Vu sur le blog du journal L’Epine noire, 22 janvier 2013
Archives de catégorie : Antinucléaire
[Civaux – 86] Couasnon veut un procès public pour dénoncer une faille de sécurité dans la centrale nucléaire
Intrusion dans la centrale : il veut un procès public
Civaux. Hervé Couasnon s’était introduit dans la centrale nucléaire. Il refuse le plaider coupable pour un procès public. Il veut mettre en cause la sécurité.
Le procès risque de changer de cible.
Le Périgourdin Hervé Couasnon s’était faufilé dans la centrale nucléaire de Civaux, le 2 mai dernier, en plein débat du second tour de la présidentielle.
« Il va falloir que le directeur de la centrale s’explique »
Un coup d’éclat de plus pour cet homme familier de ce genre d’opération. Après quelques heures de garde à vue, il avait été remis en liberté. Le parquet avait finalement décidé de le juger selon la procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Une CRPC trop discrète à son goût. Le « procès » se serait déroulé dans le huis clos d’un bureau entre lui, son avocat et le procureur. La CRPC, c’est une transaction judiciaire où le prévenu reconnaît sa faute et accepte la peine proposée par le parquet. « J’ai écrit au procureur de la République pour lui dire que je ne viendrai pas », explique Hervé Couasnon. Il reconnaît sa responsabilité dans l’intrusion, mais, pour lui, comme il l’a déjà dit à de nombreuses reprises, il n’est pas le seul responsable. Et ça, il entend bien le dire haut et fort, devant un tribunal, lors d’une audience publique. Une publicité des débats recherchée pour mettre sur la table un problème loin d’être anodin : la sécurité des centrales nucléaires et celle du site de Civaux en particulier. Ne pas se rendre à la CRPC, c’est un aller direct pour le tribunal correctionnel. Hervé Couasnon attend maintenant de savoir à quelle date il sera jugé pour s’être introduit dans un site intéressant la défense nationale. « On va demander la relaxe. Il va falloir que le directeur de la centrale s’explique. EDF est responsable. Je suis rentré comme ça, sans cisailler les clôtures ! J’ai profité que les gardes fassent sortir un camion de livraison pour entrer. Il y avait bien des caméras de surveillance, mais pas de disquette pour enregistrer ce qui se passait ! » Un garde et le routier repèrent l’intrus qui se faufile et se planque plus d’une heure avant d’être délogé d’un bosquet. La preuve, pour EDF, que la sécurité fonctionnait bien. Le directeur de la centrale parlait tout de même à l’époque d’installer un deuxième portail pour ménager un sas et éviter toute intrusion ! La preuve pour l’intrus qu’il existait bien une faille.
Emmanuel Coupaye, Nouvelle République, 5 janvier 2013
Réacteur EPR : la facture dépasse 8,5 milliards d’euros
Réacteur EPR : la facture dépasse 8,5 milliards d’euros
EDF a annoncé le 3 décembre un surcoût de 2 milliards d’euros pour son réacteur EPR, en construction à Flamanville (Manche). Le coût de ce réacteur dit de troisième génération, conçu par Areva, avait déjà été quasiment doublé en 2011 : 6 milliards d’euros contre 3,3 milliards annoncés initialement en 2005. La note vient officiellement de dépasser les 8,5 milliards d’euros. En cause, selon le groupe, « l’évolution du design de la chaudière », « les études d’ingénierie supplémentaire », « l’intégration des nouvelles exigences réglementaires », ainsi que « les enseignements post-Fukushima ». EDF évoque également des « aléas industriels » à l’instar des consoles, énormes pièces métalliques entourant le bâtiment réacteur, ayant du être remplacées après la découverte de défauts de soudure… Autre cause de l’envolée de la facture : la révision totale des systèmes informatiques de sécurité, jugés trop fragiles.
Cette question avait donné lieu à une déclaration commune de trois autorités de sûreté nucléaire (l’ASN en France, la HSE au Royaume-Uni et l’autorité finlandaise) il y a trois ans. Elles s’interrogeaient sur l’interdépendance des systèmes de contrôle – utilisés lors de l’exploitation normale du réacteur – et de sécurité, activé en cas d’incidents ou de défaillances. Il semble qu’une faille informatique aurait pu neutraliser ces deux systèmes. « Si un système de sûreté est appelé à servir en cas de perte d’un système de contrôle, alors ces deux systèmes ne doivent pas faillir simultanément. La conception d’EPR, telle que proposée initialement par les exploitants et le fabricant, Areva, n’est pas conforme à ce principe d’indépendance dans la mesure où il y a beaucoup d’interconnexions complexes entre les systèmes de contrôle et de sûreté », alertaient les trois autorités.
Surcoût de l’EPR = 10 000 emplois perdus ?
Cette nouvelle augmentation de facture tombe mal pour EDF alors que le gouvernement vient de lancer le débat national sur la transition énergétique. « Cette annonce entérine ce que la Cour des comptes disait en début d’année : la construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR n’est pas une option crédible pour le mix énergétique de demain : trop chère et trop lente à déployer », analyse Sophia Majnoni, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace France. Pour le Réseau Sortir du Nucléaire, « si les coûts de l’EPR (alors estimés à 3,3 milliards d’euros !) avaient été consacrés aux économies d’énergie et aux énergies renouvelables, on aurait pu répondre à des besoins en électricité deux fois équivalents, créer plus de 10 000 emplois et diminuer de manière substantielle les émissions de gaz à effet de serre ».
Malgré cette note salée, EDF veut maintenir le calendrier de mise en service de l’EPR, tablant sur un démarrage de la production en 2016. Soit quatre ans de retard sur l’objectif initial, dans des conditions de travail et de sécurité déplorables (lire notre enquête). Si cette annonce ne parvient pas à briser le mythe du nucléaire bon marché, l’EPR de Flamanville pourrait bien finir par produire l’électricité la plus chère au monde. Sans oublier que le projet de construction d’un autre EPR à Penly (Seine-Maritime) n’est pas encore totalement écarté.
Sophie Chapelle, Bastamag, 4 décembre 2012
NdPN : pour creuser le sujet, voir aussi deux articles fort intéressants sur le site de l’observatoire du nucléaire, ici et là.
[Flamanville] Accident à la centrale nucléaire de Flamanville : des témoignages qui font froid dans le dos. Arrêtons le nucléaire avant la catastrophe
Fédération Anti-nucléaire Bretagne
Communiqué du 30 Octobre 2012 :
Accident à la centrale nucléaire de Flamanville : des témoignages qui font froid dans le dos.
Arrêtons le nucléaire avant la catastrophe
Le 25 Octobre 2012 l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) nous informe d’un banal “incident” sans gravité dit de niveau 1 à la centrale nucléaire de Flamanville. Cet accident nucléaire a provoqué une fuite radioactive d’au moins 42 000 litres d’eau radioactive sur le circuit primaire, partie hautement sensible du réacteur, qui peut s’emballer en cas de fuite et donc de refroidissement insufissant.
Et c’est par le communiqué du CRILAN*, qui réagit aussitôt le 26 octobre 2012 à la communication “soft” de l’ASN, que nous prenons connaissance du ressenti des travailleurs pendant ces longues heures de nuit en milieu hostile. Voici le témoignage de l’un d’entre eux :
« Je travaillais de nuit, une nuit comme on ne les aime pas quand on bosse ! 3 collègues ont failli mourir par négligence ! On nous fait faire de plus en plus n’importe quoi, pour une chose, le profit ! On nous a demandé de remplir un tronçon du circuit primaire qui avait eu une panne après un arrêt de tranche catastrophique ! Le problème c’est qu’on nous l’a demandé à 155b et 300 degrés ! Résultat : 3 mecs au médical et un repli de tranche en phase accidentelle ! Un vrai miracle, les 3 collègues ont pu après une visite au médical, reprendre le boulot et stopper la fuite. Résultat : un bâtiment réacteur légèrement contaminé et encore une prolongation d’arrêt ! (…) »
Un autre témoignage tout aussi effrayant nous a été donné par un ancien intervenant à la centrale de St Laurent des Eaux où a eu lieu deux débuts de fusion du coeur du réacteur en 1969 et 1980.
« J’ai connu cela un jour à St Laurent, les opérateurs et les cadres présents en salle de commande étaient « blancs comme des cierges de Paques », car sur les 4 boucles refroidissant le réacteur (turbo-soufflante), 3 étaient tombées en rideau et on était tous suspendus au fonctionnement de cette dernière turbo-soufflante. Sans réel secours en cas de panne totale du soufflage. Dernière turbo-soufflante qui a donné des signes de faiblesse pendant 1 ou 2 minutes. J’était trop jeune pour prendre la mesure de ce qu’il se passait mais je pense que rétrospectivement, certains ont dû prier en salle de commande ce jour là. »
Aujourd’hui, une demi-douzaine de réacteurs aux Etats-Unis sont à l’arrêt ou fonctionnent à faible puissance pour faire face à la tempête tropicale Sandy. A proximité de New-York, les pompes de refroidissement du réacteur d’Oyster Creek au New-Jersey, bien qu’à l’arrêt depuis le 22 octobre pour rechargement de combustible, menaçaient d’être submergées à 11 h 45 heure locale par une montée des eaux supérieure à 2 mètres, obligeant ainsi l’opérateur à faire appel aux pompes anti-incendie et à prévoir une pompe « portable ». Le réacteur d’Indian Point 3 quant à lui a été mis en arrêt d’urgence du fait des fluctuations du réseau électrique et de l’obstruction des pompes du circuit secondaire par des débris…** Une nouvelle fois, il apparaît que des réacteurs nucléaire sont en situation critique face à un évènement climatique pourtant prévisible.
Réagissez !
Le nucléaire est moralement et socialement inacceptable. Il faut en finir maintenant, avant la catastrophe.
Fédération Anti-nucléaire Bretagne
6 rue de la Tannerie – 56000 VANNES
Email : fan-bretagne@laposte.net – Tel : 06 65 72 31 66
* CRILAN : www.crilan.fr Comité Régional d’Information et de Lutte Antinucléaire basé tout près de Flamanville
** Sources :
et http://www.nrc.gov/reading-rm/doc-collections/news/2012
Contacts presse :
Alain Rivat : 06 28 01 20 33
Chantal Cuisnier : 06 84 14 58 87
Cedric Cadoret : 02 56 22 02 37
La Fédération Anti-nucléaire Bretagne a été constituée le 27 octobre 2012 à Pontivy. Elle a pour but de structurer et d’amplifier l’action régionale du mouvement anti‑nucléaire breton, et d’agir pour l’arrêt immédiat du nucléaire.
Plateforme disponible sur les sites www.stop-nucleaire56.org et www.sortirdunucleairecornouaille.org
Vu sur Agoravox
NdPN : on en profite pour dire qu’un article de Billets d’Afrique est sorti hier sur le site de Survie, à propos des gros bidouillages d’Areva au Niger.
La Ligne à grande vitesse, ennemie du climat
La Ligne à grande vitesse, ennemie du climat
Le 23 octobre, 18 militants du mouvement altermondialiste basque Bizi ! (Vivre ! en langue basque) ont déployé une immense banderole sur un bâtiment à Pau, dénonçant les 80 millions d’euros accordés par le Conseil général à la ligne grande vitesse Tours-Bordeaux. Dans une lettre ouverte, ils pointent l’impact écologique de cette LGV et plaident pour le développement des lignes de proximité, la modernisation des voies existantes, un soutien au fret ferroviaire et aux modes de transports doux.
La poursuite du modèle actuel de production, de consommation, d’aménagement du territoire, de transports, d’économie délocalisée, d’agriculture intensive etc., risque de nous faire franchir le seuil – irréversible – de l’emballement climatique dès 2050, quand les enfants nés aujourd’hui n’auront pas 40 ans.
Les économies d’émissions de gaz à effet de serre (émissions à l’origine du dérèglement climatique en cours) que permet le train par rapport à l’avion ou la voiture sont souvent présentées comme un argument majeur en faveur de la voie nouvelle LGV, par les partisans de cette dernière en Aquitaine.
Or, le dossier EPINE démontre – chiffres et arguments à l’appui – que les émissions évitées par le report modal attendu grâce à la voie nouvelle LGV Bordeaux-Hendaye ne compenseront pas la « dette » initiale en termes d’émissions carbone de construction de cette même voie nouvelle.
La LGV nous ralentit !
De plus, quel serait le bilan carbone global de cette voie nouvelle si les énormes sommes d’argent que certains veulent investir dans sa création l’étaient dans un meilleur entretien des lignes de proximité actuelles, dans le développement de l’offre de trains de proximité, la réhabilitation d’anciennes lignes (comme celle du soufre à Bayonne), le développement du fret ferroviaire qu’on démantèle actuellement, la multiplication des voies de bus en site propre, ou la construction de pistes cyclables sécurisées ?
Quel impact sur le bilan carbone auraient eu les dizaines de millions d’euros déjà versés par le Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques, la Région d’Aquitaine, certaines communautés de communes ou d’agglo du Pays Basque pour financer le tronçon Tours-Bordeaux, s’ils avaient été investis dans les alternatives de proximité au tout voiture ?
Avant de dépenser des milliards pour anticiper une hypothétique saturation des voies ferrées à l’horizon 2030-2035, ne ferait-on pas mieux de les consacrer à résoudre l’actuelle et bien réelle saturation routière des années 2012-2020 ?
Bref, la très grande vitesse pour « l’élite de nos sociétés » a pour résultat de… ralentir la mise en place des alternatives au tout voiture pour la majorité de la population !
Refuser la fuite en avant
Loin d’être une alternative, la LGV n’apparaît que comme un « plus » qui va s’ajouter à l’avion pour aggraver la délocalisation de nos sociétés et de nos économies. Elle n’est qu’un de ces « plus », réservés à une minorité de la population pour lui réduire la notion de distance et donc rendre banals et fréquents des déplacements qui devraient être exceptionnels, avec tous les dommages collatéraux en termes d’aménagement du territoire, de grandes métropoles et de régions-dortoirs.
Elle n’apparaît que comme un « plus » dans la course au « toujours plus vite, plus souvent et plus loin », celle là même qui nous mène tout droit au précipice. Et au lieu de freiner ou de stopper, on nous demande aujourd’hui d’accélérer.
Celles et ceux qui refusent cette fuite en avant seront au rendez-vous le samedi 27 octobre à 15h à Bayonne pour arrêter définitivement ce grand projet inutile, imposé et destructeur !
Elise Bancon (Biarritz), Barth Camedescasse (Mouguerre), Xabi Camino (Saint Pée sur Nivelle), Christian Detchart (Bayonne), Txetx Etcheverry (Bayonne), Paule Etchelecou (Bidart), Laure Lancereau (Hasparren), Annie Lapegue (Lahonce), Magali Lartigue (Espelette), Eric Lecoutre (Bayonne), militant-e-s de Bizi !
Bastamag, 24 octobre 2012