Archives de catégorie : Décroissance libertaire

[Lhommaizé – 86] Une initiative contre la LGV et son monde (capitaliste et autoritaire)

Une initiative contre la LGV et son monde (capitaliste et autoritaire)

Dans la soirée du 26 novembre 2013, à quelques un-e-s, nous nous sommes rendu-e-s à une réunion publique organisée par RFF à Lhommaizé (86) pour affirmer notre opposition aux projets de LGV et notamment celui entre Limoges et Poitiers. Nous avons distribué un tract (dont le texte est visible ci-dessous), qui a eu l’air de faire plaisir aux personnes qui venaient assister à la réunion. Seul-e-s deux personnes, par ailleurs employé-e-s par la centrale nucléaire de Civaux (86), sont venues nous le rendre car elles n’appréciaient pas que nous mettions en lumière la logique commune au Nucléaire et au saccage des terres au nom du désir de ces gros porcs de bourges de se déplacer toujours plus vite (toutes nos excuses aux cochons). En ce qui nous concerne, notre désir serait plutôt de voir fleurir moult collectifs, comités, assemblées citoyennes ou pas et qu’on puisse se fédérer pour lutter contre l’actuelle vague d’aménagement du territoire qui nous fait face. Nous souhaitons adresser toutes nos amitiés aux copains et aux copines NO TAV du Val Susa qui se battent contre un projet de ligne TGV (TAV en italien) entre Torino et Lyon et aux camarades basques qui luttent contre un projet de LGV entre Bordeaux et l’Espagne.

COPAIN (COllectif Poitevin Pour l’Arrêt Immédiat du Nucléaire) copain[chez]riseup[point]net

[fra] NOUS NE VOULONS PAS DU TGV, NI ICI NI AILLEURS.

Nous ne venons pas pour débattre avec RFF. Nous n’avons rien à dire à ces gens-là. Leurs réunions, enquêtes publiques et autres concertations ne sont que le vernis démocratique pour venir saccager des territoires et imposer leurs projets mortifères.

Quelle mobilité le TGV nous offre-t-il à nous qui ne pouvons pas nous l’offrir ? Souhaitons-nous seulement nous déplacer dans ces wagons où l’on crève de trouille de s’adresser la parole ? Non ce n’est pas notre idée du voyage.

On nous a tant vanté la vitesse qui soi-disant annonçait le progrès. Le progrès technique certainement, mais le progrès social certainement pas. Cette religion de l’immédiateté imprime un rythme à nos vies, nous fait courir toujours plus vite vers nulle part.

Les professionnel-le-s de la politique nous promettent que leurs foutus projets d’aménagement capitaliste du territoire créeront tout plein d’emplois toujours plus précaires et mal payés. Chouette…

Alors qu’on aimerait nous voir culpabiliser de ne pas aimer un travail qui n’a aucun sens ou de ne pas chercher en vain un emploi qui n’existe pas et dont l’économie n’a même pas besoin, nous cherchons le moyen de nous réapproprier nos existences.

Nous pensons que cette réappropriation passe par la nécessaire résistance à tous ces projets qui cherchent à nous aménager nous tout autant que nos lieux de vie.

Au Larzac, à Plogoff, et bientôt à Notre-Dame-des-Landes, l’histoire nous enseigne  que face à une population déterminée, les puissant-e-s font parfois marche arrière. Comme l’a écrit Bertolt Brecht, « celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu ».

Vu sur Indymedia Grenoble, 11 mars 2013

[Village-monde] Réchauffement climatique : la situation s’aggrave

Réchauffement climatique : la situation s’aggrave

Il ne fait pas bon être climato-sceptique. La revue Science vient de publier une étude démontrant que le réchauffement climatique récent est « sans précédent » et incomparablement plus rapide que durant les périodes de réchauffement précédentes. En étudiant les anomalies de température sur plus de 11 000 ans, les auteurs apportent des éléments supplémentaires pour définitivement écarter l’idée selon laquelle le réchauffement climatique actuel serait dû à la variabilité naturelle du climat.

Cette étude est rendue publique quelques jours après que l’observatoire Mauna Loa d’Hawaï ait mesuré un incroyable bond de la concentration de CO2 dans l’atmosphère en 2012. Celle-ci a augmenté de 2,67 parties par million (ppm) pour atteindre les 395 ppm, approchant l’augmentation record constatée en 1998 (2,93 ppm). Les premières données de 2013 laissent penser que les tendances ne sont pas prêtes de s’inverser. Le relevé record de février 2013 est déjà plus élevé que le plus haut niveau atteint en 2012. La barre des 400 ppm se rapproche, alors qu’il faudrait revenir à 350 ppm pour avoir une chance raisonnable de ne pas dépasser les 2°C de réchauffement climatique.

Pour Pieter Tans, qui dirige l’équipe de mesure des émissions de gaz à effet de serre pour l’administration états-unienne (NOAA), il ne fait aucun doute que « le principal facteur est l’augmentation de la consommation d’énergies fossiles ». L’Agence Internationale de l’Énergie a recommandé dans un rapport fin 2012 que « notre consommation, d’ici à 2050, ne représente pas plus d’un tiers des réserves prouvées de combustibles fossiles ».

Bastamag, Maxime Combes, 12 mars 2013

L’élevage industriel, combien de morts ?

L’élevage industriel, combien de morts ?

Ne pas se laisser impressionner par la propagande, qui a découvert un joli bouc émissaire dans le scandale de la bidoche. Derrière le rideau de scène, le vrai responsable du massacre est l’élevage concentrationnaire.

C’est un peu Au théâtre ce soir, défunte émission de la télé où les décors étaient de Roger Harth et les costumes de Donald Cardwell. Le scandale en cours de la bidoche de cheval fait revivre les belles heures du théâtre Marigny, mais en plus ringardos, ce qui n’est pas à la portée du premier metteur en scène venu.

Dans le rôle du gogol, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture. Dès  le 11 février, alors que le feu gagne la plaine, il déclare sans s’étouffer : « Je découvre la complexité des circuits et de ce système de jeux de trading entre grossistes à l’échelle européenne ». Le gars est petit-fils de paysan breton, il a un BTS agricole et il a même enseigné plus tard l’économie dans un lycée agricole. Mais il ne sait pas que la viande circule d’un pays à l’autre. Stéphane, même pas drôle.

Mais changeons plutôt de sujet, car on se contrefout que des marlous aient décidé de mettre du cheval dans un plat de bœuf. Dans un monde où Findus appartient à un fonds de pension qui exige 8 à 10 % de rentabilité financière par an, tous les maillons de la chaîne sont appelés à truander pour remplir leurs obligations. Parlons plutôt de ce qui est planqué dessous le sang des bêtes. Pour bien comprendre ce qui va suivre, il faut commencer par un point d’Histoire.

En 1961, Edgard Pisani devient le ministre de l’Agriculture du général de Gaulle. Dans le droit-fil du comité Rueff-Armand, qui entend dynamiter le cadre économique ancien – le libéralisme, déjà – une poignée de technocrates, soutenus par Pisani, décident en toute simplicité une révolution de l’élevage.

L’idée est de profiter de l’avantage comparatif français – 20 millions de bovins et de grandes surfaces de pâturages – pour produire massivement de la viande, laquelle sera exportée dans le Marché commun naissant, et permettra en retour d’investir dans des industries d’avenir. Le plus con, c’est que ce projet va marcher. En février 1965, Pisani est en Bretagne, et sous les vivats, il annonce que la région doit devenir « l’atelier à viande et à lait » de la France. En 1966, une grande loi sur l’Élevage est votée, et tout le monde s’embrasse sur la bouche : l’animal est pleinement devenu une marchandise.

Mais un produit industriel est là pour cracher du flouze, par pour faire plaisir aux amis des animaux. Un système se met en place, à coup de sélection génétique, d’alimentation « scientifique » – une partie viendra des Amériques sous la forme de soja -, de hangars concentrationnaires, de barres métalliques de contention pour interdire au capital de bouger son cul, et bien sûr de produits chimiques. La chimie est au cœur de l’aventure industrielle de la viande.

Vaccins, anabolisants, hormones de croissance, antiparasitaires, neuroleptiques pour calmer les nerfs des prisonniers, et bien entendu antibiotiques sont utilisés chaque jour. Les antibiotiques, dans la logique industrielle, ne sont pas là pour soigner, ou si peu : on a découvert dans les années Cinquante qu’en gavant les animaux avec ces médicaments, on obtenait comme par magie une croissance accélérée de leur poids, et donc des profits.

L’utilisation d’antibiotiques comme facteurs de croissance a été interdite en Europe en janvier 2006, mais cela n’a pas changé grand-chose au programme des réjouissances chimiques. La liste officielle des médicaments vétérinaires autorisés (1) contient des dizaines de substances dont aucune autorité ne connaît les effets combinés. La seule certitude, c’est que certains sont violemment toxiques et rémanents. Ce qui veut dire qu’ils sont stables longtemps, et peuvent, pour certains, entrer dans la chaîne alimentaire.

Par ailleurs, signalons que des études (2) montrent que des restes de médicaments vétérinaires sont retrouvés dans la viande de petits pots destinés aux bébés. C’est affreux ? D’autant que la toxicologie connaît ces temps-ci un ébouriffant changement de paradigme. Pour de multiples raisons impossibles à résumer, il devient hautement probable que d’infimes doses de résidus peuvent avoir un effet délétère sur la santé humaine. Et des mioches encore plus.

Autre folie consubstantielle à l’élevage industriel : les antibiotiques. Au plan mondial, la moitié des antibiotiques produits seraient utilisés dans l’élevage. On ne peut plus s’en passer si l’on veut faire du chiffre. Mais les conséquences sont lourdes, car les bactéries que flinguent les antibiotiques font de la résistance. Au bout de quelques années, elles mutent, et ne sont plus éliminées par l’antibiotique. L’antibiorésistance fait flipper tous les spécialistes, car on ne parvient plus à découvrir de nouveaux antibiotiques au même rythme que mutent les bactéries. Résultat : ça meurt, mais grave. Les infections nosocomiales, celles qu’on chope dans les hostos, font des milliers de morts chaque année en France.

Et l’élevage réclame sa part dans le bilan. Un article hallucinant publié fin 2007 dans le New York Times (3) rapporte que 19 000 Américains sont morts en 2005 d’une infection au SARM (Staphylocoque doré résistant à la méticilline). Plus que le sida, sans déconner. Le SARM compte plusieurs souches, dont une est animale, et prospère dans les élevages industriels de porcs. Elle touche nombre d’éleveurs, ainsi que des vétérinaires. Comme les autorités n’ont pas envie d’un nouveau scandale du sang contaminé, elles ont gentiment diligenté une enquête européenne, en 2008, sur le SARM animal, sous la forme CC398 qu’on retrouve dans les porcheries.

Le résultat des courses fait plaisir à voir. L’Allemagne a retrouvé le CC398 dans 43, 5 % des échantillons analysés. La Belgique dans 40 %. L’Espagne, dans 46 %. L’Italie dans 14 %. Autrement résumé, la France est entourée de voisins chez qui le SARM animal est une grave menace. Mais la France n’annonce que 1,9 % des échantillons contaminés.

On est loin de la viande de cheval ? Très près, au contraire. Tandis qu’on anime le spectacle d’un côté, on compte les morts de l’autre. Vive l’élevage industriel !

(1)    http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000432020&dateTexte=&categorieLien=id (2)     Food Chemistry, 15 juin 2012, Pages 2171–2180 (3)    http://www.nytimes.com/2007/12/16/magazine/16wwln-lede-t.html?_r=0

Vu sur Planète sans visa, 5 mars 2013 (repris du Charlie Hebdo)

[St-Léger-de-Montbrillais – 86] Vinci détruit, merci l’Etat.

Carrière pour la LGV, ça décape !

La phase de décapage a commencé depuis le début de semaine.

C’est parti sur le champ du Moulin-à-Vent à St-Léger-de-Montbrillais. Depuis le début de la semaine, des engins décapent la terre végétale de surface.

Après l’autorisation du préfet en janvier, Vinci Construction Terrassement, commence les travaux d’exploitation. Depuis le début de la semaine, les engins de terrassement sont entrés en action pour la première phase d’exploitation de la carrière au lieu-dit Le Moulin-à-Vent, sur la commune de Saint-Léger-de-Montbrillais.

Attention aux oiseaux !

Cette première phase consiste à décaper la terre végétale, qui est mise en dépôt à proximité sous forme de stocks temporaires dont la hauteur ne dépasse pas 2 m, et ce pour limiter le tassement lié au poids du matériau stocké. Cette opération, qui se terminera début mars, permet la suppression ou réduction de l’impact sur la faune sauvage : possibilité de nidification des oiseaux de plaine où la zone Natura 2000 de La Champagne de Méron a été créée. Avant le début de l’extraction des granulats, la société Vinci Construction Terrassement aménagera un tourne-à-gauche sur la RD 347 dans le sens Loudun – Montreuil-Bellay en accord avec le service des routes du conseil général de la Vienne. Le coût de cet aménagement sera entièrement supporté par la société Vinci Construction Terrassement. Une partie importante du site ne sera pas exploitée (bande de 50 mètres en bordure de la route départementale). Une surface est réservée pour le stockage de la terre végétale et la sous-couche de terre non arable.

700.000 tonnes de granulats à extraire

Viendra ensuite l’exploitation de la couche de granulats qui sera transportée sur le site de la future LGV dans le secteur de la Celle- Saint-Avant en Indre et Loire. 700.000 tonnes de granulats devraient être extraites de la carrière du Moulin-à-Vent d’ici la fin 2013. Une partie des travaux est confiée à des entreprises locales.

réaction

Romain Bonnet interpelle le préfet et demande l’interdiction des camions à certaines heures

Romain Bonnet est le président de Ligue contre la violence routière 86. Il a écrit au préfet pour attirer son attention au sujet de l’ouverture de la carrière et des problèmes d’insécurité routière que risque d’entraîner le passage des camions : « Les travaux concernant l’exploitation de la carrière de Saint-Léger-de-Montbrillais viennent de débuter, il semble que Vinci ne souhaite pas perdre de temps. Les premières extractions des granulats devraient se faire très vite, avec les incidences qui vont avec et notamment concernant les poids lourds. » « Un recours sera prochainement déposé pour l’annulation de l’arrêté pris par l’ancien préfet autorisant l’exploitation de cette carrière. Il n’existe aujourd’hui aucune assurance concernant la durée d’exploitation de cette dernière, Vinci souhaite déjà avoir un délai supplémentaire de 2 ans soit jusqu’à fin 2015 contre fin 2013 aujourd’hui (1) . » « L’augmentation du nombre de poids lourds devrait s’accentuer avec la carrière. C’est pour cette raison que je demande aux autorités de prendre toutes les dispositions nécessaires en attendant les suites qui seront données au recours qui doit être déposé devant le tribunal administratif. » Romain Bonnet demande « l’interdiction de la circulation des poids lourds en rapport avec la carrière aux heures où le trafic est le plus important soit le matin de 7 h à 9 h, en fin d’après-midi de 16 h 30 à 19 h » « Ces horaires correspondent à l’heure de débauche, mais c’est aussi à ce moment-là que les cars scolaires transportant les enfants et adolescents seront les plus nombreux, aucun risque ne doit être donc pris. »

(1) voir procès-verbal de la Codena du 17 janvier.

Corr. Jean-Claude Rabin, Nouvelle République, 22 février 2013