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[Flamanville] Accident à la centrale nucléaire de Flamanville : des témoignages qui font froid dans le dos. Arrêtons le nucléaire avant la catastrophe

Accident à la centrale nucléaire de Flamanville : des témoignages qui font froid dans le dos. Arrêtons le nucléaire avant la catastrophe

Fédération Anti-nucléaire Bretagne

Communiqué du 30 Octobre 2012 :

Accident à la centrale nucléaire de Flamanville : des témoignages qui font froid dans le dos.

Arrêtons le nucléaire avant la catastrophe

Le 25 Octobre 2012 l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) nous informe d’un banal “incident” sans gravité dit de niveau 1 à la centrale nucléaire de Flamanville. Cet accident nucléaire a provoqué une fuite radioactive d’au moins 42 000 litres d’eau radioactive sur le circuit primaire, partie hautement sensible du réacteur, qui peut s’emballer en cas de fuite et donc de refroidissement insufissant.

Et c’est par le communiqué du CRILAN*, qui réagit aussitôt le 26 octobre 2012 à la communication “soft” de l’ASN, que nous prenons connaissance du ressenti des travailleurs pendant ces longues heures de nuit en milieu hostile. Voici le témoignage de l’un d’entre eux :

« Je travaillais de nuit, une nuit comme on ne les aime pas quand on bosse ! 3 collègues ont failli mourir par négligence ! On nous fait faire de plus en plus n’importe quoi, pour une chose, le profit ! On nous a demandé de remplir un tronçon du circuit primaire qui avait eu une panne après un arrêt de tranche catastrophique ! Le problème c’est qu’on nous l’a demandé à 155b et 300 degrés ! Résultat : 3 mecs au médical et un repli de tranche en phase accidentelle ! Un vrai miracle, les 3 collègues ont pu après une visite au médical, reprendre le boulot et stopper la fuite. Résultat : un bâtiment réacteur légèrement contaminé et encore une prolongation d’arrêt ! (…) »

Un autre témoignage tout aussi effrayant nous a été donné par un ancien intervenant à la centrale de St Laurent des Eaux où a eu lieu deux débuts de fusion du coeur du réacteur en 1969 et 1980.

« J’ai connu cela un jour à St Laurent, les opérateurs et les cadres présents en salle de commande étaient « blancs comme des cierges de Paques », car sur les 4 boucles refroidissant le réacteur (turbo-soufflante), 3 étaient tombées en rideau et on était tous suspendus au fonctionnement de cette dernière turbo-soufflante. Sans réel secours en cas de panne totale du soufflage. Dernière turbo-soufflante qui a donné des signes de faiblesse pendant 1 ou 2 minutes. J’était trop jeune pour prendre la mesure de ce qu’il se passait mais je pense que rétrospectivement, certains ont dû prier en salle de commande ce jour là. »

Aujourd’hui, une demi-douzaine de réacteurs aux Etats-Unis sont à l’arrêt ou fonctionnent à faible puissance pour faire face à la tempête tropicale Sandy. A proximité de New-York, les pompes de refroidissement du réacteur d’Oyster Creek au New-Jersey, bien qu’à l’arrêt depuis le 22 octobre pour rechargement de combustible, menaçaient d’être submergées à 11 h 45 heure locale par une montée des eaux supérieure à 2 mètres, obligeant ainsi l’opérateur à faire appel aux pompes anti-incendie et à prévoir une pompe « portable ». Le réacteur d’Indian Point 3 quant à lui a été mis en arrêt d’urgence du fait des fluctuations du réseau électrique et de l’obstruction des pompes du circuit secondaire par des débris…** Une nouvelle fois, il apparaît que des réacteurs nucléaire sont en situation critique face à un évènement climatique pourtant prévisible.

Réagissez !

Le nucléaire est moralement et socialement inacceptable. Il faut en finir maintenant, avant la catastrophe.

Fédération Anti-nucléaire Bretagne

6 rue de la Tannerie – 56000 VANNES

Email : fan-bretagne@laposte.net – Tel : 06 65 72 31 66

* CRILAN : www.crilan.fr Comité Régional d’Information et de Lutte Antinucléaire basé tout près de Flamanville

** Sources :

http://www.beyondnuclear.org

et http://www.nrc.gov/reading-rm/doc-collections/news/2012

Contacts presse :

Alain Rivat : 06 28 01 20 33

Chantal Cuisnier : 06 84 14 58 87

Cedric Cadoret : 02 56 22 02 37

La Fédération Anti-nucléaire Bretagne a été constituée le 27 octobre 2012 à Pontivy. Elle a pour but de structurer et d’amplifier l’action régionale du mouvement anti‑nucléaire breton, et d’agir pour l’arrêt immédiat du nucléaire.

Sur le TSCG (traité de sauvetage du capitalisme glouton) et ses faux détracteurs

Sur le TSCG (traité de sauvetage du capitalisme glouton) et ses faux détracteurs

Le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, aussi appelé « pacte budgétaire », entériné lors d’un sixième sommet européen pour le sauvetage du capitalisme, a donc l’aval du politicard multicarte député-maire-président de la communauté d’agglomération Claeys – qui suit ainsi la position très majoritaire du PS (son parti), du centre et de l’UMP (parti qui est à l’origine de ce traité). C’est aujourd’hui que s’ouvrent les débats à l’assemblée, pour une adoption prévue avant la fin octobre.

Ce pacte confie la surveillance des budgets des pays de la zone euro à la commission européenne, cette instance qui ne donne même pas l’illusion de la démocratie puisqu’elle n’est même pas élue. Ces Etats de la zone euro devront respecter dans leur budget la « règle d’or » d’un non-dépassement de 0,5% du PIB, sous peine de « mécanismes de corrections », voire de « sanctions » en cas de dépassement du seuil de 3% – ce fameux chiffre bidon né au coin d’une table (1). Corrections et sanctions inévitables, puisque les structures actuelles du capitalisme sont fondés sur l’endettement généralisé.

La Commission proposera en quoi ces touchantes attentions consisteront. On se doute bien qu’elles ne concerneront pas trop les dividendes des actionnaires du CAC 40 (caca-rente), qui ont augmenté fortement en 2011 et augmenteront aussi en 2012, et ce malgré la baisse des bénéfices nets. On pense plutôt qu’il s’agira de racler les poches trouées des prolos. Comme en Grèce, nouveau modèle rayonnant d’austère bonheur. Plans « sociaux » et chômage de masse, aggravé par des licenciements par dizaines de milliers des salarié-e-s du public ; réductions de salaires déjà bien en souffrance ; démolition de services publics déjà en grande partie démantibulés ; impossibilité pour un grand nombre de gens de se soigner, avec le déremboursement des médicaments ; racket du salaire indirect avec pilonnage des retraites, du chômage et de la santé ; dérégulation de tous ces droits du travail chèrement acquis par les luttes sociales, pour réclamer toujours plus de productivité aux travailleurs-euses… que du bonheur on vous dit. Bref, un bon tour de vis, au service de la restructuration du capitalisme, avec le soutien actif des Etats, de leurs bureaucrates encravatés, et de leurs guignols « élus » – pour ne pas changer une formule qui gagne.

Allons bon, la sacro-sainte « croissance » (qui n’est jamais que la valorisation du capital au détriment des salaires) est une fois de plus menacée par le fait que la logique intrinsèque du profit capitaliste (plus-value extorquée sur les salaires) est contradictoire avec la capacité de demande des marchés, parce qu’elle entraîne l’appauvrissement des populations ? Il y a manifestement une impasse de la restructuration capitaliste précédente, à la mode néolibérale de la financiarisation de l’économie (fuite en avant de l’option spéculative des produits financiers, qui ne sont jamais gagés que sur la production future) ? L’endettement généralisé qui en découle provoque des bubulles spéculatives capables de provoquer un tsunami économique ? Pas grave ! Le capital, avec le sempiternel soutien de ces vieux appareils bureaucratiques et policiers de racket que sont les Etats, prendra encore plus dans la poche des populations. On inscrira dans le marbre que ce sont elles qui devront assurer les risques de perte de profit des capitalistes qui les exploitent.

Bien conscient que peu de gens sont dupes, Hollande argue comiquement de sa taxe dérisoire sur les transactions financières, mais pour ajouter que de toute façon, puisqu’il a été élu « représentant », c’est que tout le monde est d’accord, et qu’il est légitime à imposer le TSCG sans référendum. Et tant pis pour les électeurs-trices, braves moutons qui en créditant ce gugusse d’un droit à faire tout ce qu’il veut, ont encore oublié que le vote représentatif n’est qu’un instrument de dépossession des populations, de leur droit à débattre et élaborer elles-mêmes leurs décisions. Et ce, depuis que le capitalisme a compris que l’esclavage archaïque était moins efficace que de répandre la servitude volontaire du salariat, et de son corollaire d’atomisation sociale, la démocratie représentative (soit le droit de légitimer, par un pseudo-choix, le gouvernant le plus apte à nous tondre). Derrière les « règles communes » sensées favoriser le retour à la « croissance », ce pacte pour la pérennisation de la « dette » cache vraiment mal la volonté commune des capitalistes européens de soumettre toujours plus les populations à leur dictature cynique, par le truchement de leurs VIP de gauche ou de droite.

C’était prévisible, la clarté n’est pas franchement de mise non plus chez les opposants officiels. Les écologistes en peau de lapin d’EELV sont contre le traité, mais pour l’adoption d’une loi organique de réduction des déficits… cherchez l’erreur. Au passage, EELV propose que soient exclus du comptage des déficits budgétaires les investissements dans la « croissance verte »… ce nouveau champ de profit juteux promu par le capitalisme, qui a toujours su faire du beurre sur la dévastation sociale et écologique qu’il laisse derrière lui. Hier le marché de la reconstruction sur fond de ruines causées par la guerre (elle-même conséquence d’une relance économique par l’industrie de l’armement), aujourd’hui le marché des énergies vertes sur fond de désastre de pollution de l’environnement (elle-même conséquence d’un productivisme toxique, à coups d’industrie des armes chimiques reconverties en pesticides, de la bagnole, du nucléaire…). La seule chose qui se recycle dans le capitalisme vert, c’est le visage hideux du capitalisme lui-même, avec sa cohorte de bateleurs écolos pour lui confectionner des petits colliers de fleurs.

Le front de gauche tempête quant à lui contre un traité qui plomberait la « relance économique » (vive la croissance, vive le profit et la plus-value !), et remettrait en cause la « souveraineté populaire » de l’Etat (vive les « représentants » du peuple !). Il faudrait nationaliser (bref concentrer le capital pour le rendre plus solide), y compris les banques (avec retour du droit aux banques centrales nationales de prêter aux Etats). Le même argument moisi que les capitalistes keynésiens déployaient à partir des années 1930, avec le piètre succès qu’on connaît, pour lutter contre l’option… communiste, de l’aveu même de Keynes. En gros, le capitalisme d’aujourd’hui ne fonctionne pas, revenons au capitalisme d’hier qui ne marchait pas non plus. Super. Comme si depuis, cette conception du capitalisme keynésien, qui ne fut qu’une solution provisoire pour remédier à la crise de 1929, n’avait pas depuis montré ses limites, liées aux contradictions classiques du capitalisme (baisse tendancielle du taux de profit, contradiction entre production et demande) : essoufflé, devenu trop peu rentable, il n’avait débouché dans les années 1970 que sur une nouvelle restructuration capitaliste et sur la financiarisation, conditions de survie du capitalisme. Ah, la nostalgie du bon patron… et oui, chez les « communistes » du PCF, on en est là de la réflexion.

Cette argumentation indigente d’une critique partielle du capitalisme, ne s’attaquant à l’une de ses formes historiques que pour en promouvoir une autre, version recours à l’Etat, est grosso-merdo reprise en cœur, version nationaliste chauvine, par le pôle « opposé » du spectacle politicien. Le Dupont-gnan-gnan de Debout la République ou la Le Pen du Front National souhaitent aussi revenir à un capitalisme productif et non financier, et revenir à une souveraineté nationale. Avec la praline sur le chocolat : en faisant payer aux « Français » toutes « leurs » dettes (car les bons français sont de bons payeurs, payons pour les riches), tout en les faisant sortir de l’euro, car les bons français ne doivent pas payer pour assister d’autres peuples. Sans parler de leurs odes lyriques à la relance des budgets de l’armée.

Sans surprise donc, dans cette grande soupe confusionniste des partis qui prétendent lutter contre le TSCG tout en reprenant une partie de l’argumentaire productiviste et national-étatiste classique du capitalisme en temps de crise, aucun d’entre eux ne propose de sortir du capitalisme, dont les mécanismes destructeurs ont pourtant conduit à la situation actuelle. Quant aux moyens développés pour lutter contre ce TSCG, ils sont à l’image de la pauvreté argumentaire de ces pseudos-détracteurs. Le spectacle d’une manif citoyenne, plus symbolique qu’autre chose, a eu lieu dimanche 30 septembre à Paris à l’initiative du Front de gauche (avec de jolis drapeaux rouges, pour montrer qu’on est pas content). Dans quel but ? Pour faire « réfléchir » François Hollande et lui « faire « prendre conscience », selon les mots de Mélenchon. Une grande manif pour faire en sorte que Hollande soit pris de remords. Ca pourrait être drôle, si les conséquences d’une telle « stratégie » ne conduisaient pas à désespérer encore un peu plus les militant-e-s sincères du FdG de s’engager dans les luttes sociales.

Nous n’avons quant à nous aucune illusion sur les voies parlementaires, aucune illusion sur tel ou tel aménagement du capitalisme, et ne comptons pour notre part que sur notre investissement dans les luttes, dans la construction d’une solidarité de classe, en actes. Hier, aujourd’hui et demain, nous n’aurons que ce que nous obtiendrons, par la généralisation des actions directes, sans médiation politicienne et sans bureaucrates syndicaux pour négocier à notre place. Nous luttons partout contre la dépossession, matérielle et politique. Sur nos lieux de travail aliéné, dans nos quartiers, dans nos rues, dans toutes les dimensions de nos vies. Contre la gauche et la droite, contre le capitalisme et tous ses défenseurs aspirants au pouvoir étatiste. Qu’ils soient poujadistes, néo-libéraux, keynésiens, ou commerce équitable, ils ont tous la prétention de nous gouverner.

Nos vies ne se négocient pas, ni dans un traité, ni dans un référendum.

(1) consulter à ce sujet l’article du journal Le Parisien, 28 septembre 2012 – http://www.leparisien.fr/economie/3-de-deficit-le-chiffre-est-ne-sur-un-coin-de-table-28-09-2012-2186743.php

Pavillon Noir (FA 86), 2 octobre 2012

Salariat : une re/découverte douloureuse

Salariat : une re/découverte douloureuse

En presque environ deux siècles d’existence, ce rapport social, le salariat, est « devenu », perçu, comme une véritable nature de nos sociétés… surtout dans les pays industriels développés. Le salariat apparaissait, et apparaît encore pour beaucoup, comme le top du topde l’organisation sociale.

Pourtant, depuis presque deux décennies, le doute s’installe. La mondialisation marchande a jeté un doute sérieux sur la stabilité et l’efficacité d’un tel lien social.

A y regarder de près, il n’y a pourtant rien de surprenant et rien de nouveau.

LA MONDIALISATION COMME REVELATEUR

Tant que le monde a été dominé, aux 19e et 20e siècles, par des pays industriels qui détenaient l’essentiel des facteurs de production : capitaux, technologies, force de travail, marchés de consommation et sources d’énergie,… le lien social salarial qui les constituait, quoique contradictoire et conflictuel, représentait une forme de stabilité certaine au point qu’il n’a jamais été remis véritablement en question dans ces pays.

La valorisation du capital et son corollaire, le salariat, s’étaient fondés dans, et par, une identité géopolitique , l’état-nation, qui garantissait une relative stabilité. C’est sur ce modèle, avec quelques variantes que se sont constitués les grands états industriels.

La mondialisation, c’est-à-dire l’expansion des activités de production au-delà des frontières de ces pays, les facilités de communications et de transports, l’accession de nouveaux états à une relative indépendance par rapports aux anciennes métropoles coloniales, a rompu cet état de relative stabilité économique, sociale et politique.

Le délabrement politique et social de nos sociétés n’est donc pas surprenant, on peut même dire qu’il était inscrit dans l’existence et la dynamique même de la valorisation du capital, du capitalisme.

RAPPEL DE QUELQUES FONDAMENTAUX

1- Une entreprise est faite avant tout pour valoriser le capital que l’on y investit…pas pour créer des emplois. La production n’est qu’accessoire… la preuve, on l’arrête quand ce n’est plus rentable de produire.

2- Le salarié n’est qu’un facteur de production. Il crée la valeur, par son travail, mais est rémunéré à la valeur de sa force de travail (ce dont il a besoin pour vivre). Son salaire est un coût de production.

3- Le capital technique, les machines, permet au salarié d’être efficace dans son acte de production. Le progrès technique en augmentant la productivité du travail humain, relativise, quantitativement, sa présence dans la production. Plus la machine est performante, moins on a besoin du salarié.

4- Le profit, la part de la valeur produite par le salarié, mais qui ne lui est pas restituée, appartient exclusivement aux propriétaires du capital (les actionnaires). Notons que les salariés n’ont aucun droit sur lui puisqu’ils ont été rémunérés à la valeur de leur force de travail (marché dit « du travail », en fait « de la force de travail »).

5- La gouvernance de l’entreprise est constituée par l’assemblée générale des actionnaires (les propriétaires du capital). Notons que les salariés n’ont aucun droit dans ce domaine.

6- Le droit – social – des salariés n’est que le produit de leurs luttes. Rien n’a été accordé par le capital, tout a été conquis soit par la force soit par la peur.

Ces quelques fondamentaux, on les a oubliés, ils se rappellent aujourd’hui à nous. 

Les luttes sociales ont permis aux salariés d’obtenir des avantages substantiels au travers d’une législation du travail : conditions de travail, garantie contre les licenciements, conventions collectives, salaire minimum, hygiène et sécurité, retraites, protection sociale… Tous ces acquis ont transformé la condition salariée grâce au rapport de force instauré,… et ils ont été garantis et maintenus grâce au même rapport de forces… on les a cru éternels ! Erreur !

L’effondrement actuel de ce rapport de force remet en question tous ces acquis.

UNE REMISE EN QUESTION GENERALE

Ces acquis – certainement pas définitifs contrairement à ce que beaucoup de salariés croyaient et croient – ne tenaient que parce que le rapport de forces salariés/capital était en faveur des premiers… le capital ayant alors, encore, peu de marges de manœuvre. Mais le capital ne connaît pas les frontières.

Une des caractéristiques de la mondialisation marchande est évidemment la mondialisation des marchés, aussi bien ceux des matières premières, que celui des capitaux, de la consommation et même ceux de la force de travail.

Cette mondialisation, et en particulier, celle de la force de travail a des conséquences prévisibles sur le rapport des forces entre salariés et entrepreneurs/actionnaires. Le chef d’entreprise et les actionnaires ne sont plus limités au territoire national (l’Etat-nation berceau du capitalisme) pour produire et donc valoriser leur capital. Les salaires plus bas à l’étranger les incitent logiquement à délocaliser. De même que l’ouverture des frontières à la circulation de la force de travail leur permet d’embaucher à des salaires plus bas que ceux habituellement versés.

Cette nouvelle situation se double d’une caractéristique déterminante : l’Etat, dans son désir de libéraliser et de déréglementer, se tient en retrait et n’est plus le garant des conditions d’existence des salariés.

Dés lors, on assiste à une remise en question totale des acquis :

– les salariés en concurrence sur le marché international de la force de travail ne peuvent plus exiger le maintien, et à fortiori, l’augmentation de leurs salaires,

– l’entreprise, lieu essentiel pour les salariés (pas pour les actionnaires) peut quitter le territoire national, voire disparaître,

– tous les acquis sociaux sont remis en question et les syndicats n’y peuvent rien,

– l’exclusion remplace l’exploitation dans la conscience des salariés et le « couteau sous la gorge », ceux-ci sont prêts à tous les sacrifices pour défendre leur emploi.

UNE PRISE DE CONSCIENCE  BIEN TARDIVE

Sont totalement incongrues au regard des principes de fonctionnement de la gestion du capital, ces idées et déclarations que l’on entend couramment dans les médias :

L’idée qu’il serait scandaleux que l’entreprise (les actionnaires) imposent une rentabilité fondée sur la maîtrise du coût de la main d’œuvre (les salaires), 

L’idée qu’il serait scandaleux que l’entreprise (les actionnaires), licencie pour accroître sa rentabilité ( la force de travail variable d’ajustement), 

L’idée qu’il serait scandaleux et inhumain, de liquider une entreprise, et de licencier son personnel, pour des questions de rentabilité financière (liquidation pour spéculer sur les marchés financiers), 

L’idée qu’il serait scandaleux que l’entreprise privilégie les actionnaires au détriment des salariés.

Ces idées, émises, véhiculées, proclamées par les salariés licenciés, ou en voie de licenciements, montrent à quel degrés d’incompréhension, ceux-ci sont en matière de connaissance de ce qu’est véritablement ce système.

Les salariés, la classe ouvrière (comme on disait), l’ensemble des citoyens ont eu cent cinquante ans pour se rendre compte de ce qu’était le capitalisme. Des millions d’articles, des tonnes d’ouvrages, des années de discussions ont dénoncé ce système… pour rien,… ou encore pas grand-chose.

L’immense majorité a cru, et croie encore, qu’il était/est réformable, que les acquis chèrement arrachés à la rapacité du capital, seraient définitifs… elle s’est trompée.

L’immense majorité a cru en la parole des bonimenteurs politiciens qui promettaient, et promettent toujours d’humaniser le capitalisme, de faire des réformes, de défendre l’intérêt du peuple,… et vote pour eux.

Aujourd’hui il est trop tard, l’édifice s’écroule sur nous. Il va falloir faire preuve d’une grande imagination et d’une pratique efficace pour ne pas y laisser notre peau. 

Patrick Mignard, septembre 2012

Vu sur l’En-dehors, 29 septembre 2012, Patrick MIGNARD

NdPN : à ce sujet, on rira (jaune) avec la dernière parodie d’appel syndical, livrée par Pièces et Main-d’oeuvre et relayée par Indymedia Paris.

[Poitiers] LGV : elle a belle gueule « l’insertion » !

NdPN : encore une fois, les promoteurs de la ligne à grande vitesse (LGV) Tours-Bordeaux, ruineuse financièrement, socialement, écologiquement, lui cherchent de pauvres justifications : elle créerait des « emplois », et de « l’insertion » (sic). Encore merci au député-maire « socialiste » Claeys, qui se « bat » pour la LGV. Et à toutes les centrales syndicales invitées par Vinci à collaborer, à se jeter sur ce chantier comme des mouches pondant sur une belle merde, pour se faire une place au soleil dans les instances de construction du désert. Course répugnante de bureaucrates opportunistes, briguant le droit à « représenter » les forçats qui vont trimer sur ce chantier.

Fin du débat ?

D’une part, si l’on veut bien faire l’exercice écoeurant consistant à rentrer dans l’obscure logique capitaliste de ses promoteurs, la création effective d’emplois à long terme n’est pas une évidence, loin de là : les subventions bloquées pour ce projet sont autant d’argent qui n’est pas investi dans d’autres types de projets, qui pourraient créer d’autres emplois. De plus, le fait même qu’une LGV existe implique fatalement une baisse d’activités dans toutes les vastes zones rurales traversées, et d’autant moins desservies.

D’autre part, faut-il créer des « emplois » à tout prix ? Nous ne le pensons pas. Les capitalistes ont recours au salariat parce que c’est le moyen d’accroître leurs profits et leur emprise sur les classes sociales qui ne peuvent survivre qu’en se vendant, en abdiquant leur force de travail. Celle-ci ne servira qu’à accroître la part du capital, et donc mécaniquement, à baisser à terme celle des salaires, suivant cette bonne vieille logique de « crise » inhérente au capitalisme. La seule « insertion » que développe cette propagande de l’emploi, c’est d’intégrer les populations à l’idéologie du travail salarié, de la soumission généralisée. La seule « insertion » que propose la LGV, comme dans tous les grands chantiers inutiles imposés aux forceps de la répression brutale des opposants (ligne THT dans la Manche, aéroport de Notre-Dame-des Landes, autoroutes..), c’est l’insertion du capitalisme dans nos vies, dans une logique de colonisation de l’espace écologique et social. Le fait qu’une ligne LGV Poitiers-Limoges soit encore soutenue, alors que les budgets manquent, démontre que le projet de LGV correspond bien à cette logique de colonisation.

Car le travail suscité par ces emplois, à savoir une ligne TGV, pose lui-même question : comme presque toutes les productions industrielles de notre triste époque, le fruit de ce travail est socialement et écologiquement nuisible. Est-ce un progrès social que de produire un dispositif de plus dans le réseau marchand qui enserre toujours plus nos vies ? Qui isolera un peu plus les zones rurales, détruira davantage notre environnement en le tronçonnant, en le mutilant d’une barrière de plus, en massacrant la biodiversité, en transformant nos campagnes en désert ? Qui sollicitera toujours plus d’énergie électrique, c’est-à-dire d’énergie nucléaire, avec son lot d’irradiations, de risques majeurs croissants, de déchets dangereux et ingérables, à gérer par un nombre de générations qui nous succèderont équivalent au nombre de celles qui nous sépare de l’australopithèque Lucy ?

Pour rire jaune, on consultera l’article de la presse locale… avec une photo d’illustration qui montre (sans doute bien involontairement) le vrai visage de « l’insertion » : un paysage dévasté par des machines, pour rien, pour du néant. Elle a belle gueule, « l’insertion » !

Plus le mensonge est énorme, plus il est grotesque.

Grand Poitiers s’engage pour l’insertion

Sur le chantier de la LGV, comme ici à Migné-Auxances, des entreprises d’insertion vont pouvoir intervenir.

La collectivité veut favoriser l’emploi par l’insertion en direction des personnes en grande difficulté. Elle va dans ce sens signer un accord avec la SNCF.

En cette période de gros temps sur le front du chômage, toute initiative en faveur de l’emploi est la bienvenue. Hier soir, lors du conseil communautaire de Grand Poitiers, on a parlé insertion. Autrement dit de la prise en charge des personnes éloignées du marché du travail, de la manière dont on peut aider les entreprises qui les emploient, enfin de la façon dont les collectivités locales, à travers leurs marchés publics, s’engagent dans cette voie.

On a ainsi appris que Grand Poitiers allait signer un accord de confidentialité avec la SNCF sur ces clauses d’insertion. Ceci concerne le grand chantier de la LGV qui représente à lui seul actuellement quelque 2.000 emplois. De nombreux autres chantiers sont ainsi mis en place à travers le Plan local pour l’insertion et l’emploi (PLIE) Celui-ci travaille avec un réseau d’entreprises, une trentaine, qui sollicitent régulièrement ses services. Ce fut par exemple le cas dernièrement sur le chantier de réhabilitation de la Ganterie. Quelque 27 personnes y ont travaillé, majoritairement sur des postes de manœuvre. Entre le 1er juin et le 30 juin 2012, plus de 25.000 heures d’insertion ont été réalisées et ce sont 113 personnes qui ont bénéficié d’un contrat de travail.

 Le chantier de la LGV et de La Ganterie

En 2011, le Plie avait accompagné 723 personnes. Parmi elles, 280 avaient décroché un CDD, 80 un CDI, 310 des contrats d’intérim. Enfin, 49 autres étaient sorties du dispositif pour un contrat de plus de six mois.

à chaud

Le projet de ligne LGV Poitiers-Limoges s’invite au débat et Alain Claeys donne de la voix

> LGV Poitiers-Limoges. En ouverture des débats, le collectif « non à la LGV Poitiers-Limoges » est venu manifester et prévenir les élus communautaires. « Cette ligne ne sera jamais réalisée, la situation économique ne le permettra pas, a prophétisé Nicolas Bourmeyster, le président du collectif, à la tribune. Ne soutenez pas l’insoutenable, refusez ce projet ! »
Quand la délibération portant sur l’approbation de la participation de l’agglo au dispositif foncier à hauteur de 25.000 € (l’engagement total de la collectivité restant limité à 375.000 €) fut présentée, le débat prit corps. Transporté par le sujet les voies à grande vitesse, le président Alain Claeys donna de la voix. « J’y crois profondément. Ce combat, je le mènerai jusqu’au bout. Aujourd’hui où la croissance est au plus bas, on doit être capable de développer des grands projets. » S’enflammant, l’élu se lança dans une petite leçon d’histoire contemporaine. « Prenez les débats municipaux du XIXe siècle, combien de communes ont-elles laissé passer le train à cause de tels arguments ? On disait aussi que la LGV SEA ne se ferait pas… Il faut se battre, bon sang. L’opposition du rural contre l’urbain, c’est dépassé. Si Poitiers crève, le département crèvera. Et vice-versa. »
Maryse Desbourdes (NPA Poitiers) répliqua : « Je suis d’accord avec vous M. Claeys, il faut se battre. Mais, cette ligne… ne doit pas se faire ! Elle est inutile, onéreuse, socialement et écologiquement désastreuse. »
Stéphane Braconnier (UMP Poitiers) s’aiguilla dans les mêmes rails que le président. « C’est un projet qui doit être soutenu pour de multiples raisons dont beaucoup sont celles que vous avez développées M. Claeys. » « Je ne suis pas convaincu de la pertinence de cette LGV, argumenta Patrick Coronas (PCF, Poitiers) […] Le ministre du Budget a prévenu : «  Il faudra élaguer, le gouvernement n’aura pas d’autre choix que d’abandonner certains prochains projets  » […] Il serait donc peut-être prudent de ne pas trop investir en attendant d’être éclairé sur les décisions réelles de financement… » Philippe Brottier (PS, Fontaine-le-comte) conclut : « Si notre territoire ne veut pas de ce projet, d’autres saisiront cette chance. »
> Subvention à Brian Joubert. Revenant savoureusement sur la prise de bec avec la secrétaire de son groupe, Odile Chauvet lors du dernier conseil municipal :
« Je me risque à une intervention sur le sport, si nécessaire je demande la protection des agents de la Ville. » – Stéphane Braconnier a expliqué ainsi son vote contre la subvention accordée à Brian Joubert.
« Je comprends les motifs mais je suis très réservé dans lesquelles on verse 15.000 €
Pas de contrôle, pas de justificatifs demandés. Je trouve cela très léger. » Florence Jardin (Migné-Auxances) s’est abstenue.

Nouvelle République, J.-M.G., 29 septembre 2012

[Poitiers] Les indésirables

NdPN : Il ne fait pas bon être à la rue à Poitiers. Pressions policières permanentes, expressions hostiles des autorités locales, évidemment relayées par les médias locaux. Les propos dégueulasses à destination des dénommés « marginaux » se sont durcis, depuis le développement de la lutte pour le droit au logement, avec le collectif des sans-logis et mal-logés de Poitiers et le DAL 86.

Dernier exemple en date d’une expression médiatique hostile, sur pas moins de quatre articles en une semaine : l’affaire du relais Charbonnier, fermé à cause du « comportement » des « marginaux ». Grosso modo, il y a des bons pauvres, et des mauvais pauvres (ceux qui ne respecteraient pas le règlement imposé). Pas un mot sur les vexations subies au quotidien, pas un mot sur la souffrance sociale engendrée par ce système pourri. Non, seulement la « souffrance »… des personnels, ou la « vie difficile »… du voisinage. Quelle honte.

Stigmatiser, encore et toujours… cette petite musique voudrait-elle mettre en sourdine les vraies questions de fond ?

Extraits tirés du « journal » local :

Nouvelle République, 11 septembre 2012 :

Les usagers n’ont plus accès au lieu d’accueil et de prévention santé, de la rue du Mouton, depuis lundi. […] Pour quelles raisons, ces lieux emblématiques de la Ville ont été fermés ? « Au niveau du Relais, il y a eu ces derniers temps des comportements assez agressifs de la part de gens en errance, pas forcément des SDF, mais des marginaux dans la toute puissance. Il y a eu un afflux important de ces personnes au comportement difficilement acceptables. La tension est montée. Cette situation a été difficile à vivre pour le personnel. Il y a eu des réflexions dans le quartier », nous confie un interlocuteur qui ne souhaite pas être mis en avant. […] Notre interlocuteur note que de bons résultats ont été obtenus avec d’anciens marginaux qui sont parvenus à se réinsérer.

Nouvelle République, 12 septembre 2012 :

Hier, l’adjointe aux affaires sociales de la ville, Régine Faget-Laprie, et Géraldine Gallego, assistante sociale, ont fait le point sur les raisons d’une fermeture administrative qui ne prendra fin que lundi prochain. « C’est un geste fort, souligne l’élue, mais c’eût été une faute de ne pas le faire. » Après une rencontre avec les personnels du Relais, depuis 12 ans lieu emblématique de l’accueil d’urgence à Poitiers, la décision a été prise. Depuis juin, c’est le comportement d’un groupe d’une trentaine de personnes qui rend très difficile la vie des personnels du relais. Les plaintes et les dires d’un voisinage excédé par le bruit ont aussi conduit les opérateurs à prendre cette mesure.

Maintenir la mixité sociale

Personnes alcoolisées se présentant à l’accueil, chiens non tenus en laisse, injures envers le personnel sont quelques-uns des dysfonctionnements relevés. « C’est devenu infernal, surtout à l’accueil. Nous mesurons l’étendue de la souffrance des personnels », relève l’adjointe. « Nous sommes confrontés à un rappel constant du règlement, remarque Géraldine Gallego, il faut maintenant réfléchir à comment on travaille avec ces gens-là ». Cette semaine de fermeture, outre qu’elle « marque le coup » et signifie au public qui le fréquente qu’il ne « peut pas y avoir d’appropriation des lieux par un groupe », va aussi servir de temps de réflexion. « Il va falloir repréciser les règles. Il n’est pas question de fermer ce lieu exceptionnel, ajoute Régine Faget-Laprie, mais nous serons très attentifs. On veillera aussi à ce que la mixité sociale y soit maintenue. » (*) Vendredi, une nouvelle réunion est programmée avec les personnels pour faire le point sur les préconisations. Avant une réouverture programmée lundi à 11 h 30. D’ici là, les personnes en grande difficulté sont priées d’appeler le 15, notamment en cas d’urgence médicale.

(*) Entre 2007 et 2011, la fréquentation du relais a augmenté de 20 %.

Nouvelle République, 15 septembre 2012 :

Depuis lundi, le relais Georges-Charbonnier dans le quartier de Montierneuf est fermé (NR de mardi et mercredi). « En raison du comportement de plus en plus difficile d’une minorité d’usagers », indique la mairie dans un communiqué.

Nouvelle République, 18 septembre 2012 :

Le Relais G. Charbonnier a rouvert ses portes – comme prévu – lundi (1). Une ouverture progressive (2). Dans la salle d’accueil ont pris place des migrants, des demandeurs d’asile, car les usagers ne sont pas composés uniquement de « marginaux ». L’ambiance est calme hormis l’irruption d’un homme exigeant qu’on lui redonne sa bouteille, confisquée par l’éducatrice.