Archives de catégorie : Le travail tue

[Ingrandes] Renault renie ses engagements

Fonderie : l’inquiétude de plus en plus forte 

La délégation avant son entrée à la préfecture.

 

La délégation avant son entrée à la préfecture. – (dr)

Ingrandes

Toujours très inquiets pour le site de la Fonderie du Poitou alu à Ingrandes, les membres de l’intersyndicale, accompagnés des secrétaires des Unions départementales CGT et FO, ont été reçus hier en préfecture pour un point sur l’évolution du dossier. Rappelons qu’alors que, depuis la fin du conflit il y a trois semaines, on semblait se diriger vers une sortie de crise, l’annonce par Renault de la baisse drastique de ses commandes de culasses, contrairement aux engagements de son P-DG, a relancé en fin de semaine dernière les craintes de liquidation de l’entreprise. Les salariés ne comptent plus aujourd’hui que sur l’intervention ferme de l’État auprès de Renault pour éviter l’issue fatale qu’ils redoutent.

Jean-Pierre Abelin tire le signal d’alarme

A la veille d’une réunion du comité d’entreprise jeudi et de la réunion du Tribunal de commerce de Nanterre lundi, Jean-Pierre Abelin, le député-maire de Châtellerault, a remis en mains propres ce mardi aux ministres Eric Besson et Xavier Bertrand une note leur signalant le non-respect par Renault des engagements pris pour le maintien du niveau de commande suffisant pour trouver un éventuel repreneur. Il leur demande, avec Jean-Pierre Raffarin et Claude Bertaud, de rappeler Renault à ses engagements.

Nouvelle République, 24 novembre 2011

[Ingrandes] Fonderie du Poitou : impasse industrielle, impasse politique…

ndrPN : Aux fonderies du Poitou Alu, c’est toujours l’impasse : après en avoir appelé à Renault comme repreneur, le délégué CGT en appelle maintenant aux politiques… un nouvel article P-Q erre :

Fonderie du Poitou Alu :  » Le problème est politique  »

Devant l’ensemble des salariés, le secrétaire du comité d’entreprise Eric Bailly a fait le point hier sur la situation. Et tracé de sombres perspectives.

L'ensemble des salariés du site était réuni pour un point sur l'entreprise.

 

L’ensemble des salariés du site était réuni pour un point sur l’entreprise. – (dr)

Jusqu’à vendredi, tout semblait à nouveau sur de bons rails à la Fonderie du Poitou aluminium. Jusqu’à vendredi. Car ce jour-là, devant le comité d’entreprise, il a été fait état d’une baisse des commandes de Renault. « Pour refaire une trésorerie et permettre de relancer la fonderie, nous savions qu’il nous fallait entre 16.000 et 18.000 pièces, a expliqué devant ses collègues hier Eric Bailly, secrétaire du comité d’entreprise. Renault a tout simplement annoncé qu’il baissera ses commandes à 10.000 pièces. »

Vers la liquidation ?

Une chute de commandes qui, selon lui, devrait entraîner le tribunal de commerce de Nanterre à décider de la liquidation judiciaire. Une information qui, en tout cas, fait forcément désordre au moment où – mercredi et en fin de semaine – deux repreneurs s’apprêtent à visiter la structure.

« Le problème de la fonderie du Poitou n’est pas économique, a martelé Eric Bailly. Il est avant tout politique et seuls les politiques sont à même de faire plier Renault. » Car l’ex-Régie ne respecterait pas l’accord conclu dans le bureau du ministre de l’Industrie Eric Besson le mois dernier qui a conduit à la reprise d’activités : Carlos Ghosn lui-même s’était engagé à maintenir ses commandes.

En conséquence, l’intersyndicale reprend du service avec des actions à Paris lors de réunions officielles par le dépôt de motions mais aussi localement avec une réunion vendredi lors de laquelle les politiques seront invités à s’exprimer et une réception mercredi soir par le préfet de région.

« S’il y a un repreneur, a expliqué Eric Bailly, il faut s’attendre à un plan social qui pourra être important. » Les fêtes de fin d’année risquent d’être moroses du côté d’Ingrandes.

Nouvelle République, Laurent Gaudens, 22 novembre 2011

[Indonésie] Les mineurs papous toujours en lutte

[INDONESIE] Les mineurs papous toujours en lutte !

 

La longue grève des mineurs papous perturbe les cours du cuivre et de l’or

BALI (INDONÉSIE), ENVOYÉ SPÉCIAL – C’est une grève lointaine qui paralyse depuis des semaines les activités d’une gigantesque mine d’or et de cuivre située au pied d’une montagne reculée, dans l’extrême orient de l’Indonésie. Une province peuplée en majorité par des tribus de l’ethnie papoue. Mais pour lointaine qu’elle soit, cette grève observée par plus d’un tiers des 23 000 mineurs est en train de faire flamber les cours sur les marchés mondiaux : possédée à 90,6 % par le géant américain Freeport McMoRan – le reste étant détenu par l’Etat indonésien –, cette mine recèle l’une des plus grandes quantité mondiale de cuivre et d’or.

Les mineurs protestent contre des salaires insuffisants compte tenu de leurs conditions de travail, des dangers qu’ils prennent et du coût de la vie dans cette province reculée de Papouasie, située à plus de 4 000 kilomètres à l’est de la capitale, Djakarta. Cela fait plusieurs semaines que la colère gronde dans la zone, où plus de 8 000 mineurs, en majorité papous, bloquent les routes d’accès, empêchant les non grévistes d’accéder au chantier. Le conflit est entré dans son troisième mois, le 16 novembre, sans aucun signe de règlement à l’horizon. Les appels du président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, à une « résolution appropriée » de la querelle sont restés sans réponses.

GRAVES ATTEINTES AUX DROITS DE L’HOMME

La province où est située la mine englobe la partie occidentale d’une très grande île dont les régions orientales forment l’Etat de Papouasie Nouvelle Guinée, indépendant depuis 1975, après une longue tutelle australienne et allemande. Appelée province de « Papua » en indonésien, l’ouest de cette même île fut hollandaise avant d’être rattachée formellement à l’Indonésie en 1969.

Depuis, cette région est des plus instables : un conflit largement ignoré du monde extérieur perdure entre des séparatistes papous et l’armée indonésienne, restée toute puissante dans cette province placée sous quasi contrôle militaire. Et interdite aux journalistes occidentaux. Les soldats indonésiens sont perpétuellement accusés de graves atteintes aux droits de l’homme contre la population indigène. Des milliers de manifestants ont encore défilé, le 14 novembre, dans la capitale provinciale, Jayapura, pour réclamer l’indépendance.

Les mineurs de la mine Glasberg, qui sont payés l’équivalent de 1,50 dollar de l’heure, exigeaient, au début du mouvement, une augmentation vingt fois supérieure à leurs actuels émoluments, soit 30 dollars. Ils ont ensuite revu à la baisse leurs demandes, proposant 4 dollars. En face, les Américains ont suggéré une augmentation de 35% par rapport au tarif actuel de 1,50 dollar, c’est-à-dire 53 cents de plus… Les grévistes ont refusé. Depuis, c’est l’impasse.

MANQUE À GAGNER POUR DJAKARTA

L’affaire coûte fort cher à Freeport McMoRan et à l’Indonésie. L’entreprise américaine, qui avait affiché des profits de 5 milliards de dollars tirés de l’exploitation de la mine en 2010, a annoncé des pertes se chiffrant à 19 millions de dollars par jour depuis le début de la grève. Le gouvernement de Djakarta a recueilli, grâce aux revenus de la mine, 1,4 milliard de dollars en impôts et royalties durant le premier semestre 2011, selon le quotidien The Jakarta Globe. On imagine le manque à gagner pour Djakarta.

Freeport a beau affirmer qu’une partie de ces revenus collectés par l’Etat sont reversés à la province et comptent pour 68% du budget de cette dernière, tel n’est pas l’avis des grévistes. Selon certains d’entre eux, rencontrés par un correspondant local de l’AFP, « les écoles publiques et les centres de soins sont en nombre insuffisants et trop éloignés les uns des autres ». En outre, les Papous affirment toucher encore moins que leurs collègues d’Afrique et d’Amérique latine.« Durant toutes ces années, je n’ai jamais reçu ni promotion, ni augmentation », a confié Nus Magay, un mineur. « Et pourtant, a-t-il tonné, je travaille pour une compagnie minière de classe internationale ! »

Presse bourgeoise et colonialiste – Bruno Philip (Le Monde), 21/11/2011

Voir les précédentes luttes menées par les salarié.es contre Freeport ici et

[Hérault] Les pompiers mettent le feu

[Pompiers en grève] Le directeur du SDIS retrouve son bureau saccagé et sa voiture incendiée à Vailahuquès – 21 novembre 2011

Des pompiers brûlent la voiture de leur chef

Des pompiers, qui ont manifesté lundi à Vailahuquès (Hérault), ont incendié la voiture du directeur du Service d’incendie et de secours (SDIS) et saccagé son bureau, a-t-on appris aupris de la gendarmerie.

Une centaine de pompiers manifestaient lorsque deux fumigènes ont été lancés sur le véhicule du colonel, qui a été détruit, a-t-on indiqué de même source, précisant que son bureau avait également été mis à sac par des soldats du feu.

Cette action n’a donné lieu à aucune interpellation mais une enquête a été ouverte et une plainte devrait être déposée mardi, a-t-on indiqué de même source.

Presse bourgeoise – Europe 1 (avec l’AFP), 21/11/2011

Les pompiers en grève brûlent la voiture du chef

L’incident s’est produit à Vailhauqués. 2 fumigènes ont incendié le véhicule du directeur des pompiers de l’Hérault

Evénement incroyable. Il s’est passé cet après-midi vers 17h, au SDIS de l’Hérault, à Vailhauqués. Il semble qu’une manifestation de pompiers en grève a dégénéré. Une centaine d’hommes manifestaient quand 2 fumigènes ont touché la voiture du directeur du SDIS 34. Elle a brûlé et est entièrement détruite.

Cette action serait le fait de quelques éléments isolés.

Plus tard, le bureau du Colonel Risdorfer a été saccagé.

Presse bourgeoise – FR3, 21/11/2011

Les pompiers manifestent en province contre une réforme de la profession

LYON — Plusieurs centaines de pompiers ont manifesté jeudi en province, notamment à Lyon, contre un accord conduisant selon eux « à un démantèlement du statut de pompier professionnel ».

A Lyon, ils étaient entre 400, selon la police, et 800 selon les organisateurs.

Une manifestation similaire a réuni environ 150 pompiers à Lille, selon la police et les organisateurs. Le cortège a fait plusieurs haltes devant les bureaux de différents médias locaux, avant de rejoindre la préfecture.

A Strasbourg, ils étaient une cinquantaine. Ils ont installé un barrage filtrant sur l’autoroute A35 qui contourne la ville, provoquant une quinzaine de kilomètres de bouchons, avant de se rassembler devant le Conseil régional, près du siège des institutions européennes. Les manifestants se sont dispersés dans le calme.

Ces manifestations faisaient écho à celle organisée début novembre à Paris et qui avait réuni 8.000 pompiers, selon les syndicats, 3.200 selon la police.

A Lyon, venant de sept départements du Sud-Est (Rhône, Isère, Savoie, Haute-Savoie, Vaucluse, Drôme et Loire), les pompiers ont interrompu momentanément la circulation sur l’autoroute A7, dans les deux sens. Ils ont occupé brièvement les voies de chemin de fer à la gare de Perrache.

Actionnant des sirènes, faisant exploser des pétards et brûler des fumigènes, les pompiers, en tenue et casque sur la tête, se sont rassemblés ensuite devant la préfecture, dont tous les accès avaient été interdits par les forces de l’ordre.

Les manifestants répondaient à l’appel de la CGT, de la CFDT, de Sud et des autonomes, qui condamnent un accord signé par des organisations syndicales ne représentant que 39% de l’ensemble des pompiers professionnels.

L’accord vise « à réformer la filière et introduit la précarité dans la profession », a dénoncé Laurent Picq (CGT).

Selon ce dernier, la réforme va allonger le déroulement de la carrière, et un nombre plus important d’années nécessaire pour monter en grade. « C’est 30.000 à 50.000 euros de perte en salaires sur l’ensemble d’une carrière », a évalué M. Picq.

L’accord permettrait par ailleurs aux sapeurs pompiers volontaires de devenir professionnels après trois ans, sans examen. « Ce qui dévaloriserait notre profession », a commenté Jean-Paul Odin (CGT).

« Ils seraient moins payés en entrant dans la profession, avec pourtant les mêmes missions et en prenant les mêmes risques », a déclaré M. Picq.

Une délégation a été reçue par le préfet de Région, Jean-François Carenco, et a déposé une motion nationale demandant le retrait de l’accord et une réponse du gouvernement sur le droit d’opposition à l’accord, que les syndicats majoritaires font valoir.

La grève s’est terminée à 16H00.

Presse bourgeoise – AFP, 18/11/2011

[Chine] Les protestations s’intensifient dans le « grand atelier du monde »

[Chine] Les protestations s’intensifient dans le « grand atelier du monde »

Des milliers d’ouvriers chinois en grève… contre les délocalisations

Plus de 7.000 salariés d’une fabrique de chaussures pour les marques Adidas, Nike et New Balance, du sud de la Chine, ont manifesté pour s’opposer à un potentiel projet de délocalisation vers une province du sud-est. D’autres Chinois se sont pour leur part opposés aux saisies de terres.

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Les Chinois continuent de se révolter. Des milliers d’entre eux ont fait grève contre des licenciements et des réductions de salaires dans une fabrique de chaussures pour les marques Adidas, Nike et New Balance. Dans la province du Guangdong, ce mouvement social a provoqué des heurts avec la police causant de nombreux blessés, selon le China Labor Watch (CNW), groupe de défense des droits de l’homme.

Dans la même région, d’autres Chinois ont manifesté ce lundi contre la saisie de terres. Ils étaient des milliers à défiler dans la ville de Lufeng, selon les habitants. Cette manifestation intervient deux mois après des émeutes au même endroit et pour les mêmes motifs lors desquelles des manifestants avaient attaqué un commissariat et saccagé des véhicules. Des photos publiées sur le site de microblogs weibo montrent des manifestants portant des bannières sur lesquelles on peut lire : « À bas la dictature », « Punissons la corruption » ou « Redonnez-nous nos droits ».

Quant au projet de délocalisation, il a également déclenché la colère de milliers de salariés, dans l’usine de chaussures de Yucheng, près de Huangjiang jeudi dernier. La grève de ces salariés faisait suite au licenciement le mois dernier de dix-huit de leurs cadres, interprété par les ouvriers comme un signe de prochaine délocalisation, a ajouté CNW. L’un des cadres licenciés a déclaré au journal China Business News que son départ faisait partie d’un projet de déménagement de la production dans la province de Jiangxi afin de réduire les coûts qui sont plus élevés dans le vaste pôle manufacturier de Dongguan.

À l’origine également de la contestation : la rémunération des salariés déjà faible qui risque encore d’être réduite. La suppression de primes de rendement et des heures supplémentaires sont aussi à l’origine de la colère des ouvriers de l’usine de Yucheng. « Notre salaire de base mensuel n’est que de 1.100 yuans (130 euros) » et « nous avons vraiment besoin de faire des heures supplémentaires », a déclaré une ouvrière au Yangcheng Evening. Les interventions des autorités locales pour un maintien des heures supplémentaires sont restées sans réponse de la part de la direction de l’usine qui est la propriété d’un groupe d’investissement de Taïwan, selon la presse chinoise.

Le « grand atelier du monde » ne parvient pas à calmer ses salariés mécontents. En effet, cette grève est la dernière d’une série d’incidents et de mouvements sociaux qui ont éclaté dans le Guangdong, région connue pour attirer des dizaines de millions de travailleurs migrants. Depuis l’an dernier, les tensions sociales en Chine s’intensifient.

Leur presse (LaTribune.fr), 21 novembre 2011.


Tensions sociales en Chine : les grèves se multiplient

À la suite des récents mouvements sociaux chez Honda Motor et Foxconn International, qui fabrique des iPhone pour Apple, des grèves ont été signalées dans la province du Jiangxi dans une usine appartenant à des Taiwanais, où l’on fabrique des articles de sport. Une grève a éclaté également à Xian, dans une usine de Brother Industries, entreprise japonaise de machines à coudre.

Les troubles sociaux partis d’usines appartenant à des sociétés étrangères dans le delta de la rivière des Perles, dans le sud de la Chine, semblent s’étendre à des régions moins favorisées de l’intérieur, élargissant un mouvement mené par des ouvriers qui souhaitent voir leurs salaires suivre l’évolution des richesses du pays.

Cette série de grèves est un sujet d’inquiétude pour le Parti communiste chinois, qui de longue date s’efforce de désamorcer tout conflit social et de sanctionner les grévistes.

À la suite des récents mouvements sociaux chez Honda Motor et Foxconn International, qui fabrique des iPhone pour Apple, des grèves ont été signalées dans la province du Jiangxi dans une usine appartenant à des Taiwanais, où l’on fabrique des articles de sport. Une grève a éclaté également à Xian, dans une usine de Brother Industries, entreprise japonaise de machines à coudre.

IL SUFFIT D’UNE ÉTINCELLE

Aussi bien le Jiangxi que Xian sont relativement distants des régions côtières riches proches de Hong Kong et Shanghai.

« Il suffit maintenant d’une étincelle et les nouvelles se propageront à travers toute la Chine, ce qui pourrait déclencher d’autres mouvements sociaux dans d’autres usines », estime Paul Tang, chef économiste à la Bank of East Asia à Hong Kong.

La majeure partie de ces conflits sociaux portent sur les salaires, la hausse du coût de la vie et la longueur des journées de travail. De leur côté, les patrons cherchent à maîtriser les coûts pour continuer à faire venir des investisseurs attirés par une main d’œuvre bon marché.

GRÈVE À XIAN

Ces conflits reflètent en outre l’arrivée d’une nouvelle génération de Chinois qui ont grandi dans les zones économiques du sud et de la côte, très tôt tournées vers les réformes. Cette génération-là n’a guère de souvenirs du passé socialiste et d’événements comme la répression du « Printemps de Pékin », qui fit des centaines de morts début juin 1989.

Si le mouvement fait réellement tache d’huile, le gouvernement central devra soit faire des concessions à des ouvriers de plus en plus revendicatifs, soit prendre le parti des investisseurs, jugés essentiels à la bonne tenue des exportations du pays. L’excédent commercial de la Chine a fortement augmenté en mai, soutenu par un bond des exportations.

Dernière grève en date à être signalée, celle qui touche deux usines, soit 900 ouvriers, de Brother Industries, dans la ville de Xian, au centre du pays. Le mouvement a tout d’abord provoqué l’arrêt de la production, qui a repris par la suite. La compagnie a dit être en pourparlers avec les grévistes, qui réclament des hausses de salaires et une amélioration des conditions de travail.

D’AUTRES MOUVEMENTS

En outre, 8.000 ouvriers chez Smartball, un fournisseur taiwanais d’Adidas se sont mis eux aussi en grève. Un représentant d’une association d’hommes d’affaires taiwanais à Jiujiang, où Smartball est implanté, a indiqué que la production avait repris jeudi dans l’usine, après un contentieux lié aux salaires.

Mercredi, des médias taiwanais ont rapporté que 2.000 ouvriers d’une usine de machines-outils à capitaux taiwanais, près de Shanghai, s’étaient mis eux aussi en grève, mardi.

Des ouvriers d’une filiale shanghaienne du fabricant taiwanais de LCD Chimei Innolux ont brièvement cessé le travail pour réclamer de meilleures primes, mais le conflit a été réglé et le travail a repris.

Honda a par ailleurs annoncé que la production reprendrait vendredi dans deux usines automobiles chinoises mises en chômage technique deux jours durant cette semaine, en raison d’une grève chez un fournisseur.

Le mouvement social chez ce fournisseur, filiale du constructeur qui fabrique des composants pour les pots d’échappement, a pris fin mercredi soir et sa production a repris jeudi.

Leur presse (Reuters), 10 juin 2010.


[Chine] Des coquillages à la sauce métaux lourds

Amateurs de fruits de mer, prudence ! La pollution chimique des côtes chinoises atteint des niveaux élevés. Adieu huîtres et mollusques…

Alors que les médias de la province du Guangdong [sud de la Chine] révèlent une concentration de cuivre 740 fois supérieure à la normale dans des huîtres, à une embouchure de la rivière des Perles, le 9 octobre dernier, à Wenling, dans la baie de Yueqing [province côtière du Zhejiang, un des grands centres aquacoles de Chine], M. Huang déguste justement une omelette aux huîtres.

Ce paysan de 48 ans ne mange déjà plus depuis huit ans le riz qu’il plante, car il a été prouvé que la prévalence élevée des cancers dans son village est liée à une pollution [des sols] aux métaux lourds. Il fait désormais très attention. Mais voilà que maintenant les fruits de mer vont devenir pour lui un nouvel aliment interdit !

Selon le “Rapport sur la qualité de l’environnement marin de la province du Guangdong en 2010”, les polluants rejetés en mer au niveau des huit principales embouchures de la rivière des Perles auraient été estimés à plus de 1 million de tonnes. Ils seraient à l’origine de dépassements importants des teneurs en métaux lourds autorisées dans certains coquillages.

Un inspecteur chargé de la protection de l’environnement maritime a révélé que la pollution aux métaux lourds provient en grande partie des rejets clandestins des industries chimiques dans les eaux littorales. Toute la côte est touchée par ce type de pollution. Celle de la baie de Yueqing n’est qu’une illustration de ce qui peut arriver aux villes côtières cernées par les industries.

Un haut fonctionnaire de Wenling explique que sa région a été pendant un temps “la plus grande base de démontage et de recyclage de déchets électroniques en Chine”, avec une capacité de traitement de plus de 2 millions de tonnes par an. Les villageois employaient des acides comme le vitriol et l’acide nitrique pour extraire les composants métalliques. La gigantesque pollution générée avait provoqué la disparition des poissons et écrevisses du ruisseau Tongshan, aux eaux jadis limpides.

La pollution aux métaux lourds se déplace au fil de l’eau jusqu’à la mer, où ces substances finissent par s’accumuler, en particulier dans les coquillages, avant de nuire finalement à la santé des hommes qui les consomment. Cette pollution se déverse chaque jour aux embouchures des différents cours d’eau qui constellent les 18’000 km du littoral chinois.

Marées rouges toxiques

“La pollution des mers qui bordent la Chine par les métaux lourds est devenue un problème global”, souligne Guo Yuanming, ingénieur principal à l’Institut de recherches sur les ressources aquatiques océanes du Zhejiang. Du nord au sud de la Chine, aucune région n’est épargnée. Ainsi, des études effectuées dans le golfe de Bohai [nord-est] ont mis en évidence la qualité médiocre des coquillages élevés dans la plupart des fermes conchylicoles de la province du Hebei. En mer de Chine orientale, la situation s’avère encore plus catastrophique. “L’eau contient du plomb et du mercure à des niveaux bien supérieurs aux normes, et il arrive que des sédiments présentent des teneurs anormales en cuivre et en cadmium.”

La pollution se transmet ensuite très facilement aux produits de la mer. Entre juin 2005 et juin 2006, le Centre d’observation de l’environnement en mer de Chine orientale a prélevé une fois par mois des échantillons sur quatre marchés de gros de Shanghai spécialisés dans les produits de la mer. Résultat, “sur les quinze variétés de coquillages mis en vente, deux présentaient des dangers pour la santé, une devait être consommée avec prudence et quatre seulement pouvaient être mangées quasiment sans problème”.

Plus au sud, dans le golfe du Tonkin, dont les eaux étaient jusqu’à alors considérées comme d’assez bonne qualité, des chercheurs ont découvert en 2008 une “assez grave pollution par les métaux lourds”. Dans la province du Guangxi [sud], selon les conclusions d’études publiées en 2011, “deux variétés d’huîtres peuvent constituer une sérieuse menace pour la santé, du fait de la présence de métaux lourds”.

Les “marées rouges” [dues à des microalgues toxiques] qui touchent de temps à autre les côtes chinoises sont probablement une menace plus grave et plus directe pour la sécurité des produits de la mer que le dépassement des teneurs autorisées en métaux lourds. “Au cours du premier semestre, l’ingestion de moules toxiques ramassées dans la région frontalière entre les provinces du Fujian et du Zhejiang a provoqué des diarrhées chez plusieurs personnes. Par le passé, on a déjà enregistré des morts à la suite de la consommation de mollusques”, explique Guo Yuanming. Les données de l’Observatoire de l’environnement de la mer de Chine orientale montrent une tendance à la hausse du phénomène, avec une augmentation des “marées rouges” toxiques.

Impossible non plus de négliger le problème de la pollution par des matières organiques persistantes. Car la pollution liée aux composés organiques est très souvent cancérigène. Les organoétains [dont le tributylétain (TBT), substance chimique utilisée dans les peintures navales antifouling pour empêcher les mollusques et les organismes de se développer sur les parois des bateaux] pourraient même provoquer des mutations sexuelles [chez l’homme]. “Les effets cancérigènes ne s’observent qu’à long terme. Il faudra sans doute attendre une vingtaine d’années pour en avoir confirmation, mais à ce moment-là il sera trop tard !”

Traduit du chinois (Lü Minghe, Nanfang Zhoumo) – Courrier international, 17 novembre 2011.


[Chine] Les scandales alimentaires ne cessent de se multiplier dans le pays
Profiter… à en crever !

Les scandales alimentaires se multiplient ? La faute à une société qui perd les pédales face à l’argent et qui voit ses règles de conduite s’étioler.

Le Premier ministre Wen Jiabao a sévèrement condamné, en avril dernier, les scandales alimentaires préjudiciables au peuple chinois. Qu’il s’agisse du lait contaminé à la mélamine, du clenbutérol (anabolisant donné aux porcs), de l’huile frelatée ou des petits pains à la vapeur colorés (avec des produits toxiques), « tous ces scandales concernant la sécurité alimentaire suffisent à révéler un manque évident d’intégrité, ainsi qu’un déclin de l’éthique extrêmement grave ». Ils soulignent également la nécessité d’étudier avec attention le renforcement de la culture morale au sein de cette société chinoise en période de transition.

Pas de sanction dissuasive

Car ces scandales alimentaires se multiplient. Pourquoi ? En matière de sécurité alimentaire, la société a perdu sa capacité à assainir ses mœurs, à mûrir et à se corriger. La preuve en est : les erreurs commises par une entreprise n’ont pas servi de leçon aux autres, les fautes professionnelles de certains départements (de l’administration) n’ont pas sonné le tocsin pour les autres. Et les mesures prises pour sévir contre certains agissements contraires à la morale, à la loi et aux institutions n’ont pas eu l’effet dissuasif attendu. En matière de sécurité alimentaire, les valeurs idéologiques liées aux concepts de civilisation et de culture n’ont plus la force de faire aller la société de l’avant, ni celle de faire sortir l’homme de sa barbarie, de son ignorance et de son aveuglement pour le guider vers la civilisation, la dignité et la modernité. Ce qui m’amène à la question suivante : pourquoi notre culture morale a-t-elle perdu cette force ?

La raison fondamentale tient au fait que le concept culturel du respect de la vie n’a pas été érigé en règle de conduite dans notre société. C’est précisément parce que ce respect n’est pas inscrit dans l’inconscient collectif que même ceux qui préfèrent « mourir plutôt que de manger ça ! » n’hésitent pas à produire et à donner à manger aux autres ces aliments toxiques, et c’est aussi pour cette raison que ces actes sont encore régulièrement considérés avec plus ou moins d’indulgence.

L’argent avant tout

La raison essentielle de ce dysfonctionnement tient aux lignes de conduite de la culture chinoise, certaines étant aussi friables que si elles étaient constituées de “fromage de soja” ! Les normes du système qui régit le fonctionnement social sont souvent confrontées au défi que leur oppose “l’arrogance” de certains. Si les fonctionnaires sont corrompus, les commerçants malhonnêtes, le petit peuple sera à leur image. Tant que miroite la possibilité de faire de l’argent, peu importe que les aliments soient toxiques, et peu importe que les moyens soient illégaux ou criminels. Plus le profit est élevé, plus il est facile de s’écarter de la ligne de conduite. Plus les mutations de la société sont profondes, et plus les manquements à cette ligne de conduite sont flagrants.

Si ce déclin se poursuit, l’homme se rapprochera inexorablement de l’animal. Pourtant, si l’animal qui mange de l’herbe empoisonnée se montre encore capable, au prix de sa vie, d’avertir ses congénères, certains hommes fournissent à leurs semblables des aliments toxiques, conduisant à l’autodestruction de l’espèce. Cela met en lumière que la ligne de conduite instituée sur des concepts de civilisation traditionnels et modernes est inadaptée face à l’argent.

Leur presse (Chen Jiaxing, Le Journal de Saône-et-Loire), 20 novembre 2011.