Archives de catégorie : Écrits

[Poitiers] Grève des rippers de Sita-Suez : vers une victoire ?

NdPN : les poubelles non ramassées sont la preuve de la détermination des camarades rippers. Une bonne bagarre exemplaire à plus d’un titre, même si l’on peut regretter que les jours de grève ne soient qu’à moitié payés par l’employeur (et qu’il faudra aussi attendre le verdict du tribunal des prudhommes) ; comme quoi la lutte collective paye, à condition de tenir bon ! Ce ne sont pas les gros pleins de soupe capitalistes qui produisent biens et services, mais les prolétaires, qui peuvent donc tout aussi bien se passer de leurs exploiteurs que bloquer la production et décider de son éventuelle réorientation.

Sita : reprise du travail lundi

Les négociations entre la direction et les grévistes ont abouti à un accord hier. Toutefois la grève est reconduite aujourd’hui. Le travail reprendra lundi.

Des salariés de Sita seront encore en grève ce samedi. Mais ce dixième jour sera le dernier. Les représentants syndicaux de la CGT et la direction sont parvenus à un protocole d’accord après d’âpres négociations qui se sont déroulées toute la journée d’hier. La reprise du travail interviendra lundi prochain.

> Une médiation nécessaire. Le rôle de médiation joué par la direction régionale du travail et l’inspection du travail a été déterminant. Hier, en fin de matinée, le directeur général de Sita Suez Sud-Ouest avait constaté l’impossibilité d’une conciliation entre les deux parties. La médiation proposée par la préfecture lors d’une entrevue le matin avait alors été mise en œuvre.
> Des acquis. L’un des leaders syndical, Michel Multeau précisait que trois jours supplémentaires seraient accordés lorsque les vacances d’été seraient fractionnées, que les jours de grève seraient à moitié payés. Quant au lavage des vêtements par l’entreprise, il appartiendra au tribunal des prud’hommes de rendre sa décision mais le syndicaliste est optimiste « et la direction a promis de ne pas faire appel du jugement ».
> «  Une obligation d’hygiène et de sécurité  ». Hier matin, les grévistes ont vu sortir de l’entreprise les camions de ramassage supplémentaires mis en service par la direction (NR du 2 mai 2014) avec l’accord de Grand Poitiers. « Nous avons une obligation vis-à-vis des citoyens : d’hygiène et de sécurité. Nous avons ciblé des priorités avec Sita pour le ramassage des ordures ménagères dans les treize communes : les zones d’habitat denses, c’est-à-dire les centres -villes et les grands ensembles. Des équipages sont allés aujourd’hui (NDLR : vendredi) à Buxerolles où deux collectes avaient sauté. Les équipages de Sita disponibles interviennent ainsi que nos moyens propres mais on ne se substitue pas à Sita ni en personnel ni en matériel », nous a t-on indiqué à la mairie.
> Dépôt des ordures ménagères dans les déchetteries. Par ailleurs, depuis hier et également ce samedi, les habitants de Grand-Poitiers « sont autorisés à déposer exceptionnellement leurs ordures ménagères dans les déchetteries de Grand-Poitiers ».
> Reprise des tournées. Les bennes de Sita tourneront encore aujourd’hui avec des moyens supplémentaires. A partir de lundi, les salariés reprendront leurs tournées. Mais les poubelles qui témoignent de la durée et de l’âpreté du conflit ne disparaîtront pas en un jour.

réactions politiques

> Le NPA : Les déchets en régie publique. Le NPA 86 « pense que le moment est venu de mettre sous régie publique le traitement et la collecte des déchets. Cela permettrait à la fois de maintenir des emplois stables et biens rémunérés, mais également de faire de cette activité un service public empêchant la spéculation et donnant à l’activité un caractère écologique. »
> Lutte ouvrière : les bénéfices de Suez-environnement. Lutte Ouvrière évoque « la rapacité des actionnaires à mesurer à l’aune des 602 millions d’euros de bénéfices de Suez-Environnement pour 2013 (+28,2 % par rapport à 2012 !) et des 650.000 € de prime que les cadres dirigeants se sont partagés ».

Marie-Catherine Bernard, Nouvelle République, 3 mai 2014

[Poitou-Charentes] Une nouvelle préfète aux compétences bien rodées

Le 30 avril 2014, le conseil des ministres a nommé la nouvelle préfète de Poitou-Charentes : Christiane Barret. Son curriculum vitae est éloquent :

-1982 : énarque, puis administratrice civile affectée au ministère de l’équipement, des transports, de l’aménagement du territoire, du tourisme et de la mer

-1986 : sous-préfète à Briançon (Hautes-Alpes)

-1987 : rencontre avec sœur Emmanuelle à Briançon. Elle deviendra présidente de l’association des Amis de sœur Emmanuelle.

-1995 : conseillère technique du ministre du Travail

-1995 : sous-préfète à Albertville (Savoie)

-2000 : sous-préfète à La Tour-du-Pin (Isère)

-2000 : directrice de la nature et des paysages au ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement.

2004 : directrice de la Mission Europe au ministère des Affaires étrangères

-2005 : inspectrice générale de l’équipement.

-2007 : préfète déléguée à l’égalité des chances en Seine-Saint-Denis pour l’animation des politiques de cohésion sociale

-2009 : préfète des Deux-Sèvres

-2012 : directrice du cabinet du ministre de la Ville

Elle prendra officiellement ses fonctions bientôt à Poitiers, en déposant (comme le veut la tradition) un dépôt de gerbes au monument aux morts, boulevard de Verdun.

On se rappelle qu’à l’occasion de la même cérémonie pour Elisabeth Borne (l’ex-préfète), deux personnes avaient été emmenées au poste et d’autres contrôlées, pour avoir eu le toupet d’approcher du boulevard de Verdun avec une banderole dénonçant la multinationale Vinci, bien connue pour son projet de second aéroport près de Nantes, mais aussi pour ses grands travaux en partenariat « public-privé », à Poitiers et en Poitou-Charentes (LGV, Cœur d’agglo, passerelle Léon Blum, quartier des Montgorges… et toujours les subventions de Grand Poitiers à Vinci Autoroutes !). Sans que les personnes réprimées aient pu dire un seul mot, un responsable de la police locale avait vu dans cette banderole, qu’il avait personnellement arrachée des mains des militants,  « une attaque personnelle contre la préfète », ce qui constituait déjà un bel aveu.

Bref, une nomination dans la continuité des compétences d’Elisabeth Borne en matière d’équipement et transports… et d’urbanisme. Les amoureux des partenariats public-privé, d’aménagement capitaliste du territoire et de gentrification urbaine seront ravis. Les habitant.e.s de territoires transformés en déserts, les pauvres et autres « marginaux » indésirables le seront sans doute moins…

Pavillon Noir, 2014

A propos de « l’égalité des chances »

« L’égalité des chances » est un concept semblable aux « commerce équitable », « méritocratie » et autres « égalité devant la loi »… des mots pipés de la novlangue bourgeoise, portés par les John Rawls, Friedrich Hayek et autres Milton Friedman, chantres du capitalisme sauvage. Il s’agit de promouvoir le travail aliéné et l’obéissance inconditionnelle à l’Etat, tout en légitimant l’inégalité économique et sociale au fondement même du pouvoir.

Cette notion d’égalité des chances vient en fait de Philippe Pétain, collabo soutien des nazis. Voici un extrait du discours de Pétain du 11 octobre 1940, où il lance la fameuse expression… aujourd’hui reprise en cœur par l’ensemble des partis au pouvoir et du patronat.

« Le régime nouveau sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera plus sur l’idée fausse de l’égalité naturelle des hommes, mais sur l’idée nécessaire de l’égalité des chances données à tous les Français de prouver leur aptitude à servir.

Seuls le travail et le talent deviendront le fondement de la hiérarchie française. Aucun préjugé défavorable n’atteindra un Français du fait de ses origines sociales à la seule condition qu’il s’intègre dans la France nouvelle et qu’il lui apporte un concours sans réserve. On ne peut faire disparaître la lutte des classes, fatale à la nation, qu’en faisant disparaître les causes qui ont formé ces classes, qui les ont dressées les unes contre les autres.

Ainsi renaîtront les élites véritables que le régime passé a mis des années à détruire et qui constitueront les cadres nécessaires au développement du bien-être et de la dignité de tous. »

Alors, « égalité des chances » ou égalité réelle ?

Juanito, 22 avril 2014

[Poitiers] Une assemblée inoffensive

Evénement assez rare pour être signalé, mille cinq cent personnes participent, pendant ce week-end de trois jours, à une assemblée à Poitiers. Comment expliquer que les autorités, si promptes à contrôler et à disperser tout rassemblement libre de quelques poignées de gens à peine lorsqu’il s’agit de porter collectivement une réflexion politique, aient donné leur aval cette fois-ci, allant jusqu’à concéder le parc des expositions ?

Individus modernes passant leur temps « libre » à mimer le temps aliéné.

C’est que cette « Gamers assembly » n’est guère dangereuse, bien au contraire. Un vrai manifeste de notre démocratie marchande ! D’une part, les personnes ne se parlent pas, ne s’écoutent pas, n’élaborent pas ensemble la moindre réflexion ou organisation ayant prise sur leur vie réelle. Non, toutes ces personnes sont rivées devant des écrans… Bref, rien de bien inquiétant, au contraire, voilà qui ressemble à une préparation librement consentie aux mortifères open space des entreprises modernes, avec leurs lots de compétition, d’équipes, de management, de primes à décrocher.

D’autre part, si cette assemblée est si inoffensive pour le pouvoir, c’est que ces personnes y cultivent son principal paradigme : la guerre. Un jeu tout à fait inoffensif. La bourgeoisie peut dormir tranquille en ce week-end de Pâques, et célébrer la résurrection de la Fiction comme pivot central de l’aliénation générale.

Juanito, 20 avril 2014

[Poitiers] Tu seras bidasse, mon enfant

NdPN : nouvelle édition hier 16 avril du « rallye citoyens » pour lycéen.ne.s… chez les bidasses, au quartier d’Aboville, relayée comme de bien entendu par un journaliste enthousiaste dans la presse locale. Toujours des épreuves de tir au programme des ateliers (trop fun). Avec sans doute, comme les années précédentes, parcours du combattant (ramper, c’est parfait pour apprendre le métier de citoyen.ne). Les gamins en treillis et mitrailleuse à la main, rien de tel pour éduquer nos têtes blondes ou crépues ! Médaille du rire au sergent-chef Cocasse [sic !], pour qui l’organisation ne va pas sans « chef ». Comme d’habitude, l’armée fait son abrutissante promotion en mettant en avant des gadgets technologiques pour appâter les mômes, et un exercice en équipe pour faire avaler que vendre sa vie contre une solde, pour assassiner sur ordre et se faire assassiner par « devoir », si l’Etat capitaliste le demande, rime avec la valeur de la solidarité. A gerber !

Des lycéens en treillis pour une leçon de civisme

Des lycéens de la Vienne ont pris part à des épreuves militaires, hier, au Quartier Aboville à Poitiers, partageant ainsi le quotidien de “ la grande muette ”.

La jambe ensanglantée, une militaire gît au milieu de la cour. Une dizaine de soldats accourent pour lui porter secours et lui poser un garrot. Cette scène ne se déroule pas en Centrafrique ou sur tel autre théâtre de guerre, mais au cœur de la caserne Aboville, à Poitiers. Le sang coulant de la blessure, qui paraît plus vraie que nature, n’est qu’un colorant et les hommes et femmes en treillis ne sont pas des militaires mais des lycéens venus des quatre coins du département.

 «  J’aime l’esprit militaire, cet esprit d’équipe  »

Depuis 7 h 45, cent trente élèves de seconde, tous volontaires, participent à des ateliers dans la caserne. Tout a commencé par une levée du drapeau, ô combien symbolique : « Le service militaire étant suspendu depuis 1996, ce 8e rallye lycéens citoyens permet de sensibiliser les jeunes aux questions de défense », explique le capitaine Skura. Épreuve de tir, sensibilisation aux produits stupéfiants… En tout, dix-neuf ateliers pédagogiques, ludiques ou sportifs. Les élèves de seconde du lycée le Dolmen, vêtus de treillis, armés de famas, portent secours à la militaire blessée lors d’un atelier de sauvetage au combat. Mathieu Guilloteau, 16 ans, genou à terre, couvre ses camarades chargés d’évacuer le corps. Lui qui rêve d’une carrière militaire a déjà les bons réflexes : « J’aime l’esprit militaire, cet esprit d’équipe », dit-il. Le sergent-chef Cocasse pose un regard aiguisé sur ces élèves d’un jour, distillant ses remarques : « Qui est le chef là ? Attention, sans chef on est vite désorganisé ! » Le caporal-chef Foltier, du régiment d’infanterie chars de marine, est satisfait de leur implication : « Dès qu’il y a du matériel, on les sent réceptifs ». Pour lui, c’est important que la jeunesse de France « découvre ce que fait réellement l’armée ». Et, qui sait, un jour, ces lycéens intégreront peut-être ce régiment qui est le plus décoré du pays.

Adrien Planchon, Nouvelle République, 17 avril 2014