Incendie du Centre de rétention de Vincennes: peines légèrement allégées en appel

Incendie du Centre de rétention de Vincennes: peines légèrement allégées en appel

La cour d’appel de Paris a condamné vendredi six étrangers en situation irrégulière à des peines de prison ferme, légèrement moins lourdes que celles prononcées en première instance, pour l’incendie en 2008 du Centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes.

Un des prévenus accusés d'avoir participé à l'incendie qui avait dévasté le 21 juin 2008 le Centre de rétention de Vincennes, au tribunal correctionnel de Paris, le 25 janvier 2010

Un des prévenus accusés d’avoir participé à l’incendie qui avait dévasté le 21 juin 2008 le Centre de rétention de Vincennes, au tribunal correctionnel de Paris, le 25 janvier 2010
 

Les condamnations des six hommes – trois Maliens, deux Marocains et un Palestinien, âgés de 21 à 38 ans – vont de 6 mois à deux ans et demi ferme. En 2010, le tribunal correctionnel les avait condamnés à des peines de 1 à 3 ans.

Les prévenus, dont la plupart avaient assisté au procès en octobre, étaient absents à la lecture du délibéré, auquel assistaient en revanche leurs avocats et des militants pour la défense des sans-papiers.

Cette décision « n’est pas satisfaisante », parce que ces hommes « restent les victimes d’une politique de l’immigration absolument inacceptable, du fait notamment de l’état dans lequel étaient et sont encore aujourd’hui les centres de rétention », a déclaré à la presse Me Irène Terrel.

L’avocate s’est néanmoins réjouie que la cour ait relevé dans ses motivations que certains équipements du CRA avaient aggravé le sinistre.

Le président, Gérard Lorho, a évoqué en particulier les matelas « combustibles », ainsi que la « structure légère » des bâtiments qui avait favorisé une propagation très rapide de l’incendie.

Le CRA de Vincennes avait brûlé le 22 juin 2008, lors d’émeutes ayant éclaté au lendemain de la mort d’un ressortissant tunisien de 41 ans qui y était retenu, décédé selon les autorités d’une crise cardiaque.

« Dignité et sécurité »

L’incendie n’avait pas fait de blessés graves mais avait dévasté les deux bâtiments du centre qui, avec 249 occupants, pour une capacité de 280, était à l’époque le plus grand de France.

La cour a d’ailleurs évoqué également la « concentration de personnes » de nature à favoriser les « incidents ».

Selon Me Terrel, « les autorités vont être bien inspirées d’écouter ce que dit la cour dans cet arrêt (…) et de prendre un certain nombre de dispositions pour que notre pays accueille les étrangers avec des garanties minimales de dignité et de sécurité ».

La cour d’appel n’en a pas moins considéré que les prévenus n’étaient « en aucun cas que des lampistes ou des boucs émissaires comme le soutient la défense ».

Les incendiaires, selon elle, ont été clairement identifiés au moyen notamment des enregistrements du système de vidéosurveillance du centre, visionnés durant le procès.

Dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense avaient mis en cause les conditions d’accueil et de sécurité dans ce CRA.

Un rapport remis au gouvernement 15 jours avant le sinistre avait tiré la sonnette d’alarme, soulignant le « climat de tension et de violence » dans les CRA, en particulier celui de Vincennes. « Le risque était majeur, connu et on n’a rien fait », avait ainsi déploré Me Terrel.

L’avocat général avait quant à lui requis la confirmation du jugement de première instance.

Selon la Cimade, une organisation intervenant dans les CRA, il existe 27 de ces centres en France, d’une capacité totale de près de 2.000 places, destinés à accueillir des étrangers en situation irrégulière avant leur éventuelle reconduite dans leur pays.

 AFP, 13 janvier 2012

Contre l’éducation marchande et autoritaire !

Mettre nos enfants dans les mains des entreprises

Le saint président l’a dit : il va falloir continuer à réformer l’école. Et que met-il derrière tout cela (lui et ses penseurs) ? Et bien toujours la même logique : celle d’une école de la compétition doublée d’un système éducatif dévoué au monde du travail. Fin de l’émancipation du plus grand nombre, nous passons à l’étape du dressage.

Bien entendu, tout cela est tou­jours amené par de bons mots. Ils vont nous parler « d’auto­no­mie » (pour ne pas dire dépen­dance au privé), de « d’effet de syner­gie » dans un pur style mana­gé­rial, devenu norme dans nos socié­tés. Tout est pré­senté comme une oppor­tu­nité pour nos enfants, l’avenir du pays, la gran­deur de la France (à grand coup de clas­se­ments divers ayant pour but la guerre du savoir, au lieu de son par­tage).

Alors après avoir détruit l’uni­ver­sité (en la livrant au privé, en créant encore et tou­jours plus de dis­cri­mi­na­tions entre les enfants les plus riches et les plus pau­vres), c’est main­te­nant aux lycées et au col­lège unique que les libé­raux veu­lent s’atta­quer (pas qu’UMP que ce soit clair, lisez les notes des cercle de pensée « de gauche », comme Terra Nova, pour voir que l’idée est plus répan­due qu’on ne le pense).

Il y a du fric à se faire pour le privé. Après avoir réussi le tour de force de faire du PPP (Partenariat Public Privé) pour les pri­sons, c’est à nos « chères têtes blon­des » que s’atta­que le sec­teur privé. Mais cela ne suf­fi­sait pas ! Il faut que notre sys­tème éducatif devienne le lieu non de l’émancipation, mais du for­ma­tage pour le monde de l’entre­prise.

Car qu’est-ce que visent réel­le­ment les poten­tats au pou­voir si ce n’est flat­ter encore et tou­jours ceux qui les ont aidé à arri­ver là ? Le rêve c’est les USA et le passé. Les USA pour le sys­tème « dit au mérite » (autre­ment dit à la nais­sance, au fric, plus qu’autre chose) et le passé pour l’idée de reve­nir aux « écoles de métiers ». Aux ouvriers et à leurs enfants la joie des « nou­vel­les for­ma­tions ouvriè­res » (sur­tout dans l’aide à la per­sonne aujourd’hui) et aux cadres / cadre sup et leurs enfants la joie de la repro­duc­tion sociale.

Car, si le sys­tème éducatif fran­çais tel qu’il existe (exis­tait devrions nous dire) était lar­ge­ment cri­ti­qua­ble, il avait au moins le mérite d’offrir l’oppor­tu­nité d’une base com­mune, d’un vivre ensem­ble (à amé­lio­rer, certes) et d’ouvrir une réelle pers­pec­tive d’émancipation (qu’il aurait fallu aug­men­ter, certes) par son côté « touche à tout ».

Seulement, depuis plus de 30 ans main­te­nant, métho­di­que­ment, tout est détri­coté. De la carte sco­laire qui est vidée de son but pre­mier (la mixité sociale), en pas­sant par l’Université qui se retrouve dépen­dante des fonds privés (pour la recher­che comme pour les moyens d’ensei­gne­ments) pour sur­vi­vre, en ajou­tant l’appren­tis­sage dont l’âge d’entrée a été dimi­nué au profit de filiè­res direc­tes, véri­ta­ble enfer­me­ment dans un métier.

Tout est mis en place pour une reprise en main par le « monde de l’entre­prise » du sys­tème sco­laire. Dans un seul et unique but : un retour en arrière fort, une obli­ga­tion de dépen­dre du monde de l’entre­prise.

Car là où le chô­mage a joué son rôle « régu­la­teur des luttes » espéré par le patro­nat ces der­niè­res années, il ne suffit plus. Et c’est bien pour tenter de pal­lier à un sou­lè­ve­ment d’ampleur que les liens entre « métiers » et « for­ma­tion éducative » sont res­ser­rés.

Imaginez demain l’uni­ver­sité Auchan, l’école pri­maire MacDonald, etc… Retour aux « écoles pro­fes­sion­nel­les » comme les écoles Renault ou Michelin du passé. Enfermement du tra­vailleur dans le moule patro­nal, inca­pa­cité d’en sortir et de faire contre­poids. Acquis de base limité au métier, pour une exé­cu­tion plus facile et rapide. Robotisation de l’humain.

Bien entendu, cer­tains par­lent des forces syn­di­ca­les qui pour­raient s’oppo­ser à cela, retrou­ver leurs rôles avant tout émancipateurs. Peut-être, mais en com­bien de temps ? Et sur quelle base, quels moyens, dans une société ou la capa­cité d’émancipation se rap­pro­chera de zéro de plus en plus (on ne demande même plus de savoir lire, mais de savoir exé­cu­ter aujourd’hui). La télé­vi­sion a lobo­to­misé les esprits en quel­ques années, ima­gine-t’on réel­le­ment que la fin de la lec­ture aidera en plus ?

Au final, la des­truc­tion de l’école « répu­bli­caine », même si elle pou­vait être un but quel­que part pour aller vers une école plus liber­taire, se fait aujourd’hui vers l’excès (l’extrême) inverse. En tuant le peu de col­lec­tif que l’école offrait, les tenants du libé­ra­lisme économique (capi­ta­lisme) sont par­ve­nus à faire de l’école ce qu’elle ne doit pas être : un énorme centre d’appren­tis­sage pro­fes­sion­nel. Avec en plus une pro­pen­sion très élevé à la repro­duc­tion sociale, pro­pen­sion qui n’ira pas en s’arran­geant.

Alors bien entendu, il nous faut, tous, être aux côtés de ceux qui lut­tent (et donc lutter) pour sauver l’école. Tout en gar­dant en mémoire que ce n’est qu’une étape pour aller ensuite vers une autre école, plus émancipatrice et ouverte.

Sans quoi, nos enfants ris­quent de vivre la fameuse révo­lu­tion inter­net et des tech­ni­ques de com­mu­ni­ca­tion de la pire façon qu’il soit : en étant eux-mêmes trans­for­més en simple donnée d’un jeu comp­ta­ble entre mul­ti­na­tio­na­les.

PS : volontairement, ce texte se concentre sur l’école. Il est évident que la misère va aussi en augmentant, et que les laissés-pour-compte du système servent avant tout le système lui-même, en tant que repoussoirs. Avec comme phrase clef : « Estime-toi heureux d’avoir du travail, toi au moins t’es pas à la rue / au chômage ».

Rebellyon, 13 janvier 2012

Immigration : le prix de la xénophobie d’État

Immigration : le prix de la xénophobie d’État

Claude Guéant annonçait fièrement le 10 janvier une nette hausse des expulsions d’étrangers, assortie d’une baisse des titres de séjour délivrés et des naturalisations accordées. Outre le fait que la politique migratoire du gouvernement est indigne et coûteuse, elle est également construite sur des manipulations de chiffres. Parce qu’elle est avant tout une politique d’affichage servant un objectif électoraliste.

Un ensemble de pratiques très douteuses visent à gonfler le nombre d’expulsions d’étrangers en situation irrégulière. Les cas entrevus au centre de rétention administrative d’Hendaye et de Perpignan, à proximité de la frontière franco-espagnole, sont édifiants. Les Pyrénées sont traversées par de nombreux citoyens latino-américains en quête d’un billet retour vers l’Amérique du Sud. « Ici, depuis plus de trois ans, on arrête des gens qui rentrent chez eux, explique Laurence Hardouin, avocate au barreau de Bayonne. En transit, certains présentent même un billet de transport de retour, mais ils viendront quand même grossir le chiffre des reconduites ! »

À Hendaye, la dernière victime du phénomène est une Capverdienne qui se rendait avec un bus de la compagnie Eurolines à l’aéroport de Lisbonne. Son visa français ayant expiré depuis quelques jours, elle rentre au Cap-Vert quand elle est interpellée par la Police aux frontières. Placée en rétention à Hendaye, elle a été expulsée la semaine dernière par la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. « Si cette ressortissante du Cap-Vert rentrait chez elle à ses frais, au final c’est le contribuable français qui a payé pour son retour », ironise Laurence Hardouin.

Une xénophobie hors de prix

Ces opérations coûtent cher : au bas mot, 12 000 euros par reconduite à la frontière, selon Éric Besson, lorsqu’il était ministre de l’Immigration en 2009. La commission des Finances du Sénat l’estime, elle, « à environ 20 970 euros par personne reconduite ». L’ensemble du dispositif rétention et expulsion totaliserait 415,2 millions d’euros selon la commission des Finances du Sénat. Voire plus de 2 milliards par an selon les calculs de l’association Cette France-là, qui a compilé les différents coûts relatifs aux interpellations, à la rétention et aux éloignements. Le prix d’une statistique destinée à séduire l’électorat xénophobe.

« La réalité n’a aucune importance, il n’y a que la perception qui compte » [1], confiait en 2007 Laurent Solly, directeur adjoint de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Ce 10 janvier, lorsque Claude Guéant balance ses chiffres aux médias, à quelques mois de la prochaine échéance présidentielle, c’est bien de la fabrique de la perception dont il s’agit. Qu’importe la complexe réalité de l’immigration, il s’agit de faire croire que l’on peut rendre la France inaccessible. Dans le sillage du Front national, Brice Hortefeux, prédécesseur de Claude Guéant, avait déjà pris l’habitude des décomptes très larges. Car, en matière de données sur l’immigration, il n’existe pas, en France, d’organe indépendant. La plupart des statistiques proviennent de l’administration, via le Rapport annuel au Parlement sur la politique migratoire.

Harceler les Roms : un « succès »

Claude Guéant a cependant devancé sa publication. Outre les pratiques constatées dans les zones frontalières, on peut donc s’interroger sur les manipulations dont font l’objet les chiffres fièrement annoncés par le ministre. En plus des 32 912 étrangers reconduits à la frontière, la baisse des premiers titres de séjour, des naturalisations et des titres de séjours pour liens familiaux.

Qu’intègre ce (triste) record ? Le ministre doit notamment son « succès » au harcèlement envers les Roms et à l’arrivée de migrants tunisiens après la chute du régime Ben Ali. Selon les chiffres de 2009, (les plus récents publiés), un tiers des expulsions sont en fait des « retours aidés », c’est-à-dire accompagnés d’une somme d’argent (entre 300 euros et 2 000 euros). Celle-ci est principalement proposée à des Roms de nationalité roumaine ou bulgare. Or ces citoyens européens peuvent revenir facilement sur le territoire français dans le cadre de la libre circulation. Certaines personnes ont ainsi été éloignées plusieurs fois.

Précariser les étrangers : un « réel progrès »

Dans les chiffres mentionnés par le ministre de l’Intérieur, on compte également environ un tiers de « réadmissions vers un État membre ». Il s’agit d’une reconduite vers un pays de l’Union européenne, dans lequel l’étranger a séjourné légalement. En 2011, le taux de réadmission pourrait être bien supérieur aux années précédentes car le gouvernement italien a délivré en avril dernier 20 000 titres de séjour temporaires, valables pendant trois mois, à des Tunisiens débarqués sur l’île de Lampedusa. Certains ont donc fait le voyage jusque dans l’Hexagone. Trois mois plus tard, la France s’est donc empressée d’en renvoyer vers l’Italie, pour « absence de ressources suffisantes » (62 €/ jour).

L’autre « réel progrès » est une baisse 3,6 % dans l’attribution des premiers titres de séjour. À la place, le gouvernement a préféré précariser les étrangers nouvellement arrivés. « En 2009, le gouvernement a voulu simplifier les formalités pour la première année de séjour en France, avec des visas valant pour un titre de séjour », explique Serge Slama, maître de conférences en droit public à l’université Évry-Val-d’Essonne et contributeur du blog Combat pour les droits de l’homme. Ces visas consulaires très précaires ne sont donc plus comptabilisés comme titres de séjour alors que toujours plus d’étrangers en bénéficient – conjoints de Français, travailleurs salariés, étudiants… Et permettent de faire baisser le nombre officiel d’entrées sur le territoire.

Comptabilité absurde et calculs électoralistes

Enfin, la diminution du nombre de naturalisations et de titres de « séjour pour liens familiaux » pourrait s’expliquer simplement par un « effet retard » ou « décalé », selon Serge Slama, lié notamment à la durée accrue des procédures d’obtention. Quant au nombre d’étudiants étrangers encore séduits par la France ou d’exilés syriens y trouvant protection et asile, nous n’en saurons rien. Cela ne fait pas partie des aspects positifs. Seuls ceux que l’on jette dehors comptent.

Le ministère de l’Intérieur attribue ses glorieux résultats à l’ « efficacité » de la loi Besson/Guéant/Hortefeux, adoptée en mai 2011. Pour les défenseurs des droits fondamentaux, cette loi constitue une grave régression démocratique puisqu’elle retarde, voire empêche le passage d’un sans-papiers devant le juge des libertés et de la détention, limite l’accès à l’aide juridictionnelle et réduit le délai de recours face à une « obligation de quitter le territoire français » (OQTF) d’un mois à 48 heures. Discrimination par les contrôles policiers, atteinte toujours plus généralisée aux droits fondamentaux, dévoiement de l’action de l’aide au développement, marginalisation sociale des migrants, réduction de l’être humain à un chiffre à traiter et gaspillage d’argent public… Telle est la réalité d’une logique purement comptable et de calculs électoralistes en matière d’immigration.

Jean Sébastien Mora

Photo : David Delaporte/Cimade

Notes

[1] Yasmina Reza, L’Aube le soir ou la nuit, p. 44. Flammarion.

Basta Mag, Jean Sébastien Mora, 13 janvier 2012

Sarko remet la légion d’honneur à un ancien de l’OAS

[Légion du déshonneur] Sarközy de Nagy-Bocsa lèche les bottes de l’OAS

Un putschiste, héros de Sarko

Le 3 janvier Nicolas Sarkozy a poursuivi en Bretagne son marathon des vœux en rendant hommage à l’engagement et à l’efficacité des soldats français déployés tout au long de l’année 2011 dans les opérations militaires qu’il a ordonnées.

Il s’est surtout permis, dans sa drague aux militaires à quelques mois de la présidentielle, de citer Hélie Denoix de Saint-Marc, officier putschiste en 1961 en Algérie, à qui il a remis en novembre la Grand Croix de la Légion d’honneur, un geste très apprécié dans les cercles militaires.

Entré dans la Résistance en 1941, puis déporté en 1943 au camp de Buchenwald, Denoix de Saint-Marc commandait par intérim le 1er régiment étranger de parachutistes en Algérie.

Engagé aux côtés du général Massu, il a été le fer de lance du putsch des généraux manqué d’avril 1961. Le 1er REP ayant été dissous le 30 avril 1961, une partie de l’effectif déserte et rejoint l’OAS.

Condamné à dix ans de réclusion criminelle, mais gracié, il n’en a passé que cinq en prison. Lors de son procès, il avait déclaré qu’en Algérie sa mission était notamment de « maintenir l’intégrité du patrimoine national, y promouvoir la justice raciale (…) ».

Bel exemple que cet homme là, justifiant la guerre coloniale et son cortège de tortures !

Brève parue dans Billets d’Afrique… et d’ailleurs n° 209 de janvier 2012.

[Aulnay-sous-Bois] Flics, porcs, assassins !

[Aulnay-sous-Bois] Flics, porcs, assassins !

 

« On n’est pas des animaux, on est des enfants de la France », répète toutes les deux minutes Jamel, un « enfant d’Aulnay ». La quarantaine bien entamée, il a grandi dans la cité « plutôt calme » de Balagny, à Aulnay-sous-Bois, où un jeune homme de 25 ans est décédé hier soir vraisemblablement d’une crise cardiaque lors d’un contrôle de police dans un hall d’immeuble.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1326416370.jpgLe 11 janvier, dans la cité de Balagny, à Aulnay-sous-Bois.

Ce matin, en apprenant la mort du «petit frère», Jamel a rappliqué aussi sec « pour comprendre ce qui s’est passé » et soutenir la famille.

Selon les premiers résultats de l’autopsie, le jeune homme souffrait d’une malformation cardiaque. D’après le préfet de Seine-Saint-Denis, Christian Lambert, le jeune homme a été « menotté » pendant le contrôle, mais « sans aucune violence ». Les policiers lui ont prodigué de premiers soins et ont appelé les pompiers, mais ces derniers n’ont pas réussi à le réanimer, selon des sources policières interrogées par l’AFP.

Une polaire bleue « Aulnay, une ville sport » sur le dos, Jamel est « révolté ». Selon lui, « le maire [Gérard Ségura, PS, ndlr] n’a même pas pris la peine de se déplacer dans la cité pour parler aux jeunes ou au moins pour rendre visite à la famille endeuillée ».

Un autre habitant de la cité, 24 ans, le visage blafard de ceux qui ont peu dormi : « Ah mais ça, si la victime avait eu un prénom bien français, genre Marcel ou Philippe, cela ne se serait pas passé comme cela. Sarko et Fillon seraient déjà là, la victime aurait eu droit à des funérailles en fanfare avec retransmission à la télévision. »

Si rien ne permet de conclure à la responsablilité de la police dans le décès, cet épisode renforce encore la tension entre jeunes et policiers.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1326417946.jpg

Au pied de l’immeuble où se sont déroulés les faits, ils sont une quinzaine à refaire le film de la soirée. Hier soir, vers 20 heures, « les cow-boys de la BAC » ont débarqué pour un contrôle de stup. « En civil mais on les reconnaît avec leur Ford focus bleue. Faut les voir nous parler, je vous jure », raconte l’un d’eux.

« À partir du moment où t’es jeune, pour eux, t’es une racaille. Ils parlent mal, sans respect, comme si on était des chiens. Ils nous traitent de fils de pute. Quand on reste tranquille, posés sur le muret ou dans un hall, ils nous cherchent. Leur phrase favorite, c’est : alors vous nous provoquez pas aujourd’hui ? »

Imad, 25 ans, était très ami avec la victime : « On a passé la journée ensemble, il allait très bien, pas de vertige ou quoi que ce soit, il était en forme. » Emmitouflé dans une doudoune blanche et noire, le visage fermé, il est atterré des rumeurs qui circulent. « À la télé, ils disent qu’il a eu un malaise cardiaque parce qu’il a pris du viagra et qu’il avait une mauvaise santé, on salit sa mémoire. La vérité, ce n’est pas celle là. Les flics sont arrivés comme des ninjas, comme si c’était Bagdad ici. Au lieu de faire un contrôle tranquille, ils l’ont plaqué contre le sol, comme un malpropre. Il en est mort. »

(…)

Leur presse (Marie Piquemal, Libération, 11 janvier 2012)


(…) À Baligny, l’explication médicale de la mort du jeune homme n’a pas apaisé les esprits. « Il faut dire la vérité ! Abdel, c’est comme tout le monde ici, il est contrôlé en permanence par la BAC. Une fois, deux fois, trois fois par jour ! Alors, ne me faites pas croire qu’un simple contrôle aurait provoqué son problème de cœur ! », s’emporte Djamel, 43 ans, un ancien du quartier venu montrer son soutien à la famille. (…)

Leur presse (Arthur Frayer, lemonde.fr, 11 janvier 2012)


« Ça va péter. » Un habitant de la cité Balagny à Aulnay-sous-Bois a prévenu, plus tôt dans la journée ce mercredi, qu’il avait du mal à tenir les jeunes du quartier après la mort d’un des leurs, mardi soir, au cours d’une interpellation. Une soixantaine d’entre eux se sont réunis, en début de soirée, au centre de la cité, autour de laquelle se sont positionnée les forces de l’ordre.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1326418147.jpg

Une quinzaine de fourgons de CRS a pris place autour de la cité plongée dans le noir, le transformateur de l’éclairage public ayant brûlé la nuit précédente, selon notre journaliste sur place. Aucun incident n’est à signaler, seules quelques invectives émanent du groupe à l’adresse des policiers.

Leur presse (20minutes.fr, 11 janvier 2012)


Quatre personnes ont été interpellées après les incidents qui se sont déroulés dans la nuit de mercredi à jeudi, dans plusieurs cités d’Aulnay-sous-Bois, après la mort d’un jeune homme de 25 ans, au cours d’un contrôle de police mardi.

Des incidents (tirs d’engins pyrotechniques et feux de poubelles), bien que l’autopsie a établi qu’il n’avait subi aucune violence et qu’il souffrait d’une malformation cardiaque. Il y a eu « quatre interpellations après de gros pétards » qui ont sauté mais qui n’ont pas fait de blessés, a expliqué la préfecture.

Vers 23 heures, deux poubelles ont été incendiées, mais le feu a été très rapidement éteint par les pompiers. Mercredi soir, un calme précaire régnait dans la cité Balagny d’Aulnay-sous-Bois, composée de petits immeubles de brique rouge. Un important dispositif policier était en place, mais en retrait, alors que des groupes de jeunes sont restés rassemblés au pied de la cité jusque vers 1 heure du matin. (…)

Leur presse (LeParisien.fr, 12 janvier 2012)


Des incidents se sont produits dans la nuit de mercredi à jeudi à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), à la suite de la mort d’un jeune, mardi, au cours d’un contrôle de police. (…) la soirée a été marquée par des incendies dans plusieurs quartiers de la ville, à la cité Balagny, d’où le jeune homme était originaire, à la cité des Etangs et à la Rose-des-Vents.

Les forces de l’ordre ont été la cible de tirs de mortier de feu d’artifices. Vers minuit, les policiers étaient encore nombreux à Aulnay, déblayant la chaussée des restes de poubelles brûlées.

(…)

Ce drame a alimenté tristesse et colère dans ce quartier de petits immeubles de brique d’ordinaire très calme, rebaptisé même par les plus jeunes « la cité de l’ennui ». « Les policiers mettent trop la pression aux jeunes, tout ça parce qu’ils sont dans les halls et qu’ils fument parfois un joint… Moi, je les ai déjà vu caler (NDLR : immobiliser) quelqu’un au sol, ils y vont fort », lâche une femme de 26 ans, « choquée » par la mort d’Abdel, « garçon calme et gentil », qui « travaillait de temps en temps ». Sur la placette centrale, des anciens sont réunis, la mine sombre. Certains ont vu la tentative de réanimation derrière « une rangée de 20 ou 30 policiers ». « Personne ne s’est soucié d’emmener la famille à l’hôpital », proteste l’un d’eux.

(…)

Leur presse (LeParisien.fr, 12 janvier 2012)