Salariat : état des lieux d’une exploitation quotidienne

ndPN : cet article rend compte d’une étude pour le compte du ministère du travail. Il n’est pas une critique du salariat comme outil de domination et d’exploitation dans la dépossession sociale organisée par la bourgeoisie. Néanmoins, il témoigne de l’évolution de cette institution en termes d’impacts sanitaires désastreux sur des millions de gens. A ce compte-rendu de Basta Mag, faudrait-il ajouter la « baisse d’autonomie » en termes de « latitude décisionnelle » chez les salarié-e-s, notamment les plus qualifié-e-s, relevée par ce rapport.

Surmenés, surveillés, surchargés : le quotidien de 8 millions de salariés

Intensification du travail, surveillance accrue des salariés par leur hiérarchie, pénibilités physiques toujours très présentes… Tels sont les enseignements de la nouvelle étude sur l’exposition aux risques professionnels que vient de publier le ministère du Travail. Elle révèle un accroissement des situations de « tension au travail » dans un contexte où le Medef, au nom de la compétitivité, cherche à remettre en cause nombre de dispositions du droit du travail.

Les conditions de travail se dégradent-elles ? Quelles sont les contraintes et pénibilités qui pèsent sur les salariés ? Et les risques encourus ? L’enquête « Sumer » (Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels) nous livre une photographie, bien plus étayée qu’un vulgaire sondage, de la situation des 22 millions de salariés français. Cette étude lancée par la direction générale du travail (DGT) et la Dares [1] est réalisée tous les 9 ans par 2 400 médecins du travail auprès de 48 000 salariés du privé et du public.

Une fois n’est pas coutume, commençons par quelques aspects positifs. Il y a vingt ans, près d’un salarié sur trois travaillait plus de 40 heures par semaine. Ils ne sont plus que 18 % aujourd’hui, grâce notamment aux 35 heures. Cette diminution du temps de travail demeure cependant virtuelle pour un cadre sur deux, au bureau plus de 40 heures par semaine (48 % aujourd’hui contre 63 % il y a vingt ans). Dans les ateliers ou sur les chantiers, les contraintes physiques intenses baissent légèrement. Elles concernent les personnes obligées de travailler debout, de porter des charges lourdes, d’effectuer des gestes répétitifs (le travail à la chaîne, par exemple) ou soumis à des vibrations. En 1994, près de 46 % des salariés étaient ainsi régulièrement confrontés à au moins une de ces contraintes [2]. Cette proportion descend en dessous de 40 % en 2010. Soit près de 9 millions de personnes. Sans surprise, ce sont principalement les ouvriers, les employés de commerce et de service, le secteur de la construction et le monde agricole qui sont les plus exposés, avec comme possible conséquence des problèmes de dos, des douleurs aux articulations et des troubles musculaires. Seule l’exposition au bruit progresse : un salarié sur cinq travail dans un environnement sonore supérieur à 85 décibels, soit le bruit d’un camion roulant à 50 km/h.

Intensification du travail

Malgré un recours de plus en plus grand aux molécules chimiques dans l’industrie, l’exposition globale aux produits chimiques diminue depuis 2003. Un salarié sur trois est exposé à au moins un produit dangereux dans le cadre de son travail avec, en cas de contact, des risques immédiats – brûlure irritation, réactions allergiques – ou différés dans le cas des cancérogènes. Ce qui concerne quand même plus de 7 millions de salariés, là encore principalement des ouvriers qualifiés et non qualifiés. Une « décrue » liée au « renforcement de la réglementation » depuis 2001, conséquence, entre autres, des grandes mobilisations sur l’amiante.

Ces légères améliorations se font cependant dans un contexte d’intensification du travail. Contraintes de rythme, quantité de travail excessive, polyvalence, objectifs irréalistes ou flous, ou instructions contradictoires se multiplient au sein des entreprises. Le nombre de salariés soumis à au moins trois contraintes de rythme – lié à la cadence automatique d’une machine, à la dépendance immédiate vis-à-vis du travail de ses collègues, aux normes et délais de production à respecter en moins d’une journée, ou au contrôle permanent de la hiérarchie… –  passe de 28 % à 35,5 %. « L’intensité du travail est l’une des principales dimensions des facteurs psychosociaux de risque au travail », rappelle l’étude. Et ce risque concerne 7,7 millions de personnes, aussi bien les ouvriers, les employés et les cadres. Travailler plus en moins de temps, voilà un nouveau slogan…

Des salariés davantage surveillés

« La proportion de salariés contrôlés en permanence par leur hiérarchie s’est accrue entre 2003 et 2010, notamment pour les employés de commerce et de service », souligne encore l’étude. Cette surveillance permanente concerne plus d’un salarié sur quatre. Le contrôle informatisé, lui, continue de s’étendre partout, aussi bien dans l’industrie que dans les services, et touche autant les cadres que les ouvriers qualifiés. Si, globalement, le temps de travail hebdomadaire diminue, la flexibilité du temps de travail s’accroît. Le travail le dimanche et les jours fériés augmente, concernant 31 % des salariés, principalement dans le commerce. Ceux-ci sont également confrontés à la multiplication des horaires variables. Un salarié sur dix demeure soumis à des horaires imprévisibles d’une semaine à l’autre !

L’intensification du travail – davantage de sollicitations en moins de temps – s’accompagne d’un « net accroissement » des situations de « tension au travail » : lorsqu’un salarié est confronté à une forte demande (rythme, objectifs, diversité des tâches à accomplir…) sans disposer de la marge de manœuvre nécessaire pour y répondre. De plus, la part de salariés estimant rencontrer un comportement hostile (22 % des salariés) ou méprisant (15 %) au travail augmente de manière notable. Cette charge psychologique vient ainsi s’ajouter à des pénibilités physiques qui diminuent très lentement. À l’heure où l’on ne parle que de compétitivité ou de réduction des coûts, il serait peut-être temps que ces questions liées aux conditions de travail et aux conséquences qu’elles font peser sur la vie quotidienne des salariés émergent dans la campagne électorale.

Notes

[1] Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques.

[2] Au moins 20 heures par semaine pour la manutention manuelle de charges, pour le travail debout, au moins 2 heures par semaine pour les autres contraintes posturales (position à genoux, maintien de bras en l’air, posture accroupie, en torsion, etc.).

Basta Mag, Ivan du Roy, 26 mars 2012

Deux articles sur Mélenchon et le front de gauche

L’admiration de Mélenchon pour Dassault, ce « grand industriel »

En ce dimanche 25 mars 2012, quoi de neuf en ce monde ???  Ce ne sont que quelques pages mais elles interpellent le lecteur. Elles parlent de  « l’amitié » de Jean-Luc Mélenchon et de Serge Dassault. Une « sympathie » entre celui qui est devenu le candidat du Front de gauche à la présidentielle et l’industriel millionnaire ? C’est ce que décrivent Lilian Alemagna et Stéphane Alliès, les auteurs de « Mélenchon, le Plébéien », une biographie du député européen sortie lundi 23 janvier.

Jean-Luc Mélenchon a fait une grande partie de sa carrière politique en Essonne dont il fut sénateur de 1986 à 2010. Serge Dassault, maire de Corbeil-Essonne de 1995 à 2009, est également sénateur depuis 2004. Les deux élus du département se sont donc notamment retrouvés sur les bancs du Palais du Luxembourg. « Du point de vue personnel, il [Jean-Luc Mélenchon] assume très bien sa sympathie pour l’avionneur et richissime patron de presse français », écrivent les deux auteurs, journalistes à Libération et à Mediapart, qui soulignent « un mélange de passion pour l’aéronautique », de « respect pour une famille d’industriels », mais aussi « un intérêt politique pour un voisin essonnien ».

« Je ne suis pas ami avec Serge Dassault, répond M. Mélenchon, interrogé par Le Monde.fr. Je ne sors pas avec lui, je ne suis jamais allé au cinéma avec lui, je ne prends pas mes vacances avec lui. Je connais des centaines de gens avec qui je blague. (…) C’est une tradition républicaine : je suis capable de ça et de grandes prises de bec. Qu’est-ce qu’il y a de mal ? Dassault, je l’ai combattu à toutes les élections municipales ! »

Il n’empêche. Les auteurs racontent notamment comment, pour les sénatoriales de 2004, Jean-Luc Mélenchon a manœuvré pour faire élire le troisième de sa liste, le communiste Bernard Vera, tout en favorisant au passage l’élection de Serge Dassault, candidat sur une liste dissidente de droite. « Pour que ma liste fasse trois, il fallait que lui ne descende pas de trop : la seule chose que j’ai faite, c’est un débat avec M. Dassault où il m’a sauté à la gorge, décrit aujourd’hui M. Mélenchon. Il m’a traité de bolchévique et moi de suppôt du capitalisme. »

Les auteurs précisent que ce débat a eu lieu dans les pages du Républicain de l’Essonne, un hebdomadaire qui appartient à l’industriel depuis 2001. Marianne Louis, première fédérale PS de l’époque, dévoile dans le livre sa version des dessous de l’entretien, alors que la liste de Dassault est mal partie. « On appelle alors son cabinet pour leur proposer de « repolariser »un peu cette affaire ». (…) Dix minutes après, un journaliste du Républicain nous rappelait : « Et si on faisait un débat Mélénchon-Dassault ?’ « Jean-Luc l’a joué « couteau entre les dents »pour bien faire remonter son principal adversaire. Les trois candidats – MM. Mélenchon, Dassault, et Vera – sont élus.

Autre épisode rapporté dans Le Plébéien : quelques mois plus tard, toujours en 2004, se pose la question de la compatibilité du mandat de Serge Dassault au Sénat avec ses activités industrielles bénéficiant des commandes de l’Etat. Une réunion du bureau du Sénat se tient à ce sujet et les sénateurs présents votent à la quasi-unanimité la saisine du Conseil constitutionnel.

Les auteurs affirment que M. Mélenchon, lui, s’abstiendra. S’il n’y a là rien de répréhensible, la bienveillance du futur candidat du Front de gauche envers M. Dassault interroge. « J’ai battu Dassault à plat de couture, c’est le point de départ, se défend M. Mélenchon. Ensuite, la question de son éligibilité a été posée. Moi, j’ai dit : ‘je ne ne veux pas donner l’impression que je veux terminer à coups de pieds quelqu’un que je viens de battre dans les urnes' », justifie-t-il au Monde.

Si l’ancien sénateur socialiste s’emporte contre « l’ennemi politique », il finit cependant par adresser des louanges à l’industriel. « Dassault est un adversaire politique total mais c’est aussi un grand industriel. Il ne faut pas se laisser aller à la caricature : la boîte Dassault Système a produit le grand logiciel de l’industrie. Ce n’est pas Word le grand logiciel de l’industrie, c’est Catia et c’est un logiciel français. Et Dassault a donné le logiciel Catia pour les lycées professionnels, il faut le savoir, finit par lâcher l’ancien ministre de l’enseignement professionnel.

La preuve est faite, encore une fois, des unions contre nature mais bien réel à des fins électoralistes.  Alors  nous n’entrerons jamais dans ce jeu car notre but et d’amener le peuple a une émancipation de ces soit disant élites. Et en conclusion, nous vient à l’esprit cette phrase de Coluche «  ils sont unis comme les 4 mousquetaires de 5 doigts de la main, un pour tous, tous pourris »

Voila encore un jour en ce beau monde….allez allez circulez il y a rien à voir.

Blog des groupes de Béthune et d’Arras, Fédération Anarchiste, 25 mars 2012

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Halte au Front de Gauche

Le « Front de gauche » est véritablement emblématique de la décomposition de toute culture politique anticapitaliste, il s’agit d’un véritable parti tribunicien qui aspire les angoisses de la classe- moyenne / petite- bourgeoisie en déclassement par temps de crise, à laquelle il apporte des réponses réactionnaires pourtant éculées. On troque une critique de la « valeur », et donc de la « marchandise » pour une critique de « l’argent » qui, en lui-même, ne signifie rien (l’argent n’est qu’une forme particulière de marchandise), on troque une critique de l’économie capitaliste, compris comme mode de production et rapport social, contre une critique des « excès » de la « finance » et des « élites », on remplace des notions économiques rigoureuses comme « bourgeoisie » et « prolétariat » par des notions idéologiques, creuses et démagogique comme « peuple » et « élite », on remplace la dialectique et la lutte des classes par un manichéisme vaguement complotiste (« oligarchies financières », « pouvoir de l’argent », les « très, très riches ») bref : on a là le « socialisme des imbéciles » qu’on retrouve de « Mein Kampf » jusque dans la bouche d’un Alain Soral et dans le programme économique du Front National … mais aussi au Front de gauche, dans les colonnes d’un torchecul républicain comme « Marianne », ou encore dans la bouche des « Indignés » français, simplement amputé de son versant xénophobe.

Il faut arrêter avec les abus de langage, ce type de discours n’est pas social- démocrate mais réactionnaire, et ne constitue pas un tremplin vers la radicalité mais une entreprise de crétinisation de grande ampleur de toute contestation réelle. Le discours de Mélenchon n’est pas superficiel mais carrément décomposé, profondément médiocre et incohérent pour qui a deux sous de culture politique, tous les éléments du fascisme s’y trouvent larvés : patriotisme braillard faisant de l’Etat une fin (et non pas un moyen, comme la sociale- démocratie historique) ; éloge naïve d’un passé jugé « vertueux », c’est-à-dire le capitalisme industriel d’un bon temps révolu, entre Conseil National de la Résistance et Trente Glorieuses, avant que les excès de la « finance mondiale » ne viennent précipiter la « belle » France dans la décadence ; abandon de la lutte de classe et de la dialectique au profit d’une critique complotiste des « élites » (c’est-à-dire la critique d’un groupe d’individus et non d’un rapport social) … tout ce mauvais populisme réactionnaire explique le nombre important d’antisémites et de conspirationnistes dans sa base militante … et le fait que le nouveau GUD d’Assass (association d‘extrême- droite) recommande dans son journal (Le rat qui rit N°1) la lecture du livre « Qu’ils s’en aillent tous » de Mélenchon, aux côtés des œuvres de Soral et de Zemmour.

Ce qui gène profondément toute cette petite- bourgeoisie, qui se découvre une « indignation », n’a jamais été l’existence d’un prolétariat, mais le risque désormais imminent de son propre basculement dans celui- ci à la faveur de la crise. Et l’on sait historiquement quelle diarrhée fasciste la classe- moyenne / petite- bourgeoisie est capable de chier quand elle se crispe. Ainsi certains de nos camarades caressent le vote Mélenchon en arguant que « ce que Mélenchon dit, c’est mieux que rien ». Comme le disait ce slogan du Parti de Gauche : « Mieux que rien, c’est pire que tout».

S’ils doivent « tous s’en aller », que Mélenchon commence par donner l’exemple, ferme sa gueule et se casse. « Celui qui donne sa voix reste muet » dit le proverbe, il n’y a rien à attendre des partis, des politiciens, et du vote, notre émancipation sera notre oeuvre collective ou ne sera pas. Les seuls outils sont le tissage permanents de liens de solidarité et de luttes, l’auto-organisation du prolétariat dans les syndicats, les collectifs de quartiers, les coordinations, la grève générale, l’expropriation et la communisation. Et que crèvent les démagogues !

Blog Halte au Front de gauche, 18 mars 2012

[Nantes] Un compte-rendu de la manif du 24

Manifestation du 24 mars à Nantes : guerre au pouvoir !

Posted on 25 mars 2012 by juralib

Un bref récit partiel et partial de la manifestation contre le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, à Nantes, le samedi 24 mars.

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Trois cortèges devaient converger vers le centre de la Métropole, en provenance du nord, de l’est et du sud.

12h30, Rond Point de Rennes, côté nord : un rendez-vous avait été lancé pour un cortège anticapitaliste (voir l’appel). Des dizaines de personnes commencent à se rassembler sous un grand soleil en attendant la colonne de tracteurs. Des militants d’Europe Écologie et des membres de l’ACIPA sont aussi présents.

Un impressionnant cortège de tracteurs est accueilli par des applaudissements, des slogans, un fumigène. Plus d’une centaine de tracteurs défilent sous nos yeux. Aussitôt, le cortège anticapitaliste se structure pour démarrer.

Ce cortège de plusieurs centaines de manifestants est créatif, actif, révolté. Les slogans sont offensifs. Beaucoup de tags, de pochoirs, de jets de peinture fleurissent tout au long de la rue Paul Bellamy. La permanence d’Europe Écologie (du député De Rugy) est redécorée, quelques militants verts viennent s’interposer, le ton monte un peu. Il faut rappeler à ce sujet les déclarations policières matraquées par ce parti plusieurs jours avant la manif dans les médias locaux : par exemple, dans un communiqué, Europe Écologie-les Verts « condamne par avance toutes les dégradations et violences qui pourraient avoir lieu avant, pendant ou après la manifestation ». (source)

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L’hélicoptère survole ce cortège nord et en particulier les « anticapitalistes ». Des BACeux sont présents à chaque coin de rues, des flics prennent des photos depuis certains bâtiments… Mais cette surveillance est encore relativement « légère » comparée à l’hyperprésence policière qui va suivre.

Le déploiement répressif annoncé par les médias a bien eu lieu. 1500 policiers, des véhicules anti-émeutes (lanceurs d’eau), des dizaines de cars de CRS, de gendarmes mobiles, des gros groupes de dizaines de BACeux, et surtout l’hélicoptère qui survolait la manifestation avec vacarme.

Nantes n’avait jamais connu un tel dispositif policier. La terreur d’État avait été importée depuis Notre-Dame-des-Landes au cœur même de Nantes. (article de la presse bourgeoise : Nantes sur le pied de guerre avant la manif)

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Sur le cours des 50 Otages, face à la préfecture, les trois cortèges se rassemblent. Plusieurs milliers de personnes convergent. La foule est très hétérogène. Au milieu des manifestants : des vaches, des chèvres, chevaux…

Les véhicules anti-émeute sont exhibés au niveau de la préfecture, le dispositif est impressionnant. Malgré cette intimidation, la grille anti-émeute et la préfecture sont barbouillées de terre et de purin. Une brigade de clowns fait un sketch. Après un moment de flottement, la manifestation démarre par la rue de Strasbourg. 10’000 manifestants (?) peut-être plus défilent. Le chiffre importe peu : l’offensivité créative et la participation effective et joyeuse des manifestants sont frappantes. Beaucoup de banderoles diverses et faites mains également.

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Un dragon coloré crache une fumée blanche sur les flics, sur les bâtiments officiels, sur les banques. Une Batucada joue et donne du rythme. La manifestation passe devant la mairie : des dizaines de CRS la protègent, le bâtiment est rempli de policiers. La mairie, comme le reste des bâtiments, est tout de même taggée.

La manif est toujours très créative, de nombreuses affiches sont apposées, des pubs détournées, les locaux de banques, d’agences immobilières et autres nuisibles sont « redécorés ». Les graffitis sont polyglottes : espagnols, italiens, français. L’ambiance est festive et enragée. Après une déambulation dans le centre-ville, retour sur le cours des 50 Otages pour y rester. On se fixe au niveau de la place du Cirque. Le bocage s’installe en pleine métropole.

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Les flics sont déjà en position pour nous prendre en étau : ils sont positionnés partout, bloquant toutes les rues environnantes. L’hélicoptère continue sa surveillance bruyante.

Mais la réappropriation de la ville est effective : des arbres sont plantés, les murs remplis de slogans, les banques complètement repeintes par le dragon qui crache à présent des litres de peinture.

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Les flics avaient installé pour l’occasion une caméra « 360° » sur le toit de l’Hôtel la Pérouse, pour fliquer — encore plus — tout le rassemblement. Un manifestant parvient à monter sur le toit, et sectionne le câble de la caméra sous les applaudissements de la foule. Dans la foulée, cet Hôtel de luxe est maculé de peinture rouge. Pendant ce temps, une partie de la rue commence à être dépavée. Une rangée de policiers trônent en haut d’un escalier surplombant le cours : une barricade de grilles et de bacs de végétaux est installée face à eux en bas de l’escalier, les empêchant de charger. Une grande banderole est attachée pour leur masquer la vue du rassemblement.

Des BACeux descendent pour essayer de harceler des manifestants isolés, plusieurs dizaines de personnes répliquent aussitôt et font reculer les flics.

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Vers 17h, un feu est allumé dans un brasero. Très rapidement, le feu s’étend, il se transforme en immense brasier qui crépite et qui explose. D’autres foyers partent, des fumigènes sont allumés. Un épais panache de fumée noire vient perturber l’hélicoptère pendant que des feux d’artifices sont tirés. Mais la peur n’est pas de notre côté : la batucada continue à donner le rythme, il y a aussi un accordéon, des gens dansent, jouent. La scène est étonnante. La fête et la révolte sont réunis. La foule est toujours hétérogène. Des flics postés en haut de l’escalier essuient rageusement des jets divers.

Les flics, malgré leur déploiement considérable semblent hésiter face à cette ambiance. Des passants se greffent aux manifestants, d’autres vont et viennent. Il n’y a plus vraiment de clivage entre manifestants et non-manifestants en cette fin de samedi après midi ensoleillée.

Avant le crépuscule, les flics décident de faire le ménage. Après des sommations inaudibles, des centaines de forces de l’ordre commencent à charger. Toutes les rues vomissent des rangées de CRS. Une charge de BAC est accueillie par une nuée de projectiles. Le risque que le cortège soit découpé par les policiers est alors grand. Le recul est rapide. Le rapport de force est trop défavorable. Malgré tout, quelques personnes allument des barricades de fortune le long du cours des 50 Otages : pneus, poubelles, cartons, palettes. Cela n’empêche pas la progression inexorable des flics. Ce qui reste du cortège s’éparpille : le long de l’Erdre, rue Paul Bellamy, place Viarme ou les BACeux chargent et interpellent.

Vers 21h, les flics contrôlent totalement la ville. Des rangées de CRS quadrillent toutes les grandes artères. En même temps, les équipes de nettoyages entrent déjà en scène : il faut aseptiser la Métropole socialiste, effacer les stigmates de cette après-midi de résistance le plus vite possible.

Les journaflics annoncent dans la soirée 7 interpellations et 5 gardes à vue. [Pour soutenir les inculpé-e-s dans la lutte contre l’aéroport de NDDL, vous pouvez aller ici.] D’autres manifestants auraient été repoussé jusqu’au Rond Point de Rennes le long de la rue Paul Bellamy. Qu’en est-il ?

N’hésitez pas à corriger, compléter ce compte rendu.

Indymedia Nantes, 25 mars 2012.

[Nantes] Répression suite à la manif contre le projet d’aéroport

[Nantes] Répression suite à la manif contre le projet d’aéroport

Posted on 24 mars 2012 by juralib

D’après la presse policière, les flics auraient interpellé 6 ou 7 personnes, 3 à 5 se trouveraient actuellement en garde à vue…

Nantes : des incidents en marge de la manifestation contre le futur aéroport

Au terme d’un rassemblement important et bon enfant contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes, quelques centaines de jeunes ont fait du grabuge.

En termes d’affluence, avec de 3.000 participants selon la préfecture à 10.000 selon les organisateurs, la manifestation du samedi 24 mars, à Nantes, contre le futur aéroport a été un succès, mais comme redouté, elle a quelque peu été entachée par les débordements d’une poignée d’anarchistes français et européens.

Des « anti-capitalistes » s’invitent à la « fête »…

À l’appel à manifester des associations hostiles au chantier, ainsi que de formations politiques et de syndicats, d’Europe Écologie au Parti de gauche, et d’Attac à la Confédération paysanne, est venu se greffer celui, largement relayé sur Internet, à former un « cortège anti-capitaliste » à cette occasion.

Vu la présence de plusieurs centaines de ces militants, pas vraiment désirée par les organisateurs, anticipant des débordements, la préfecture avait prévu un important dispositif policier, avec un quadrillage du parcours par un millier d’hommes, un hélicoptère et des canons à eaux prêts à intervenir. Rien n’y a fait.

Déjà dans le cortège, un agent en civil avait été pris à partie par des jeunes encagoulés, et l’on a pu assister à des jets de peinture et au badigeonnage en règle de commerces du centre-ville. Comme souvent, c’est surtout au point d’arrivée de la manifestation, après la dispersion du gros du cortège, qu’ont eu lieu des échauffourées, des centaines de jeunes mettant le feu à des palettes avec quantité de pétards et jetant des projectiles en direction des forces de l’ordre.

Bilan des incidents : des dégradations, deux blessés légers et sept interpellations

Vers 19h, une bonne heure après les premiers heurts, des dizaines de véhicules arrivés en renfort, les forces de l’ordre ont répliqué par des gaz lacrymogènes et ont finalement donné la charge, procédant à sept interpellations, a indiqué la préfecture, dont cinq ont débouché sur des gardes à vue.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1332631137.jpgAu commissariat central, le directeur de la sécurité publique Philippe Cussac (à gauche) et le directeur de cabinet du préfet Patrick Lapouze (à droite) sont restés sur le pont tout au long de la journée.

En soi, le bilan n’est pas gravissime, si ce n’est deux blessés légers et beaucoup de mobilier urbain dégradé, sans parler des vitrines souillées, mais ces faits ont été détestables pour les organisateurs, d’autant que la préfecture avait menacé de les tenir pour responsables en cas de débordements.

« C’est des cons, c’est nul, des gens de l’extérieur », a ainsi déploré un membre de l’Acipa, la principale association qui lutte contre la création d’un second aéroport dans l’agglomération, à trente kilomètres au nord de Nantes, entre autres sur la commune de Notre-Dame-des-Landes.

La manifestation n’en a pas moins été un succès…

Les uns s’opposent à cet aéroport, voulu par le maire PS de Nantes, Jean-Marc Ayrault, et par l’UMP, parce qu’ils le trouvent nul et non avenu, les autres parce qu’ils jugent l’addition trop salée, beaucoup y sont hostiles pour des raisons environnementales, et enfin, premiers concernés, des agriculteurs y sont farouchement opposés et pointent d’inévitables expropriations et destructions d’emplois.

Sur le fond, malgré les incidents, leur message est bien passé, dans une ambiance plutôt bon enfant. Entre 13 et 16 heures, plus de 250 tracteurs arborant des pancartes « Non à l’aéroport », des manifestants à vélo, entre autres animaux des vaches, et bien sûr des milliers de personnes à pied, ont afflué suivant trois grands axes vers la préfecture, d’où est parti le cortège en direction du Cours des 50 otages, l’une des grandes artères de Nantes. C’est là que s’est tenu un meeting, qui devait être suivis de multiples animations et concerts jusqu’à 22h.

Devant la reconstitution d’un « coin de bocage », avec sa terre, ses arbres et ses végétaux, se sont succédé à la même tribune, agriculteurs, écologistes, et anti-aéroport de toute obédience, qui d’une même voix ou presque ont appelé à l’abandon de ce grand projet « inutile, coûteux et destructeur », comme de tous ceux du même acabit.

Dans cinq ans, l’A380 se posera malgré tout au milieu des champs ?

En attendant, sauf revirement des décideurs, et il en faudra sans doute plus que la manifestation du jour pour les y amener, le très contesté « aéroport interrégional du Grand Ouest », dont l’idée remonte à près d’un demi-siècle, doit bel et bien voir le jour d’ici 2017.

Sa construction et son exploitation ont été confiées au groupe Vinci, qui prévoit un coût de 560 millions d’euros, dont l’entreprise assumera un peu plus de la moitié, le reste étant à la charge de l’État et des collectivités. Si cela peut consoler ses opposants, mais on en doute, précisons que le futur aéroport vise « l’excellence environnementale ». On en reparlera…

Leur presse (Metro, 24 mars 2012)

[Paris] La marche nationale pour l’emploi rassemble 5000 personnes

PARIS, 24 mars 2012 (AFP) – Une manifestation nationale pour l’emploi à l’appel de l’Union syndicale Solidaires a réuni samedi plusieurs milliers de personnes au centre de Paris, selon les organisateurs.

Après un rassemblement place de la Bourse (IIe arrondissement), le cortège fort d' »au moins 5.000 personnes », selon les organisateurs, s’est élancé en début d’après-midi vers la place Stalingrad dans le Xe arrondissement, a constaté une journaliste de l’AFP.

Dans le cortège figuraient des représentants d’entreprises à l’actualité sociale chargée comme PSA Peugeot Citroën, Virgin, la Fnac ou encore la Poste, ainsi que des membres du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) et de AC! (Agir ensemble contre le chômage).

« Nous sommes là pour l’emploi », a déclaré Annick Coupé, déléguée générale de Solidaires, ajoutant vouloir montrer qu’il y a « des résistances et des luttes » et jugeant que « la question devrait être une priorité » en cette période électorale.

Mme Coupé a rappelé les propositions de son syndicat sur l’emploi, évoquant outre « l’arrêt des licenciements », la création d’un « droit de veto pour les Comités d’entreprises » ou d’un « nouveau statut des salariés » prévoyant des « garanties de salaires, de formation et de droit à la reconversion, et financé par un fond patronal mutualisé ».

Elle a également réclamé que « la réduction du temps de travail ne soit plus taboue », jugeant que « la semaine à 32 heures devrait être à nouveau sur la table ».

« Nous aurions préféré que cette initiative ne soit pas organisée uniquement par Solidaires », a reconnu la responsable, parlant d’un contexte « compliqué » avec les autres fédérations. Selon elle, il n’est pas certain que les syndicats parviennent à un appel unitaire pour le traditionnel cortège du 1er mai.

Dans la manifestation, on pouvait lire « Travailler moins pour travailler toutes et tous », « Ne pas perdre sa vie à la gagner » ou encore « Salaire, emploi, c’est un droit! ».

Selon un sondage Ifop rendu public vendredi, la lutte contre le chômage est la première priorité des Français à un mois de la présidentielle.

Les dernières données disponibles fournies par l’Insee, placent le taux de chômage à 9,4% avec 2,67 millions de chômeurs dans la population active. De nouveaux chiffres doivent être publiés par Pôle emploi lundi.

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PARIS (AP) — Quelques milliers de personnes (5.000 selon les organisateurs), ont participé samedi à Paris à une « Marche nationale pour l’emploi » à l’appel de l’union syndicale Solidaires.

A moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, Solidaires réclame « d’autres choix économiques et sociaux » et l’ouverture d’un débat sur la réduction du temps de travail à 32 heures hebdomadaires avec l’objectif de « travailler moins pour travailler tous ».

Partis de la place de la Bourse, les manifestants ont défilé jusqu’à la place Stalingrad sous un soleil printanier, derrière une banderole: « Salaire, emploi, c’est un droit ».

En tête de cortège, beaucoup de manifestants portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: « Travailler moins pour travailler tous ». Des militants syndicaux de Sud -principal syndicat de l’union Solidaires- de la FNAC, de Virgin ou encore de PSA participaient au défilé.

« La question de l’emploi est aujourd’hui une priorité. Nous sommes là pour dire que les politiques de l’emploi menées ces dix dernières années, et notamment par le gouvernement Sarkozy, ont aggravé la situation mais dire aussi qu’il y a des résistances et des gens qui luttent », a déclaré Annick Coupé, porte-parole de Solidaires.

« En cette période de campagne, nous devons proposer des alternatives », a-t-elle ajouté, citant notamment la mise en place d’un « droit de veto dans les comités d’entreprise », le renforcement des droits des salariés dans les petites entreprises sans présence syndicale ou encore « la nécessité d’un débat sur une nouvelle réduction du temps de travail à 32 heures ».

« Mais quel que soit la résultat des élections, la mobilisation sociale pour faire bouger les choses ne s’arrêtera pas », a-t-elle assuré.

Quant à la participation modeste à la manifestation, « le fait que l’union Solidaires ait appelé seule et qu’on soit en période électorale n’a pas rendu les choses faciles. Ça n’a pas été possible avec l’intersyndicale, donc on a pris nos responsabilités ». AP