Le préfet de la région Poitou-Charentes, Yves Dassonville, s’en va donc en retraite…. après une dernière décision en faveur de Vinci. A ce sujet, la Nouvelle République évoque « la dernière de ces missions [qui] l’aura notamment conduit à coordonner le chantier de la LGV Tours – Bordeaux. « Une bataille de tous les jours pour que ce chantier avance en respectant les procédures. C’est une mécanique énorme, une mécanique de précision. Si elle s’enraye, le chantier est arrêté et ce sont des millions de perte. Un vrai défi pour l’administration. » Il est vrai que monsieur le préfet n’a jamais caché faire sa « priorité » du glorieux chantier de la LGV Tours-Bordeaux.
Et du « maintien de l’ordre« , ce pilier régalien ainsi qu’il le dit lui-même. Et ce, dans la droite ligne de son précédent service de l’Etat en Nouvelle Calédonie : après y avoir choisi la répression contre les manifestations, il s’était particulièrement illustré par ses actions et ses propos contre les syndicalistes de l’USTKE, allant jusqu’à parler de « méthodes de voyous » (Nouvelles Calédoniennes, 18/01/2008). Il y avait aussi interdit pour un temps, dans Nouméa, la vente d’alcool à emporter le week-end.
Le fidèle serviteur de l’Etat français a aussi, entre autres hauts faits d’armes, poursuivi une fois débarqué dans le Poitou-Charentes, une politique ferme méhumène vis-à-vis des migrant-e-s : « Pour intégrer les gens en situation régulière, ceux qui partagent nos valeurs, il faut renvoyer ceux qui ne le sont pas ». Quant à l’arrestation à la sortie de la préfecture d’un lycéen tentant de régulariser sa situation : voilà du travail propre et sans fioritures. La politique du chiffre, ça ne se discute pas.
Le préfet, en bon responsable des forces de police nationale, protège aussi les bons citoyens contre les « marginaux » susceptibles de faire fuir les clients du centre-ville de Poitiers, lors de réunions avec les commerçants et la mairie. Et contre les militant-e-s qui perturbent le train-train quotidien avec leurs dangereuses banderoles ou écrits. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir les chroniques de la répression depuis juillet 2011, sous l’autorité bienveillante de Monsieur le Préfet : évacuations de squats, arrestations ou contrôles d’identité lors de la diffusion de journaux, et bien sûr encadrement très étroit des manifs (souriez, vous êtes filmé-e-s).
Répression des militant-e-s donc, mais à géométrie variable : alors que 100% de la quarantaine de vilains gauchistes occupant une maison vide contre Vinci sont arrêtés fin 2011 et emmenés au poste, on négociera en revanche avec les fachos qui occupent en octobre 2012 le toit d’une mosquée avec des slogans racistes : quelques fachos arrêtés sur 70 qui repartent tranquillement après négociation. Soyons fermes, mais humains…
Ce fut enfin un fervent partisan du libéralisme. Les services publics coûtent trop cher en milieu rural ? On peut les maintenir « à moindre coût » : pourquoi pas remplacer une poste par un commerçant offrant des services postaux ? « Cela se fait depuis longtemps en Grande Bretagne » : il suffisait d’y penser… et puis, il faut bien « qu’on fasse rentrer dans la logique de l’Etat la notion de performance, de service du public, d’économie« .
Un fidèle serviteur de l’Etat donc, qui a bien mérité de prendre une retraite confortable aux frais des contribuables. Gageons qu’il sera vite remplacé par un autre préfet tout aussi humaniste mais ferme : les bons citoyens paisibles peuvent dormir tranquilles.
Pavillon Noir, 30 janvier 2013