Archives de catégorie : Désinformation bourgeoise

[Poitiers] 19 décembre 2012 : Contre la domination capitaliste et étatique, conférence-débat au Plan B

Nous assistons partout à une décomposition politique sous des discours confusionnistes, à droite comme à gauche. Ainsi l’on critique les « dérives » de la « financiarisation » et du « néo-libéralisme », sans voir qu’il ne s’est agi que d’une restructuration historique de plus du capitalisme – indispensable à sa survie. On en appelle à un « keynésianisme » qui ne fut qu’un modèle, désormais obsolète, du même capitalisme. Dans le même ordre d’idée, on invoque l’Etat moderne comme garde-fou du capitalisme, voire comme son adversaire, alors qu’il lui a toujours été consubstantiel, tant en régimes dits « libéraux » ou « démocrates », qu’en régimes dits « communistes ». « Taxons le capital » ou « Développons les emplois et l’industrie » sont les tristes slogans de bureaucraties politicardes ou syndicales cogestionnaires. Le capitalisme ne s’est pas effondré sous ses propres contradictions, il a élargi toujours plus le champ de sa domination sur nos vies et nos consciences, prospérant sur la répression d’un côté, de l’autre les pseudo-débats et la digestion des contestations partielles, dans la même logique d’une résignation programmée, d’une dépossession généralisée. L’autonomie des luttes sociales et la réappropriation des décisions et des moyens de vivre ont toujours été au cœur de toutes les luttes et conquêtes sociales. Elles sont aujourd’hui qualifiées d’« extrémistes » ou de « terroristes » par les pouvoirs bureaucratique, financier, médiatique. Elus, flics, juges, marchands et journalistes répriment et marginalisent toutes celles et ceux qui passent aux actes contre leurs normes. Face au désastre social et écologique en cours, nous ne voulons plus d’explications tronquées, de critiques de surface, de nostalgies de modèles passés du capitalisme. Pour lutter contre celui-ci, il faut mettre ses logiques à nu, et s’organiser en conséquence. Nous voulons contribuer à cette démarche en proposant, le mercredi 19 décembre à 20H30 au Plan B (Poitiers), une conférence-débat « Contre la domination capitaliste et étatique ». La soirée sera introduite par une conférence portant sur les « origines, les contradictions et les adaptations du capitalisme : le rôle de l’institution étatique ». Ces rappels seront suivis d’un débat « Quel anticapitalisme aujourd’hui ? », pour réfléchir aux moyens concrets de lutter et de vivre ensemble.

Groupe Pavillon Noir (Fédération Anarchiste 86)

[Notre-Dame-des-Landes] Infos du 22 novembre

Hier une petite frayeur avec une visite des forces de l’ordre aux barricades du Farouezt, finalement reparties. Journée calme pour l’instant, voir le flash info du jour. On y apprend qu’Ayrault a réaffirmé que l’aéroport se ferait, dans une interview à Paris Match à paraître aujourd’hui. Les habitant-e-s du Rosier, dont les accès routiers sont barricadés, ont publié un communiqué.

Pour rappel, une AG aura lieu à Nantes au B17 ( boulevard Bellamy) le mardi 27 novembre à 19h30, « pour faire le bilan de l’organisation de la manif du 17, et discuter des perspectives … : de futures rencontres entre les comités qui se sont créés, le rôle et le devenir de cette AG, … L’AG du mardi suivant (4 décembre) sera consacrée à l’utilisation et au fonctionnement collectif des lieux construits pendant la manif. »

Une nouvelle page s’ouvre sur zad.nadir.org, pour accueillir les messages de solidarité à partir d’aujourd’hui.

Action de solidarité des paysans de la Confédération paysanne à Lons-le-Saunier, dans le Jura. Ils ont investi les locaux du PS pour y déposer pierres et gravats, et y faire un demi-mur, et menacent d’y revenir avec du béton ! Vidéo ici.

On finira avec un article de Bastamag sur la résistance à Notre-Dame-des-Landes.

[Chalandray – 86] La conf paysanne réagit à la venue du ponte de la FNSEA qui défend les agrocarburants

Le président de la FNSEA est venu défendre le biodiesel

Le président national Xavier Beulin, en visite dans la Vienne, a soutenu l’activité de l’usine de Chalandray. Un message à destination de ses opposants.

Les agrocarburants ne sont pas performants et ne permettent pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pour les soutenir, une défiscalisation très coûteuse a été mise en place sur le dos des contribuables. Ces quelques lignes sont signées de la Confédération paysanne qui a réagi à la venue, samedi matin, à la coopérative Centre Ouest céréales à Chalandray, de Xavier Beulin, président du syndicat agricole FNSEA et de Sofiproteol, structure nationale qui développe une production des cultures de colza et tournesol. Le leader national syndicaliste a visité également, l’après-midi, le 40e concours charolais au parc des expositions à Poitiers. La sortie a irrité la Confédération paysanne : « C’est une provocation pour les éleveurs du département : est-ce le président du syndicat ou bien l’homme d’affaires ? » […]

Didier Monteil, Nouvelle République, 18 novembre 2012

[Notre-Dame-des-Landes] Infos du 16 novembre

Le Rosier est expulsable depuis ce matin, mais c’est calme sur la ZAD. Calme mais actif ! Plein de petites mains s’activent à la cuisine, à des travaux sur les lieux, à des ateliers de préparation de la manif, etc. (voir flash info du jour).

Mise à jour : sur le fil info du jour, une nouvelle est tombée peu après 13H : « 2 personnes qui ont pris part au Collectif idf de lutte contre l’aéroport et sont partis en action cette nuit sont en Garde à Vue depuis 2h du matin. Pour le moment on a peu d’infos : on ne sait pas où ni pourquoi ils sont détenus. Plus d’infos dès que possible. »

Pendant ce temps les actions de solidarité vont bon train un peu partout. Squat.net fait un topo sur les actions diverses du mois de novembre. On peut y ajouter une vidéo sur le mariage de Monsieur Vinci fait-du-profit et de Madame l’Etat français à Vannes, samedi dernier. Quatre camarades du groupe Lochu (FA) étaient présent-e-s.

A lire aussi, un article paru sur Reporterre qui nous avait échappé, évoquant « la raison cachée de l’intérêt de Vinci pour Notre Dame des Landes« . Cimer aux copains-copines de Ni dieu ni maitre in da poitou d’avoir mis en ligne ! On peut y ajouter un article de Bastamag, sorti aujourd’hui, sur les aéroports qui coûtent chers et ne servent presque à rien.

A propos de la manif et pour les journalistes qui lisent ce blog (on a cru comprendre que certain-e-s d’entre elles et eux lisent parfois ce blog histoire de se tenir au jus), un petit point info pour elles et eux.

Le Jura libertaire compile deux articles d’Acrimed et de Breizh journal, peu flatteurs sur la presse bourgeoise, sur les désinformations et les mensonges qui ont entouré « l’agression » du vigile, et les pressions sur les zadistes pour « condamner » ledit événement.

On notera néanmoins un article de Ouest-France (voir ci-dessous)sur la solidarité des zadistes… balayant toutes les fallacieuses dissociations politicardes, notamment de ténors d’EELV, entre les « bons » et les « mauvais » opposants au projet d’aéroport.

NB : Pas d’article sur le blog Pavillon Noir demain, pour cause de déplacement quelque part où l’on espère retrouver les lectrices et lecteurs du blog !

Pavillon Noir

Près de Nantes, au cœur du bocage anti-aéroport

Sylvain Fresneau (à droite) a mis son hangar agricole à disposition des expulsés et de ceux qui affrontent les forces de l’ordre. Photo : Jérôme FOUQUET

Un mois après les premières interventions de centaines de gendarmes  mobiles et de CRS, on se serre les coudes à Notre-Dame-des-Landes.  Opposants de longue date à l’aéroport, paysans, militants politiques,  squatters, préparent une manifestation de réoccupation de la zone,  samedi. Rencontres.

Permanence des opposants à l’aéroport, devant la mairie de Notre-Dame-des-Landes. Une délégation venue de Dinan-Saint-Malo se présente avec pâtes, riz, fruits secs, et crêpes dentelles.

Mais Julien Durand et Michel Tarin, paysans retraités et piliers de la contestation, doivent d’abord régler une urgence : négocier avec une poignée de jeunes. Fraîchement débarqués, ceux-ci barrent une route départementale. Pas besoin d’en rajouter, alors qu’aucune force de l’ordre n’est signalée dans le secteur.

Surtout que des riverains expriment leur lassitude. Comme cette jeune femme, qui a appelé notre rédaction, racontant ses difficultés quotidiennes de déplacement, pour cause de routes défoncées, de barricades en feu, et de barrages de gendarmerie…

Direction la Vache-Rit, hangar agricole devenu base de vie et centre opérationnel des occupants de la ZAD (comprendre « zone à défendre »). L’ancien docker nazairien Gilles Denigot y a installé une grande marmite récupérée chez un copain charcutier bio. « On peut y préparer à manger pour 300 personnes. »

Expulsés des maisons vides qu’ils squattaient, délogés de constructions en bois et en terre, les militants anti-aéroport viennent ici se réchauffer, se nourrir, changer de vêtements avant de repartir harceler gendarmes mobiles et CRS.

Une partie du hangar est envahie par des collines de vêtements secs, des forêts de bottes, déposés par des soutiens extérieurs. Un couple de Carquefou est venu chercher des vêtements boueux, et les a lavés. Plus loin, l’espace nourriture. « Une fois par semaine j’apporte des légumes », témoigne Thérèse, une retraitée de Guenrouët.

La vache-Rit est sur le terrain de Sylvain Fresneau, 50 ans, cinquième génération de paysans. Son Gaec des Pommiers, 90 vaches laitières, est en cours d’expropriation. Le paysan a mis le hangar à disposition de ceux qu’il appelle « les jeunes ». Il déteste le mot « squatters ».

« Les CRS nous ont rapprochés »

« Sans eux, nous serions restés bien seuls dans la lutte. Les premiers sont arrivés il y a trois ans. Des relations se sont nouées. On se rend service. Aujourd’hui, certains vont m’aider à collecter les ficelles de bottes de paille et les bâches d’ensilage. » Au Liminbout, autre exploitation condamnée, Sylvie Thébault, exploitante de 46 ans, confirme. Elle avait aidé « les nouveaux habitants » qui retapaient Les Planchettes, une maison vide, rasée mi-octobre. « Quand mon mari a fait la grève de la faim, ils ont assuré la traite du soir ».

Alain Bretesché, lui, vit à la Rolandière depuis vingt ans, dans une maison désormais propriété d’Aéroports du Grand Ouest. Un sursis, obtenu par les grévistes de la faim du printemps, protège temporairement le couple de l’expulsion. Il a recueilli chez lui une éducatrice allemande et ses trois enfants, restés sur zone après un rassemblement anti-aéroport.

Aux Fosses noires, Élisabeth, 53 ans, locataire elle aussi bénéficiaire du sursis, a ouvert ses dépendances aux expulsés. Damien, 30 ans, y prépare une fournée. Venu « lutter contre l’aéroport, et expérimenter un autre mode de vie », le boulanger vivait aux 100 Chênes. « On avait des ruches, un jardin, on était autonomes ». Il a eu le temps de démonter son four avant l’arrivée des pelleteuses.

Camille, jeune maraîcher diplômé en environnement, avait été installé sur le terrain du Sabot par le mouvement international Reclaim the fields (Récupérons les champs). « On produisait des légumes pour les occupants de la zone. On nourrissait les antinucléaires, et les opposants aux lignes très haute tension. » Il ne reste rien du Sabot.

Un tracteur passe, la remorque chargée de matériaux de récupération. Samedi, les opposants appellent à une manifestation dite de « réoccupation ». Avec en point d’orgue la construction d’un bâtiment collectif.

D’autres abris sont déja en construction sur des terres mises à disposition par des propriétaires pas encore expulsables. Déjà ça trie, dépointe, préassemble. Par le passé, les occupants de la zone et les opposants historiques ont pu diverger dans leurs stratégies. « L’attaque des CRS a rapproché tout le monde », résume Alain Godin, paysan bio de 63 ans, un des pionniers de l’opposition à l’aéroport.

Marc LE DUC, Ouest-France, 13 novembre 2012

[Notre-Dame-des-Landes] Infos 13 novembre – petites mises au point

NdPN : Pour rappel, rendez-vous ce soir à Poitiers à la maison du peuple (rue Arsène Orillard), à 18H30, pour une réunion d’info !

C’est plutôt tranquille sur la ZAD, une AG de préparation de la manif de réoccupation du 17 novembre propose à tout le monde, vues les récupérations politicardes, d’adopter un même drapeau.

Cette démarche vient d’une mise au point contre pas mal de politicards, participant à la dissociation entre bons et mauvais habitant-e-s de la ZAD, comptant débarquer à Notre-Dame-des-Landes. Trois textes parus hier sur zad.nadir :

Nous voulons une manif, pas une parade

Le 17 novembre aura lieu une manifestation de réoccupation, pensée comme un moment de réaction collective aux expulsions de squats sur la ZAD.

Nous sommes des occupantEs de la ZAD. Nous ne sommes pas dans des logiques de parti. Nous ne croyons pas à la pseudo-démocratie et à son jeu de représentation. Ce qui fait la force de ces moments vécus depuis le déclenchement des expulsions, c’est de se retrouver avec un tas de gens autour de notre refus de ce projet d’aéroport, et du monde qui va avec. Nous voulons que cette manif soit celle de tou-te-s les opposantEs, et que touTEs celles et ceux qui sont en lutte y trouvent une place.

Depuis quelques jours, les stars de la politique politicienne se relaient pour annoncer leur venue. Depuis quelques jours on n’entend plus qu’elles/eux. Nous ne voulons pas que toute l’attention se braque ce jour là sur quelques têtes d’affiche qui ont déjà tout l’espace médiatique pour s’exprimer, et qui ne fouttront jamais les pieds sur la zone si il n’y a pas 50 caméras pour les accompagner.

Nous voulons une manif d’opposant-e-s au projet d’aéroport, pas un podium pour politicardEs.

AmiEs en lutte, bienvenue !

Le mouvement d’occupation.

Nous ne voulons pas voir les bureaucrates d’Europe Ecologie – Les Verts

Depuis quelques jours, des dirigeant-e-s d’EELV prennent position par rapport aux expulsions en cours sur la ZAD : ils/elles expriment leur soutien aux habitant-e-s et appellent à la manifestation de réoccupation du 17 novembre. Depuis que le mouvement d’occupation existe, les dirigeant-e-s d’EELV n’ont fait que s’en désolidariser par presse interposée. Ils/elles ont parlé d’ultras, de violent-e-s agitateurs/ices et d’extrémistes ; et n’ont cessé de dénoncer des actions menées conte l’aéroport et les porteurs du projet.

Aujourd’hui, des responsables d’EELV se désolidarisent encore des « minorités violentes ». Au cas ou ils/elles ne le sauraient pas, la manifestation du 17 est appelée notamment à l’initiative de ces mêmes « minorités violentes », de celleux qui montent des barricades et lancent des pierres pour défendre leur maison, en l’occurence les occupant-e-s de la ZAD.

Comment peut-on autant chier sur la gueule d’un mouvement, le fragiliser, pour ne pas dire essayer de le broyer ; et en même temps appeler à le soutenir au moment ou il prend de l’ampleur ? Serait-ce l’attrait des caméras ? Si les prétendu-e-s « porte-paroles » d’EELV ont tant envie de parler, ils n’ont qu’à s’expliquer d’abord sur 3 ans de declarations odieuses à notre sujet.

De notre côté, nous n’acceptons pas que celleux qui se dissocient des actes de résistance aux expulsions viennent à cette manifestation. Les responsables et figures médiatiques d’EELV ne sont pas les bienvenu-e-s à nos yeux.

PS : à tout-e-s les adhérent-e-s et sympathisant-e-s d’EELV qui luttent sincèrement contre l’aéroport, vous êtes les bienvenu-e-s. Et c’était chouette de partager des moments autour des barricades avec certain-e-s de vous…

Le mouvement d’occupation

VERTS DE COLÈRE ou la manif de récupération ?

« C’est compliqué… On est démunis, ces ultras sont totalement autonomes, on ne sait pas comment les virer [1] ». Jean Philippe Magnen, « patron d’EELV 44 », participait dans le Presse Océan du 14 septembre 2011 à l’opération de stigmatisation médiatico-policière des squatteurs, désigné.e.s par le qualificatif d’inquiétants « ultras » à « passer au karcher » [2], après une action menée contre la caravane des primaires du PS.

Aujourd’hui, EELV ne lésine pas sur les moyens pour s’afficher comme « une figure de proue dans le combat politique contre le projet de nouvel aéroport » [3]. EELV se prononce désormais « pour l’arrêt immédiat des opérations de destructions en cours » et « condamn[e] l’évacuation de personnes, la destruction de maisons, la dégradation de cultures et les atteintes à l’environnement » [4]. Communiqués indignés et prises de positions se succèdent. Soudainement, EELV boycotte même le magazine régional jugé trop partial en faveur de l’aéroport. On lit dans Ouest France [5] qu’une quinzaine d’élu-e-s verts seraient en ce moment « sur le terrain » [6], expression lancée comme une formule magique pour s’acheter une nouvelle légitimité.

« Les squats de maisons à NDDL ne servent pas la lutte des vrais opposants au projet d’aéroport que sont les agriculteurs, la population [sic] et les politiques [7] » déclarait il y a quelques mois François de Rugy, député EELV de loire atlantique. Apparemment, les expulsions de squats, elles, sont une belle opportunité pour les vautours de tribunes d’Europe Ecologie qui appellent désormais à la mobilisation pour la manifestation de réoccupation à l’initiative d’occupant-e-s et de collectifs solidaires8.  Les infréquentables « ultras » d’hier seraient-ils aujourd’hui devenus de « vrais opposants » ? Plus probablement ces élites ont-elles flairé qu’elles pourraient regagner une crédibilité vis à vis de leur base, voire faire leur beurre sur la vague de refus qu’ont provoqué les expulsions de squats à NDDL.

Barbara Pompili, coprésidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, opère tout de même la dissociation habituelle et nécessaire avec ce qui n’est pas récupérable [8]. Ces « activistes d’extrême gauche qui sont dans la lutte pour la lutte », sont « minoritaires » dans ce combat et bien loin des « vraies questions » que soulèvent « les agriculteurs et expropriés (…) vraiment pas extremistes ». « Je ne veux pas qu’on caricature les opposants de Notre Dame des Landes simplement en les réduisant à ces quelques extrémistes ». Dans l’opération de tri selectif dictée par les dirigeants d’EELV, les « mauvais opposants » sont donc toutes ces personnes qui ont partout, ces dernieres semaines, exprimé leur solidarité en ciblant les porteurs du projet. Probablement, ceux que Jacques Auxiette appelle « les professionnels de la guérilla urbaine » sont aussi toutes celles et ceux, d’horizons divers, qui se sont rencontré-e-s dans ce moment pour faire face avec colère à la violence d’Etat, en compliquant pendant plus de trois semaines sa tâche de destruction sur la ZAD.  Après avoir lancé l’offensive de récupération jusqu’au mouvement d’occupation, il s’agit donc de vider ces moments de rage partagée largement de leur contenu subversif (qui va au-delà de la question de cet aéroport) pour pouvoir servir les étroits intérêts des partis politiques.

« Je le dis les yeux dans les yeux, l’accord de 2012 avec le PS, s’ils ne lachent pas sur Notre Dame des Landes, ce sera non. » fanfaronnait Cécile Duflot à l’Université d’été des Verts en aout 2010. Cécile Duflot est devenue depuis ministre du logement du gouvernement Ayrault, après que la direction d’EELV ait enterré les sujets de lutte que sont l’EPR et l’Aéoroport du Grand Ouest en échange de quelques sièges au chaud, probablement pour mieux « changer les choses de l’intérieur », c’est plus confortable.

Disparaître, mais aussi apparaitre au moment opportun est probablement l’art premier de la politique, ainsi les têtes d’EELV espèrent faire d’une pierre deux coups. En prenant position in extremis et au cas où le projet s’écroulerait, cela donne du crédit à cette prétention d’être une force d’opposition à l’intérieur même des innombrables majorités partagées avec le PS, à tous les niveaux décisionnels qui génèrent ce projet d’aéroport. Mais aussi, en interne, cela permet de calmer et de satisfaire sa base militante et électorale la moins frileuse ou carriériste. Comme le veut l’usage démocratique, nous ne doutons pas que la base au sein d’EELV ne soit jamais consultée avant chacune de ces prises de positions, opportunistes et réversibles selon le rapport de force politique du moment. « Je ne mets pas tout le monde dans le même sac » a déclaré Barbara Pompili. Nous non plus.

Une énergie énorme a été déployée dans cette lutte depuis des années pour créer des liens larges et forts de complicité hors de la sphère politicienne, mais sous ses insultes et ses appels à la répression.  Sans surprise, la force militaire a frappé dur sur le mouvement d’occupation. Sans surprise aussi, mais avec une colère forte, nous voyons les stratégies politiciennes qui tournent autour de nos têtes, et qui, après avoir souhaité si souvent nous jeter aux ordures, tentent de nous recycler avec profit.  Nous affirmons ici notre volonté de construire l’unité d’un mouvement horizontal et populaire contre l’aéroport, et ce en faisant face aux fréquentes dissociations officielles d’organisations ou partis politiques inscrits dans cette lutte. Nous reconnaissons les innombrables actes de solidarité exprimés comme faisant partie de cette lutte et la nourrissant.  Nous n’attendrons pas d’avoir le vent dans le dos et refuserons toujours de nous allier à des girouettes. Dirigeant-e-s écologistes, votre présence n’est pas la bienvenue.

9 novembre 2012Hors Pistes un groupe en lutte contre l’aéroport et son monde issu du mouvement d’occupations