Archives de catégorie : Le travail tue

[Cameroun] Emeute des ouvriers de la société sucrière du Cameroun

[Guerre sociale] Emeute des ouvriers de la Sosucam à Mbandjock (Cameroun)

Saint Sylvestre. Un gendarme tué dans une émeute à Mbandjock

Suite à un mouvement de revendication d’une gratification de fin d’année, des émeutes ont émaillé la ville sucrière du Cameroun. Un gendarme y a trouvé la mort.

La ville de Mbandjock est encore quadrillée par les forces de l’ordre. Des renforts en gendarmes et policiers venus de Yaoundé ont pu ramener le calme dans cette bourgade située à une centaine de kilomètres de la capitale. « Nous avons eu des sueurs froides ici. La ville était sens dessus dessous. Et c’était une espèce de névrose populaire. Grâce à Dieu, le calme est revenu, et nous espérons que la situation va définitivement revenir à la normale à la Sosucam, principal théâtre des émeutes », nous a confié au téléphone un habitant de Mbandjock.

Selon nos informations, il s’est agi d’un mouvement d’humeur spontané initié par certains ouvriers de la Sosucam, principalement les agents d’exécution. Le mouvement d’humeur serait parti d’une revendication d’une habituelle gratification de la direction générale de l’usine de la Société sucrière du Cameroun à ses ouvriers. En effet, chaque fin d’année, la direction générale de la Sosucam donne à chacun de ses ouvriers, notamment ceux des catégories inférieures, un kilogramme de viande de bœuf d’une valeur numéraire de 2500 Fcfa, pour la fête du passage au nouvel an. Cette année encore, le même principe a été retenu. Mais il se trouve que la direction générale de la Sosucam aurait décidé d’octroyer cette gratification non plus en nature comme d’habitude, mais plutôt de mettre la somme de 2500 Fcfa qui correspond à un kilogramme de bœuf dans les salaires du mois de janvier 2012. Informés, les ouvriers des deux usines Sosucam de Mbandjock et Nkoteng ont tout de suite marqué leur désaccord. La plupart des employés auraient voulu que la somme correspondant à la gratification d’un kilogramme de bœuf, à savoir l’équivalent de 2500 Fcfa, leur soit remise directement en espèce avant la date du 30 décembre 2011.

Sentant monter la tension, les responsables de l’usine Sosucam de Nkoteng ont tout de suite ouvert un dialogue avec les ouvriers en répondant à leur exigence. Mais ce ne fut malheureusement pas le cas pour l’usine Sosucam de Mbandjock où les responsables auraient minimisé la revendication et le mouvement d’humeur né de cette situation qui a gagné en intensité le 30 décembre 2011 en journée.

Face à la détermination des responsables de l’usine qui semblaient sourds aux revendications, des ouvriers déchaînés auxquels se seraient mêlés des vandales ont alors pris d’assaut le foyer de l’entreprise, où ils auraient tout pillé avant d’y mettre le feu. Les délégués du personnel et les responsables syndicaux qui ont essayé d’appeler au calme auraient risqué le lynchage. C’est le cas notamment du nommé Alouna Mveh Théophile. Ce responsable syndical venu calmer ses camarades et collègues déchaînés, n’a eu la vie sauve que grâce à des servantes du foyer qui l’auraient caché sous des casiers de bière. Et très vite son évacuation ainsi que celle des membres de sa famille.

Après le foyer, nos sources indiquent que les émeutiers se sont rendus à la cité des cadres où ils auraient tout pillé avant d’aller vider le domicile de Foayen Foayen Dieudonné, directeur des plantations. Ce haut dirigeant de la Société sucrière du Cameroun n’aurait eu la vie sauve que parce que les émeutiers ne l’ont pas trouvé à son domicile. En tout cas après avoir bloqué l’usine, les émeutiers ont organisé la chasse aux cadres et autres agents de maîtrise à travers la ville. Du coup, une situation de grave tension généralisée pendant tout le week-end de la fête du nouvel an s’est installée.

Au moment où nous mettions sous presses, on signalait la mort d’un gendarme noyé dans la piscine de la cité des cadres dans des conditions encore mal élucidées. Affaire à suivre.

Leur presse (Le Messager), 3 janvier 2012.

[Poitiers] 160 intermittents menacés par la préfecture de se retrouver sans structure

Les Dix Doigts serrent les poings

Deux producteurs de spectacles du Poitou-Charentes sont en passe de perdre leur licence, sans comprendre pourquoi après 16 ans, ils sont ainsi menacés.

A la compagnie des Dix Doigts, on réfléchit à la suite.

 

A la compagnie des Dix Doigts, on réfléchit à la suite. – (Photo Patrick Lavaud)

Comme nous l’indiquions ces derniers jours, la compagnie poitevine les Dix Doigts a reçu une lettre du Préfet lui indiquant qu’il avait « décidé de suivre l’avis formulé à l’unanimité » par la commission consultative de la licence d’entrepreneur du spectacle. Un avis défavorable pour le renouvellement d’une licence reconduite tous les 3 ans depuis 16 ans, pour, indique la lettre « graves manquements aux obligations d’employeur (travail dissimulé, employeur de substitution) ». Il lui reste quelques jours pour « présenter ses observations » avant de recevoir l’avis définitif.

«  Il n’y a pas eu de fraude  »

Les Dix Doigts ont fait appel à une avocate parisienne qui « conteste le fait qu’on parle de graves manquements », rapporte Jean-Paul Colombo, le fondateur des Dix Doigts. « On est un peu désemparé. Nous pensons être de bonne foi, il n’y a pas eu de fraude [] Les 160 intermittents n’ont plus de structure. Qu’est-ce qu’on leur propose ? «  C’est pas mon problème  », m’a répondu ce haut responsable de Pôle Emploi lors de la commission. Ils veulent notre disparition sans se soucier des conséquences. Mais derrière ces artistes, il y a des familles. Nous sommes pris de vitesse, il faut que nous mettions rapidement en place une structure de remplacement. »
De son côté, Anne Guiriec, déléguée régionale du syndicat Sydcar-Synavi, « trouve scandaleux que le préfet indique «  avis formulé à l’unanimité  ». Notre représentant s’y était opposé et a proposé qu’on laisse six mois aux Dix Doigts pour se retourner. Ce qui a été refusé. Il y a eu un débat et, après coup, d’autres personnes ont indiqué qu’elles retiraient leur vote [] Nous vivons une grande contradiction : d’un côté, les tutelles nous demandent de mutualiser nos moyens, d’un autre, quand il y a un vrai collectif, comme Les Dix Doigts, où les artistes s’entraident, partagent un lieu de répétition, etc., on tape dessus ! »

«  Que veulent-ils ?  »

Par ailleurs, la société Sonotek, basée en Charente-Maritime a subi le même sort, suite à cette même commission du 15 décembre. Sonotek est une SARL depuis sa création il y a 16 ans, avec deux permanents, dont le gérant, Cyril Renard, et 800 contrats d’intermittents chaque année. « On me parle de code du travail. Je le respecte à 100 %, mais c’est Pôle Emploi qui change tout le temps les règles. C’est tordu ! Que veulent-ils ? Arrêter tous les producteurs ? N’importe quelle autre entreprise aurait la possibilité de se défendre, du temps pour se retourner. Nous, on nous empêche de travailler du jour au lendemain. Nous faisons 2,5 millions de chiffre d’affaires, dont la moitié revient à l’État. Si je me bats, c’est pour leur montrer tout l’argent que je ne leur donnerai plus ! Je ne sais pas s’ils font un bon calcul. »
Claudine Trougnou, directrice (par intérim) des Affaires culturelles (Drac) indique : « Ils ont huit jours pour utiliser leur droit de réponse. Qu’ils saisissent les instances qui les ont interpellés et qu’ils montrent les démarches qu’ils ont entreprises depuis huit jours, argumentent, corrigent leurs erreurs. La situation peut évoluer. Les membres de la commission sont prêts à les accompagner à se remettre d’aplomb, pour qu’ils reprennent une compagnie en état de marche. Nous sommes un service public et pouvons leur donner conseils. Ils peuvent aussi aller à la rencontre de la direction du travail… »

Nouvelle République, Marion Valière Loudiyi, 10 janvier 2012

[Poitiers] Des personnels ont été contraints de venir pour la visite de Sarkozy

«Ces méthodes sont choquantes, décalées et improductives.»

« La venue du président de la République à Poitiers a suscité chez un responsable de division du rectorat de Poitiers, des initiatives zélées plutôt surprenantes », écrit le syndicat national du personnel technique de l’enseignement supérieur et de la recherche (SNPTES-UNSA). « Ce chef de division, sous couvert d’une interprétation fantaisiste du statut général des fonctionnaires, a cru bon de rendre obligatoire la présence de ses personnels à la cérémonie des vœux du président de la République qui s’est déroulée, le 5 janvier, à Chasseneuil-du-Poitou. Ces méthodes […] sont choquantes, décalées et improductives. Il est plutôt paradoxal de vouloir faire déplacer de force tout un service quand on connaît la charge de travail croissante des personnels du rectorat, notamment avec les suppressions de postes qui s’y poursuivent. »

Nouvelle République, 10 janvier 2012

[Dangé-Saint-Romain] Emplois supprimés… et syndicats « en attente » !

Restructuration à Danisco après le rachat par le groupe DuPont

Acté en mai dernier, le rachat de Danisco par le groupe américain DuPont (de son nom complet « EI du Pont de Nemours et compagnie ») n’est pas sans conséquences à Dangé-Saint-Romain. Si son directeur Jean-Claude Denis préfère parler d’un « alignement avec les processus Dupont », une restructuration est en cours au sein de l’unité de production de ferments lactiques (*), qui emploie 175 salariés.

Trois postes supprimés

« Au fur et à mesure, on s’intègre dans le groupe Dupont de Nemours, explique Jean-Claude Denis. On s’aligne sur le standard DuPont. Ça a commencé dès l’annonce, au mois de mai, et ça va se poursuivre sur quelques années. Dans le contenu des postes, on a des changements. Il y a des réaffectations de tâches. » Mais pas seulement. Trois postes vont aussi être supprimés.

J.-C. Denis : « On s'aligne sur le standard DuPont ».

J.-C. Denis : « On s’aligne sur le standard DuPont ». – (Photo d’archives)
 

« Il y a en a un qui va rester à Dangé parce qu’il y a eu une démission entre-temps, indique le délégué CFDT Joël Guin. On recherche des solutions en interne pour les deux autres personnes. » Et la direction « s’active pour essayer de trouver des postes de reclassement » pour les deux autres. Mais ils ne seront pas forcément sur Dangé… Selon le directeur, ces suppressions ne sont dues qu’à la réorganisation en cours. Mais, d’après Joël Guin, elles sont aussi liées à une « petite baisse d’activité ». Et il regrette « que les emplois soient les variables d’ajustement ». « Ce qui m’embête, c’est qu’on n’a pas cherché à anticiper en baissant le train de vie de l’entreprise », peste-t-il.
Pour autant, les syndicats ne sont pas encore montés au créneau. « On est en attente de ce qui est en train de se dérouler, confie le délégué CFTC Laurent Zindel. On est en surveillance. Ce n’est que le début. »

(*) Elle travaille pour Danone, Eurial, Lactalis, Nestlé…

Nouvelle République, Alain Grimperelle, 10 janvier 2012

Liquidation de Sea France prononcée

France: la liquidation définitive de SeaFrance est prononcée

 

Le tribunal de commerce de Paris a prononcé ce lundi 9 janvier 2012 la cessation d’activité de la compagnie maritime transmanche SeaFrance. Si les 880 salariés espéraient beaucoup de la proposition d’Eurotunnel qui s’était porté acquéreur des ferries pour soutenir le projet de la Scop, ils déclarent maintenant ne pas vouloir baisser les bras. Depuis Berlin où il rencontre Angela Merkel, Nicolas Sarkozy a fait la promesse d’une «solution crédible pour tous les salariés».

Le sort de la compagnie SeaFrance a été scellé ce lundi 9 janvier 2012 à midi. C’est la liquidation totale qui a été décidée par le tribunal de commerce de Paris. Pour les salariés de l’entreprise, c’est une déception immense, un sentiment de colère de promesses non tenues. Les représentants syndicaux annoncent leurs intentions devant la salle d’audience : «Nous allons nous battre ! Nous ne baissons pas les bras ! ».

« C’est un gâchis immense, l’avenir de plus de 1 000 emplois est menacé ! », déplore Me Philippe Brun, l’avocat des salariés. Une réunion est prévue dans l’après-midi pour décider des suites qu’ils entendent donner à leur action.

La suite de l’article ici

RFI, 9 janvier 2012