[Poitiers] La grosse farce des budgets participatifs

Tadam, le changement c’est maintenant !

La mairie de gauche a décidé de donner la parole aux habitant-e-s de quartiers réuni-e-s en comités ou conseils de quartiers, en leur alouant un « budget participatif ». Cibles prioritaires : les précaires, les étrangers et les jeunes, bref les exclu-e-s. Si on leur donne la parole, si on les responsabilise à devenir « citoyens actifs », ça leur fera peut-être aimer un peu ce système qui les humilie au quotidien ?

Ca y est, c’est l’autogestion communale ? Que nenni, point trop. Un replâtrage de la façade du vieux mythe républicain suffira en l’occurrence.

D’une part, le budget est raisonnablement limité à 750.000 euros. Soit 2,7% du volume global des dépenses d’investissements de la mairie (plus de 27 millions d’euros)… qui n’incluent d’ailleurs même pas les dépenses de fonctionnement (110 millions d’euros en 2010). Au final, on décidera de 0,5% du budget total de la mairie, au cours de ces formidables budgets participatifs. De quoi contenter le bon citoyen bonhomme, qui certes continuera à ne rien choisir au sein de l’édifice social, mais aura la douce consolation de choisir la couleur du pécu.

D’autre part, l’avis des « citoyens volontaires » n’est que consultatif, puisqu’il faut l’aval des élus et des employés municipaux, qui gardent la main sur « les propositions et les décisions ». Vous vouliez du pécu bleu outremer ? Tant pis, ce sera du pécu rose bonbon… à condition d’attendre un peu néanmoins : les projets déjà adoptés depuis deux ans traînent encore la papatte…

L’essentiel, c’est de « participer » !

Voilà une belle mesure, qui aura de quoi clouer le bec à ces indécrottables anarchistes, pour des mandats impératifs élaborés en assemblées fédérées et pour des mandaté-e-s révocables. La révolution sociale, quelle idée dépassée…

Pavillon Noir, 4 septembre 2012

Neuf quartiers d’accord pour un budget participatif

Poitiers. Les habitants peuvent exprimer leurs envies pour améliorer le cadre de vie de leur quartier. Des réunions d’informations débuteront le 11 septembre.

Neuf quartiers de la ville sur dix disposeront d’un budget pour réaliser les projets proposés par leurs habitants. Seules les Couronneries ont répondu par la négative. « Mais, rassure Daniel Duperron, conseiller municipal à la citoyenneté, ce n’est pas figé dans le marbre, on peut s’engager et se désengager pour le budget suivant.»

Donner la parole à ceux qui ne la prennent pas

750.000 € ont été répartis en fonction de la population du quartier, du kilométage de la voirie et de la surface des espaces verts. Ce qui donne pour le plus petit, Les Trois-Quartiers: un peu plus de 60.000 €, pour le plus dense Saint-Eloi, Le Breuil-Mingot: plus de 106.000 € Si les comités et /ou conseils de quartier se sont engagés à être partie prenante, ils n’auront pas la main mise sur les propositions et les décisions. « Par ce biais, nous souhaitons que les personnes qui ne s’expriment pas habituellement puissent le faire. Nous voulons amener à une citoyenneté active le plus grand nombre d’habitants du quartier», souligne Daniel Duperron. Il évoque les personnes en situation de précarité, étrangères et les jeunes. Les élus et les services des bâtiments, de la voirie, des espaces verts auront leur mot à dire. Les premiers vérifieront si les projets sont compatibles avec le politique de la ville. Les seconds, s’ils sont réalisables techniquement. «Toutes les réponses négatives devront être justifiées», insiste l’élu. Des réunions sont d’ores et déjà programmées. > Du 11 au 27 septembre, des réunions publiques seront organisées à l’intention des habitants. Les demandes préalablement déposées dans des urnes ou envoyées par mail ainsi que celles exprimées le soir même seront examinées. > Du 8 au 31 octobre, les groupes d’habitants se réuniront. Ils seront informés sur la faisabilité de leurs propositions. > Du 17 janvier au 8 février 2013, ils élaboreront les budgets des propositions sélectionnées. > En mars 2013, le conseil municipal votera le budget de la ville et les budgets participatifs. La réalisation des projets risquent ensuite prendre plus ou moins de temps. Beaulieu et Les Trois-Quartiers goûtent à cette initiative depuis 2010. Toutes leurs demandes ne sont pas encore réalisées. Mais ils persistent et signent pour un deuxième budget participatif.

Marie-Catherine Bernard, Nouvelle République, 4 septembre 2012

Les capitalistes semenciers contre Kokopelli

Les semences et les plantes, propriété exclusive de l’agro-industrie ?

Rien ne va plus pour les agriculteurs, les jardiniers et les artisans semenciers. Vendre ou échanger des semences de variétés anciennes, libres de droit de propriété et reproductibles est devenu quasi mission impossible. L’association Kokopelli en fait aujourd’hui les frais. Un récent arrêt de la Cour de justice européenne consacre le monopole de l’industrie semencière sur les plantes. La réforme en cours de la réglementation des semences n’augure rien de bon pour l’autonomie des paysans et la liberté de planter.

Elle a commis plus de 3 400 infractions. Et a été condamnée à payer une amende de 17 130 euros. Le nom de cette dangereuse contrevenante ? Kokopelli. Une association, dont le siège est à Alès (Gard), qui commercialise 1700 variétés de plantes potagères, céréalières, médicinales, condimentaires et ornementales. Toutes les semences de Kokopelli sont libres de droit de propriété et reproductibles. Ce qui donne la possibilité de conserver une partie des semences de sa récolte pour les ressemer l’année suivante. L’association contribue à faire vivre la biodiversité agricole. Elle est pourtant considérée aujourd’hui comme hors-la-loi par les juridictions française et européenne. Son délit ? Vendre des semences de variétés non inscrites au catalogue officiel. Et ne pas avoir indiqué clairement leur destination exclusivement non commerciale (usage amateur, conservation ou recherche).

Depuis 1949, pour pouvoir être commercialisées, toutes les espèces ou variétés végétales doivent obligatoirement être inscrites au « catalogue officiel des espèces ou variétés ». Pour y figurer, elles doivent remplir plusieurs critères, évalués par un comité composé de représentants du ministère de l’Agriculture, de l’Institut national de recherche agronomique (Inra) et de représentants des semenciers. Pour les espèces potagères, les conditions d’inscription sont au nombre de trois : la « distinction », l’« homogénéité », et la « stabilité ». La variété proposée au catalogue doit être distincte des variétés existantes, donc nouvelle. Elle doit être « homogène », c’est-à-dire que les plantes d’une même variété doivent toutes être identiques. Enfin, la variété doit être stable génétiquement, ne pas évoluer au gré de ses reproductions ou multiplications.

Des semences standardisées pour l’industrie

Pourquoi les variétés commercialisées par Kokopelli ne sont-elles pas inscrites au catalogue officiel ? Selon l’avocate de l’association Blanche Magarinos-Rey, « ce catalogue pose des conditions incompatibles avec les caractéristiques mêmes des variétés vendues par l’association ». C’est l’homogénéité qui pose le plus de problèmes à l’association. « La base génétique de ces variétés est très large, car elles sont le fruit de nombreux croisements entre individus, explique-t-elle. Cela leur confère une capacité d’adaptation et d’évolution au fil du temps et selon les terroirs. Cela signifie également que ces variétés ne sont pas définitivement « fixées ». » Leur stabilité, au sens de la réglementation, n’est donc pas assurée. Les plants et les fruits issus des reproductions et multiplications ne sont pas tous exactement les mêmes. Les tarifs d’inscription au catalogue sont également prohibitifs. « 500 euros en moyenne pour chaque variété, précise l’avocate de Kokopelli, sans compter les droits annuels à payer pour les différents types d’examens obligatoires. »

Alors que la diversité biologique est fondamentale pour affronter la crise alimentaire, le catalogue officiel se révèle être un facteur de réduction de la biodiversité. Entre 1954 et 2002, 80 % des variétés potagères auraient été radiées du catalogue selon le Réseau semences paysannes. Des 876 variétés inscrites en 1954, il n’en restait plus que 182 au catalogue officiel français en 2002. La raison de ces radiations ? Le poids de l’industrie semencière, qui, depuis cinquante ans, cherche « à standardiser les semences pour les adapter partout aux mêmes engrais et pesticides chimiques, estime le Réseau semences paysannes. « Il n’y a que dans les lois dictées par les lobbies industriels qu’on peut prétendre les rendre homogènes et stables ; dans la vraie vie, cela revient à les interdire. »

Rude bataille judiciaire

En 2005, Kokopelli est assignée devant les tribunaux par la société Graines Baumaux, près de Nancy, pour « concurrence déloyale ». L’entreprise prétend que l’activité de Kokopelli, dont les semences ne sont pas inscrites au catalogue officiel à la différence des siennes, lui causerait un préjudice. Le procès, favorable en première instance à Baumaux (janvier 2008), est actuellement en appel au tribunal de Nancy. En février 2011, Kokopelli obtient de la cour d’appel une saisine de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE).

La Cour de justice européenne doit répondre à une question : les directives européennes sur le commerce des semences potagères sont-elles bien compatibles avec les principes fondamentaux qui régissent le droit européen comme la préservation de la biodiversité, le libre-échange ou la liberté d’entreprise ? Le 19 janvier dernier, l’avocate générale, Juliane Kokott, rend publiques ses conclusions. Elle donne raison à Kokopelli (lire notre article). La disposition qui interdit de commercialiser des semences d’une variété dont il n’est pas établi qu’elle est distincte, stable et suffisamment homogène, est jugée invalide. « Pour bon nombre de « variétés anciennes », ces preuves ne peuvent pas être apportées », constate l’avocate générale. Elle demande donc aux juges européens de se positionner pour déterminer si cette restriction aux échanges de semences sont vraiment justifiés.

La biodiversité sacrifiée sur l’autel de la productivité

Malheureusement pour Kokopelli, le 12 juillet 2012, les juges européens décident de ne pas suivre les conclusions de l’avocate générale. Pour la Cour de justice, l’établissement de règles unifiées est la garantie « d’assurer une productivité accrue (…) conformément aux objectifs de la politique agricole commune ». [1]

Extrait de l’arrêt page 14

Par cet arrêt, la cour consacre « le paradigme productiviste », dénonce Kokopelli, au détriment de la commercialisation des semences de variétés anciennes. « Ces semences [standardisées] sont incapables de s’adapter à l’amplification des changements climatiques, pointe le Réseau semences paysannes dans un communiqué. Elles imposent toujours plus d’engrais et de pesticides chimiques qui nous empoisonnent, détruisent l’environnement et la biodiversité sauvage et font apparaître des pathogènes toujours plus virulents. »

Une cour de justice sous influence des lobbies semenciers ?

Dans les 20 pages de son arrêt, la cour qualifie à deux reprises les semences anciennes de « potentiellement nuisibles ». Rien n’est dit en revanche sur les semences enrobées de pesticides Cruiser ou Gaucho, inscrites au catalogue. Faut-il y voir le résultat des pressions de certains lobbies semenciers ? Ceux-ci ont pris soin, durant la procédure, de faire connaître à la cour leur désaccord avec l’avis de l’avocate générale.

C’est le cas notamment d’European Seed Association (ESA), très active dans les couloirs de Bruxelles pour affaiblir la directive européenne sur l’étiquetage des semences OGM. Elle a fait parvenir un courrier aux juges en février 2012 pour exprimer « ses préoccupations socio-économiques » [2]. L’ESA s’est également empressée de publier un communiqué suite à l’arrêt pour marquer sa totale convergence de vues avec la Cour européenne de justice…

Un autre catalogue pour les variétés anciennes ?

Autre possibilité, expliquent les juges européens dans l’arrêt : Kokopelli pourrait inscrire ses semences anciennes dans un catalogue annexe, pour les variétés dites « de conservation ». Une proposition qui n’est pas jugée satisfaisante : ce registre reste limité aux variétés anciennes produites à de très faibles volumes et obéissant là encore aux critères d’homogénéité et de stabilité. « Il faut également faire la démonstration que la variété est menacée d’érosion génétique, ce qui n’est pas une mince affaire », ajoute l’avocate de Kokopelli. « En deux ans et demi d’existence de ce nouveau catalogue, moins de dix variétés françaises y ont été enregistrées : n’est-ce pas la preuve de son échec ? », interroge le Réseau semences paysannes.

Le dossier revient maintenant devant la cour d’appel de Nancy. L’appréciation des juges européens n’augure rien de bon pour Kokopelli. La société Graines Baumaux demande à ce que l’association soit condamnée à lui payer 100 000 euros de dommages-intérêts, ainsi que la cessation de toutes ses activités. « L’étau se resserre, s’inquiète l’avocate de Kokopelli. Cette jurisprudence européenne qui vous dit que l’objectif d’une productivité accrue justifie tout y compris la dégradation de la biodiversité, est un mauvais signe pour les développements futurs de la législation. »

« Celui qui détient les graines contrôle les peuples »

Bruxelles travaille actuellement sur une réforme générale de la législation sur le commerce des semences. Un cycle de consultation des opérateurs concernés est ouvert, mais les associations de sauvegarde de la biodiversité n’ont pas été invitées à la table des négociations. « Dans la nouvelle proposition de la Commission, c’est l’Office européen des brevets qui sera chargé d’inscrire les variétés. Avant, cela relevait des organismes nationaux rattachés au ministère de l’Agriculture, pointe l’avocate de Kokopelli. En clair, la législation organise le monopole des variétés protégées par des droits de propriété. » La concentration des pouvoirs entre les mains de la commission européenne et de l’Office européen des brevets confirme la perte de compétence des États et la disparition de toute gestion locale des semences au profit des détenteurs de titres de propriété industrielle. « Celui qui détient les graines contrôle les peuples », dénonce Dominique Guillet, président de Kokopelli.

Aujourd’hui, dix firmes contrôlent les deux tiers du marché mondial de la semence [3]. Face à une industrie semencière toute-puissante, la résistance s’organise aux côtés de Kokopelli. Des associations comme les Croqueurs de carottes promettent de continuer de vendre des semences de variétés traditionnelles refusées ou non inscrites au catalogue. « D’abord parce qu’elles donnent entière satisfaction aux jardiniers, aux maraîchers et à leurs clients, précisent les Croqueurs. En outre, parce que les directives européennes autorisent encore cette commercialisation tant qu’elle ne vise « qu’une exploitation non commerciale » comme le jardinage pour l’autoconsommation. » Mais les projets de réforme en cours menacent de supprimer ce dernier espace de liberté. Au sein du collectif Semons la biodiversité, plusieurs associations mènent campagne pour une loi de reconnaissance des droits des paysans, des jardiniers et des artisans semenciers à utiliser, échanger, vendre et protéger leurs semences. L’autonomie des paysans et le maintien de la biodiversité sont en jeu.

Sophie Chapelle, Bastamag, 4 septembre 2012

Que deviennent les Roms expulsés ?

Que deviennent les Roms expulsés ?

L’évacuation de trois campements de Roms début août près de Lyon a lancé une polémique politique sur le sort de ces populations. Et a inauguré une longue série d’autres expulsions.

Que deviennent-ils ? Début août, trois campements de l’agglomération lyonnaise regroupant quelque 270 Roms sont évacués. L’un à Vaulx-en-Velin, lundi 6 août et deux à Villeurbanne, mardi 7 août. Quelques jours plus tard, face à un début de polémique, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls affiche sa fermeté et justifie ces évacuations dans une tribune publiée par Libération. Les évacuations n’ont cessé depuis, au rythme des décisions de justice.

Pour les Roms de ces premières évacuations de l’été, la situation demeure incertaine. Aucune solution de relogement, même temporaire, n’a pu être trouvée que ce soit dans des hôtels ou dans des centres d’hébergement d’urgence. «Nous avions beau appeler le 115, ils n’avaient plus de place et nous répondaient d’attendre le mois d’octobre et le début du plan froid pour pouvoir espérer placer des familles», raconte Gilberte Renard, militante du collectif Classes (Collectif lyonnais pour l’accès à la scolarisation des enfants des squats).

Installés sur d’autres terrains

Faute de mieux, une grande partie de ces populations s’est donc installée sur d’autres terrains. C’est le cas des Roms évacués le 6 août du camp de La Rize à Vaulx-en-Velin. Selon le collectif Roms, sur les quelque 114 personnes qui vivaient sur cet emplacement, une majorité est aujourd’hui dispersée sur des terrains jusque là inoccupés dans le huitième arrondissement de Lyon, à Villeurbanne et à Saint-Fons (sud de Lyon).

Sur ce dernier terrain, on trouve également les populations expulsées mardi 7 août de l’avenue Léon Blum à Villeurbanne. Sur les soixante personnes évacuées ce jour-là, une quarantaine aurait rejoint le terrain de Saint-Fons, selon les estimations de l’association. «Les terrains rejoints sont également le lieu d’une grande précarité», constate Aurélie Neveu, coordinatrice de Médecins du monde à Lyon. «Le fait de bouger sans cesse les fragilise. Beaucoup ont perdu leurs affaires lors du démantèlement du camp et, bien souvent, ils n’en sont pas à leur première évacuation», explique-t-elle. Maisons délabrées, terrains non occupés, les Roms se rendent alors où ils peuvent.

Les nouvelles installations sont pourtant rendues difficiles. «Après les évacuations, ils errent mais la police les suit et les évacue de nouveau dès qu’ils tentent de s’installer», a pu observer Gilberte Renard. Car lorsqu’un terrain n’est squatté que depuis moins de 48 heures, son occupation est illicite.

A la rue

Du coup, «les Roms se cachent de plus en plus», remarque Aurélie Neveu, ce qui ne facilite pas la tâche des associations. Certains se réfugient ainsi dans des endroits isolés, comme ces trois familles retrouvées cachées dans les buissons par le collectif de Gilberte Renard. Il est difficile de chiffrer le nombre de Roms vivant à la rue mais la militante a déjà croisé plusieurs familles dont les visages lui étaient familiers : «le jour ils font la manche, la nuit, ils dorment dans les jardins publics avec presque rien», relate-t-elle.

Parmi les trois camps de Roms évacués début août dans l’agglomération lyonnaise, la centaine d’occupants du terrain de la rue Roger Salengro, à Villeurbanne, n’a pas été retrouvée par les associations. «Le plus inquiétant, c’est que leur situation était des plus déplorables. Eux n’avaient même pas construit d’abri de fortune. Les enfants marchaient pieds nus», raconte Gilberte Renard.

Dans des charters

Le 9 août, le collectif Roms estime que 240 personnes ont quitté le territoire français pour la Roumanie dans un vol charter. Ces Roms roumains avaient été pris en charge dans quatre bus, trois à Lyon et un à Saint-Etienne. Un retour qualifié alors d’«expulsions déguisée» par les associations.

Difficile de savoir précisément si une partie des Roms des trois camps évacués les 6 et 7 août étaient dans cet avion. Toujours est-il qu’en six mois au moins dix personnes du site de Vaulx-en-Velin ont reçu une OQTF (Obligation de quitter le territoire français), selon Gilberte Renard du collectif de soutien aux Roms.

Une population qui revient ensuite rapidement sur le territoire français. Gilberte Renard le constate : «nous retrouvons sur l’agglomération des personnes parties quelques jours plus tôt pour la Roumanie ou la Bulgarie. Cela concerne surtout les femmes avec enfants».

Mercredi, des experts des Nations unies ont mis en garde le gouvernement français, rappelant que les évacuation collectives sont interdites dans le droit international et appelant à la mise en place d’alternatives en matière de relogement.

Marlène Quintard, Libération, 31 août 2012

NdPN : voir aussi sur Rue 89 les directives données dans ce petit manuel administratif pour une expulsion réussie

Sons des rencontres internationales de St-Imier : interviews, micro-trottoirs… (1ère partie)

Sons des rencontres internationales de St-Imier : interviews, micro-trottoirs… (1ère partie)

Autour de 3000 personnes se sont réunies à St-Imier (Jura bernois – Suisse) pour les Rencontres    internationales de l’anarchisme à l’occasion des 140 ans de l’Internationale dite « anti-autoritaire ».

Voici une série d’interviews de militantes et militants de tous pays et de micro-trottoirs qui ont été effectués par Radio libertaire sur place !

En cliquant sur les liens proposés, vous pouvez écouter en direct ces enregistrements (sans téléchargement). Et hop, un bon moyen de se balader sur    une grande partie de la planète en très bonne compagnie !

Quelques textes et citations bien sentis sont proposés auprès de chaque émission en guise de mise en bouche. Rien que leur lecture est stimulante    !

« Les anarchistes savent qu’il est difficile d’appliquer leurs principes libertaires dans une société qu’ils estiment autoritaire. Pour les uns,    l’issue est de se retirer le plus possible de la masse, individuellement ou entre égaux choisis de façon affinitaire. Pour les autres, la plongée dans le combat social est inévitable, et passe    par différentes formes de modulations ou de compromis, jugés différemment selon les circonstances, les individus et les organisations. La cohérence des idées semble tenir davantage à un respect    de l’éthique qu’à un choix de l’absolu. » Philippe Pelletier

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Présentation : http://is.gd/fcLATY (29 minutes)
L’internationale des fédérations anarchistes (IFA) : http://is.gd/xBfsEG (30 min)
140 ans d’anarchie : http://is.gd/fnmwYG (37 min)
Anarchie au Mexique : http://is.gd/e5Emhl (41 min)
Anarchie en Grèce : http://is.gd/61qxFO (33 min)
Anarchie en Roumanie : http://is.gd/ehCPJM (34 min)
Anarchie en Tunisie : http://is.gd/aMPfrB (24 min)
Esperanto ou tard : http://is.gd/PbLwfQ (82 min)
Anarchie au Japon : http://is.gd/Y64txd (46 min)
Anarchie en Argentine : http://is.gd/Flic6K (41 min)
Anarchie au Brésil (saison 1) : http://is.gd/EBO7Mf (39 min)
Anarchie au Brésil (saison 2) : http://is.gd/iVZ7w1 (33 min)
Anarchie en Croatie : http://is.gd/YIC7Go (39 min)
Anarchie au Chili : http://is.gd/AwLs7d (32 min)
Congrès de l’internationale des fédérations anarchistes : http://is.gd/ehCWOv (53 min)
En guise de synthèse : http://is.gd/pafJ3K (65 min)
Melting-pot et tutti frutti (avec des chansons !) : http://is.gd/nRjYVq (51 min)

« Il ne faut pas former une masse, inutile de reproduire les préjugés, les préoccupations, les erreurs et les coutumes qui caractérisent les    foules aveugles. La masse est fermement convaincue qu’il lui faut un chef ou un guide pour la mener à son destin. Vers la liberté ou vers la tyrannie, peu importe : elle veut être guidée, avec la    carotte ou avec le bâton.
Cette habitude si tenace est source de nombreux maux nuisibles à l’émancipation de l’être humain : elle place sa vie, son honneur,    son bien-être, son avenir, sa liberté entre les mains de celui qu’elle fait chef. C’est lui qui doit penser pour tous, c’est lui qui est chargé du    bien-être et de la liberté du peuple en général comme de chaque individu en particulier.
C’est ainsi que des milliers de cerveaux ne pensent pas puisque c’est le chef qui est chargé de le faire. Les masses deviennent donc passives,    ne prennent aucune initiative et se traînent dans une existence de troupeau. Ce troupeau, les politiques et tous ceux qui aspirent à des postes publics le flattent au moment des élections pour    ensuite mieux le tromper une fois qu’elles sont passées. Les ambitieux le trompent à coups de promesses au cours des périodes révolutionnaires pour récompenser ensuite ses sacrifices à coups de    pieds une fois la victoire obtenue.
Il ne faut pas former une masse. Il faut former un ensemble d’individus pensants, unis pour atteindre des fins communes à tous    mais où chacun, homme ou femme, pense avec sa propre tête et s’efforce de donner son opinion sur ce qu’il convient de faire pour réaliser nos aspirations communes, qui ne sont autres que la liberté et le bien-être de tous fondés sur la liberté et le bien-être de chacun. Pour parvenir à cela, il est nécessaire de détruire ce qui s’y oppose :    l’inégalité. Il faut faire en sorte que la terre, les outils, les machines, les provisions, les maisons et tout ce qui existe, qu’il s’agisse du produit de la nature ou de l’intelligence humaine,    passent du peu de mains qui les détiennent actuellement aux mains de tous, femmes ou hommes, pour produire en commun, chacun selon ses forces et ses aptitudes, et consommer selon ses    besoins.
Pour y parvenir, nul besoin de chefs. Bien au contraire, ils constituent un obstacle puisque le chef veut dominer, il veut qu’on lui obéisse, il    veut être au-dessus de tout le monde. Jamais aucun chef ne pourra voir d’un bon œil la volonté des pauvres d’instaurer un système social basé sur l’égalité économique, politique et sociale. Un    tel système ne garantit pas aux chefs la vie oisive et facile, pleine d’honneur et de gloire, qu’ils souhaitent mener aux dépends des sacrifices des humbles. »
Ricardo Flores Magon

Blog des groupes Lochu-Ferrer (FA 56), 31 août 2012

[Poitiers] FO partenaire de Vinci pour la LGV

Après les tirades du député-maire Claeys et de la CFDT, c’est à FO de s’afficher en bon collaborateur de Vinci, dans le dossier de la ligne à grande vitesse (LGV) : Jean-Claude Mailly, entouré des représentants FO de la région, est ainsi invité mardi prochain à Poitiers-Biard, au siège de Cosea (filiale de Vinci).

Ce projet de LGV, aussi inutile que ruineux et nuisible, porté par une multinationale subventionnée à coups de milliards, est largement contesté depuis le début. On la croit enterrée ? Les « représentants » divers la déterrent à coups de forceps !

Au-delà du financement ruineux pour les contribuables d’un projet même pas rentable, cette LGV saccage littéralement l’environnement et les lieux de vie. Pourquoi donc, malgré la mobilisation et l’évidence des arguments contre la LGV, bureaucrates politiques et syndicaux s’accordent-ils à soutenir cette horreur ?

Au nom de L’EMPLOI, évidemment. L’emploi seul te sauvera, toi pauvre prolo. Car, comme tout bon citoyen le sait, emploi = pouvoir d’achat et croissance du capital = progrès ! Fin du débat, au turbin et vive le progrès ! Les paysans peuvent pleurer, les contribuables raquer jusqu’aux calendes grecques, les ouvriers suer sang et eau, la faune et la flore peuvent crever, les déchets radioactifs nous irradier pour des centaines de millénaires : on n’arrête pas le progrès (dire plutôt : développement durable).

Si les politiques voulaient vraiment le bien-être des populations, ils démissionneraient de leur fonction étatique consistant à s’arranger avec les exploiteurs pour se partager la plus-value extorquée sur les masses de prolos mis au turbin. Si les pontes syndicaux voulaient vraiment le bien-être des travailleurs, ils démissionneraient de leur fonction consistant à saper toute velléité d’indépendance des prolos dans leur lutte pour une société sans Etat et sans classes. La réalité de « l’emploi », c’est l’esclavage salarié, subi par des populations qui n’ont pas le choix, qui doivent obéir et trimer pour avoir droit de survivre au milieu des monceaux de richesses qu’elles produisent, et que d’autres s’accaparent au nom de  formules magiques nommées titres de propriété. Ce mot fumeux, « emploi », qu’on nous assène à longueur de JT, n’est que le cache-misère d’un processus de domination sociale et de destruction totale, le capitalisme, qui ne peut subsister qu’en extorquant toujours plus de plus-value sur les esclaves, qu’en rendant leur environnement toujours plus invivable. Doit-on attendre que la planète soit entièrement recouverte de talus et de rails, naviguant entre des océans de déchets ?

Il n’y a jamais eu de représentants du peuple ou des travailleurs. Il n’y a que des représentants de la domination sociale par l’esclavage salarial, que des cogestionnaires de la destruction sociale et environnementale.

Le carburant de ce rouleau-compresseur, c’est notre soumission. Nos révoltes seules l’arrêteront.

Pavillon Noir, 2 septembre 2012

LGV TOURS-BORDEAUX FO sur le terrain avec Jean-Claude Mailly

Jean-Claude Mailly, secrétaire général de la confédération Force Ouvrière, sera accueilli le mardi 4 septembre par Alain Barreau, secrétaire général de FO Vienne, à Poitiers-Biard au siège, et à l’invitation de Coséa LGV. Jean-Claude Mailly était déjà dans la Vienne le 11 mai dernier afin de présider le 27e congrès de FO Vienne. Mardi, il sera entouré de la délégation FO régionale Poitou-Charentes ainsi que de Patrick Ardouin, délégué FO Eurovia PCL, représentant la Fédération FO des Travaux publics. Jean-Claude Mailly rencontrera les représentants Coséa LGV et visitera le chantier LGV, à la rencontre des salariés à Coulombiers.

Nouvelle République, 2 septembre 2012