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Nantes, capitale verte européenne : L’imposture écologique

Nantes, capitale verte européenne : L’imposture écologique

Exemple parfait d’une politique de propagande verte, Nantes Métropole s’est vu décerné le Trophée de la capitale verte de l’Europe alors que la mairie socialiste entend bétonner 2 000 hectares de terres agricoles pour construire un aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

La commission européenne a retenu la candidature de Nantes pour être capitale verte européenne en 2013. Les critères sont multiples : l’utilisation durable des terres, la nature et la biodiversité, la qualité locale de l’air, la pollution sonore, la gestion des déchets… Avec la construction de l’aéroport, l’expropriation de paysans, et donc un développement urbain conçu au détriment de l’environnement, des écosystèmes et des populations, ce trophée reçu par la ville relève de la propagande verte ou greenwashing. Il représente un enjeu politique important pour la mairie de Nantes et son projet d’aéroport d’une part et d’autre part pour le PS et sa stratégie de démocratie participative, visant à noyauter et étouffer les contestations.

- Etouffer les contestations

Jean-Marc Ayrault expérimente ainsi les limites et les bénéfices de cette stratégie à l’échelle locale pour mieux les appliquer à l’échelle nationale. Pour parer à d’éventuelles résistances, la mairie a décidé de lâcher des subventions. Il y aura un appel à projet citoyen en direction des associations pour l’île de Nantes, chapeauté par la Samoa – organisme chargé de l’aménagement de l’île de Nantes – dont l’ancien président n’est autre qu’Ayrault. Un autre concerne le trophée « Nantes, capitale verte européenne » pour lequel la mairie prévoit une enveloppe de 150 000 euros et un prix de 5 000 euros pour les associations dont les projets seront retenus. Les médias seront présents et l’objectif est de donner l’image d’une métropole écolo/verte et d’en faire une vitrine de la démocratie participative chère au PS. Il s’agit de faire oublier le point noir que représente l’aéroport Notre-Dame-des-Landes et de présenter Nantes comme une ville innovante en matière de démocratie, puisqu’a priori à Hambourg et Vitoria Gasteiz (Pays Basque), les citoyens n’ont pas été associés à la dynamique « capitale verte » et ce fameux label européen fut plutôt perçu comme une arnaque.

- Collusion des associations

Des divergences existent entre les différentes associations écologistes nantaises. D’un côté, celles qui veulent participer à cet appel à projet en se targuant d’y trouver un moyen de dénoncer l’aéroport sont souvent dépendantes des subventions délivrées par Nantes Métropole (jusqu’à un million par an et ont des salariés). De l’autre côté, il y a celles qui souhaitent boycotter cet « appel citoyen » en refusant de cautionner le greenwashing. Pour ceux qui contestent la construction de l’aéroport, l’enjeu est de saisir cette initiative pour dénoncer la mascarade écologique et mettre en avant l’hypocrisie de la mairie qui se présente comme un modèle de développement durable mais qui bétonne 2 000 hectares de terres agricoles à 10 kilomètres de Nantes. L’appel à projet met en lumière la collusion entre la mairie socialiste et une bonne partie du monde associatif écolo nantais qui explique en partie la faiblesse de la contestation anti-aéroport sur la ville. L’opposition centrale à l’aéroport repose fortement sur le monde agricole local et les habitants directement concernés (communes périurbaines, squatteurs de la ZAD). Un des enjeux reste de mobiliser plus fortement la population nantaise encore peu préoccupée par cette lutte. Il y a pourtant l’exemple historique de la mobilisation de 1997 contre le projet de centrale nucléaire du Carnet, aux portes de Nantes, qui avait été abandonné, nous rappelant que la résistance peut continuer à se développer.

Maud et Stéphanie (AL Nantes)

http://www.ainfos.ca/fr/ainfos09772.html

Vu sur Indymedia Nantes, 1 janvier 2013

Lobotomisation à grande vitesse : au sujet des « emplois » (l’avaleur travail)

Image vue sur le blog de Fred et René

Aujourd’hui la Nouvelle République remet le couvert en encensant une fois de plus le chantier de la LGV Tours-Bordeaux (voir ici et ). Une fois de plus, l’argument principal est celui de la création d’emplois que susciterait ladite ligne à grande vitesse.

Passons sur les arguments écologiques, par trop évidents : les paysages lunaires et désolés du chantier, ouvrant la terre à ciel ouvert à coups d’explosifs, montrent eux-mêmes en un saisissant raccourci à quoi ressemble le système actuel – celui d’une destruction massive des espaces et des sociétés.

Plaçons-nous donc d’abord sur le terrain de l’ennemi, l’économie. Si l’on veut bien jouer cet exercice intellectuel (pour ne pas dire la contorsion) consistant à adopter le point de vue de la social-démocratie, si l’on n’admet que le cadre capitaliste pour envisager une société meilleure (la LGV est largement soutenue par les élu-e-s PS) : la LGV est déjà un non-sens total.

Ce chantier pharaonique est économiquement ruineux pour les exploité-e-s, avec des subventions énormes données à perte par l’Etat et les collectivités locales à Vinci – comme pour tous les PPP (partenariats public-privé), dont les contribuables assument seuls les pertes et les capitalises encaissent seuls les profits. Les montants délirants de ces investissements publics, en pleine période dite de « crise » où un nombre croissant de gens connaissent des conditions de (sur)vie de plus en plus inacceptables, posent en eux-mêmes la question flagrante : où va l’argent ?

Quant aux fameuses « créations d’emplois », il faut souligner d’une part que la recrudescence d’emplois suscités par le chantier est tout à fait éphémère (comme l’admet d’ailleurs la NR). D’autre part, et cela va avec, il faut rappeler qu’à terme, comme pour toute concentration/rationalisation des moyens de production, d’échange et de distribution en système capitaliste, ce chantier n’est qu’un prélude de plus à une nouvelle baisse structurelle des emplois. En effet, la LGV désertifiera un peu plus les régions traversées et isolées par le train à grande vitesse ; la dynamique de métropolisation des espaces urbains desservis par la ligne (devenant un peu plus des noeuds d’échange accaparant toute l’activité humaine) répond quant à elle à une logique éminemment capitaliste : rationaliser l’appareil productif de façon à réduire, précisément, le coût de main-d’oeuvre… ayant pour conséquence, comme depuis plusieurs décennies, l’approfondissement du chômage. Quand la machine remplace globalement l’homme, le chassant de la sphère productive, les emplois suscités par l’élaboration de l’outil ne servent qu’à réduire globalement l’emploi.

La LGV n’est qu’un aspect du dispositif capitaliste global consistant à concentrer le capital, à maximiser le profit et à réduire globalement la rémunération de la force de travail.

Néanmoins, si profit privé et bien commun sont éminemment incompatibles et si le social-capitalisme est par définition un mensonge, ces chantiers sont loin d’être illogiques, malgré leur apparente absurdité en termes socio-économiques.

Ils répondent en effet à la logique actuelle d’un capitalisme aux abois. On peut même dire que ces chantiers délirants sont actuellement inévitables, si l’on se condamne à rester dans les paradigmes d’une organisation capitaliste de la société. Si dans le monde entier, avec l’aval de gouvernements de gauche comme de droite, ces chantiers prolifèrent, c’est pour une raison précise : le capitalisme productif ne rapporte plus assez. Et ce, depuis la fin des années 1960, précisément parce que le machinisme a marginalisé l’homme au sein du processus de production/valorisation. D’une part les investissements en machines ont pris une part prépondérante dans les investissements globaux, réduisant la part de l’investissement en force de travail humain à une portion toujours plus congrue… alors que c’est uniquement sur l’exploitation du travail humain que le profit se réalise. D’autre part, la production peine à s’écouler, au sein d’un marché prombé par la stagnation relative des salaires par rapport à la masse croissante du capital en circulation.

Le capitalisme ne peut fuir éternellement ses contradictions avec de vieilles recettes ; c’est pourquoi il se restructure périodiquement, en colonisant et en défrichant de nouveaux « gisements de profits ».

C’est la financiarisation de l’économie mondiale qui a permis, à partir des années 1970, de prolonger le maintien du profit capitaliste. D’une part en organisant la spéculation sur les profits productifs à venir, du moins susceptibles de venir. Et d’autre part en encourageant le crédit chez les salariés mal payés, pour permettre de maintenir la consommation. Tour de passe-passe, fuite en avant ? Certes, on l’a manifestement vu lors de la crise de 2008 ; n’empêche que cette restructuration a permis de maintenir le système (et les emplois avec, n’en déplaise aux « anti-libéraux » de gauche).

Le hic, c’est que la spéculation sur les profits à venir dans l’activité productive exige elle aussi, tout de même, que la production se poursuive un minimum. Sous peine de doute trop flagrant sur la réalité de la production, ce fondement incontournable, même avec mille tours de magie, de l’économie ; sans activité productive minimale pour faire illusion, il y a doute généralisé, et donc éclatement de la bulle financière, et donc dévalorisation massive du capital, et donc paralysie totale de l’économie, bref, disparition de la valeur elle-même, et effondrement pur et simple du capitalisme. Adieu juges, flics, notaires : les populations affamées se ruent sur les biens redevenus communs. Et ça, pour les possédants et les dominants, c’est pas très glop.

C’est ce rôle de caution d’un productivisme, en apparence absurde, que jouent actuellement et en toute logique capitaliste les multiples partenariats public-privé. Ces immenses chantiers de béton et d’acier, aussi laids qu’inutiles socialement, ne sont utiles qu’à la tentative de pérennisation du capitalisme, en garantissant le maintien du minimum de profits productifs juteux nécessaire à la crédibilité de la valeur globale et de sa circulation.

Voilà pour le côté économique.

A notre sens, ce qu’il faut aussi attaquer, c’est ce pseudo-argument des capitalistes, repris en choeur par leurs bardes politiciens et journalistes, de la création d’emplois. Parmi tant de laideur, de destruction écologique, de ruine d’argent public, de destruction d’espaces communs de vie, l’emploi demeure le seul et ultime argument pour soutenir ce consternant projet de LGV (comme du reste tous les PPP). L’emploi est le grand retranchement argumentaire des capitalistes et de leurs petits copains du PS et de la NR.

Or, si l’on veut bien cesser de penser « croissance », « emploi » et « réindustrialisation » comme les sources de notre bonheur sur Terre : pourquoi les gens veulent-ils des emplois salariés (c’est-à-dire exploités et aliénés, où l’on prélève sur eux un profit, et où ils n’ont aucune capacité de décider de la nature de la production) ? Pour se procurer de l’argent, monsieur le DRH, pas pour se « réaliser »… Et pourquoi les gens veulent-ils avoir de l’argent ? Pas pour être « libres », monsieur le politicien, mais pour s’assurer de pouvoir payer les besoins nécessaires à la vie, qui sont tous marchandisés puisque les gens ne disposent plus des moyens de les produire par eux-mêmes (on les leur a confisqués). Pourquoi faut-il payer, dans un monde qui produit déjà bien plus qu’il n’est nécessaire pour couvrir les besoins de tous les humains qui peuplent cette planète ? Pas pour être « honnête », monsieur le juge, mais pour éviter de s’exposer au risque d’être broyé par le cerbère étatique flic-juge-maton.

Le travail salarié est comme l’argent : il est un dispositif pour maintenir la domination, la hiérarchie et les inégalités, la privation et la rareté, dans un monde qui croule sous des richesses potentiellement disponibles pour tous. Le travail est l’activité humaine dévoyée par la contrainte, par la menace réelle de crever de faim et de froid, assumée par la répression permanente des forces de « l’ordre ». L’emploi n’est pas un but en soi : il n’est qu’un moyen de survie. Les gens ne travaillent pas comme salariés pour se réaliser : il n’y a nul besoin de contraindre les gens au travail, ni d’argent, pour les voir s’organiser pour produire ce dont ils ont besoin, si tant est qu’ils possèdent les moyens de produire ces choses par eux-mêmes.

Plutôt que de nous satisfaire de « créations d’emploi » temporaires, par des capitalistes qui ne les créent que pour accroître leur profit et leur domination sur nous tous, organisons-nous enfin plutôt pour en finir avec le travail contraint ! Et si ce n’est pour l’abolir ni le déserter totalement dans l’immédiat, puisque le capitalisme est une dictature que l’on ne renverse pas par des déclarations d’intention, luttons au moins pour nous réapproprier les moyens de décider vraiment de nos vies. Organisons-nous au maximum pour produire et nous procurer ce dont nous avons vraiment besoin, en-dehors du monde du salariat. Et quand nous sommes contraints de travailler, organisons-nous pour détourner l’appareil productif et pour saboter le profit, afin de nous répproprier les moyens de décider par nous-mêmes sur nos vies : c’est là l’origine et le sens véritable du syndicalisme.

S’organiser signifie aussi se défendre, collectivement, contre les attaques du capitalisme qui semble précipiter le monde dans sa chute en avant. LGV Lyon-Turin, chantiers du nucléaire et leurs pylônes, aéroport de Notre-Dame-des-Landes… la résistance contre ces dispositifs capitalistes ne s’organise pas que sur un refus théorique ou sur une argumentation économique. Elle se construit aussi par les expérimentations concrètes d’autres façons de vivre, d’autres sociabilités, en même temps que l’organisation d’une défense aux stratégies aussi multiples que complémentaires.

Employons-nous à ne plus être employés.

Juanito, 29 décembre 2012

[86] Propagande journalistique à grande vitesse pour la LGV Poitiers-Limoges

NdPN : contre la LGV Poitiers-Limoges, on a connu des rassemblements, manifs, tractages, pétitions… plusieurs fois même le projet a été dit menacé d’être « enterré ». C’est compter sans le fait que la propagande capitaliste des partenariats publics-privés a encore des billes dans son wagon. Le train-train de la locomotive productiviste a encore de beaux jours devant lui, si nous ne mobilisons pas à la hauteur de la volonté de nuisance des capitalistes et de leurs alliés  politiciens.

Ainsi, cette journaliste de la Nouvelle République semble superbement ignorer la résistance à la ligne, et se satisfait de rapporter en toute objectivité journalistique l’avis de Claeys, ou du président de l’association de promotion du projet : l’opposition se cantonnerait à « un cercle circonscrit autour de Chaptelat et Bellac », dont les recours ne « tien[nen]t pas la route ». Un beau relais de propagande éhontée pour ce projet coûteux, inutile, écologiquement et socialement nuisible !

On notera l’emploi de mots au caractère bien peu objectif : « arguments socio-économiques », « heureux dénouement », « Les Limousins bénéficieraient alors de la grande vitesse », « un scénario presque idyllique, mais plausible ».

C’est manifestement surtout l’idylle entre les promoteurs de la ligne… et la presse quotidienne régionale, que nous pourrions rebaptiser « Nouvelle ferrovaire » à la lecture d’un tel papier.

A nous tou-te-s de dire et redire que nous ne voulons pas de ce nouveau chantier de plus. Et d’agir, surtout, au-delà d’actions symboliques de pétitions remises aux élus ou de rassemblements « citoyens »… Nous n’avons pas les sous pour de la propagande de masse sur papier, mais nous avons la détermination et la force du nombre.

LGV Poitiers-Limoges : le calendrier se précise

Alors que la décision ministérielle pourrait être avancée de deux mois l’enquête publique semble se profiler pour le printemps 2013.

Un vent d’optimisme souffle désormais entre Limoges et Poitiers. Alors que l’association de promotion de la LGV poursuit son travail de persuasion, le calendrier semble se resserrer. La décision ministérielle n° 2, qui doit notamment répondre à des questions environnementales, n’était pas attendue avant la fin du premier trimestre 2013. Elle pourrait finalement intervenir fin janvier, Réseau ferré de France ayant déposé la semaine dernière le dossier sur le bureau de l’Etat. Un feu vert indispensable au lancement de l’enquête publique, laquelle pourrait alors débuter dès le printemps prochain, fin avril selon les représentants de l’association. Voilà qui a ravi les participants à la réunion publique annuelle organisée par l’association, jeudi soir, à Limoges. De toute évidence, ils y voient le signe d’une bonne volonté gouvernementale.

«  Le cinquième de Flamanville  »

Cette grand’messe, qui réunit d’année en année toujours plus de participants (500 en 2010, 600 l’an dernier, plus de 700 hier), pourrait d’ailleurs être la dernière à se tenir dans un contexte d’incertitudes. « Le projet remplit tous les critères de la commission chargée de trier les priorités du gouvernement », a lâché, tout sourire, son président, Jean-Pierre Limousin. « C’est le moins coûteux : la réalisation de Limoges-Poitiers coûtera le cinquième de Flamanville, et pas plus du double de ce que le Qatar compte investir en cinq ans au PSG… » Les intervenants ont donc rivalisé d’arguments socio-économiques devant un public acquis, relais précieux auprès de l’opinion. Alors que les conditions politiques d’un heureux dénouement semblent plus que jamais réunies, les élus du Limousin ont accueilli à bras ouverts l’invité d’honneur de la soirée, le député-maire de Poitiers. Pour Alain Claeys, pas de doute : indissociable de la ligne Sud Europe Atlantique entre Tours et Bordeaux, le barreau mettrait aussi Poitiers et Limoges à 38 minutes. « C’est une chance incroyable pour les coopérations entre nos universités, nos CHU… », explique l’élu poitevin, lui aussi résolument optimiste. « On nous disait : Tours-Bordeaux, ça ne se fera jamais ; aujourd’hui, c’est l’un des plus gros chantiers en cours en Europe. »

Objectif 2020

Quid des opposants au projet ? « Je n’en vois pas beaucoup, hormis dans un cercle circonscrit autour de Chaptelat et Bellac », répond Jean-Pierre Limousin. « Ils ont déposé un recours ? Soit. Tout juriste compétent sait que cela ne tient pas la route… » En attendant, le calendrier semble se dessiner avec davantage de précision. Si elle est bien lancée fin avril, l’enquête publique devrait s’achever fin juillet. La déclaration d’utilité publique pourrait alors intervenir en 2014, les études de réalisation de la ligne en 2015 et le lancement des travaux en 2016. Les Limousins bénéficieraient alors de la grande vitesse en 2020. Un scénario certes idyllique, mais plausible.

Nouvelle République, Florence Clavaud-Parant, 15 décembre 2012

Mise à jour : voir cet article sur l’appel d’offres pour un lobbying pro-aéroport de Notre-Dame-des-Landes… un autre grand chantier. Lobbying aux frais du contribuable. Lire notamment la stratégie déployée vis-à-vis des journalistes…

Contre l’aéroport mais pacifistes que ça !

Contre l’aéroport mais pacifistes que ça !

En réponse à deux tribunes parues dans le journal « Le monde »

La version originale (le texte complet était jugé trop long pour le format « Monde ») de la réponse à quelques tribunes publiées la semaine passée dans ce même journal ( version parue dans le Monde ici )

La semaine dernière deux tribunes successives sont parues dans votre journal (1). Elles sont le fait de « présidentes »,  « porte-paroles », élu.e.s d’organisations et partis politiques. Elles portent un point de vue qui paraît englober tout le mouvement d’opposition à l’aéroport de Notre Dame des Landes. Elles ont en commun d’affirmer que le mouvement a toujours été non-violent, que l’hostilité face à la police était le fait d’infiltrés policiers, que la manifestation du 17 novembre était pacifique…(2) Quand on retrouve en quelques paragraphes, les termes« non-violents » et « pacifique » martelés à ce point, on peut se dire que l’on a affaire à une opération de recadrage idéologique et en l’occurence de réécriture de notre histoire commune.

Pour nous qui partageons cette lutte, cette réécriture de l’histoire est pour le coup violente. Nous ne pouvons laisser quelques tribuns et porte-paroles auto-proclamés rayer d’un coup de plume ce que nous avons vécu ces dernières années. La complexité de notre réalité, faites de long débats et de contradictions, de pratiques multiples mais aussi de liens qui se tissent, s’est encore intensifiée depuis le 16 octobre et le début de la vague d’expulsion, appelée « opération César ». Nous savons que l’écriture de l’Histoire est généralement le privilège des dominants. Qu’ils soient premier ministre ou président d’honneur d’une association citoyenne, ceux-ci semblent toujours estimer que, quand bien même on viendrait piétiner nos maisons et nos cultures, il nous faudrait rester calmes et polis. Mais l’Histoire ne s’écrit pas seulement sous les projecteurs médiatiques et dans les cénacles politiques. Nous ne renoncerons pas à ce qu’elle nous appartienne aussi.

On peut se demander si la « non-violence » invoquée par certain.e.s inclut aussi les barricades en feu et les projectiles lancés sur la police pour ralentir son avancée, les sabotages d’engins de chantier, et les marques laissées sur les permanences et bureaux de ceux qui nous attaquent. Ce« pacifisme » parachuté serait alors sans doute comparable à celui attribué en occident aux  « révolutions arabes »  tandis que les rues du Caire ou de Tunis s’embrasaient.

En attendant, il faut un sacré toupet, après un mois et demi d’expulsion et de résistance acharnée dont les images ont été montrées en boucle sur toutes les télés et journaux, pour claironner à tout  va sur le « pari de la non-violence ». Si nous ne nous étions pas défendu, de toutes ces manières là aussi, il n’y aurait probablement plus grand monde pour parler de la zad aujourd’hui, moins encore pour y vivre. Mais cette réalité là semble à ce point déranger les habituels détenteurs de la bonne morale militante, tellement pressé.e.s de se positionner, qu’ils et elles ne comprennent même pas qu’il est peut-être encore un peu tôt pour gommer les coups échangés.

Nous avons lancé, il y a plus d’un an, l’appel à une grande manifestation de réoccupation en cas d’expulsion et avons participé à son organisation jusqu’au bout, par le biais d’une assemblée ouverte réunissant jusqu’à 200 personnes. Nous pouvons affirmer ici qu’il ne s’est jamais agi de mettre en avant un défilé « pacifique », mais bel et bien une action directe d’occupation en masse. Son objectif n’était certes pas l’affrontement et nous avions décidé dans ce contexte de porter une attention particulière à ce que celles et ceux qui ne le souhaitait pas puissent l’éviter. Pour autant nous nous étions préparé.e.s en amont aux  possibilités de barrages et à la nécessité d’auto-défense des manifestant.e.s en cas d’agression policière. Si certain.e.s peuvent dire à posteriori que cette action collective a été « pacifique » c’est bien parce que les forces de l’ordre ont choisi de s’effacer ce jour là face à la force du mouvement.

Quelques jours plus tard, quand les troupes sont revenues pour expulser, détruire et blesser – des centaines de personnes de tous horizons ont éprouvé côte à côte cette capacité d’auto-défense, avec des chants, des sittings mais aussi des cailloux et des bouteilles incendiaires. Tout.e.s celles et ceux qui ont partagé ces journées savent bien que cette diversité de réponse n’a pas été tant source de scissions et de séparations, mais bien plutôt de rencontres et de solidarités mutuelles. L’avenir de cette lutte s’est écrit pendant ces moments là, et pas depuis un bureau.

Pour notre part, il ne nous viendrait pas à l’esprit d’affirmer, que « le mouvement pratique toutes les variétés de résistance, toujours violentes »(3). La réalité du mouvement c’est une multitude de personne qui font de la logistique, des repas, de la communication, des collages, des dossier juridiques, des lance-pierres, des pansements, des chansons, qui construisent des maisons, cultivent, se couchent sur les routes ou y courent masqués… Beaucoup d’entre nous partagent ces différentes manières de se rapporter au mouvement suivant les heures, les jours, les montées de colère, de joie ou les réflexions tactiques…. Ce que nous vivons sur le terrain, ce n’est pas une nécessité de s’affirmer comme violent ou non-violent, mais une volonté de dépasser  ces catégories idéologiques et séparations neutralisantes. Nous sommes un peu trop complexes pour rentrer dans les caricatures du pouvoir : « ultras »,« gentil écolos », « opposants historiques », « jeunes zadistes »… Fort heureusement et malgré les tentatives désespérées d’Auxiette (4) ou de Lavernée (5), les divisions posées en ces termes n’ont plus eu tellement de prises sur les dynamiques de ces dernières semaines. Quand des paysans mettent en jeu leurs tracteurs et les enchaînent auprès des barricades, quand des trous sont creusés dans les routes, quand la police est prise en embuscade, il s’agit de se donner les moyens adéquats pour répondre à la situation. Ce que nous voulons mettre en avant, maintenant, ce ne sont pas des mots magiques brandis en totems comme autant de brides sur nos potentialités collectives, mais une détermination commune à ce que cet aéroport ne se fasse pas.

Quant aux profiteurs et aménageurs, nous ne nous faisons pas d’illusion sur le fait qu’ils continuent d’imposer leurs projets par la force. À nous de faire en sorte que les concrétiser finisse par leur nuire plus que de les abandonner.

Des résistant.e.s à l’opération César

(1) « Notre-Dame-des-Landes : la démocratie en question » – 05.12.2012 Par Catherine Conan, Geneviève Lebouteux, Sylvie Thébaud, Françoise Verchère, Pierre Giroire et Frank Meyer et « Notre-Dame-des-Landes, un creuset pour les mouvements citoyens » – 06.12.2012 – Par Susan George, présidente d’honneur d’Attac et Aurélie Trouvé, coprésidente d’Attac

(2) Quelques citations parmi d’autres : « Les opposants dans leur diversité ont multiplié les formes de contestation mais sont toujours restés intransigeants sur le fait que la lutte contre ce projet doit être non-violente. », « (…) toutes les ruses de la répression ont été mises enœuvre : (…) La manipulation en infiltrant des éléments provocateurs pour pousser à l’affrontement avec les forces de l’ordre ou à l’agressivité envers les journalistes », « Le pari de la non-violence et de la démocratie. Notre détermination reste aussi intacte que notre volonté de lutter pacifiquement contre ce projet ruineux pour les finances locales, destructeur de l’environnement et de la vie des gens qui habitent sur ce territoire et y travaillent. »

(3) Dans sa tribune Susan Georges affirme : « Aujourd’hui comme hier, les opposants pratiquent toutes les variétés de résistance, toujours non-violente. »

(4)  Jacques Auxiette président PS de la région Pays de Loire qui sur France inter avait demandé au Préfet « de passer au Kärcher la frange la plus radicale des opposantes de Notre Dame des Landes »

(5)  Christian de Lavernée, préfet de la région Pays de Loire, artisan de l’opération César qui a dénoncé à de nombreuses reprises « la violence d’une minorité autonome, venue d’ailleurs » et marqué la différence qu’il faisait entre « entre les opposants violents et les personnes et associations qui font connaître leur opinion dans un cadre légal ».

Vu sur zad.nadir.org, 13 décembre 2012

NdPN : la coprésidente d’Europe Ecologie Les Verts à l’assemblée, Barbara Pompili, remettait hier sa charge contre les « extrémistes »… en gros la « violence » est du côté des résistant-e-s, et il faut laisser faire le gouvernement avec ses jolies commissions très neutres… Voir cette vidéo. Entre autres citations croustillantes :

« Je pense que là, la question de la violence est un point très important qu’il faut absolument contenir« .

Parlant de la « commission de dialogue » du gouvernement, alors même que ce dernier affirme que l’aéroport se fera quand même : « on voit bien qu’il y a une volonté d’apaisement […] et évidemment, si il commence à y avoir de nouvelles violences si les expulsions ont lieu, ça va recréer des conditions qui ne seront pas propices au dialogue alors que je pense que c’est ce que tout le monde veut« .

« La politique a repris la main, en créant ces commissions, et il y en a deux, il y a la commission de dialogue, mais il y a aussi la commission scientifique qui doit regarder comment on peut compenser les atteintes à l’environnement de cet aéroport, donc ces deux-commissions-là, il faut les laisser travailler, et une fois qu’elles auront travaillé, on pourra conclure. »

Et on entend encore qu’EELV s’oppose à l’aéroport !

Vu aussi sur le flash info du jour, une nouvelle sortie d’Auxiette (il va falloir penser à les compiler, un vrai musée du vieux monde !) : (article de hier dans le Nouvel Observateur en ligne) : « Il est tout de même scandaleux de prétendre que la légitimité donnée par les tournevis et les pieds de biche soient supérieurs à celle conférée par le suffrage universel. » « Ce n’est pas avec des flèches, des arcs et des cabanes que l’on peut envisager notre avenir et les créations d’emplois. Cette logique est suicidaire. L’agriculture de proximité, c’est bien, mais on ne nourrit pas la planète avec l’agriculture de proximité. »

Hihihihoho !

En attendant, les actions de solidarité se poursuivent un peu partout (il y a deux jours à Blois, péage gratuit pendant près d’une heure ).

[Notre-Dame-des-Landes] Infos du 28 novembre

Les flics sont arrivés aux fosses noires… à suivre sur le fil info du jour :

- 18H17 : La pelleteuse et toute sa clique est partie en direction de Vigneux. Bon débarras.

- 18h04 : Une pelleteuse et deux camions bennes sont au carrefour de la Saulce avec une escorte nombreuse… c’est pour le chemin de suez ?

- 17h18 : Ca à l’air calme du côté des flics, on en profites pour organiser les campements. Le point d’accueil se développe, une liste de petit chantier est affichée pour ceux qui veulent venir donner un coup de main.

- 16h32 : Les tracteurs qui sont en soutien à la Chat Teigne viennent de nous informer qu’ils restaient là-bas sans date limite ! Merci les copains, c’est beau à voir cette ronde autour des cabanes !

- 15h18 : sur la route Paquelais/Ardillières, les flics enlevent les shikanes, les amiEs demandent renforts sans stressé, ce pas la guerre

et encore Lecture : Organisons-nous contre leur aménagement de la métropole Nantes/St Nazaire !

Lécture : Exclusif. Hulot : « Notre-Dame-des-Landes est un investissement archaïque »

– 14h36 : Pour les personnes qui sont à Nantes, des personnes passent au tribunal en comparution immédiate cette aprém, si vous allez le temps allez les soutenir.

– 14h30 : On nous apprend que des personnes habillées en « mode Zadist » (Ayoye ! je crois que d’ici on a pas conscience d’être aussi reconnaissable que ça…), on été contrôlé à Nantes hier et ont passées 6h en GAV sous faux-prétexte de vole d’un téléphone portable… Ils ont été relachés sans poursuite… On pourrait lancer un nouveau style en ville pour soutenir la ZAD : Chausser vos bottes et sauter dans la boue !!!

Par rapport des blessés pendant le weekend 23/24 Novembre ICI

- 13h44 : Les fourgons aux Ardillières ont avancé vers le Vache rit, ou il se sont mise a stationer. Peut etre ils veulent gouter la bonne cantine a la Vache rit, vu qu’ils sont « très fatigués » et pas bien fourni avec la bouffe de leur coté ?

- 13h11 : Circulation – entre Ardillières et Temple, chaque carrefour subi la présence de deux fourgons de gendarmes, qui sont dans les forgons, pas de contrôls pour l’instant. Chemin de suez, tout va bien, pareille pour Phar Ouest

- 12h57 : Le tracteur est liberé, en train d’y aller a la Chat Teigne ! La-bâs ca construit, il y a du monde, il fait beau en plus 🙂

Lecture interessant : Il faut qu’on parle de Facebook

- 12h53 : pas des nouvelles de tracteur, mais on a reçu ca : 2 copains on vu environ 25 camions de gendarmes mobiles passer sur la  A85 à hauteur d’Anger et se dirigeant vers l’est.

- 12h20 : les flics bloquent un tracteur de matériel de construction au carrefour du Moulin de Rohanne (D81/Fosses Noires)

- 12h05 : selon maville.com, trois personnes passeraient en comparution immédiate, accusés d’ »attroupement, violence sur personnes dépositaires de l’autorité publique et port d’armes (frondes, lance-pierres) et rébellion ». C’est chouette si des gens vont au tribunal les soutenir !

- 12h : pas de nouvelles infos, c’est plutôt tranquille.

- 9h40 : il y a aussi des contrôle routiers aux Ardillères et au Liminbout (2 camions à chaque point de contrôle)

- 9h30 : on nous signale des contrôles routiers à la sortie de Vigneux sur la D81

- 9h00 : les flics sont à la barricade nord-ouest de la Châteigne et ont degagé une barricade nouvellement construite. Ils sont maintenant face aux camarades qui sont là. C’est calme pour l’instant. Il y aurait d’autres flics qui arrivent au carrefour du Moulin de Rohanne (Fosses Noires/D81).

A la Châteigne, les camarades sont toujours présents pour reconstruire et les cabanes sont toujours entourées par les tracteurs enchaînés. C’est toujours bienvenu de passer là bas.

- 8h51 : voilà, les flics sont là, au moins dans le carrefour Fossses Noires/D81.

- 8h11 : à 7h40 vu 10 fourgeons bleus sur le periph nantais en direction de NDDL.

- 7h53 : pas des informations de barrages ni autres choses

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Communiqué Organisons-nous contre leur aménagement de la métropole Nantes/St Nazaire !

Détail des blessures des 24 et 25 novembre. Voir la lettre d’un médecin sur place

Un appel ici : Contre l’aéroport et son monde : s’ils détruisent notre lieu d’organisation, nous occuperons les leurs !

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Les flics grognent, mais pas contre l’aéroport : ils réclament davantage de moyens de répression – merci à FO SGP Police, c’est beau le syndicalisme parfois.

Quant à EELV, ils font semblant de croire à la « médiation » avec la bouche en coeur, alors même que la porte-parole du gouvernement Vallaud-Belkacem a asséné que l’aéroport « se fera »… histoire de justifier piteusement leurs postes au gouvernement. On admirera le cirque ici.

Ayrault a eu peu de pitié pour leurs contorsions : on goûtera ces propos tout récents du premier sinistre, au Point (rapportés par l’AFP) :

« J’ai dit aux dirigeants du parti (EELV) qu’ils devaient choisir. Il est impensable qu’ils s’associent à des anarcho-autonomes qui font de la casse à chaque sommet international« , fustige M. Ayrault.

L’ancien maire de Nantes assure que « les anciens ministres des Transports (Jean-Claude) Gayssot, (Dominique) Bussereau et (Thierry) Mariani (lui) ont proposé de (le) soutenir ». « On ne va tout de même pas tomber dans la décroissance !« , s’emporte-t-il.

Il a d’ailleurs appelé le ministre écologiste du Développement, Pascal Canfin, qui avait affirmé qu’il serait allé manifester contre le projet d’aéroport s’il n’était pas ministre. « T’es ministre, tu dois faire gaffe !« , l’a mis en garde M. Ayrault, selon Le Point.

Face à la désinformation politico-médiatique, une mesure a été prise sur la ZAD.

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Autres luttes contre des grands projets, infos ici.

Des affiches solidaires ici.

Et un texte de Floréal qui fait bim bam boum.

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Tout plein de rassemblements aujourd’hui ! Besançon, Brest, Guingamp, Grenoble, Marseille, Montpellier, Redon, Rennes, Toulouse… voir aussi l’action à Millau.