insalubrité chez la police ? Au flair d’un chien policier ? Au doigt mouillé ? Ou bien au nombre de Roms présents sur place ?

Drôle de conception du danger et de l’humanité. Après les arrêtés anti-mendicité, les socialistes vont nous inventer les arrêtés anti-saleté. Cachez ces pauvres que je ne saurais voir ou alors nettoyez moi tout ça au kärcher.

La police, elle, applique ses méthodes habituelles pour contourner la loi. Ne disposant d’aucun argument juridique, elle invite les gens à sortir. Oh surprise, ils sortent d’eux mêmes. Comme ils sont bien élevés ces roumains, comme ils sont dociles avec la police. A se demander si ce sont les mêmes qui seraient responsables de la délinquance en France. Etonnant, non ?

Les familles avaient déjà été expulsées le 14 août d’un immeuble parfaitement salubre lui, rue Montesquieu. Elles occupaient les lieux depuis plus d’un an et leurs enfants étaient scolarisés.  Les Roms avaient su s’intégrer parfaitement dans le quartier au point que les voisins avaient lancé une pétition pour demander qu’ils restent. (3) Ils ne sont pas restés. Rue Saint Jérôme non plus ils n’ont pas pu rester. En revanche, à la rue, ils resteront. Telle est la décision de Hollande, Valls, Collomb et Carenco.

Ce tableau lyonnais serait incomplet si on ne citait pas les demandeurs d’asile de la place Carnot que le préfet a installés lui-même dans un camping sauvage. Il est bien le préfet de Lyon. Lui au moins, il trouve des solutions de relogement quand il veut.

Expulsées de la gare de Perrache lundi 9 juillet, environ 100 personnes soutenues par de nombreuses associations ont été placées par la préfecture à quelques mètres de là, place Carnot. Chaque soir, les familles montent leurs tentes et chaque matin, elles sont réveillées par les services municipaux qui viennent consciencieusement nettoyer et arroser la pelouse afin que la place ne devienne pas un « campement insalubre ». Vous imaginez, le préfet obligé de démanteler un campement qu’il a lui même créé… Ca friserait la schizophrénie. Ce cinéma dure depuis bientôt 2 mois.

Bilan de la semaine dernière à Lyon, 4 expulsions, pas loin de 200 personnes… Oui, ça fait beaucoup, mais ce n’est pas de ma faute s’ils s’amusent à expulser les mêmes personnes plusieurs fois de suite. C’est comme les charters et l’aide au retour. Si on ne peut plus comptabiliser plusieurs fois les mêmes, ce n’est plus drôle. Comment on ferait pour atteindre les quotas sinon.

Les expulsions de Roms, ce n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, en revanche, ce sont les méthodes employées. Plutôt que de s’embêter avec des procédures judiciaires longues et coûteuses, on invite les personnes à quitter les lieux sous prétexte de les protéger du danger ou de l’insalubrité. Le maire Collomb pond des arrêtés municipaux, le préfet Carenco envoie police-secours et hop, le tour est joué. Encore plus fort que les méthodes archaïques de Guéant et Sarkozy.

La méthode lyonnaise plait beaucoup aux élus socialistes. Elle vient d’être appliquée à Evry, où le maire découvre que des familles Roms sont subitement en danger sur un terrain qu’elles occupent pourtant depuis plusieurs mois. Un petit arrêté municipal, un coup de fil au préfet et le tour est joué. 70 personnes de plus à la rue alors que le juge devait se prononcer le lendemain. Yesssss… Ca s’appelle une gestion sociale et socialiste des problèmes…

En attendant, toujours pas de propositions de relogements contrairement à la promesse du candidat Hollande. Toutes ces familles dont de très nombreux enfants vont rejoindre la cohorte des sans-abri qui, malgré leurs appels répétés au 115, ne se voient offrir aucune solution d’hébergement en violation de la loi et d’une ordonnance du Conseil d’Etat. (4)

Protéger le droit de propriété, même pour des immeubles ou des terrains vides, oui, appliquer le droit au logement, même pour des nourrissons, certainement pas. Nos rues sont plus propres que vos squats, vous y serez bien mieux pour y dormir. On vous expulse, c’est pour pour votre bien. C’est ça le socialisme à la française qui donne des leçons d’humanité à la terre entière.

Il paraît que le traitement que la France inflige aux Roms sur son territoire viole les conventions internationales. Après l’Union Européenne, c’est l’ONU qui s’en inquiète et met en garde la France. (5) Non … C’est pas possible… Nous, la patrie des Droits de l’Homme ? Décidément, tout fout le camp.

(1) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/071011/monsieur-hollande-dimanche-cest-lheure-des-choix-nest-ce-pas

(2) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/250812/reunion-inter-ministerielle-sur-les-roms-un-seul-mot-d-ordre-degage

(3) http://www.rue89lyon.fr/2012/08/03/ces-habitants-qui-veulent-garder-les-roms-pres-de-chez-eux/

(4) http://www.conseil-etat.fr/fr/communiques-de-presse/hebergement-d-urgence.html

(5) http://www.20minutes.fr/ledirect/992761/roms-onu-inquiete-politique-menee-france

Philippe Alain, Mediapart, 30 août 2012

L’antédémocrate

L’antédémocrate

«I am an antichrist, I am an anarchist.» — Johnny Rotten

«Je suis antédémocrate, je suis anarchiste.» — Anne Archet

Le Directeur des élections du Québec nous apprend dans une ses pubs semi-hipster que le taux de participation aux élections ne cesse de diminuer. Il tente aussi de nous terroriser en nous disant que «notre démocratie est en danger».

À cela, j’ai envie de répondre:

1. Ce n’est pas «notre» démocratie, mais la vôtre; moi, je n’ai rien à faire là dedans, sinon à mon corps défendant.

2. Qu’elle soit en danger ne fait pas frissonner mes ovaires une seule seconde. Qu’elle crève, cette charogne.

3. Cessez de me charrier, elle n’est même pas vraiment en danger, alors cessez de bouffer du temps d’antenne et repassez-moi la pub rigolote avec le gars qui veut mettre ses moules à muffins sales directement dans le lave-vaisselle.

Ceci étant dit, il est bon de se rappeler (encore et encore et encore) que la démocratie, contrairement à ce que le DGE raconte, ce n’est pas permettre aux gens d’exercer le pouvoir : ce n’est rien d’autre que choisir ses maîtres – et encore, bien indirectement, parce que dans notre système uninominal à un tour, le zigoto pour qui vous votez, celui qui est élu dans votre comté et celui qui exercera le pouvoir à la fin de l’exercice sont la plupart du temps trois individus différents. Mais même si notre système devient parfaitement proportionnel (ce qui n’arrivera pas) la démocratie se résumera toujours à choisir ceux qui vont exercer le pouvoir de l’État en votre nom et pour l’essentiel contre vous. Je peux comprendre que la plupart de mes contemporains aiment avoir des maîtres. Je peux comprendre qu’ils se sentiraient désemparés sans patron, sans dirigeant, sans agent de police, sans curé, sans publicitaire, sans épigone du très saint René Lévesque pour leur dire quoi faire, quoi penser, quoi consommer et à quelle heure se laisser mourir. Ce que je comprends moins, c’est l’attitude de mes supposés camarades anarchistes (vous savez, les grands méchants loups dont votre mère, Jean Charest et Mathieu Bock Côté vous parlaient pour vous effrayer et ainsi que vous restiez tranquilles et finissiez votre soupe) qui ne cessent de se dire en faveur de la démocratie – pas celle qui existe en ce moment, non, mais la vraie de vraie, la directe, celles qu’ils et elles assimilent à l’anarchie. Quelle triste rigolade.

Je suis désolée d’avoir à leur apprendre, mais l’anarchie est radicalement antidémocratique. L’anarchie est la situation crée par la mise en marche et la confrontation active du désir, alors que la démocratie – quelque soit sa forme – est en est l’étouffement et la canalisation répressive dans le but de faciliter les activités du capitalisme et de la société industrialisée. Un aspect fondamental de la démocratie est d’empêcher les minorités de s’exprimer et d’agir à leur gré (c’est-à-dire, sans entraves, spontanément, sauvagement et immédiatement) en les confinant dans la position médiocre et inoffensive de «loyale opposition de sa majesté». Pour cette raison, la démocratie est un obstacle à l’émancipation du désir; elle agit comme une puissante idéologie de récupération et de contrôle, en plus d’être un excellent moyen de justifier et même de glorifier la répression des individus.

La démocratie carbure aux abstractions. La plus utilisée dernièrement est la fameuse «majorité silencieuse». À cela, il faut ajouter en vrac le «peuple», les «contribuables», les «citoyens honnêtes et respectueux des lois» et les «gens ordinaires qui se lèvent le matin et travaillent fort». Les indépendantistes aiment bien ajouter la «nation québécoise» à leurs envolées lyriques, les marxistes ne sortent jamais sans leur «prolétariat». Même les anars s’y mettent en lançant le «99%» à chaque détour de phrase. Toutes ces abstractions sont des agents de la répression, car ils établissent des critères d’inclusion et d’exclusion. Ceux qui ne sont pas inclus dans la catégorie, les exclus, les révoltés, les barbares, sont assimilés à des criminels, des asociaux indécents. C’est au nom de ces abstractions qu’est exercée «le gouvernement du peuple», qui n’est fondamentalement qu’une tyrannie violente et brutale de ceux qui se définissent comme l’incarnation du peuple authentique sur ceux qui en sont exclus.

Si la démocratie permet à la majorité de réprimer la minorité, qui fait partie de la majorité? La réponse est simple : personne.

La démocratie est un exercice visant à créer des minorités qui sont réduites au silence au nom de la volonté de la majorité. Or, ce n’est pas pour rien que la majorité est silencieuse, car est est constituée non pas d’individus, mais de normes. Majorité et normalité sont des phénomènes intimement liés. Selon Deleuze et Guattari, la majorité désigne un certain agencement de pouvoir qui sélectionne un étalon et dégage des constantes à partir de devenirs préexistants. Dans les faits, cet étalon est vide et que « la majorité, c’est toujours personne », puisqu’il s’agit d’un modèle abstrait, comme par exemple le fameux « homme-mâle-adulte-blanc-citadin-francophone-catholique-hétérosexuel-issu de la classe moyenne-qui aime les sapins de Noël ». Personne ne correspond jamais strictement à ce modèle; chacun dévie sur un point ou sur un autre — « un grain de beauté, une excroissance peuvent suffire » pour en diverger, comme le disaient non sans humour nos deux compères. C’est pourquoi Deleuze opposait « le fait majoritaire de personne» au « devenir-minoritaire de tout le monde ». Gouverner en s’appuyant sur la majorité ne correspond à rien d’autre que d’exercer le pouvoir à l’encontre de tous au nom d’une catégorie qui ne peut être que vide.

La démocratie est aussi (et surtout, puisque c’est ce qui fait son originalité par rapport aux autres modes de gestion de l’État) un mécanisme qui permet l’intériorisation par l’individu de la norme – l’intériorisation du contrôle et de la répression sans lesquels le capitalisme et l’industrialisme ne sauraient exister. Le peuple aime ses chaînes, s’identifie au système qui l’opprime et adhère à sa domination; ce n’est en soi guère surprenant puisque le «peuple» ne peut être défini indépendamment de cette société, mais est plutôt construit par elle. En intériorisant les normes de comportement promues par le système (celles de la majorité, qui je le répète est constituée non pas d’individus, mais de normes), l’individu accpete la répression de son propre désir (une opération nécessaire si on veut se plier à la volonté majoritaire et démocratique) en la transformant en une hostilité envers l’expression des désir des autres. Quand la psychologie du plus grand nombre porte ce caractère, la démocratie n’est rien d’autre que la dictature des aigres, des bigots, des rancuniers, des peureux et des mesquins – bref, des faibles dans le sens nietzschéen du terme, des êtres du ressentiment. Le jour, s’il arrive, où ça ne sera plus le cas, la démocratie devient instable, minée par les désirs qu’elle n’arrive plus à contenir, elle implosera littéralement et perdra son utilité pour le capitalisme

Sans un rejet des abstractions, des identités et des catégories sociales qui sont au cœur du concept de majorité démocratique et qui agissent comme des flics dans notre tête, il ne peut y avoir de destruction de l’État. Il ne peut y avoir au mieux que sa transformation, sa fragmentation et éventuellement sa renaissance dans une nouvelle – et possiblement plus puissante – forme. Et ça, c’est par définition le contraire absolu de l’anarchie.

Il faut refuser le chantage puéril de ceux qui déclarent que la seule alternative à la démocratie est le despotisme. Il s’agit d’un sophisme qui est inlassablement répété par les socialistes de tout poil, les libéraux, les conservateurs – bref, l’ensemble de tous les politiciens et de tous les militants. Il ne s’agit que d’une autre de ces propositions binaires, qu’un des multiples «faux choix» de la société du spectacle qui servent à maintenir le système en place. Jamais l’anarchie fera partie des choix offerts, jamais aurez-vous la possibilité de cocher une case pour la faire advenir, car l’anarchie est un refus de se faire gouverner tant par la majorité que par la minorité; c’est un refus de se faire gouverner, point barre. Il faut aussi refuser cette blague éculée que la démocratie permet, à défaut de nous permettre de nous réapproprier pleinement notre vie, de réaliser des progrès en ce sens. Ce n’est pas en étant de mieux en mieux domestiqués et en intériorisant de mieux en mieux notre oppression qu’on finira un jour, miraculeusement, par vivre en accord avec nos désirs.

Au lieu d’aller voter, au lieu de vous soumettre à la volonté démocratique qui par définition ne sera jamais la vôtre, au lieu d’attendre un éventuel messie qui se chargera de régler tous vos problèmes, pourquoi ne pas commencer à affirmer vos propres désirs? Se réapproprier sa vie, se laisser traverser par le désir et affirmer la souveraineté de sa volonté n’implique pas nécessairement la réduction des autres en esclavage. Il est possible de concevoir des espaces et des moments où se nouent et se dénouent des relations intersubjectives dénuées de répression. Il est possible de concevoir et surtout de vivre immédiatement, activement, dans le réel, des arrangements collectifs, des assemblages dans lesquels le désir s’articule pour fuir sans discontinuer d’un individu à l’autre et devient ainsi magnifié, productif, transfiguré. La démocratie ne permet, ni n’encourage la création d’espaces où ce genre de relations non-oppressives peuvent advenir et se multiplier. Elle ne s’intéresse qu’à créer des minorités exclues qu’elle soumettra à la volonté fictive d’une majorité constituée de personne. Mais vous, vous avez déjà fait l’expérience de cet état collectif à quelques reprises dans votre vie, envers et malgré le gouvernement, la police, le marché, la morale et le civisme, alors ne venez pas me dire que c’est impossible; ce fut bref, fugace, mais vous l’avez bel et bien vécu, ne serait-ce qu’une seule fois dans votre vie. Imaginez le bonheur, l’extase, même, de vivre perpétuellement dans cet état. Imaginez ce que ce serait de pouvoir vous réapproprier votre vie.

Si vous êtes capable de le faire, c’est que vous commencez déjà à devenir anarchiste, parce que ce que vous désirez, c’est l’anarchie.

Anne Archet sur son Blog flegmatique, le 24 août 2012

NdPN : sur le lien, un certain nombre de commentaires critiques intéressants pour le débat !

[Notre histoire] La véritable histoire de la libération de Paris

NdPN : Hier nous relations un communiqué FA sur l’arrestation d’anarchistes dans la manifestation célébrant la commémoration de la libération de Paris. Les compagnons voulaient rappeler l’implication des anarchistes espagnols, occultée par les manuels d’histoire officiels. Leur arrestation, suivie d’une libération rapide au bout de trois heures, démontre la volonté claire des autorités (préfecture, présidence…), avec la lâche passivité de certains « socialistes » et « communistes » qui défilaient, d’enterrer la mémoire de ces combattants anarchistes. Ce témoignage nous rapporte ainsi l’attitude de certains manifestants « communistes » durant la manif.

Voici aujourd’hui un article de Paco qui s’inspire du travail d’Evelyn Mesquida sur la Nueve, pour remettre les points sur les i, sur l’implication des Espagnols (notamment anarchistes) dans la libération de Paris.

Non, les anarchistes espagnols ne seront pas enterrés deux fois !

La véritable histoire de la libération de Paris

Longtemps, les manuels d’histoire ont prétendu que la libération de Paris a commencé le 25 août 1944. Après avoir lu le livre de la journaliste Evelyn Mesquida paru au Cherche-Midi, ils vont devoir corriger leur « erreur ». C’est en effet le 24 août 1944 que la 9e compagnie de la 2e division blindée du général Leclerc est entrée dans Paris par la porte d’Italie. Le capitaine Raymond Dronne était à la tête de la Nueve, un régiment composé de républicains espagnols, dont pas mal d’anarchistes, qui espéraient finir leur lutte antifasciste à Madrid. Un espoir déçu, pour ne pas dire trahi.

Impossible de parler de la Nueve sans remonter à la guerre d’Espagne, guerre civile et révolutionnaire où tout un peuple osa rêver d’un autre futur. A partir du 17 juillet 1936, date du soulèvement franquiste au Maroc, les Espagnols durent lutter pendant trente-trois mois contre le fascisme international (Hitler, Mussolini et Salazar prêtaient main-forte au général Franco) et contre quelques faux amis avant d’affronter l’insoutenable « Retirada », une retraite infernale qui les conduisait vers la mort (ce fut le cas notamment pour le poète Antonio Machado à Collioure) ou dans des camps de concentration français. Après la victoire des troupes franquistes, fin janvier 1939, une effroyable fourmilière se rua vers la France. Une marée humaine qui échoua, sous la pluie ou la neige, sur des plages aujourd’hui recherchées par les estivants. Peu de vacanciers savent que les sites où ils lézardent furent d’ignobles lieux de souffrances et même les cimetières de milliers d’Espagnols victimes du froid, de la faim, de la gangrène, de la dysenterie, du désespoir. Désarmés, humiliés, parqués comme des bêtes, couverts de poux et de gale, maltraités par les tirailleurs sénégalais, les « rouges » échappaient aux balles fascistes pour connaître une nouvelle barbarie à la française dans une vingtaine de camps situés dans le Sud-Ouest (Argelès, Saint-Cyprien, Le Vernet, Gurs, Agde, Bram, Septfonds…). Dans son livre La Lie de la terre, Arthur Koestler écrit que le camp du Vernet où il a été emprisonné se situe « au plus haut degré de l’infamie ». Parmi les vaincus, on comptait des nuées d’« extrémistes dangereux », c’est-à-dire des militants très politisés, des combattants aguerris et des dynamiteurs redoutables. Le camp du Vernet regroupait à lui seul 10 200 internés dont la quasi-totalité des anarchistes de la 26e division qui a succédé à la célèbre colonne Durruti. Que faire de ce gibier de potence ? Les autorités françaises en envoyèrent bon nombre, plus de 30 000, dans une cinquantaine de camps de travail disciplinaires situés en Afrique du Nord (Relizane, Bou-Arfa, Camp Morand, Setat, Oued-Akrouch, Kenadsa, Tandara, Meridja, Djelfa…). Véritables esclaves, victimes de tortures et d’assassinats, les Espagnols construisirent des pistes d’aviation, participèrent à la construction de la voie ferrée transsaharienne qui devait relier l’Algérie au Niger. Les anarchistes espagnols avaient été convertis en « pionniers de cette grande œuvre humaine » comme l’annonça le journal Aujourd’hui. L’engagement dans la Légion fut une curieuse alternative offerte aux combattants espagnols. Entre la Légion et la menace d’un retour en Espagne (où une mort certaine les attendait), le choix n’était pas simple, mais néanmoins rapide. Ceux qui furent incorporés dans le 11e régiment se retrouvèrent ainsi sur la ligne Maginot… D’autres iront dans le 11e bataillon de marche d’outre-mer qui participa à la formation de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère qui combattit contre les Allemands dans les neiges norvégiennes avant de batailler en Libye, en Syrie, en Egypte, en Tunisie… Engagés parfois juste pour survivre ou recevoir des soins vitaux, ballottés entre les revers militaires de la France et les rivalités au sein des forces alliées, les Espagnols étaient comme des bouchons dans une mer déchaînée. Si de nombreux Espagnols évadés des camps avaient rejoignirent la Résistance en France, c’est en Afrique que d’autres allaient contribuer à écrire un chapitre de l’histoire de la 2e DB. Début 1943, après le débarquement allié en Afrique du Nord, des Espagnols libérés des camps de concentration du Sahara (majoritairement des anarcho-syndicalistes de la CNT) composèrent un bataillon de corps francs. Une autre compagnie commandée par Joseph Putz, officier français héros de 14-18 et de la guerre d’Espagne, intégra aussi d’anciens prisonniers espagnols. Ce genre d’unités de combat déplaisaient fortement à certains officiers français formatés par Vichy et fraîchement gaullistes. Après la reprise de Bizerte, où les Espagnols pénétrèrent les premiers, la presse d’Alger et les généraux américains saluaient cependant « l’habileté de ces guerriers primitifs »

Photo officielle de la Nueve, prise à Dalton Hall, en Angleterre, au printemps 1944 (photo DR)

La 2e DB vit le jour au Maroc, dans la région de Skira-Temara, au sud de Rabat, le 24 août 1943. Un an après, jour pour jour, l’une de ses compagnies, la Nueve, allait libérer Paris. Si Leclerc était el patron pour les Espagnols, Raymond Dronne en était el capitàn. La Nueve fut l’une des unités blindées du 3e bataillon du régiment de marche du Tchad appelé aussi le « bataillon espagnol ». Cent quarante-six hommes de la Nueve, sur cent soixante étaient espagnols ou d’origine hispanique. On y parlait le castillan. Les ordres étaient donnés en espagnol et même le clairon sonnait à la mode espagnole. Les anarchistes y étaient nombreux. Des hommes « difficiles et faciles » selon le capitaine Dronne. Difficiles parce qu’ils ne respectaient que les officiers respectables. Faciles parce leur engagement était total quand ils respectaient leurs officiers. Antimilitaristes, les anars étaient des guerriers expérimentés et courageux. Plus guérilleros que soldats, ils menaient une guerre très personnelle. « On avait tous l’expérience de notre guerre et on savait ce qu’il fallait faire, se souvient German Arrue, ancien des Jeunesses libertaires. On se commandait nous-mêmes. On était une compagnie de choc et on avait tous l’expérience d’une guerre dure. Les Allemands le savaient… » Autre originalité, les Espagnols ont baptisé leurs half-tracks avec les noms de batailles de la guerre d’Espagne : Guadalajara, Brunete, Teruel, Ebro, Santander, Guernica. Pour éviter les querelles, les noms de personnalités avaient été interdits. Par dépit et dérision, des anarchistes qui souhaitaient honorer Buenaventura Durruti, grande figure de la CNT et de la FAI, avaient alors baptisé leur blindé « Les Pingouins ». D’autres encore s’appelaient « Don Quichotte » ou « España cañi » (Espagne gitane). Raymond Dronne ne fut pas en reste quand il fit peindre sur sa jeep un joli « Mort aux cons ». « A la playa ! A la playa ! » Avec un humour noir datant des camps de concentration de 1939, les Espagnols plaisantaient en mer avant de débarquer dans la nuit du 31 juillet au 1er août près de Sainte-Mère-Eglise. La division Leclerc était la première troupe française a mettre les pieds en France depuis quatre ans. Zigzaguant entre les positions nazies, la 2e DB avala les kilomètres d’Avranches au Mans. Avançant cachée dans des chemins discrets et des sentiers touffus, la Nueve roulait vers Alençon en combattant et capturant de nombreux Allemands (qu’ils donnaient aux Américains contre de l’essence, des bottes, des mitrailleuses ou des motos, selon le nombre et le grade des ennemis). La bataille de Normandie passa par Ecouché. Les Espagnols fonçaient « comme des diables » sur les soldats des 2e et 9e Panzerdivisions. Plus drôle, le capitaine Dronne mentionne une anecdote amusante dans ses Mémoires. Les anarchistes et autres anticléricaux se cotisèrent pour que le prêtre du coin puisse se racheter une statue du Sacré-Cœur. La sienne n’avait pas survécu aux combats. La statue achetée avec l’argent des bouffeurs de curés est restée en place jusqu’en 1985. Contrariant les plans américains, Leclerc décida, le 21 août, de lancer ses troupes sur Paris. De Gaulle approuva immédiatement. Le 23 à l’aube, la division se mettait en route avec le régiment du Tchad en tête et la Nueve en première ligne. Le 24 au matin, sous la pluie, les défenses extérieures de Paris étaient atteintes. Les combats contre les canons allemands furent apocalyptiques. Parallèlement, Dronne mettait le cap sur le cœur de la capitale par la porte d’Italie. La Nueve arrivera place de l’Hôtel-de-Ville vers 20 heures. Le lieutenant Amado Granell, ex-capitaine de la Colonne de Fer, fut le premier officier « français » reçu par le Conseil national de la résistance. Georges Bidault, président du Conseil, posa avec lui pour la seule photo que l’on connaisse de ce moment historique. Le journal Libération la publia le 25 août. « C’est les Français ! » criaient les Parisiens. Quand la rumeur annonça qu’il s’agissait en fait d’Espagnols, de nombreux compatriotes accoururent. Plus de 4 000 Espagnols engagés dans la résistance intérieure participèrent à l’insurrection parisienne. La nuit fut gaie. Dronne s’endormit bercé par les hymnes républicains. « Quelle joie pour ces Espagnols combattants de la liberté ! »,écrivit-il plus tard. Plus de 20 000 Allemands bien armés occupaient encore Paris. Leclerc et son état-major entrèrent par la porte d’Orléans où l’accueillit une délégation des Forces françaises de l’intérieur. Le général de Gaulle l’attendait gare Montparnasse. Le nettoyage n’était pas terminé. Une colonne de la Nueve fut chargée de déloger les Allemands d’un central téléphonique. Appuyée par la Résistance, la 2e DB partit combattre autour de l’Opéra, de l’hôtel Meurice, des jardins du Luxembourg, de l’Ecole militaire… Le 25 août au matin, un résistant espagnol, Julio Hernandez, déployait le drapeau républicain, rouge, jaune et violet, sur le consulat d’Espagne. Il fut moins facile d’abattre les forces d’élite allemandes qui défendaient l’hôtel Meurice. Ce sont encore des Espagnols, Antonio Gutiérrez, Antonio Navarro et Francisco Sanchez, qui partirent à l’assaut des lieux avec grenades et mitraillettes. Il désarmèrent le général Dietrich von Choltitz, gouverneur militaire de Paris, et son état-major.

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Le 26 août, la Nueve fut salué par de Gaulle et reçut les honneurs militaires. Au risque de déplaire à de nombreux soldats français, de Gaulle chargea la Nueve de le couvrir jusqu’à Notre-Dame. Précaution utile pour éliminer les miliciens qui tiraient lâchement sur la foule en liesse. De Gaulle et Leclerc furent également protégés par la Nueve dans la cathédrale même. Des tireurs isolés y sévissaient. Amado Granell ouvrait la marche dans une grosse cylindrée prise à un général allemand. Curieuse escorte que ces half-tracks nommés Guernica, Teruel, Résistance et Guadalajara qui arboraient côte à côte drapeaux français et drapeaux républicains espagnols… Un autre drapeau républicain, de plus de vingt mètres de long celui-là, fut déployé à leur passage par des Espagnols, hommes, femmes et enfants, survoltés. Après un temps de repos dans le bois de Boulogne où les combattants reçurent la visite de Federica Montseny (militante CNT et ancienne ministre de la Santé du gouvernement républicain), de camarades anarcho-syndicalistes, mais aussi d’admiratrices… le moment de repartir vint le 8 septembre. De nouveaux volontaires, dont des Espagnols de la Résistance, s’étaient engagés dans les troupes de Leclerc pour continuer le combat, mais une page se tournait. Les Espagnols reçurent l’ordre d’enlever leurs drapeaux des half-tracks désormais légendaires. Avant d’arriver au QG de Hitler, à Berchtesgaden, la Nueve traversa des batailles épiques dans des conditions souvent extrêmes à Andelot, Dompaire, Châtel, Xaffévillers, Vacqueville, Strasbourg, Châteauroux… Les Allemands subirent de gros revers, mais les pertes humaines étaient aussi importantes chez les Espagnols. « On a toujours été de la chair à canon, un bataillon de choc, soutient Rafael Gomez. On était toujours en première ligne de feu, tâchant de ne pas reculer, de nous cramponner au maximum. C’était une question d’honneur. » Question de revanche aussi contre les nazis qui ont martyrisé le peuple espagnol et déporté des milliers de républicains à Buchenwald et à Mauthausen. Vainqueurs d’une course contre les Américains, les Français, dont des combattants de la Nueve, investirent les premiers le « nid d’aigle » de Hitler le 5 mai. Après avoir mis hors d’état de nuire les derniers très jeunes nazis qui défendaient la place jusqu’à la mort, officiers et soldats burent du champagne dans des coupes gravées « A H ». Les soldats glanèrent quelques souvenirs (jeu d’échecs, livres anciens, cristallerie, argenterie…) qui améliorèrent ensuite un ordinaire parfois difficile. Les médailles pleuvaient pour les Espagnols rescapés, mais la victoire était amère. Les projets de ces révolutionnaires internationalistes ne se limitaient pas à la libération de la France. « La guerre s’est arrêtée malheureusement, regrettait encore, en 1998, Manuel Lozano, ancien des Jeunesses libertaires. Nous, on attendait de l’aide pour continuer le combat et libérer l’Espagne. »

Le half-track “Guadalajara”, premier véhicule a être entré sur la place de l’Hôtel-de-Ville de Paris, le 24 août 1944 (photo DR)

Le livre d’Evelyn Mesquida, enfin traduit en français par le chanteur libertaire Serge Utge-Royo, est étayé par de nombreuses références historiques, mais aussi par les témoignages des derniers héros de la Nueve recueillis entre 1998 et 2006. Ce qui donne un relief et un souffle extraordinaires. Evadés des camps de concentration, déserteurs de la Légion, anciens des corps francs… chacun avait un parcours singulier. Antifascistes viscéraux, tous étaient pressés d’aller régler son compte à Franco. « Il y a eu des Espagnols si désespérés de voir que l’aide ne venait pas qu’ils en ont perdu la tête et sont partis vers la frontière, sans vouloir en écouter davantage… Ils sont tous morts », explique Fermin Pujol, ancien de la colonne Durruti et de la 26e division. Amado Granell, le premier soldat français reçu à Paris, retourna clandestinement en Espagne en 1952. Il mourut à 71 ans dans un accident de la route près de Valence. Dans son journal, le capitaine Dronne écrit qu’on aurait trouvé des traces de balles sur la voiture… Les manuels scolaires ont gommé la présence des Espagnols dans la Résistance ou dans les forces alliées et de nombreuses personnes s’étonnent d’apprendre que des républicains espagnols, dont nombre d’anarchistes, ont joué un rôle important dans la lutte contre les nazis et la libération de Paris. Comment s’est opérée cette amnésie générale sur fond de patriotisme véreux ? Dans la préface de l’ouvrage, Jorge Semprun, ancien résistant communiste déporté et ancien ministre de la Culture espagnol, l’explique. « Dans les discours de la Libération, entre 1944 et 1945, des centaines de références furent publiées sur l’importance de la participation espagnole. Mais peu après, à la suite de la défaite allemande et la libération de la France, apparut tout de suite la volonté de franciser – ou nationaliser – le combat de ces hommes, de ceux qui luttèrent au sein des armées alliées comme au sein de la Résistance. Ce fut une opération politique consciente et volontaire de la part des autorités gaullistes et, dans le même temps, des dirigeants du Parti communiste français. Quand arriva le moment de réécrire l’histoire française de la guerre, l’alliance communistes-gaullistes fonctionna de façon impeccable. » Aussi incroyable que cela puisse paraître, Luis Royo est le seul membre de la Nueve a avoir reçu un hommage officiel de la mairie de Paris et du gouvernement espagnol en 2004 à l’occasion de la pause d’une plaque sur le quai Henri-IV près de l’Hôtel-de-Ville. En 2011, surveillés de près par la police, une poignée d’ami-e-s de la République espagnole, dont Evelyn Mesquida, s’est regroupée dans l’indifférence quasi générale lors de la commémoration de la libération de Paris. « Avec l’histoire de la Nueve, on possède un thème de grand film »,affirme Jorge Semprun. Assurément. Le plus bel hommage que l’on pourrait rendre aux milliers d’Espagnols combattants de la liberté serait surtout de poursuivre leur lutte pour un autre futur.

Evelyn Mesquida, « La Nueve, 24 août 1944 Ces républicains espagnols qui ont libéré Paris ». Traduction de Serge Utge-Royo. 16 pages de photos. Collection Documents, éditions du Cherche-Midi, 384 pages. 18 €.

La vidéo placée dans cet article a été tournée lors de la présentation du livre « La Nueve » le 10 décembre 2008, à la Librairie espagnole de Paris.

Paco, blog de Floréal, 25 août 2012

[Paris] Arrestation d’anarchistes commémorant la libération de Paris

Commémoration de la libération de Paris : arrestation d’anarchistes

Le 24 août 1944 Paris était libéré. Les premiers à entrer dans Paris sont des Espagnols. Ils étaient dans la 9e compagnie, la Nueve, du 3e bataillon, commandée par le capitaine Raymond Dronne et appartenant à la deuxième division blindée (2e DB) du général Leclerc. Parmi eux, de nombreux anarchistes.

Au sein de la Nueve, ces hommes avaient combattu en Afrique du nord, en France, en Normandie. Après avoir participé à la libération de Paris, ils avaient poursuivi la lutte en Alsace. Puis, ils avaient livré bataille en Allemagne, jusqu’à l’armistice. Ainsi, après avoir combattu en Espagne contre le franquisme, ils continuaient leur lutte contre le totalitarisme.

C’est pour commémorer cette réalité, peu connue, que nous voulions participer à la cérémonie prévue samedi 25 août à l’Hôtel de Ville de Paris, arborant des drapeaux rouges-noirs et noirs, couleurs des anarchistes de la Nueve. Alors même que, François Hollande déposait une plaque en l’honneur même de la Nueve.

Mais c’était sans compter sur le président qui nous envoya la police pour nous repousser et nous arrêter. Quinze militants de la Fédération Anarchiste ainsi qu’un militant d’Alternative Libertaire et deux passantes sont restés quatre heures aux commissariats du huitième et du neuvième arrondissement pour avoir voulu honorer la mémoire des valeureux combattants de la Nueve. Heureusement que nous vivons une présidence de gauche !

Le refus de la présence des couleurs des anarchistes, lors de cette cérémonie, témoigne d’une occultation d’une réalité historique, voire d’une falsification. Il est grand temps de reconnaître que, nombre d’anarchistes, ont joué un rôle dans la lutte contre le nazisme et ont contribué à la libération de notre pays.

Secrétariat aux relations extérieures de la Fédération anarchiste.

NdPN – voir aussi cet article : http://www.citizenside.com/fr/photos/politique/2012-08-25/66300/liberation-de-paris-des-militants-libertaires-et-anarchistes-interpelles-par-la-police.html#f=0/542999