Archives de catégorie : Répression

Dérapage syndical : La FNSEA expulse des gens du voyage avec du lisier

La FNSEA expulse des gens du voyage avec du lisier

Opération « Récupérons nos terres ! ». Le 17 juin, une cinquantaine d’agriculteurs et d’élus locaux sont venus « déloger » des familles de gens du voyage, qui occupaient un bout de terrain d’une exploitation agricole, dans le canton de Houdan. Avec une méthode pour le moins expéditive : ils y ont déversé du lisier.

Cette action était organisée par la Fédération départementale des Syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) des Yvelines et la Chambre d’agriculture d’Ile-de-France. « La prise en otage régulière de l’outil de travail des agriculteurs contraint ceux-ci à réagir », explique le communiqué du syndicat, qui appelait à venir « soutenir l’exploitant agricole envahi par les 70 caravanes qui se sont appropriées l’espace ». En déversant « 3 citernes de lisier de 10 mètres cube chacune ».

Les caravanes étaient installées depuis une quinzaine de jours sur une parcelle en friche. Mais le campement avait empiété sur des zones cultivées. Un arrêté d’expulsion avait été pris. Ce qui n’empêche pas le syndicat de dénoncer, « une fois de plus », « l’inertie de l’administration, qui ne remplit pas son rôle de protection de la propriété privée et qui, par là même, cautionne la transgression des lois. »

C’est à l’État et aux collectivités locales de gérer la situation, répondent des associations travaillant avec les gens du voyage [1]. Et non à une organisation syndicale de « jouer les auxiliaires de police en faisant justice elle-même », par une action « moralement scandaleuse et syndicalement irresponsable » [2]. Une telle réaction contre les gens du voyage ne fait « qu’exacerber la haine dans notre société et terni l’ensemble de la profession agricole », dénonce le collectif. La FNSEA, et son président Xavier Beulin, n’ont pas commenté ce dérapage syndical.

Notes

[1] Minga, URAVIF (Union régionale des associations pour la promotion et la reconnaissance des droits des Tsiganes et Gens du voyage en Île-de-France) et HALEM (Habitants de Logements Éphémères ou Mobiles). Lire leur communiqué.

[2] Ce type d’action a malheureusement des précédents. Lire ici.

Agnès Rousseaux, Bastamag, 26 juin 2013

[Brésil] Le gouvernement PT cible les anarchistes à Porto Alegre

Brésil : le gouvernement PT cible les anarchistes à Porto Alegre

Par la Federação Anarquista Gaúcha

La police fédérale a mis à sac le siège de la Federação Anarquista Gaúcha (FAG), à Porto Alegre. Voilà où en est le gouvernement de « gauche » de Brasilia, après dix ans de politique néolibérale.

L’après‐midi du jeudi 20 juin 2013 , entre 12 et 15 agents, non identifiés mais portant des gilets et des vestes de police et en se présentant comme des agents de la police fédérale, sont entrés et ont perquisitionné l’athénée Batalha da Várzea, l’espace politique et social de la Fédération Anarchiste Gaúcha (FAG), située travessa dos Venezianso. Ils se sont également emparés d’une partie du matériel.

Les agents n’ont pas montré d’ordre de perquisition aux voisins qui se sont inquiétés de savoir ce qui se passait. Par ailleurs, dans la matinée, des agents, également cachés, ont tenté d’appréhender une camarade à son domicile.

La FAG est une organisation politique vieille de 18 ans. Au cours de ces années, nous ne nous sommes jamais cachés et nous avons toujours maintenu le caractère public de nos espaces, dans lesquels nous menons de nombreuses activités d’ordre politique et culturel, ainsi que notre action politique.

L’athénée est un espace où, ces trois dernières années nous nous sommes tenus à ces activités, en maintenant une bibliothèque publique et en réalisant des activités périodiques.

Nous souhaitons rappeler aussi qu’en octobre 2009, notre ancien siège (situé à Lopo Gonçalves) avait aussi était envahi par la police civile sur ordre du gouverneur de l’époque, Yeda Crusius, suite à une affiche sur laquelle nous la tenions pour responsable de la mort du militant du Mouvement des sans terre (MST) Elthon Brum à San Gabriel. À cette occasion, tout le matériel de notre siège avait été saisi, y compris les poubelles.

Cette fois, après les nombreuses « rumeurs urbaines » publiées par RBS [1] nous accusant d’être des sociopathes, on nous accuse de planifier, avec l’aide de militants étrangers, une guérilla urbaine : on voit là un motif très net pour semer la panique et appeler la répression contre notre action.

Les provocations et mensonges développés par la presse réactionnaire ou la répression employée par les appareils policiers de l’état bourgeois ne sont pas des nouveautés pour nous. Depuis nos débuts en tant que courant politique, nous avons été la cible de l’acharnement répressif du patronat agissant main dans la main avec l’Etat.

Durant plus d’un siècle, nous avons résisté à ces lâches attaques, sans jamais baisser ni nos têtes, ni nos poings et ce n’est pas ce nouvel épisode qui affaiblira notre combativité.

Nous dénonçons enfin le gouvernement municipal, provincial et fédéral, tous responsables de cette lâche attaque contre notre organisation. Il ne nous intimiderons pas et nous continuerons en employant tous nos efforts pour la construction d’un mouvement populaire combatif qui organise les opprimés de ce pays et leurs légitimes revendications.

No Pasarán !!!

À bas la répression contre ceux qui luttent !!!

Federação Anarquista Gaúcha, le 20 juin 2013

[1] Une des principales entreprises multimédia du pays.

Vu sur Alternative Libertaire, 25 juin 2013

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[Brésil, communiqué] Vive la lutte du peuple brésilien contre la corruption capitaliste ! (fr, pt)

Vive la lutte du peuple brésilien contre la corruption capitaliste !

Depuis bientôt deux semaines un mouvement sans précédent de contestations et d’émeutes secoue au Brésil le pouvoir qui se trouve entre les mains d’un prétendu « Parti des travailleurs ».

La hausse du prix des transports publics a provoqué la colère des Brésiliens, mais la contestation était plus profonde, et elle s’est transformée en une critique de la classe politique dans son ensemble à la suite des scandales de corruption. La facture de la Coupe du monde de football, estimée à 11 milliards d’euros, a rappelé au peuple brésilien qu’il manquait plutôt d’écoles et d’hôpitaux que de stades de football.

L’annonce de la baisse des prix des transports n’a pas désamorçé la colère de la population : les manifestations se sont étendues à l’ensemble du pays. En un an, le prix des tomates a grimpé de 96%, celui des oignons de 70% ; le riz a augmenté de 20% et le poulet de 23%.

Nous n’oublions pas que le capitalisme français, à travers l’entreprise GDF-Suez, contribue à la situation catastrophique du Brésil avec le projet de barrade de Jirau, socialement et écologiquement dévastateur.

La fédération anarchiste francophone tient à assurer la classe ouvrière brésilienne, le peuple brésilien et l’ensemble du mouvement libertaire brésilien de sa sympathie et de son soutien en cette période de lutte intense contre le régime capitaliste corrompu.

A une époque où commence à apparaître une contestation généralisée du système capitaliste à l’échelle de la planète, où la population turque livre un combat héroïque contre le pouvoir en place, la solidarité internationale est un impératif de plus en plus urgent.

Nous réaffirmons la nécessité d’une organisation internationale des libertaires pour mener plus efficacement le combat ensemble.

Fédération Anarchiste francophone, 21 juin 2013.


[versão em português]

Viva a luta do povo brasileiro contra a corrupção capitalista !

Por quase duas semanas um movimento sem precedentes de protestos e tumultos abala no Brasil o poder que está nas mãos de um suposto « Partido dos Trabalhadores ».

O aumento do preço dos transportes públicos causou a raiva dos brasileiros, mas o protesto era mais profundo, e se transformou em uma factura para a Copa do Mundo de futebol, estimado a 11 bilhões de €, lembrou ao povo brasileiro que faltava-lhe escolas e hospitais, ao invés de estádios de futebol. O anúncio da redução dos preços de transporte não desativou a raiva da população : os protestos espalharam-se por todo o país.

Num ano, preços dos tomates aumentou de 96%, os da cebolas de 70% ; arroz aumentou 20% e o frango de 23%. Não esquecemos nós que o capitalismo francês, através da empresa GDF-Suez, contribuiu a situação catastrófica no Brasil com o projeto da barragem de Jirau, socialmente e ecologicamente devastador.

A Federação Anarquista Francófona deseja assegurar a classe trabalhadora brasileira, o povo brasileiro e todo o movimento libertário brasileiro de solidariedade e apoio neste momento de intensa luta contra o sistema capitalista corrupto.

Numa altura em que começam a surgir um desafio geral para o sistema capitalista à escala mundial, onde a população turca entrega uma luta heróica contra os poderes constituídos, a solidariedade internacional é uma exigência ainda mais urgente.

Reafirmamos a necessidade de uma organização internacional de libertários para efectuar mais eficientemente o combate conjuntamente.

Federação Anarquista Francófona, 21/06/2013

[Bussière-Boffy – 87] Les habitant-e-s des yourtes se pourvoient en cassation

Les yourtes de Bussières-Boffy déposent un pourvoi en cassation

Les trois familles habitant en yourtes depuis 2007, à Bussière-Boffy, en Haute-Vienne, ont été condamnées par la Cour d’appel de Limoges du 14 juin 2013, à la démolition de leurs habitats d’ici trois mois, avec une astreinte de 75 € par jour et par yourte, et une amende totale de 4 340 €.

Face à l’indignation générale, les familles condamnées ont décidé de se pourvoir en cassation afin de faire reconnaitre leurs droits ainsi que la légitimité de cet habitat écologique et sa fonction sociale, notamment en zone rurale. Ce pourvoi suspend l’application des peines.


Pour nous permettre de continuer à nous défendre, si vous le pouvez, merci de nous aider en envoyant un don

  • soit par chèque à l’ordre de : HALEM (Association des habitants de logements éphémères ou mobiles),

à envoyer à l’adresse suivante : Aude Bach, Roche – 87330 Bussière-Boffy

Bon de souscription à joindre au chèque

Mon don est de

Nom Prénom Adresse

Adresse mail

Je fais un don pour contribuer à la défense des yourtes de Bussières-Boffy. J’accepte que mon don soit affecté à une autre procédure de défense de yourtes, s’il y avait un reliquat.


Depuis son élection en 2008, le maire de Bussière-Boffy s’acharne par tous les moyens – c’est sans doute le seul maire de France à avoir fait fermé l’école de sa commune – à faire partir ces familles avec enfants qui vivent dans des yourtes, sur des terrains leur appartenant ou appartenant à des amis (également condamnés). Il a pour cela rendu leurs terrains inconstructibles, malgré l’avis de la commission d’enquête publique, et s’apprête à les exclure du PLU en cours d’élaboration pour geler définitivement leurs droits.

Grâce à une mobilisation populaire, les familles avaient été régularisées en mai 2009 par le sous-préfet, la DDE et le maire. Aucune de ces trois autorités n’a respecté son engagement. Depuis 5 ans, ces familles font l’objet de nombreux abus de pouvoirs, de plaintes, de harcèlement administratif et de discriminations de la part du maire. Jusqu’ici, ils ont toujours eu gain de cause dans les procédures qui les ont opposés à la mairie. Mais l’État a fait appel du jugement de décembre 2012 qui relaxait les habitants des yourtes, et les très lourdes réquisitions de l’avocate générale de la Cour d’appel ont été suivies à la lettre, niant les droits fondamentaux et la légitimité de ces habitants.

Dans une période de crise écologique profonde, et une situation économique sans précédent, face à la pénurie de logements et à la désertification des campagnes, les habitats alternatifs comme la yourte apportent une réponse positive. Sa faible empreinte environnementale, l’autonomie énergétique de ses habitants et ses assainissements écologiques en font un habitat qui devrait être favorisé par l’État plutôt que criminalisé. C’est pourquoi, pour défendre leur droit à la terre, pour préserver l’intérêt des enfants et des générations futures, les familles concernées ont décidé de se pourvoir en cassation.

Tous vos dons seront exclusivement utilisés pour les frais liés à la procédure de défense des yourtes. MERCI DE VOTRE SOUTIEN !

Contact : yourtesbussieres@yahoo.fr

Vu sur yourtesbussiere-boffy.info

[Poitiers] Contribution à la campagne de pub de Logiparc

Après le concours « j’aime mon quartier » organisé par Logiparc, consistant à inviter les locataires à dire tout le bien qu’ils pensent du bailleur social, Logiparc nous refait sa pub avec des photos encadrées de locataires souriants. Avec Logiparc et la mairie PS de Poitiers, c’est plus belle la vie ! La NR relaie avec son ton habituel, empreint de bienveillante neutralité, pour informer sur ce « concours très rigolo ».

Voici la charmante photo des « lauréates » du concours (cheeeese) :

On en a une autre, photo de la NR, pour Logiparc : voici une photo parue il y a quelque temps, où l’on voit les habitant-e-s des Glières, pavillons acquis par Logiparc, où squattaient et squattent encore des familles migrantes sans le sou, en butte à une politique du logement catastrophique de la mairie et de la préfecture. Logiparc a décidé de les expulser sans vergogne, en assignant les familles au tribunal. Elles devront dégager d’ici quelques semaines…

Avec Logiparc, plus belle la vie… à condition d’avoir la bonne apparence qui convient ?

Pavillon Noir, 19 juin 2013

[DAL 86] Arnaud et Lydie : OFII, préfecture, Aide Sociale à l’Enfance, Croix Rouge : l’horreur !

Arnaud et Lydie : OFII, préfecture, Aide Sociale à l’Enfance, Croix Rouge : l’horreur !

Lydie 30 ans et Arnaud 15 ans, frère et sœur d’origine congolaise en demande d’asile ont enfin dormi à l’hôtel les nuits de vendredi à samedi et de samedi à dimanche. Soit 23 jours de galère infligée par les autorités, OFII en tête mais aussi par la préfecture, l’Aide Sociale à l’Enfance et la Croix Rouge et avec la complicité du CCAS et de la municipalité… Toutefois, le compte n’y est pas : n’ayant plus qu’une seule nuit, celle de ce soir, ils ne savent pas ce qu’ils deviendront demain et ils doivent encore se débrouiller pour trouver à manger.

Arrivés à Paris le 22 mai dernier, Lydie et Arnaud qui fuyaient la guerre du Congo et l’esclavage en Angola avec tout leurs lots d’horreurs, ont pris le train pour Angoulême. Arrivés dans cette ville un burkinabé avec qui ils avaient sympathisé à la gare leur a dit qu’il fallait aller voir la Croix Rouge pour être pris en charge. Ce qu’ils ont fait. La Croix Rouge d’Angoulême les a informés à son tour que les demandes d’asile s’effectuant sur Poitiers, il fallait qu’ils se rendent dans cette ville. La Croix Rouge d’Angoulême leur a payé un billet de train pour Poitiers et leur a conseillé de faire le 115 en arrivant.

Poitiers 22 mai 16h : Arnaud, qui parle français beaucoup mieux que sa sœur, appelle le 115 et on lui répond qu’il n’y a pas de place. Ils dorment donc dans la rue près de la gare.

Le lendemain, 23 mai, un noir africain rencontré leur dit d’aller à l’OFII, qui est, comme c’est bizarre, à 3 bons km de la gare et du centre ville, 86 avenue du 8 Mai 1945. Ce qu’il font à pied. Rappelons que du fait des sévices qu’elle a subit, Lydie a du mal à rester debout et à marcher… Arrivés à l’OFII, on leur dit qu’aujourd’hui ils ne reçoivent pas de demandeurs d’asile. Arnaud et Lydie disent qu’ils viennent de dormir dans la rue et on leur répond d’appeler le 115. Arnaud et Lydie disent que c’est ce qu’ils ont fait hier et qu’il n’y avait pas de place. On leur a répondu qu’il fallait encore et toujours appeler le 115. Arnaud et Lydie sont donc retournés à pied à la gare soit 3 nouveaux km. Là, quelqu’un les informe qu’il fallait aller à la préfecture. Mais Arnaud et Lydie ne sachant pas où elle se trouvait, et après avoir appelé le 115 et obtenu une réponse négative, ont couché une nouvelle nuit dans la rue près de la gare.

Bien qu’ayant appelé le 115, ils ont dormi quatre autres nuits dans la rue jusqu’à celle de lundi 27 – mardi 28, ce qui fait six longues nuits d’angoisse dans le froid et sous la pluie. Rappelons que nous avons eu un mois de mai très froid : 22 mai : Max 16° Min 8°; 23 mai : Max 13° Min 5°; 24 mai : Max 10° Min 4° ; 25 mai : Max 14° Min 6° ; 26 mai : Max 18° Min 3° ; 27 mai : Max 20° Min 5° ; 28 mai : Max 15° Min 8° ; 29 mai : Max 16° Min 8°, et qu’il a plu tous les jours du 24 au 30 mai avec de fortes précipitations les 24, 27, 28 et surtout 30 mai. De plus, pour couronner le tout, Arnaud et Lydie n’ont pas mangé ni se sont lavés pendant cinq jours ayant seulement un peu d’eau pour boire obtenue auprès de commerçants.

Lundi 27 mai : Arnaud et Lydie vont à pied à la Croix Rouge, qui est, comme c’est bizarre ! à 4 bons km du centre ville, 9 rue Lavoisier. La Croix Rouge leur a donné à manger, a envoyé une fiche de « recueil des informations préoccupante » à l’ASE, Arnaud étant mineur, et leur a donné l’adresse de la préfecture. Et comme le froid avait provoqué un torticolis à Arnaud, la Croix Rouge leur a conseillé de demander des couvertures au 115 s’ils avaient un refus et les a orientés vers le Relais Charbonnier pour qu’ils voient un médecin et qu’ils prennent une douche. Une personne de la Croix rouge les a amenés en voiture au Relais Charbonnier où ils se sont lavés pour la première fois depuis longtemps, ont vus un médecin et ont eu des médicaments. Ils ont aussi vu une assistante sociale. Arnaud et Lydie bien qu’ayant appelé le 115 ont dormi une nouvelle fois dans la rue le soir. Lorsqu’ils ont demandé des couvertures, le 115 leur a dit de venir les chercher au CHUS. Ils ont dormi dehors, sous la pénétrante pas loin du CHUS comme ça le lendemain matin, ils pliaient leurs couvertures, sonnaient au CHUS et les leur rendaient…

Mardi 28 mai : Arnaud et Lydie ont enfin trouvé la préfecture et s’y sont rendus le matin. On leur a donné un rendez-vous pour leur démarches le… 28 juin, soit un mois plus tard ! Arnaud et Lydie leur ont dit qu’ils étaient à la rue mais la personne de la préfecture leur a répondu qu’elle ne pouvaient rien pour eux et leur a donné les adresses du Toit du Monde et de la Croix Rouge.

L’après-midi, Arnaud et Lydie se sont rendus une nouvelle fois à l’OFII où ils ont obtenu un rendez-vous pour le… 19 juin, soit 22 jours plus tard ! Arnaud et Lydie ont encore parlé de leur situation difficile, qu’ils dormaient dans la rue et n’avaient rien à manger. mais l’OFII leur a simplement répondu qu’il fallait appeler le 115 tous les jours. Arnaud et Lydie ont demandé aussi des tickets de bus et l’OFII leur a répondu qu’ils n’en avaient pas. Ils sont donc repartis à pied soit 3 autres km… Ils ont fait la manche et demandé de l’eau aux commerçants du centre-ville. Puis ont appelé le 115 et là miracle, on leur a dit qu’il y avait de la place pour eux. Ils ont eu du pain à manger et des spaghettis et ont pu enfin dormir au chaud et au sec.

Le lendemain mercredi 29, le CHUS leur a donné des tickets pour manger au Relais Charbonnier et ils sont sortis. Lorsqu’ils ont appelé le 115, on leur a dit qu’il n’y avait pas de place pour eux et le 115 leur a donné des couvertures et ils ont dormi pour la septième nuit sous la pénétrante.

Jeudi 30 mai matin : Arnaud et Lydie se rendent au Toit Du Monde qui, après avoir pris des renseignements auprès de la Croix Rouge, fait un nouveau signalement à l’ASE. En effet, puisque Arnaud est mineur et que sa sœur n’est pas son représentant légal, le CHUS dit ne pas pouvoir l’héberger. Et d’un autre côté l’Aide Sociale à l’Enfance refuse car ce n’est pas un mineur isolé et ils ne veulent pas héberger sa sœur. Devant l’impasse et après avoir un nouvelle fois téléphoné au 115 et essuyé un refus, pour ne pas qu’Arnaud et Lydie dorment dans la rue une nouvelle fois, le Toit Du Monde a contacté le DAL86 pour trouver une solution au squat l’Etape. Arnaud et Lydie ont toutefois appelé le 115 et comme ils avaient encore un refus, lorsqu’ils ont demandé des couvertures, on leur a dit qu’ils n’en auraient pas et qu’il fallait qu’ils voient avec l’ASE.

L’après midi 16h15 : arrivée d’Arnaud et Lydie au squat l’Etape. Le ménage est fait dans une pièce au rez-de-chaussée, on trouve des matelas et des couvertures, et comme ils n’avaient pas mangé depuis le bout de pain et les spaghettis de la veille, les habitants du lieu qui n’ont déjà pas assez pour eux-mêmes, les roms les premiers, leur font à manger et leur offrent le café. A partir de ce moment, ils seront systématiquement pris en charge par la communauté jusqu’à ce que certains leur montrent comment se débrouiller pour trouver de la nourriture aux Secours catholique et populaire, avec la maraude, dans les poubelles… Le Dal86 fera un communiqué dans la soirée pour dénoncer cette situation kafkaïenne inadmissible Squat l’Étape : Tous au tribunal d’instance le 31 mai à 10h45 pour soutenir les assignés « De qui se moque-t-on ? Écrivait-on. Il faut que la Croix Rouge et l’Aide Sociale à l’Enfance arrêtent de balader les gens ainsi et de les exposer à de graves dangers. Surtout que l’OFII leur a donné un rendez-vous pour examiner leur situation le… 19 juin et la préfecture le… 28 juin. Vingt-huit long jours et nuits à la rue avant leur rendez-vous à l’OFII et trente sept longs jours et nuits à la rue avant leur rendez-vous à la préfecture, et ce pour un mineur de 15 ans, c’est carrément criminel ! »

Lundi 3 juin : Sur conseil du Dal86, Arnaud et Lydie envoient à la préfète de région par lettre recommandée une demande d’accès à la veille sociale en vue d’un hébergement d’urgence et le Dal8-86 une demande de prise en charge par le dispositif de veille sociale. La Nouvelle République parlera de ce scandale dans son édition du jour : POITIERS Squat de l’Étape : délibéré le 28 juin NR 03-06-13 « Cette adresse [le squat l’Etape] est devenue une sorte de 115 bis, le point de chute des refoulés de l’hébergement d’urgence, ceux qui ne trouvent pas de proposition d’hébergement lorsqu’ils contactent le 115. Ainsi, la semaine dernière, c’est le cas d’une Congolaise et de son frère mineur qui a ému et choqué plusieurs associations. « Ils dormaient sous les ponts de la Pénétrante, raconte la Cimade. Le 115 disait ne pas pouvoir prendre une majeure et un mineur, le service de l’aide sociale à l’enfance disait qu’ils ne prennent que les mineurs isolés et comme il a une sœur majeure, il n’est pas isolé ! On a fini par leur donner l’adresse du squat. » On en parlera même au Conseil municipal du soir quand Maryse Desbourdes interpellera la maire de Poitiers concernant l’assignation au Tribunal administratif qu’il a faite aux habitants du squat : « Je suis intervenue contre les expulsions des squats, CLAEYS ne s’est pas énervé, il a fait sa réponse habituelle, on ne peut pas laisser des gens dans des locaux insalubres et je n’accepte pas que des associations instrumentalisent des gens en précarité, ensuite JF MACAIRE et BERTHIER ont repris la même argumentation. J’ai repris la parole pour leur demander ce qu’ils allaient faire pour ces familles, pour que le 115 réponde positivement aux demandes d’urgences, je n’ai pas eu de réponse. Ils parlent des actions du DAL sans jamais le nommer et se retranche derrière la sécurité pour laisser pourrir la situation. LAMENTABLE ! C FRAYSSE a pris la parole mais s’est fait “vertement ” rabrouée. Le message : ne soutenez pas des associations qui manipulent, elle n’a pas insisté. » SITE DU NPA86Voir l’article de fond de Centre presse du 7 juin : Les familles de Roms sont-elles instrumentalisées? Centre Presse 07-06-13

Mardi 4 juin : Sur conseil du Dal86, Arnaud et Lydie, prennent un avocat en vue de faire un référé liberté. L’avocate sera en contact étroit avec le Toit Du Monde. Personne ne voulant qu’Arnaud et Lydie soient séparés, Arnaud risquant d’être placé et Lydie d’être prise en charge au CHUS, leur équilibre psychologique risquant d’être très affecté.

Vendredi 7 juin : article de Centre presse : Les familles de Roms sont-elles instrumentalisées? Centre Presse 07-06-13 « Alain Claeys s’adressant à Maryse Desbourdes: « Arrêtez d’emmener les gens dans des lieux dangereux! ». Cette dernière rappelle pourtant l’histoire de cette Congolaise et de son frère mineur: « Ils dormaient sous la pénétrante la semaine dernière. Faute de place dans un hébergement d’urgence, les associations ont donné l’adresse du squat ». Pour l’élue du NPA, un toit c’est mieux qu’un pont. « Et vous Monsieur le maire, vous dormiriez sous un pont? » »

Mercredi 12 juin : Le Toit Du Monde appelle une Assistante Sociale de la Maison De la Solidarité et conseille à Arnaud et Lydie d’aller la voir. Entretien constructif, l’AS en réfère à son chef et à l’ASE. On sent que ça va bouger…

Jeudi 13 juin : quand ils ont appelé le 115 à 16h18, on a dit à Arnaud et Lydie qu’il fallait qu’ils aillent de suite à l’OFII. Ils y sont allés à pied et y sont arrivés vers 17h30. On leur a dit de repasser le lendemain. Lorsqu’Arnaud et Lydie ont dit qu’ils étaient venus à pied (soit 6 km aller-retour!) et que le lendemain ce serait pareil (soit 6 autres km aller-retour!) l’OFII a appelé Vitalis qui n’a pas voulu leur donner de tickets…

Vendredi 14 juin : Arnaud et Lydie sont repartis à l’OFII à pied le matin. Ils sont arrivés à 11h devant l’OFII et ont attendu 14h30, l’heure de leur rendez-vous, pour entrer. Ils sont reçu et alors qu’il étaient en train d’expliquer leur situation, le Toit Du Monde les appelle sur leur portable et leur demande s’ils ont des nouvelles de leur avocate. Et là, la personne qui les reçoit devient inquisitrice et semble même se fâcher. Mais qui vous a donné ce téléphone ? Le Dal, répond Arnaud. C’est quoi cette histoire d’avocat ? Pourquoi vous êtes allés si vite ? Elle a ensuite demandé de lui passer le téléphone pour parler au Toit du Monde. Après, l’interrogatoire inquisiteur a continué. Où est-ce que vous couchez ? Au squat l’Etape, répond Arnaud. Mais c’est dangereux leur dit-elle. Ce qu’elle répétera à l’Assistante sociale qui a appelé : ce n’est pas prudent de dormir dans le squat, lui a-t-elle dit. Ce à quoi l’assistante sociale a répondu que c’était mieux que de dormir dans la rue. Après, ils se sont bougés. Ils ont appelé les services, ont obtenu un rendez-vous à la préfecture pour le 20 juin, ont trouvé l’hôtel jusqu’à dimanche Et leur ont donné un nouveau rendez-vous lundi 17 juin à 9h30. Ils ont aussi donné 4 tickets de bus, 2 pour revenir au centre-ville et 2 pour y aller lundi…

Alors qu’il y avait un mineur en grand danger, du 22 mai au 14 juin il s’est écoulé 23 jours durant lesquels rien ou presque n’a été fait. Pire, la prise en charge, limitée et partielle rappelons-le puisqu’ils sont à l’hôtel seulement trois nuits et n’ont pas à manger, est intervenue 15 jours après que la Croix Rouge, le Toit du Monde et le Dal aient tiré les sonnettes d’alarme. Dans un précédent communiqué nous faisions l’hypothèse que les mauvais traitements infligés aux migrants : l’expulsion des squats, l’indignité et les carences du CHUS, l’impuissance du SIAO, le défaussement du social sur le caritatif, – nous pourrions rajouter maintenant les rendez-vous lointains, le dépaysement des administrations et associations d’aide et le fait de se renvoyer la balle entre institutions – mais aussi la violation des droits élémentaires des personnes, les discriminations, les procédures administratives ubuesques et les « dysfonctionnements » des services de la préfecture, le torpillage des associations de soutien et d’accompagnement, la désactivation des services sociaux… participe à l’entreprise de dissuasion et d’intimidation des migrants et autres indésirables. Le but des autorités (préfecture-mairie-conseil général) étant, au mieux, de ne pas faire un appel d’air, au pire de passer la patate chaude.

L’histoire d’Arnaud et Lydie est emblématique. L’inhumanité de cette entreprise de dissuasion et d’intimidation des migrants et autres indésirables, même si elle est connue des associations de soutien, n’est apparu jamais aussi clairement à la vue de tous que dans leur dossier.

Vu le traitement lamentable de ce dossier, nous exigeons que Lydie et Arnaud soient pris en charge TOTALEMENT et de manière CONTINUE. Nous exigeons qu’ils ne soient pas séparés, il faut arrêter les dégâts !

Nous exigeons que les autorités (et leurs sbires) arrêtent IMMEDIATEMENT leur entreprise de dissuasion et d’intimidation des migrants et autres indésirables. Halte aux traitements dégradants et inhumains. Respect des lois et de la dignité des personnes !

Annulation des procédures d’expulsions des squats – Un logement pour tous !

Annulation des procédures d’expulsions – Régularisation de tous les sans papiers.

Nous ne lâcherons rien !

Vu sur Dal 86, 16 juin 2013