Archives de catégorie : Décroissance libertaire

Lobotomisation à grande vitesse : au sujet des « emplois » (l’avaleur travail)

Image vue sur le blog de Fred et René

Aujourd’hui la Nouvelle République remet le couvert en encensant une fois de plus le chantier de la LGV Tours-Bordeaux (voir ici et ). Une fois de plus, l’argument principal est celui de la création d’emplois que susciterait ladite ligne à grande vitesse.

Passons sur les arguments écologiques, par trop évidents : les paysages lunaires et désolés du chantier, ouvrant la terre à ciel ouvert à coups d’explosifs, montrent eux-mêmes en un saisissant raccourci à quoi ressemble le système actuel – celui d’une destruction massive des espaces et des sociétés.

Plaçons-nous donc d’abord sur le terrain de l’ennemi, l’économie. Si l’on veut bien jouer cet exercice intellectuel (pour ne pas dire la contorsion) consistant à adopter le point de vue de la social-démocratie, si l’on n’admet que le cadre capitaliste pour envisager une société meilleure (la LGV est largement soutenue par les élu-e-s PS) : la LGV est déjà un non-sens total.

Ce chantier pharaonique est économiquement ruineux pour les exploité-e-s, avec des subventions énormes données à perte par l’Etat et les collectivités locales à Vinci – comme pour tous les PPP (partenariats public-privé), dont les contribuables assument seuls les pertes et les capitalises encaissent seuls les profits. Les montants délirants de ces investissements publics, en pleine période dite de « crise » où un nombre croissant de gens connaissent des conditions de (sur)vie de plus en plus inacceptables, posent en eux-mêmes la question flagrante : où va l’argent ?

Quant aux fameuses « créations d’emplois », il faut souligner d’une part que la recrudescence d’emplois suscités par le chantier est tout à fait éphémère (comme l’admet d’ailleurs la NR). D’autre part, et cela va avec, il faut rappeler qu’à terme, comme pour toute concentration/rationalisation des moyens de production, d’échange et de distribution en système capitaliste, ce chantier n’est qu’un prélude de plus à une nouvelle baisse structurelle des emplois. En effet, la LGV désertifiera un peu plus les régions traversées et isolées par le train à grande vitesse ; la dynamique de métropolisation des espaces urbains desservis par la ligne (devenant un peu plus des noeuds d’échange accaparant toute l’activité humaine) répond quant à elle à une logique éminemment capitaliste : rationaliser l’appareil productif de façon à réduire, précisément, le coût de main-d’oeuvre… ayant pour conséquence, comme depuis plusieurs décennies, l’approfondissement du chômage. Quand la machine remplace globalement l’homme, le chassant de la sphère productive, les emplois suscités par l’élaboration de l’outil ne servent qu’à réduire globalement l’emploi.

La LGV n’est qu’un aspect du dispositif capitaliste global consistant à concentrer le capital, à maximiser le profit et à réduire globalement la rémunération de la force de travail.

Néanmoins, si profit privé et bien commun sont éminemment incompatibles et si le social-capitalisme est par définition un mensonge, ces chantiers sont loin d’être illogiques, malgré leur apparente absurdité en termes socio-économiques.

Ils répondent en effet à la logique actuelle d’un capitalisme aux abois. On peut même dire que ces chantiers délirants sont actuellement inévitables, si l’on se condamne à rester dans les paradigmes d’une organisation capitaliste de la société. Si dans le monde entier, avec l’aval de gouvernements de gauche comme de droite, ces chantiers prolifèrent, c’est pour une raison précise : le capitalisme productif ne rapporte plus assez. Et ce, depuis la fin des années 1960, précisément parce que le machinisme a marginalisé l’homme au sein du processus de production/valorisation. D’une part les investissements en machines ont pris une part prépondérante dans les investissements globaux, réduisant la part de l’investissement en force de travail humain à une portion toujours plus congrue… alors que c’est uniquement sur l’exploitation du travail humain que le profit se réalise. D’autre part, la production peine à s’écouler, au sein d’un marché prombé par la stagnation relative des salaires par rapport à la masse croissante du capital en circulation.

Le capitalisme ne peut fuir éternellement ses contradictions avec de vieilles recettes ; c’est pourquoi il se restructure périodiquement, en colonisant et en défrichant de nouveaux « gisements de profits ».

C’est la financiarisation de l’économie mondiale qui a permis, à partir des années 1970, de prolonger le maintien du profit capitaliste. D’une part en organisant la spéculation sur les profits productifs à venir, du moins susceptibles de venir. Et d’autre part en encourageant le crédit chez les salariés mal payés, pour permettre de maintenir la consommation. Tour de passe-passe, fuite en avant ? Certes, on l’a manifestement vu lors de la crise de 2008 ; n’empêche que cette restructuration a permis de maintenir le système (et les emplois avec, n’en déplaise aux « anti-libéraux » de gauche).

Le hic, c’est que la spéculation sur les profits à venir dans l’activité productive exige elle aussi, tout de même, que la production se poursuive un minimum. Sous peine de doute trop flagrant sur la réalité de la production, ce fondement incontournable, même avec mille tours de magie, de l’économie ; sans activité productive minimale pour faire illusion, il y a doute généralisé, et donc éclatement de la bulle financière, et donc dévalorisation massive du capital, et donc paralysie totale de l’économie, bref, disparition de la valeur elle-même, et effondrement pur et simple du capitalisme. Adieu juges, flics, notaires : les populations affamées se ruent sur les biens redevenus communs. Et ça, pour les possédants et les dominants, c’est pas très glop.

C’est ce rôle de caution d’un productivisme, en apparence absurde, que jouent actuellement et en toute logique capitaliste les multiples partenariats public-privé. Ces immenses chantiers de béton et d’acier, aussi laids qu’inutiles socialement, ne sont utiles qu’à la tentative de pérennisation du capitalisme, en garantissant le maintien du minimum de profits productifs juteux nécessaire à la crédibilité de la valeur globale et de sa circulation.

Voilà pour le côté économique.

A notre sens, ce qu’il faut aussi attaquer, c’est ce pseudo-argument des capitalistes, repris en choeur par leurs bardes politiciens et journalistes, de la création d’emplois. Parmi tant de laideur, de destruction écologique, de ruine d’argent public, de destruction d’espaces communs de vie, l’emploi demeure le seul et ultime argument pour soutenir ce consternant projet de LGV (comme du reste tous les PPP). L’emploi est le grand retranchement argumentaire des capitalistes et de leurs petits copains du PS et de la NR.

Or, si l’on veut bien cesser de penser « croissance », « emploi » et « réindustrialisation » comme les sources de notre bonheur sur Terre : pourquoi les gens veulent-ils des emplois salariés (c’est-à-dire exploités et aliénés, où l’on prélève sur eux un profit, et où ils n’ont aucune capacité de décider de la nature de la production) ? Pour se procurer de l’argent, monsieur le DRH, pas pour se « réaliser »… Et pourquoi les gens veulent-ils avoir de l’argent ? Pas pour être « libres », monsieur le politicien, mais pour s’assurer de pouvoir payer les besoins nécessaires à la vie, qui sont tous marchandisés puisque les gens ne disposent plus des moyens de les produire par eux-mêmes (on les leur a confisqués). Pourquoi faut-il payer, dans un monde qui produit déjà bien plus qu’il n’est nécessaire pour couvrir les besoins de tous les humains qui peuplent cette planète ? Pas pour être « honnête », monsieur le juge, mais pour éviter de s’exposer au risque d’être broyé par le cerbère étatique flic-juge-maton.

Le travail salarié est comme l’argent : il est un dispositif pour maintenir la domination, la hiérarchie et les inégalités, la privation et la rareté, dans un monde qui croule sous des richesses potentiellement disponibles pour tous. Le travail est l’activité humaine dévoyée par la contrainte, par la menace réelle de crever de faim et de froid, assumée par la répression permanente des forces de « l’ordre ». L’emploi n’est pas un but en soi : il n’est qu’un moyen de survie. Les gens ne travaillent pas comme salariés pour se réaliser : il n’y a nul besoin de contraindre les gens au travail, ni d’argent, pour les voir s’organiser pour produire ce dont ils ont besoin, si tant est qu’ils possèdent les moyens de produire ces choses par eux-mêmes.

Plutôt que de nous satisfaire de « créations d’emploi » temporaires, par des capitalistes qui ne les créent que pour accroître leur profit et leur domination sur nous tous, organisons-nous enfin plutôt pour en finir avec le travail contraint ! Et si ce n’est pour l’abolir ni le déserter totalement dans l’immédiat, puisque le capitalisme est une dictature que l’on ne renverse pas par des déclarations d’intention, luttons au moins pour nous réapproprier les moyens de décider vraiment de nos vies. Organisons-nous au maximum pour produire et nous procurer ce dont nous avons vraiment besoin, en-dehors du monde du salariat. Et quand nous sommes contraints de travailler, organisons-nous pour détourner l’appareil productif et pour saboter le profit, afin de nous répproprier les moyens de décider par nous-mêmes sur nos vies : c’est là l’origine et le sens véritable du syndicalisme.

S’organiser signifie aussi se défendre, collectivement, contre les attaques du capitalisme qui semble précipiter le monde dans sa chute en avant. LGV Lyon-Turin, chantiers du nucléaire et leurs pylônes, aéroport de Notre-Dame-des-Landes… la résistance contre ces dispositifs capitalistes ne s’organise pas que sur un refus théorique ou sur une argumentation économique. Elle se construit aussi par les expérimentations concrètes d’autres façons de vivre, d’autres sociabilités, en même temps que l’organisation d’une défense aux stratégies aussi multiples que complémentaires.

Employons-nous à ne plus être employés.

Juanito, 29 décembre 2012

« Notre-Dame-des-Luttes », un documentaire intimiste sur la résistance à l’aéroport

« Notre-Dame-des-Luttes », un documentaire intimiste sur la résistance à l’aéroport

Le documentariste Jean-François Castell a passé trois semaines au cœur de la Zone à défendre de Notre-Dame-des-Landes et nous livre, pour Noël, son regard « à hauteur d’homme » sur cette lutte qui a pris une ampleur exceptionnelle depuis le début de la répression policière le 16 octobre et surtout avec la manifestation de réoccupation du 17 novembre.

A visage découvert, les activistes venus de partout décrivent cette « fraternité » qu’ils ont trouvé dans l’organisation autonome de cette lutte. On les voit au quotidien, se servir dans le « free shop », participer à la cuisine, construire des cabanes habitables, et aussi, résister aux forces de l’ordre qui les poursuivent jusque dans les arbres.

« On ne défend pas ses idées dans son salon », dit une dame venue rejoindre à ce « nouveau Larzac ». C’est appelés par cette nécessité de donner de soi que des centaines de personnes, aux profils très variés, convergent vers ce qui est en train de devenir « un lieu mythique ».

Jean-François Castell, après avoir autofinancé de documentaire, espère en tourner un autre sur cette lutte dont on n’a pas fini d’entendre parler. Pour mieux le connaitre et le soutenir, sa page Facebook et son site.

La vidéo ici

Vu sur Rue 89

[Poitiers] Actions contre la pub

NdPN : voici l’annonce d’une action antipub qui aura lieu cet après-midi à Poitiers sur l’initiative des Amis de la Terre, ainsi que le compte-rendu de l’action de mercredi dernier, par les Déboulonneurs 86, qui s’est accompagnée de contrôles d’identité par les féroces de l’ordre…

Action antipub ce samedi 15H devant l’église Saint-Porchaire à Poitiers

À l’initiative des Amis de la Terre Poitou il y aura demain une action consistant en une petite intervention théâtrale sur le thème de la pub (mettant en scène deux comédiennes, parodies de publicitaires devenant des démons de la pub) accompagné d’un appel à la réflexion sur le gaspillage que représente les commerces laissant leurs portes grandes ouvertes en plein hiver, il y aura d’ailleurs une pétition pour demander aux commerçants de mettre fin à cette aberration (voir en pièce jointe). La pétition sera ultérieurement envoyée à la Fédération des acteurs économique (FAE) de Poitiers Centre. Rendez vous donc le samedi 22 décembre à 15h devant l’église Saint Porchaire.

NdPN : voici le texte de la pétition proposée par les Amis de la Terre :

Portes grandes ouvertes en hiver

STOP au gaspillage d’énergie ! C’est à priori une simple question de bon sens : quand le chauffage est allumé on évite de laisser la chaleur s’échapper. Mais nombre de commerces laissent pourtant leurs portes grandes ouvertes en plein hiver, s’imaginant peut-être que les passants seront plus enclins à rentrer et acheter quelque chose. Nous pensons au contraire que les gens n’ont pas à être pris pour des pantins et qu’ils peuvent très bien ouvrir eux-mêmes une porte s’ils désirent rentrer dans un magasin. De plus cette énergie qui est ainsi dilapidée a un coût et ce sont bien évidemment les consommateurs qui la paient au final. Enfin cette question devrait tous nous interpeller car les économies d’énergie sont un enjeu majeur pour l’avenir. Nous demandons donc aux commerçants de ne pas laisser leurs portes grandes ouvertes quand le chauffage est allumé.

Pétition à l’initiative des Amis de la Terre Poitou

Mailing, 21 décembre 2012

Mercredi 19 décembre, action recouvrement… et contrôles d’identité

Mercredi 19 décembre une petite équipe des déboulonneurs de Poitiers s’est retrouvée en début d’après-midi pour faire une action de recouvrement. Près d’une vingtaine de panneaux publicitaires ont donc été masqués à l’aide d’affiches de pubs (avec un verso blanc) récupérées, un peu de scotch et des tracts ont été apposés sur chaque panneau rencontré pour expliquer notre démarche.

Comme d’habitude la police est présente dès le début de l’action et suit nos déplacements mais pour la première fois ils décident au bout d’une dizaine de panneaux recouverts de faire un contrôle d’identité. Interrogés sur la raison de ce contrôle les policiers n’ont pas eu d’autre réponse à nous donner que « ce n’est pas nous qui avons décidé, c’est le chef, allez lui demander si vous voulez » se réfugiant ainsi dans une posture de simple exécutant n’usant pas de son esprit critique. L’action a cependant pu continuer sans souci.

Nous avons également eu l’occasion de discuter avec des commerçants qui annonçaient vouloir enlever nos affiches blanches dissimulant les pubs, la raison était en fait la crainte que les affiches finissent par tomber ou se désagréger et fassent sale (mais normalement les affiches sont bien scotchées et se tiennent bien). Nous avons également parlé des différents types d’action possibles et de leur impact sur la population.

Enfin quelques passants avec qui le dialogue s’est entamé ont exprimé leur soutien à notre action.

Déboulonneurs 86

[Notre-Dame-des-Landes] Infos du 21 décembre

NdPN : Salut ! Le point info du jour ici. Deux articles importants aujourd’hui. L’un fait un topo sur la répression, avec de nouvelles condamnations à de la prison ! (voir aussi nos articles ici et ). L’autre article est un communiqué sur la Châtaigne.

***

[Notre-Dame-des-Landes] Un barricadier condamné à 6 mois de prison ferme

Aéroport de Notre-Dame-des-Landes : six mois de prison ferme contre un opposant

Le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire a condamné jeudi 20 décembre en comparution immédiate un opposant à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes à un an de prison, dont six mois fermes, pour violences à l’encontre des forces de l’ordre.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/0135.jpgDevant la mairie de Notre-Dame-des-Landes.

Interpellé mardi soir dans la commune de Notre-Dame-des-Landes, présenté en comparution immédiate à Saint-Nazaire, ce Parisien né en 1991 a également été condamné à une interdiction de séjour de cinq ans en Loire-Atlantique, mais il n’a pas été écroué à l’issue de l’audience.

Il s’agit de la troisième condamnation à de la prison ferme à l’encontre d’un opposant à l’aéroport depuis le déclenchement à la mi-octobre d’une vaste opération d’expulsion des quelque cent cinquante opposants anticapitalistes alors installés sur le site. Un autre opposant a été condamné mercredi à huit mois de prison, dont deux mois fermes, et un autre à dix mois, dont cinq fermes, le 28 novembre. Ces deux personnes avaient aussitôt été écrouées.

Le tribunal correctionnel de Nantes a en revanche prononcé, jeudi également, la relaxe de deux jeunes femmes, interpellées le 22 octobre dans la commune de Vigneux-de-Bretagne (voisine de celle de Notre-Dame-des-Landes). Elles étaient poursuivies pour la dégradation par jets de projectiles d’un véhicule de gendarmerie, mais les preuves n’ont pas été jugées suffisantes par le tribunal. (…)

Presse aéroportée (LeMonde.fr avec l’Agence Faut Payer, 20 décembre 2012)

 

NDDL. Dégradations sur un véhicule de la gendarmerie : deux relaxes à Nantes

Son amie est au Mexique. Cette étudiante en Master 2 de sciences politiques n’a pas pu se présenter à la barre du tribunal correctionnel de Nantes ce jeudi pour cause de stage à l’étranger. Elle suit des études supérieurs (elle a suspendu son cursus pendant un an).

Toutes deux étaient jugées pour des « dégradations » commises un véhicule de la gendarmerie. Au matin du 22 octobre, à Vigneux-de-Bretagne, elles se « promenaient à travers champs, au mileu d’un epaix brouillard », quand elles ont entendu « des bruits au loin ». Un véhicule de la gendarmerie, mobilisée sur la zone du futur aéroport, venait d’essuyer jets de pierres et de bouteilles.

Elles ont été interpellées et placées en garde à vue. Et les voilà donc devant le tribunal. Sauf que. La procureure avoue ne « pas bien comprendre ce qu’elles font là ». Pour les gendarmes, « le travail d’identification dans ces circonstances est très difficile, c’est sûr, mais nous avons pour obligation de soumettre des éléments concerts. Or, je considère que les éléments sont insuffisants dans ce dossier ».

http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/0326.jpg

Me Stéphane Vallée, qui défend, avec force, la jeune femme présente, ne peut qu’abonder dans ce sens : « face à cette procédure, on ne peut que demander la relaxe, en effet », plaide-t-il. Sa cliente a refusé de se soumettre aux tests ADN et signalétiques ? Peut-être. « Mais là encore, dans les PV d’auditions, rien ne prouve que ce refus a existé. Rien n’est matérialisé ! », tonne l’avocat.

Sa cliente et son amie, absente, ont été relaxées pour les dégradations. Pour avoir refusé de se soumettre aux tests, en revanche, le tribunal l’a condamnée à verser 400 euros d’amende avec sursis.

Presse aéroportée (PresseOcean.fr, 20 décembre 2012)

Vu sur le Jura Libertaire, 21 décembre 2012

***

Communiqué – [zad-nddl] Recul de la Préfecture sur la châtaigne

Depuis la semaine dernière, la Châtaigne, espace réoccupé avec 40 000 personnes le 17 novembre sur la zad, était menacé d’expulsion suite à une ordonnance sur requête.

Suite à notre annonce de la mise en oeuvre d’un procédure de rétractation, la Préfecture a fait savoir qu’elle n’entendait pas faire usage de l’ordonnance sur requête autorisant l’expulsion de la Châtaigne. Cela signifie qu’une nouvelle procédure, nominative et contradictoire cette fois, sera nécessaire pour obtenir l’expulsion du lieu. Après l’attaque policière de la châtaigne et le vol de nos outils et matériaux le 23 novembre, ainsi que les divers passages en force sur le plan juridique, il apparait que la Préfecture recule.

Il est cocasse de repenser au communiqué officiel de la Préfecture affirmant mercredi dernier que les habitants de la Chataîgne n’avaient « plus aucun droit ». Prise à son propre jeu, elle doit bien admettre aujourd’hui qu’il lui sera nécessaire de relancer une procédure pour obtenir le droit d’expulser. Si nous ne nous cachons pas, pour notre part, derrière un « droit » qui se range le plus souvent du coté des puissants, nous ne les lâcherons pas sur ce terrain là, pas plus que sur les autres… Au demeurant, nous n’entendons pas nous reposer sur des procédures hasardeuses : les opposants, paysans, habitants et associations restent prêt sur place à défendre la châtaigne et à réagir si nécessaire dans les villes et bourgs partout ailleurs.

Malgré la multiplication des arrêts préfectoraux interdisant le transport de matériaux, outils, carburants sur la ZAD, malgré les checkpoints, le harcèlement, les contrôles et arrestations à répétition, l’usage illimité des grenades assourdissantes, nous n’avons cessé d’approvisionner les cabanes et de construire. Samedi midi encore, après qu’un pique-nique sur la route ait été gazé, une grande crèche en kit transportée sur des tracteurs a réussi à passer entre les rangs policiers sous la pression. Si ce n’est la volonté de maintenir un point de tension permanent, et de continuer à blesser les opposants, la présence des troupes préfectorales ne leur est plus d’aucune utilité. Il est grand temps qu’elles se retirent de la ZAD.

Alors que la « commission gouvernementale de dialogue » propose un premier rendez-vous à Nantes cette semaine, nous rappelons que les différentes composantes de la lutte sur le terrain sont unies dans le refus d’un dialogue fantôche sur l’aménagement du projet d’aéroport. On ne nous fera pas ce coup là, d’autant que les expulsions des fermes, champs et habitats menacent encore et que Vinci annonce la poursuite des travaux de mise en oeuvre. Nous sommes déterminés à résister jusqu’au retrait du projet.

Si la pression s’éloigne momentanément sur la Châtaigne, la vigilance demeure de mise sur tous les autres habitats occupés, entre autre la maison de la Sécherie (route des fosses noires) qui pourrait être expulsée dès le 27 décembre et qui appelle à se mobiliser.

Les 15 et 16 décembre dernier, un mois après la manifestation de réoccupation, plus de 300 personnes représentant 150 comités de soutien locaux se sont retrouvées à Notre dame des landes pour coordonner les actions et mobilisations des semaines et mois à venir, réaffirmer leur opposition sans concession à ce projet et au monde qui le produit et renforcer les liens avec d’autres luttes locales (THT, Ligne à Grande Vitesse, gaz de schiste, bétonnage des terres agricoles…)

Nos pensées imédiates vont à nos deux camarades en prison depuis leur arrestation sur une barricade et à un checkpoint policier, à notre camarade encore à l’hopital après s’être pris une grenade dans le pied dimanche soir, ainsi qu’à tous les autres blessés ou inculpés depuis le début de l’opération César

Ils ne nous décourageront pas. On résiste, on construit, on cultive, on occupe, on réoccuppe !

Des occupant-e-s de la ZAD.

Vu sur zad.nadir.org, 20 décembre 2012

[86] Propagande journalistique à grande vitesse pour la LGV Poitiers-Limoges

NdPN : contre la LGV Poitiers-Limoges, on a connu des rassemblements, manifs, tractages, pétitions… plusieurs fois même le projet a été dit menacé d’être « enterré ». C’est compter sans le fait que la propagande capitaliste des partenariats publics-privés a encore des billes dans son wagon. Le train-train de la locomotive productiviste a encore de beaux jours devant lui, si nous ne mobilisons pas à la hauteur de la volonté de nuisance des capitalistes et de leurs alliés  politiciens.

Ainsi, cette journaliste de la Nouvelle République semble superbement ignorer la résistance à la ligne, et se satisfait de rapporter en toute objectivité journalistique l’avis de Claeys, ou du président de l’association de promotion du projet : l’opposition se cantonnerait à « un cercle circonscrit autour de Chaptelat et Bellac », dont les recours ne « tien[nen]t pas la route ». Un beau relais de propagande éhontée pour ce projet coûteux, inutile, écologiquement et socialement nuisible !

On notera l’emploi de mots au caractère bien peu objectif : « arguments socio-économiques », « heureux dénouement », « Les Limousins bénéficieraient alors de la grande vitesse », « un scénario presque idyllique, mais plausible ».

C’est manifestement surtout l’idylle entre les promoteurs de la ligne… et la presse quotidienne régionale, que nous pourrions rebaptiser « Nouvelle ferrovaire » à la lecture d’un tel papier.

A nous tou-te-s de dire et redire que nous ne voulons pas de ce nouveau chantier de plus. Et d’agir, surtout, au-delà d’actions symboliques de pétitions remises aux élus ou de rassemblements « citoyens »… Nous n’avons pas les sous pour de la propagande de masse sur papier, mais nous avons la détermination et la force du nombre.

LGV Poitiers-Limoges : le calendrier se précise

Alors que la décision ministérielle pourrait être avancée de deux mois l’enquête publique semble se profiler pour le printemps 2013.

Un vent d’optimisme souffle désormais entre Limoges et Poitiers. Alors que l’association de promotion de la LGV poursuit son travail de persuasion, le calendrier semble se resserrer. La décision ministérielle n° 2, qui doit notamment répondre à des questions environnementales, n’était pas attendue avant la fin du premier trimestre 2013. Elle pourrait finalement intervenir fin janvier, Réseau ferré de France ayant déposé la semaine dernière le dossier sur le bureau de l’Etat. Un feu vert indispensable au lancement de l’enquête publique, laquelle pourrait alors débuter dès le printemps prochain, fin avril selon les représentants de l’association. Voilà qui a ravi les participants à la réunion publique annuelle organisée par l’association, jeudi soir, à Limoges. De toute évidence, ils y voient le signe d’une bonne volonté gouvernementale.

«  Le cinquième de Flamanville  »

Cette grand’messe, qui réunit d’année en année toujours plus de participants (500 en 2010, 600 l’an dernier, plus de 700 hier), pourrait d’ailleurs être la dernière à se tenir dans un contexte d’incertitudes. « Le projet remplit tous les critères de la commission chargée de trier les priorités du gouvernement », a lâché, tout sourire, son président, Jean-Pierre Limousin. « C’est le moins coûteux : la réalisation de Limoges-Poitiers coûtera le cinquième de Flamanville, et pas plus du double de ce que le Qatar compte investir en cinq ans au PSG… » Les intervenants ont donc rivalisé d’arguments socio-économiques devant un public acquis, relais précieux auprès de l’opinion. Alors que les conditions politiques d’un heureux dénouement semblent plus que jamais réunies, les élus du Limousin ont accueilli à bras ouverts l’invité d’honneur de la soirée, le député-maire de Poitiers. Pour Alain Claeys, pas de doute : indissociable de la ligne Sud Europe Atlantique entre Tours et Bordeaux, le barreau mettrait aussi Poitiers et Limoges à 38 minutes. « C’est une chance incroyable pour les coopérations entre nos universités, nos CHU… », explique l’élu poitevin, lui aussi résolument optimiste. « On nous disait : Tours-Bordeaux, ça ne se fera jamais ; aujourd’hui, c’est l’un des plus gros chantiers en cours en Europe. »

Objectif 2020

Quid des opposants au projet ? « Je n’en vois pas beaucoup, hormis dans un cercle circonscrit autour de Chaptelat et Bellac », répond Jean-Pierre Limousin. « Ils ont déposé un recours ? Soit. Tout juriste compétent sait que cela ne tient pas la route… » En attendant, le calendrier semble se dessiner avec davantage de précision. Si elle est bien lancée fin avril, l’enquête publique devrait s’achever fin juillet. La déclaration d’utilité publique pourrait alors intervenir en 2014, les études de réalisation de la ligne en 2015 et le lancement des travaux en 2016. Les Limousins bénéficieraient alors de la grande vitesse en 2020. Un scénario certes idyllique, mais plausible.

Nouvelle République, Florence Clavaud-Parant, 15 décembre 2012

Mise à jour : voir cet article sur l’appel d’offres pour un lobbying pro-aéroport de Notre-Dame-des-Landes… un autre grand chantier. Lobbying aux frais du contribuable. Lire notamment la stratégie déployée vis-à-vis des journalistes…