Archives de catégorie : Répression

[Poitiers] Encore un père expulsable

Mobilisés contre l’expulsion d’Abdelhamid Hirèche

En France depuis 2009, ce ressortissant algérien qui réside à Poitiers où est née sa fille vient de recevoir une obligation de quitter le territoire français.

Laurent Dupriez, qui plaide sa cause, préfère qu’on ne prenne pas Abdelhamid Hirèche en photo : « Vous comprenez, il est expulsable à tout moment. » « J’essaie de ne pas sortir pour éviter les contrôles », susurre l’intéressé. Le 3 décembre, la vie de ce ressortissant algérien habitant à Poitiers a basculé à la réception d’un courrier recommandé de la préfecture.

«  Je suis complètement perdu  »

« J’avais l’obligation de quitter le territoire français dans un délai d’un mois. On vous propose 2.000 € pour retourner au pays», raconte le jeune homme de 26 ans, décontenancé par sa situation. Que l’administration juge irrégulière. Pour l’instant, il est toujours là. Et décrypte son itinéraire. « En juin 2009, je suis arrivé en France où je me suis marié. Ma petite fille, Chaïma, est née à Poitiers le 26 mai 2010. Je suis complètement perdu par rapport à la petite et à ma femme. Je ne me vois pas partir en Algérie en les laissant derrière moi. » Et jusqu’au 31 décembre, il a bossé comme chauffeur – livreur « de nuit » pour la société Dikeos sur le site du Futuroscope. « Son contrat de vacataire était renouvelé tous les ans », précise Laurent Dupriez, son collègue de travail et « porte-parole » de sa défense. « Pour nous, c’est incompréhensible, dit-il. Nous avons la preuve qu’il est intégré, qu’il a du boulot ici, qu’il ne cherche pas à profiter du système. Normalement, il aurait dû reprendre son poste le 1er avril. »

Le 12 avril au tribunal administratif

Une grande partie de la famille d’Abdelhamid réside en France. Un frère « médecin dans une clinique à Fontenay-le-Comte en Vendée », une sœur « naturalisée » à Nancy, des oncles à Marseille… Et elle a été durement touchée quand la tempête Xynthia a frappé la commune de la Faute-sur-Mer en février 2010. « Une grand-mère, une tante et deux petits cousins ont péri », lâche Abdelhamid Hirèche. Qui s’est attaché les services d’un avocat. Sa requête contre son arrêté d’expulsion sera examinée par le tribunal administratif de Poitiers à l’audience du 12 avril. Le collectif de soutien à Abdelhamid Hirèche a adressé une lettre ouverte au préfet de la Vienne. « Le préfet a tout pouvoir pour abroger le premier arrêté, estime Laurent Dupriez. C’est pour cela qu’on veut l’interpeller, pour qu’il nous donne des raisons valables. Quel pays veut-on ? »

(1) Il stipule notamment que « vu les attaches de l’intéressé dans son pays d’origine, notamment ses trois petites sœurs, et la date récente de son entrée en France et après examen complet de sa situation, M. Hirèche ne correspond à aucun critère réglementaire lui permettant d’obtenir un certificat de résidence à quel que titre que ce soit. »

social – en savoir plus

 » Il est entré irrégulièrement en France « 

Secrétaire général de la préfecture de la Vienne, Jean-Philippe Setbon apporte des précisions : « Il l’a dit lui-même, M. Hirèche est entré irrégulièrement en France en juin 2009. Il a fait alors une demande d’asile durant laquelle il a eu l’autorisation de travailler. Elle a été refusée par l’OFPRA (1) et M. Hirèche a bénéficié d’un récépissé de titre de séjour renouvelable tous les trois mois. Son épouse, marocaine et en France depuis l’âge de deux ans, est, elle, titulaire d’une carte de séjour. M. Hirèche a fait une demande de carte  » vie privée et familiale  » mais la police, qui a mené une enquête de communauté de vie entre les personnes, n’a jamais pu les rencontrer ensemble. Une autre procédure existe, le regroupement familial, avec la possibilité de faire venir son conjoint. Ce n’est pas celle qu’ils ont choisie. Pourquoi ? Je n’en sais rien ».

(1) Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides.

Nouvelle République, Jean-François Rullier, 17 mars 2012

[Poitiers] Prostitution : assez de la répression sur les femmes, les pauvres, les étrangèr-e-s !

La Mama de Saint-Hilaire condamnée pour proxénétisme

Une Nigériane de 27 ans a été condamnée et écrouée, hier, pour proxénétisme. Des filles utilisaient son appartement pour des passes.

A Poitiers, sur les grands boulevards, la prostitution de jeunes femmes originaires d’Afrique de l’Ouest est très visible. – (Photo d’illustration Gérard Proust)

Des voisins lassés par les allées et venues, c’est le quotidien des riverains des zones de prostitution à Poitiers. Quand les passes ne sont pas faites directement sur la voie publique ou dans des voitures, ce sont des appartements discrets qui servent de lieu de rencontre.

Mercredi matin, à 8 h 45, les policiers sont arrivés au 1 bis de la rue Saint-Hilaire. Là, ils trouvent quatre jeunes femmes, des préservatifs et des doses de gel lubrifiant, plus de 2.500 € en liquide dans une valise, des vêtements féminins en grand nombre, des perruques de toutes les couleurs…

«  Je leur ai jamais demandé de ramener des clients  »

Bref, tout le matériel nécessaire pour que de jeunes femmes puissent pratiquer des passes. Au fil de leurs surveillances, les enquêteurs voient défiler les clients et les filles. Certains racontent. Comme, Richard, venu de La Rochelle. « Je ne voulais pas que ça se fasse dans la voiture », explique-t-il aux policiers. « Elle a dit d’accord, mais ça sera 100 €. Elle m’a emmené dans un appartement de la rue Saint-Hilaire. Une femme m’a ouvert… » Une fois l’affaire faite, il est reparti, allégé des 90 € qu’il avait sur lui. Deux clients racontent la même chose aux policiers. Et puis, il y a les dires des voisins, excédés du trop grand passage qui, depuis juillet dernier, mène des automobilistes toujours vers ce même appartement. Alors, des quatre filles arrêtées mercredi matin, une seule a été renvoyée devant la justice hier, en comparution immédiate : la locataire des lieux, soupçonnée d’avoir aidé, assisté et protéger des filles se livrant à la prostitution. Une proxénète de 27 ans, une mama, qui joue l’étonnement à la barre. Elle gémit en contestant ce que lui traduit l’interprète en langue anglaise. Elle tente de biaiser à tour de bras, répond à côté, nie puis reconnaît du bout des lèvres. « Oui, c’est possible que ce soit arrivé. Oui, des jeunes femmes dorment chez moi, mais chez nous, c’est comme ça, quand quelqu’un à besoin, on l’accueille. Oui je sais qu’elles se prostituent, mais je ne leur ai jamais demandé de ramener des clients. » Favour concède se prostituer deux à trois fois par semaines, mais jamais dans l’appartement. Pour le procureur, Mathieu Gaite, Favour est un maillon d’un réseau plus large. « Ces réseaux, il faut les fragiliser. C’est la misère qui exploite la misère, toutes ces femmes ont la même nationalité. » Il requiert six mois de prison ferme, l’incarcération et l’interdiction définitive du territoire français. Impossible, réagit le défenseur de la jeune femme. « Elle a un titre de réfugiée pour dix ans. » Sur les faits d’aide à la prostitution, Me Dauvizis, s’étonne encore et plaide la relaxe. « Qu’elle aide apporte-t-elle ? Quel profit en a-t-elle tiré ? Ce qu’on a trouvé, c’est l’argent de sa propre prostitution ! » Le tribunal a reconnu Favour coupable d’avoir aidé quatre filles et non six. Elle a été condamnée à six mois de prison dont deux ferme. Elle a été écrouée.

en savoir plus

Son parcours, c’est son avocat qui le raconte. Violentée dans son pays, Favour arrive en France en 2007, passe par Beauvais puis arrive à Poitiers où un bénévole du Toit du Monde l’aide notamment à avoir son appartement et le RSA. Ils auront même une liaison. « Non tarifée », précise l’avocat. « Pendant un an et demi, elle n’a posé aucun problème. »

Nouvelle République, Emmanuel Coupaye, 16 mars 2012

ndPN : ainsi donc et comme toujours, c’est sur les femmes, les précaires, les pauvres, les étrangèr-e-s, que s’abat la répression étatique. La prostitution en fournit régulièrement un exemple flagrant. Quid des clients ? Quid des exploiteurs ? Quid des conditions matérielles conduisant des personnes à se prostituer ? La misère est indissociable de l’autorité patriarcale, étatiste et capitaliste. Au-delà du débat judiciaire et politicien sur la prostitution (et le proxénétisme, terme souvent fourre-tout, qui ne semble d’ailleurs pas avéré au tribunal en termes de preuves matérielles pour la jeune femme condamnée), se lit cet acharnement de la bien-pensance bourgeoise contre les personnes les plus fragilisées par ce système pourri.

Concernant la forme de cet article de la Nouvelle République, deux remarques : pourquoi évoquer la relation que cette femme a eue autrefois avec « un bénévole du Toit du monde » ?? C’est quoi l’intérêt et qu’y a-t-il de répréhensible ? C’est quoi le rapport avec la condamnation ? Est-ce la solidarité qui est ici ciblée par le journaliste ? D’autre part, ce n’est pas la première fois que ce journal parle de « mama » pour désigner une femme africaine dans une histoire de prostitution. Pourquoi ce terme ? Est-elle maman et dans ce cas, pourquoi n’est-ce pas évoqué dans le cadre de cette condamnation ? Est-ce plutôt parce qu’elle est d’origine africaine, auquel cas pourquoi ce diminutif spécifique, ce sobriquet pour désigner cette femme ? Désigner différemment des personnes parce qu’elles sont d’origine étrangère est pour le moins nauséabond, d’autant plus que ce n’est pas la première fois.

Plus que jamais : solidarité avec les femmes, les pauvres, les étranger-e-s, qui subissent au quotidien l’exploitation et la répression.

[Poitiers] Soutien à la famille Adamianov

Pour une France de toutes les couleurs

Le comité de soutien de Bel-Air à la famille Adamianov, menacée d’expulsion, ne baisse pas les bras. Pour attirer l’attention des médias, et de la population sur son sort, il a organisé un flash mob, jeudi, devant l’école Jean-Mermoz, à Poitiers-Ouest. A 16 h 10, des écoliers, des parents et des enseignants se sont rassemblés devant les grilles pour danser sur la chanson de Grégoire « Toi + moi ». Contrairement aux usages du « flash mob », les danseurs ne se sont pas dispersés aussitôt. Deux élèves de CM2, Guillemette et Martin ont lu, en version slam, la poésie qu’ils ont écrite à l’intention de Hamlet et Varduhi, scolarisés à Jean-Mermoz, et du reste de la famille. Dans « la France de toutes les couleurs », ils s’indignent de l’expulsion de leur logement en hiver. Ils se demandent pourquoi il en a été ainsi : « Où sont leurs différences ? On n’est pas raciste en France ! » Ils constatent que les actions de mobilisation leur ont permis de retrouver une maison. Conclusion : « Ils ont besoin qu’on les soutienne/Avec tout notre amour/Ils ont besoin d’apprendre, jour après jour ».

Guillemette et Martin « se battent pour leur destin ». Celui-ci sera connu, le 2 mai, lors d’une audience au tribunal administratif.

Nouvelle République, M.-C. Bernard, 16 mars 2012

ndPN : Pour rappel, grand rassemblement de soutien à la famille Adamianov et à toutes les personnes expulsables, le mercredi 21 mars à 18H devant le palais de justice de Poitiers !

Communiqué F.A. : solidarité avec les antifascistes mis en examen

Solidarité avec les onze antifascistes mis en examen !

Communiqué de la Fédération anarchiste du 11 mars 2012

Le 8 mars 2012 au soir, quatre militantes et militants de la Fédération anarchiste, ainsi que sept autres camarades d’Action antifasciste, du NPA et d’Alternative libertaire ont été arrêté-es à Paris et placé-es en garde à vue. Il leur est reproché de s’être livré-es à des dégradations en réunion. En réalité, leur action était un collage destiné à refuser la banalisation de l’extrême droite et à informer sur  la tenue des « Assises Nationales de la Nationalité, de la Citoyenneté et de l’Identité », prévues pour le samedi 10 mars dans le 12ème arrondissement. Cette manifestation à visée prétendument citoyenne est déjà la deuxième du genre, elle véhicule ouvertement pour le compte du Bloc identitaire les prises de position xénophobes et racistes les plus abjectes.Dans cette affaire, les forces de répression de l’Etat ont clairement indiqué quel est leur camp naturel ; la garde à vue a été prolongée jusqu’au samedi 10 mars à 22 heures, l’emprisonnement a duré jusqu’au dimanche 11 dans l’après-midi, sans aucun fondement juridique aux termes du droit bourgeois, et les rassemblements organisés en soutien ont été neutralisés avec l’efficacité qu’on connaît à la police de ce pays quand il s’agit d’écraser les luttes sociales. De toute évidence, le pouvoir d’Etat a décidé de frapper fort et d’envoyer un message d’encouragement aux fascistes de tout poil. Mise en relation avec les déclarations récentes du ministre de l’Intérieur et la tonalité générale de la campagne électorale, cette série de gardes à vue, prouve, s’il en était besoin, que l’extrémisme de droite est un rouage essentiel à la stabilité du capitalisme et de l’Etat, et qu’on ne s’en débarrassera définitivement  qu’en détruisant le système économique et politique qui lui accorde sa  protection.La Fédération anarchiste soutient l’action des militant-es arrêté-es et exige l’arrêt des poursuites  engagées contre elles et eux , elle dénonce une atteinte à la liberté d’expression et le caractère inédit des mesures de garde à vue suivie de détention pour collage d’affiches .

La Fédération anarchiste remercie l’ensemble des personnes qui ont manifesté leur soutien immédiat sans céder aux intimidations policières. D’ores et déjà, la solidarité s’organise : une souscription est ouverte ; il suffit pour cela d’envoyer un chèque à l’adresse suivante : PUBLICO, 145 rue Amelot ,75011 PARIS, à l’ordre de « Publications Libertaires », en rajoutant la mention « Solidarité 8 mars » au dos. Les informations sur les différentes initiatives de soutien à venir seront communiquées au fur et à mesure.

Fédération anarchiste, secrétariat aux Relations extérieures, dimanche 11 mars.

relations-exterieures(a)federation-anarchiste.org

ndPN : l’appel à souscription concerne évidemment tou-te-s les inculpé-e-s. On trouvera aussi sur cette affaire ce communiqué « unitaire » ; unitaire entre guillemets, la F.A. n’ayant pas été invitée à participer à son élaboration, malgré 4 militant-e-s F.A. concerné-e-s.

[Paris] Une association pour le droit à l’IVG frappée par un attentat

Une association défendant le droit à l’IVG frappée par un attentat

Une enquête criminelle a été ouverte à la suite d’un attentat qui a frappé le siège de l’Association nationale des centres d’interruption de grossesse et de contraception (Ancic), domiciliée chez une bénévole de l’association à Paris. Dans la nuit du 10 au 11 février dernier, un engin incendiaire a été placé devant la porte, qui a brûlé, alors que l’alarme incendie de l’immeuble avait été débranchée. L’engin n’a provoqué que des dégâts matériels. La personne habitant l’appartement n’a pas été intoxiquée gravement par la fumée, mais demeure sous le choc, a raconté une responsable de l’Ancic à l’Agence de presse médicale (APM).

L’attentat n’a pas été revendiqué, mais l’activisme des anti-IVG est en pleine recrudescence. Des manifestations contre le centre IVG de l’hôpital Tenon, dans le XXe arrondissement de la capitale, sont ainsi régulièrement organisées par l’association intégriste catholique SOS Tout-petits.

L’association Ancic, fondée en 1979 après la légalisation du droit à l’avortement, regroupe des bénévoles et des professionnels (psychologues, psychiatres, sages-femmes, médecins) « participant à la défense des droits des femmes ». « L’Ancic continuera avec détermination à défendre le droit à l’avortement, à la prévention et à la contraception, et combattra les pratiques criminelles et obscurantistes », a assuré l’association dans un communiqué, début mars. De son côté, le ministère de l’Intérieur s’est bien gardé d’évoquer une menace de l’ultradroite catholique radicale. Étrange, non ?

Basta Mag, 14 mars 2012