A propos de la pollution aux microparticules

NdPN : un texte polémique, nécessitant un débat critique, pour nourrir nos réflexions sur le « Progrès ».

Respirer tue – Rationnons l’air pur

mercredi 19 mars 2014 par  Tomjo

Hier encore, un smog « cancérogène certain » s’est abattu sur nous. Jour après jour, on apprend à  reconnaître ce goût métallique qui empâte la bouche. On vit dans la poisse. Cette poisse mortelle nous défend de courir, faire du vélo, sortir les enfants, respirer à pleins poumons. Surtout, elle nous prépare à la vie rationnée. Ce 17 mars, l’État a substitué une armée de 700 policiers aux habituels ingénieurs en fluidité routière pour faire respecter la circulation alternée des bagnoles. Après l’eau, denrée rare et viciée, l’air deviendra-t-il aussi une marchandise vendue pour raison d’épuration ?Faut-il rappeler aux fabricants de voitures et aménageurs de territoires, que ce n’est pas la faute du soleil, ni des vents si 1,3 million de citadins crèvent chaque année de l’air qu’ils respirent ? (1) Si l’industrie, les épandages agricoles et le chauffage au bois ont leur part de la pollution, celle-ci vient en grande partie des pots d’échappement, de l’usure des pneus et de l’asphalte, des garnitures de frein et d’embrayage (à l’origine des microparticules).

Pour un désastre alternatif

Les dirigeants des métropoles et de l’État ont leur coupable, le « lobby du diesel », pour se décharger de la responsabilité du désastre sanitaire. En pleine campagne municipale, les écologistes de toutes les métropoles font valoir leur bilan dérisoire : un centre-ville piéton accueille désormais les chalands flânant entre les marchandises importées du Bangladesh. Ils repartent en bus ou en Velib sans ralentir l’explosion du trafic. « Le combat des couloirs de bus » : ainsi parlait le chef de file des Verts lillois.(2)  C’est à s’étouffer. Il y a quelques semaines, les médias s’enthousiasmaient du retour des embouteillages : signe de relance économique. Les villes continuent de s’engorger, l’A1 dégueule ses camions et la Chambre de commerce s’impatiente d’un nouveau périphérique pour « désengorger » la métropole lilloise. Vingt ans de politique écologiste pour crever sous les microparticules (après l’amiante et en attendant les nanotubes de carbone, nanoparticules encore plus intrusives que les microparticules). Connaissez-vous les ambitions Vertes pour la prochaine mandature ? Des fleurs sous le métro aérien, des bâtiments basse consommation pour abriter les nuisances High Tech (3), des toitures végétales au dessus des « fab labs » et une fuite en avant qu’ils nomment « alternatives ».

Qu’ils soient écologistes ou non, ils nous laisseront choisir notre mort. Entre la bagnole au pétrole ou le métro à l’uranium. La campagne municipale à Amiens tourne autour de la construction du Tramway. Le Grand Paris sera bientôt ceinturé d’un nouveau RER. En 2016, le métro entre Lille et Roubaix sera doublé et le débat sur l’opportunité d’un « tram-train » relancé. Areva, EDF et les constructeurs automobiles se réjouissent de la transition énergétique vers une « économie décarbonnée », les ventes de véhicules électriques ont augmenté de 50 % en 2012 et les voitures hybrides de 60 %.   Autolib – automobile et liberté.

La Voix du Nord clame à tue-tête les bienfaits de cette néo-industrie qui réglera les problèmes de la raréfaction du pétrole et des microparticules. Avec Arnaud Montebourg au chevet de l’économie nordiste, elle se félicite de ce que notre grande région automobile – « 30 % des véhicules produits en France, 40 % des moteurs et 50 % des boîtes de vitesse » (4) – pourrait se tourner vers « l’électromobilité » : voitures électriques, avions électriques, TGV électriques et voitures à pilotage automatique. Les 13 et 14 février derniers, l’école Centrale de Lille accueillait un salon de la « chimie du végétal ». La Voix s’empresse d’applaudir le laboratoire lillois EuroBioRef dans son ambition de créer des bioraffineries (carburants végétaux) grâce à l’industriel du petit pois Bonduelle et aux financements de la Région. Ils n’arrêteront  jamais.

Dans son dossier sur les municipales à Lille, Le Monde s’enthousiasme pour le réaménagement du port fluvial : « Le responsable [de Voies navigables de France] souhaite doubler le trafic fluvial d’ici 2020, le portant à 2 millions de tonnes. » (5) Celui-ci accueillera bientôt les porte-conteneurs de 4 000 tonnes grâce au canal Seine-Nord que tout le monde attend. Plus de bagnoles, plus de péniches, plus de métros, plus de marchandises. Et finalement, plus de nuisances et plus de contrôle.

L’écologie du rationnement

Les plus visionnaires planifient la suite. Si la gratuité des transports en commun ne suffit pas à « modifier les comportements » des automobilistes et abaisser le taux de microparticules, il faudra contraindre. Circulation alternée et péages urbains nourrissent déjà des usines à gaz militaro-bureaucratiques : droits d’émissions, restrictions, dérogations. « En Europe, deux cents villes restreignent leur accès aux véhicules polluants. » (6) À Stockholm ou à Londres, le paiement est automatisé grâce aux bornes de lecture des plaques minéralogiques par vidéosurveillance. À Londres, toute infraction au règlement écologique est réprimée d’une amende de 600 euros. Ce qui exige un fichier des plaques d’immatriculation associé au poids des voiture, comptes bancaires et identité des automobilistes.

Même si la France retarde dans les restrictions de circulation, des mesures contraignantes sont déjà prises. Au plus fort de la pollution, les nationales et autoroutes du Nord ont vu la réduction de vitesse passer de « recommandée » à « obligatoire ». 45 euros d’amende aux contrevenants. L’écotaxe du gouvernement prévoyait de surveiller les routiers au kilomètre près grâce à la géolocalisation des camions et au contrôle vidéo. On vous passe les capteurs sur les routes et les cartes de transports RFID propres à fluidifier la surpopulation urbaine. Le filet de sécurité écologique se resserre.

Face aux épidémies de cancer, asthme, insuffisances respiratoires ou pneumonie, vous pourrez compter sur un contrôle sanitaire au plus près de vos pathologies. En attendant votre t-shirt intelligent enregistrant en permanence rythme respiratoire et battements de cœur, vous pouvez rendre visite à votre médecin tous les six mois pour un dépistage couvert par le dernier « Plan Cancer » et les cotisations sociales versées par l’industrie automobile. Préventif, votre médecin en profitera pour vous inculquer les bonnes pratiques en milieu toxique : arrêter la clope, le vin et votre mode de vie pathogène. Et pour votre jogging, n’oubliez pas votre masque à oxygène intelligent, acheté chez Décathlon.

On disait « libre comme l’air ». Mais tout ce qui était libre et gratuit se marchandise pour raison de gestion. Vous savez bien, quand c’est gratuit « les gens » gaspillent et dégradent. L’eau est viciée ? Elle ne suffit plus à abreuver les millions de métropolitains entassés ? Il faut la pomper depuis les sous-sols, l’assainir, la comptabiliser ? Entretenir les cuves et les kilomètres de tuyaux ? Régies publiques et compagnies privées se chargent déjà de la rationner. Question de survie. Le programme de vie hors-sol comprendra le compteur à oxygène individuel, les usines de retraitement de l’air vicié, les bouteilles d’air conditionné riches en oxygène. Danone et Nestlé lanceront des bouteilles individuelles d’air parfumé. Le Front de Gauche manifestera pour la gratuité des premiers mètres cubes d’oxygène et le retour en régie publique des sociétés d’assainissement d’air.

50% de la population mondiale vit en ville. Nul besoin d’habiter Pékin ou Mexico pour savoir que cette concentration de bagnoles, d’usines et de marchandises concentre surtout la pollution. Or, cette concentration s’accélère : quelle métropole « attractive » n’a pas son programme pour une ville dense ? Plus d’entreprises, de pôles d’excellence, d’universités feront plus de transports, de fumées toxiques, de cancers. Les « alternatives » qui n’en sont pas, et les mesures de contrainte écologique imposeront, quoi qu’il nous en coûte en terme de liberté, la circulation des marchandises et le « développement des territoires ».

Ce n’est pas seulement le « lobby du diesel » qui tue, mais la société industrielle.

Tomjo

Lille, le 17 mars 2014

http://hors-sol.herbesfolles.org/

Vu sur Pièces et main-d’œuvre, 17 mars 2014

[Poitiers] Enième « journée d’action » bidon

NdPN : pour en finir avec notre exploitation par l’Etat et le Capital, les syndicats ont une exigence. Ferme l’exigence, dure de chez dure : prendre rendez-vous avec le collaborateur de la préfète. Ben oui, on avait fait un « pacte », vous vous rappelez pas, on est en « responsabilité » syndicale ! Faudrait veiller à le respecter tout de même… « Ou sinon ça va péter », a-t-on encore répété comme une litanie des lendemains repoussés aux surlendemains. Brrr, sûr que la bourgeoisie en tremble d’effroi. En attendant, on comprend pourquoi si peu de monde juge utile d’emboîter le pas à ce genre de procession bien dans les clous du renoncement programmé. Pour la grève, les actions directes, le sabotage et la fédération autonome des luttes, on y verra sans doute plus clair une fois le cirque électoral passé…

Pacte de responsabilité difficile à défaire

Quelque 700 personnes (1) ont battu, hier après-midi, le pavé poitevin en répondant à l’appel de l’intersyndicale (FO, CGT, Solidaires et FSU) pour dénoncer le pacte de responsabilité. Une mobilisation faible eu égard à l’enjeu de cette ligne politique « Hollande-Medef » : « Le point central du pacte de responsabilité est, explique Guy Charré, secrétaire général adjoint FO, porte-parole de l’intersyndicale, la suppression du financement des allocations familiales par les entrepreneurs. » « Nous estimons que cette cotisation est du salaire différé. Qu’en sera-t-il demain de l’assurance-maladie ? »

Les manifestants, très remontés contre cette décision, ont tenu à rappeler l’objectif par un slogan : « On s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder : la sécu, elle est à nous. » Refrain repris tout au long de la mobilisation qui s’est déroulée en circuit court dans la capitale régionale du Poitou-Charentes, la préfecture étant le terminus. Pour une prise de parole publique, place Artistide-Briand, de Force ouvrière. Une délégation de cette organisation syndicale a été reçue par un collaborateur de la préfète. « La CGT attend toujours le rendez-vous avec Mme la préfète », a souligné, Catherine Giraud, secrétaire général de l’Union départementale CGT. Qui dénonce cet étrange mariage de la gauche avec le patronat. Qui va payer ? « C’est la population française », a rappelé la leader syndicale.

(1) 850 personnes selon les syndicats, 650 selon la police. A Châtellerault, 350 manifestants ont été comptabilisés (lire en page 21). (2) Grévistes dans la fonction publique : 4,33 % (enseignants du 1er degré) ; 6,34 % (enseignants du 2d) ; 0,73 % (autres personnels).

Didier Monteil, Nouvelle République, 19 mars 2014

[Notre histoire] Les canons du 18 mars

NdPN : il y a 143 ans, les prolos traités comme de la merde par la République ne se contentèrent pas d’une procession face à la dépossession imposée par la bourgeoisie : ils passèrent aux actes. Sur les rapports entre la Commune de Paris et les anarchistes, on consultera par exemple cet article de M. Joyeux, ou cet article de J.D.

Tardi- Le cri du peuple

***

Le 18 mars 1871,  début de la Commune de Paris. Alors que Paris est encerclé par l’armée prussienne,  Thiers, chef du gouvernement de défense nationale, donne ordre  à l’armée d’aller récupérer les canons en  position sur les hauteurs de Montmartre. Mais la population, qui  s’oppose à cette mesure, entoure la troupe. Le  général Lecomte commande le feu, mais les soldats  mettent crosse en l’air. Le comte est arrêté ainsi que le  général Thomas (un autre fusilleur !). Ils sont  passés par les armes par une foule en colère. C’est le  début de la révolution. Des groupes d’insurgés se répandent dans la ville. Les autorités,  apeurées, se replient en catastrophe sur Versailles. Les  révolutionnaires se concertent. Les Blanquistes proposent une marche sur  Versailles pour se débarrasser du gouvernement, mais  malheureusement leur avis n’est pas suivi. La Commune de Paris est en  train de naître ; elle ne sera proclamée que   le 28 mars.

Ephémérides anarchistes

[Châtellerault] Manif contre le pacte PS-MEDEF

Châtellerault : 350 manifestants contre le pacte « Hollande-Gattaz »

Trois cent cinquante manifestants ont participé ce mardi matin, à la manifestation locale contre le pacte de responsabilité.

Un rassemblement était organisé à l’appel de quatre syndicats (CGT, FO, FSU et Solidaire), pour relayer le mouvement national.

Les manifestants, issus de nombreuses entreprises du secteur, ont défilé en cortège au cri de « Hollande, Gattaz, le pacte on n’en veut pas ! »

Dans un discours prononcé devant l’hôtel de ville, le responsable local de l’union locale CGT Alain Delaveau a souligné « le désaccord profond sur la politique menée par le gouvernement en terme de services publics et de vision industrielle du pays».

« Dans le cadre du pacte de responsabilité, François Hollande se garde bien de définir qui va payer et comment. Au bout du compte, il ne fait aucun doute que ce sont les contribuables », a-t-il indiqué en appelant à « amplifier la mobilisation dans les semaines à venir ».

Franck Bastard, Nouvelle République, 18 mars 2014

[Poitiers] Autodéfense contre la répression ! (le retour…)

[Poitiers] Autodéfense contre la répression ! (le retour…)

Texte d’un tract diffusé cet.te après-midi dans le centre-ville de Poitiers. Les camarades qui le distribuaient ont eu droit à la visite de quelques uniformes (autant qu’une voiture et un fourgon peuvent en contenir). Toutes les identités ont été relevées. Bonne ambiance…

AUTODÉFENSE CONTRE LA RÉPRESSION !

Le 5 juin 2013, Clément, un militant anticapitaliste et anti-autoritaire, était tué à Paris par un fasciste. Le lendemain, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de France. À Poitiers, trois cents personnes ont défilé dans les rues du centre-ville pour rendre hommage à Clément et exprimer leur rejet de l’extrême-droite et de ses idées. La police a laissé faire tant que certaines personnalités de la gôche poitevine, venues là se faire un petit coup de pub à bon compte, sont restées dans le cortège. Mais dès la fin de cette manifestation elle a prétexté un outrage (le refrain d’une chanson : « Flics porcs assassins ») pour arrêter deux copains. Le premier a été jugé en CRPC pour cet « outrage » et s’est vu condamné à 200€ d’amende l’an dernier.

Le second a refusé la procédure en CRPC et a comparu devant le tribunal correctionnel, le 7 janvier dernier. Au cours de cette audience, le procureur, François CASASSUS-BUILHE, a requis une peine d’un mois de prison avec sursis avec mise à l’épreuve, avec obligation de s’insérer (trouver un travail [NdT]) et de suivre un stage de citoyenneté (afin de se mettre en conformité avec l’idéologie républicaine bourgeoise dont on ne saurait dévier [NdT]). La juge, Isabelle FACHAUX, l’a reconnu coupable et finalement condamné à une peine de 200€ d’amende et à verser 150€ à la « victime » (le commissaire divisionnaire Laurent SIAM, qui lui réclamait 500€) en réparation du « préjudice moral » qu’elle a subi. Le copain a fait appel de ce jugement.

UNE NOUVELLE AUDIENCE AURA DONC LIEU LE JEUDI 27 MARS 2014 À 9H AU PALAIS DE JUSTICE DE POITIERS. L’entrée est « libre », si vous avez un peu de temps, venez voir comment on rend la justice, c’est riche d’enseignements…

Nous, individus s’organisant collectivement pour l’abolition de toutes les formes d’exploitation et de domination, appelons à la solidarité avec le copain qui passe en procès, et avec toutes les personnes qui font face à la répression et à l’enfermement. Ce procès constitue une nouvelle tentative de briser celles et ceux qui, à Poitiers ou ailleurs, cherchent à lutter en dehors des cadres institutionnels. Car, malgré les discours pacificateurs et le catéchisme social-libéral, des gens prennent acte de la guerre quotidienne et diffuse qui leur est faite et tentent de riposter en conséquence.

Les classes dominantes, leurs avatars parlementaires et leurs chiens de garde en uniforme, utilisent tous les jouets légaux à leur disposition pour nous faire rentrer dans le rang. Pas question de se laisser faire, ni de se laisser crever à petit feu.

ORGANISONS-NOUS ET DÉTRUISONS CE QUI NOUS DÉTRUIT !

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Vu sur Indymedia Grenoble, 17 mars 2014