[Poitiers] Vitalis : reconduction de la grève de 55 minutes

NdPN : Non, tout ne va pas bien à Vitalis : bravo aux camarades en grève qui relèvent la tête !

86 –  Poitiers Le réseau de bus perturbé demain matin

La grève d’une durée de 55 mn chaque jour se poursuit à la société de transports urbains de Poitiers. Elle a été lancée lundi par l’organisation syndicale Union Solidaires pour obtenir une revalorisation de la prime de l’équipe dépannage de l’atelier. La direction précise que la circulation des bus pourra subir quelques perturbations de nouveau demain matin, entre 6 h 30 et 7 h 30.

Nouvelle République, 6 mars 2013

[Venezuela] L’autocrate Chavez est mort

Venezuela – déclaration anarchiste sur la mort de Hugo Chavez

Ni deuil, ni célébration! L’heure de l’autonomie des luttes sociales est arrivée!

Quand s’additionnent une très grave maladie, des soins médicaux conditionnés à des décisions politiques et un malade halluciné de pouvoir, on ne pouvait qu’attendre que ce dénouement: le caudillo est mort et un changement important dans la scène politique vénézuélienne est en marche.

En un instant, ce qui était la plus grande force du régime est devenu sa plus grande faiblesse : Chavez était tout et, en disparaissant, il ne reste qu’a conjurer la fidélité absolue à son souvenir, avec l’obéissance à ses dispositions pour sa succession. Ce qui met en évidence la fragilité d’un gouvernement qui voulut renforcer son supposé caractère “socialiste et populaire” avec la pratique d’un culte grotesque de la personnalité, maintenant réduit à une ridicule invocation aux âmes du purgatoire. Le disparu a été lui-même l’auteur principal de cette fin. Le secretisme qu’entoura sa maladie était motivé par les mêmes ressorts de la centralisation extrême du pouvoir. Ce qui, par manque de cohérence idéologique interne, laisse ses suiveurs s’affrontant entre eux-mêmes pour l’héritage du commandement, avec un clair avantage pour les hauts bureaucrates (“rojo-rojitos”) et la caste militaire, en pleines manouvres de négociation pour assurer l’impunité de leurs corruptions.

En ce qui concerne les oppositions, celle de droite et la sociale-démocrate, la nouvelle situation les prend sans avoir dépassé leurs déroutes aux présidentielles du 7-O et aux régionales du 16-D. Élections où elles s’étaient compromises avec des illusions exagérées et avec l’offre d’un “chavisme sifrino” (chavisme de riches), promettant aux électeurs de maintenir et d’être efficaces dans l’emploi des instruments du clientélisme qui avaient tant servi à Chavez. Maintenant, cette opposition accommodante veut croire qu’une fortuite métastase a enfin mis à sa portée l’accès à ce pouvoir politique duquel ses ambitions, erreurs, paresse et incompétence l’a éloignée pendant de longues années. Un pouvoir qu’elle exercerait avec une sottise et une ardeur prédatrice similaires à celles pratiquées par la « bolibourgeoisie » chaviste.

Face à ces calculs mesquins et opportunistes, du Grand Pole Patriotique (“Gran Polo Patriótico”) et de l’opposition de la Table d’Unité Démocratique (“Mesa de Unidad Democrática”), nous nous trouvons devant la grave situation où se trouve ce pays: inflation emballée, chômage grandissant et précarité dans le travail, dévaluation monétaire, effrayante insécurité personnelle, grave crise dans les services d’eau et électricité, éducation et santé, manque de logements, travaux publics obsolètes ou en exécution brouillonne, attention démagogique des besoins extrêmes des plus nécessiteux, et un etcetera qui même lointain n’en est pas moins néfaste.

Mais ces problèmes ne sont pas la principale préoccupation des deux groupes en lutte pour la “Silla de Miraflores” (le fauteuil présidentiel) et le butin pétrolier. C’est pourquoi notre réponse collective doit mépriser leur permanent chantage de nous demander un appui électoral en échange de solutions qui n’arrivent jamais ou sont ridiculement incomplètes. C’est l’heure de déborder ces oligarchies politiques pourries et de construire, depuis le bas, une vraie démocratie, avec égalité, justice sociale et liberté. Il faut accroître l’indignation généralisée devant la situation que nous pâtissons et la convertir en luttes sociales autonomes, larges et autogestionnaires, et dire aux politiciens du pouvoir que nous n’avons pas besoin d’eux comme intermédiaires ou comme gracieux donateurs de ce que d’en bas et unis nous pouvons obtenir, sans “mains blanches” ou “bérets rouges”.

Collectif Editeur d’ EL LIBERTARIO // ellibertario@nodo50.org – @pelibertario

www.nodo50.org/ellibertario – periodicoellibertario.blogspot.com

 Venezuela: l’assassinat de Sabino Romero

Dans la nuit du 03 mars 2013 sur la route de Chaktapa, a été assassiné dans la Montagne du Perijá (état de Zulia), le « cacique » (chef indien) yukpa Sabino Romero, connu pour sa défense des droits du peuple yukpa.

Depuis le 13 novembre de 2003, date à laquelle le président Hugo Chavez annonça dans El Menito, Lagunillas, la multiplication par trois de l’exploitation du charbon à 36 millions de tonnes annuelles dans les territoires habités par différentes ethnies aborigènes, Sabino Romero forma partie des communautés indigènes qui se mobilisèrent pour refuser les conséquences sur ses territoires de l’expansion de la mégaminerie dans la région. La lutte de Sabino avait pour objectif l’obtention de la démarcation et titulariat des territoires indigènes. Pour obtenir cela il réalisa différentes mobilisations, tant dans l’état de Zulia comme à Caracas, utilisant différentes méthodes de lutte, comme l’action directe et l’occupation de terres indigènes aux mains des éleveurs de bétail.

Les niveaux d’autonomie de Sabino Romero dans sa lutte motivèrent une stratégie partagée entre tous les facteurs de pouvoir régionaux et nationaux intéressés à continuer l’exploitation des terres indigènes. En 2009, deux communautés, l’une d’elles avec Sabino Romero, occupèrent une ferme en Chaktapa, Zulia, pour dénoncer le blocage du processus de démarcation. L’exécutif national mis en place une stratégie pour diviser les occupants, et dans un acte très obscur, trois indigènes furent assassinés. Cela fut l’excuse parfaite pour reprendre militairement la ferme et criminaliser Sabino Romero, qui resta 18 mois en prison accusé d’homicide pour ce fait… Pendant ce temps, les éleveurs de bétail l’accusaient d’être un voleur de bétail et les moyens d’information privés de la région intensifiaient la guerre sale contre la lutte indigène, avec l’appui de leurs alliés à Caracas: le ministre de l’Intérieur et de la Justice, Tareck El Aissami, et la ministre des peuples indigènes, Nicia Maldonado. Et pendant que le chavisme autocratisé faisait distraction sur la lutte indigène avec délations, excuses et spectacles médiatiques chaque 12 octobre, d’autres secteurs du chavisme isolaient Sabino Romero et les yukpas de la solidarité d’autres mouvements sociaux et révolutionnaires indépendants du contrôle de Miraflores, le Palais Présidentiel. La stratégie, depuis tous ces fronts, était réalisée par tous et pour chacun des bénéficiaires de l’économie primaire exportatrice de minéraux et énergie dans le pays.

L’assassinât d’un militant yukpa est déguisé sous des versions officielles qui tentent de cacher les vrais responsables. Ces versions sont amplifiées par le journal officiel Panorama, connu pour ses généreux encarts publicitaires reçus par les corporations de l’État PDVSA, Corpozulia y Carbozulia, et avalisées par les organismes policièrs et militaires, les mêmes qui ont harcelé les communautés indigènes de la Montagne du Perijá en complicité avec les éleveurs de bétail de la zone. Il est très significatif que le plan d’assassinat que Sabino avait dénoncé ait été perpétré maintenant que l’État de Zulia est sous le contrôle politique des bolivariens. Comme dans le cas d’autres militants sociaux assassinés, les scandales médiatiques officiels seront une carte blanche pour l’impunité.

La lutte de Sabino Romero affrontait, de fond, le modèle de développement bassé sur l’extraction et commercialisation de ressources pétrolières, de gaz et de minéraux sur le marché mondial, rôle assigné au Venezuela par la globalisation économique. Le capitalisme pétrolier étatique laisse de côté les conséquences sur le milieu naturel, de même que sur les communautés paysannes et indigènes. La vraie cause de l’arrêt de la démarcation et dévolution des terres indigènes est que dans ces terres se trouvent les ressources minérales pour être exportées. C’est pour cela que la résistance de Sabino était une résistance au modèle extractif. C’est pour cela qu’il fallait le faire disparaitre, de n’importe quelle manière.

C’est pour cela qu’il y a déjà 13 yukpas morts, assassinats restés impunis jusqu’à aujourd’hui. Et comme le démontra le jugement contre les organisations qui apportaient leur appui à cette lutte (Homoetnatura y Provea), Il fallait leur enlever tous les appuis possibles.

Depuis El Libertario, nous dénonçons l’assassinat de Sabino Romero et nous continuerons à diffuser les luttes indigènes et les luttes sociales avec des niveaux d’autonomie. Sabino forme partie maintenant de la liste de combattants assassinés pendant le gouvernement bolivarien pour défendre leurs droits, à coté de Mijaíl Martínez, Luis Hernández, Richard Gallardo y Carlos Requena.

L’unique polarisation sociale et politique que nous les anarchistes nous reconnaissons est celle qui existe entre ceux qui gouvernent et ceux qui obéissent, entre puissants et faibles, patrons et travailleurs, enfin, entre victimes et bourreaux. C’est pour cela que nous ne demanderons rien aux bourreaux. Nous n’attendons rien de leur parodie de Justice, ni des larmes de crocodile des bureaucrates qui ont conduit Sabino à la mort. Comme hier, aujourd’hui et demain, nous continuerons à être mobilisés avec tous ceux qui luttent dans le pays contre le pouvoir, jusqu’au jour où le sang des nôtres pourra être revendiqué publiquement.

Journal El Libertario – www.nodo50.org/ellibertario –

htpp://periodicoellibertario.blogspot.com

04.03.13

Mail, 6 mars 2013 (avec quelques corrections de PN)

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/501.jpgAvec Bachar El-Assad
http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/511.jpgAvec Mouammar Kadhafi
http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/521.jpgAvec Benoît XVI
http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/531.jpgAvec Raúl Castro

Photos compilées sur le Jura Libertaire

L’élevage industriel, combien de morts ?

L’élevage industriel, combien de morts ?

Ne pas se laisser impressionner par la propagande, qui a découvert un joli bouc émissaire dans le scandale de la bidoche. Derrière le rideau de scène, le vrai responsable du massacre est l’élevage concentrationnaire.

C’est un peu Au théâtre ce soir, défunte émission de la télé où les décors étaient de Roger Harth et les costumes de Donald Cardwell. Le scandale en cours de la bidoche de cheval fait revivre les belles heures du théâtre Marigny, mais en plus ringardos, ce qui n’est pas à la portée du premier metteur en scène venu.

Dans le rôle du gogol, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture. Dès  le 11 février, alors que le feu gagne la plaine, il déclare sans s’étouffer : « Je découvre la complexité des circuits et de ce système de jeux de trading entre grossistes à l’échelle européenne ». Le gars est petit-fils de paysan breton, il a un BTS agricole et il a même enseigné plus tard l’économie dans un lycée agricole. Mais il ne sait pas que la viande circule d’un pays à l’autre. Stéphane, même pas drôle.

Mais changeons plutôt de sujet, car on se contrefout que des marlous aient décidé de mettre du cheval dans un plat de bœuf. Dans un monde où Findus appartient à un fonds de pension qui exige 8 à 10 % de rentabilité financière par an, tous les maillons de la chaîne sont appelés à truander pour remplir leurs obligations. Parlons plutôt de ce qui est planqué dessous le sang des bêtes. Pour bien comprendre ce qui va suivre, il faut commencer par un point d’Histoire.

En 1961, Edgard Pisani devient le ministre de l’Agriculture du général de Gaulle. Dans le droit-fil du comité Rueff-Armand, qui entend dynamiter le cadre économique ancien – le libéralisme, déjà – une poignée de technocrates, soutenus par Pisani, décident en toute simplicité une révolution de l’élevage.

L’idée est de profiter de l’avantage comparatif français – 20 millions de bovins et de grandes surfaces de pâturages – pour produire massivement de la viande, laquelle sera exportée dans le Marché commun naissant, et permettra en retour d’investir dans des industries d’avenir. Le plus con, c’est que ce projet va marcher. En février 1965, Pisani est en Bretagne, et sous les vivats, il annonce que la région doit devenir « l’atelier à viande et à lait » de la France. En 1966, une grande loi sur l’Élevage est votée, et tout le monde s’embrasse sur la bouche : l’animal est pleinement devenu une marchandise.

Mais un produit industriel est là pour cracher du flouze, par pour faire plaisir aux amis des animaux. Un système se met en place, à coup de sélection génétique, d’alimentation « scientifique » – une partie viendra des Amériques sous la forme de soja -, de hangars concentrationnaires, de barres métalliques de contention pour interdire au capital de bouger son cul, et bien sûr de produits chimiques. La chimie est au cœur de l’aventure industrielle de la viande.

Vaccins, anabolisants, hormones de croissance, antiparasitaires, neuroleptiques pour calmer les nerfs des prisonniers, et bien entendu antibiotiques sont utilisés chaque jour. Les antibiotiques, dans la logique industrielle, ne sont pas là pour soigner, ou si peu : on a découvert dans les années Cinquante qu’en gavant les animaux avec ces médicaments, on obtenait comme par magie une croissance accélérée de leur poids, et donc des profits.

L’utilisation d’antibiotiques comme facteurs de croissance a été interdite en Europe en janvier 2006, mais cela n’a pas changé grand-chose au programme des réjouissances chimiques. La liste officielle des médicaments vétérinaires autorisés (1) contient des dizaines de substances dont aucune autorité ne connaît les effets combinés. La seule certitude, c’est que certains sont violemment toxiques et rémanents. Ce qui veut dire qu’ils sont stables longtemps, et peuvent, pour certains, entrer dans la chaîne alimentaire.

Par ailleurs, signalons que des études (2) montrent que des restes de médicaments vétérinaires sont retrouvés dans la viande de petits pots destinés aux bébés. C’est affreux ? D’autant que la toxicologie connaît ces temps-ci un ébouriffant changement de paradigme. Pour de multiples raisons impossibles à résumer, il devient hautement probable que d’infimes doses de résidus peuvent avoir un effet délétère sur la santé humaine. Et des mioches encore plus.

Autre folie consubstantielle à l’élevage industriel : les antibiotiques. Au plan mondial, la moitié des antibiotiques produits seraient utilisés dans l’élevage. On ne peut plus s’en passer si l’on veut faire du chiffre. Mais les conséquences sont lourdes, car les bactéries que flinguent les antibiotiques font de la résistance. Au bout de quelques années, elles mutent, et ne sont plus éliminées par l’antibiotique. L’antibiorésistance fait flipper tous les spécialistes, car on ne parvient plus à découvrir de nouveaux antibiotiques au même rythme que mutent les bactéries. Résultat : ça meurt, mais grave. Les infections nosocomiales, celles qu’on chope dans les hostos, font des milliers de morts chaque année en France.

Et l’élevage réclame sa part dans le bilan. Un article hallucinant publié fin 2007 dans le New York Times (3) rapporte que 19 000 Américains sont morts en 2005 d’une infection au SARM (Staphylocoque doré résistant à la méticilline). Plus que le sida, sans déconner. Le SARM compte plusieurs souches, dont une est animale, et prospère dans les élevages industriels de porcs. Elle touche nombre d’éleveurs, ainsi que des vétérinaires. Comme les autorités n’ont pas envie d’un nouveau scandale du sang contaminé, elles ont gentiment diligenté une enquête européenne, en 2008, sur le SARM animal, sous la forme CC398 qu’on retrouve dans les porcheries.

Le résultat des courses fait plaisir à voir. L’Allemagne a retrouvé le CC398 dans 43, 5 % des échantillons analysés. La Belgique dans 40 %. L’Espagne, dans 46 %. L’Italie dans 14 %. Autrement résumé, la France est entourée de voisins chez qui le SARM animal est une grave menace. Mais la France n’annonce que 1,9 % des échantillons contaminés.

On est loin de la viande de cheval ? Très près, au contraire. Tandis qu’on anime le spectacle d’un côté, on compte les morts de l’autre. Vive l’élevage industriel !

(1)    http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000432020&dateTexte=&categorieLien=id (2)     Food Chemistry, 15 juin 2012, Pages 2171–2180 (3)    http://www.nytimes.com/2007/12/16/magazine/16wwln-lede-t.html?_r=0

Vu sur Planète sans visa, 5 mars 2013 (repris du Charlie Hebdo)

[Poitiers] Manif du 5 mars 2013 contre les accords de flexisécurité

NdPN : 1500 à 2000 personnes ont battu le pavé poitevin. Ce qui n’est pas trop mal… compte tenu du creux de mobilisation lié à la couleur du gouvernement, ses complices bureaucrates des centrales syndicales ayant freiné des quatre fers les mobilisations depuis mai dernier. 300 tracts diffusés par Pavillon Noir (FA 86). Grosse présence de flics du renseignement en civil. Une vidéo de la NR ici.

1.500 manifestants contre la « flexisécurité » de l’emploi à Poitiers

Un rassemblement est organisé actuellement dans le centre-ville de Poitiers contre l’accord sur «la sécurisation de l’emploi», à l’appel de la CGT et de FO. Le cortège parti de la Promenade des Cours, vient d’arriver place Leclerc, comprenant 800 personnes selon la police, 1.500 à 2.000 selon les syndicats, auxquels se sont joints l’union syndicale Solidaires et la FSU 86, ainsi que le Parti de gauche, le NPA 86 et la Fédération anarchiste.

Nouvelle République, 5 mars 2013

Pascal Briand :  » Le délai de confiance est passé « 

Mobilisation moyenne mais détermination sans faille contre l’accord sur l’emploi. Les syndicats ont lancé un avertissement sévère au gouvernement.

Ils n’étaient pas côte à côte les deux syndicats qualifiés de « frères ennemis », mais l’un derrière l’autre : la CGT en tête de cortège et FO derrière, qui collait aux banderoles cégétistes. « C’est de la petite histoire tout cela, commente Pascal Briand, secrétaire départemental de la CGT, seul compte la défense des salariés ». Durant le discours, sous les fenêtres du député maire de Poitiers, les deux leaders étaient réunis. Car l’enjeu de cette manifestation dépasse les guerres intestines. Les militants parlent de « recul social historique » sur l’accord national interprofessionnel (ANI) signé le 11 janvier par le Medef et trois confédérations syndicales. « C’est un accord minoritaire qui ne doit pas aboutir à une loi », a affirmé haut et fort Pascal Briand.

Environ un millier de personnes (800 selon la police, 1.500 à 2.000 selon les syndicats) sont venues, hier après-midi, battre le pavé poitevin pour dire non au projet de loi qui, s’il passe, réduirait les indemnités de licenciements, limiterait la durée de prescription pour les recours devant le conseil des prud’hommes, contraindrait les salariés à accepter des baisses de salaires et une mobilité interne forcée, bafouerait le contrat de travail. « Le délai de confiance est passé » pour Pascal Briand, qui a sonné le glas pour le gouvernement. Et renvoyé Ségolène Royal sur le terrain : « Quand je l’entends dire sur France 2 que cet accord est donnant-donnant, dénonce-t-il, il faut être loin du monde du travail pour sortir des inepties pareilles. » Pas davantage de sentiment à l’égard de l’exécutif pour le secrétaire général de FO, Alain Barreau : « Nous sommes en légitime défense et en résistance ». Résistance contre l’austérité. Résistance contre la rigueur. « Rejet et refus total de l’accord scélérat «  compétitivité-flexibilité  » signé entre la CFDT, la CFTC et la CGC et les organisations patronales Medef-CGPME et UPA », promet FO. Dans les rangs, hier, il y avait aussi le Front de gauche. Bref, tous les déçus de la politique de François Hollande.

800 manifestants à Châtellerault

Les salariés de la Coop Atlantique d’Ingrandes, dont la fermeture est prévue en juillet 2014, étaient en tête de cortège, suivi de peu par la Fonderie du Poitou, pour manifester, hier matin à Châtellerault. Les quelque 800 manifestants, actifs et retraités, salariés du privé comme du public, syndicalistes de Force ouvrière, CGT, Solidaire, mais aussi des membres du Front de gauche et du Parti communiste, ont marché sur le boulevard Blossac, avant de remonter le boulevard Victor Hugo, en direction de la gare, sous les slogans « L’ANI à la poubelle », « la guerre sociale est déclarée » ou encore « le changement c’est maintenant ». « Cet accord ne doit en aucun cas être transposé dans la loi par le gouvernement. Ce serait un chèque en blanc fait au patronat », a clamé Philippe Lafa, le secrétaire de FO pour l’hôpital de Châtellerault à la tribune de l’hôtel de ville. « Un véritable recul social pour les salariés et les générations futures », selon Alain Delaveau, secrétaire de l’union locale CGT.

Nouvelle République, 6 mars 2013

[Civaux – Fukushima] Désastre nucléaire durable

Une écologiste à Fukushima : voyage au bout de l’enfer

Conseillère régionale verte, Hélène Shemwell a fait le déplacement au Japon sur les lieux de la catastrophe nucléaire du 11 mars 2011. Carnet de bord.

Hier, Hélène Shemwell a bouclé l’assemblée générale de la commission locale d’information de la centrale de Civaux. De son déplacement à Fukushima avec une délégation française mi-décembre, la conseillère régionale verte a ramené un récit saisissant et des images poignantes.

> Suicides. « Autour de la centrale, une zone est strictement interdite. La zone 1, où nous avons pu pénétrer en bus, est inhabitable pour une durée indéterminée. Le plus frappant, c’est d’y voir toujours des voitures, des amoncellements de tôles. Mais en raison du taux de radioactivité, on ne peut plus toucher aux déchets. En zone 2, les gens ont été évacués, pas les animaux familiers, laissés sur place. On s’y est promenés en masque et combinaison. Pourtant, on voit des ouvriers travailler pour mettre la terre polluée dans des sacs, disséminés ensuite dans tout le pays. Inquiétant. Les habitants ignorent s’ils pourront revenir un jour chez eux et les suicides sont légion. » > Pestiférés. « La population a été maintenue dans la zone 3 mais il ne reste que les plus modestes. Les plus aisés sont partis ailleurs. Les enfants, privés de récréation, sont censés sortir une demi-heure par jour seulement. En tant que mère et grand-mère, c’est ce qui me touche le plus. Des excursions sont organisées une ou deux fois par mois pour qu’ils puissent être en contact avec la nature. A l’école, les enfants évacués déclarant venir de Fukushima sont considérés comme des pestiférés. » > Fukushima à Civaux ? « La zone interdite irait jusqu’à Valdivienne et Mignaloux. Chasseneuil et Buxerolles seraient touchés. En zone 2, il faudrait évacuer tous les habitants de Poitiers, Neuville ou Mirebeau. » > Catastrophe bis. « Sur place, nous avons vécu un petit séisme de magnitude 5. Le pays s’attend à un très fort séisme dans les mois à venir. Il paraît que si d’ici-là, le combustible de la piscine du réacteur 4 de la centrale Fukushima n’était pas mis à l’abri, le Japon pourrait ne plus être là. » > Conclusion. « L’histoire de Fukushima, elle ne fait que commencer et va durer des siècles. Alors, comprenez notre inquiétude. »

Jean-François Rullier, Nouvelle République, 6 mars 2013

NdPN : voir aussi cet article sur le stockage désastreux des déchets nucléaires en Allemagne.