Archives de catégorie : Ni patrie ni frontière

Deux articles à propos de Monsanto

NdPN : deux nouveaux articles sur des victimes de Monsanto, entrées en lutte. L’un sur un agriculteur charentais, aujourd’hui malade, qui est revenu du mirage tout-chimique : il lutte juridiquement contre le géant agro-industriel. L’autre sur les paysans colombiens révoltés contre l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis, qui contraint les paysans à cultiver des « semences certifiées » et les punit s’ils ont l’outrecuidance de semer leurs propres graines. Pour un topo plus complet sur la situation en Colombie, voir cette compilation d’articles sur le Jura Libertaire.

Sortir des pesticides : Paul François, l’insoumis à Monsanto

Céréalier en Charente, Paul François a baigné dans l’agriculture intensive. Victime d’un accident lors de la manipulation d’un herbicide, l’agriculteur attaque son fabricant, Monsanto. Et gagne le procès en première instance. L’homme qui fait vaciller le géant de l’agrochimie n’est pourtant pas encore sorti des pesticides. Critiqué par ses pairs pour ne pas s’être converti au bio, soucieux de maintenir son rendement, il expérimente aujourd’hui des alternatives au tout chimique. Portrait d’un agriculteur au parler-franc.

Rien ne prédestinait Paul François à devenir un contestataire de l’agriculture intensive avec son lot de produits chimiques. C’est à Bernac, en Charente, que ce céréalier âgé aujourd’hui de 49 ans, a repris l’exploitation gérée par son père. « Un peu par défaut, confie t-il, avant que ça ne devienne une passion ». Durant des années, il mise sur « le tout chimique ». Il utilise massivement des engrais de synthèse, irrigue à tout-va pour le maïs. « Cela collait bien aux valeurs de l’entrepreneur et du travailleur, j’avançais ». Très vite, sa ferme s’agrandit. Ils sont aujourd’hui quatre, deux associés et deux salariés, à vivre sur un peu plus de 400 hectares, essentiellement en blé et maïs. Une grosse exploitation.

Lui-même n’imaginait pas qu’un jour, il troquerait une partie des produits de synthèse contre des purins de plantes. « Quand j’étais dans mon agriculture intensive, le purin d’ortie me faisait sourire. Puis quand on comprend les conséquences des molécules chimiques, on se dit que c’est peut-être avec ça que l’on a envie de travailler ». Il est fier désormais de pouvoir croquer le grain de blé qui sort de chez lui, d’en donner à ses poules et de manger leurs œufs. Sans danger. « Je me sens mieux dans ma peau de paysan, même si je sais que j’ai encore énormément d’efforts à faire pour ne plus avoir d’impacts sur l’environnement ».

Une prise de conscience progressive…

Avant d’en arriver là, Paul François et son associé ont commencé à réduire l’usage des produits phytosanitaires dès les années 90. La moitié de la surface est alors consacrée à des monocultures de maïs irriguées. « On cherchait à réduire nos coûts, c’était une démarche purement économique », précise t-il. Ils rencontrent d’autres agriculteurs ayant eux aussi réduit l’usage des produits chimiques mais pour d’autres raisons, notamment environnementales. « On a pris conscience petit à petit qu’il existait d’autres techniques ».

Au même moment, ils constatent des problèmes de texture du sol. « Il n’y avait plus de vie dans le sol, les rendements stagnaient. Plein de choses nous inquiétaient. »  Les rotations entre le blé et le colza semblent trop courtes. Ils décident donc de modifier leurs « façons d’exploiter » et commencent à rapporter de la matière organique dans les sols, du fumier en particulier. « Pour l’anecdote, il a fallu dix ans pour revoir du vivant dans le sol, comme les vers de terre. Cela avait quasiment disparu. »

… avant « l’accident »

Et puis il y a eu ce qu’il nomme « l’accident ». Suite à une mauvaise « manip », il inhale du monochlorobenzène, un composant du Lasso, cet herbicide fabriqué et commercialisé par le géant Monsanto. Nous sommes en 2004. Amnésie, insuffisance respiratoire, problèmes d’élocution, nausées, évanouissements… De cette intoxication « aigüe », il souligne « ses neuf mois d’absence de l’exploitation et ses 5 mois d’hospitalisation ». En 2005, Paul François demande la reconnaissance en maladie professionnelle. Cinq ans de procédure seront nécessaires avant qu’il ne l’obtienne. « A un moment donné, j’avais pris conscience qu’il y avait peut-être un danger pour l’environnement, mais bizarrement j’avais sous-estimé que je mettais moi-même et mes proches en danger. Un déni ? »

Déterminé, Paul François lance une procédure en responsabilité civile contre Monsanto. Et remporte une première bataille. « Monsanto est responsable du préjudice de Paul François suite à l’inhalation du produit Lasso », expose ainsi le jugement rendu le 13 février 2012 par le tribunal de grand instance de Lyon. Selon Me Lafforgue, Monsanto aurait manqué à son « obligation d’information » en ne détaillant pas la composition du produit sur l’étiquette, et en n’avertissant pas des risques liés à l’inhalation, ni de l’obligation de porter un masque. Sans surprise, la firme a fait appel. Et Paul prépare la suite. « Ils sont en train de vouloir retourner la situation, ce serait moi qui aurait tenu des propos diffamatoires ». Mais il tient bon. Certes, la médiatisation n’est pas toujours facile « malgré les apparences ». « Mais le point positif , ajoute t-il, c’est qu’elle aura permis à des agriculteurs de se dire « peut-être que je suis moi aussi victime… » ».

Double peine

Isolés, des agriculteurs se sont progressivement rapprochés de Paul François. Qui répète à l’envi qu’il ne serait pas là où il en est s’il avait été seul. Ensemble, ils créent l’association Phyto-Victimes en mars 2011 pour briser l’omerta sur le sujet. « La FNSEA ne veut pas dire que la chimie peut nous empoisonner et nous tuer, souligne Paul François. Le monde agricole et ses représentants syndicaux n’ont pas voulu s’investir sur ce dossier-là » lâche t-il, avant que le téléphone ne sonne à nouveau. C’est une nouvelle demande d’interview, suite à la parution d’une étude de l’Inserm reconnaissant les effets des pesticides sur la santé. « Plus que jamais nous avons une légitimité », résume t-il.

Paul François a toutefois une crainte, celle de la double peine. « Certains d’entre nous vont être malades, certains vont en crever, et ils pourront aussi être accusés. Demain, on ne pourra plus dire que l’on ne savait pas. » A ses yeux, il faut prendre ses responsabilités dès maintenant. Mais il n’est pas passé au bio pour autant. « La première raison c’est que l’agriculture biologique est beaucoup plus difficile et technique que l’agriculture que j’ai pratiquée ». Du fait de ses séquelles, il sait qu’il devra peut-être s’arrêter de travailler du jour au lendemain, et il ne veut pas laisser son associé et ses salariés « dans la panade ». Néanmoins, il estime qu’ « il faut faire tout ce qui est possible pour développer le bio, à commencer par la formation des jeunes ».

Enlever les produits dangereux

« En attendant de faire mieux, de faire bio, il faut pouvoir produire et que chaque consommateur, y compris celui qui vit avec les minimas sociaux, puisse se nourrir sans se mettre en danger ». Lui et son associé ont donc fait le choix d’aller vers une autre agriculture, « de façon progressive » insiste t-il. Il est impératif pour lui de maintenir son rendement « tout en faisant un blé qui soit le plus sain possible, avec des méthodes ayant le moins d’incidence sur la santé ». Avec leur coopérative, ils ont commencé par ne plus employer toutes les molécules classées « risques cancérigènes, cancérigènes avérés ou mutagènes ». Et il se réjouit que ses rendements et sa marge économique soient largement aussi bons que certains de ses collègues qui continuent à utiliser de l’isoproturon, un herbicide.

Il ne se fait toutefois pas d’illusion quant au résultat du plan Ecophyto, lancé en 2008, visant à réduire de 50 % les pesticides en dix ans. Alors que les volumes consommés ont augmenté entre 2009 et 2011, il interroge : « Même si on atteint 20 % de bio en 2020, que fait-on des 80 % qui, dans l’Eure ou la Beauce, continuent à produire n’importe comment ? Les nappes se rejoignent toutes à un moment donné et l’air ne connait pas de frontières. » Paul François propose que l’on commence par retirer du marché tous les produits dangereux, cancérigènes et mutagènes notamment, d’ici 2018. « Et qu’on arrête de dire que la production serait mise en danger ! »

Faire primer l’agronomie sur la chimie

Son lien au sol a aussi changé. Il ne s’interdit pas l’utilisation de molécules de synthèse, mais la chimie n’arrive qu’en dernier recours. « On s’est rapprochés notamment de nos collègues éleveurs et on fait des échanges de bons procédés : je leur fournis la paille et eux me fournissent du fumier. » De quoi lui faire économiser 30 tonnes d’engrais de synthèse en 2012. Les temps de rotations entre les cultures ont été réduits et les cultures qui permettent d’enrichir naturellement le sol en nitrates, telles que l’avoine ou le trèfle, ont été développées. Une approche agronomique qui lui aurait fait diviser par deux l’utilisation de pesticides.

Sa recherche d’alternatives l’a conduit à expérimenter des semences adaptées à son terroir. « On avait oublié de nous dire que les semences fournies devaient être biberonnées aux fongicides ».  Depuis le printemps 2013, Paul François a également décidé d’expérimenter des purins de plantes, de fougères notamment, sur une partie de son exploitation. Avec l’aide d’un membre de l’association pour la promotion de ces préparations naturelles (Aspro-PNPP), il observe les résultats sur plusieurs hectares de maïs, de colza, de blé dur et de betteraves. Sur le colza traité à l’extrait d’ail, il constate qu’il n’y a pas eu d’attaques de charançons, des insectes ravageurs.

Produire autrement

Considère t-il qu’il encourt un risque avec ces extraits végétaux ? « Pas davantage qu’avec les produits chimiques aujourd’hui pulvérisés et sur lesquels on n’a pas de recul », assène t-il. « Avant que le purin d’ortie ne provoque un cancer, il y a encore du chemin à faire ». Aujourd’hui, Paul François veut poursuivre ce protocole d’essais avec des préparations naturelles à plus grande échelle. « On essaie car on a besoin de solutions. »

S’il explore des pistes de sortie du tout chimique, il est conscient qu’il ne pourra pas compter sur l’aide de la chambre d’agriculture du département pour le faire. « Ils sont indécrottables », regrette t-il. Son exploitation peut apparaître paradoxale. Certains lui reprochent d’aller trop vite, d’autres trop lentement. « Mais je reste droit dans mes bottes. Il y a des choses que le monde agricole doit entendre ». Pas bio, pas vraiment de gauche, il n’avait pas le profil pour attaquer les lobbys de l’agrochimie. Lui estime n’avoir plus rien à perdre. « Mon pronostic vital a déjà été engagé trois fois ». Et sa liberté de parole, il y tient dur comme fer.

Sophie Chapelle, Bastamag, 3 septembre 2013

Coup de gueule

Ce soir je suis en colère, et je l’assume. Comme l’a écrit le philosophe, écrivain, et poète,  George Bataille :

« Le cœur est humain dans la mesure où il se révolte ».

L’humanité va crever de l’indifférence, des discours mous-du-genou, de l’incapacité des pauvres bipèdes que nous sommes à nous lever pour arrêter la barbarie et  défendre la vie.

Ce soir je suis en colère car j’ai reçu des nouvelles terribles de Colombie. Et ces nouvelles nous concernent tous !

Je les résume en quelques mots : la Colombie a signé un « accord de libre échange » avec les États Unis qui est récemment entré en vigueur. Cet accord contient une clause qui oblige les paysans à cultiver des « semences certifiées », c’est-à-dire produites par les « sélectionneurs » comme … Monsanto ou Syngenta.

Pour remplir cette « clause », l’Institut agroalimentaire colombien a publié un texte – la résolution 970- qui menace d’amendes et de poursuites judiciaires tout paysan qui continuerait de faire ce qu’il a toujours fait : garder  une partie de sa récolte pour ensemencer ses champs.

Depuis le 19 août, des dizaines de milliers de Colombiens – paysans, étudiants, mineurs, chauffeurs routiers, médecins- se sont lancés dans les rues pour dénoncer cette violation d’un droit humain fondamental : celui de se nourrir soi-même.

De violents affrontements ont eu lieu à Bogota, où le président Santos a déclaré le couvre-feu et mobilisé 50 000 membres des forces armées et de la police militaire pour « mater les vandales » et défendre la loi d’airain imposée par Monsanto et consorts.

Je connais bien la Colombie : cet immense pays à l’extraordinaire biodiversité a la capacité de nourrir sa population,  s’il laisse ses paysans faire leur travail. Pour cela, il leur faut de la terre, et la majorité d’entre eux en est privée. Si maintenant, on les empêche de sélectionner leurs graines, c’en est fini de l’agriculture vivrière colombienne.

Comme ce fut le cas au Mexique après l’entrée en vigueur de l’Accord de libre échange nord-américain (l’ALENA), le pays sera envahi par les produits agricoles bas de gamme et subventionnés des États Unis, les magasins Walmart et autres chaînes de discount qui pousseront à la rue des millions de petits paysans.

J’invite tous ceux et celles qui me lisent à regarder le reportage “Les déportés du libre échange” que j’ai consacré à l’ALENA, et qui a été diffusé sur ARTE en février 2012 . Je l’ai mis en ligne sur mon site web, et on peut aussi le trouver comme bonus sur le DVD des Moissons du futur :

http://www.mariemoniquerobin.com/deportesdulibreechangeextrait.html

Vous trouverez sur ce Blog d’autres billets concernant l’ALENA ainsi que des extraits du chapitre que je lui ai consacré dans mon livre Les moissons du futur. Ce soir, je mets en ligne un autre extrait de ce chapitre (voir ci-dessous).

Par ailleurs, je rappelle que l’Union européenne s’apprête à négocier un accord de libre échange avec les États Unis, dont j’ai aussi commenté les effets dévastateurs qui ne manqueront de s’abattre sur le vieux continent (voir aussi sur ce blog).

C’est pourquoi j’ai accepté de prêter mon image et mon nom à une affiche réalisée par le Collectif des Engraineurs qui s’est associé à la campagne qu’ATTAC et d’autres organisations ont décidé de lancer dès l’automne. Rejoignez-les !

affiche TAFTA

 Vu sur le blog de Marie-Monique Robin, 31 août 2013

[DAL 86] Squat de Croutelle : La préfecture doit assumer ses responsabilités !

Squat de Croutelle : La préfecture doit assumer ses responsabilités !

Les familles du squat de Croutelle sont assignées en référé mercredi 21 août 2013 à 10h au Tribunal d’Instance, 21 rue Saint Louis à Poitiers.

Une assignation indigente, plutôt bâclée de la préfecture qui ne justifie ni l’urgence de l’expulsion ni la nécessité de l’expulsion elle-même. La maison a été acquise par l’Etat le 23 août 2011 soit il y a deux ans et est à l’abandon depuis. La préfecture a précisé par voie de presse que « si cette maison est la propriété de l’État, c’est pour la détruire afin de laisser passer des aménagements routiers ». Certes mais quand et pour quel projet ? Donc aucune urgence à expulser !

D’autre part, la préfecture ne se base que sur le fait que le service France Domaine est « propriétaire » et « le pavillon vient d’être envahi de roumains de façon illicite » qui seraient entrés par effraction. Le droit de propriété et des propos renvoyant plus ou moins consciemment à des préjugés discriminatoires voire stigmatisants, c’est tout ce que la préfecture a trouvé pour expulser ces personnes en difficultés.

De qui se moque la préfecture quand on sait qu’il y a dans ce squat, comme le précise le constat d’huissier, 5 familles et 17 enfants ? Enfants qui sont âgés de quelques jours à 16 ans.

De qui se moque la préfecture quand on sait que c’est elle qui doit mettre en œuvre la circulaire du 26 août 2012 c’est-à-dire qui doit 1- Mobiliser les services de l’Etat et les acteurs locaux concernés dès qu’elle a connaissance de l’installation d’un campement, 2- Procéder à l‘établissement d’un diagnostic, 3- Mettre en place un accompagnement.

De qui se moque la préfecture quand on sait qu’au lieu de cela, non seulement elle a fait murer la semaine dernière trois autres maisons voisines appartenant elles aussi à l’Etat qui auraient très bien pu servir à loger des personnes en difficulté, non seulement elle est intervenue auprès de la Sorégie pour qu’elle ne leur ouvre pas un compteur électrique, bafouant aussi leur droit à l’électricité, mais assigne au tribunal pour les expulser les personnes dont elle doit s’occuper.

De qui se moque la préfecture quand on sait que c’est elle qui s’est bien gardée de mettre tout en œuvre pour respecter cette circulaire du 26 août 2012 lorsque ces mêmes familles étaient dans un campement de cinq caravanes à Chasseneuil-du-Poitou ?

De qui se moque la préfecture quand on sait que ces mêmes familles en ont été virées comme des malpropres par une ordonnance sur requête du propriétaire du terrain la SAS QUARTZ PROPERTIES dont le siège social se trouve 7 rue de l’Amiral d’Estaing, 75116 Paris, rendue le 2 juillet dernier par Mme Gracieuse Lacoste, présidente du Tribunal de grande instance de Poitiers et tamponnée du TGI le… DIMANCHE 21 juillet et sans que la préfecture ne lève le petit doigt pour appliquer là encore la circulaire du 26 août 2012 ?

De qui se moque la préfecture quand on sait que l’hébergement d’urgence et le SIAO sont gravement déficients et défaillants sur Poitiers, qu’il n’y a que 25 places au CHUS plus deux places au Foyer Carrefour, toutes occupées, et qu’il y a presque une centaine de personnes dans les trois squats, sans compter la dizaine de personnes qui couche devant le CHUS tous les soirs ?

Le scandale est là ! Et il n’est pas, loin s’en faut, dans le fait que des « roumains » aient osé « envahir » une maison vouée à la destruction et inoccupée depuis 2 ans !

Cette maison appartenant l’Etat est une solution simple qui pourrait permettre de commencer sereinement la mise en œuvre de la circulaire du 26 août 2012. C’est une solution simple aux difficultés que vivent ces familles. Pourquoi la préfecture ne commencerait pas sa prise en charge en stabilisant la situation en contractant avec elles un bail précaire ? Ces familles ne demandent rien d’autre pour le moment. Elles sont capables de payer leur eau et leur électricité et il faut simplement les laisser un peu tranquilles afin qu’elles puissent subvenir à leurs besoins toutes seules.

Tous au tribunal d’instance de Poitiers le 21 août pour soutenir les familles et, non seulement exiger avec elles l’arrêt des procédures et du harcèlement, mais exiger le respect de leurs droits.

DAL86dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56

Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h et tous les mardis soirs de 17h à 18h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

Vu sur DAL 86, 18 août 2013

[DAL 86] Lamentable : la préfecture expulse Radu

Lamentable : la préfecture expulse Radu

Nouveau mensonge du secrétaire général de la préfecture de la Vienne M. Séguy qui avait déclaré au journal du 13 mai 19h de France 3 Poitou-Charentes qu’il « n’expulsera pas les roms par avion dans leur pays ». Après Florin, qui habite au squat des Glières avec ses deux enfants de 4 et 8 ans et leur mère qui avait été arrêté mardi 11 juin à la gare de Poitiers et expulsé vendredi 14 juin par avion en Roumanie, hier Radu, un autre père de famille du squat des Glières, a été arrêté par la police et envoyé en centre de rétention à Paris d’où il sera expulsé vers la Roumanie. Il laisse à Poitiers sa femme et ses deux enfants de 4 et 5 ans.

La logique de la préfecture est scandaleuse. D’un côté, – ce qui est une belle avancée -, suite à l’ordonnance d’expulsion du squat des Glières prononcée le 7 juin, le préfet de la Vienne a écrit à la famille le 14 juin (jour de l’expulsion de Florin vers la Roumanie !) qu’il mandate la Croix Rouge “afin qu’une évaluation sociale de la situation de la famille soit effectuée“. Le 21 juin, la Croix Rouge a envoyé une lettre recommandée à la famille concernant la « prise en compte de sa demande de relogement » pour l’inviter à prendre contact avec le SIAO et d’avoir « la possibilité de rencontrer une assistante sociale afin d’évaluer ses besoins et ses droits ». Mais d’un autre côté, elle expulse des pères de famille, les deux seuls hommes du squat. L’expulsion de Radu est d’ailleurs, un sale coup porté à la famille du squat des Glières. Car il est le seul à avoir le permis de conduire et à pouvoir trouver à manger en particulier en faisant les poubelles. Elle arrive à un moment de fragilité où la mère de famille se fait opérer et est hospitalisée. Sa fille qui parle le mieux le français reste auprès d’elle à l’hôpital et ne faisant plus la manche, c’est toute la stabilité économique de cette famille qui est mise à mal.

Halte à cette tentative de déstabilisation du squat des Glières

Halte aux expulsions

Nous appelons donc au soutien et à la solidarité. Merci de leur apporter de la nourriture. Merci de leur faire un don même minime. Merci de venir les voir pour les assurer de votre soutien.

Vu sur DAL 86, 30 juin 2013

[DAL 86] Lettre du Dal86 au préfet de la Vienne 24-06-13

Lettre du Dal86 au préfet de la Vienne 24-06-13

Droit Au Logement 86 Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc 86000 POITIERS dal86@free.fr – www.dal86.fr

à Monsieur le Préfet de la Vienne Préfecture 1 place Aristide Briand 86000 POITIERS

Poitiers, le 24 juin 2013

Monsieur le préfet de la Vienne,

une délégation d’Europe Écologie-Les Verts que vous avez reçue le 30 mai dernier, nous a informé que vous étiez prêt à recevoir, dans le cadre de l’application de la circulaire interministérielle NOR NTK1233053C du 26/08/2012 relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites, une délégation de trois associations accompagnant les Roms en grande précarité dont Dal86.

Nous ne voulons pas perdre du temps à discuter alors que vous avez tous les éléments en main et nous ne voulons pas servir d’alibi à cette politique hors la loi et inhumaine que nous réprouvons. Les lois existent et il vous faut les appliquer.

Vous n’êtes pas sans connaître les carences du 115 et du SAIO, et l’indignité du CHUS. D’abord, l’accueil inconditionnel et pérenne prévu par la loi est très déficient. Puisqu’il n’y a que 27 places d’accueil d’urgence sur Poitiers, les refus, aussi bien de personnes seules que de familles, sont nombreux et si les femmes et les enfants hébergés le sont tous les soirs, le manque de places fait que les hommes « tournent » et ne sont hébergés qu’un jour sur deux voire, qu’un jour sur 3 ou 4.

Ensuite, malgré la loi qui prévoit un « accueil digne », les locaux du CHUS sont très vétustes et la vie en dortoirs sépare les couples et les familles. Les personnes et les familles doivent sortir à 10h30 le matin et ne pas y revenir avant 16h15 et pas après 21h, et, malgré la loi qui, outre le gîte et l’hygiène, prévoit le couvert, il n’y a pas de repas servis le soir ni a fortiori le midi.

Enfin, le SIAO est asphyxié par le nombre des demandes et ne permet pas comme la loi y oblige une orientation « vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation ».

D’autre part vos services, les travailleurs sociaux et les associations subventionnées, connaissent parfaitement les dossiers des personnes.

Nous pensons que maintenant il faut des actes. Dal86 milite pour un toit pour tous. En particulier pour un 115-CHUS et un SIAO efficaces et dignes. Précisément, pour une prise en charge inconditionnelle et pérenne – c’est-à-dire, un logement décent et les moyens de vivre dignement – de toutes les familles et personnes seules qui le nécessitent, comme la loi le prévoit.

Dans un premier temps, Dal86 ni ne voulant ni ne pouvant se substituer aux familles, voulait vous transmettre leur invitation à venir les rencontrer sur place afin de constater la situation et de leur faire des propositions concrètes de logement, mais aussi afin qu’elles puissent vivre dignement.

Mais aujourd’hui ce n’est plus possible. Vous aviez, monsieur Séguy, précisé au journal du 13 mai 19h de France 3 Poitou-Charentes que vous « n’expulserez pas les roms par avion dans leur pays ». Or, mardi dernier 11 juin, Florin, qui habite le squat des Glières avec ses deux enfants de 4 et 8 ans et leur mère, est contrôlé à la gare de Poitiers par la police puis conduit au commissariat. On lui signifie qu’il a une OQTF et il est envoyé à Paris en centre de rétention et a été expulsé vendredi 14 juin par avion en Roumanie.

Les familles ne voient donc pas l’intérêt qu’elle auraient à rencontrer quelqu’un qui ment de la sorte.

Dal86 considère que l’une des premières choses à faire serait de réquisitionner les logements vacants en particulier l’ex-foyer l’Etape et la maison du 26 avenue du plateau des Glières et de donner les moyens à ces familles et personnes seules de s’organiser ensemble.

Cordialement,

DAL86

Vu sur DAL 86, 24 juin 2013

[Brésil] Le gouvernement PT cible les anarchistes à Porto Alegre

Brésil : le gouvernement PT cible les anarchistes à Porto Alegre

Par la Federação Anarquista Gaúcha

La police fédérale a mis à sac le siège de la Federação Anarquista Gaúcha (FAG), à Porto Alegre. Voilà où en est le gouvernement de « gauche » de Brasilia, après dix ans de politique néolibérale.

L’après‐midi du jeudi 20 juin 2013 , entre 12 et 15 agents, non identifiés mais portant des gilets et des vestes de police et en se présentant comme des agents de la police fédérale, sont entrés et ont perquisitionné l’athénée Batalha da Várzea, l’espace politique et social de la Fédération Anarchiste Gaúcha (FAG), située travessa dos Venezianso. Ils se sont également emparés d’une partie du matériel.

Les agents n’ont pas montré d’ordre de perquisition aux voisins qui se sont inquiétés de savoir ce qui se passait. Par ailleurs, dans la matinée, des agents, également cachés, ont tenté d’appréhender une camarade à son domicile.

La FAG est une organisation politique vieille de 18 ans. Au cours de ces années, nous ne nous sommes jamais cachés et nous avons toujours maintenu le caractère public de nos espaces, dans lesquels nous menons de nombreuses activités d’ordre politique et culturel, ainsi que notre action politique.

L’athénée est un espace où, ces trois dernières années nous nous sommes tenus à ces activités, en maintenant une bibliothèque publique et en réalisant des activités périodiques.

Nous souhaitons rappeler aussi qu’en octobre 2009, notre ancien siège (situé à Lopo Gonçalves) avait aussi était envahi par la police civile sur ordre du gouverneur de l’époque, Yeda Crusius, suite à une affiche sur laquelle nous la tenions pour responsable de la mort du militant du Mouvement des sans terre (MST) Elthon Brum à San Gabriel. À cette occasion, tout le matériel de notre siège avait été saisi, y compris les poubelles.

Cette fois, après les nombreuses « rumeurs urbaines » publiées par RBS [1] nous accusant d’être des sociopathes, on nous accuse de planifier, avec l’aide de militants étrangers, une guérilla urbaine : on voit là un motif très net pour semer la panique et appeler la répression contre notre action.

Les provocations et mensonges développés par la presse réactionnaire ou la répression employée par les appareils policiers de l’état bourgeois ne sont pas des nouveautés pour nous. Depuis nos débuts en tant que courant politique, nous avons été la cible de l’acharnement répressif du patronat agissant main dans la main avec l’Etat.

Durant plus d’un siècle, nous avons résisté à ces lâches attaques, sans jamais baisser ni nos têtes, ni nos poings et ce n’est pas ce nouvel épisode qui affaiblira notre combativité.

Nous dénonçons enfin le gouvernement municipal, provincial et fédéral, tous responsables de cette lâche attaque contre notre organisation. Il ne nous intimiderons pas et nous continuerons en employant tous nos efforts pour la construction d’un mouvement populaire combatif qui organise les opprimés de ce pays et leurs légitimes revendications.

No Pasarán !!!

À bas la répression contre ceux qui luttent !!!

Federação Anarquista Gaúcha, le 20 juin 2013

[1] Une des principales entreprises multimédia du pays.

Vu sur Alternative Libertaire, 25 juin 2013

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[Brésil, communiqué] Vive la lutte du peuple brésilien contre la corruption capitaliste ! (fr, pt)

Vive la lutte du peuple brésilien contre la corruption capitaliste !

Depuis bientôt deux semaines un mouvement sans précédent de contestations et d’émeutes secoue au Brésil le pouvoir qui se trouve entre les mains d’un prétendu « Parti des travailleurs ».

La hausse du prix des transports publics a provoqué la colère des Brésiliens, mais la contestation était plus profonde, et elle s’est transformée en une critique de la classe politique dans son ensemble à la suite des scandales de corruption. La facture de la Coupe du monde de football, estimée à 11 milliards d’euros, a rappelé au peuple brésilien qu’il manquait plutôt d’écoles et d’hôpitaux que de stades de football.

L’annonce de la baisse des prix des transports n’a pas désamorçé la colère de la population : les manifestations se sont étendues à l’ensemble du pays. En un an, le prix des tomates a grimpé de 96%, celui des oignons de 70% ; le riz a augmenté de 20% et le poulet de 23%.

Nous n’oublions pas que le capitalisme français, à travers l’entreprise GDF-Suez, contribue à la situation catastrophique du Brésil avec le projet de barrade de Jirau, socialement et écologiquement dévastateur.

La fédération anarchiste francophone tient à assurer la classe ouvrière brésilienne, le peuple brésilien et l’ensemble du mouvement libertaire brésilien de sa sympathie et de son soutien en cette période de lutte intense contre le régime capitaliste corrompu.

A une époque où commence à apparaître une contestation généralisée du système capitaliste à l’échelle de la planète, où la population turque livre un combat héroïque contre le pouvoir en place, la solidarité internationale est un impératif de plus en plus urgent.

Nous réaffirmons la nécessité d’une organisation internationale des libertaires pour mener plus efficacement le combat ensemble.

Fédération Anarchiste francophone, 21 juin 2013.


[versão em português]

Viva a luta do povo brasileiro contra a corrupção capitalista !

Por quase duas semanas um movimento sem precedentes de protestos e tumultos abala no Brasil o poder que está nas mãos de um suposto « Partido dos Trabalhadores ».

O aumento do preço dos transportes públicos causou a raiva dos brasileiros, mas o protesto era mais profundo, e se transformou em uma factura para a Copa do Mundo de futebol, estimado a 11 bilhões de €, lembrou ao povo brasileiro que faltava-lhe escolas e hospitais, ao invés de estádios de futebol. O anúncio da redução dos preços de transporte não desativou a raiva da população : os protestos espalharam-se por todo o país.

Num ano, preços dos tomates aumentou de 96%, os da cebolas de 70% ; arroz aumentou 20% e o frango de 23%. Não esquecemos nós que o capitalismo francês, através da empresa GDF-Suez, contribuiu a situação catastrófica no Brasil com o projeto da barragem de Jirau, socialmente e ecologicamente devastador.

A Federação Anarquista Francófona deseja assegurar a classe trabalhadora brasileira, o povo brasileiro e todo o movimento libertário brasileiro de solidariedade e apoio neste momento de intensa luta contra o sistema capitalista corrupto.

Numa altura em que começam a surgir um desafio geral para o sistema capitalista à escala mundial, onde a população turca entrega uma luta heróica contra os poderes constituídos, a solidariedade internacional é uma exigência ainda mais urgente.

Reafirmamos a necessidade de uma organização internacional de libertários para efectuar mais eficientemente o combate conjuntamente.

Federação Anarquista Francófona, 21/06/2013