Archives de catégorie : Décroissance libertaire

[86] Graines de résistance

Échange de graines : pépin de neige

Les organisateurs avaient pourtant soigneusement préparé cette journée. Ce n'est que partie remise.

 

Les organisateurs avaient pourtant soigneusement préparé cette journée. Ce n’est que partie remise. – (Photo CBD ®)

Échange de graines et d’idées : l’association Cultivons la biodiversité en Poitou-Charentes a organisé pour la deuxième fois, dimanche, une journée d’échanges de graines aux Jardins d’Ariane à Montreuil-Bonnin.

La manifestation, qui avait réuni l’année dernière près de cent personnes, n’a pas eu lieu en raison des chutes de neige. Toutefois, quelques jardiniers passionnés se sont déplacés depuis le Mellois et le Nord de la Vienne, pour partager un moment de convivialité et échanger des semences de variétés comestibles, cultivées ou sauvages. Férus de biodiversité, les participants ont débattu de l’évolution de la réglementation et de la législation et manifesté leur désaccord avec la loi de décembre 2011 qui, « en taxant les semences de ferme va à l’encontre de la biodiversité ». Les deux cents membres de l’association sont inquiets pour l’avenir et demandent « la reconnaissance positive des droits des agriculteurs et des jardiniers par la libération des semences paysannes et fermières ». Les participants ont aussi échangé sur les questions du terroir, de l’acclimatation des plantes, du rôle du jardinier, cheville ouvrière de la biodiversité cultivée. Ils s’intéressent aussi au « jardin en mouvement » : le déplacement d’un pays ou d’une région à l’autre des espèces et des variétés, que ce soit par les déjections des oiseaux ou les semelles des voyageurs… L’homme, estiment-ils, « peut aussi participer à la destruction de la nature en permettant certaines disséminations notamment via les OGM ».

en savoir plus

 > Cultivons la biodiversité : tél. 05.49.48.91.06. > Les Jardins d’Ariane : tél. 05.49.55.48.46. > Prochain rendez-vous : dimanche 1er avril pour un échange de graines et de plants. > Plus d’informations : http ://www.semonslabiodiversite. com

Nouvelle République, Marie-Julie Meyssan, 7 février 2012

OGM : la guerre reprend

OGM : la guerre reprend 

 Les promoteurs des OGM pourraient planter le maïs transgénique en avril ou en mai. Une jolie chausse-trappe pour le tout nouveau président…

Hervé Kempf – 6 février 2012

Pendant le tohu-bohu de la campagne présidentielle, la vie déroule ses flots imprévisibles. Et si le débat oublie l’environnement, celui-ci n’en continue pas moins de développer problèmes et conflits. Ainsi en va-t-il de la guerre des organismes génétiquement modifiés (OGM). La trêve avait été conclue en janvier 2008 : le gouvernement décidait le moratoire sur la culture du maïs transgénique de Monsanto. La paix revint dans les campagnes. Mais les adversaires ne désarmaient pas. En septembre 2011, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) jugeait mal fondée la décision, qu’annulait, le 28 novembre, le Conseil d’Etat. La culture du maïs transgénique redevenait possible en France.

Ministres et président juraient alors qu’ils ne le permettraient pas. En même temps, le gouvernement demandait au Haut Conseil des biotechnologies (HCB) de lui indiquer comment organiser la coexistence entre cultures transgéniques et normales, de façon que les premières ne nuisent pas aux autres. Au terme de divers épisodes, le HCB rendait des avis contournés. Des virulentes discussions ayant agité cette honorable assemblée, il ressortait que la coexistence était envisageable, à condition de l’encadrer de nombreuses et difficiles précautions.

Sans doute la sophistication de cette position parut-elle excessive au ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire. Il déposait, le 30 janvier, un projet d’arrêté sur la mise en culture des OGM, réduisant au minimum les précautions à prendre et négligeant l’avis du HCB. De son côté, la ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, promet que le gouvernement prendra une mesure d’interdiction fin février.

Celle-ci pourrait s’appuyer sur le tort fait par les OGM aux apiculteurs, reconnu par un autre jugement de la CJUE le 6 septembre 2011. A condition que le veuille le ministère de l’agriculture, ce qui pourrait n’être pas le cas. Si bien que la décision, si elle ne se réfère pas aux abeilles, risque d’être annulée par le Conseil d’Etat, saisi en référé par les promoteurs des OGM. Ceux-ci planteraient alors le maïs transgénique en avril ou en mai. Une jolie chausse-trappe pour le tout nouveau président…

Les OGM restent un problème politique. Qui ne pourra pas se résoudre tant qu’on ne formulera pas clairement le choix qu’ils impliquent : une agriculture productiviste et destructrice d’emplois, ou une agriculture écologique et créant du travail.

Source : Cet article est paru dans Le Monde daté du 5-6 février 2012.

Dessin : Neo Amusement

Lire aussi : Le gouvernement prépare-t-il la culture des OGM ?

Reporterre, 6 février 2012

[Italie, Val Susa] Grande manifestation NO-TAV le 25 février

Italie : No Tav : Grande manifestation

Brève…..

Tav : projet coûteux et destructeur de l’environnement.

Résistance et Détermination !

Tav : No Passaran

Grande manifestation nationale Samedi 25 Février 2012 à Bussoleno (Val Susa)

Venez nombreux témoigner votre solidarité internationale à la population de la vallée italienne.

Hébergement assuré.

Contact : postanotavtorino.org

Tel :0039 338 6086915(silvano)

http://www.notavtorino.org/

Articles liés (pour qui ne comprend pas l’italien) : sur Rebellyon : ici et puis sur le mouvement no-tav (en français)

Sur les agrocarburants

Le juteux business des agrocarburants sur le dos de la collectivité

Les agrocarburants polluent, contribuent fortement aux émissions de CO2… et coûtent cher à la collectivité. Un rapport de la Cour des comptes analyse les incohérences de la politique française, en particulier les incitations fiscales, aujourd’hui injustifiées. Un système qui bénéficie notamment au fonds d’investissement Sofiprotéol, dirigé par le patron de la FNSEA, Xavier Beulin.

La Cour des comptes vient de publier un rapport très critique sur les agrocarburants, demandant l’arrêt des subventions au secteur en France. Principal argument avancé : le coût pour les consommateurs s’élève à près de 3 milliards d’euros pour 2005-2010. Et les agrocarburants occupent aujourd’hui 6 % de la surface agricole en France, malgré une pertinence environnementale « difficile à mesurer et de plus en plus contestée », relève le rapport. Celui-ci pointe aussi la « rente de situation » pour Sofiprotéol, principal producteur de biodiesel, sur lequel Basta ! avait enquêté en juin dernier.

Selon le rapport, la politique française en faveur des agrocarburants a rapporté plus de 500 millions d’euros à Sofiprotéol, fonds d’investissement dirigé par Xavier Beulin, actuel président de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire. Son Diester® est pourtant une « arnaque écologique » au bilan « catastrophique », dénoncent les organisations environnementales : à cause de la déforestation, le Diester® engendrerait deux fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que le gazole, à production alimentaire constante [1].

Transferts financiers au profit de l’agro-industrie

« Les factures de carburant [de l’automobiliste] financent, sans qu’on le sache et pour des montants considérables, la totalité de la politique française en faveur des biocarburants », affirme Didier Migaud, président de la Cour des comptes, qui fustige les « objectifs nombreux, peu explicités et mal hiérarchisés » de la politique française en ce domaine. Le développement des agrocarburants – biodiesel issu notamment du colza ou du soja, ou éthanol issu de la betterave – a été rendu possible en France grâce à d’importantes incitations fiscales. Les agrocarburants bénéficient notamment d’une forte réduction de la taxe sur les produits pétroliers (ex-Tipp, devenue TIC). Un manque à gagner pour l’État de 2,7 milliards d’euros, entre 2005 et 2010. Et des « transferts financiers non négligeables en direction de l’agro-industrie », pointe le rapport de la Cour des comptes.

Les objectifs d’incorporation fixés par le gouvernement (7 % de biodiesel dans le gazole et de 10 % d’éthanol dans l’essence) ne sont pas compatibles avec les contraintes techniques de qualité des carburants. Ni avec la réalité des infrastructures de distribution, souligne le rapport. Ce qui coûte plus de 100 millions d’euros aux distributeurs de carburant, qui ne peuvent respecter la réglementation. Autre problème : les agrocarburants ont une « densité énergétique » moins forte que les carburants et sont plus vite « brûlés » par les voitures… Avec une facture plus onéreuse pour les automobilistes.

Dans un communiqué, Sofiprotéol tente de minimiser ces constats, affirmant que l’entreprise « se réjouit que le rapport de la Cour des comptes mette en exergue l’utilité des biocarburants pour la collectivité »… La politique française a permis le développement « d’un appareil agro-industriel de taille européenne et désormais en partie amorti [2] », souligne le rapport. On n’est donc pas prêts d’en sortir.

Basta Mag, Agnès Rousseaux, 1er février 2012

Lire le rapport de la Cour des comptes.

Lire le résumé.

Notes

[1] La production de soja en France pour fournir Diester industrie engendre une déforestation à l’autre bout du monde pour maintenir la production mondiale en huile alimentaire. Et donc un coût en termeS d’émissions de CO2.

[2] Capable de produire 1,91 million de m3 de biodiesel et 1,25 million de m3 de bioéthanol.