Migné-Auxances : les tirs de mines inquiètent les riverains de la LGV
Les tirs de mines du chantier de la LGV font trembler les riverains. Et tous ne bénéficient pas d’une expertise de leur maison.
Ils ont cru à un passage d’avion de chasse franchissant le mur du son. La cause des vibrations était bien plus proche : le chantier de la future ligne TGV à grande vitesse (LGV).
Des tranchées doivent être creusées dans la roche. Les premiers essais de tirs de mines se sont déroulés la semaine dernière pour valider les procédures avant de lancer les tirs à répétition (1).
« Nos maisons sont en terrain argileux »
« Les bibelots ont vibré. Ma fille était seule à la maison, elle se demandait ce qui se passait, elle a eu très peur », confie une riveraine de la rue de la Longerolle, à Migné-Auxances. « On savait bien que des tirs devaient avoir lieu, ils l’avaient dit à la réunion de début avril, mais on ne savait pas quand, on a été très surpris. Ils parlent de deux cents tirs ! Là, on en a déjà eu quatre ou cinq et on se demande ce qui va se passer ! », commente une autre. La grogne commence à monter sur fond d’inquiétude future pour les maisons. « Ici, rue de la Longerolle, les maisons sont construites sur un terrain argileux, on a déjà eu les conséquences de la sécheresse, on n’aimerait pas que ça recommence à cause des mines. » La crainte clairement exprimée avec la répétition des implosions dans le sol, c’est l’apparition de fissures dans les habitations. Tous les riverains de la zone actuellement en travaux à Chardonchamp ne sont pas logés à la même enseigne. Pour certains, Cosea a demandé au tribunal administratif de Poitiers de désigner un architecte expert, chargé d’examiner les maisons à ses frais. Ce qui provoque des réactions, c’est que Cosea paie et… décide du périmètre concerné par l’expertise (2). Un périmètre trop limité aux yeux de ceux qui sont en dehors et qui, malgré tout, disent ressentir fortement les vibrations. Ils ont lancé une pétition pour se faire entendre. « J’en suis exclu », explique Jean-Louis Jollivet, président de l’association de défense de l’environnement de Migné-Auxances (Adema). « Je viens d’être privé de téléphone et d’Internet pendant quatre jours après des tirs de mines. Pour le périmètre, ils avaient prévu d’expertiser dans un premier temps, dans une bande de 150 m, finalement portée à 200 m après une intervention de la mairie. On avait des rues qui étaient coupées en deux, ça semblait guère logique. » Du coup, lors de la réunion publique du 2 avril dernier, Cosea a proposé une autre procédure pour ceux qui ne sont pas dans le périmètre : un examen à l’amiable des maisons. « J’attends quelqu’un la semaine prochaine », indique une habitante de la rue de la Longerolle. « On verra bien. Je suis déjà allée râler sur le chantier. »
(1) La semaine dernière Cosea expliquait que les tirs n’auraient pas lieu le week-end ni durant les vacances scolaires. (2) Rue des Cosses, Allée de la Daumade et rue de Sainte-Loubette.
Nouvelle République, Emmanuel Coupaye, 18 avril 2012