Archives de catégorie : Décroissance libertaire

[Corée du Sud] De bonnes nouvelles des résistantEs de l’île Jeju

Enfin une bonne nouvelle des compagnons et compagnes de Jeju-do : les trois derniers prisonniers politiques ont été libérés ! Cette île, menacée par l’implantation d’une gigantesque base navale militaire et de multinationales, connaît une lutte acharnée depuis des années pour préserver son milieu naturel exceptionnel et son mode de vie traditionnel. La résistance populaire demeure très forte, malgré les répressions terribles du pouvoir et de l’armée, auxquelles elle a dû faire face avec un courage exemplaire. Nous suivons l’affaire depuis de longs mois, et cette nouvelle nous fait chaud au coeur. Le combat continue ! Solidarité avec les habitant-e-s de Jeju !

http://www.youtube.com/watch?v=PGomC3MzDCI&feature=player_embedded

Groupe Pavillon Noir, Fédération anarchiste 86, 25 novembre 2011

Chers amis de l’île Jeju,

Nous avons beaucoup de remerciements à faire pour aujourd’hui. Les trois derniers prisonniers politiques, le maire de Gangjeong Kang Dong-Kyun, le villageois de Gangjeong et cuisinier du camp pour la paix Kim Jong-Hwan, et le photographe / vidéaste et militant pour la paix Kim Dong-Won ont tous été libérés de prison hier.

Merci pour vos petits actes de résistance et de solidarité. En ces temps de soulèvement et de révolution, nous devons chérir ces victoires petites et grandes. Ce fut une bonne semaine. La destruction à Gureombi a été temporairement bloquée, et les prisonniers ont été libérés. Nous vous témoignons beaucoup de reconnaissance  pour votre amitié et la croyance qu’ensemble, nous pouvons en effet arrêter cette base navale.

Solidairement,

Campagne globale pour sauver l’île Jeju, 

Save Jeju Island, 24 novembre 2011,

traduit par nos soins (groupe Pavillon Noir, FA 86)

http://www.savejejuisland.org/Save_Jeju_Island/Welcome.html 

Voir aussi : http://space4peace.blogspot.com/2011/11/good-news-for-once.html

Facebook : Save Jeju Island : http://www.facebook.com/#!/SaveJeju

No Naval Base on Jeju : http://www.facebook.com/#!/groups/nonavalbase/

Note Pavillon Noir : L’île de Jeju (Jeju-do en coréen) est une île du sud de la Corée du sud, réputée pour ses paysages superbes et ses  haenyo (pêcheuses traditionnelles sous-marines sans masque ni oxygène). L’île est une grande destination touristique, protégée par l’unesco, on y vient souvent pour se marier : c’est « l’île des amoureux » en Corée, et de plus en plus de Chinois y viennent aussi en voyage de noces.
Mais c’est aussi un lieu historique de résistance à l’Etat : alors que les Etats-Unis imposaient le dictateur Singman Lee, les habitant-e-s ont résisté d’avril 1948 à mai 1949, parallèlement à d’autres insurrections en Corée.
Tout part d’une journée de commémoration contre l’occupation japonaise, réprimée par l’armée coréenne qui obéit à l’injonction américaine de faire la paix avec le Japon (qui a perpétré des horreurs en Corée, viols et massacres de masse, le Japon n’a toujours pas présenté de pardon contrairement à l’Allemagne !)
12 postes de police sont cramés, les urnes vandalisées. Les habitantEs de Jeju protestent contre le nouvel impérialisme américain et pour leur autonomie.Une guérilla de 4000  hommes repousse victorieusement les incursions militaires.
L’armée sud-coréenne mate néanmoins l’insurrection de Jeju, faisant selon certaines sources jusqu’à 80.000 morts, 170 villages sont rasés (70% des villages de l’île) ! Le parti des travailleurs est interdit. L’île devient alors un symbole de résistance pour l’indépendance de la Corée, déjà mutilée par l’impérialisme nippon.
Pendant 50 ans, les gens commémorant ce massacre de Jeju sont arrêtés, torturés.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la résistance actuelle contre l’implantation d’une immense base navale américaine (avec installation de dispositifs nucléaires contre la Chine proche) qui s’installe, détruisant le littoral, et accompagné par des entreprises multinationales (comme Samsung).
Immédiatement les habitantEs rispostent à l’unisson : ils dénoncent la course à l’armement vu comme une provocation dangereuse contre la Chine, le saccage environnemental de grande échelle, la répression féroce : de nombreuses personnes, y compris des maires, sont emprisonnées, tabassées, mais la mobilisation ne faiblit pas et grossit à l’internationale. Les habitantEs s’attaquent à des installations d’entreprises et de militaires, les manifs s’enchaînent, malgré le débarquement de flics et de soldats pour les réprimer.
L’indignation devient nationale, internationale et le gouvernement doit relâcher les prisonniers politiques. Les trois derniers viennent d’être libérés.
La lutte continue !

Groupe Pavillon Noir, 25 novembre 2011

Le droit de planter et cultiver librement bientôt interdit ?

Le droit de planter et cultiver librement bientôt interdit ?

Les industries et multinationales semencières veulent rendre les paysans captifs… grâce à la loi. Les députés doivent examiner le 28 novembre un texte instaurant une « contribution volontaire obligatoire » : une véritable dîme sur les semences. Ressemer librement sa propre récolte ou échanger des variétés de plantes deviendra illégal. Soucieux de préserver l’autonomie alimentaire, des paysans et des citoyens entrent en résistance.

Demain, graines et semences ne seront peut-être plus libres. Des agriculteurs s’inquiètent d’une proposition de loi votée par les sénateurs le 8 juillet dernier, et déjà appliquée par décret aux productions de blé tendre. S’ils veulent conserver une partie de leur récolte pour la ressemer l’année suivante (quoi de plus naturel ?), les producteurs de blé tendre doivent payer une redevance appelée « Contribution volontaire obligatoire » (sic). « L’enjeu de cette nouvelle proposition de loi est d’étendre ce mécanisme à tous les paysans, alerte Guy Kastler, du Réseau semences paysannes. Chaque fois qu’on cultivera un hectare, ils prendront un peu d’argent de nos poches pour payer les détenteurs de propriété intellectuelle. » La loi prévoit de considérer la reproduction de semences à la ferme, sans payer cette dîme moderne à leurs « propriétaires », comme une contrefaçon [1]. La récolte pourra alors être saisie.

Qui sont ces propriétaires de semences à qui la « contribution volontaire » sera reversée ? Depuis 1949, toute variété de semence mise sur le marché doit obligatoirement être inscrite sur le catalogue géré par l’Office communautaire des variétés végétales (OCVV), dont le siège est à Angers  [2]. Cet office accorde un droit de propriété intellectuelle, d’une durée de 25 à 30 ans, à « l’obtenteur », celui qui a sélectionné cette variété. Les principaux détenteurs de ces « certificats d’obtention végétale » [3] ne sont autres que les grandes multinationales semencières : Bayer, Limagrain, Monsanto, Pioneer, Vilmorin ou Syngenta. Tous réunis au sein de l’Union française des semenciers, qui aurait fortement appuyé le projet de loi.

Rendre les paysans captifs

« Le fait que l’obtenteur soit rétribué pour son travail de recherche ne nous pose pas de problème, explique Jean-Pierre Lebrun, un maraîcher biologique à la retraite. En revanche, nous sommes opposés à ce que ces obtenteurs récupèrent des taxes sur le travail de sélection que nous menons dans nos fermes. » Avec d’autres paysans et des consommateurs soucieux de préserver l’autonomie alimentaire, Jean-Pierre a fait le déplacement à Angers ce 19 novembre pour « débaptiser » l’OCVV, renommé « Office communautaire de la confiscation des semences ». Un geste symbolique qui en dit long sur les menaces pesant sur l’avenir de notre alimentation.

Yves Manguy, agriculteur à la retraite, connaît bien les semences de ferme, ces graines récoltées à partir de variétés sélectionnées par l’industrie semencière, mais multipliées par l’agriculteur lui-même par souci d’économie et d’indépendance. Pour cet ancien porte-parole de la Coordination nationale pour la défense des semences fermières (CNDSF), l’objectif des firmes semencières est clair : « Elles veulent instaurer un marché captif, que les agriculteurs achètent leurs semences et qu’ils n’en fassent plus chez eux. La loi en préparation consiste non pas à interdire complètement mais à restreindre un maximum le droit des semences à la ferme. » Le texte propose ainsi d’autoriser la semence de ferme pour seulement 21 espèces – en échange du paiement de la Contribution volontaire obligatoire – et d’interdire cette pratique pour toutes les autres espèces.

« Ce n’est pas la recherche qu’ils veulent rémunérer mais les actionnaires »

Pourquoi cette redevance ? Officiellement, pour financer la recherche. Actuellement, 85 % des sommes récoltées par la Contribution volontaire obligatoire sont reversées directement aux obtenteurs, et 15 % servent à alimenter le Fonds de soutien à l’obtention végétale en blé tendre. « Les objectifs de sécurité et de qualité alimentaire doivent être définis par le public, et non par les seules recherches de profits des entreprises semencières privées », argue la Confédération paysanne. D’après le syndicat, l’application de la proposition de loi entraînerait un prélèvement supplémentaire sur le revenu des agriculteurs français estimé à 35 millions d’euros. « La recherche doit être financée aussi par le public et non par les seuls agriculteurs. Il convient de mettre en place un mécanisme de financement public de la recherche », estime la Confédération paysanne. Le syndicat suspecte l’Union française des semenciers de vouloir d’ailleurs tripler la redevance (environ 3,50 euros par hectare aujourd’hui).

Des carottes illégales et des choux clandestins

Non loin de l’Office communautaire des variétés végétales, sur la place du Pilori, dans une rue piétonne d’Angers, se déroulent les rencontres des semences paysannes et fermières d’Anjou. Ici, des artisans semenciers partagent une même passion, celle de la sélection, de la conservation, de la multiplication et de l’échange des semences. François Delmond est membre de l’association Les Croqueurs de carottes, qui sauvegarde les variétés potagères traditionnelles menacées de disparition. Sur le stand, plusieurs variétés de carottes et de choux rouges sont proposées à la dégustation. Les réactions varient du « surprenante, celle-là » au « celle-ci a un goût de noisette très fort, vous ne trouvez pas ? ». Pour François, ces dégustations sont l’occasion de montrer l’impact des choix variétaux sur la qualité gustative.

« Ce que vous mangez est une variété de carotte illégale car elle a été radiée du catalogue, elle ne respectait pas les critères », explique François à une passante. Entre 1954 (date d’existence du premier catalogue des variétés de plantes potagères) et 2002, 80 % des variétés ont été radiées du catalogue, à cause d’une réglementation de plus en plus contraignante. « Ce que nous voulons, c’est la liberté de faire notre travail en âme et conscience, la liberté du jardinier de semer la variété qu’il veut et la liberté du consommateur d’accéder à des aliments différents. » Une liberté qui contribue à l’augmentation et à la conservation de la biodiversité cultivée, à la réduction de l’utilisation des pesticides ainsi qu’à l’essor de variétés adaptées à leurs terroirs et aux variations climatiques.

Rébellion contre la dîme des multinationales

Une campagne pour une loi de reconnaissance positive des droits des agriculteurs et des jardiniers sur les semences vient d’être lancée par plusieurs organisations. « Les droits des agriculteurs de conserver, ressemer, échanger et vendre leurs semences, les protéger de la biopiraterie et des contaminations par les OGM brevetés, et de participer aux décisions nationales concernant la biodiversité cultivée sont reconnus par le Traité international sur les semences approuvé en 2005 par le Parlement français », rappelle Anne-Charlotte Moÿ, en charge des questions juridiques au Réseau semences paysannes. Or, une succession de règlements européens et de lois nationales conduisent progressivement à leur interdiction totale.

La proposition de loi relative aux certificats d’obtention végétale doit être débattue le 28 novembre à l’Assemblée nationale. Il est encore possible de participer à la cyberaction, qui a déjà recueilli plus de 14 000 signatures, et un rassemblement est prévu devant l’Assemblée. « Il nous faut rester mobilisés, avertit Guy Kastler, afin de ne pas abandonner l’alimentation à quelques firmes multinationales. » Il y a trois siècles, les paysans versaient la dîme ou étaient contraints à des corvées au profit du seigneur local, propriétaire des terres… Aujourd’hui, cette domination s’est déplacée vers les semences.

Notes

[1] Lire à ce sujet Comment les semenciers tentent d’asservir l’agriculture paysanne.

[2] Pour être inscrites, les variétés doivent répondre à trois critères : la distinction (la variété doit être nettement distincte de toute autre variété notoirement connue) ; l’homogénéité (la variété est suffisamment uniforme dans ses caractères pertinents) ; la stabilité (la variété reste conforme à la définition de ses caractères essentiels après avoir été reproduite ou multipliée).

[3] En Europe, on utilise le terme de « certificat d’obtention végétale », qui protège une variété. Son équivalent outre-Atlantique est le brevet, qui protège l’information génétique contenue dans une même variété. Du coup, il arrive qu’une plante fasse l’objet d’un double droit de propriété intellectuelle…

Bastamag, Sophie Chapelle, 24 novembre 2011

Du fric contre l’abandon des plaintes pour prélèvements ADN !

Communiqué du 21 novembre 2011

Ces dernières semaines, 34 requérants se sont vus proposer une indemnisation de quelques milliers d’euros en contre-partie de l’arrêt de leur plainte devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour leur fichage génétique qu’ils estiment abusif.

Ces 34 per­son­nes sont des fau­cheurs d’OGM. Ils ont assumé leur acte devant les tri­bu­naux et ont été condam­nés pour des­truc­tion de bien privé aggravé en réu­nion. Leur affaire aurait dû s’arrê­ter là mais entre temps, avec la loi sur la sécu­rité inté­rieure de 2003, le FNAEG a été étendu à la quasi-tota­lité des délits, y com­pris mineurs (plus de 130 infrac­tions : atteinte aux biens, aux per­son­nes…) à l’excep­tion des délits finan­ciers. Les per­son­nes sim­ple­ment sus­pec­tées d’avoir commis ses délits devien­nent pas­si­bles de l’ins­crip­tion au FNAEG. La loi s’appli­que aussi aux mineurs de moins de 13 ans : Le FNAEG ins­taure une sus­pi­cion géné­rale.

L’État s’est donné la pos­si­bi­lité de ficher des mili­tants et n’a pas hésité à deman­der l’ins­crip­tion de ces fau­cheurs au fichier. Contestant ces nou­vel­les pour­sui­tes, ils ont pour­suivi l’État fran­çais pour vio­la­tion des Droits de l’Homme, en Appel, en Cassation puis en CEDH.
Après de longs mois d’attente, ils ont reçu une pro­po­si­tion d’arran­ge­ment amia­ble sous forme d’une indem­ni­sa­tion indi­vi­duelle en échange de l’aban­don de l’action enga­gée pour faire valoir leurs droits.

Cette conci­lia­tion vient d’être una­ni­me­ment reje­tée par les 34 fau­cheurs qui pour­sui­vent leur action : ils esti­ment que le sujet dépasse leur cas indi­vi­duel et ren­voie au res­pect de la vie privée et plus géné­ra­le­ment des Droits de l’Homme.

Ils esti­ment aujourd’hui que l’État doit répon­dre de ses actes, en l’occur­rence le fichage de plus d’1,7 mil­lion de per­son­nes parmi les­quel­les au moins 1 mil­lion n’a jamais fait l’objet de la moin­dre condam­na­tion.

Par ailleurs, le 7 novem­bre der­nier, un déso­béis­seur, jugé lui aussi pour refus de fichage ADN, a vu son procès reporté pour des ques­tions prio­ri­tai­res de cons­ti­tu­tion­na­lité. Les pro­grès réa­li­sés en géné­ti­que sem­blent en effet démon­trer que les seg­ments d’ADN recueillis dans le cadre du FNAEG pour­raient être codants. Qu’en sera-t-il dans 40 ans puisqu’il s’agit de la durée de conser­va­tion des emprein­tes dans le fichier ?

Le fichage géné­ti­que sys­té­ma­tisé de la popu­la­tion ne peut que ren­voyer à des pério­des som­bres de l’Histoire que nous pen­sions révo­lues.

Ces 34 fau­cheurs sont sou­te­nus au niveau natio­nal par le col­lec­tif des fau­cheurs volon­tai­res. Ils appel­lent les défen­seurs des Droits de l’Homme à mettre en débat les ris­ques que fait courir un tel fichier de masse.

Les 34 Faucheurs en lutte contre le FNAEG

[Chine] Les protestations s’intensifient dans le « grand atelier du monde »

[Chine] Les protestations s’intensifient dans le « grand atelier du monde »

Des milliers d’ouvriers chinois en grève… contre les délocalisations

Plus de 7.000 salariés d’une fabrique de chaussures pour les marques Adidas, Nike et New Balance, du sud de la Chine, ont manifesté pour s’opposer à un potentiel projet de délocalisation vers une province du sud-est. D’autres Chinois se sont pour leur part opposés aux saisies de terres.

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Les Chinois continuent de se révolter. Des milliers d’entre eux ont fait grève contre des licenciements et des réductions de salaires dans une fabrique de chaussures pour les marques Adidas, Nike et New Balance. Dans la province du Guangdong, ce mouvement social a provoqué des heurts avec la police causant de nombreux blessés, selon le China Labor Watch (CNW), groupe de défense des droits de l’homme.

Dans la même région, d’autres Chinois ont manifesté ce lundi contre la saisie de terres. Ils étaient des milliers à défiler dans la ville de Lufeng, selon les habitants. Cette manifestation intervient deux mois après des émeutes au même endroit et pour les mêmes motifs lors desquelles des manifestants avaient attaqué un commissariat et saccagé des véhicules. Des photos publiées sur le site de microblogs weibo montrent des manifestants portant des bannières sur lesquelles on peut lire : « À bas la dictature », « Punissons la corruption » ou « Redonnez-nous nos droits ».

Quant au projet de délocalisation, il a également déclenché la colère de milliers de salariés, dans l’usine de chaussures de Yucheng, près de Huangjiang jeudi dernier. La grève de ces salariés faisait suite au licenciement le mois dernier de dix-huit de leurs cadres, interprété par les ouvriers comme un signe de prochaine délocalisation, a ajouté CNW. L’un des cadres licenciés a déclaré au journal China Business News que son départ faisait partie d’un projet de déménagement de la production dans la province de Jiangxi afin de réduire les coûts qui sont plus élevés dans le vaste pôle manufacturier de Dongguan.

À l’origine également de la contestation : la rémunération des salariés déjà faible qui risque encore d’être réduite. La suppression de primes de rendement et des heures supplémentaires sont aussi à l’origine de la colère des ouvriers de l’usine de Yucheng. « Notre salaire de base mensuel n’est que de 1.100 yuans (130 euros) » et « nous avons vraiment besoin de faire des heures supplémentaires », a déclaré une ouvrière au Yangcheng Evening. Les interventions des autorités locales pour un maintien des heures supplémentaires sont restées sans réponse de la part de la direction de l’usine qui est la propriété d’un groupe d’investissement de Taïwan, selon la presse chinoise.

Le « grand atelier du monde » ne parvient pas à calmer ses salariés mécontents. En effet, cette grève est la dernière d’une série d’incidents et de mouvements sociaux qui ont éclaté dans le Guangdong, région connue pour attirer des dizaines de millions de travailleurs migrants. Depuis l’an dernier, les tensions sociales en Chine s’intensifient.

Leur presse (LaTribune.fr), 21 novembre 2011.


Tensions sociales en Chine : les grèves se multiplient

À la suite des récents mouvements sociaux chez Honda Motor et Foxconn International, qui fabrique des iPhone pour Apple, des grèves ont été signalées dans la province du Jiangxi dans une usine appartenant à des Taiwanais, où l’on fabrique des articles de sport. Une grève a éclaté également à Xian, dans une usine de Brother Industries, entreprise japonaise de machines à coudre.

Les troubles sociaux partis d’usines appartenant à des sociétés étrangères dans le delta de la rivière des Perles, dans le sud de la Chine, semblent s’étendre à des régions moins favorisées de l’intérieur, élargissant un mouvement mené par des ouvriers qui souhaitent voir leurs salaires suivre l’évolution des richesses du pays.

Cette série de grèves est un sujet d’inquiétude pour le Parti communiste chinois, qui de longue date s’efforce de désamorcer tout conflit social et de sanctionner les grévistes.

À la suite des récents mouvements sociaux chez Honda Motor et Foxconn International, qui fabrique des iPhone pour Apple, des grèves ont été signalées dans la province du Jiangxi dans une usine appartenant à des Taiwanais, où l’on fabrique des articles de sport. Une grève a éclaté également à Xian, dans une usine de Brother Industries, entreprise japonaise de machines à coudre.

IL SUFFIT D’UNE ÉTINCELLE

Aussi bien le Jiangxi que Xian sont relativement distants des régions côtières riches proches de Hong Kong et Shanghai.

« Il suffit maintenant d’une étincelle et les nouvelles se propageront à travers toute la Chine, ce qui pourrait déclencher d’autres mouvements sociaux dans d’autres usines », estime Paul Tang, chef économiste à la Bank of East Asia à Hong Kong.

La majeure partie de ces conflits sociaux portent sur les salaires, la hausse du coût de la vie et la longueur des journées de travail. De leur côté, les patrons cherchent à maîtriser les coûts pour continuer à faire venir des investisseurs attirés par une main d’œuvre bon marché.

GRÈVE À XIAN

Ces conflits reflètent en outre l’arrivée d’une nouvelle génération de Chinois qui ont grandi dans les zones économiques du sud et de la côte, très tôt tournées vers les réformes. Cette génération-là n’a guère de souvenirs du passé socialiste et d’événements comme la répression du « Printemps de Pékin », qui fit des centaines de morts début juin 1989.

Si le mouvement fait réellement tache d’huile, le gouvernement central devra soit faire des concessions à des ouvriers de plus en plus revendicatifs, soit prendre le parti des investisseurs, jugés essentiels à la bonne tenue des exportations du pays. L’excédent commercial de la Chine a fortement augmenté en mai, soutenu par un bond des exportations.

Dernière grève en date à être signalée, celle qui touche deux usines, soit 900 ouvriers, de Brother Industries, dans la ville de Xian, au centre du pays. Le mouvement a tout d’abord provoqué l’arrêt de la production, qui a repris par la suite. La compagnie a dit être en pourparlers avec les grévistes, qui réclament des hausses de salaires et une amélioration des conditions de travail.

D’AUTRES MOUVEMENTS

En outre, 8.000 ouvriers chez Smartball, un fournisseur taiwanais d’Adidas se sont mis eux aussi en grève. Un représentant d’une association d’hommes d’affaires taiwanais à Jiujiang, où Smartball est implanté, a indiqué que la production avait repris jeudi dans l’usine, après un contentieux lié aux salaires.

Mercredi, des médias taiwanais ont rapporté que 2.000 ouvriers d’une usine de machines-outils à capitaux taiwanais, près de Shanghai, s’étaient mis eux aussi en grève, mardi.

Des ouvriers d’une filiale shanghaienne du fabricant taiwanais de LCD Chimei Innolux ont brièvement cessé le travail pour réclamer de meilleures primes, mais le conflit a été réglé et le travail a repris.

Honda a par ailleurs annoncé que la production reprendrait vendredi dans deux usines automobiles chinoises mises en chômage technique deux jours durant cette semaine, en raison d’une grève chez un fournisseur.

Le mouvement social chez ce fournisseur, filiale du constructeur qui fabrique des composants pour les pots d’échappement, a pris fin mercredi soir et sa production a repris jeudi.

Leur presse (Reuters), 10 juin 2010.


[Chine] Des coquillages à la sauce métaux lourds

Amateurs de fruits de mer, prudence ! La pollution chimique des côtes chinoises atteint des niveaux élevés. Adieu huîtres et mollusques…

Alors que les médias de la province du Guangdong [sud de la Chine] révèlent une concentration de cuivre 740 fois supérieure à la normale dans des huîtres, à une embouchure de la rivière des Perles, le 9 octobre dernier, à Wenling, dans la baie de Yueqing [province côtière du Zhejiang, un des grands centres aquacoles de Chine], M. Huang déguste justement une omelette aux huîtres.

Ce paysan de 48 ans ne mange déjà plus depuis huit ans le riz qu’il plante, car il a été prouvé que la prévalence élevée des cancers dans son village est liée à une pollution [des sols] aux métaux lourds. Il fait désormais très attention. Mais voilà que maintenant les fruits de mer vont devenir pour lui un nouvel aliment interdit !

Selon le “Rapport sur la qualité de l’environnement marin de la province du Guangdong en 2010”, les polluants rejetés en mer au niveau des huit principales embouchures de la rivière des Perles auraient été estimés à plus de 1 million de tonnes. Ils seraient à l’origine de dépassements importants des teneurs en métaux lourds autorisées dans certains coquillages.

Un inspecteur chargé de la protection de l’environnement maritime a révélé que la pollution aux métaux lourds provient en grande partie des rejets clandestins des industries chimiques dans les eaux littorales. Toute la côte est touchée par ce type de pollution. Celle de la baie de Yueqing n’est qu’une illustration de ce qui peut arriver aux villes côtières cernées par les industries.

Un haut fonctionnaire de Wenling explique que sa région a été pendant un temps “la plus grande base de démontage et de recyclage de déchets électroniques en Chine”, avec une capacité de traitement de plus de 2 millions de tonnes par an. Les villageois employaient des acides comme le vitriol et l’acide nitrique pour extraire les composants métalliques. La gigantesque pollution générée avait provoqué la disparition des poissons et écrevisses du ruisseau Tongshan, aux eaux jadis limpides.

La pollution aux métaux lourds se déplace au fil de l’eau jusqu’à la mer, où ces substances finissent par s’accumuler, en particulier dans les coquillages, avant de nuire finalement à la santé des hommes qui les consomment. Cette pollution se déverse chaque jour aux embouchures des différents cours d’eau qui constellent les 18’000 km du littoral chinois.

Marées rouges toxiques

“La pollution des mers qui bordent la Chine par les métaux lourds est devenue un problème global”, souligne Guo Yuanming, ingénieur principal à l’Institut de recherches sur les ressources aquatiques océanes du Zhejiang. Du nord au sud de la Chine, aucune région n’est épargnée. Ainsi, des études effectuées dans le golfe de Bohai [nord-est] ont mis en évidence la qualité médiocre des coquillages élevés dans la plupart des fermes conchylicoles de la province du Hebei. En mer de Chine orientale, la situation s’avère encore plus catastrophique. “L’eau contient du plomb et du mercure à des niveaux bien supérieurs aux normes, et il arrive que des sédiments présentent des teneurs anormales en cuivre et en cadmium.”

La pollution se transmet ensuite très facilement aux produits de la mer. Entre juin 2005 et juin 2006, le Centre d’observation de l’environnement en mer de Chine orientale a prélevé une fois par mois des échantillons sur quatre marchés de gros de Shanghai spécialisés dans les produits de la mer. Résultat, “sur les quinze variétés de coquillages mis en vente, deux présentaient des dangers pour la santé, une devait être consommée avec prudence et quatre seulement pouvaient être mangées quasiment sans problème”.

Plus au sud, dans le golfe du Tonkin, dont les eaux étaient jusqu’à alors considérées comme d’assez bonne qualité, des chercheurs ont découvert en 2008 une “assez grave pollution par les métaux lourds”. Dans la province du Guangxi [sud], selon les conclusions d’études publiées en 2011, “deux variétés d’huîtres peuvent constituer une sérieuse menace pour la santé, du fait de la présence de métaux lourds”.

Les “marées rouges” [dues à des microalgues toxiques] qui touchent de temps à autre les côtes chinoises sont probablement une menace plus grave et plus directe pour la sécurité des produits de la mer que le dépassement des teneurs autorisées en métaux lourds. “Au cours du premier semestre, l’ingestion de moules toxiques ramassées dans la région frontalière entre les provinces du Fujian et du Zhejiang a provoqué des diarrhées chez plusieurs personnes. Par le passé, on a déjà enregistré des morts à la suite de la consommation de mollusques”, explique Guo Yuanming. Les données de l’Observatoire de l’environnement de la mer de Chine orientale montrent une tendance à la hausse du phénomène, avec une augmentation des “marées rouges” toxiques.

Impossible non plus de négliger le problème de la pollution par des matières organiques persistantes. Car la pollution liée aux composés organiques est très souvent cancérigène. Les organoétains [dont le tributylétain (TBT), substance chimique utilisée dans les peintures navales antifouling pour empêcher les mollusques et les organismes de se développer sur les parois des bateaux] pourraient même provoquer des mutations sexuelles [chez l’homme]. “Les effets cancérigènes ne s’observent qu’à long terme. Il faudra sans doute attendre une vingtaine d’années pour en avoir confirmation, mais à ce moment-là il sera trop tard !”

Traduit du chinois (Lü Minghe, Nanfang Zhoumo) – Courrier international, 17 novembre 2011.


[Chine] Les scandales alimentaires ne cessent de se multiplier dans le pays
Profiter… à en crever !

Les scandales alimentaires se multiplient ? La faute à une société qui perd les pédales face à l’argent et qui voit ses règles de conduite s’étioler.

Le Premier ministre Wen Jiabao a sévèrement condamné, en avril dernier, les scandales alimentaires préjudiciables au peuple chinois. Qu’il s’agisse du lait contaminé à la mélamine, du clenbutérol (anabolisant donné aux porcs), de l’huile frelatée ou des petits pains à la vapeur colorés (avec des produits toxiques), « tous ces scandales concernant la sécurité alimentaire suffisent à révéler un manque évident d’intégrité, ainsi qu’un déclin de l’éthique extrêmement grave ». Ils soulignent également la nécessité d’étudier avec attention le renforcement de la culture morale au sein de cette société chinoise en période de transition.

Pas de sanction dissuasive

Car ces scandales alimentaires se multiplient. Pourquoi ? En matière de sécurité alimentaire, la société a perdu sa capacité à assainir ses mœurs, à mûrir et à se corriger. La preuve en est : les erreurs commises par une entreprise n’ont pas servi de leçon aux autres, les fautes professionnelles de certains départements (de l’administration) n’ont pas sonné le tocsin pour les autres. Et les mesures prises pour sévir contre certains agissements contraires à la morale, à la loi et aux institutions n’ont pas eu l’effet dissuasif attendu. En matière de sécurité alimentaire, les valeurs idéologiques liées aux concepts de civilisation et de culture n’ont plus la force de faire aller la société de l’avant, ni celle de faire sortir l’homme de sa barbarie, de son ignorance et de son aveuglement pour le guider vers la civilisation, la dignité et la modernité. Ce qui m’amène à la question suivante : pourquoi notre culture morale a-t-elle perdu cette force ?

La raison fondamentale tient au fait que le concept culturel du respect de la vie n’a pas été érigé en règle de conduite dans notre société. C’est précisément parce que ce respect n’est pas inscrit dans l’inconscient collectif que même ceux qui préfèrent « mourir plutôt que de manger ça ! » n’hésitent pas à produire et à donner à manger aux autres ces aliments toxiques, et c’est aussi pour cette raison que ces actes sont encore régulièrement considérés avec plus ou moins d’indulgence.

L’argent avant tout

La raison essentielle de ce dysfonctionnement tient aux lignes de conduite de la culture chinoise, certaines étant aussi friables que si elles étaient constituées de “fromage de soja” ! Les normes du système qui régit le fonctionnement social sont souvent confrontées au défi que leur oppose “l’arrogance” de certains. Si les fonctionnaires sont corrompus, les commerçants malhonnêtes, le petit peuple sera à leur image. Tant que miroite la possibilité de faire de l’argent, peu importe que les aliments soient toxiques, et peu importe que les moyens soient illégaux ou criminels. Plus le profit est élevé, plus il est facile de s’écarter de la ligne de conduite. Plus les mutations de la société sont profondes, et plus les manquements à cette ligne de conduite sont flagrants.

Si ce déclin se poursuit, l’homme se rapprochera inexorablement de l’animal. Pourtant, si l’animal qui mange de l’herbe empoisonnée se montre encore capable, au prix de sa vie, d’avertir ses congénères, certains hommes fournissent à leurs semblables des aliments toxiques, conduisant à l’autodestruction de l’espèce. Cela met en lumière que la ligne de conduite instituée sur des concepts de civilisation traditionnels et modernes est inadaptée face à l’argent.

Leur presse (Chen Jiaxing, Le Journal de Saône-et-Loire), 20 novembre 2011.

[Morbihan] Blocage d’une usine d’aliments pour animaux par des militantEs anti-OGM

Près de Pontivy – Les anti-OGM bloquent une usine d’aliments pour animaux

L’alimentation des animaux issus de l’élevage industriel contient une part non négligeable de graines OGM. Les consommateurs et consommatrices de la chair de ces animaux, de leur lait ou de leurs oeufs ne sont pas informés.

anti Ogm Glon 171111Pour le dénoncer et réclamer l’arrêt de l’importation d’OGM, une centaine de militantes et militants anti-OGM ont bloqué hier (jeudi 17 novembre) et la nuit dernière l’usine du groupe Glon-Sanders * basé à St-Gérand (56), près de Pontivy… La direction de Glon-Sanders a porté plainte pour « dégradations » et « violation de propriété privée« . Après décision du Tribunal, 120 forces de « leur ordre » (gendarmes et CRS) ont évacué les militant-e-s ce matin.

 On peut tirer déjà une première conclusion sur comment fonctionne notre cher (très cher !) système : alors que des personnes tentent d’agir pour des raisons sanitaires, sociales et environnementales, le Capital fait valoir son titre de « propriété privée » (pilier du capitalisme) pour demander à l’Etat (à son service…) et à sa « Justice » d’intervenir et faire refonctionner « leur ordre » anti social et anti écologique. Ainsi est la Loi : au service des puissants.

Il est juste de s’attaquer aux OGM et il faut saluer le courage et l’audace de ces militant-e-s. Ceci dit, les OGM, le nucléaire, les gaz de schiste, l’agriculture intensive, les lignes grande-vitesse, les projets d’aéroports internationaux…, ne sont « que » des symptômes, des effets de la logique de croissance et de profit. N’est-ce pas à la base même du système capitaliste (la « propriété privée des moyens de production et de distribution« ) et à son protecteur, l’Etat (soumission et répression organisée de la population), qu’il faut s’en prendre ? C’est-à-dire aux causes qui ont conduit inéluctablement à ces effets ?

 Il resterait à opposer l’organisation autogestionnaire et libertaire de la société… et ce n’est pas la tâche la plus mince à réaliser !

* Le groupe Glon-Sanders est dirigé par Alain Glon, par ailleurs président de l’Institut de Locarn  (cercle de « réflexions et prospections » régionaliste, adepte de la guerre économique ( = ultra libéral), où siègent régulièrement le Président du Conseil régional de Bretagne, JY Le Drian (PS), l’ancien Président du Conseil général de Loire-Atlantique, P Mareschal (PS), mais aussi P. Méhaignerie, Député en Ille-et-Vilaine (UMP) et François Goulard (UMP), président du Conseil général du Morbihan et député… c’est-à-dire les politiciens UMPS dans toute leur splendeur, au service de la classe dominante… tous favorables à l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes (44)… ceci expliquant sans doute cela)

Blog des groupes Lochu-Ferrer (FA Vannes-Lorient)