Archives de catégorie : Éducation populaire

[Poitiers] Appel à la grève dans l’éducation le 31 janvier

Un appel à la grève dans l’éducation, du SNES-FSU, de FO et de la CGT. On regrettera encore une fois que seule la suppression de postes – certes insupportable – soit mise en avant, et non un changement véritable de l’institution scolaire elle-même (voir les tracts ici et ).

ÉDUCATION Appel à la grève le 31 janvier

A l’issue de la réunion du comité technique de l’académie de Poitiers qui s’est tenu mardi, les organisations syndicales Force Ouvrière, SNES-FSU et CGT Éducation lancent un appel à la grève dans l’éducation pour le mardi 31 janvier, jour de la manifestation nationale prévue à Paris. Ils dénoncent la suppression de 85 postes d’enseignants dans le primaire et de 102,7 postes dans les collèges et lycées de Poitou-Charentes.

Nouvelle République, 19 janvier 2011

« On banalise la pauvreté »

 » On banalise la pauvreté « 

Philippe Bergeon, sociologue à l’Université de Poitiers, pose un regard sur ce qu’il nomme la “ banalisation et dépolitisation de la pauvreté ”.Philippe Bergeon.

Philippe Bergeon.

 

Sociologue et membre de l’équipe de recherche GRESCO (*) à l’université de Poitiers, Philippe Bergeon enrichit son travail de terrain sur la thématique « des chômeurs et des dispositifs d’insertion ». Depuis trois ans, il suit 23 jeunes âgés entre 25 et 30 ans « qui sont sortis sans diplôme du système scolaire ». Si les conclusions de cette étude ne seront dévoilées qu’à la fin de l’année, ce travail d’enquête permet à Philippe Bergeon de poser un regard sur un champ de notre société, celui de la précarité du chômage et de l’insertion.

Pourquoi en parler maintenant ?

« Il y a eu un événement déclencheur : l’appel des grandes associations caritatives auprès des grands distributeurs pour compléter la campagne d’hiver. »

Vous faites référence aux Restos du cœur ?

« On voit bien que les besoins augmentent de 5 % par an. Les Restos du cœur, à eux seuls, assurent la distribution de 110 millions de repas pour 900.000 bénéficiaires cette année ; plus 10 % par rapport à l’année dernière. Cela représente une dérive. On sait que le mouvement caritatif, tout en permettant aux gens de survivre, a comme effet de banaliser la pauvreté. De la dépolitiser. »

Les politiques se désenga- geraient totalement ?

« Avec ces collectes d’alimentation dans les grands magasins, il y a une espèce de purge collective pour pleurer un petit coup et puis, tout de suite après, oublier. Ce grand barnum caritatif contribue à dépolitiser une question éminemment politique. Ça veut dire ceci : le fait que des individus qui appartiennent à des groupes qui n’ont pas de capitaux suffisants ont très peu de chance d’accéder à une place dans notre société. Les grandes associations n’ont de légitimité que lorsqu’elles peuvent initier des contre-pouvoirs pour les plus démunis. »

Vous faites aussi un autre constat cinglant à travers votre livre.

« Le deuxième versant de la pauvreté, c’est le marché des professionnels. Aujourd’hui la pauvreté occupe 3 à 400.000 intervenants sociaux. Il y a un gros décalage entre le discours qui paraît humaniste et les réseaux qui défendent leur territoire. Le sort des plus démunis est devenu secondaire. Il y a aussi une dérive dans les modes de collaboration avec eux qui se passent de chaque côté du bureau. On isole chaque chômeur. Le modèle, dans ces réseaux-là, c’est de considérer que si les individus sont pauvres, c’est qu’ils dysfonctionnent dans leurs rapports à la société. Il y a une psychologisation des chômeurs. Le problème de ces réseaux, c’est leur impuissance. Ils ne permettent plus aux démunis d’accéder à des formations qualifiantes. A la place, ils envoient les précaires vers des niches d’activité qu’ils ne connaissent pas : nettoyage, bâtiment, espaces verts, transports. Il y a une grande distance – culturelle – entre les travailleurs sociaux et le « sous-prolétariat ». Le chômeur est devenu un malade. »(*) Groupe de Recherche et d’études sociologique du Centre-Ouest.

« A quoi servent les professionnels de l’insertion ? » aux éditions L’Harmattan. Le livre est disponible sur Internet et dans les librairies.

Nouvelle République, Propos recueillis par Marie-Laure Aveline, 15 janvier 2012

« Quel voleur accepte qu’on le vole ? capitalisme et propriété privée » – Nicolas Bon

« Quel voleur accepte qu’on le vole ? Capitalisme et propriété privée »

Nicolas Bon – Editions Pontcerq

Livre broché 110 x 165 mm | 128 pages | ISBN : 978-2-919648-06-1 | Prix : 7,50 €

Si les objets du monde sont bel et bien des poissons perdus, des res nullius ou des corps flottants, comme le gantier Mignot le montre ici, citant pêle-mêle Rousseau, Melville et saint Augustin, alors les individus qui s’en emparent sont eux-mêmes des inventeurs d’objets trouvés, c’est-à-dire des batteurs de grèves, des écumeurs d’eau douce, des «ravageurs » — c’est-à-dire encore des voleurs susceptibles de se faire voler à leur tour à tout moment. Simplement l’humanité se divise entre ceux qui s’efforcent de trouver là l’occasion de leur liberté, en renonçant aux chimères de la propriété privée, autrement dit en se laissant voler aussi souvent qu’ils volent, et tous les autres, ceux qui voudraient pouvoir voler sans jamais être volés eux-mêmes. Et ce n’est peut-être que ça, le capitalisme : cette supercherie ontologique concertée visant à organiser les conditions de monopole du vol légitime, en naturalisant le statut fallacieux et scélérat de poisson attaché, de *res in patrimonio *ou de corps-mort ; cet appareil de capture à grande échelle visant à s’approprier tyranniquement tous les vergers de la planète, sans admettre qu’on vienne y cueillir un seul de leurs fruits — *car quel voleur accepte qu’on le vole ?*

ndPN : ce remarquable et jouissif ouvrage peut aussi être lu en pdf

Contre l’éducation marchande et autoritaire !

Mettre nos enfants dans les mains des entreprises

Le saint président l’a dit : il va falloir continuer à réformer l’école. Et que met-il derrière tout cela (lui et ses penseurs) ? Et bien toujours la même logique : celle d’une école de la compétition doublée d’un système éducatif dévoué au monde du travail. Fin de l’émancipation du plus grand nombre, nous passons à l’étape du dressage.

Bien entendu, tout cela est tou­jours amené par de bons mots. Ils vont nous parler « d’auto­no­mie » (pour ne pas dire dépen­dance au privé), de « d’effet de syner­gie » dans un pur style mana­gé­rial, devenu norme dans nos socié­tés. Tout est pré­senté comme une oppor­tu­nité pour nos enfants, l’avenir du pays, la gran­deur de la France (à grand coup de clas­se­ments divers ayant pour but la guerre du savoir, au lieu de son par­tage).

Alors après avoir détruit l’uni­ver­sité (en la livrant au privé, en créant encore et tou­jours plus de dis­cri­mi­na­tions entre les enfants les plus riches et les plus pau­vres), c’est main­te­nant aux lycées et au col­lège unique que les libé­raux veu­lent s’atta­quer (pas qu’UMP que ce soit clair, lisez les notes des cercle de pensée « de gauche », comme Terra Nova, pour voir que l’idée est plus répan­due qu’on ne le pense).

Il y a du fric à se faire pour le privé. Après avoir réussi le tour de force de faire du PPP (Partenariat Public Privé) pour les pri­sons, c’est à nos « chères têtes blon­des » que s’atta­que le sec­teur privé. Mais cela ne suf­fi­sait pas ! Il faut que notre sys­tème éducatif devienne le lieu non de l’émancipation, mais du for­ma­tage pour le monde de l’entre­prise.

Car qu’est-ce que visent réel­le­ment les poten­tats au pou­voir si ce n’est flat­ter encore et tou­jours ceux qui les ont aidé à arri­ver là ? Le rêve c’est les USA et le passé. Les USA pour le sys­tème « dit au mérite » (autre­ment dit à la nais­sance, au fric, plus qu’autre chose) et le passé pour l’idée de reve­nir aux « écoles de métiers ». Aux ouvriers et à leurs enfants la joie des « nou­vel­les for­ma­tions ouvriè­res » (sur­tout dans l’aide à la per­sonne aujourd’hui) et aux cadres / cadre sup et leurs enfants la joie de la repro­duc­tion sociale.

Car, si le sys­tème éducatif fran­çais tel qu’il existe (exis­tait devrions nous dire) était lar­ge­ment cri­ti­qua­ble, il avait au moins le mérite d’offrir l’oppor­tu­nité d’une base com­mune, d’un vivre ensem­ble (à amé­lio­rer, certes) et d’ouvrir une réelle pers­pec­tive d’émancipation (qu’il aurait fallu aug­men­ter, certes) par son côté « touche à tout ».

Seulement, depuis plus de 30 ans main­te­nant, métho­di­que­ment, tout est détri­coté. De la carte sco­laire qui est vidée de son but pre­mier (la mixité sociale), en pas­sant par l’Université qui se retrouve dépen­dante des fonds privés (pour la recher­che comme pour les moyens d’ensei­gne­ments) pour sur­vi­vre, en ajou­tant l’appren­tis­sage dont l’âge d’entrée a été dimi­nué au profit de filiè­res direc­tes, véri­ta­ble enfer­me­ment dans un métier.

Tout est mis en place pour une reprise en main par le « monde de l’entre­prise » du sys­tème sco­laire. Dans un seul et unique but : un retour en arrière fort, une obli­ga­tion de dépen­dre du monde de l’entre­prise.

Car là où le chô­mage a joué son rôle « régu­la­teur des luttes » espéré par le patro­nat ces der­niè­res années, il ne suffit plus. Et c’est bien pour tenter de pal­lier à un sou­lè­ve­ment d’ampleur que les liens entre « métiers » et « for­ma­tion éducative » sont res­ser­rés.

Imaginez demain l’uni­ver­sité Auchan, l’école pri­maire MacDonald, etc… Retour aux « écoles pro­fes­sion­nel­les » comme les écoles Renault ou Michelin du passé. Enfermement du tra­vailleur dans le moule patro­nal, inca­pa­cité d’en sortir et de faire contre­poids. Acquis de base limité au métier, pour une exé­cu­tion plus facile et rapide. Robotisation de l’humain.

Bien entendu, cer­tains par­lent des forces syn­di­ca­les qui pour­raient s’oppo­ser à cela, retrou­ver leurs rôles avant tout émancipateurs. Peut-être, mais en com­bien de temps ? Et sur quelle base, quels moyens, dans une société ou la capa­cité d’émancipation se rap­pro­chera de zéro de plus en plus (on ne demande même plus de savoir lire, mais de savoir exé­cu­ter aujourd’hui). La télé­vi­sion a lobo­to­misé les esprits en quel­ques années, ima­gine-t’on réel­le­ment que la fin de la lec­ture aidera en plus ?

Au final, la des­truc­tion de l’école « répu­bli­caine », même si elle pou­vait être un but quel­que part pour aller vers une école plus liber­taire, se fait aujourd’hui vers l’excès (l’extrême) inverse. En tuant le peu de col­lec­tif que l’école offrait, les tenants du libé­ra­lisme économique (capi­ta­lisme) sont par­ve­nus à faire de l’école ce qu’elle ne doit pas être : un énorme centre d’appren­tis­sage pro­fes­sion­nel. Avec en plus une pro­pen­sion très élevé à la repro­duc­tion sociale, pro­pen­sion qui n’ira pas en s’arran­geant.

Alors bien entendu, il nous faut, tous, être aux côtés de ceux qui lut­tent (et donc lutter) pour sauver l’école. Tout en gar­dant en mémoire que ce n’est qu’une étape pour aller ensuite vers une autre école, plus émancipatrice et ouverte.

Sans quoi, nos enfants ris­quent de vivre la fameuse révo­lu­tion inter­net et des tech­ni­ques de com­mu­ni­ca­tion de la pire façon qu’il soit : en étant eux-mêmes trans­for­més en simple donnée d’un jeu comp­ta­ble entre mul­ti­na­tio­na­les.

PS : volontairement, ce texte se concentre sur l’école. Il est évident que la misère va aussi en augmentant, et que les laissés-pour-compte du système servent avant tout le système lui-même, en tant que repoussoirs. Avec comme phrase clef : « Estime-toi heureux d’avoir du travail, toi au moins t’es pas à la rue / au chômage ».

Rebellyon, 13 janvier 2012

Divers liens en vrac sur la critique de l’urbanisme

Henri Lefebvre sur l’urbanisme (1972) (4 parties) :

http://www.youtube.com/watch?v=CiHfntd7jIs&feature=player_embedded

http://www.youtube.com/watch?v=gi-jCNq0PpI&feature=player_embedded

http://www.youtube.com/watch?v=-_0zW375RHs&feature=player_embedded

http://www.youtube.com/watch?v=v2rLs95Op_o&feature=player_embedded

L’urbanisme sert à faire la guerre – Fabien Bon :

http://graindesel.fr.gd/L-h-urbanisme-sert-%E0-faire-la-guerre.htm

Site laboratoire urbanisme insurrectionnel :

http://laboratoireurbanismeinsurrectionnel.blogspot.com/

L’aménagement du territoire – non fides :

http://www.non-fides.fr/?L-amenagement-du-territoire

Brochure Gentrification Urbanisme et mixité sociale :

http://apache-editions.blogspot.com/2010/02/gentrification-urbanisme-et-mixite.html

L’urbanisme à travers l’histoire – Lewis Mumford (trad JP Garnier) :

http://atheles.org/lyber_pdf/lyber_432.pdf

Urbanisme, architecture et maintien de l’ordre, conf de JP Garnier :

http://anarsonore.free.fr/spip.php?article1

Une autre ville pour une autre vie. Henri Lefebvre et les situationnistes – Philippe Simay :

http://metropoles.revues.org/2902

Dérive d’avant-garde (sur l’urbanisme unitaire situationniste) (OT n°6, 1999) :

http://barthelemybs.wordpress.com/2009/04/18/derive-davant-garde-sur-lurbanisme-unitaire/

Critique de l’urbanisme :

http://i-situationniste.blogspot.com/2007/04/critique-de-lurbanisme.html

L’urbanisme unitaire à la fin des années 50 :

http://i-situationniste.blogspot.com/2007/04/lurbanisme-unitaire-la-fin-des-annees.html

Divers textes sur l’urbanisme -infokiosques :

http://infokiosques.net/urbanisme

La fin des barricades – Entretien avec Eric Hazan :

http://www.contretemps.eu/interventions/fin-barricades-entretien-eric-hazan?page=3

L’urbanisation du capital – David Harvey :

http://sites.google.com/site/kundevonnirgendwo/home/doc/Harvey-Urbanisationducapital.pdf?attredirects=3

Le droit à la ville (2008) -David Harvey :

http://raumgegenzement.blogsport.de/2010/09/23/david-harvey-le-droit-a-la-ville-2008/

« Gentrification » : une notion importée… et importune – JP Garnier (en 2 parties) :

http://raumgegenzement.blogsport.de/2010/09/23/jean-pierre-garnier-gentrification-une-notion-importee-et-importune-1/

http://raumgegenzement.blogsport.de/2010/09/23/jean-pierre-garnier-gentrification-une-notion-importee-et-importune-2/